La perle rare [Sagara Soyoku]

La semaine de l’Ascension ainsi que le Jour de l’Empire et le bal qui s’en était suivi étaient enfin terminés. Ce qui signifiait que son enquête concernant les failles temporelles liées à la Force commençait bel et bien. Ce qui impliquait de pouvoir aussi se déplacer… et donc, de trouver un vaisseau. Bien sûr, elle aurait pu aimablement demander à son si délicieux supérieur de bien vouloir la dépanner à ce sujet mais son instinct lui soufflait d’éviter de trop tirer sur la corde. Elle pouvait déjà s’estimer chanceuse de s’en tirer à si bon compte.

Elle allait donc devoir se débrouiller par elle-même pour se trouver un vaisseau qui correspondrait à ses attentes. Si tant est qu’elle puisse en trouver un… dans le même esprit qu’un X-70B Phantom, cela aurait été absolument parfait.

Ayant revêtu des vêtements un petit peu plus passe-partout, la jeune femme marchait à travers les immenses avenues de la cité-planète tout en gardant un œil sur l’écran du datapad où se trouvait le plan qu’elle avait déniché. Elle pianota un moment dessus pour paramétrer l’affichage sur les entreprises et autres magasins utiles dans ses recherches pour dénicher la perle rare. L’une d’elle clignota un moment sur son écran, avant que le tracé ne s’y affiche pour lui permettre d’y accéder le plus rapidement possible et en évitant le trafic aérien au maximum.

Ekath laissa échapper un soupire. Bon sang, que la vie était compliquée dans cette époque ! Evidemment, il y avait probablement de nombreux points positifs, mais depuis son arrivée… elle y voyait majoritairement du négatif. Suivant les indications du datapad, elle sillonna la foule, bifurqua tantôt à gauche et tantôt à droite, n’eut pas le choix que de prendre un taxi aérien l’espace de quelques instants pour rejoindre le quartier où se trouvait ladite entreprise qui officiait principalement dans tous types de protection.

Entreprise qu’elle finit par trouver assez aisément. Son regard émeraude observa longuement le bâtiment, la façade extérieure comme si elle jaugeait l’endroit. Plissant le nez, elle finit par pénétrer à l’intérieur, écartant légèrement le tissu qu’elle avait autour du cou. La transition du bruit vers le calme détonnait quelque peu mais n’était pas pour lui déplaire. D’un pas ferme et léger à la fois, elle s’approcha du comptoir d’accueil.

« Bonjour, je désirerai faire l’acquisition d’un vaisseau. À qui dois-je m’adresser pour cela ? »

D’un sourire poli et doux, elle usa d’une légère pression de la Force pour mettre la gestionnaire de l’accueil à de meilleures dispositions sans toutefois en faire trop. Après tout, si elle pouvait éviter de faire trente-six entreprises pour dénicher ce qu’elle souhaitait, mieux valait user d’un petit coup de pouce de la Force.

La dame noire redressa légèrement le buste sans toutefois se départir de son sourire, tandis qu’un individu qui semblait bien connaître les lieux – le patron, peut-être ? – venait dans la conversation et attirait l’attention du standardiste pour lui demander gentiment d’aller voir ailleurs. De manière bien plus élégante dans le phrasé, bien sûr. Les yeux émeraude de la jeune femme suivirent un instant l’homme qui venait d’être chassé, avant de revenir sur l’inconnu aux lunettes fumées.

Le patron, donc. Sagara Soyoku… un nom peu commun, il fallait bien l’avouer. Son sourire fana progressivement de ses lèvres lorsqu’il lui fit part du fait qu’ils ne vendaient aucun vaisseau. Ses pupilles s’étrécirent brièvement l’espace de quelques secondes avant qu’elle n’incline légèrement la tête.

« La même chose que tout le monde, monsieur Soyoku : voyager à travers la galaxie. » répondit-elle non sans sarcasme concernant la question au sujet d’un probable usage d’un vaisseau. Sarcasme dont elle se débarrassa ensuite pour développer. « J’ai besoin d’enquêter de part et d’autre de la galaxie sur certains… confrères, si je puis dire. »

Confrères étaient un bien grand mot, mais qui se rapprochait le plus de ce qu’elle avait en tête. Jedis, Siths… tous étaient victimes des failles temporelles causées par la Force, et elle désirait bien mettre le grappin sur certains d’entre eux pour avoir davantage d’explications. Du moins, quelques éléments de réponses.

« Par conséquent, j’ai besoin d’un vaisseau pour naviguer sans devoir passer par les navettes d’usage qui suivent les voies officielles. Un vaisseau comme un X-70B Phantom serait l’idéal… pour aller où bon me semble sans devoir regarder constamment par-dessus mon épaule, si vous voyez ce que je veux dire. »

C’était quitte ou double : soit on la mettait gentiment mais fermement à la porte pour tenter de passer outre certaines lois impériales, soit elle dénichait les prémices de ce qu’elle désirait. Dans l’absolu, elle désirait la seconde solution. Devoir s’expliquer au BSI quant à son désir de n’en faire – en partie – qu’à sa tête n’était pas vraiment dans son ordre du jour. Quand bien même son supérieur était un homme tout à fait appréciable.

Le regard de la dame noire s’assombrit quelque peu.

Le Phantom n’était pas disponible ? Dommage. Vraiment dommage. C’était bien là un vaisseau des plus appréciables qui lui avait été donné de piloter par le passé. Sans compter les multiples avantages qu’un vaisseau de cet acabit pouvait procurer… en particulier lorsqu’il fallait se déplacer incognito ici et là dans la galaxie pour certaines missions délicates.

Ekath dévisagea un instant son interlocuteur. Ce qu’il proposait était censé, à une chose près cependant : elle détestait devoir être redevable envers qui que ce soit. Mais envers le patron d’une entreprise officiant en tant que gardes du corps, il n’y avait aucun risque quand bien même elle était curieuse concernant ces fameux « contacts » dont il faisait mention. N’est-ce pas ?

« Très bien, dites-moi les termes de votre accord. Cependant, je tiens à préciser que je ne désire pas d’équipage. Je suis une grande fille capable d’assurer ma propre sécurité seule, cher monsieur Soyoku. »

Son corps adopta une attitude ouverte, de même que son sourire se fit un peu plus engageant et chaleureux. Elle se redressa légèrement, conserva un coude appuyé sur le comptoir alors que sa tête s’inclinait quelque peu vers son vis-à-vis.

L’homme connaissait son business. Cela pouvait être à la fois effrayant mais avait quelque chose de très plaisant. Lorsqu’il fit mention du rang des « sith », elle acquiesça d’un léger signe de tête affirmatif. Pourquoi s’en cacher ? Après tout, les Siths dominaient cette époque où elle avait atterri. Cela aurait été stupide de devoir se dissimuler parmi la populace ou – pire – faire croire qu’elle était un Jedi. L’idiotie ne faisait pas parti de son domaine de prédilection, sauf lorsque cela pouvait servir ses intérêts.

Ses yeux se posèrent ensuite sur les images holographiques que le petit émetteur du maître des lieux lui montrait. Elle écouta attentivement ses explications et la description de chacun des vaisseaux présentés. Elle en exclua rapidement certains de part leur côté un peu trop tape à l’œil et leur confort inutile, et se concentra principalement sur les deux restant qui l’intéressaient.

Ce ne fut qu’au bout de longues minutes de réflexion que la dame noire finit par trancher sur son choix.

« Le transport de classe Simiyar conviendra parfaitement. »

Quand bien même celui-ci était moins performant que les trois autres comme le lui avait fait remarquer son interlocuteur, il était celui qui lui offrait une meilleure autonomie à ses yeux sans devoir avoir un équipage en prime, ce qui l’avait grandement refroidi pour accepter l’explorateur E-9. Quand bien même ce choix aurait été le plus logique au vu des longs voyages qu’elle allait être amené à faire.

« Y a-t-il la possibilité d’en refaire la peinture extérieure ? Je suppose qu’il faudra verser un petit supplément à l’achat pour cela, n’est-ce pas ? »

Non pas qu’elle doutait des goûts des précédents propriétaires mai si elle désirait évoluer tranquillement dans l’espace, mieux valait éviter que son futur vaisseau soit reconnaissable par ceux qui l’avait précédemment croisé ou possédé.

Avoir déjà la possibilité d’acheter son propre vaisseau était déjà un bon début. Sans compter si cela pouvait lui éviter de devoir aller d’une boutique à une autre, ce qui aurait tôt fait de finir par mettre la puce à l’oreille de son supérieur. Aussi agréable soit-il, elle doutait fortement qu’il la laisserait s’en tirer à si bon compte sans venir s’en mêler de lui-même. Le genre de chose qui ne lui plaisait certainement pas et qu’elle préférait esquiver. Le point sur la peinture était donc du menu détail comparé au reste.

« Votre gracieuse proposition est la bienvenue. » confirma-t-elle poliment avec un sourire.

Le prix était plus que raisonnable, au vu de l’historique dudit vaisseau. Grand bien lui fasse d’avoir vérifier que la délicieuse petite somme de crédits qu’elle avait encore en sa possession était aussi valable à cette époque – et qu’elle avait accès à cet argent – mais cela faisait tout de même un petit pincement au cœur de devoir se séparer d’une telle somme. Mais c’était pour la bonne cause : la sienne.

Ce qui lui resterait permettrait de couvrir les dépenses concernant la peinture et, si comme Soyoku le lui avait dit, la vente de certaines affaires du précédent propriétaire pourrait s’avérer bénéfique. Sauf si certains éléments pouvaient servir à ses desseins. Ce qui était aussi une possibilité à envisager.

« Très bien. Ne vous embarrassez pas pour l’eau et les vivres, je peux m’en charger moi-même. » ajouta-t-elle concernant le dernier point abordé par son interlocuteur. « Préférez-vous que je règle maintenant ou quand je viendrai chercher le vaisseau fin prêt et après son inspection ? »

Après tout, elle tenait à vérifier elle-même que tout était en ordre.

Cela se tenait. Quand bien même elle avait entendu ce genre de procédé autre part… mais impossible de s’en souvenir.

Payer un acompte avant de verser la somme restante était une marche à suivre des plus classiques dans la plupart des entreprises, surtout pour quelque chose d’une envergure tel qu’un vaisseau. D’un bref signe de tête, elle approuva la marche à suivre. Au moins cet homme était-il parfaitement au clair avec son business. Surprenant, d’ailleurs, venant d’un humain… la plupart se tassait sur eux-mêmes quand ils avaient à faire à des Sith.

« C’est parfait, monsieur Soyoku. »

L’efficacité de cet individu et de ses hommes ne semblaient plus à démontrer. Sa remarque, toutefois, fit naître un léger rictus sur ses lèvres.

« Vous êtes charmant, je n’y manquerai pas. »

Bien qu’avoir du personnel non-impériale était là la dernière de ses pensées, surtout des personnes qu’elle ne connaissait absolument pas. S’entourer était une chose. Bien s’entourer en était une autre, un détail qu’elle règlerait en temps et en heure.

La dame noire ancra son regard émeraude dans le sien à travers les lunettes noires qu’il portait.

« Dois-je vous régler cet acompte à vous personnellement ? Ou bien dois-je vois cela avec un de vos employés ? »

Puisque les choses étaient sur le point d'être réglé en soit - elle ne se faisait que peu de soucis concernant la livraison du vaisseau et sa remise à neuf bien qu'elle y jetterait un oeil attentif - autant aller droit à l'essentiel.

Voir directement avec le personnel adéquat pour s’assurer que la somme qu’elle allait verser – accompagnée d’une petite note indiquant qu’il s’agit de l’acompte pour ledit vaisseau – lui semblait la meilleure chose à faire dans l’immédiat. Elle-même avait certaines dispositions à prendre et n’avait pas le personnel adéquat pour s’en charger, et encore moins la même confiance que le maître des lieux pouvait accorder à son personnel. Simple précaution.

« Très bien, je vais voir cela avec votre personnel. Vous devriez recevoir ladite somme dans les heures qui suivent. »

La dame noire se leva à son tour, suivant le mouvement de son interlocuteur. Maintenant que la question du vaisseau était en suspend – jusqu’à ce qu’elle l’est entre les mains après s’être assurée que tout était en ordre – elle avait le champ libre pour bien d’autres choses. À commencer par son enquête pour le BRI, par exemple. Sans compter qu’être libre d’arpenter la galaxie en long et en large lui donnerait une sensation de liberté non négligeable.

Un sourire ourla ses lèvres peintes de rouge.

« Plaisir partagé, très cher. J’ai hâte d’avoir de vos nouvelles concernant les raisons de ma présence ici. » déclara-t-elle en parlant du vaisseau.

Ekath se laissera ensuite raccompagner à la sortie pour retourner en direction de la place du noyau et prendre un taxi en direction des appartements qui lui étaient alloués en attendant son départ de la planète. Elle fera ensuite les démarches nécessaires pour débloquer la somme de l’acompte en usant de ses propres crédits emportés à cette époque, acompte qui ira ensuite sur le compte de Soyoku. Elle attendrait ensuite patiemment le jour où elle recevrait un message du patron de cette entreprise pour aller récupérer ledit vaisseau, non sans l’avoir passé au peigne fin – en usant de la Force accessoirement – pour détecter le moindre objet qui n’avait pas sa place dans sa nouvelle acquisition.