Petite escapade

Bon, ça devenait franchement agaçant. Jorj avait été patient, vraiment, mais il ne supportait pas d’être bloqué dans un lit d’hôpital. Ça allait un peu mieux, en plus ! Il pouvait tenir debout, il respirait à peu près bien longtemps, enfin bref, ça allait, la crise était passée, et il ne comprenait pas pourquoi le chef du service lui avait interdire de bouger pour le moment. C’était bien gentil, tout ça, mais pas question de rester bloqué éternellement. Il comptait bien sortir, avec ou sans permissions, car même s’ils lui retombaient dessus très peu de temps après, il aura fait comprendre à ce petit monde qu’ils n’avaient pas besoin de le garder, merci bien. Il ignorait dans quelle ville il pouvait bien se trouver, cela dit, ce n’était pas très grave, tant qu’il pouvait au moins prendre l’air puis retrouver Dean, quelque part.

L’ex-contrebandier avait pris le temps d’observer les allées et venues des membres du personnel médical, ainsi que les occasions, notant mentalement les moments les plus opportuns. Il avait aussi pris soin de rassembler les maigres affaires qu’il avait avec lui, se préparer... L’occasion la plus belle était en fin d’après-midi, au moment le personnel s’occupait des rendez-vous et des quelques examens médicaux. Jorj s’était tenu tranquille toute la journée, caché sous la couverture pour ne pas montrer qu’il s’était habillé, puis avait saisi la première opportunité. Chaussures enfilées, manteau sur le dos, puis filer de là. En restant le plus discret possible... Il était déjà un grand habitué de ce genre de petits jeux, depuis très longtemps.

Il ne s’était tout de même pas attendu que ça marche aussi bien, cela dit, et fut presque étonné en sortant de l’hôpital et en prenant une rue adjacente, un sac en bandoulière et son manteau sur le dos. Libre... Et dans une ville parfaitement inconnue, où il n’avait aucune idée d’où il pourrait retrouver Dean. Ok, il s’était sauvé de sa chambre d’hôpital... Et maintenant ? Il n’avait pas prévu que ça marche aussi bien ! Voyons voir, logiquement, où Dean pourrait bien se trouver ? Jorj stoppa dans un recoin pour souffler, le cœur battant à très vive allure, puis observer la ville. Elancée, plutôt jolie... Il leva le nez vers quelques panneaux qu’il pouvait voir d’ici, lisant dessus qu’il était proche de ce qui devait être l’équivalent du centre administratif de la ville. Pas ça qui allait beaucoup l’aider.

Il continua de marcher un peu, puis s’arrêta de nouveau, dans un coin à l’écart, pour reprendre son souffle, pris d’un léger vertige. Une sorte de petit parc, avec des bancs, à l’abri des regards. Appuyée contre une paroi de roc derrière lui, il se laissa aller un moment, les yeux fermés, vite rattrapé par une certaine somnolence. Et se laissa dériver, dans un état à moitié comateux, bras serrés contre lui. Il s’était écoulé bien du temps, deux heures, voire un peu plus, lorsqu’une main s’abattit sur son épaule et le secoua un peu, le ramenant à la réalité. Il rouvrit les yeux sur un garde de la ville pas vraiment content, avec derrière un des infirmiers vus à l’hôpital. Et bien quoi, ça avait bien dû leur arriver, non, qu’un patient se sauve de l’hôpital, n’est-ce pas ? Non, jamais … ?

“Peut-on savoir ce qu’il vous a pris ?"

“Je n’ai pas besoin de rester coincé si longtemps dans votre hôpital, ça va très..."

Pas le temps d’en dire plus, le garde le fit relever par le bras puis le tira avec lui, impassible mais sans lui laisser l’occasion de lui filer entre les doigts. Aucun sens de l’humour ! Il marmonna entre ses dents durant tout le trajet retour, jusqu’à l’hôpital. Bon, peut-être qu’ils n’avaient jamais eu de patients se sauvant.

“Je pourrai au moins voir Dean, ou je ne sais pas, un Jedi, s’il y en a déjà un d’arrivé ? Je suis ne venu dans les Régions Inconnues que pour ça, pas pour vos beaux yeux."

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Bras croisés, visage fermé, peu bavard. Le futur beau-frère n’avait plus lâché un seul mot depuis toute à l’heure et le fixait d’un air inquisiteur. Thrass avait tenté de réengager la conversation, puis avait fini par laisser tomber. Ils s’étaient rencontrés il y a quoi… deux jours ? Et en si peu de temps, on dirait bien que Dean s’était déjà fait son opinion. Et qu’il ne l’aimait pas. Quant à savoir pourquoi, c’était une toute autre affaire… Il avait eu l’entièreté de l’histoire, désormais, autant ce qui s’était passé il y a des années que la mission de fin pour le Vol vers l’Infini. Depuis, les seuls regards que lui adressaient l’humain étaient noirs, remplis de sous-entendus et assez hostiles. Il ne disait presque rien, se contentant de suivre le mouvement en se contentant, parfois, de marmonner qu’il voulait juste revoir sa sœur.

Thrass n’était pas certain de savoir pourquoi il le détestait, était-ce à cause de la manière dont ils étaient morts, il y a des années, ou bien n’aimait-il simplement pas les aliens ? A moins qu’il soit outré que sa sœur attende un enfant de lui, ou que… Peut-être, aussi, n’aimait-il par leur peuple car ils étaient indirectement responsables de la mort de Lorana et de la disparition, durant des années, des survivants du projet. Difficile de le dire et ce n’était pas Dean qui allait gentiment l’éclairer sur le sujet. Il aura peut-être la réponse plus tard. En attendant, c’était un tout autre sujet qui l’attendait, à savoir Jorj Car’das. Le fameux contrebandier… Arrivé ici à moitié mort, d’ailleurs. L’Ancien Administrateur n’avait été qu’à moitié surpris d’apprendre qu’il avait voulu se sauver de l’hôpital, hier, vu le tempérament du Corellien, rien d’étonnant.

Le personnel de l’hôpital, lui, avait été beaucoup plus surpris et il apprit, sur le chemin, qu’ils avaient même collé un bracelet GPS à leur patient humain, au cas où il recommençait. Non mais, d’ordinaire, c’était les prisonniers qu’il fallait surveiller de cette façon ! Il leva les yeux au ciel, avant d’entrer dans la chambre commune, dépassant plusieurs lits avant d’arriver à celui du Corellien. Il sera sans doute un peu surpris de le voir… Thrass le salua en Sy Bisti, se souvenant de leur dernière discussion, un peu houleuse, avant qu’il ne parte avec Lorana. Dean, de son côté, avait contourné le lit pour s’asseoir sur un petit siège, le visage toujours aussi fermé. Pour lui aussi, sa vie s’était retrouvée bouleversée d’un seul coup… Il avait perdu en une fois sa vie sur Coruscant, son travail et même la liberté de ne pas être traqué, avant d’atterrir ici.

"Vous allez un peu mieux ? Le personnel de l’hôpital a été très surpris de vous voir vous enfuir."


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Dés

"Si moi je vais mieux ? s’étrangla-t-il de rire. Eh, c’est pas moi qui ai été finir ma course contre une planète rocheuse. Mais merci, oui, ça va très bien, vous aussi, visiblement. Alors… Vous êtes un sensitif. Ça a dû en surprendre pas mal."

"Moi le premier."

Il n’avait pas changé, on dirait bien. Thrass retint un léger soupir et s’assit mieux que ça, pour ne pas gêner le passage des infirmiers aux lits voisins, ni trop troubler le repos des autres blessés. Dean, qui s’était assis lui aussi, conservait un visage très fermé, toute sa posture indiquant son retrait, un certain détachement, et aussi une mauvaise humeur à peine dissimulée. Il détestait être ici, c’était évident… Jorj, au contraire, une fois la surprise passée, se mit à afficher un sourire de plus en plus large. Aussitôt, Thrass fut plus méfiant, il connaissait très bien cette expression, c’était celle qui survenait juste avant qu’il ne se paye la tête de quelqu’un. Et donc de la sienne.

"Vous avez eu le temps de revoir un peu Lorana, depuis votre disparition, à tous les deux ? Il y a une raison particulière à ce que Thrawn tenait à ce que vous, Dean, retrouviez votre sœur assez tôt ? Je trouve curieux qu’il s’en soit mêlé."

C’était son petit frère qui avait fait en sorte que… D’accord… Et bien évidemment, il avait pris soin de ne dévoiler que le minimum à Jorj, pour lui laisser tout le plaisir de la « découvert ». Cette fois, Thrass eut le plus grand mal à retenir un immense soupir, il aurait dû le voir arriver, ce coup-là, pourtant ! Il connaissait son frère. Avoir fait ça pour Lorana était très gentil, en tout cas, rien ne l’y avait obligé, et avec ça, Thrass doutait que sa jeune compagne aurait accepté de le faire. Ils en avaient déjà parlé, elle savait que son frère ne l’appréciait guère et n’avait pas voulu renouer par elle-même le contact. Par crainte de se faire repousser pour de bon, comme il l’avait compris en parlant avec elle. Lorana avait tout de même une grosse tendance à douter d’elle-même, un petit côté plus fragile que lui trouvait très touchant. Elle était son edelweiss.

"Lorana est revenue dans ce temps avant moi et nous avons pu nous retrouver, en effet. Elle est enceinte de moi et je compte la demander en mariage."

Dean tiqua tout à coup très fortement, détournant à moitié la tête, lèvres pincées. Thrass n’était pas de sûr de comprendre la vraie raison de ce rejet. Soit il avait été trop bercé par la politique anti-aliens de l’Empire, soit il n’appréciait que sa sœur disparue épouse celui avec qui elle était morte, dans ces régions lointaines. Ou bien un mélange des deux ? Peut-être qu’il jugeait leur peuple responsable ce décès, ainsi que de la fin tragique du Vol vers l’Infini.

"Je suppose que c’est pour ça que mon frère voulait que vous retrouviez votre sœur," glissa-t-il en jetant un regard à Dean.

"Ravi qu’un impérial se soucie de ça."

Il y avait ça aussi, donc. Mais c’était encore une autre affaire. L’ingénieur avait marmonné si bas que Thrass se demanda tout de même s’il avait bien entendu, renonçant à répondre à ce commentaire. Le travail de son frère n’avait rien à voir dans leurs affaires de couple ou de famille.

"Pour vous, Jorj, je doute que vous n’ayez dû servir que de guide, n’est-ce pas ?"

"En effet. Comme vous le voyez, je suis un peu moins frais que la dernière fois que nous nous sommes croisés et j’ai besoin de l’aide d’un Jedi pour me soigner."

Pourquoi d’un Jedi, spécifiquement, qu’avait-il encore fait pour se retrouver dans un état pareil ? Thrass imagina tout à coup le contrebandier, enfin ex-contrebandier, coincé dans la même situation que le jeune Eli Vanto, aux mains d’un Sith fou, occupé à mener des expériences sur lui, et eut un violent frisson. Il y en avait un autre, comme ce type, et pourquoi ne… le fil de ses pensées fut brusquement interrompu quand Jorj se mit encore à bouger pour se redresser. Mais enfin, il ne pouvait pas juste rester tranquille, cinq minutes d’affilée ? Il n’était pas bien, même un aveugle le verrait, alors pourquoi insister, encore et toujours ? Dean aussi avait réagi, plus vivement, levant la main comme pour le retenir, même s’il ne pouvait pas chuter au sol. C’était incroyable que cet homme soit arrivé vivant jusqu’ici… Il était dans un tel état de faiblesse.

"Toutes mes félicitations pour ce bébé, en tout cas ! Il aura suffi du passage d’un mignon minois pour vous faire fondre ? Vous êtes vraiment le dernier que j’aurai cru voir épouser une humaine. Votre peuple doit sûrement apprécier, j’en suis sûr."

Et toujours ce même don pour agacer ou lasser ceux qui croisaient son chemin. Thrass retint un léger soupir, se rencognant à son tour contre le dossier de sa chaise, les bras croisés, sans prendre la peine de répondre. Il n’avait certainement pas pris le temps de crier à tout Csilla qu’une femme humaine était enceinte de lui, bien évidemment ! Le Conseil était au courant, oui, et Thrass supposait que les plus agacés d’entre eux avaient dû s’en plaindre à leurs proches ou leurs collaborateurs. Cependant, ça devait s’arrêter là. Le « mignon minois » en question n’était, évidemment, pas non plus la seule raison de la situation actuelle et il n’avait pas envie de le détailler au Corellien.

"C’est donc de famille, cette douce aptitude à ne pas jouer selon les règles. Comment comptez-vous faire accepter ce bébé ?"

Il n’en avait encore aucune idée. Son regard croisa un instant celui de Dean, qui se détourna, soupirant un peu. Son futur beau-frère n’acceptait pas leur lien, tout court, qui sait ce qu’il pouvait bien penser de cet enfant. Thrass commença par murmurer qu’il ne savait pas encore mais qu’il était conscient que ce sera compliqué. Il ne s’imaginait déjà plus vivre ici, ce serait très difficile, alors avec une humaine, et en plus un enfant métis… Impossible d’avoir l’esprit en paix. La plupart ne l’accepteraient pas.

"Nous ne vivrons pas dans l’Ascendance, à mon sens, ce serait un peu trop délicat, vis-à-vis de ce que pense mon peuple aujourd’hui des Humains, des sensitifs, de tout cela. Le Conseil sait, pour cet enfant, et la moitié d’entre eux n’acceptent déjà pas une telle conception."

Et sans commentaires, merci. Ni de Jorj, ni de Dean. Pour le moment, tout ça était encore très flou, très perturbant, il ne savait même pas à quoi allait ressembler le bébé, quels caractéristiques il aura, s’il sera en bonne santé ou non, et s’il y avait une incidence avec le fait que ses deux parents étaient morts, techniquement, même avec ces failles. Avec ça, des questions beaucoup plus « basiques » se posaient en plus. Comment Lorana gérait-elle la grossesse alors qu’il était loin d’elle pour le moment, était-elle en forme ou épuisée, comment la naissance se passera-t-elle, et une fois l’enfant né, seront-ils en mesure de la protéger, seront-ils toujours là pour lui ou elle ? Et s’ils disparaissaient tous les deux, qui s’en occupera et comment ?

"Je vous dirai bien que je serai ravi de vous voir au mariage, mais seulement si vous arrivez à tenir debout seul. Sur qui, ou quoi, êtes-vous tombé, encore ?"

PNJ Dean Jinzler

Dans quelle galère s’était-il fourré…

Le cauchemar continuait, sa vie échappait à tout contrôle et il n’avait plus aucune idée d’où il en était. Dean venait de se passer de l’eau cinq fois de suite sur le visage, comme si ça allait l’aider à éclaircir ses pensées ou se calmer, mais c’était complètement inutile. Relevant la tête, il s’observa dans le miroir, passant très vite les cernes marqués avant de lâcher un long soupir. Que foutait-il là ?! En plein milieu des Régions Inconnues ! Sur une planète glaciale, sous terre, arrivé avec un contrebandier à moitié morte et maintenant encerclé par ces… Serrant les dents, il se redressa vivement, se sécha puis s’habilla. Toute une vie normale volant en éclat, autant par la faute de l’Empire que par celle de ce type, et de ce peuple, et de la guerre, et surtout de sa sœur ! Cette sœur réengagée dans un combat qui n’avait jamais été le sien et…

Même vis-à-vis d’elle, il ne savait plus quoi penser. Toujours jaloux, il était maintenant en plus en colère, car c’était ses actions qui avaient contribué à fourrer Dean dans ces problèmes aujourd’hui. Si seulement elle s’était contentée de vivre en paix et à l’écart, après son retour de ces foutues failles ! Mais non, elle avait été incapable de s’en empêcher, bien sûr, il avait bien fallu qu’elle se jette là-dedans ! Et même pire… Pour Dean, c’était bien ce peuple qui était très clairement responsable de la mort brutale de tous les civils montés à bord de ce vaisseau maudit, et voilà que sa propre sœur était enceinte de l’un d’entre eux ! Avoir appris ça le dégoûtait au plus haut point, il n’arrivait pas même à éprouver la moindre once d’infection pour ce bébé, ni même à accepter qu’il s’agisse bien de son neveu ou sa nièce.

Idem pour son futur « beau-frère », qui le repoussait tout autant que ce futur enfant. Durant le trajet qu’il dû faire lui jusqu’à l’hôpital, Dean ne lâcha pas un seul mot, incapable de ne pas montrer à quel point il avait ce type en horreur. Une fois arrivé, toujours en silence, il suivit le mouvement, au moins soulagé de voir Jorj vivant et à peu près en bon état. En tout cas mieux que la dernière fois… Il s‘assit de l’autre côté du lit sans rien dire, voyant que l’Humain et son honni futur beau-frère se connaissaient déjà bien, visiblement. Humph. Sa hâte de quitter cette planète et ce secteur, puis de s’expliquer avec sa grande sœur, s’agrandissait chaque minute un peu plus. Enceinte… de ça… Dean pinça les lèvres et le nez, se concentrant sur sa respiration pour ne rien dire.

Vous avez eu le temps de revoir un peu Lorana, depuis votre disparition, à tous les deux ? Il y a une raison particulière à ce que Thrawn tenait à ce que vous, Dean, retrouviez votre sœur assez tôt ? Je trouve curieux qu’il s’en soit mêlé.

Qui ça ? Qui s’en était mêlé pour qu’il… Quoi ? Qu’est-ce que c’était que cette Histoire, encore ? Il réfléchit une seconde, puis se souvint d’un coup de ce que Thrass avait sorti, hier, ce type, c’était son frère, l’amiral impérial. C’est vrai… Sur le moment, Dean n’y avait prêté aucune attention, mais en y repensant, ça rajoutait encore à la tension ambiante. Après tout, ce type aussi avait participé à la destruction du vaisseau, et aujourd’hui, il faisait parti de ceux dont les Jedis devaient se méfier.

Lorana est revenue dans ce temps avant moi et nous avons pu nous retrouver, en effet. Elle est enceinte de moi et je compte la demander en mariage.

La remarque acide qui lui monta aux lèvres fut stoppée d’extrême justesse et il détourna les yeux, serrant les lèvres pour ne rien lâcher. Ce mariage le rendait presque autant malade que de savoir que sa sœur attendait un enfant de ce type.

Je suppose que c’est pour ça que mon frère voulait que vous retrouviez votre sœur.

Ravi qu’un impérial se soucie de ça.

De quoi je me mêle… ? Dean ne lui avait rien demandé, à celui-là aussi ! Et il était certain que Lorana ne lui avait rien demandé non plus ! De quoi venait-il s’occuper, hein ?! Qu’il aille donc se soucier des affaires de son frère, de sa femme ou d’il ne savait qui encore, de ses mômes s’il en avait, mais pas des leurs. Encore plus renfrogné, Dean croisa les bras encore plus serrés, appuyé contre le dossier de son siège, suivant vaguement la conversation sans plus rien ajouter. Ce peuple n’acceptait pas cette conception, hein… ? Au moins un truc sur lequel il sera d’accord avec eux.

Je vous dirai bien que je serai ravi de vous voir au mariage, mais seulement si vous arrivez à tenir debout seul. Sur qui, ou quoi, êtes-vous tombé, encore ?

Une sorte de Jedi fou ou de Sith, selon ce qu’il avait pu expliquer pendant le trajet… Exactement comme C’Baoth… Dean écouta d’une oreille l’explication, le regard passant sur le reste de la salle, les personnes présentes, les installations, sans s’arrêter nulle part… Il voudrait bien sortir prendre l’air, cependant, étant donné l’endroit où ils avaient le malheur de se trouver, ça ne changerait rien au stress.

Et quand pourrons-nous quitter cette planète ?

"Nous ne vivrons pas dans l’Ascendance, à mon sens, ce serait un peu trop délicat, vis-à-vis de ce que pense mon peuple aujourd’hui des Humains, des sensitifs, de tout cela. Le Conseil sait, pour cet enfant, et la moitié d’entre eux n’acceptent déjà pas une telle conception."

"C’était prévisible."

La plupart n’appréciaient pas les Humains – enfin les étrangers – tout court, alors un bébé métis, ça n’avait même jamais dû leur effleurer l’esprit ! Il compatissait quand même, même s’il n’avait eu que très peu de temps des relations assez cordiales avec Glaçon numéro deux autrefois, parce qu’il imaginait bien ce que ça pouvait donner, d’être rejeté comme ça, surtout par votre propre peuple. Quant à la petite Lorana, et bien, il ne la connaissait pas du tout et ne savait donc pas comment elle gérait ça. Ils s’étaient croisés, quoi… Moins d’une heure ? Juste assez pour qu’il comprenne qu’elle était du genre à donner sa vie sans hésiter une seconde si ça servait la cause en laquelle elle croyait. Un tout petit bout de femme, pas bien grosse, avec un air qui la rendait plus jeune qu’elle ne l’était vraiment. Presque vulnérable, en apparence, et pourtant, elle devait cacher plus que ça.

Un maigre sourire lui échappa, avec le « encore » glissé dans la question de glaçon numéro deux. Ce mot était en trop, dans cette phrase il ne passait quand même pas toute sa vie à s’attirer des ennuis ! Enfin… Pas toujours, il arrivait des périodes où il était plus… Enfin bref ! Il lui expliqua dans les grandes lignes ce qu’avait fait le type sur qui ils étaient tombé, comment il s’en était sorti, puis les conséquences de l’affaire. Il avait, en quelque sorte, le retour de bâton, après avoir abusé de ce pouvoir. Ça lui avait pourtant permis de monter une si belle organisation ! Mais voilà, y avait une fin à tout, malheureusement, et vu son état, il regrettait quand même un peu. Bah, ça devrait aller mieux, s’il s’entraînait à rester en forme… Non ? Ou au moins à gagner du temps, le temps de trouver une solution, n’importe laquelle.

"Et quand pourrons-nous quitter cette planète ?"

"Sans doute assez vite," bâilla Jorj en s’étirant un peu. "La population locale sera ravie qu’on disparaisse au plus tôt."

D’ailleurs, Thrass était venu seul, dans le coin ? Le Corellien lui posa la question, mais la réponse ne l’aida pas des masses. Le nom du Jedi venu avec lui ne lui disait rien. Ah, quoi que, il avait dû le voir passer sur les avis de recherche, si, c’est bon, il n’avait rien dit. Il aurait pu l’amener avec lui, d’ailleurs, ça lui aurait donné une occasion de le rencontrer, avant le départ. Surtout ce que ça voulait dire qu’il l’avait abandonné seul avec d’autres Chiss, ce pauvre garçon.

"Où ira-t-on ? Vous vous êtes fait un coin particulier, pour les Jedis, ou vous restez avec les Rebelles ? Qui est votre chef, aujourd’hui ?"

Ce type avait quand même l’art et la manière de se fourrer dans des situations impossibles ! Thrass arrivait encore à s’en étonner, surtout en écoutant une histoire pareille. Le Côté Obscur pouvait donc blesser à ce point, voire vous conduire aux portes de la mort ? Mais alors pourquoi certains s’y plongeaient dedans quand même ? A n’y rien comprendre ! Il s’était brûlé les doigts, finalement, et comment s’en sortir ? Les Jedis pouvaient lui apprendre des sortes de sorts de soin ou… Quelque chose de ce genre ? Il n’en dit pas beaucoup plus, ne rentrant pas dans les détails ni décrivant la manière dont il espérait retrouver la forme. Il allait tenir, durant le voyage retour… ? Thrass ignorait si Luke s’y connaissait, dans le domaine médical, avec la Force, et s’il pourra l’aider en cas de besoin.

"Et quand pourrons-nous quitter cette planète ?"

"Sans doute assez vite. La population locale sera ravie qu’on disparaisse au plus tôt."

C’est certain… Thrass retint un petit soupir, secouant un peu la tête en ajoutant, pour Jorj, qu’ils étaient venus avec Luke et le jeune Nuru. Mais que ce dernier avait disparu… Comme ça, du jour au lendemain, après le mariage ! Ravalé par une de ces failles, après qu’il se soit rendu sur la tombe de Larin. C’était aussi effrayant que stressant… Pas qu’il craignait de mourir une autre fois, mais Lorana était enceinte. Il avait peur de ne jamais les revoir, elle et leur bébé. Pire encore, que sa future femme ne disparaisse, elle aussi, et que leur bébé grandisse sans jamais connaître ses parents. Il n’y avait rien de pire, à ses yeux, qu’être privé de ses parents ou d’être en conflit ouvert avec sa propre famille. Comme Luke avec la sienne, par exemple, c’était la plus malsaine situation qui puisse exister, à son sens.

"Où ira-t-on ? Vous vous êtes fait un coin particulier, pour les Jedis, ou vous restez avec les Rebelles ? Qui est votre chef, aujourd’hui ?"

"Beaucoup ont reformé le Conseil Jedi, celui à qui on s’adresse plus, en réalité, c’est Obi-Wan Kenobi. Parce qu’il connaît ce temps et est un maître Jedi. Sinon, oui, nous ne sommes plus en permanence avec les Rebelles. Il y a des tensions, avec eux."

Honnêtement, Thrass n’avait pas tout suivi ni compris, mais il fit de son mieux pour détailler ce qu’il savait à Jorj, que ce dernier ne soit pas étonné s’il entendait certaines choses, chez les Rebelles. S’il s’y rendait, néanmoins. L’Ordre à peine reformé, certains des jeunes qui ne rentraient pas encore dans le rôle, peu de maîtres, beaucoup de bonne volonté. Pour son propre cas, il ignorait encore de quelle façon il devait évoluer. Se former, oui, il était prêt, mais pour devenir quoi ? Il n’était ni un militaire, ni un combattant. Il avait certes reçu une formation de base, comme tout un chacun, mais n’était pas resté dans l’armée, bifurquant très tôt sur les bancs des écoles diplomatiques. Puis de la politique. Peut-être pourrait-il essayer de se former dans les soins, justement… Peu de chances, de toute façon, qu’on fasse de lui un combattant.

"Il y aussi une autre personne à récupérer, Bres’ogu’aynik. Il est de notre peuple, de cinq millénaires en arrière. Déjà formé, en revanche, ce n’est pas plus mal. De votre côté, Dean, vous comptez bien revoir Lorana ?"

PNJ Dean Jinzler

Assez vite, ça voulait dire quoi ? Demain, dans trois jours, dans une semaine ? Encore un peu plus renfrogné, Dean marmonna entre ses dents que ce n’était pas très précis, cette histoire, puis croisa les bras un peu plus serré. S’il n’avait pas suivi Jorj, il serait sans doute encore chez lui. Sous surveillance, peut-être, mais au moins… Finalement, il l’avait bien effrayé, sur le coup, alors que rien ne prouvait que l’Empire l’aurait jeté en cellule ou il ne savait quoi, pour se servir de lui comme d’un otage ! Il n’avait eu aucun contact avec sa chère sœur depuis son retour des failles et n’en aurait jamais eu, si ce contrebandier n’avait pas débarqué dans sa vie. Il aurait tout autant ignoré sa grossesse et le mariage dégoûtant qui se profilaient. Un mariage qu’il n’avait pas envie de voir, pas plus que de voir ce bébé.

Après avoir réglé quelques détails, il pourra sans doute rejoindre les Rebelles… Travailler avec eux, à défaut de pouvoir retrouver une vie normale. Après tout, foutu pour foutu, autant tenter autre chose ! Il avait son métier et ses compétences avec lui, n’aimait pas spécialement l’Empire, alors pourquoi ne pas en profiter ? Quitte à être fiché comme en fuite, autant l’être pour une bonne raison. Quant aux Jedis et à leurs histoires bizarres, qu’ils se démerdent avec, au revoir et bon vent ! Au revoir aussi les types comme son futur beau-frère, tiens, ça ne lui fera aucun mal.

Il y aussi une autre personne à récupérer, Bres’ogu’aynik. Il est de notre peuple, de cinq millénaires en arrière. Déjà formé, en revanche, ce n’est pas plus mal. De votre côté, Dean, vous comptez bien revoir Lorana ?

Oui… Rapidement. Puis j’irai retrouver les Rebelles.

En attendant, s’ils voulaient bien l’excuser… Cette salle commençait à l’étouffer sérieusement. Il quitta son siège, puis quitta la chambre à grands pas, pour retourner dans le couloir, puis plus loin, s’asseyant près d’une fenêtre restée entrouverte. Retrouver sa sœur… Mettre au point leur « relation »… Puis il verra bien. La tête fourrée contre une main, coude dans le recoin du bord de fenêtre, il soupira longuement, pressé de partir, mais aussi pressé d’en finir. Il ne savait pas encore quoi dire à Lorana, juste… Ils ne devaient pas être faits pour s’entendre, voilà tout. La fille aînée parfaite, qui rentre dans l’Ordre, qui se bat pour le bien, toujours forte, et bla bla bla, il en avait entendu, de ça ! Enfin bref… Il devait tirer un trait sur tout ça… Continuer de mener sa propre vie en espérant que l’ombre de sa sœur ne pèse plus sur lui…