Une première pour mettre les choses au clair [PV Leia Organa]

La réunion Sith avait eu lieu il y a quelque temps de cela et avait vu se dérouler des événements bien étonnants, entre manifestations de la Force pour récupérer certaines personnes venues d’un autre temps et les annonces faites par l’Empereur, qui donna des fonctions à chacune des personnes présentes. En tant que toute nouvelle arrivante, Takara c’était attendue à se retrouver à la faire la sale besogne. Elle avait l’habitude, c’était comme ça que les choses se déroulaient chez elle, dans son monde, et elle n’avait pas encore finit de s’acclimater à cette nouvelle réalité. D’ordinaire, les nouveaux devaient prouver leur compétence et leur expérience pour grimper les échelons de la société. Les personnes compétentes étaient gracieusement remerciées et personne ne se retrouvait parachutées à des postes d’importance sas en avoir au préalable prouvé sa valeur. Au lieu de tout cela, l’Empereur avait pris l’étrange décision, à ses yeux, de la propulser directement dans l’ombre en lui assignant une tâche qui aurait normalement dû être donné à une personne de confiance et non à une parfaite inconnue qui, d’ailleurs, n’avait rien dit de ses véritables origines. Était-ce le culot dont elle avait fait preuve d’abord lors du bal du Jour de l’Empire puis au cours de la réunion qui avait attiré son attention ? La jeune Hilts ne saurait le dire avec certitude, mais voilà qu’elle arpentait en ce jour une des ailes privées et sécurisées du Palais Impérial, une zone où peu de gens circulaient sans autorisation et sans surveillance. Et plus que tout, sans escorte.

A sa gauche comme à sa droite, les deux gardes rouges gardaient une distance calculée avec elle tout en restant légèrement en retrait, faisant montre d’une expérience et d’une prudence sans doute exacerbée par des mois ou des années d’entrainement. La jeune Hilts aurait pris les mêmes précautions à leur place, quand bien même elle n’était pas leur prisonnière du jour. Il lui suffisait d’ailleurs de laisser la toile de Force se tisser entre eux pour ressentir tout leur professionnalisme et leur confiance en leurs compétences. Aucune crainte, aucun doute. Ils faisaient leur travail, et leur attention était focalisée sur elle. Rien d’étonnant là-dedans, puisqu’ils étaient là pour la surveiller elle, et s’assurait qu’elle ne fasse rien qu’elle n’était pas autorisée à faire. A savoir, tout sauf marcher avec eux, jusqu’à sa destination.

Si son regard s’était longuement perdu ces derniers jours sur les technologies qui relèveraient plus de la magie que de la science à son époque, c’était bien droit devant elle et la tête haute que Takara marchait d’un pas lent dans les coursives qui longeaient une série d’appartements privés en suivant le mouvement de son escorte. Sa destination, les locaux où résidait désormais celle qui avait été intronisée ni plus ni moins comme l’une des apprenties de l’Empereur et qui était devenue l’élève de la jeune Hilts par décision de Sa Majesté et à sa grande surprise, dans la continuité du dernier assemblement des siths. Takara avait toujours du mal à se faire à l’idée que, elle, une pure inconnue, ait pu se voir propulser à de telles responsabilités, et ce à l’insu de tout les autres, sous le couvert d’avoir été envoyée auprès de la jeune Leia Skywalker pour assurer sa protection au quotidien. La rousse ne pouvait pas encore dire si une telle explication serait crédible aux yeux des autres Sith mais si elles limitaient leurs exercices à des lieux fermés et discrets alors le secret devrait pouvoir être conservés. Pour les autres, plus son rôle serait vague et mieux se serait. Si Takara saurait jouer ce rôle de garde du corps, ayant longtemps tenu celui de protectrice et responsable de la sécurité sith dans la capitale de Kesh, elle n’avait encore pas vraiment réfléchi comment gérer le rôle d’enseignante.

Takara s’arrêta finalement lorsque les gardes firent halte devant une des portes, venant chacun se positionner de chaque côté dans une posture de garde, signe qu’ils étaient tous les trois arrivés à destination. Elle leur jeta un regard à chacun d’entre eux, se doutant que dessous leurs casques ils devaient probablement en faire de même. Elle n’avait pas besoin de le voir, elle le sentait. Les gardes avaient dû prévenir de leur arrivée d’une manière ou d’une autre car à peine étaient-ils arrivés que la porte s’entrouvrit sur une servante ou une suivante, à la vue de sa tenue à la fois élégante mais modeste. Celle-ci l’invita à entrer, ce que Takara fit sans hésiter, son regard glissant de part et d’autre pour découvrir l’intérieur moins cérémoniel et plus distingué, exaltant et princier, le tout en restant plutôt moderne et modéré. La porte s referma derrière elles et Takara laissa finalement sa main glisser contre sa ceinture et le sabre qui y pendait, n’ayant pas osé prendre cette posture plus tôt pour ne pas alarmer inutilement son escorte qui, désormais, n’était plus avec elle.

Dans ces locaux privés, il était inutile de jouer un rôle autre que ce qu’elle était, bien qu’elle ait songé, à son arrivée, à cacher son statut aux autres siths. Elle réservait cette discrétion au peuple en général, qui ne faisait pas confiance aux siths et qui étaient potentiellement des espions en puissance. En petit comité, en revanche, cela ne posait pas de problèmes et les serviteurs assignés à la princesse en avait probablement vu d’autres. Évitant de faire la conversation avec celle qui était venu l’accueillir, elle se contenta de la suivre dans les appartements, jusqu’à finir dans une antichambre tout aussi décorée qui lui rappelait son chez elle, à Tahv, la modernité en moins. Les bras dans le dos, Takara se regarda dans la grande glace qui reflétait son visage et sa tenue rouge qu’elle appréciait tant. D’une certaine manière, cela renforcerait son alibi comme membre de la garde. Il restait qu’elle ne savait pas encore par où commencer avec Leia Skywalker. C’était justement là le but de cette première entrevue, de ce premier contact, et Takara comptait bien mettre les choses au clair des maintenant, laissant son aura se répandre le long des filaments de la toile qu’était la Force Vivante partout dans les appartements, pour faire comprendre qu’elle était là mais sans faire preuve d’agressivité. Pour faire comprendre que sa présence resterait permanente, que ce soit avec subtilité ou non.

Elle se doutait cependant que le premier contact entre elles serait froid. C’était souvent le cas, mais au fond elle espérait qu’elle pourrait, un jour, se tromper. Mais entre siths la méfiance était toujours de mise à un point que parfois il était facile de confondre cela avec de la paranoïa. C’était probablement ce que Leia Skywalker ressentirait en la voyant, ou juste en sentant son aura miroiter autour de la sienne. Takara attendit là que sa future élève se libère pour venir la voir, et ce sans manquer de décompter dans sa tête le temps qu’elle mettrait pour arriver. D’ordinaire, on ne faisait pas attendre son professeur. A voir donc si elle respecterait cela.

Et lorsqu’elle arriva finalement, Takara se tourna légèrement pour la regarder de biais, inclinant légèrement la tête en respect uniquement pour son titre princier, son regard mordoré se figeant sur son visage sans la moindre animosité, mais sans la moindre délicatesse non plus. Parfaitement neutre, laissant le soin à Leia Organa-Skywalker le loisir de définir dans quelle ambiance se déroulerait leur première entrevue.

« Bonjour à vous, Princesse. Il me semble que nous avons beaucoup à discuter, aujourd’hui. » Elle la laissa éventuellement retourner la politesse, avant de rajouter : « Sans doute voudriez-vous vous mettre à l’aise, pour commencer. »

Aucune réponse. C’était le dernier système qu’elle avait pu utiliser dans une relative sécurité, pour reprendre contact avec les Rebelles, et tenter de reprendre le cours des opérations, s’expliquer, retrouver un certain contrôle de sa vie. Mais rien. Que devait-elle faire ? Une nouvelle tentative aussitôt ou bien attendre d’être de retour sur Alderaan ? Ici, en plein cœur du Palais Impérial, c’était trop dangereux, même si elle était de toute manière convaincue que Palpatine était déjà au courant de ces tentatives. Il savait parfaitement qu’elle ne rêvait que de l’abattre et avait accepté de suivre son apprentissage dans cet unique but. Ainsi que pour Han. Han qu’elle n’avait plus revu depuis des mois et leur dernière entrevue s’était… très mal terminée. Autant qu’avec Luke, si ce n’est plus. Il n’avait pas compris, lui non plus, et sa réaction avait profondément blessée Leia. C’était pour lui rendre sa liberté, pour qu’il n’ait pas à souffrir plus encore, qu’elle avait aussi emprunté cette voie, pas seulement pour accomplir son but, et lui, lui… L’écœurement et la colère lui donnaient toujours la nausée, en y pensant.

La solitude l’écrasait toujours, depuis quelques jours, depuis qu’elle avait dû venir de force dans le palais, pour échapper aux Rebelles, ironie de l’affaire. Même si elle se trouvait en sécurité, la situation la troublait énormément. Une perte aussi brutale de repères lui donnait un profond sentiment d’insécurité, elle ignorait à qui se fier, dorénavant, à qui elle pouvait se permettre de faire un minimum confiance et comment. Dans cette confusion, là encore par ironie, son père biologique était devenu le seul point de repère fiable. Parce qu’elle savait à quoi s’en tenir, avec lui, et surtout, parce qu’elle était sûre qu’il ne voulait pas la tuer ni lui faire quoi que ce soit de particulier, d’ailleurs. Au contraire de l’Empereur qui souhaitait bien sûr la voir basculer plus encore, Vader se contentait de rester là, presque en retrait, à observer le cours de choses. Leia se demandait s’il voyait cette affaire d’un bon ou mauvais œil, cependant, il lui semblait toujours qu’il ne cherchait plus vraiment à se positionner ou y réfléchir, ni clamer ses convictions. Il… était là, c’est tout. Comme un spectateur de sa propre vie. Si loin du fanatisme de beaucoup.

Même ce retrait la rassurait, pour être honnête. Quoi qu’il contrastât avec l’image rendue par le seigneur Sith sur le terrain, face à ses ennemis. Mis à part son propre père, à qui pouvait-elle faire un peu confiance ? La jeune femme soupira longuement, s’étirant longuement sur sa chaise, puis refermant correctement les pans de la robe de chambre, enfilée par-dessus sa tenue de nuit. Il était tard, maintenant, même si elle n’avait pas du tout sommeil, et elle devait travailler tard pour rester discrète. Cette aile du palais était protégée, calme, et aussi, bien sûr, très surveillée. Un léger rappel sur son datapad lui rappela tout à coup qu’elle devait recevoir de la visite, celle de Hilts, la nouvelle Siths qui sera chargée officiellement de la protéger, officieusement de l’entraîner. Leia pinça un peu le nez, essayant alors de se dépêcher pour recouvrer complètement son sang-froid et se calmer. Chasser l’image de han qui hantait son esprit, mais aussi celle de son frère, lorsque Vader lui était tombé dessus. Malgré ses efforts, plus elle tentait de se calmer, plus c’était le contraire qui se produisait. La frustration la rongeait littéralement, comme la peine. Elle n’eut de toute façon vite plus le temps de tenter de se calmer, sa « collègue » et nouvelle mentor étant arrivée.

Elle songea à se changer, puis la lassitude l’arrêta, avant d’avoir fait même un pas vers son armoire. Quelle importance, de toute façon ? Elle ne cherchait à plaire à personne, ce soir, et n’aura pas non plus de politiciens face à elle, à jouer l’éternel jeu des apparences. Elle quitta donc sa chambre pour aller retrouver Takara sans plus se soucier de tout ça, bien plus occupée à calmer ses sentiments qui partaient complètement en vrille, pour conserver un air plus ou moins neutre. Elle se sentait instable… Comme le jour où elle avait été tirer sans réfléchir sur la tête de Plagueis.

– Bonjour à vous, Princesse. Il me semble que nous avons beaucoup à discuter, aujourd’hui.

– Bonsoir. Et en effet…

Allez, on respire, on inspire, on expire, cette femme n’y était pour rien et Leia n’avait pas envie de se faire encore un peu plus d’ennemis qu’elle n’en avait déjà. Elle hocha faiblement la tête, à la remarque suivante, l’invitant d’un geste du bras à venir s’installer dans le salon juste à côté, plutôt que rester comme ça, debout dans l’antichambre, à s’observer mutuellement. Si Leia ne se sentait pas en danger immédiat, elle n’aimait guère pour autant cette sensation. Toujours la même peur, à qui se fier, ici ? Elle s’assit avec une certaine raideur, une part de son esprit « détaché ». Instabilité, encore et toujours.

– Très bien, donc vous allez être chargée officieusement de me former et officiellement de me protéger, si j’ai bien compris ?

A défaut d’avoir le contrôle de ses émotions, elle avait au moins le contrôle de sa voix. C’était un début… Plongée là-dedans, il ne fallait pas trop en demander.

– Pourquoi est-ce à vous que ce travail a été confié ?

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Dés : Obscurité
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Même malgré l’heure avancée et le soleil qui finissait de se coucher au dehors des murs du Palais, Takara n’avait pas imaginé que la jeune Leia Organa, ou Skywalker, viendrait l’accueillir affublée d’une tenue aussi légère et personnelle que sa robe de chambre qui masquait au mieux de ses deux pans ce qui devait probablement être sa tenue de nuit. Un détail qui aurait probablement fait fantasmer bon nombre d’hommes mais qui, sur l’instant, n’eut aucun réel impact autre qu’une certaine surprise chez la jeune Hilts. Ce n’était pas qu’elle se désintéressait de cette situation cependant, son esprit étant juste focalisé sur autre chose, notamment sur ce cocktail d’émotions contraires et intenses qui suintait allègrement de l’aura de la Princesse. Sa tenue, au contraire de l’attirer et d’attiser une curiosité perverse, la faisait plutôt s’interroger sur les raisons qui avait mené la fille du Seigneur Vader à se présenter à elle ainsi vêtue : essayait-elle de lui faire passer un message ou était-ce simplement de la lassitude ? Elle ne pourrait obtenir de réponse certaine sans entrer en contact direct avec l’aura de la Princesse, ce qu’elle viendrait sans doute à faire un jour, lorsqu’elle ferait plus que graviter autour de son esprit comme elle se contentait de le faire aujourd’hui. En avait-elle conscience, d’ailleurs, qu’elle était là, à la surveiller et à l’étudier dans la Force, ou bien sa maitrise n’était pas encore suffisante pour qu’elle puisse s’en rendre compte ?

Takara laissa son regard glisser distraitement sur la bouche de la Princesse, puis sur sa poitrine qui s’élevait au rythme de ses inspirations et expirations, avant de s’en détourner pour suivre le mouvement de son bras tendu, en direction du salon plus vaste qui précédait l’antichambre. Décroisant les bras, la rousse hocha plus vivement de la tête, constatant qu’elle avait fait visiblement fait le choix de la discussion plutôt que du rejet, ayant déjà déjà mit de côté l’idée d’en quelconque exercice physique dès qu’elle l’avait vu sortir vêtue de sa robe de chambre. La jeune Hilts alla s’installer sur un sofa qui faisait plus ou moins face au fauteuil ou s’était installé Leia Skywalker et jeta un nouveau regard dans sa direction en posant ses mains sur ses deux genoux après avoir dégagé son sabre toujours attaché à sa ceinture sur le côté. Là, elle l’observa sur toutes les coutures, tant physiquement pour étudier ses réactions que dans les filaments de Force qui se faisait plus dense entre elles au fur et à mesure que la native de Kesh s’installait autour de l’aura de la jeune femme, sans jamais pourtant venir la toucher ou la bousculer.

Son oreille, attentive, réceptionna et analysa le ton neutre de sa question et Takara hocha doucement de la tête en n’y décelant aucune réelle animosité à son égard et une forme de contrôle qui tranchait avec les émotions qui suintait de son aura.

« C’est effectivement ce qui a été convenu avec l’Empereur. Ou plutôt ce qu’il nous a imposé. » précisa-t-elle, corrigeant ainsi ses propres propos pour signaler qu’on ne lui avait pas vraiment demander son avis, avant de décoller uns main de ses genoux pour exprimer la suite de son propos d’un mouvement léger du poignet : « Il faudra très probablement ajuster cela à la marge, en fonction de ce qui est prévu pour vous dans les semaines à venir. Je ne suis pas certaine qu’il soit bon pour votre image de vous afficher si tôt en public avec une autre sith à vos côtés. »

Son regard à cet instant se posa sur la suivante qui l’avait accueilli plus tôt et qui venait d’apparaître dans l’embrasure de la porte qui donnait dans le couloir et les autres pièces du vaste appartement, ses yeux s’embrasant d’une double réaction, comme si elle avait à la fois trouvé une potentielle solution à ce problème tout en faisant comprendre à la personne que sa présence était une gêne à leur discussion, et qu’elle ferait mieux de s’éclipser en oubliant ce qu’elle avait potentiellement pu entendre si elle ne voulait pas avoir des problèmes plus tard. Ce ne fut que lorsque celle-ci fut partie qu’elle considéra sa deuxième interrogation, tout aussi légitime.

« Vous vous souvenez sans doute de ce qui s’est dit lors de la dernière réunion. J’ai affirmé être une combattante et une analyste, tout en restant volontairement flou sur mon expérience. J’avais déjà croisé l’Empereur lors de l’évènement où il a révélé à vérité à votre sujet. Il a dû m’observer. Il me semble quelqu’un de très perspicace, j’imagine qu’il a fait quelques connexions en lisant entre les lignes. »

Takara croisa doucement ses jambes en laissant reposer son dos droit contre le dossier du sofa, adoptant une position droite et quasi protocolaire en venant reposer ses deux mains l’une sur l’autre sur ses genoux. Elle hésitait à dire une partie de la vérité à son interlocutrice qui finirait forcément à terme par en savoir plus que le nécessaire sur elle. Evidemment, elle ne pourrait pas évoquer Kesh, c’était quelque chose qu’elle s’interdisait.

« Pour faire court, disons que c’était déjà une partie de mon travail d’alors, et que je suis très familière avec l’étiquette et le protocole. » Elle inclina légèrement la tête en arrière en laissant basculer ses yeux vers le plafond le temps de terminer son propos. « D’où je viens, je porte le même titre de noblesse que vous, Princesse. »

Et son regard retourna de nouveau se poser sur son visage, pour scruter ses réactions et écouter ce qu’elle avait éventuellement à dire. Mais l’esprit de Takara restait distrait par cette accumulation d’émotions qui rayonnait de la Leia tel un phare guidant dans la nuit les bateaux d’exploration polaires de feu son père. Elle qui avait cherché sur le chemin un moyen d’accroche pour étudier les connaissances et débuter l’enseignement de sa nouvelle élève, c’était au final cette dernière qui lui offrait depuis son arrivée une opportunité à exploiter.

Son visage délaissa cette expression neutre pour s’affubler d’un léger sourire léger, alors qu’elle venait finalement énoncer l’évidence d’un ton subtil et léger :

« Vous êtes distraite, et vous bouillonnez intérieurement, Princesse. Je sens de la frustration, immense… De la peine… De la haine, de la colère… De la… solitude ? »

Son sourire s’élargit quelque peu, plus amical et compréhensif que carnassier, alors qu’elle se redressait pour se pencher très légèrement en avant, son regard glissant de nouveau sur son corps, cette fois-ci plus pour profiter que pour l’étudier, bien qu’elle se délecterait de sa réaction, sans pour autant montrer une quelconque forme d’amusement. Simplement ce sourire, vitrine de ce qu’elle ressentait et reniflait au travers de la Force, de part les filaments qui reliaient toutes vies entre elles.

« Je peux lire en vous sans même toucher votre esprit tant vous rayonnez de mille feux. Vous n’êtes plus seule, désormais. Vous devez la sentir d’ailleurs, ma présence, non ? »

C’était fascinant, toutes ces émotions brutes qui n’attendait qu’une seule chose, que l’on vienne les exploiter de la meilleure des façons, et qui venaient hanter son corps et son esprit, sans pour autant vraiment le ronger. Elle devrait aussi s’habituer à sa présence, à sa surveillance, à son écoute. Au fait qu’elle serait probablement là en permanence lorsqu’elle serait présente, pour la surveiller mais aussi pour la protéger.

« Vous n’avez aucun contrôle sur ce brasier qui vous consume… Pourquoi ? » Elle marqua une pause, inclinant légèrement la tête pour observer la jeune femme d’un regard en biais qui mettait un peu plus en valeur les traits, plus ou moins neutres désormais, de son agréable visage. « Ou plutôt, à cause de quoi ? Ou de qui ? »

– C’est effectivement ce qui a été convenu avec l’Empereur. Ou plutôt ce qu’il nous a imposé. Il faudra très probablement ajuster cela à la marge, en fonction de ce qui est prévu pour vous dans les semaines à venir. Je ne suis pas certaine qu’il soit bon pour votre image de vous afficher si tôt en public avec une autre sith à vos côtés.

Leia se contenta d’hocher lentement la tête, sans vraiment répondre pour le moment. Savoir que cette femme n’avait pas demandé, elle non plus, de se trouver ici ce soir avait quelque chose de rassurant, dans le fond, même si la jeune femme ne pouvait comprendre ce qui poussait les Siths venus d’autres temps à collaborer avec l’Empereur. Après tout, eux n’avaient pas besoin d’entraînement, ni d’une plus grande maîtrise de la Force, ils devaient déjà être assez bons. Et elle doutait qu’ils aient un réel besoin de passer leurs temps à obéir à Palpatine pour reconstituer leurs forces… Du moins, s’ils ne projetaient pas de constituer des forces armées ou s’emparer de celles des autres, là, ça devenait une autre histoire, où leur présence se justifiait. Ceci étant, Leia ignorait quelle était la mentalité de cette femme, elle n’avait pas semblé, durant la réunion, afficher la même volonté que bien d’autres, sur la manière de modeler cette galaxie. Raison de plus pour rester sur ses gardes, quand bien même une partie d’elle lui soufflait, malgré tout, qu’il serait plus simple de tout laisser tomber. Définitivement.

Bon sang, elle se mettait vraiment à penser n’importe comment. La situation la rendait très nerveuse, mais comment se calmer pour de bon et recouvrer son sang-froid ? Les paroles de son interlocutrice glissaient en partie sur elle sans l’atteindre, Leia entendait mais n’écoutait pas réellement. La réunion Sith avait été… agitée, avec ces disparitions soudaines. C’était sur cela surtout que la jeune femme s’était concentrée, par espoir qu’on en arrive enfin au jour où tous les sensitifs du passé et futur allaient disparaître pour de bon, mais non, espoir déçu. Quant aux capacités d’analyse de l’Empereur… Elle le reconnaissait, c’était bien là un des soucis majeurs qu’il leur posait. Mais soit. Tandis que Hilts s’installait plus formellement encore, tout en discutant, sur son siège, Leia s’obligea, de son côté, à détendre un minimum sa posture, sentant à quel point elle était tendue, trop tendue pour son propre bien. Avoir la raideur d’une planche de bois n’avait jamais aidé qui que ce soit. Seule…

– Pour faire court, disons que c’était déjà une partie de mon travail d’alors, et que je suis très familière avec l’étiquette et le protocole. D’où je viens, je porte le même titre de noblesse que vous, Princesse.

– Je vois. J’imagine que c’est en partie pour ça que l’Empereur vous a attribué le poste. Vous vous fondrez facilement dans le décor, bien plus que certains.

Même le ton de sa propre voix lui semblait étranger, tout à coup. Distant, contrôlé, presque froid. Un ton qu’elle n’adoptait que dans les postures délicates ou périlleuses, lorsqu’elle se sentait en parfaite insécurité ou lorsqu’elle avait besoin de cacher ce qu’elle pensait ou ressentait. Pour Leia, c’était une manière comme une autre de se protéger. Chez les Rebelles, elle avait longtemps utilisé cela avant d’être contrainte de les quitter. Face à cette femme, tant qu’elle ignorait sur quel pied danser, exactement, cette prudence restait de mise. Elle n’oubliait pas qu’elle avait affaire à une Sith, formée, sûre d’elle, et qui avait en plus pour tâche de la surveiller, dont elle ne savait encore rien ou presque. Le tout dans le palais impérial, coupée de tout allié, ami ou famille, mis à part Vader.

– Vous êtes distraite, et vous bouillonnez intérieurement, Princesse. Je sens de la frustration, immense… De la peine… De la haine, de la colère… De la… solitude ?

Leia recula autant contre le dossier du siège que son interlocutrice, elle, s’avança, tout en souriant. Ses joues prirent une teinte plus rouge, mélange de gêne et de colère, tandis qu’elle serrait les poings, contre son siège. Elle avait trop baissé sa garde ou bien était-elle tant incapable de se contenir et maîtriser qu’on pouvait lire en elle aussi facilement ? Elle se laissait trop aller, le problème était là. Ou elle contenait toujours trop, ça ne pouvait que déborder, tôt ou tard. A cause de qui… C’était plutôt à cause de qui, en effet… La jeune femme ne parvenait plus à garder un air si neutre, trop d’émotions contradictoire, lorsqu’elle pensait à Han, et à Luke, surtout dans le cas de ce dernier. Car pour Han, si elle s’était sentie très attirée par lui, leur relation s’était dégradée depuis maintenant assez longtemps. Mais Luke… Il continuait de ronger ses souvenirs et elle ne savait pas comment l’oublier pour de bon. Dès qu’elle revoyait Vader, elle le revoyait lui aussi. Il la hantait, alors qu’elle rêvait si ardemment de ne plus y repenser. Mais cela valait-il la peine d’en parler pour autant ? Admettre qu’elle n’arrivait même pas ça, alors que ça devrait être si simple, à briser leur lien ? Bah, de toute façon, elle finira par le savoir, tôt ou tard…

– J’avais un compagnon. Il y a assez longtemps, maintenant, qui m’a tourné le dos. Et j’ai un frère, Jedi, un frère jumeau, qui… Il ne comprend pas, il ne veut pas comprendre. Il est trop ancré dans les idéaux des Jedis. Je ne sais pas si je serai capable de l’affronter, véritablement, face à face. Nous restons frère et sœur. Même si nous sommes complètement opposés. Mais je sens que nous restons liés, même au travers de la Force.

Elle détestait devoir se l’admettre ainsi, surtout dans cette situation, mais pourtant… C’était comme ça. Ils avaient un lien, certes tordu, houleux, agité et même violent, mais un lien tout de même, qui lui était impossible de couper. Ce n’était pas juste le sang.

– Doit-on en arriver à tuer des membres de sa propre famille ?

La Princesse était là, présente physiquement face à elle, à la regarder et à corriger sa position en réaction à la sienne. Son esprit, pourtant, lui semblait ailleurs. Ses mimiques, ses hochements de tête semblant être là uniquement pour confirmer ses dires sans réellement les écouter. Takara ne sembla pas s’en offusquer, elle-même occupée à étudier, scruter les émotions qui s’échappait en un flot continu de l’aura de la toute jeune femme en face d’elle à défaut de pouvoir lire ses pensées. Hilts était très doué pour cela, ayant été capable de ressentir les émotions de sa mère à des centaines de kilomètres de distance à l’époque où Dreypa avait tenté d’annihiler son peuple. Ici, à quelques mètres distances, le fait que Leia Organa n’était pas de sa famille, n’avait pas de lien privilégié avec elle, n’avait aucun effet atténuateur. La Princesse était tendue, bien plus tendue que la rousse ne l’avait senti aux premiers abords. Elle s’en rendait compte maintenant qu’elle lui répondait d’une voix lointaine et froide, comme elle l’avait eu elle-même à de nombreuses reprises lorsqu’elle s’était retrouvé acculée par les membres du Conseil de feu son père. Face à l’adversité. En ce jour la situation était bien différente. Bien que la Princesse fût encore une inconnue à ses yeux, la manière dont elle avait agi lors du dernier assemblement des siths lui avait donné de bonnes pistes concernant deux facteurs importants. Le premier, le fait qu’elle était ici pour un but bien précis, et que ce but concernait l’Empereur. La manière dont elle s’était exprimée, verbalement ou non, était équivoque. Le deuxième, qu’elle n’avait pas encore déterminé, était sa volonté à s’enfoncer ou non dans le côté obscur, sa volonté à accepter ce nouveau statut dont on pouvait partiellement l’affubler. Celui d’adepte de ce courant de pensée et de tout ce qui y était associé.

Cette réflexion pouvait attendre car c’était justement ce sur quoi elle devait d’abord travailler en temps que formatrice. Tout le monde pouvait apprendre à manier un sabre-laser du moment où l’on était capable de prévoir le mouvement de cette arme atypique. Tout le monde pouvait apprendre quelques capacités basiques à exploiter dans la Force. Ce n’était pas le cas de ce qu’elle devait lui enseigner, car il s’agissait autant de principes philosophiques que de ressentis physiques. Légèrement penchée en avant, Takara fixait donc le visage de la jeune Princesse, avisant sn mouvement léger de recul trahissant une volonté futile de conserver une certaine distance entre-elles au moment où la rousse retournait la conversation pour la confronter à ses émotions. Elle ne manqua pas cette gêne naissante sur ses joues agréables et douces alors que ce sentiment se déversait de son aura entremêlé d’une colère tournée non pas vers la rousse mais contre elle-même. Croisant les bras devant elle, Hilts observa le masque de la Princesse se décomposer pour laisser place à la véritable Leia Organa-Skywalker qu’elle avait assise face à elle. Perturbée. Gênée. Agacée. Enervée. Le sourire de la rousse s’étira brièvement, satisfaite de voir la jeune Princesse cesser de contrôler sa frustration pendant un bref instant.

Un instant suffisant pour céder, et révéler ce qui venait hanter ses pensées. Ce qui la faisait bouillonner. Takara inclina légèrement la tête, son sourire satisfait se faisant plus compatissant alors que la jeune femme venait se confesser. Elle ne pouvait être dans sa tête mais elle comprenait ses propos, trouvant assez facilement des éléments de comparaison dans son parcours personnel. Elle aussi avait eu des compagnons qui lui avait tourné le dos. Et Spinner lui avait manqué énormément, aussi, à son arrivée. La différence, c’est qu’elle avait déjà su tourner cette page, car il était évident qu’elle ne le révérait plus jamais. Elle n’avait jamais eu de frère cependant, mais elle avait toujours eu quelqu’un pour se mettre en travers de son chemin. Elle aussi, avait déjà vu son corps s’embraser sous la colère et la haine. Takara l’écouta donc, se redressant un peu plus tout en hochant doucement la tête, compréhensive. Dans le même temps, son corps quitta cette fois clairement le dossier du sofa, son regard glissant brièvement de côté pour souligner sa réflexion alors qu’elle analysait et décortiquait ce que Leia lui révélait, son visage se redressant subitement face à cette dernière révélation de la Princesse. Elle ne s’y était pas attendu. Pas aussi vite. Pas aussi tôt.

Elle décroisa finalement les bras, pour reposer une de ses mains sur ses genoux. Son regard émeraude chercha à nouveau celui de Leia, son visage se parant d’abord d’un air compréhensif. Son ton, en revanche, était ferme :

« Un amant, cela se remplace. Surtout si ce dernier vous a fait du mal. Vous trouverez quelqu’un d’autre, vous avez suffisamment de personnes autour de vous pour évacuer cette... frustration. »

Ah, l’amour. L’attrait physique ou spirituel. C’était là quelque chose de fort, de passionnant, capable de retourner l’esprit et d’attiser les recoins les plus captivants de la Force. Mais c’était aussi un sentiment extrêmement changeant. Takara avait déjà oublié Spinner mais n’avait pas encore tourné son regard vers d’autres. La Princesse devra en faire de même et elle devrait y veiller. Quant à savoir quoi faire de cette personne qui lui avait tourné le dos, Hilts fit d’une pierre deux coups en rebondissant sur les derniers propos lourds de sens de son interlocutrice :

« Si ce membre de la famille se pose en obstacle de l’objectif qui vous tient à cœur, la question ne se pose pas. » Son ton s’était fait encore un peu plus tranchant. Un peu plus ferme et autoritaire, pour poursuivre son travail de sape en profitant de l’esprit perdu, déboussolé et frustré de Leia; En proposant ensuite une sorte d’alternative, en essayant de capter une émotion particulière : « Mais il est tout de même préférable de déléguer cette tâche à autrui, clairement ou non. On se sent moins concernée, et on n’a pas à l’affronter. »

Le sourire compatissant refit une nouvelle fois son apparition, laissant sous-entendre que si c’était nécessaire elle était prête à s’en occuper personnellement pour la soulager. Et elle l’était. Takara avait vu suffisamment de Sith sombrer dans l’instabilité après avoir frappé sa propre chair et son propre sang. Ce n’était pas ce qu’elle souhaitait à son élève. Bien au contraire, elle espérait pouvoir en faire une sith sensée, capable de réfléchir et de ne pas succomber dans la folie. En somme, éviter qu’elle ne devienne comme son père. Comme l’Empereur.

Cela ne l’empêcha pas cependant de passer à l’offensive, son aura feintant de se retirer le long des filaments de Force, loin de sa position d’analyse et d’observation, dans l'idée de rendre l’atmosphère un peu moins pesante. Dans le même temps, elle prit sur elle de développer un peu plus les propos de la Princesse, se permettant de faire les conclusions à sa place d’un ton plus entraînant et qui gagnait lentement en fermeté et dureté :

« Mais c’est tout de même ce que vous souhaitez, n’est-ce pas ? Qu’ils disparaissent de votre vie. De ne plus avoir à y penser, si ce n’est en haine, ou colère, en vous rappelant seulement de ce qu’ils vous on fait subir. Parce qu’ils vous on fait du mal, et qu’ils ne se sentent pas concernés. Parce qu’ils vous retiennent en arrière, à des chimères inutiles. Ils vous empêchent de faire ce qui est nécessaire d’être fait, alors qu’eux, évidemment, ne font rien. »

Takara s’était désormais levée du sofa pour s’avancer lentement vers Leia. Elle ne souhaitait pas lui faire peur. Elle cherchait simplement à évincer cette peine et cette solitude au profit d'émotions exploitables tout en restant humaine. Ses gestes accompagnaient ses propos, d’abord léger pour se faire plus vifs et plus virulents sans pour autant aller dans l’excès ; Accusateurs envers ces personnes dont lui avait parler la Princesse, envers ce frère qui ne comprenait pas et ne comprendrait jamais, envers cet amant qui l’avait abandonné, envers ces gens qui lui avaient tourné le dos. Takara marqua volontairement une brève pause, pour laisser retomber cet entrain dans sa voix, cherchant à accrocher l’intérêt de la jeune Organa. La rousse s’arrêta cependant, à moins d’un mètre de la Princesse, son regard toujours figé dans le sien.

« Car oui que font-ils, à part se terrer dans leur coin, sans rien faire ? Vous, vous agissez. Vous prenez des décisions. Vous avec un but, et vous faites ce qui doit être fait pour y parvenir. Vous vous êtes rapproché de votre ennemi. De celui que vous voulez abattre. Eux, sont toujours plus bas que terre. »

Finalement, elle se baissa légèrement, comme pour rétablir un semblant d’équilibre entre elles. Son regard mordoré venant se figer ses les lèvres de la Princesse, loin de son regard, pour la laisser souffler tandis qu’elle terminait son propos d’une voix toujours entraînante, mais beaucoup plus douce, que l'on attend d'une confidente :

« Je suis là pour vous aider à vous libérer de ces gens. De ces émotions qui vous perturbe. Mais cela demandera de la volonté de votre part. Le comprenez-vous ? »

Peut-être valait-il mieux rester seul que d’être mal accompagné. Ou, au moins, être certain que la personne dont vous vous rapprochiez vous ressemblait. Han et elle avaient toujours été très différents, c’était pour cela qu’ils s’étaient rapprochés l’un de l’autre, mais sa réaction, par la suite… Elle ferait mieux d’oublier. Ils ne s’étaient plus vus depuis des mois, à quoi bon continuer encore à penser à lui, alors qu’elle savait parfaitement qu’il refusera toujours de comprendre pourquoi elle agissait ainsi et qu’il voudra la faire revenir à ses anciennes ambitions, à ses anciennes méthodes de combat, avec les Rebelles ? Alors que s’ils poursuivaient ainsi, ils allaient échouer ! Ils sous-estimaient beaucoup trop le pouvoir des Siths, à tous ces types gravitant autour de l’Empereur et à ceux qui étaient formés en ce moment même dans les deux académies. Si tout ce beau monde parvenait à s’intégrer pour de bon dans l’armée impériale, ce sera un massacre. En un sens, on pouvait au moins remercier Plagueis d’avoir ralenti sèchement ce processus, et pour une fois, à cause des exactions commises bien avant la pandémie. Au moins un travail positif que cet horrible type avait su réaliser.

Ce type n’était plus un problème, de toute façon, plus maintenant. Toutes les cicatrices profondes qu’il avait laissé à la galaxie allaient se résorber avec les années. Son problème plus personnel et plus pressant restait son frère. Elle le connaissait assez bien pour savoir qu’il saisira la première occasion possible pour une confrontation et elle ne voulait pas. Son cœur rata un léger battement lorsque la Sith face à elle souligna que ce problème pouvait être, tout simplement, réglé par un autre, voire par elle-même. Leia, tout en l’écoutant attentivement, écoutait aussi son instinct, ce que lui soufflaient en douceur ses pensées les plus secrètes et intimes. Elle imagina voir son frère être tué par un autre, de s’en détourner, fermer les yeux, puis poursuivre sa route en étant sûre qu’il ne pourra plus jamais venir se mettre en travers de son chemin. Être libre de ce doute, finalement, et pouvoir continuer sa voie sans qu’il ne vienne la freiner, lui et ses grands idéaux de Jedi et de côté lumineux. Elle y songea, très sincèrement, comme si cela arrivait dès maintenant, et plus que la satisfaction à cette pensée, ce fut la douleur et une très grande peur qui vint glacer son esprit.

Ce qu’elle voulait vraiment, c’était que son frère accepte ou au moins comprenne ce qu’elle faisait, qu’il cesse pour de bon de vouloir la faire changer d’avis ou l’arrêter. Qu’il soit mis dans l’incapacité d’agir si, vraiment, il refusait de se laisser faire. Mais elle ne voulait pas le tuer ni quelqu’un le fasse pour elle. Et curieusement, alors que l’aura de Hilts se faisait moins pressante dans la pièce, Leia sentit une certaine chaleur atténuer le froid dans son cœur, en pensant qu’il était peut-être possible que son frère l’accepte comme elle était. Qu’ils ne se déchirent plus, dans leur famille. Qu’ils ne soient plus, tous, de simples jouets entre les mains de Palpatine, ou bien ses cibles, mais qu’ils puissent être unis contre lui, sans se repousser les uns les autres. Leia releva le regard sur Takara, alors qu’elle parlait, et s’était levée, avançant. Oui, elle était encore retenue en arrière, oui, elle s’en agaçait, mais si elle savait qu’elle devait oublier son ancien amant, elle ne pouvait pas oublier pour autant sa propre famille. Elle ne désirait pas que Luke disparaisse mais qu’il la rejoigne dans son combat. Qu’il accepte qu’elle n’avait pas les mêmes méthodes que lui. Elle savait qu’il ne restait pas inactif, de son côté, mais si seulement ils pouvaient unir leurs forces…

Unir leurs forces.

L’idée lui apparut d’un seul coup telle qu’elle l’était vraiment. Risible. Ce serait oublier qu’elle et son frère partageaient un trait compliquant beaucoup les choses, à savoir un côté borné très marqué. Il refusera toujours de dévier de sa voie, comme elle refusera de dévier de la sienne. Ils étaient vouées à rester opposés et elle devait également s’y faire. Ne pas s’accrocher à un espoir qui ne la mènera nulle part, sinon droit contre un mur. La jeune femme quitta lentement sa posture défensive pour adopter une gestuelle moins renfermée, même si ses sentiments bouillonnaient toujours. Takara savait déjà qu’elle voulait abattre l’Empereur, effectivement, mais ça, ce n’était guère un souci, même Palpatine en avait parfaitement conscience. Elle s’était laissée aller, ce n’était pourtant pas le moment de perdre son sang-froid ou de se laisser gagner par des pensées ridicules. Takara avait raison, il y a des liens qu’elle devait trancher, pour de bon, et accepter que sa famille ne pourra sans doute jamais être unie. Ses propres fils, dans un autre futur, avaient viré Sith, et celui de Luke était devenu Jedi. C’est comme si leurs propres actions et choix avaient imprégné la destinée de leurs enfants.

Mais il n’était toujours pas question pour elle de songer à laisser son frère se faire assassiner.

– Je suis là pour vous aider à vous libérer de ces gens. De ces émotions qui vous perturbe. Mais cela demandera de la volonté de votre part. Le comprenez-vous ?

Leia sourit, cette fois plus franchement, puis se leva à son tour. C’était vrai, après tout, autant mettre les choses au clair dès maintenant. Elle n’avait absolument plus rien à perdre, de toute manière, et ne comptait pas se laisser faire sur tous les sujets. Et la faible distance entre elles deux allait lui permettre de ne pas hurler pour se faire entendre.

– Je suis prête à accomplir tous les efforts qu’il faudra pour atteindre mon but, à oublier ceux qui pourraient me freiner. A suivre tous les entraînements qu’il faudra. A repousser tous mes anciens idéaux s’il le faut. En revanche, si vous ou un autre tuez mon frère, le seul effet sera de me pousser sur le même chemin que Palpatine. Vous aurez simplement contribué à poursuivre cette lignée et écarter toute réflexion. Si c’est ce que vous voulez, allez-y. Maintenant. Si ce n’est pas ça, vous sentez-vous prête à participer à la construction d’un nouvel Empire, fort sans pour autant être un adepte des carnages inutiles ?

Elle lui tendit la main, presque avec légèreté, voulant savoir à quoi s’en tenir, avec elle. Le plus franchement possible.

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Songer à vraiment se débarrasser de Luke, Lumière Impossible de l’accepter, Obscurité Pas de problèmes pour ça : Lumière

A l’origine Takara n’avait pas prévu de se lancer aussi vite dans le vif du sujet bien qu’estimer l’alignement de la Princesse faisait partie de ses priorités. Elle s’était plutôt préparé à d’abord chercher à se faire accepter pour ce qu’elle était, à savoir une inconnue propulsée dans un monde habitué à ses propres routines et habitudes, à la manière d’un politique parachuté dans le précaré d’un autre. En somme, chercher à gagner l’acception par Leia Organa-Skywalker de son nouveau statut de formatrice et mentor sensée la guider sur un chemin dont elle ne pourrait pas se détourner facilement à l’avenir, ainsi que comme une personne de plus devant graviter dans son quotidien. Takara voulait paraître ainsi plus comme une confidente et mentor ayant légitimement sa place auprès de la Princesse plutôt que comme une espionne venue rapporter ses gestes à une personne qu’elle haïssait. Mais la jeune Hilts n’avait pas pu prévoir que sa toute nouvelle élève se laisserait approcher à découvert, sans le moindre contrôle de ses émotions et ce à un point où elle n’avait pas pu le lui cacher.

Aussi Takara n’avait-elle pas pu résister à cette tentation délicieuse de mettre la Princesse face à sa première épreuve, celle de l’évaluation de son état mental pour, elle l’espérait, y découvrir les méfaits qu’un être aussi puissant et manipulateur que l’Empereur pouvait avoir semé. C’était pourquoi elle l’avait laissé s’installer dans ce fauteuil, prisonnière de ses accoudoirs, avant d’oser s’approcher pour y refermer son piège après avoir fait pression sur la brèche béante que Leia lui avait offerte. Pour la pousser dos au mur face à ses émotions, en cherchant à y attiser celles qui était digne d’intérêt en appuyant là où Takara savait que ça ferait mal avant de finalement offrir à sa nouvelle élève des échappatoires qui nécessiteraient son aide.

La Sith n’avait ensuite pas cherché à scruter de qu’elle manière la réaction de Leia à ses propos se répercutaient sur son aura dans la Force puisqu’elle ne voulait surtout pas la brusquer et fausser ses réactions. Takara n’avait qu’a observer les réactions de son visage et du reste de son corps en profitant de leur proximité en se fiant simplement à son instinct. Elle nota les oscillations de son corps a chacun de ses propos et jaugea le reste de ses réactions. Elle remarqua son hésitation, pendant un temps, et ce juste avant que le visage de la Princesse ne finisse par se décrisper. Puis par se lever. Et enfin par se rapprocher légèrement, forçant la sith a baisser légèrement le regard pour continuer à l’observer et à l’écouter énoncer une partie de ses souhaits. Souhaits qui faisaient sens et qui laisser couler une vague de satisfaction chez Takara, qui nota tout autant ce qu’elle acceptait de délaisser dans son silence.

La rousse prit quelques instants pour ranger dans un coin de son esprit que Leia acceptait de laisser derrière elle sa vieille relation et tempérer ses propos. Mais elle en ferait le tri plus tard, elle n’était pas pressée. Takara hocha finalement légèrement du menton, avant de répondre sur un ton neutre empli de sincérité.

« Je ne peux m’exprimer pour les autres, mais soyez assurée que cela n’a jamais été dans mon intention de tuer votre frère. »

Quel intérêt y avait-il de toute manière à le tuer, si ce n’est à jeter une nouvelle part de hasard dans une équation déjà beaucoup trop complexe. Le tuer reviendrait à le faire revenir à un moment ou à un autre. Avec de la chance ce serait enfant qu’il réapparaitrait mais c’était là un jeu auquel Takara n’était pas prête à jouer, surtout qu’il impliquait de jouer avec d’autres inconnues dont la Princesse faisait partie. Au moins Leia avait été clair sur ce point et sa remarque en parfaite harmonie avec les pensées de la jeune Hilts. Elle ne tenait pas à la transformer en monstre capable de détruire une planète et de tuer des milliards d’habitants parce qu’il avait été bousculé par un pauvre paysan isolé. Elle s’était battue contre ça sur Kesh et même si elle n’était pas toujours d’accord avec son père, elle l’était avec la Restauration qu’il avait instauré sur son monde natal et qui limitait les velléités entre Sith et empêchait chaos et destructions inutiles.

Le regard de Takara glissa un bref instant loin du visage de la Princesse désormais si proche pour aviser plus bas cette main tendue vers elle, incitation à forger définitivement ce pacte tacite entre deux personnes poursuivant des objectifs communs et des buts similaires. Car tant que quelqu’un du style de Palpatine resterait au pouvoir, alors son monde, sa culture et son peuple resterait en danger de mort et parmi les autres siths capables de se hisser sur le trône sans s’attiser les foudres du reste de la galaxie, la Princesse était à ses yeux la seule à pouvoir incarner cette forme de légitimité. La jeune Hilts releva son menton pour échanger un regard sincère et franc avec elle. Takara n’utilisa pas la Force pour venir sonder l’état d’esprit de Leia. Son regard lui suffisait, et la princesse sith répondit à cette main tendue en venant l’enserrer délicatement de la sienne, jusqu’à ce que leurs doigts s’entremêlent pour, elle l’espérait, sceller entre-elles un accord franc et durable.

D’un mouvement très léger de la tête, Takara s’assura que personne n’était là pour tendre l’oreille et répéter ce qui se disait dans la pièce, quand bien même elle pourrait rattraper ces personnes pour s’assurer qu’elle n’ait plus aucun message à transmettre. Sans doute poussera-t-elle sa vigilance jusqu’à effacer ce que la servante de tout à l’heure avait pu voir ou entendre lorsqu’elle quitterait les appartements de la Princesse mais en attendant, la sith se contenta de venir accepter d’un ton calme et bas la proposition que Leia Organa lui avait faite.

« Je vous l’ai déjà dit, nous avons des objectifs, et peut-être une vision à long-terme, qui se rejoignent. Mais pour les atteindre il vous faudra apprendre à faire semblant, comme vous avez déjà appris à le faire avec l’étiquette. »

Takara faisait allusion a l’instabilité émotive de la Princesse. Elle devrait apprendre à chasser les émotions négatives, celles qui l’ancrait dans son passé et à nuancer celles hostiles envers Palpatine en présence de ce dernier. Elle devrait montrer qu’elle progressait tout en lui masquant vers quel but elle avançait vraiment. Doucement, Takara laissa revenir son aura en étendant de nouveau sa perception le long de la toile filamenteuse qui s’étendait entre elles sans pour autant, cette fois-ci, se montrer oppressante mais plutôt compréhensive. La sith voulait que Leia ressente une nouvelle fois sa présence, d’abord pour qu’elle garde a l’esprit qu’elles étaient associées, puis pour mettre en avant la suite de ses propos :

« Maintenant, sachez que je serais toujours là à vous observer. Mon aura, cette présence que vous ressentez, vous devrez vous y habituer. C’est à la fois le moyen le plus sûr de vous faire passer un message et de m’assurer que vous êtes en sécurité. Et en ce qui vous concerne, de me faire savoir en silence que quelque chose ne va pas, ou vous perturbe. »

La sith finit par relâcher la main que Leia lui avait tendue, et ce pour faire un pas en arrière et aviser l’heure affichée sur la pendule numérique incrustée dans un des murs. Elle laissa son regard vagabonder sur un tableau situé sur le côté avant de reposer une nouvelle fois son regard sur la Princesse en robe de chambre. Takara leva une nouvelle fois la main, cette fois-ci pour pointer négligemment du doigt l’accoutrement de son élève.

« A présent, j’ai bien conscience que l’heure est déjà bien avancée et que nous ne pourrons pas mettre à l’épreuve ce qui vous a déjà été enseigné… » Elle marqua une pause par un léger sourire amusé avant de reprendre son sérieux. « Je vous propose donc de discuter de ce qui nous reste à définir. Comme votre calendrier par exemple, j’ai cru comprendre que l’Empereur avait déjà des projets pour vous. Et de la manière dont nous allons pouvoir justifier ma présence au quotidien à vos côtés. »

Si Leia avait espéré être libérée de sa présence, elle se trompait. Takara n’était pas venu simplement lui souhaiter bonsoir. Elle souhaitait discuter et connaître ce que l’Empereur avait réellement prévu pour elle.

Relevant légèrement la tête, Takara renifla légèrement une odeur qui venait se glisser dans l’air depuis les pièces adjacentes avant de poser un regard interrogateur et lourd de sens sur la Princesse :

« Avez-vous déjà dîné, votre Altesse ? »

Il était plus que temps de laisser derrière elle les dernières hésitations venant encore lui ronger l’esprit, ainsi que les craintes, pour entrer pleinement sur le chemin choisi. Certes, l’annonce publique faite par l’Empereur avait sérieusement contrarié ses plans, et lui avait mis de nombreux bâtons dans les roues, dont elle se serait bien passée, mais d’un autre côté, il lui avait aussi permis d’avoir un accès plus libre à de potentiels alliés et ressources intéressantes. Ce n’était pas innocent, bien entendu, il souhaitait qu’elle s’enfonce dans cette voie en oubliant le passé et qu’elle se mêle au Côté Obscur. S’il s’agissait du prix à payer, elle était prête. A ses yeux, tous les moyens étaient bons, celui-là comme un autre, car seul l’objectif final comptait. Takara affirma finalement ne pas vouloir assassiner Luke, ce qui restera à s’assurer, mais elle tendit la main à son tour pour venir serrer la sienne. Très bien. Leia ne sourit pas, même si, dans le fond, une pointe de soulagement avait jailli. Puisqu’elle ne pouvait plus avoir de soutien avec ses proches, soit, il lui faudra avancer au côté de personnes dont elle n’aurait, en temps normal, jamais dû faire la connaissance.

– Je vous l’ai déjà dit, nous avons des objectifs, et peut-être une vision à long-terme, qui se rejoignent. Mais pour les atteindre il vous faudra apprendre à faire semblant, comme vous avez déjà appris à le faire avec l’étiquette.

– J’en suis consciente… Tout ça n’est qu’un grand jeu des apparences.

La politique n’était composée que de cela, c’était un fait connu, du moins, à la surface. Si elle avait appris à le faire pour le pouvoir, elle pouvait apprendre à le faire pour les Siths et la Force. Et donc apprendre à contrôler ce pouvoir qui la rongeait de l’intérieur, en le saisissant et en travaillant. Jusqu’alors, Leia avait toujours eu beaucoup plus de facilités à s’entraîner avec un sabre entre les mains qu’avec la Force. Pour cette dernière, il y avait comme un blocage et elle n’avait en sus aucune confiance en Palpatine, lors de ces exercices. Une crainte qu’il en profite pour envahir son esprit et découvrir ce qu’elle dissimulait toujours sur les Rebelles. La présence de Takara, qu’elle pouvait ressentir, était très différente. Pas aussi oppressante ou malsaine, loin de là, et donc, forcément, plus rassurante. Loin également de la présence de son père, beaucoup plus sombre, chaotique et torturée, en plus d’une immense froideur. Il mettait mal à l’aise, c’était certain, bien que ne soit pas de la même façon que l’Empereur. Néanmoins, dans les deux cas, ce n’était une présence agréable ou même souhaitée.

– Maintenant, sachez que je serais toujours là à vous observer. Mon aura, cette présence que vous ressentez, vous devrez vous y habituer. C’est à la fois le moyen le plus sûr de vous faire passer un message et de m’assurer que vous êtes en sécurité. Et en ce qui vous concerne, de me faire savoir en silence que quelque chose ne va pas, ou vous perturbe.

Elle lui relâcha la main, reculant d’un pas, et Leia en profita pour remettre un peu plus correctement un pan de sa robe de chambre. Sa tenue n’était pas ce qui la préoccupait, sur l’heure, songeant plus à de nombreux sujets et à l’avenir, tout en essayant de ne pas se laisser guider ou submerger par la multitude d’émotions la secouant de part en part. C’était une instabilité émotionnelle qu’elle avait aussi retrouvée chez Vader, et parfois chez son frère, maintenant qu’elle y réfléchissait bien… Enfin, Luke était plus calme.

– Je vous propose donc de discuter de ce qui nous reste à définir. Comme votre calendrier par exemple, j’ai cru comprendre que l’Empereur avait déjà des projets pour vous. Et de la manière dont nous allons pouvoir justifier ma présence au quotidien à vos côtés. Avez-vous déjà dîné, votre Altesse ?

Leia retint à la dernière seconde la réponse qui lui était venue, sans rattraper le sourire, puis l’invita d’un ton plus sérieux à la suivre. La pointe d’amusement venait se mêler à tout le reste, le contrôle, ce ne sera pas pour ce soir, quoi qu’il arrive. D’autant plus qu’elle ignorait comment s’y prendre. Dans la pièce d’à côté, une des servantes avait pris le soin de dresser une table, pour deux, prévoyant sans doute que l’invitée reste sur place, ce soir. Voir la vue imprenable sur Coruscant, par les baies ouvertes et le balcon, restait encore étrange, aux yeux de la princesse. Les longues files plus ou moins lointaines de navettes dans les airs, les tours immenses et illuminées, le ciel noir vide d’étoiles… On ne pouvait les voir, ici, les seules lumières nocturnes étaient celles des vaisseaux, des navettes et des hauts immeubles. La ville-monde ne dormait jamais, ce spectacle en lasserait beaucoup, mais pour sa part, elle le trouvait beau. Même si ça ne valait pas le charme d’Alderaan et sa tranquillité. La majesté des montagnes entourant la capitale, les forêts si calmes, la douceur de l’air. Cette planète était magnifique.

Elle s’assit à table, laissant Takara faire de même. Se poser un peu l’aidait toujours à reprendre ses esprits et s’apaiser, l’air du soir aidait également. Il pouvait être difficile d’oublier qu’elle se trouvait dans le Palais Impérial, mais au moins, elle n’était pas en mauvaise compagnie.

– Je dois bientôt retourner sur Alderaan, afin d’y devenir reine et prendre officiellement la place de mon père adoptif. Pour ne pas attirer l’attention, vous pouvez prétendre être une des suivantes. Certaines d’entre elles sont entraînées à faire face à des situations tendues ou dangereuses, vous ne gâcherez pas votre couverture même si une personne vous voit combattre.

Elle espérait que cela n’arrive pas en public, bien entendu, mais sait-on jamais… Leia lui fit un petit sourire, l’imaginant durant un instant porter une robe traditionnelle d’Alderaan plutôt que cette tenue rouge, convaincue que cela lui irait beaucoup mieux. De toute manière, combattre en robe n’était pas un souci, lorsqu’on s’y habituait.

– Pour vous dire deux mots sur mon entraînement, j’ai plus progressé sur la maîtrise d’un sabre laser que sur l’usage de la Force. Mais j’imagine que vous avez déjà des idées sur le sujet.

Oui, tout n’était effectivement qu’un grand jeu des apparences où il était bon d’être celui qui parviendrait à cacher le mieux ses sentiments et ses émotions aux autres candidats pour mieux venir les frapper dans le dos le moment venu. C’était également comme cela que se réglait les différents sur son monde natal, Kesh. Les combats et guerres ouvertes entre hauts seigneurs avaient disparus avec la Restauration mise en place par son père pour laisser place à une tolérance stricte des règlements de compte en coulisse, par l’assassinat ou l’enlèvement, le but étant de ne jamais montrer les divisions et d’agir, au final, dans l’intérêt de tous. Leia Organa semblait effectivement maitriser l’art du faire paraître physique, Takara ayant pu en avoir un aperçu à plusieurs reprises lors de la dernière réunion, où la Princesse avait su en grande partie contenir l’incendie, mais elle devrait travailler pour parvenir à masquer aux autres sensitifs et en particulier à l’Empereur ce qu’elle ressentait à leur encontre. Si la jeune femme acceptait de se donner les moyens pour se prêter au jeu elle devrait alors accepter d’ouvrir cette boite qu’elle semblait tenter, avec désespération, de maintenir close et embrasser une partie du brasier qui vivait en elle. Alors, seulement, Takara pourrait la guider et lui montrer comment se contenir, comment se masquer. Comment taire certaines émotions le temps nécessaire, pour éventuellement les raviver ensuite. En commençant notamment par cette frustration qui semblait s’accumuler à vue d’œil chez Leia Organa, alimentée par la peine, la colère et l’incompréhension.

Mais pas que.

Takara s’en rendit compte alors que son regard coulait à nouveau sur la Princesse qui profitait du pas qui les distançait pour venir rabattre correctement un pan de sa robe de chambre et masquer comme elle le pouvait le corps qui s’y cachait. De tout ce cocktail détonnant que la jeune Hilts pouvait ressentir vînt se détacher pendant un instant une frustration plus profonde, relationnelle et… personnelle, sans doute relâchée par les dernières interrogations de la rousse à leur égard. Un moment que l’empathique sensitive qu’était Takara ne manqua pas : ces pensées brèves, et peut-être inconscientes, à son égard ; ce rattrapage émotionnel mal contrôlé par son interlocutrice ; ce bref sourire plus large accompagné d’une pointe d’amusement caractéristique. Takara fut surprise de voir ces brefs sentiments se transmettre dans la toile de la Force et se répercuter chez elle en un frisson bien particulier, qu’elle n’avait ressenti qu’elle n’avait connu quand de rares occasions, et qui remonta le long de son épine dorsale pour s’échouer sur son visage en un bref mais léger rougissement incontrôlé. Rougissement qui disparut aussitôt qu’elle eut détourné son regard de la Princesse qui, d’un ton plus sérieux, l’invita à la suivre dans une des pièces voisines.

La sensation, elle, s’installa ; redescendant en un nouveau frisson alors que venait se noyauter chez Takara l’idée de sauter sur cette opportunité pour attirer la Princesse de manière franche et forcée vers le chemin qu’elle avait choisi d’emprunter. Une idée que la jeune Hilts repoussa néanmoins au tréfond de son esprit car il était inutile pour elle de se presser si ce qu’elle avait ressenti chez la Princesse était bien réel, et non une fausse promesse issue d’une mauvaise interprétation de sa part. Takara profita alors d’être derrière la Princesse pour reprendre le contrôle par un long soupir, et découvrir à son tour que la table avait déjà été dressée pour deux convives. La servante avait sans doute déduit qu’il était probable qu’elle reste plus longtemps dans la soirée. Une décision judicieuse qui prouvait qu’elle était compétente et soignée. La jeune Hilts laissa son regard courir un instant vers la vue imprenable sur Coruscant, ce monde fait d’acier et de véhicules volants qui tranchait avec tout ce que Takara avait pu connaître avant d’arriver dans cette époque. Tout ceci était d’ailleurs encore étrange tant le bouleversement culturel et technologique avait été grand. Beaucoup chez elles auraient vu cela comme de la magie.

S’installant finalement en face de Leia, la rousse hésita à reposer son regard sur elle. Son aura était toujours là, elle, mais c’était bien cette confrontation de regards qui l’avait perturbée il y a peu. Aussi se contenta-t-elle d’abord de se saisir de sa serviette pour venir la positionner convenablement avant d’aviser la succession de fourchettes et couteaux disposés selon une norme qui, visiblement, transcendait les cultures et les époques.

« J’en ai entendu parler, en effet. » répondit-elle simplement tout en se demandant d’ailleurs si c’était là une volonté de l’Empereur d’apaiser les éventuelles tensions qui pouvaient régner sur Alderaan ou bien un désir d’éloigner cette apprentie qui avait peut-être déjà joué son rôle à ses yeux. En y repensant, peut-être était-ce les deux. A cette pensée Takara releva finalement le regard pour venir croiser de nouveau celui de la princesse et future reine, avec l’intention de venir satisfaire sa curiosité. « J’avais pensé à cette idée en voyant votre servante. Quelles seraient mes prérogatives et obligations en choisissant une telle couverture ? Vous comprendrez qu’il est important pour votre sécurité que je ne sois jamais trop éloignée de vous. »

Sa voix, neutre, s’était allégée sur la fin de ses propos, sans vraiment changer de tonalité lorsque le visage de la princesse s’étira en un nouveau sourire plus léger. Il était effectivement important pour elle de comprendre, pour mieux se conformer au rôle. Elle ne s’était jamais retrouvée de ce côté de ce genre de relation, ayant toujours eu l’habitude d’avoir quelqu’un qui réfléchissait et agissait pour elle sur ses sujets et n’avait donc jamais eu le besoin de jouer un tel rôle. Cela impliquerait aussi d’autres changement plus divers et variés, mais Takara n’avait pas de doute sur sa capacité à s’y adapter. Aussi préféra-t-elle se reconcentrer sur la discussion alors que la servante revenait pour la première fois vers eux. Elle ne répondit pas en sa présence, se contentant de la regarder remplir leurs verres et déposer les premiers encas.

« C’est un début. Il est assez simple d’apprendre les bases du sabre-laser lorsque l’on est sensitif, même si nous n’avons pas une bonne maitrise de la Force. Cependant, vous n’aurez pas le choix si vous souhaitez atteindre vos objectifs. » Elle marqua une brève pause, le temps de jeter un coup d’œil aux encas et de prendre une petite bouchée. « Si je dois faire une analogie la Force est comme l’adrénaline qui vous donne votre force et votre réactivité dans l’adversité. Elle renforce d'abord vos capacités puis vous en propose d'autres, à condition de savoir comment la manipuler. »

C’était ce sur quoi ils allaient effectivement travailler mais Takara aurait d’abord besoin de constater pratiquement ce que la princesse savait faire pour mieux aborder les sujets qu’elle ne maitrisait pas encore. D’ordinaire on commençait d’abord par développer les capacités d’un élève dans la Force, de manière basique, avant de l’orienter vers le sabre-laser mais rien n’empêchait de faire l’inverse, en commençant par un domaine où elle était plus à l’aise.

« Dans votre cas, nous commencerons par tester votre aptitude au sabre-laser pour ensuite orienter votre formation sur comment manipuler la Force pour assouvir votre volonté. Si vous avez des questions surtout, n’hésitez pas m’en faire part le moment venu. »

Takara offrit à son tour un léger sourire, encourageant, à l’intention de la princesse. Au fond, elle ne comptait pas ménager Leia lors de leurs sessions à venir mais rien n’empêchait d’avoir une relation moins stricte en dehors de leur formation, chose nécessaire dans leur cas de figure si elles ne souhaitaient pas éventer à la fois la couverture de la jeune Hilts et les objectifs de la princesse. Elle ne devait d’ailleurs pas oublier les siens et ceux imposés par l’Empereur, qu’elle devrait remplir si elle voulait pouvoir donner le change tout en pensant à ses propres intérêts. Mais pour cela, et surtout après ce qu’elle avait ressenti, Takara devait s’assurer que Leia était sincère avec elle.

« En attendant, peut-être pourriez-vous m’en dire plus sur vous et sur Alderaan ? C’est bien là-bas que vous avez grandi, je me trompe ? Vous avez dû vous y faire des amis, et peut-être des ennemis. » dit-elle en s’essuyant les mains avant de proposer de trinquer, toujours selon une forme de protocole qu’elle avait l’habitude de suivre dans ce genre d’occasions. « Si je dois me fondre dans le personnage d’une de vos suivantes, peut-être l’une des plus proches, il est important que j’en sache le plus sur vous, le monde que administrerez bientôt, ainsi que vos coutumes. »

Appuyant inconsciemment sur le fait qu'elle devrait jouer ce rôle, elle porta le verre à ses lèvres pour en goûter le contenu, son regard restant figer sur le visage de la princesse en se demandant comment elle réagissait à sa présence. Si ce frisson et ce ressenti qu'elle avait capté précédemment lui était vraiment destiné, si ce n'était là qu'un résidu de cette relation qu'elle avait pour cet homme, ou bien les deux.

Si elle avait le contrôle jusqu'à présent face à le jeune princesse qui bouillonnait en face d'elle, la sith ne put cette fois-ci s'empêcher de faire la remarque taquine :

« J’imagine par exemple… qu’il n’est pas courant par exemple de pouvoir voire Sa Majesté se déplacer en robe de chambre dans son palais. »




Résultats des dés :
1. Takara sent-elle les émotions plus personnelles de la Princesse, liées à sa frustration ? >>> 1, Oui.
2. Réaction au critique : Est-ce que ça provoque quelque chose chez Takara ? >>> Réussite, Oui.
3. Si oui, Takara est-elle tentée d'en profiter ? >>> Lumière : Oui mais pas dans l’immédiat.

L’avantage, dans le rôle d’une suivant, était qu’elle ne devait jamais être trop éloignée. Elles avaient à la fois le rôle d’accompagnatrice, telles des dames de compagnie, de protectrice, d’assistante, parfois même de secrétaire, selon les situations. Elles pouvaient tout aussi bien conseiller sur le choix d’une robe que sur la méthode à suivre en cas de problème sur la planète ou ailleurs. Des rôles et des missions diverses, c’était un panel plutôt large, dont elle donna les grandes lignes à Takara, avant d’embrayer sur la suite. Puisqu’elle avait déjà l’habitude des protocoles, il ne devrait pas lui être difficile de se glisser dans cet univers, une fois les codes intégrés et bien en tête. Pour n’importe quel personne à l’aise dans ce type d’univers, cela restait simple. En ce qui concernait la Force, c’était déjà plus délicat à traiter. Un terrain encore assez en friches, à ses yeux. Redevenant silencieuse, le temps que sa servante dépose les plats, servent deux verres, puis reparte discrètement, Leia profita de cette courte pause pour s’asseoir plus confortablement sur son siège, et s’assurer qu’elle se contrôlait assez bien.

– C’est un début. Il est assez simple d’apprendre les bases du sabre-laser lorsque l’on est sensitif, même si nous n’avons pas une bonne maîtrise de la Force. Cependant, vous n’aurez pas le choix si vous souhaitez atteindre vos objectifs. Si je dois faire une analogie la Force est comme l’adrénaline qui vous donne votre force et votre réactivité dans l’adversité. Elle renforce d'abord vos capacités puis vous en propose d'autres, à condition de savoir comment la manipuler.

Pour sa part, Leia voyait ça comme un vieux fantôme venu vous posséder et grignoter peu à peu votre esprit pour vous changer, faire disparaître en partie ce que vous étiez auparavant et provoquer un large panel de catastrophes, en contrepartie de vous offrir l’accès à certains pouvoirs et manifestations douteuses. Tout n’était qu’une question de point de vue, n’est-ce pas ? Tout en commençant à manger un peu, elle écouta Takara avec attention, hochant doucement la tête pour lui signifier son accord. Elle ne ménageait déjà pas ses efforts lors de ses entraînements avec un sabre, mais la Force, c’était autre chose. Elle répondit néanmoins à son sourire, puis prit doucement son verre pour boire un peu. Les prochaines semaines s’annonçaient chargées… Elle avait plusieurs tâches en tête, officielles et officieuses, et ignorait encore dans quelle mesure elle pourra se charger de certaines. Revenir sur Alderaan n’avait pas été dans ses plans, cependant, ce n’était finalement pas un mal, puisque cela allait lui permettre de faire avancer deux de ces projets plus facilement qu’initialement escompté.

La présence permanent d’une Sith à ses côtés ne sera pas forcément un obstacle, ou plutôt, ce le sera beaucoup moins que celle d’un Jedi ou encore de certains rebelles. Leia retint un minuscule soupir, en songeant que finalement, elle suivait désormais les traces de ses deux parents biologiques, tout en ayant poignardé dans le dos son père adoptif et trahi son propre frère, au passage. Ainsi que toute la Rébellion. Bien sûr, il faut toujours de sacrifices, dans une guerre, mais elle n’avait pourtant pas cru que ça puisse la mener si loin. Aussi vite. Elle releva le regard sur Takara, en l’écoutant poser ses questions sur Alderaan, trinquant doucement avec elle, en réfléchissant. Il y avait, sur la planète, des personnes depuis longtemps à son service ou celui de Bail, qui devineront vite, malgré tous les efforts du monde, que cette nouvelle suivante rousse n’était pas ce qu’elle semblait être. Pour le moment, Leia ignorait comment procéder, vis-à-vis d’eux, tout dépendra de s’ils comprendront, ou non, son choix et le chemin qu’elle suivait. Il faudra alors qu’elle décide quoi faire, les écarter discrètement, pour les protéger, ou encore autre chose.

– J’imagine par exemple… qu’il n’est pas courant par exemple de pouvoir voire Sa Majesté se déplacer en robe de chambre dans son palais.

– Tout dépend qui vous voit en robe de chambre ou dans d’autres tenues.

Le ton de sa voix demeurait sérieux, mais dans le même temps, il y avait un certain amusement. Elle avait toujours été très directe dans ses décisions et savait également très bien ce qu’elle voulait. Elle adressa donc un bref sourire taquin à Takara, laissant sous-entendre qu’elle ne serait pas forcément très gênée qu’elle la voit en robe de nuit, avant de reprendre son sérieux, puis prendre une ou deux bouchées. Revenons-en à des sujets plus sérieux, donc. Pour le moment.

– Tout d’abord, il faut avoir en tête que la planète est résolument pacifique, surtout depuis la Guerre des Clones, toute arme y est proscrite. Seule la garde royale est armée et a plus coutume de tirer en mode paralysant qu’avec des tirs réels. Même depuis l’attaque que Tarkin y a mené. L’art y est très présent, les villes sont toutes construites dans le respect de la nature. L’Histoire veut que Alderaan ait été l’un des mondes fondateurs de l’Ancienne République. Le roi ou la reine est, d’ordinaire, choisi par le Haut Conseil d’Alderaan, parmi les familles royales de la planète. Ce sera la première fois, dans l’histoire de la planète, que le Haut Conseil n’a pas son mot à dire.

Elle s’interrompit pour boire une gorgée et laisser le temps à Takara d’intégrer les problèmes supplémentaires que cette ingérence impériale allait soulever. Si une partie de la population allait accepter ce fait malgré tout, car Leia restait la fille de Bail Organa, et qu’ils pouvaient en partie comprendre son choix, une autre partie de la population et des familles en fulminaient encore. Mais tout cela était surtout une affaire politique. Ingérence impériale ou non, cette situation ne pourra se régler qu’une fois sur place. Ce sera son travail, elle devra d’abord vérifier l’état des familles nobles de la planète, de quel côté chacune se tournait, même si elle en avait déjà une petite idée. Elle ne sous-estimait pas non plus les cations que pouvait mener son père adoptif, depuis sa cachette, avec les autres résistants. En bref, ce ne sera pas de tout repos.

– J’ai grandie dans un univers protégé et baignée toute petite dans la politique. Jeune, c’était encore d’une relative innocence, j’ignorais tout ou presque de la Force et de ma famille.

Elle lui décrit un peu plus en détails, tout en mangeant, à quoi avait ressemblé sa vie, à ce moment-là, et à quoi ressemblait la vie d’une façon générale, lorsqu’on vivait au Palais. A un certain moment, elle s’interrompit de nouveau lorsque la servante entra pour déposer la suite du repas, demander si tout se passait bien, puis repartir. Leia était plus détendue, maintenant. Au repas, face à une personne qui ne lui déplaisait pas, le cocktail d’émotions explosif s’était enfin calmé pour laisser place à une humeur plus égale et sereine. Quant à parler de ses amis… Elle s’en était finalement fait assez peu. Leia, d’ailleurs, n’évoqua pas Winter. Tant qu’elle ignorait ce qu’allait penser la jeune femme de sa décision et comment elle agira par la suite…

– C’est une manière de vivre qui doit sans doute vous sembler venir d’un autre univers, n’est-ce pas ? Vous avez dû connaître des situations très différentes.

Takara resta silencieuse à la plupart des réponses de Leia Organa, se contentant de l’écouter et d’assimiler les informations qu’elle voulait bien lui donner. Cela commença par le développement du rôle que la Princesse avait pour elle. Celui de suivante. Ce qu’elle lui expliqua ne lui était pas totalement inconnu. Elle avait déjà vu ses parents profiter du service de serviteurs au Capitole. Elle-même, aussi, avait eu droit à ce privilège dans son enfance, avant que son père, à l’encontre de la volonté de sa mère, ne l’envoie à l’Académie pour être formée. Ensuite, elle ne les avait qu’aperçus de loin, ou lors de ces réunions officielles où elle était censée assurer la sécurité de ses parents. Elle avait reçu une éducation digne de ce nom, évidemment, mais cela n’avait probablement rien à voir avec celle que la princesse et future reine avait dû recevoir sur Alderaan. Takara avait conscience qu’elle devrait faire des efforts sur ce point même si, honnêtement, cela l’ennuyait d’avance. Elle n’était pas une servante. Elle était une Sith. Mais elle devrait jouer ce jeu ridicule pour une raison très simple. Officialiser sa présence à ses côtés ne ferait que renforcer les doutes de ceux qui pensent que Leia Organa n’est qu’un pantin déposé sur le trône. Qu’au final, elle ne serait là que pour servir de façade pendant que la sith tirerait les ficelles dans l’ombre. Takara aurait pu y voir un intérêt à le faire dans le monde où elle venait mais ici, c’était sans intérêt. L’affaire de Manaan, avant son arrivée dans cette époque, avait suffit à instiller une forme de doute en elle envers l’Empereur.

Un doute que la rousse avait murmuré à la princesse dans le salon, lorsqu’elle était venue requérir qu’elle n’attente pas à la vie de son frère. C’était une faiblesse que l’Empereur avait probablement déjà dû exploiter, vu la réaction que cela avait provoqué lorsqu’elle avait elle-même évoqué le sujet. Cependant, pour des raisons personnelles, Takara ne pouvait pas lui faire de remarques à ce sujet. Aussi se contenta-t-elle d’hocher doucement la tête en goutant un nouvel encas. Voir la princesse répondre par un léger sourire à son explication était pour l’instant suffisant. Elle aviserait lors de leur premier entrainement et en tirerait les conséquences nécessaires. Après tout, la sith n’était pas venu pour cela et de toute façon son élève n’était pas dans une posture adéquate. Bien que l’idée de la voir s’exercer dans sa robe de chambre ne serait pas dénué d’un certain intérêt. Cette pensée la fit légèrement sourire. Un sourire qui s’élargit un peu plus, par amusement cette fois-ci, lorsque Leia répliqua à sa remarqua par une autre, tout aussi taquine. Takara pensa un instant qu’elle jouait avec elle, mais elle ne pouvait pas ignorer ce qu’elle avait ressenti tout à l’heure chez la princesse. Pour sa part, la rousse reprit finalement rapidement son sérieux. Elle avait fait remarquer à Leia Organa qu’elle ne savait pas contrôler ses émotions, elle ne pouvait donc pas permettre à d’éventuelles pulsions de la déranger, elle.

Fort heureusement, son hôte commença à répondre à ses interrogations, d’abord en commençant par son monde. Selon elle, Alderaan serait une planète résolument pacifique, ce qui corroborait ce qu’elle avait pu lire des descriptifs qui avait été rédigé à son sujet. Peut-être était-ce là une vérité, mais dans ce cas pourquoi ce fameux Tarkin serait-il venu y mener une attaque ? Et pourquoi la famille royale, Leia Organa y compris, s’étaient-ils révélés être des membres actifs et principaux d’un groupe armé qui luttait contre le pouvoir en place ? C’étaient là des questions que Takara garderait pour plus tard, lorsqu’elle estimera nécessaire de les poser à son élève. Pour l’instant, c’était elle qui était l’invité et la brusquer dès leur première rencontre, si cela avait effectivement effleurer son esprit plus tôt, n’était plus d’actualité. Elle nota également les autres informations, qui concordaient effectivement avec les informations qu’elle avait pu récolter, comme le fait que l’adouber Reine sans le consentement des familles nobiliaires risquait de provoquer des problèmes supplémentaires. Des problèmes qu’il faudrait néanmoins tempérer du fait que Leia était la fille de l’ancienne Reine et du Vice-Roi. Cela aiderait probablement à apaiser les tensions, à terme. Takara veillerait à surveiller ce point au quotidien, comme elle en avait toujours eu l’habitude sur Kesh.

« Nous verrons comment cela se présente en temps voulu. »

Elle resta attentive au reste, notant toujours tout dans un coin de sa tête et faisant une pause le temps que la servante ne revienne avec la suite du menu. Takara acquiesça lorsque celle-ci demanda si tout allait bien puis, une fois qu’elle fut partie, se replongea dans l’analyse du récit de la princesse sans pour autant chercher à la sonder à a recherche d’éventuels mensonges. La rousse préférait plutôt observer comment l’incendie qui brulait auparavant chez Leia Organa finissait par s’apaiser. Elle réfléchit également un instant en se saisissant de son verre pour y boire une énième gorgée. Devait-elle réellement dire d’où elle venait ? Probablement pas dans le détail, non. Même si Leia n’était pas issu d’une autre époque, Takara ne pouvait pas se permettre d’en dire trop. Cependant, elle se devait de rendre la pareille, d’une manière ou d’une autre…

« Oh pas entièrement, non. J’ai moi aussi grandie dans un univers protégé, du moins dans ma tendre jeunesse. Tout comme la politique, d’une certaine manière. Jusqu’à ce que mon père estime que, pour le bien de mon peuple, il serait préférable que je gagne ma place par l’exemplarité et le dévouement. Et non parce que j’étais né avec une cuillère dans la bouche. » Elle marqua une première pause. Brève. « J’ai dû me battre pour devenir ce que je suis aujourd’hui, mais probablement pas de la même manière que les autres siths que vous avez pu croiser jusqu’à aujourd’hui. »

Puis une seconde, plus longue. Le temps de goûter à ce plat qui leur avait été servis. Puis de se saisir de son verre pour le vider d’une dernière gorgée.

« J’imagine que vous avez dû connaître des situations similaires… »

La jeune femme coupa un bout de viande, commençant à manger ce que la servante venait d’apporter tout en écoutant Takara. Ce qu’elle disait sonnait familièrement à ses oreilles, elle trouvait normal et sain de mériter la place qu’on prenait, par le travail et l’entraînement, même si on était bien née. Elle en avait pris conscience très jeune, grâce à la culture d’Alderaan et parce que son entourage l’avait incitée, très tôt, à travailler dur et tenir ses engagements. Mais Bail ne lui avait pas présenté les choses de la même façon que le père de Takara lui avait présenté. Petite, elle avait été sensibilisée au bien global de la galaxie et des ravages causés par la dictature, plutôt que se focaliser sur le seul bien de sa planète, puisque Alderaan n’était qu’une partie d’un tout. Il fallait penser à plus large échelle et ne pas se concentrer sur une seule planète. Il ne lui avait rien caché des actes de l’Empire les plus odieux, connus grâce aux rebelles. Elle avait même, enfant, accompagné son père adoptif chez les Rebelles, restant dans son ombre durant les longues réunions, muette mais attentive.

– J’imagine que vous avez dû connaître des situations similaires…

Oh oui. Elle hocha doucement la tête, son regard se voilant un bref instant de nostalgie et d’un certain regret. Pas pour le chemin choisi aujourd’hui, car elle assumait ses positions, mais parce que les moments passés avec son père adoptif appartenaient désormais au passé, tout comme la complicité entre deux. Ça lui faisait mal, même si elle était toujours aussi déterminée. Elle n’avait pas voulu le blesser sciemment, très loin de là, surtout après tout ce qu’il avait fait pour elle. C’était terminé, voilà tout. Chassant ce sentiment, elle mangea un peu en attendant que la tristesse s’envole de là, concentrée sur ses objectifs. Il fallait sacrifier des choses pour avancer, et même si elle aurait voulu ne pas sacrifier ça également, il était de toute manière trop tard pour le regretter.

– Je sais qu’il faut travailler pour gagner notre place et gagner en forces. Mon père adoptif m’avait habituée à ça. La politique, ou les exercices plus physiques, ont toujours fait partie du quotidien. J’ai été amenée jeune à côtoyer des rebelles, puis partager leur mode de vie.

Apprendre à manier les armes, entre autres, et vivre sur le fil d’un rasoir. La peur et l’adrénaline à la fois, lors des missions, lorsqu’ils combattaient l’Empire. Elle secoua tout à coup la tête, avec un bref rire. Évidemment, elle ne pouvait pas trop en dire, surtout ici, dans ce Palais, mais Takara pouvait tout de même très bien s’imaginer à quoi ça pouvait ressembler. Quelle vie elle avait pu mener, en cavale, avant d’atterrir ici. Ce n’était pas terminé. Leia se redressa un peu, mi-sérieuse, mi-amusée, surtout à cause de la nervosité, à peine refoulée. Ça passera une fois remise dans le bain.

– Je suppose que vous serez moins oppressante que Palpatine lors des entraînements, il a un certain don pour vous pousser à vous renfermer sur vous-même que l’inverse, même si j’admets qu’il a de bonnes méthodes pour s’entraîner dur. Les séances plus mouvementées sont plus efficaces, surtout pour le mental. Cependant, sur Alderaan, personne au palais ne devra voir ça. Il existe des salles, en sous-sol, pour les entraînements discrets. Je ne souhaite pas que l’opinion publique se crispe un peu plus sur la Force et tout le reste, y compris les Siths, ce n’est pas le moment.

Elle but une petite gorgée, à nouveau, en pensant que Takara sera, de toute manière, sûrement capable de comprendre vite l’intérêt de cette demande. Au-delà de ça, il était en plus idiot de montrer à tous de quoi on pouvait être capable et ce qu’on apprenait.

– Peut-on apprendre à se protéger des intrusions mentales ou de la manipulation que peuvent exercer certains Siths sur le psychisme ?

Takara mâcha tranquillement le bout de viande qu’elle avait déjà en bouche, le trouvant étonnamment frais pour un met préparer sur une planète entièrement recouverte d’immenses bâtiments qui lui donnaient parfois le tournis. L’accompagnement n’était pas mauvais non plus, tout comme la boisson. La compagnie, elle, restait toujours agréable. Voilà qui la changeait de ses habitudes depuis son arrivée dans cette époque. Pour une fois, la méfiance n’était pas le premier besoin qu’elle ressentait, bien que quelque part au fond d’elle la sith restait toujours sur ses gardes. Non, l’ambiance était beaucoup plus courtoise et amicale. Un peu comme sur Kesh, lorsque les choses se passaient bien et qu’elles n’avaient pas à sortir son arme pour régler les problèmes. Les émotions de la princesse, en revanche, était toujours quelque peu conflictuels même si une forme d’apaisement semblait être devenu la norme. Elle pouvait ressentir cette évolution et les émotions de Leia Organa étaient devenus plus difficiles à lire sans s’accaparer un peu plus de place autour de son esprit. Takara se garda de faire quoi que ce soit de la sorte, son but n’étant pas d’effrayer sa future élève mais plutôt de la garder en confiance. Continuer à lui montrer qu’elle avait en face d’elle une potentielle alliée et non une ennemie à surveiller. Ce qui était assez ironique puisque la sith devrait bien entendu garder un œil sur elle. Surtout sur Alderaan, son monde d’origine. C’était quelque chose qu’elle ne pouvait bien sûr pas lui avouer bien que son message à ce sujet, tout à l’heure, fut équivoque. Nul doute néanmoins que la future reine parviendrait à lui cacher ce qui lui tourmenterait l’esprit. Avec le temps et plus de maitrise.

« Certains d’entre-nous ne semblent pas l’avoir compris. Ils croient encore que tout leur est acquis. Comme dans leur époque. Nous savons que c’est faux. »

Elle faisait référence aux autres siths. Ceux qui étaient sensé être leurs alliés mais dont Takara n’avait qu’une confiance très limitée. Concernant leur loyauté en cette Empire et cette époque mais aussi pour leur demander une aide éventuelle. Ce qu’elle ne ferait pas à moins d’être dos au mur. Mais ses propos étaient aussi destinés à la princesse, dans une toute autre mesure. D’où son sourire, avant de venir goûter une fois de plus à la boisson légèrement fruitée que leur avait présenté la servante.

« Si vous avez vécu si longtemps avec les rebelles, j’imagine que vous pourrez me signaler ceux qui erreront encore au Palais à notre arrivée sur Alderaan, n’est-ce pas ? » dit-elle en reposant son verre sans se départir de son sourire, toute fois plus sérieux et discret alors qu’elle venait rappeler à Leia Organa la promesse qu’elle lui avait faite plus tôt, avant de passer à table. « N’ayez crainte, c’est seulement pour les garder sous surveillance. Rien de plus. »

A quoi serviraient-ils morts, de toute façon ? A part de signaler aux rebelles que Leia Organa leur avait bel et bien tourné le dos, définitivement. Ce dont ils devaient probablement déjà être convaincu maintenant que l’Empereur avait officialisé sa présence aux côtés des Sith. Takara ne fermait pas la porte, cependant, à l’idée de se servir d’eux plus tard. Le cas échéant. Par exemple, pour lui rappeler la promesse qu’elle lui avait faite. Ou pour décourager une éventuelle mission de « sauvetage » que tout le monde verrait plus comme un enlèvement qu’autre chose. Takara découpa un énième morceau de viande pour le porter à ses lèvres tout en portant une oreille attentive aux informations que Leia Organa lui donnait au sujet de ses précédents entrainements avec l’Empereur en personne. Ce qui venait poser une toute autre série de questions auxquelles la rousse n’avait pas encore pris le temps de réfléchir car elle n’y avait jamais été préparé. Elle n’avait jamais enseigné auparavant en dehors des quelques techniques qu’elle avait enseigné à Parlan. Si elle lui avait donné un véritable enseignement digne de l’élever à son niveau, ce pauvre fou instable aurait bien été capable de se retourner contre elle un jour malgré la romance qu’ils avaient partagée. Elle n’avait par conséquent jamais été très dur avec lui. Le serait-elle avec cette jeune femme d’agréable compagnie ? Elle ne saurait le dire. Peut-être. Probablement, pour rappeler à quelle place chacune d’entre elle appartenait une fois les robes et le maquillage tombé.

« Vu la situation, il est évident que nous devrons nous faire discrète. En sous-sol, comme ailleurs… Pour le reste, j’ai toujours travaillé dur et pour être parfaitement honnête, vous êtes ma toute première élève. »

Inutile de mentir sur ce point. Elle aurait finit par s’en rendre compte tôt ou tard, surtout que l’Empereur lui avait déjà donné quelques cours. Takara comprenait également le besoin de garder ce genre d’entrevues secrètes. Elle y avait déjà eu le temps d’y réfléchir plus tôt et s’il lui était apparu évident qu’elle devrait cacher au mieux sa véritable nature, il en serait de même avec les entrainements qu’elle organiserait pour Leia. Autrement, tout cela ne servirait à rien. Terminant de manger le morceau de viande présent dans son assiette, la sith jeta calmement son dévolu sur la garniture restante tout en réfléchissant à la question que venait de lui poser la princesse. Elle inclina légèrement la tête sur le côté en laissant son doigt glisser en légère arabesque sur le cristal de son verre aux trois-quarts vide, avant d’envisager une réponse.

« Ce n’est pas évident mais c’est possible, oui. Par nature, nous sommes insensibles aux suggestions les plus simplistes. Il existe ensuite des méthodes pour dresser des barrières mentales contre les autres types de menaces mais l’esprit n’est pas infaillible. Une attaque purement brutale, pas exemple, est très difficile à contrer si l’ennemi possède un esprit plus ordonné, déterminé et puissant que le vôtre. »

Sur ces paroles sérieuses elle s’empara de son verre pour finir d’en vider le contenu en une dernière gorgée. Elle n’avait pas vu grand monde réussir à retourner un sensitif par la seule force de l’esprit. Que ce soit sur Kesh ou au cours des quelques semaines passées dans cette époque. Même Dreypa n’avait pas utilisé de telles capacités pour tenter de retourner les seigneurs locaux contre la Tribu. Mais si Leia posait la question, c’était probablement pour une bonne raison. Et cela avait sans doute à voir avec l’Empereur, ou son aura à elle, projetée actuellement dans la pièce.

« Dans tous les cas cependant, il vous faudra plier la Force selon votre volonté. »

Elle offrit un dernier sourire, plus léger, alors qu’elle posait une nouvelle fois son regard sur le visage délicat de la princesse.

« Pensez-vous en être capable ? »

Elle était sa première élève, vraiment ? Leia avait toujours cru que chez les sensitifs, qu’ils soient Siths ou Jedi d’ailleurs, il était comme de leur « devoir » de prendre aussitôt un élève, ou presque, afin d’être sûr que l’avenir et les forces de l’ordre soit assuré. Non ? Non, très bien… Mais soit, elle aura beau être sa première élève, il n’y avait pas de raison que cela se passe mal pour autant, une première expérience n’était pas obligatoirement une lourde déception ou un raté. Au contraire, les personnes partaient avec moins d’aprioris et de jugements, positifs ou négatifs, quoi qu’ils devaient sans doute avoir plus d’appréhensions. Leia ne s’en inquiétait pas vraiment, pour sa part, car elle ne pensait de toute manière pas qu’on fera d’elle un de ces Siths puissants ou elle ne savait quoi encore, elle n’aspirait pas à de telles ambitions. La Force était un moyen supplémentaire d’obtenir ce qu’elle voulait, à savoir la disparation complète de l’Empire de Palpatine, mais la Force n’était pas une fin en soi. Elle ne souhaitait pas devenir une grande sensitive très douée dans son domaine, mais juste en savoir assez pour l’utiliser en guerre et écraser ses adversaires. Rien de plus, rien de moins.

Toutefois, elle était consciente également qu’elle ne pourra pas tout maîtriser et qu’il était très facile de se faire entraîner, consciemment ou non, sur une pente dangereuse, pour en arriver dans une situation nullement souhaitée à la base. Même si sa gorge se noua un peu à cette idée, suffisamment pour que la bouchée qu’elle avait en bouche ait du mal à passer, la jeune femme tentait malgré tout de ne pas s’y attarder. Comme elle se le répétait souvent, il était bien trop tard pour reculer. Par ailleurs, elle estimait que ce combat était d’une importance assez grande pour accepter encore bien d’autres sacrifices. Son regard glissa plus attentivement sur Takara, mangeant lentement, en se demandant quel genre de professeur elle se révélera par la suite, quand bien même elle était déjà certaine qu’il sera mieux d’apprendre avec elle plutôt qu’aux côtés de l’Empereur. Ne serait-ce que pour effacer une part de méfiance et de tension, nuisibles dans n’importe quel entraînement. Il était à espérer qu’elle sera à la fois assez dure pour pousser à progresser et assez pédagogue pour surmonter les obstacles et montrer comment se saisir de ces pouvoirs.

Ses pensées glissèrent sans qu’elle ne réalise immédiatement sur un aspect plus terre à terre de son observation, à savoir, les courbes du visage de son interlocutrice, maintenant parfaitement révélés en pleine lumière de la salle au manger, au contraire de la première partie de l’entrevue, sous couvert de la lumière tamisée de l’entre-chambre. Takara était une belle femme, il ne fallait pas le nier. Ses traits étaient doux et harmonieux, d’une finesse perceptible, et son regard n’était guère aussi froid ou oppressant que celui de la très grande majorité des Siths qu’elle avait alors vu. Il ne dégageait pas non plus la même sentiment de danger immédiat, tel qu’elle l’avait ressenti face à Lunariss, ou un sentiment de perdition, comme elle le ressentait aux côtés de son père biologique, comme si tout espoir de renouveau et de changement était à jamais éteint en lui. Si Leia avait toujours eu pour habitude de bien observer les gens, elle n’avait jamais, en revanche, détaillé une autre femme de cette façon, jusqu’à ce soir. Il y avait simplement quelque chose de plus, dans ce regard, qu’elle n’avait trouvé chez personne d’autres, jusqu’alors. Quoi, exactement, il était impossible de le préciser.

– Ce n’est pas évident mais c’est possible, oui. Par nature, nous sommes insensibles aux suggestions les plus simplistes. Il existe ensuite des méthodes pour dresser des barrières mentales contre les autres types de menaces mais l’esprit n’est pas infaillible. Une attaque purement brutale, pas exemple, est très difficile à contrer si l’ennemi possède un esprit plus ordonné, déterminé et puissant que le vôtre.

Oui, c’était évident. Leia hocha doucement la tête, comprenant très bien ce dernier point mais se concentrant surtout sur la première partie de la réponse, qu’il était possible de lutter. Certes, il devait exister certains sensitifs capables de faire ployer un esprit en très peu de temps, mais avec de l’entraînement… Sans doute beaucoup d’entraînement, c’était possible. Très bien. Leia prit à son tour son verre de vin, ayant fini celui de l’eau, pour en boire une ou deux gorgées. L’alcool lui procura aussitôt une curieuse sensation de chaleur, ainsi qu’une légère pression à la tête. Elle n’avait pas l’habitude de boire et ne saurait même pas dire si ce vin était fort ou non. Pour faire passer la sensation, elle termina de manger les légumes contenus dans son assiette, après avoir terminé la viande.

– Dans tous les cas cependant, il vous faudra plier la Force selon votre volonté. Pensez-vous en être capable ?

– Si c’est une question de volonté, oui. Le seul acte de ma vie ne n’ayant pas demandé une volonté forte, durant les deux dernières années de ma vie, c’est d’avoir tiré dans la tête de Plagueis.

Il était malheureusement revenu plus tard, mais sur le moment, la satisfaction provoquée par cet acte avait été telle qu’elle en gardait, encore aujourd’hui, un souvenir et une joie puissante. Voir son sang gicler de sa sale tête puis son corps s’effondrer, après un bref arrêt total, avait été si jouissif. Un rire lui échappa, en revoyant la scène, rire surtout provoqué par une ivresse qui la saisissait déjà, alors qu’elle n’avait en tout et pour tout bu un seul verre de vin. Les yeux un peu plus brillant que toute à l’heure, les joues plus rouges, mais elle ne se sentait pas mal, pourtant. Juste plus… Bizarre ? Elle but la dernière gorgée, la chaleur augmentant, puis elle termina son assiette. Elle avait toujours chaud… Et l’impression de planer un peu. C’était drôle.

– Je veux pouvoir réellement compter sur vous et, et… Je ne peux pas agir complètement seule, et le monstre ne tombera pas facilement, il faut que cette galaxie ne subisse jamais d’autres massacres. Pas de virus. Pas d’arme destructrice de planètes… Je veux croire que vous ne serez pas une simple ennemie de plus. Vous me plaisez bien.

Sentant que la sensation ne diminuait pas, au contraire, ça s’accentuait, Leia finit par se lever, dans l’idée de se rapprocher du balcon ou dehors, pour prendre l’air. Malheureusement, et contrairement à ce qu’elle avait cru, ses jambes ne suivirent pas vraiment le commandement exigé par le cerveau et elle faillit bien perdre l’équilibre, se raccrochant de justesse à son siège et le bord de la table.

– Je compte sur vous…

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Tolérance à l’alcool : 20

La situation était assez étrange. Takara était à l’origine venu voir Leia Organa pour mettre les choses au clair sur ses entrainements à venir et la nécessité pour elle de s’impliquer à fond pour obtenir les résultats escomptés à la fois par l’Empereur et par elle-même, en ayant conscience qu’il serait plus important de préparer Leia à un affrontement avec le dirigeant de l’Empire que de faire d’elle un réceptacle des intentions de ce dernier. La Sith, bien qu’ayant montré une forme de loyauté sincère envers l’Empereur, se laissait en réalité lentement glisser sur la pente de la dissidence passive tout en gardant à l’esprit la nécessité de garder un pouvoir fort noyauté par les siths mais dépourvus des esprits les plus radicaux aux idées à la fois stupides, génocidaires et malsaines qui ne faisait que desservir les efforts déjà accomplis et à accomplir. Pour Takara il était évident qu’ils ne pourraient pas s’imposer à la galaxie aussi facilement, et en si petits nombres sans risquer un retournement général de l’opinion à la fois déjà perdue et encore loyale à l’Empire à leur encontre. Non, il faudrait avancer petit à petit, comme ses ancêtres l’avaient fait sur Kesh à leur arrivée, en s’appropriant les cultures et l’idéologie mise en place par l’Empire pour se fondre dans la masse pour en prendre doucement le contrôle, en rendant légitime leur ascension vers la dominance et non en s’imposant par la destruction et le chaos. Mais au lieu d’évoquer longuement ces sujets avec sa nouvelle élève en qui elle voyait une personnalité à même d’incarner cette ascension, voilà qu’elle se retrouvait à table, à discuter avec elle au cours d’un dîner en tête à tête qui n’était en rien désagréable, bien au contraire.

Evoquer le passé et les connaissances de Leia aurait été une nécessité plus tard de toute façon et les évoquer de cette manière, en cet instant, était peut-être plus intéressant pour avoir une base sur laquelle progresser, plus tard, si Takara venait à apprendre qu’elle ne lui avait pas tout dis. Chose fortement probable, d’ailleurs. D’ordinaire, on ne dévoile pas sous ses pions en un seul mouvement, par pur principe de précaution. Elle faisait la même chose. La rousse continuait de laisser son aura roder dans la pièce, neutre et en rien envahissante, peut-être un rien pressant. Le jour où elle accentuerait un peu plus sa présence viendrait bientôt, avec les entrainements, pour tester son évolution. Les yeux verts de la rousse se posèrent justement sur Leia, dont le regard s’était fait plus intense depuis quelques instants. Il y avait du changement dans son contrôle émotionnel. D’abord presque imperceptible, ils firent plus prononcés au fur et à mesure. Moins contrôlés, il n’était plus question de la frustration et de colère qui l’avaient animé précédemment. C’était autre chose, qui venait affecter le visage de la Princesse à mesure qu’elle buvait, et s’exprimait sur la mort qu’elle avait prodigué à Plagueis…

« Vous… » Takara tenta de répondre à la volée mais s’interrompit bien vite lorsque Leia s’esclaffa de rire dans la foulée de ses propos.

La rousse haussa un sourcil, tout en portant un regard intrigué sur le verre de vin à moitié vide. Puis de nouveau vers Leia. Etait-elle… ? Avec seulement un demi-verre ? Un sourire léger naquit sur ses lèvres, plutôt amusé par la situation que contrarié. Elle ne s’était pas attendue à ça, et l’envie de profiter de la situation était grand. Pour explorer ses sensations, ses ressentis sur cet évènement.

« Je vois. dit-elle, pour l’interrompre. « Vous étiez satisfaite, heureuse de le voir mort ? Et y repenser, ça vous procure toujours la même sensation, c’est ça ? »

C’était mesquin, de tenter de profiter de son état d’ivresse pour attiser ces sentiments, mais cela évitait à Takara de penser aux autres, plus personnels et clairement tournés vers elle, qui suintait des pores de la Princesse et que sa présence étendue dans la Force captait sans trop de difficultés. Takara évitait d’y penser pour éviter de se confronter à même sensation que précédemment et qui l’avait perturbé. Cependant, elle se rendait bien compte que la situation lui échappait des mains petit à petit et qu’il serait difficile d’ignorer les sous-entendus qui se glissait dans les propos de Leia Organa, que ce soit par son intonation ou la manière de les exprimer. Bon, l’alcool y était aussi pour beaucoup et Takara avait encore du mal à croire que la Princesse puisse déjà être saoule en si peu de temps, avec un simple verre. Pourtant, il était clair que c’était le cas. Les « symptômes » étaient tous là, où presque. Elle secoua la tête, doucement, un sourire plus large aux lèvres. C’était quelque chose qu’il faudrait cacher aux autres… Ou bien s’assurer qu’elle soit en mesure d’éliminer les toxines plus rapidement, comme Takara avait l’habitude de le faire.

« Vous pouvez compter sur moi, vous le savez déjà. Il y a d’autres moyens que la destruction et l’escalade mortelle pour asseoir son autorité. Soyez assurée que… »

Elle n’eut pas le temps de réellement terminer ses propos. Comment ça, elle lui plaisait bien ? Sur le plan professionnel ou plus… personnel ? Venait-elle de lui faire des avances ou bien… ? Takara ne put y songer bien longtemps puisque Leia se leva comme une flèche de sa chaise. La rousse, surprise et un peu déboussolée, eut juste le temps de plier sa serviette pour se nettoyer le coin des lèvres que la Princesse tenta de bouger.

« Oh-là attendez… » dit-elle en repoussant sa chaise pour se lever à son tour et faire le tour de la table. Là, elle se glissa à côté de Leia, attrapant son bras. Elle était saoule, définitivement. « Je crois qu’un seul verre suffira pour aujourd’hui, Princesse. Voilà une faiblesse qu’il vous faudra cacher. »

La remarque était clairement lancée sur un ton taquin. Parce qu’elles étaient seules à l’exception de la servante, la situation amusait beaucoup Takara. Elle veillerait bien évidemment à ce que ça ne se produise pas public en sa présence. Inclinant la tête sur le côté, elle vînt murmurer avec légèreté à l’oreille de Leia :

« Vous savez bien que vous pouvez tout me dire. C’est aussi le rôle d’une suivante que d’être votre confidente, non ? »

Puis elle s’écarta aussitôt, tout en maintenant fermement le bras de la Princesse pour éviter qu’elle ne chute. Oui, elle allait profiter de la situation pour tenter de lui tirer les vers du nez. Mais ça s’arrêterait là. Elle avait besoin de temps pour réfléchir aux autres conséquences, en introspection, sur ses propres sentiments. Il était inutile de les évoquer là, maintenant. Et peut-être qu’il serait inutile de les évoquer tout court. Peut-être n’était-ce là qu’un artefact généré par les sentiments de Leia à son égard, et non l’inverse. Bref…

« Venez, on va vous asseoir dans le fauteuil du salon… »


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Jet de dé, savoir si elle contrôle ses émotions : 4

C’était vraiment très étrange, elle se sentait bien et mal à la fois, avec une curieuse pression à la tête, l’envie de bouger, et dans le même temps, l’envie de s’effondrer dans un coin et de ne plus en bouger jusqu’à demain. Le souffle légèrement court, elle se sentit de nouveau fléchir un peu, avant qu’un bras ne saisisse tout à coup le sien. Mmh ? Retrouvant son équilibre, elle lança un regard en biais à Takara, qui s’était levée à son tour, haussant un peu les épaules à la remarque qu’elle lui lança en souriant. Oui, soit, elle n’avait peut-être pas l’habitude de boire, mais ce truc était fort ! Très… Bref… Elle n’aurait pas dû se lever, finalement, elle réalisait maintenant que ce n’était pas une si excellente idée que cela. S’approcher du balcon dans cet état, pour prendre l’air ou non, reviendrait à terme à tomber dans le vide avant d’avoir pu le réaliser. Le souffle soudain de la Sith, contre son oreille, lui arracha un frisson, elle n’avait pas réalisé qu’elle était soudainement si prêt. Leia ne se sentait pas particulièrement en danger pour autant, mais elle avait été surprise.

– Vous savez bien que vous pouvez tout me dire. C’est aussi le rôle d’une suivante que d’être votre confidente, non ?

Oui… La jeune femme ne put pas vraiment répondre, sur le moment, surtout occupée à essayer de faire passer la sensation d’ivresse qui ne la lâchait pas. Elle veillera à ne plus jamais boire de nouveau, si un seul verre suffisait à la mettre dans cet état… Pourtant, il lui était déjà arrivé de prendre un verre au cours de fêtes, mais uniquement avec les alcools locaux, produits sur Alderaan. Peu forts, ressemblant plus à des jus de fruit traditionnels qu’à de l’alcool pur et dur. Elle ne serait pas non plus capable d’avaler ce que buvait Han parfois, la seule odeur suffisait à la dégoûter. Au moins, une fois assise, le monde autour d’elle retrouva plus de stabilité, quand même elle avait toujours aussi chaud et n’était clairement pas dans son état normal. C’était un peu comme se… retrouver dans une petite bulle, flottant au-dessus du monde, ignorant où se poser. Un sourire continuait malgré tout de flotter sur son visage, les joues plus roses que d’ordinaire, elle qui était d’une nature plutôt pâle, sans maquillage.

– Vous êtes moins oppressante que Vader, vous savez… ? Il est… Enfermé dans son propre monde. Quand je suis à côté de lui, j’ai l’impression qu’il n’attend que la mort et se contente d’exécuter simplement les ordres en attendant, sans aucun but. Je ne sais même pas s’il se soucie vraiment de l’Empire ou se fiche de tout. Je ne veux pas devenir comme ça. Il est mort intérieurement en devenant Sith.

Cet état l’angoissait. Elle craignait de perdre elle aussi son humanité, finalement de se perdre à ce point-là, même si elle était prête à faire de nombreux sacrifices pour atteindre son but. Son père biologique effrayait certains par son pouvoir ou ses actes, il l’effrayait, elle, par son attitude. Était-ce mieux que les cinglés comme Plagueis, en revanche, qui perdaient tant le bon sens et leur raison qu’ils en devenaient de tels monstres insensibles et génocidaires ? Ce n’était pas sûr. Leia ne voyait pas comment, encore, trouver le bon équilibre. Comment jongler à la fois avec les exigences du côté obscur et le besoin de conserver pleinement toute sa tête et son humanité. Trop de Siths, aujourd’hui, lui donnaient le sentiment de s’être trop perdus eux-mêmes pour en tirer quoi que ce soit, Takara était même une exception, à ses yeux, car elle restait normale. Les autres la rendaient malade.

– Pourquoi le côté obscur enlève-t-il à tant leur humanité ?

Takara s’éloigna une fois Leia assise dans le fauteuil et alla prendre place devant elle, debout, à quelques pas, pour s’enquérir de son état, dans une situation qui n’était pas sans rappeler celle qui avait précédé le dîner, l’alcool en moins. La rousse se sentait plutôt bien, sans doute l’habitude et l’entrainement, la Force permettant des choses assez anodines que beaucoup ignoraient. C’était el cas pour éliminer les toxines, une nécessité lorsque l’on vivait dans un monde où les seuls assassinats autorisés étaient les plus discrets, les autres étant bannis et passibles d’une sentence très dure. Ce n’était pas le cas dans ce monde, dans ce temps, mais cela n’empêchait pas les gens d’avoir recours à des techniques pernicieuses. Ce n’était pas le cas aujourd’hui, il s’agissait seulement d’alcool, et cette situation inattendue était au final un bon moyen de détecter certaines faiblesses à surveiller chez son élève. Il y en aurait probablement d’autres. Et même si Leia Organa ne parvenait pas à tenir l’alcool, il y avait toujours des moyens pour éviter les mauvaises surprises qu’un tel état pouvait provoquer, par un contrôle plus avancé sur son esprit, chose qu’elle finirait par lui enseigner, comme elle le lui avait demandé tout à l’heure. Cette pause était également le moment pour Takara de réfléchir à ses propres ressentis, et pourquoi ses émotions s’étaient échouées en écho de celles de Leia sur ses barrières mentales. Si elle ne les avait pas écoutées, elle ne les avait pas non plus réprimées. Elles étaient une part d’elle, une part de son pouvoir. Mais avant de se laisser embarquer, elle se devaient de les comprendre, car elles étaient surprenantes. Son regard émeraude se posa doucement sur les courbes du visage de Leia, son esprit concentré sur les sensations qu’elles lui évoquait. La princesse n’était pas une mauvaise personne, et elle avait fait des choix difficiles pour en arriver là. L’Empereur souhaitait la faire plonger dans l’obscurité, sans doute pour attirer son frère et le reste des jedis et rebelles encore loyaux dans un piège. Ce n’était pas son objectif. Takara n’avait que faire des jedis et des rebelles pour le moment. Ils n’étaient pas encore une menace sérieuse, à la différence des autres siths et de certaines actions entreprises par l’Empire, qui se sabordait de l’intérieur. Les menaces extérieures finiraient cependant par être un problème, si rien n’était fait. La rousse n’avait pas encore le recul nécessaire pour évaluer ces menaces-là.

« Vous n’êtes pas l’ennemi, Leia. Je n’ai aucune raison de l’être. » répondit-elle du tac au tac lorsque la princesse évoqua ce qu’elle lui inspirait, avant de s’arrêter net en réalisant qu’elle n’avait pas complétement compris le sens de la remarque. « Oh, vous vouliez dire… l’Aura de Vader… »

Takara marqua une pause, pour se remémorer ce qu’elle avait appris du bras droit de l’Empereur depuis son arrivée. A savoir pas grand-chose en dehors de ce qui se savait déjà publiquement à son sujet, et le nécessaire que l’Empereur ou ses sbires avait bien voulu lui donner au sujet de son lien avec Leia. Croisant les bras devant elle, Takara se rapprocha légèrement avant de baisser le regard vers Organa.

«  Je ne sais pas tout de sa vie. Ma réponse sera donc probablement inexacte. Mais j’ai déjà vu des gens comme lui se perdre dans le Côté Obscur parce qu’ils n’ont pas su gérer cette transition. Le fait d’avoir l’Empereur comme guide n’a pas dû aider, sur ce sujet. J’imagine qu’il devait avoir un but, et qu’il s‘est tellement enfoncé dans ce but qu’il s’y est perdu, et a perdu le contrôle de tout le reste. Une quête de pouvoir et de puissance sans fin, et sans limite… Pour se protéger des autres. C’est un cercle sans fin qui ne génère que destructions et vous mène droit dans la tombe. C'est une question de circonstances... »

Ce fut le cas de Dreypa et des autres siths des époques précédentes. Ce fut le cas des anciens siths de la Tribu, avant que ses parents ne parviennent à stopper le cycle infernal. C’était encore le principe même de cette règle imposée bien plus tard, et qui demandait qu’il n’y ait plus que deux siths, un maitre et un esclave, en somme, forçant l’esclave à rechercher la puissance et à devenir aussi malade que son maitre, qu’il finira par tuer pour ensuite prendre son propre esclave à son service. La boucle était ainsi bouclée. Le principe même de socialisation, de culture, et de société était mort avec cette règle. Comment pouvait-on, dans ces conditions, avoir une part d’humanité ? Evidemment, la définition de Leia était probablement bien différente de la sienne, mais au moins Takara n’était un monstre sanguinaire qui souhaitait prendre le contrôle de la galaxie ou exterminer toutes les civilisations qui peuplaient les étoiles. Décroisant les bras, elle se rapprocha un peu plus.

« Ce n’est pas comme ça que j’ai été formée, et je n’ai pas l’intention de vous faire subir cela. Je vous l’ai dit, vous n’aurez pas besoin de tuer votre famille pour parvenir à vos objectifs. Ni de faire toutes ces choses horribles pour asseoir votre autorité. C’est l’Empereur qui lui a fait subir cela, pour en faire un pion à son service. Rien de plus, rien de moins. Et je n’ai pas besoin d’une marionnette. »

Non, elle n’avait pas besoin d’un sbire à sa botte. Et encore moins d’une tueuse recherchant en permanence un moyen de la tuer. Ca, c’était ce que voudrait l’Empereur, et elles devront travailler de sorte à lui faire croire qu’elles avançaient dans cette direction. Son regard glissa vers les mains de Leia, avant de s’égarer.

« Aucun des autres siths présents à la réunion n’est digne de confiance. Ils ont leurs propres objectifs. Ce dont j’ai besoin, c’est d’une alliée au milieu de cette immensité de danger. »

Ils finiraient tous, un jour, par s’entretuer. C’était une évidence. Aucun n’avait réellement fait preuve de bonne foi, il ne fallait pas être une espionne pour le remarquer. L’Empereur devait également s’y préparer. Elles aussi, le devraient, le moment venu. Car ces siths pourraient venir vers Leia dans l’espoir de la recruter. Takara devrait être d’autant plus vigilante qu’elles seront bientôt loin du Centre Impérial, et donc techniquement bien plus atteignables à la fois par les ennemis intérieurs comme extérieurs. Se redressant un peu, elle réalisait ô combien ce serait épuisant, mais nécessaire pour protéger Organa, mais surtout elle.

« Le Côté Obscur n’est pas un puit sans fond. Il est possible de l’utiliser sans se perdre, à condition d’être rigoureux. C’est ce que je fais au quotidien. La Force est un outil mis à notre disposition, mais comme pour tout outil il y a des mesures de précaution à prendre pour ne pas se faire aspirer. C’est une question de philosophie. Je vous montrerais, d’accord ? »

Takara était convaincue que la voie entreprise par son père sur son monde était la bonne. Et qu’ici la solution pouvait être répliquer, à condition de s’y prendre correctement. Elle n’était pas là depuis très longtemps et elle remarquait déjà que l’Empire, dans sa forme actuelle, ne tiendrait pas longtemps. Elle savait également que s’il venait à s’écrouler, alors tout serait terminé pour elle. A moins qu’il y ait encore des survivants sur Kesh… Mais même là-bas, le danger qu’ils soient découverts et éliminés étaient trop grand. Et puis, qui sait ce qu’ils étaient devenus ? Peut-être que la société instaurée par son père n’avait pas survécu à son décès. Elle se renseignerait, discrètement, le moment venu…

En attendant, son regard revînt se porter sur la jeune princesse. Avec ce qu’elle avait bu, son état ne devrait pas tarder à s’améliorer, même si son organisme n’avait pas été en mesure de se prémunir d’un simple verre de vin.

« Est-ce que vous vous sentez-mieux ? Je devrais peut-être vous laisser. Pour ce soir. »

Ce n’était que maintenant que Leia réalisait combien le côté obscur pouvait être destructeur, envers soi-même, si on n’y prenait pas garde ou qu’ion ne savait rien maîtrisait. Mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ? Vader avait servi de gros déclic, une fois qu’elle avait pu l’observer de plus près et durant plus de temps. Il était devenu l’antithèse de ce qu’elle désirait obtenir et créer, l’anti-exemple, celui qui avait suivi la voie plus terrible d’entre toutes, ce qu’il ne fallait surtout pas faire, somme toute. Auparavant, elle le voyait comme un simple demi-robot obéissant au doigt et à la lettre de son Empereur, tuant sans se poser de questions, peut-être même par plaisir. Aujourd’hui, elle le voyait comme un homme complètement brisé et sans âme, qui agissait mécaniquement sans s’interroger sur ce qu’il faisait et sans que ça ait le moindre sens. Une enveloppe vide, voilà ce qu’il était réellement. Mais puisque Takara était différente, comme d’autres Siths, il devait y avoir un moyen.

Ça faisait, bien sûr, partie des choses qu’elle attendait toujours d’apprendre… A quoi bon s’enfoncer dans une tell voie si vous n’aviez pas la certitude de vous en sortir, à quoi bon courir dans une impasse ? Elle gardait le regard rivée sur la jeune rouquine, en silence dorénavant, hormis sa question, l’esprit embrumé par l’alcool et tout juste assez clair pour que seules les idées les plus ancrées puissent encore se frayer un chemin. Elle la détaillait sans même prendre la peine de le cacher, les mots entrant dans son esprit, certains se fixant, d’autres disparaissant. Leia savait déjà qu’elle ne pouvait pas avoir le moindre soupçon de confiance envers ceux vu à cette charmante réunion. Et encore, certains avaient disparu… Maul et l’ancienne Sith pendant la réunion, Cade après, ce qui n’était pas plus mal, soit dit en passant. D’autres encore disparaîtront ou apparaîtront. Elle ne pouvait se fier à aucun d’eux, pas plus qu’à l’Empereur. Mais au-delà de la confiance, elle aura besoin de plus d’alliés. Si leurs objectifs convergeaient, il fallait se saisir de l’occasion, même sans confiance et en devant sans cesse rester sur ses gardes.

– Le Côté Obscur n’est pas un puits sans fond. Il est possible de l’utiliser sans se perdre, à condition d’être rigoureux. C’est ce que je fais au quotidien. La Force est un outil mis à notre disposition, mais comme pour tout outil il y a des mesures de précaution à prendre pour ne pas se faire aspirer. C’est une question de philosophie. Je vous montrerais, d’accord ?

– D’accord…

L’avenir, lui, lui apparaissait désormais bien comme un puits sans fond, dorénavant. Elle allait apprendre ce qu’elle pouvait, s’entraîner comme une acharnée, mener ses affaires plus secrètes, ré-armer en douceur Alderaan, ou au moins l’équiper de défenses solides pour commencer, d’autant plus après le bombardement subi, puis progresser… Elle prendra les événements comme ils viendront et fera son possible pour ne pas devenir comme Vader. Jusqu’à la victoire finale ou à la mort. Dans cette ligne de temps, elle n’aura sans doute jamais d’enfants avec Han, voire jamais d’enfants tout court, et ce n’était peut-être pas un mal, puisque qu’un de ses enfants allait tourner Sith et un autre mourir à dix-huit ans, d’après ce qu’elle avait pu apprendre. Faire des enfants pour qu’ils soient ensuite plongé dans la violence et meurent très jeunes, à quoi bon ? Elle se frotta un peu la tempe, fatiguée d’un seul coup, ou plutôt, beaucoup plus lasse. Des enfants, elle en voudrait, pourtant, d’ici plusieurs années, mais pas si c’était pour que ça se termine comme ça.

– Est-ce que vous vous sentez-mieux ? Je devrais peut-être vous laisser. Pour ce soir.

Mieux, oui et non, pourtant, elle hocha quand même affirmativement la tête à cette question, comme s’il s’agissait d’une parfaite évidence. Elle était en pleine forme, passant un peu rapidement d’une émotion à l’autre depuis le début de l’après-midi, ce qui l’amenait à un certain épuisement moral. Mais le corps allait bien, lui. Il lui « suffisait », à présent, d’avaler le choc, accepter ce que l’Empereur avait balancé lors du bal, et donc par conséquent, tout ce qui allait s’enchaîner derrière, accepter pleinement qui elle était et ce qu’elle risquait de devenir, et tout ira bien. Une fois la pilule digérée, elle reprendra le cours normal de sa vie et surtout, le contrôle de ses sentiments. D’ici là, ils continuaient de flotter en elle et lancer comme des piques à son inconscient. Elle n’avait pas envie de rester seule, pourtant, l’avouer serait idiot. Surtout à une personne qu’on venait juste de rencontrer. Elle tendit à moitié la main, puis se rétracta, en reprenant un peu ses esprits.

– Ne me lâchez pas, vous aussi.

Elle se leva, suite à cette phrase, doucement car ses jambes tremblaient toujours un peu. Elle avait besoin de répéter cette demande, c’était plus fort qu’elle, car elle se sentait toujours mal de la réaction de ses proches, de leur incompréhension totale. Si elle voulait partir, pour ce soir, très bien… Leia n’avait pas envie de se renfermer sur ses propres pensées, mais elle pouvait le faire, elle devait bien s’habituer.

Rester, ou ne pas rester. Telle était la question. Toujours debout devant Leia, Takara regardait la jeune princesse d’un tout autre regard. Elle ne semblait pas entièrement convaincue avec ce qu’elle venait de lui expliquer et la sith la comprenait. Cette peur, cette crainte du Côté Obscur était logique chez elle. Être restée tout ce temps sous la tutelle de l’Empereur et sa puissance avait de quoi générer inquiétude et doute quand aux enseignements qu’il essayait de lui transmettre. Si le sabre-laser ne risquait pas de retourner l’esprit de qui que ce soit, la Force, elle, pouvait provoquer bien des réactions, parfois inattendues. Pourtant elle devra bien accepter de baisser sa garde, et écouter les enseignements qu’elle lui donnerait. Sinon, il lui serait impossible de résister à quiconque tenterait de s’en prendre à son esprit, comme elle s’en était inquiété plus tôt. La peur et la crainte, néanmoins, restaient un atout entre les mains de Takara, qui comptait bien s’en servir mais uniquement avec parcimonie. Ces émotions étaient puissantes, et la frustration que ressentait également Leia vis-à-vis de sa situation était beaucoup plus intéressante à exploiter pour le moment. La sith ne souhaitait cependant pas la manipuler de la sorte, car cela reviendrait à agir comme l’avait sans doute fait l’Empereur. Une fois encore, elle avait besoin d’une alliée, et pas d’un pantin. Takara était prête à prendre le temps qu’il faudrait.

La quête de Leia n’était pour le moment pas réalisable mais cela changerait avec le temps et l’entrainement. Takara avait bien noté que la princesse l’avait compris. Cela faisait partie des choses qu’elle ne pouvait pas sentir mais qu’elle pouvait interpréter en fonction de ce qu’elle ressentait dans la Force Vivante et qui irradiait de son aura. Toujours présente mais en rien oppressante, celle de la sith continuait d’observer celle de Leia sans jamais la toucher, en remontant la toile filamenteuse de la Force. En tête à tête cela était très simple et ne lui demandait pas beaucoup d’efforts. Les choses évolueraient sans doute une fois sur Alderaan, lorsqu’elle devra surveiller les états d’esprits des personnes proches de son élève. Takara s’adapterait en fonction de la situation, elle n’avait pas besoin d’y penser pour le moment. Il serait important de d’abord chercher à s’intégrer et à s’assurer que personne ne pourrait la détecter au palais. Ensuite, les choses seront probablement plus simples.

La jeune rouquine observa la princesse hocher doucement la tête à sa question et s’interrogea sur sa signification. Voulait-elle dire qu’elle allait mieux ou désirait-elle qu’elle s’en aille ? La première option lui semblait plus probable que la deuxième, vu ce qu’elle pouvait sentir et observer chez Leia Organa. Elle pouvait peut-être se sentir moins alcoolisée ou en bonne santé physique, son état mental, lui, paraissait plus préoccupant. Leia lui semblait toujours tiraillée par des sentiments et des émotions contraires ; des ressentis qu’elle n’arrivait pas tout le temps à contenir, et qui se révélaient étrangement contagieux lorsqu’ils étaient dirigés vers la sith. Le visage de la rousse se colora légèrement, alors que revenait ce frisson ressenti tout à l’heure. Son regard se figea un instant sur le visage de Leia dans une réaction mollassonne de sa part tandis que Leia la détaillait ostensiblement. Elle l’avait déjà admis, elle trouvait la jeune femme très attirante mais elle n’avait jamais, jusqu’à alors, ressenti plus d’attirance pour la gente féminine que masculine, surtout tout juste après avoir fait connaissance. Pourtant, l’impression était bien de retour, persistante et gênante. Takara baissa légèrement le regard pour voir cette main que la princesse lui tendit avant d’aussitôt la rétracter et, inconsciemment, se mordit légèrement la lèvre inférieure.

« Leia… »

A peine eut-elle ouvert la bouche pour murmurer son nom qu’elle s’arrêta une seconde. C’était la première fois qu’elle appelait la princesse par son prénom. Ce n’était pas anodin. Takara se sentait perdre légèrement pied. Son regard, lui, était toujours rivé sur les mains de son élève.

« Je vous le répète, vous n’avez pas à vous inquiéter de ça. Je suis à vos côtés, d’accord ? »

Toujours debout, elle la regarda se lever, son regard suivant le mouvement de la jeune femme qui s’approcha quelque peu. Takara essaya de réfléchir à ses options, mais il était difficile de réfléchir alors que le temps, soudainement, semblait lui manquer. Elle cherchait à être rassurée, et elle était la seule, ici, à prétendre pouvoir le faire. Pendant un instant, elle songea à appeler la servante, en espérant que son intervention briserait l’élan actuel. Sa respiration, elle, semblait quelque peu dérailler. Son visage, lui, se pourprait un peu plus. Lentement, ses propres émotions et sentiments cherchaient à se frayer un chemin hors de leur cage. Elle n’avait pas pensé pouvoir être surprise de la sorte. La rousse attrapa délicatement les mains de Leia, pour les serrer, doucement, entre ses doigts. Son regard, lui, se posa un instant sur ces mains entrelacées avant de remonter en détail jusqu’à son visage. Du réconfort, oui. C’était ce qu’elle désirait. Pouvait-elle seulement le lui donner ? Ne lui avait-elle pas dit, déjà, qu’elle pouvait compter sur son aide ? Était-ce seulement ce genre d’aide qu’elle souhaitait, ou bien était-ce autre chose ? Et elle-même, espérait-elle autre chose ? Après tout, Leia lui demandait de l'aide. La lui refuser pouvait être une option, mais la jeune femme devant elle lui semblait déjà au pied du mur. Non, l'aider lui semblait au contraire naturel. La bonne chose à faire.

Takara, cependant, tenta de reprendre le contrôle de la situation, à l’aide d’une question qu’elle espérait anodine mais qui, au contraire, trahissait son impuissance face à cette réaction surprenante :

« Et si vous me disiez plutôt ce qui vous passe par la tête, en ce moment ? »


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Résultats des dés :
1. Takara sent-elle les émotions personnelles de la Princesse ?

1 à 13 : Oui >>> 7

2. Si inférieur à 6, est-ce que cela provoque une réaction chez Takara (dé influencé à cause des précédents lancés) ?

1 à 8 : Oui >>> 5

3. Si Oui au lancé 2., comment réagit Takara à tout ceci :

Obscurité : Elle questionnera Leia

Une autre envie lui était venue, depuis très peu de temps, une autre option, celle-ci si simple qu’elle se demandait pourquoi elle n’avait même pas réussi à y penser avant… Le lâcher prise, tout simplement et tout bêtement. Laisser tomber son obsession de contrôle, autant sur elle-même que sur son environnement, même si ce n’était que pour quelques heures. Laisses ses émotions et ressentis filer dans tous les coins de sa tête comme ça leur chantaient, sans même faire l’effort de les contenir ou les étouffer. Puisqu’elle ne le pouvait pas, à quoi bon se torturer intérieurement ? Le contrôle reviendra plus tard, une fois de retour dans un environnement plus familier et sécurisé. En attendant, elle observait la jeune femme, sans bouger lorsque cette dernière lui prit finalement les mains, en se laissant cette fois complètement flotter au gré de ses émotions. C’était finalement beaucoup plus agréable, moins oppressant et contraignant, bien plus facile, même si elle savait pourtant très bien que ce n’était pas bien. Car c’était exactement en se laissant aller qu’on pouvait très facilement être manipulé, ou tomber dans un piège, et pourtant, la prudence pouvait bien aller au diable, cette fois-ci. Elle… improvisait, pour une fois…

– Et si vous me disiez plutôt ce qui vous passe par la tête, en ce moment ?

Oh, elle pouvait le deviner, n’est-ce pas ? Leia fit un petit mouvement, presque sur impulsion, mais cette fois, l’éducation réussit à reprendre le dessus sur les émotions, et elle reprit sa posture initiale, en un bref et léger mouvement. Se laisser aller n’était sans doute pas la meilleure solution, mais elle se sentait vraiment mieux… C’était idiot… Elle redressa la tête pour regarder Takara bien en face, souriant sans y penser. L’alcool n’avait pas encore évacué son esprit, elle se sentait toujours bizarre, désinhibée, comme si rien de tout ça n’avait d’importance, alors que si, pourtant… Elle n’avait même pas répondu à la question, en partie parce qu’elle ne savait pas vraiment elle-même ce qui lui passait exactement dans l’esprit. Un mélange de trop de sentiments contradictoires et de diverses pensées, dont certaines qu’elle ne devrait pas avoir.

– Les failles sont terribles, mais elles ont du bon, parfois. J’ai passé ma vie entière à croire que les Siths n’étaient rien d’autres que des fous destructeurs et que les Jedis n’acceptaient jamais de combattre réellement. Mais tout est plus nuancé que ça… Le découvrir fait du bien. Donc, ne serait-ce que pour ça, merci.

Si elle voulait vraiment repartir de cet appartement, Leia ne pourra bien sûr pas l’en empêcher, mais avant ça, il y a au moins quelque chose qu’elle tenait à faire. Même si elle risquait d’être repoussée, de se retrouver projetée contre le sol ou elle ne savait où, voire pire, elle tenait à le faire. Elle s’approcha donc et déposa doucement un baiser sur la joue de Takara, près des lèvres mais sans y toucher, les yeux fermés. Tant pis si elle se prenait un coup, elle agissait par instinct…

Les deux mains toujours doucement serrées autour de celles plus petite de la princesse, Takara restait dans un flou d’incertitudes. Était-ce vraiment une bonne chose, de se laisser glisser doucement sur cette pente qui risquait fortement de venir mêler sa vie privée à ses objectifs ? Quelque chose, au fond d’elle, lui murmurait que ça ne ferait que renforcer sa détermination, tout en renforçant le contrôle qu’elle pouvait avoir sur son élève. Oui, c’était un fait qu’elle ne négligeait pas mais la rousse n’était pas certaine de vouloir pousser ce pion là aussi vite, aussi tôt. Oui, elle avait dit à Leia qu’il lui fallait oublier son amant pour se détacher de ce passé qui la retenait et qui risquait de revenir l’empêcher d’atteindre les objectifs qu’elle s’était fixée. En soi, la situation actuelle lui offrait une solution à ce problème tout en lui offrant la possibilité de nourrir et satisfaire ces émotions qui la poussait à garder ses mains autour de celles de Leia. Elle avait toujours cherché à obtenir ce qu’elle se sentait désireuse de posséder, et en cet instant, cette envie se heurtait à la raison. Plus Takara observait le visage de la jeune femme et les expressions qui s’y imprimaient et plus son murmure se faisait plus fort, et insistant.

Takara, étrangement, n’avait jamais ressenti ce genre de dilemme auparavant. Avec Parlan, les choses s’étaient faites toutes seules même si elle se demandait encore comment elle avait pu craquer pour un homme qu’elle avait traqué pendant des mois, qui avait voulu assassiner sa famille et qui avait par chance manqué de détruire toute sa civilisation par son arrogance. Ce n’était pas plus mal, d’ailleurs, qu’elle n’ait jamais compris pourquoi. Ce qui importait, c’était que la sensation aujourd’hui était bien différente, bien que le désir, lui, était aussi soudain. Tout cette situation n’était au final qu’improvisation. Elle n’était pas venue avec le but précis de séduire Leia. Elle n’en avait d’ailleurs pas ressenti l’envie avant ce moment de s’asseoir à table avec elle. C’était à se demander si, au final, ce n’était pas elle qui l’avait emmené sur ce terrain instable dans lequel elle se sentait perdre pieds, mais pour de bonnes raisons. Pourtant, ces pensées, elle ne devrait pas les avoir. Elle était plus forte et résiliente que cela. Parlan, au final, elle avait fini par le connaître même si elle avait toujours voulu le tuer. Leia, il y a quelques jours, elle ne la connaissait même pas.

La rousse avisa le léger mouvement que Leia fit dans sa direction, avant de se raviser une nouvelle fois. Elle aussi, semblait contrariée par des trains de pensées contraires et, au final, leur duo pourrait presque en devenir comique pour un quelconque regard extérieur, à condition pour cela qu’il y en ait eu un. Ce qui n’était pas le cas, la suivante étant encore trop occupée à faire le ménage derrière leur repas. Takara pouvait la sentir, dans les pièces d’à-côté. Leia et elle étaient seules, pour le moment. Il faudra d’ailleurs qu’elle aille s’occuper de la servante, pour s’assurer qu’elle n’ait aucun souvenir de ce qui avait pu se dire, ou se passer, dans ces appartements. Le sourire de Leia à son encontre chassa un peu plus loin cette pensée lucide, qui pouvait attendre, pour ramener la rousse dans le présent. Elle n’avait pas besoin de lire dans son esprit pour voir ce que la princesse désirait. Cela se voyait dans ses mouvements, ses tressaillements, ses impulsions et jusqu’à présent, Takara n’avait pas su comment elle devait y réagir. Elle l’écouta parler sans réagir, si ce n’est par un sourire plus tendre. Leia avait raison. Ces failles étaient la raison de sa présence ici, loin de sa famille, de son peuple, de Kesh. Elles avaient causé beaucoup de tort à tout le monde, mais elle avait aussi du bon, parfois. La rousse était loin de tout. Elle avait le droit, elle aussi, de profiter de quelques moments à elle.

Aussi, lorsque Leia rompit la distance entre elle, brisant ainsi la tension ambiante pour venir déposer un baiser tendre et doux sur sa joue rougie par la situation, la sith ne la repoussa pas. S’abandonnant au contraire à ce qu’elle ressentait en cet instant particulier, une de ses mains se délia de celle de la princesse pour venir la glisser délicatement dans son dos, l’autre venant refermer un peu plus son emprise sur la main de la princesse. Une forme de soulagement venait s’emparer d’elle, alors qu’elle avait fait son choix. Takara n’éloigna pas son visage de celui de Leia, gardant avec elle cette promiscuité entre leurs joues, dans un semblant d’embrassade apaisante et libératrice, et ce pour la garder auprès d’elle. Elle était sûre d'elle désormais, mais était-ce vraiment ce qui était recherché ? Au pire, c'était elle qui se ferait renvoyer...

« De rien… » souffla-t-elle en retour, dans un murmure, au moment de retirer légèrement son visage, pour pouvoir contempler d’un regard pétillant celui de la princesse. Pourquoi en dirait-elle plus, c’était suffisant, non ?

Ne constatant aucune rebuffade de la part de la princesse, Takara laissa enfin parler les émotions et autres ressentis qui grattaient à la porte de son esprit depuis de longues minutes déjà. Elle retira sa tête légèrement, pour contempler une énième fois, ce visage captivant, avant de se porter une nouvelle fois en avant dans un mouvement moins timide que celui de Leia, pour embrasser ses lèvres brièvement. Elle ferma les yeux avec un peu de retard, laissant les impressions de ce premier contact se répandre avant de revenir, pour un baiser agréablement plus long et passionné, qui ne faisait que dévoiler un peu plus ses intentions. Le pourquoi, en cet instant, n'avait plus de réel importance à ses yeux. Son cœur battait plus rapidement, et sa respiration s'était accélérée. Sa main dans le dos de la princesse l'attirait un peu plus contre elle, dans une étreinte que la sith, au fond, espérait voir perdurer un peu plus longtemps en cette soirée. Elle reprit calmement son souffle, chaud, à la courbure des lèvres de Leia, tandis qu'elle déliait son autre main pour venir la porter avec plus d'ambition contre la robe de chambre de la princesse. Elle se sentait bien, dans ses bras et n'avait, en cet instant, aucune envie de s'en délier. Elle devait l'admettre, dans un murmure.

« Vous rencontrer m'a fait du bien, à moi aussi… »

Ce ne fut qu’une seconde, qui parut lui durer une éternité, mais une seconde suffisamment oppressante, d’un seul coup, pour que Leia ait presque eu un malaise. Puis cette seconde passa, Takara ne la repoussa pas, restant sans bouger, sa joue contre la sienne, et la sensation de malaise disparu, au profit du soulagement. Ce n’est qu’après son murmure qu’elle s’écarta un peu, de quelques centimètres. Leia sourit, sans même y songer. Elle se sentait bien, maintenant… Apaisée. Son cœur avait enfin décidé d’arrêter de battre à tout rompre, si fort qu’il aurait bien pu lui en sortir de la poitrine, et mieux encore, une partie du stress s’était elle aussi envolée au loin, ôtant du même coup un poids immense de ses épaules. La part rationnelle de son cerveau continuait pourtant à lui crier, depuis un coin de son esprit, qu’elle ne devrait pas se laisser aller ainsi, que c’était dangereux, qu’elle ne maîtrisera plus rien du tout, vraiment, en poursuivant cette voie, et qu’elle se fera très vite avoir. Une petite voix que Leia se contenta d’étouffer, n’ayant vraiment aucune envie de l’entendre maintenant, et bien trop lassée de se freiner elle-même pour essayer, encore une fois, de se contrôler.

La raison, le contrôle, la réflexion, ça ne l’intéressait plus, en ce cet instant. Elle avait juste envie de suivre ses sens et se noyer dedans, en oubliant le reste de la galaxie, la guerre et ses problèmes, oublier aussi, même pour une simple soirée, les Siths, les Jedis, la Force et tout ce qui allait avec. Ce n’était pas une simple Sith de plus qu’elle avait face à elle, ce soir, et elle voulait prolonger ce moment, si c’était possible. Comme une réponse à cet appel silencieux, Takara se pencha légèrement, effleurant d’abord ses lèvres, puis, un instant plus tard, répondant d’un baiser plus profond et passionné. Leia glissa ses bras autour du dos, puis du cou de sa partenaire, sentant son cœur s’accélérer, contre le sien, tout comme son souffle. Les yeux fermés, elle y répondit avec autant de passion, se laissant aller dans cette nouvelle étreinte sans aucune honte, la gêne disparaissant à son tour. Qu’importe ce que d’autres pouvaient en penser, de toute façon. Elles étaient seules, sa servante n’allait plus rentrer ici sans invitation, et même si on les surprenait, la jeune femme estimait n’avoir de comptes à rendre à personne, sur sa vie privée. Elle était parfaitement libre d’embrasser qui elle désirait.

Plus que tout, oublier un temps la raison pour se laisser aller à la passion lui procurait un bien fou, un relâchement libérateur, qu’elle avait cru ne plus jamais ressentir, de toute son existence. Même dans les bras de Han, elle n’avait pas ressenti ça. C’était amusant, dans le fond, il avait fallu, pour cela, rencontrer une autre femme, tout droit surgie de failles étranges, dans une rencontre personnelle qui avait été imposée par l’Empereur, dans un tout autre but. Le tout après qu’elle-même ait dû se détourner des rebelles, officiellement du moins, et se détourner en tout cas pour de bon des Jedis et du Côté Lumineux de la Force, pour emprunter une voie lui correspondant bien mieux. N’en déplaise à certains, cette voie lui était préférable. Le désir s’était frayé son chemin, écartant au passage peurs, doutes et autres envie, puis s’était accentué dès lors qu’elle s’était vraiment retrouvée dans les bras de Takara. Cette dernière pouvait, sans nul doute, le ressentir. Leia ne tentait plus de le cacher, désormais, ni même de l’étouffer. Pourquoi vouloir restreindre ça, après tout ?

– Vous rencontrer m'a fait du bien, à moi aussi…

Pour le moment, c’était tout ce qu’elle avait besoin d’entendre. Envie d’entendre. Elle dégagea une de ses mains pour la poser contre la joue de la Sith, glissant le bout du pouce contre la courbure de ses lèvres, comme pour explorer son visage.

– Reste…

Demande qu’elle ponctua en se rehaussant légèrement pour l’embrasser à nouveau, les yeux fermés, l’attirant plus contre elle. A côté, le bruit avait cessé, dans les pièces voisines, visiblement, la servante avait dû quitter les lieux. Sans oser les déranger, un très bon point pour elle. Leia finit par inciter Takara à venir s’installer avec elle dans le canapé, plutôt que rester debout comme ça, pour être plus à l’aise. Elle continuait à l’embrasser, jusqu’à en perdre le souffle, à certains moments, et aurait pu faire ça encore des heures. Cependant, comme elle finit par avoir trop chaud, elle stoppa un instant pour laisser tomber la veste de nuit qui la recouvrait juste de là, pour la laisser tomber à côté et ne rester qu’en robe du soir. Une robe assez longue, mais fine, qui laissait les épaules très dégagées, comme ça se faisait sur Alderaan. Les nuits pouvaient être fraîches, à certaines saisons, mais pas assez pour se couvrir complètement. Ses cheveux s’étaient défaits, dans l’affaire, venant lui chatouiller les épaules et retomber librement dans son dos. Elle ne s’occupait pas de les attacher fermement que dans les moments de pure détente. Finalement, penchée tout contre Takara, elle sourit de plus belle, l’embrassant sur le bout du nez.

– Moins chaud que moi ou je rêve ? glissa-t-elle d’un ton plus taquin.

L’hésitation des premiers instants continuait de se dissiper, faisant place à l’affirmation d’une certitude qui ne souffrait plus que de quelques contestations de la part de son propre esprit. Les promesses désormais murmurées d’un peu plus près n’étaient qu’annonciateurs d’un changement, une préface menant à une poésie des corps et des sens. C’était quelque chose que l’on retrouvait dans la plupart des embrassades, en tout cas dans leur version où les deux partenaires se répondaient l’un à l’autre avec le désir de céder à la suavité de l’instant. D’abord incertaine, le premier contact entre eux avait rompu la vague d’émotions et d’interrogations par la séduisante impression de sérénité offerte par ce baiser, en cette folle fin de journée. Voilà pourquoi Takara n’avait pas mit de temps pour revenir coller ses lèvres contre celles de sa partenaire, pour prendre le contrôle de leur échange et se décider à briser la chasteté délicate des premiers instants pour mener un ballet plus sensuel, passant ainsi de la promesse à la réalisation, avant de laisser la princesse à son tour, pendant un bref instant, prendre les rennes de cette danse où se mêlaient désir et tendresse. Elle se contenta ainsi de savourer le contact des lèvres de sa partenaire, comme un explorateur respire doucement le parfum de la terre nouvelle qu’il vient de découvrir. Tout n’était pas parfait cependant, car il était nécessaire de s’éloigner, même très brièvement, pour s’exprimer, et Takara avait ainsi rompu leur symbiose pour exprimer la sensation de découverte délicieuse qu’elle ressentait en cet instant. La rousse, malgré tout, ne s’était pas encore entièrement laisser emporter par ce déluge de nouvelles sensations, ne sachant que trop bien que cette situation ne fût pas la plus raisonnable pour aborder la tâche qui lui avait été confié, et pouvait entrevoir, peut-être, son propre sabordage. Elle venait d’atteindre un point que l’on pouvait caractériser comme étant de non-retour, et la suite de cette soirée risquait bien, probablement, peut-être, de définir le chemin que leur duo emprunterait par la suite. Bien évidemment, il était presque trop tard, maintenant, pour s’en soucier, et Takara, bercée à la fois par ses propres sensations mais aussi par celles, désormais bien claires de sa partenaire, était bien décidée à réfléchir aux conséquences plus tard, lorsque ce bref instant d’éternité depuis son arrivée dans ce temps, se serait écoulé.

Profitant de cet instant de rupture pour reprendre son souffle et renifler le parfum de leur étreinte, Takara ne put empêcher un sourire joyeux de s’épanouir sur son visage tandis que la main tiède de la princesse se déposait sur sa joue chaude et rosée dans un mouvement tendre et singulier. C’était là le moment parfait pour que la sith fasse momentanément le vide dans son esprit pour reprendre contenance et rétablir son contrôle sur la situation, moment qu’elle laissa lui échapper au profit des nouvelles promesses murmurées par ce simple mot prononcé à voix basse, dans un souffle chaud, et sur le ton de la confidence. Rester, et ratifier tout ces engagements sous-entendus par leur étreinte, ou partir, et rétablir le statut quo qui aurait normalement perdurer. Elle n’en avait pas envie. Tout ce qu’elle désirait, en cet instant, c’était de profiter une fois de plus des lèvres de la princesse, qui qui s’étaient posées sur les siennes aussitôt les promesses suggérées, dans un baiser annonciateur de bien d’autres changements, mués par l’amour et le désir, l’envie de voyager vers de nouveaux horizons. Ce baiser dessinait une tout autre destination pour cette nuit, et peut-être plus encore. Pendant un bref instant la sith se contenta de savourer ce nouveau baiser plus percutant et ferma les yeux, un très léger sourire se dessinant à nouveau brièvement sur ses lèvres, ce que son amante n’aurait pas manquer de percevoir si elle n’avait pas elle aussi décider de savourer pleinement ce moment. Takara ne présentait plus ce qu’elle avait l’habitude de montrer au monde extérieur, mais bien son sentiment de bien-être et de confiance, car libre d’elle-même et ce dans toutes les fibres composants sa personne. Elle se laissa mener, entrainer contre le corps de son amante, pour se contenter de profiter de ce délicieux tourbillons qui malmenait ses sens, goûtant sans entrave aux lèvres de la princesse dans une danse à la sensualité exacerbée, pour s’échouer avec elle dans le canapé.

Là encore, leur échange se fit plus sensuel, plus prometteur, Takara gardant son amante contre elle tout en tentant de trouver une position relativement confortable malgré l’étroitesse soudaine du canapé et la chaleur de son corps, emprisonné du carcan qu’était sa combinaison et son haut d’armure pourtant fin mais déjà trop épais et qui portait encore, en certains endroits, les traces de certains moments de son passé. Elle pouvait aussi sentir, parfois, la courbure de la garde de son sabre-laser, qui bien qu’attaché à sa ceinture était venu se perdre dans le creux du dossier. La sith venait faire courir ses lèvres contre celle de la princesse mais pas seulement, se laissant à les laisser glisser vers sa tempe et son épaule avant de revenir à sa bouche avec une certaine hâte, jusqu’à ce que finalement, à bout de souffle, elle ne finisse par s’en séparer, à regret. Basculant légèrement la tête en arrière, respirant fortement pour tenter de retrouver son souffle, Takara laissa son regard mi-clos parcourir une fois de plus, sans la moindre gêne, le corps de Leia, désormais tout juste recouvert d’un fin mais soyeux tissu qui ne manquait pas de la mettre en valeur. Ça et sa chevelure, désormais déliée et libre comme l’air. La sith laissa son regard émeraude se fixer sur celui de Leia, un long instant, un sourire large et sincère dessiné sur son visage. Elle ne saurait dire si elle préfèrerait la regarder avec ses cheveux déliés, comme en cet instant, ou professionnellement attachés, comme ce fut le cas peu de temps avant. Chaque style offrait à la princesse un charme sincère et qui, en ce moment, n’avait pas d’équivalent à son regard. Takara était encore quelque peu affalée dans le canapé, ayant laissé à Leia le loisir de l’emmener vers ces nouveaux horizons. Les prémices de la première partie de ce voyage à deux venaient finalement s’éclore dans un dernier baiser, sur le bout de son nez, et une remarque taquine qui lui tira un rire léger. Sans un mot pour le moment, Takara se redressa légèrement et laissa remonter sa main encore gantée le long de son épaule et dans le haut de son dos, pour venir se coller à son amante, déjà pourtant penchée contre elle, et déposer quelques baisers brûlants dans le creux de son cou alors même que l’atmosphère se tamisait et que l’ambiance se faisait plus intimiste.

« Bien au contraire, j’étouffe. » lâcha-t-elle finalement dans un souffle et sur un ton tout aussi joueur, avant de se fendre d’une remarque tout aussi taquine. « Si j’avais su que la princesse accueillait ses nouvelles suivantes de la sorte… »

Elle éclata d’un nouveau rire, bref et léger, avant devenir déposer un énième baiser sur les lèvres de Leia, sa main libre quittant le creux de son dos pour revenir sur son flanc pour y défaire les attaches qui liaient les deux parties de sa couche protectrice. Puis sa dextre, perdue entre leurs corps et le canapé, s’occupant ensuite de l’autre côté. Elle ne se pressait pas, car après tout, elles avaient tout leur temps, toute la nuit, bien que la tentation de s’abandonner une fois encore rapidement à l’ivresse du moment était grande. Sa sénestre, elle, était ensuite venu épouser une des mains de la princesse, pour la guider le long de son abdomen, sa poitrine pour s’échouer sur une des jointures de son épaule, dans un mouvement clarifié du moindre sous-entendu lorsque Takara se redressa légèrement, pour permettre à Leia de venir retirer sa protection ventrale et dorsale faite d’une couche épaisse d’un avant mélange de cuir et d’un tissu dont les Keshiris, puis son peuple, avait remarqué la résistance très particulière. Son corps libéré de ce carcan offrait une toute nouvelle perspective, bien que toujours recouvert de la couche de tissus que constituait la combinaison que la sith avait jusqu’alors eu l’habitude de porter et qui, sans doute, finirait par devenir dans les semaines à venir une exception réservée aux uniques entrainements et exercices. Takara déposa finalement sa main avec tendresse sur la joue de Leia.

« Regarde-moi encore. Juste un instant. »

Takara se gorgea de son regard, et quand l’envie se fit trop forte, rapprocha son visage pour sceller une nouvelle fois leurs lèvres dans un baiser particulièrement ardent, guidée par ses envies, et celles de son amante. La sensibilité à la Force avait cette petite chose taquine qui rendait ces actes amoureux plus intimes pour peu que l’on laisse l’autre se connecter à soi par l’esprit, et par l’aura que l’on pouvait dégager. La sith, justement, de part la proximité de son esprit à celui de Leia, partageait un moment plus intime qu’un simple rapport avec une personne normale, comprenant les envies et les désirs de la princesse, qui avaient chassés tout ses doutes et toutes se interrogations pour ne laisser place qu’à cet instant, et au désir et plaisir qu’elle en retirait. Revenant à la réalité, Takara rompit sans hâte leur nouvel échange langoureux, pour venir porter son visage contre le sien, dans une nouvelle halte dans ce voyage vers cette destination nouvelle. Calmement, la sith avait commencé à ouvrir un peu les portes qui avaient retenu, jusqu’alors, ses ressentis, ses sensations concernant cet instant si particulier, intime, envers l’autre, pour les laisser s’engager, telle une marée contrôlée, le long des saillants qu’elle avait déployé jusque-là pour observer la Princesse.

« Est-ce que tu les ressent, Leia ? » dit-elle dans un nouveau murmure, rien que pour elles, tandis que son pouce se perdait, doucement, sur les traits de son visage.

Elle pouvait l’aider à se déshabiller un peu, si vraiment elle avait trop de mal ? Un petit coup de main ne lui semblerait pas si inutile ! C’était ça d’avoir trop de couches sur soi, ma belle, on se retrouvait gênée très vite. Takara glissa tout à coup la main contre son épaule puis le dos, pour la ramener plus contre elle. Leia tomba presque, pour se retrouver à moins de trois centimètres de son visage, et son sourire s’agrandit un peu plus. Ses cheveux noirs devaient chatouiller légèrement le visage de la Sith, non ? Elle étouffait, vraiment ? Leia voudrait bien en avoir une preuve ou deux de plus… Qu’elle en profite, d’ailleurs, elle était la première « suivante » que Leia accueillait comme cela, et la dernière, à la rouquine de se laisser porter par ce moment, autant qu’elle. En attendant, Leia la trouvait toujours un peu trop couverte à son goût, elle était encore dans son rôle de soldat, pas dans celui d’une femme prête à se détendre et s’amuser un peu. Pour sa part, Leia était finalement bien contente de ne pas avoir pris, plus tôt, la peine d’aller bien se rhabiller et de prendre un plus grand soin de son apparence.

Comme suivant le fil de ses pensées, Takara commença doucement à défaire les attaches de son armure, libérant un peu de pression. Puis Leia l’accompagna dans le mouvement, histoire de l’aider un peu à se défaire de cette partie bien encombrante, durant un tel moment. Porter une armure, aussi, quelle idée, lorsqu’on venait à ce type de rencontre. Ce devait être bien lourd, tout ça ! Coincée été enchevêtrée dans un amas de cuir et de tissus, tout le temps, et ne pas pouvoir respirer aussi librement qu’on le voudrait. Sans ça, elle donnait une nouvelle impression, que Leia aimait découvrir, en cet instant. La femme derrière la Sith, si on pouvait dire ça. Elle la voyait plus… humaine. Plus ordinaire. Plus naturelle. C’était agréable et ça l’aidait à se rassurer, à oublier un moment qu’il n’y avait pas que les combats, la guerre et la Force, dans leur existence, qu’il y avait aussi des personnes, simplement. Elle posa sa main contre celle que Takara venait de poser contre sa joue, à califourchon sur elle. Peu à l’aise, sur un espace aussi étroit qu’un canapé.

Elle voulut un contact visuel plus appuyé mais le désir de l’embrasser revint finalement supplanter celui-là. Leia posa ses mains contre le visage de la rouquine durant le baiser, les yeux fermés, mordillant très légèrement sur ses lèvres à la fin pour mieux ne sentir le goût. C’était la première fois qu’elle se laissait aller dans les bras d’une femme, peut-être même la première qu’elle se laissait complètement aller tout court, et découvrait quasiment tout. Le toucher, le goût, la chaleur sous les doigts lorsqu’on caressait la peau d’une autre personne, et bien d’autres sensations, dans tout le corps cette fois, qu’elle n’avait encore qu’à peine expérimenté. Même visage contre visage, elle avait le sentiment de n’avoir encore rien ressenti, rien découvert. Elle gardait encore les yeux fermés, pour l’instant, alors que Takara glissait son pouce contre son visage. Il y a quelque chose qui avait changé… Leia resta un instant silencieuse, puis, presque par réflexe, s’ouvrit doucement à la Force pour comprendre. Puis elle sourit à nouveau, sans plus bouger.

– Est-ce que tu les ressens, Leia ?

– Absolument tout.

Mieux encore, elle pouvait sentir son envie de rester, répondant à sa propre envie de ne pas être abandonnée. Leia rouvrit enfin les yeux, puis tira Takara vers elle, pour qu’elle soit aussi assise, puis lui murmura à l’oreille de venir avec elle, pour aller dans un endroit un peu plus confortable que le canapé. Elle se leva en douceur, se sentant encore un peu, hum… Quand même un peu avec les effets de l’alcool, une fois qu’elle devait marcher, même si elle avait pu retrouver ses esprits. En passant la porte de la chambre, elle prit une seconde pour refermer derrière elles mais n’alluma pas la lumière, ça ne servait à rien. Elle l’entraîna ensuite vers le lit, se laissant tomber dessus avec elle. La lueur nocturne éclairait à peine la pièce, parfait pour une ambiance plus secrète et intime. Quoi que, secrète, qui se souciait de ce qu’elles pourraient faire, de toute façon ? Leia n’avait de comptes à rendre à personne. Elle commença à glisser les mains sur les couches de tissu que portait encore la rouquine, souriant dans le noir. Elle aurait même dû avoir trop chaud bien plus tôt.

– Garde les yeux fermés.

Elle glissa d’abord les doigts contre le col, pour l’ouvrir un peu, à genoux contre Takara, sur le lit. Ne pas bouger, merci. Elle défit le plus lentement possible la première couche de vêtements, une sorte de cuir un peu élastique, puis la laissa tomber au sol, derrière elle. Elle s’en prit ensuite à la seconde couche, tout en s’amusant à explorer un peu, avec les doigts, ce qu’elle avait à portée de main. Voilà pourquoi il était parfois plus simple de se promener en robe, mademoiselle… Elle ne s’occupait que du haut, s’arrêtant un moment quand les épaules furent assez dénudées pour pouvoir y nicher un instant le nez, les yeux fermés, et se blottir un peu contre elle. Juste quelques minutes. Besoin de réconfort, besoin de se sentir proche de quelqu’un, besoin de savoir qu’elle ne sera pas brutalement repoussée. Puis elle ôta finalement la dernière couche de vêtement protectrice, sans toucher au sous-vêtement dessous. Pas encore.

– Les suivantes d’Alderaan ne se couvrent pas autant, c’est certain, rigola-t-elle doucement à l’oreille de la rousse.

Elle commençait à jouer les bretelles du soutien-gorge, attendant les réactions de sa compagne.

Sentir l’esprit de Leia s’ouvrir lentement à la Force telle une fleur naissante lui arracha un léger sourire. D’abord parce que tout comme elle, elle pouvait désormais saisir et renifler ce que ressentait l’autre, dans un échange bilatéral de sentiments, d’envies et d’impulsions qui les avaient menés tout au long de leur échange au-delà de leur échange jusque dans le canapé où elles se serraient toutes les deux, où Leia l’avait aidé, il y a tout juste un instant, à retirer ces pièces de cuir rouge renforcés dans la Force par la volonté de leur forgeron d’antan. Ensuite, parce que Leia faisait, en cet instant bien précis, ce qu’elle lui avait expliqué plutôt être incapable de faire : de s’ouvrir à la Force, d’accepter de ressentir ce qu’elle était prête à lui offrir, et ce qu’elle, était prête à se saisir. Evidemment, Takara ne lui donnait pas un accès total à son esprit, à ses ressentis. Le bouclier mental qu’elle avait apprit à déployer, maintenir et renforcer depuis sa tendre enfance était toujours là, dressé autour ses souvenirs, ses expériences, ses envies souhaits et désirs qui n’avaient aucune place en cet instant intime et savoureux. Leia pourrait éventuellement sentir cet aspect de son esprit qu’elle lui avait demandé de bâtir, en exemple d’une promesse que la sith s’était engager à tenir. L’entendre confirmer qu’elle ressentait tout, qu’elle pouvait sentir et se saisir de sa volonté de rester, d’accepter sans regret ce qui se passait, lui tira un nouveau sourire et un soupir de contentement. Leurs visages collés l’un contre l’autre, son doigt glissa encore une dernière fois le long des courbes douces du visage de la princesse et la sith renifla une dernière fois son parfum. Elle n’avait pas pour habitude de se laisser aller de la sorte, et encore moins de laisser quelqu’un pendre les devants. Avec Parlan cet instant ressemblait à un nouveau combat amical où leur amour de la confrontation ressortait dans un cocktail enivrant et familier car tout deux aimaient l’affrontement, le contact et cela ressortait avec éclat de leur comportement respectif. C’était aussi problématique, parfois, alors qu’en cet instant, avec Leia à califourchon et contre elle, Takara ne ressentait pas ce besoin de s’opposer à elle. Ses mains douces et sa voix légère étaient tant de raison de ne pas lutter et d’accepter pleinement de découvrir où leur étreinte pourraient la mener. Parlan, de toute façon, avait toujours été un abruti. Leia… Leia était en tout point bien différente.

Elle hocha doucement la tête, son regard se noyant une fois de plus dans celui de la princesse, laissant cette dernière la libérer du carcan agréable de son corps, avant de suivre son mouvement et se lever à son tour. Takara marqua un léger temps d’arrêt, le temps de dégrafer sa ceinture de cuir qui tomba avec son sabre sur le tissu agréable du sofa. Les promesses soulevées et entretenues par les deux femmes ne laissaient nullement présager son usage, et la sith se sentait bien plus en sécurité à l’idée de laisser son arme ici plutôt que de l’amener avec elle dans leur folie amoureuse. Il était inutile de dire quoi que ce soit. L’intention de Leia était suffisamment claire et Takara n’avait offert aucune résistance. La sith resta immobile dans la pénombre de la chambre de la princesse, suspendue dans un dernier instant de doute, peut-être de lucidité, qui fut subrepticement balayé par la main légère de Leia de nouveau liée dans la sienne, pour la guider sur les draps de son lit, éclairé par les lueurs des nuits du Centre Impérial, illuminées par les phares des longues files de véhicules qui zébrait le ciel. La sith glissa sur le lit, pour s’éloigner un peu du rebord et entrainer Leia avec elle, son regard ne quittant pas la courbure de son corps mise en valeur par le jeu des lumières. Passive lors des premiers instants, portée par l’élan des mains de la princesse, elle ne dit rien, se contentant de faire ce qu’elle lui demandait, tout comme Leia l’avait fait, il y a quelques instants. C’était l’occasion de se plonger dans le reste de sens, la sachant déjà à genoux à ses côtés, contre elle, lascive sur le lit. Immobile, focalisée sur le toucher des mains douces de son amante. Peu de gens l’avaient déjà vu dénudées et aucun n’était encore vivant, dans ce monde, pour en parler. Leia était d’ailleurs la première femme, ce qui relevait un peu l’anxiété que Takara éprouvait en cet instant, l’appréhension de ne pas bien faire, de ne pas s’y prendre correctement. Des ressentis qu’elle cherchait à cacher, à ne pas montrer pour ne pas inquiéter, ou les propager à celle dont les mains étaient occupés à retirer ses couches de vêtements l’une après l’autre, en commençant par celle, la plus épaisse et sensée lui offrir une dernière ligne de protection contre les agressions extérieures et qui, en cet instant précise, était tout sauf utile. L’attente se transforma lentement en torture, celle de vouloir répondre, de vouloir agir mais de devoir résister à cette pulsion pour lui offrir ce moment alors que les tissus de son haut disparaissaient lentement. Le tactile de ses doigts fins était électrisant. Plus les couches disparaissaient et plus elle avait chaud, plus l’envie d’aller plus loin encore se faisait pressante, si bien que lorsque Leia s’arrêta une seconde pour se blottir contre elle, Takara ne résista pas à la tentation d’enrouler ses bras autour d’elle. Contre ce futile rempart de tissu qu’était sa robe de chambre. La rousse rouvrit doucement les yeux et se mordilla la lèvre inférieure, une de ses mains glissant lentement le long du dos de la princesse pour remonter jusqu’à la fermeture qui la verrouillait sur ses épaules. Elle aussi, devait avoir trop chaud. Elle aussi, n’avait nullement besoin de cette chose désormais encombrante. Takara pouffa légèrement d’un rire chaud à sa remarque et agita tendrement la tête contre celle de la princesse.

« Mh… son altesse l’aurait-elle déjà vérifier, pour en être aussi certaine ? » lui répondit-elle dans un souffle chaud tout en laissant son doigt jouer avec la fermeture de sa robe.

Attrapant finalement celle-ci entre ses doigts, elle entreprit à son tour de la libérer de cette couche superflue, ses doigts effleurant son dos et ses épaules pour lui en retirer au moins le haut. Son regard brillant de désir se riva sur celui, joueur, de Leia et ses mains se délièrent de son dos pour la libérer de son étreinte. Takara avait encore plus chaud. Elle étouffait, littéralement, et une de ses mains s’apposa fermement sur la poitrine de la princesse pour non pas l’attirer mais la pousser en arrière, la forcer gentiment à la renverse. La rouquine quitta sa posture passive pour venir se positionner à califourchon sur elle, avec un sourire aux lèvres. Ses intentions étaient suffisamment claires mais Takara fit perturber le suspens un court instant, le temps pour elle de ramener ses mains dans sa chevelure pour en défaire le chignon qui avait plutôt bien tenu jusque là et laisser couler ses cheveux roux dans le creux de son cou, jusque dans son dos. Seulement, alors, se fia-t-elle pleinement à ses instincts, se penchant an avant, à quatre pattes, presque allongée corps contre corps, pour venir déposer ses lèvres en une coulée de baisers dans le cou de Leia, dans le but final de parvenir jusqu’à son oreille.

« Je crains qu’il ne fasse connaître absolument tous les détails, votre Altesse. » lui souffla-t-elle dans un rire léger, avant de ramener son visage au-dessus du sien, dans l’attente d’une réponse qui ne briserait certainement pas l’envoûtement qu’elles s’étaient lancée mutuellement.

L’instant d’après Takara scella leurs lèvres une nouvelle fois dans un baiser particulièrement ardent, l’attirant ainsi à elle, contre elle, dans une position assise de sorte que ses doigts puissent parcourir son corps de façon plus appuyées, plus aventureuses. Chaque contact se voulant électrisant. Sa bouche se fit plus taquine. Elle voulait que Leia le ressente autant qu'elle, qu'elle participe autant qu'elle. L'alderaanienne était libre de prendre les initiatives qu'elle voudrait. En cet instant, ils n'y avaient qu'elles, toutes les deux, réunies dans un moment commun et intime. Nul doute que, bientôt, les dernières couches de tissus voleraient distraitement aux quatre coins de la pièce pour laisser place à un ballet unique et irrésistible. Oh il y aurait sans doute des erreurs, des approximations et des rires légers mais rien de tout cela ne pourrait, dans la finalité, retirer le plaisir de cet instant partagé.