Un humain à Csaplar

Le calme était revenu. Plus ou moins. En tout cas, ça l’était, dans la société. Chez lui, nettement moins. Il était une ou deux heures du matin, environ, et Formbi était occupé à tenir les cheveux de Namia pendant qu’elle rendait tout son repas dans les toilettes, puis était brusquement secouée de nausées. C’était comme ça presque toutes les nuits, souvent le matin également, elle avait beaucoup de nausées et une fatigue inhabituelle lui pesait énormément. Accroupi auprès d’elle, il lui massa un peu les épaules de sa main libre, en lui murmurant qu’il était là, que ça ira… désormais, il commençait à voir son ventre se dévoiler plus visiblement, sous la fine chemise de nuit. La petite fille qui poussait là-dedans donnait beaucoup de nausées à sa maman. Ils restèrent comme ça, penchés sur les toilettes, encore une bonne demi-heure, avant que Namia ne se sente un peu mieux. Elle en tremblait, assise par terre, le souffle court.

– Je n’en peux plus, renifla-t-elle avec un peu de peine.

– Ce n’est qu’un mauvais moment à passer, ne t’inquiète pas, je suis avec toi.

Il se pencha contre elle pour lui passer de l’eau sur le visage et lui essuyer la bouche, avant de l’embrasser sur le front. La crise était passée, ils allaient se recoucher… Il l’emmena doucement s’allonger sur le lit, puis la recouvrit des draps, ajoutant une couverture comme elle avait froid. Ensuite, il la serra contre lui, en la berçant un peu, le temps qu’elle se rendorme. Les débuts de la grossesse s’étaient bien passées, mais bon, Namia était maintenant beaucoup plus fatiguée et avait du mal avec les nausées. Il l’accompagnait autant que possible, mais ne pas pouvoir la soulager plus que ça l’agaçait. Il était là, à côté d’elle, et ne pouvait même pas faire quoi que ce soit d’autre, c’était rageant ! Que pouvait-il faire d’autre ? Il y pensa encore un moment, puis finit par s’endormir à son tour, sans lâcher sa compagne…

Au matin, contrairement à ce qu’il avait cru, sa femme se sentait à peu près bien et put même prendre un bon petit-déjeuner. Ils déjeunèrent ensemble, en bavardant de tout et de rien, dans la cuisine de la maison, sans se presser. Un matin tout à fait paisible, sans aucune catastrophe à l’horizon ou nouveau problème à gérer, si on omettait les quelques… comment dire… changements récents. L’affaire du mariage avait bien sûr créé des remous, mais Formbi évitait d’y penser lorsqu’il était en tête à tête avec sa compagne. Il parla plutôt de l’un de leurs sujets favoris du moment, la chambre du bébé qu’ils avaient déjà commencé à préparer, non loin de la leur, et la décoration à y apporter. Un nouveau terrain de jeu, très agréable celui-là, qui avait le don d’effacer, littéralement, tous les soucis de la tête.

Après le repas, Formbi termina de se préparer, puis quitta la maison, non sans avoir longuement embrassé Namia. Pour le moment, ils restaient dans leur résidence de Csilla, plutôt que retourner sur Svarchi, car l’Aristocra devait souvent retrouver ses confrères au Parlement, ces derniers temps. Ça se tassait un peu, depuis quelques jours, beaucoup étaient encore en pleine réflexion. Veeren aussi avait levé le pied, car elle s’occupait de sa fille et pouponnait. Le fait qu’elle allaite contribuait beaucoup aussi à la garder au calme, à la très grande joie des membres de son clan qui en criaient presque au miracle. En arrivant à la bibliothèque, et avançant dans les rayons, Formbi croisa tout à coup une jeune tête visiblement perdue. Le petit Humain venu après le mariage, qui avait aussi participé au sauvetage dans le vaisseau, l’ami de son beau-frère officieux et indésirable.

– Bonjour, dit-il en Sy Bisti. Vous vous êtes perdu ? Que cherchez-vous ?

Eli avait déjà l’habitude de s’habituer rapidement à l’inconnu, pourtant cette fois-ci, le défi était plus ardu. Tout redécouvrir, apprendre une nouvelle langue, s’installer, faire son travail, ils n’avaient pas le temps de s’ennuyer. Pour le moment, son souci principal, comme Tayla, c’était d’apprendre la langue et les coutumes de ce peuple, en s’efforçant de ne pas commettre d’erreurs. Meveawn avait été charger de leur donner des cours intensifs, dans un premier temps, sur la langue, et c’était difficile. Le jeune homme ne savait pas très bien combien de temps prenait ce type d’apprentissage, il avait des facilités avec l’étude des langues, pourtant, mais celle-ci, surtout à cause de la prononciation, n’était pas si simple. Il avait beau faire des efforts, impossible de prononcer certains mots sans les écorcher, de la même façon que les noms complets de leurs interlocuteurs. C’était pour ça aussi, maintenant qu’il y repensait, que Thrawn n’avait pas voulu qu’on utilise son nom complet, tout au début…

Heureusement, le Cheuhn avait des résonances familières, avec d’autres langues de l’Espace Sauvage ou des Régions Inconnues, ça aidait. Revoir Meveawn avait été sympathique, aussi, il l’avait croisé pour la dernière fois juste avant d’atterrir sur Lysatra, le jour où il avait croisé la route de Plagueis. Il avait repris son rôle de guide, de conseiller, et maintenant de professeur, toujours avec un caractère plutôt enjoué et une maladresse qui frisait parfois la pathologie. C’était lui qui lui avait indiqué où trouver, en plus, des ouvrages simples pour la langue, initialement destinés aux jeunes enfants, à la bibliothèque. Seulement voilà, au bout de quelques rayonnages, sans pouvoir encore lire les indications sur les étiquettes, Eli s’était perdu. Il tentait de dénicher ce qu’il cherchait un peu au hasard, tout en essayant de ne pas se faire remarquer, un peu mal à l’aise.

Sous les ordres de Thrawn, il s’était habitué au regard, comme si on vous passait aux rayons X, mais ici, le malaise avait tendance à revenir, il se sentait cerné et assez mal à l’aise. Levant la main, il prit un autre ouvrage au hasard, le feuilleta un peu, puis le reposa. Il faudrait qu’il puisse demander à quelqu’un, mais ceux avec qui il avait déjà essayé ne parlaient pas le Sy Bisti et ce n’étaient pas avec les quelques mots et phrases simples appris jusque là qu’il pouvait demander dans leur langue. Une ombre passa tout à coup et il redressa la tête, pour croiser le regard de l’Aristocra des Chaf. Ce type lui avait toujours paru extrêmement grand, ou bien c’était lui qui était tout petit.

– Bonjour, dit-il en Sy Bisti. Vous vous êtes perdu ? Que cherchez-vous ?

– Bonjour. Et, oui, un peu.

Il lui expliqua qu’il cherchait les petits livres de cours et d’exercices, pour la langue, qu’on donnait habituellement aux enfants, ce que lui avait décrit leur guide. Mais il ne voulait pas non plus l’embêter avec ça, même s’il lui donnait simplement la direction où aller les chercher, ça lui suffira. Eli ne savait pas vraiment sur quel pied danser, avec ce type, en réalité… Il lui semblait un peu lunatique, du peu qu’il avait déjà eu l’occasion d’observer, chez lui. Sans vouloir être vexant, hein, c’était simplement un ressenti.

– Vous sauriez me dire combien de temps il faut compter, environ, pour apprendre votre langue ?

Apprendre la langue, c’est vrai que les deux nouveaux venus devaient en passer par là s’ils voulaient vite s’intégrer. Ce qu’il cherchait, ça devait se trouver dans ce qu’ils appelaient les rayons scolaires, avec tous les ouvrages et les documents réservés aux écoliers puis aux étudiants… Formbi mit un petit instant avant de se repérer, glissant le regard dans l’allée sur les étiquettes des différents rayons. Il n’était plus jamais allé dans cette section depuis qu’il avait lui-même quitté l’école, ça remontait à loin ! Au bout de deux ou trois minutes, il finit néanmoins par repérer le bon endroit et fit signe à l’humain de le suivre, sans se soucier des quelques regards étonnés, quoi que discret, sur leur passage. Sa réputation avait déjà pris pas mal de coups, ces derniers mois, donc un peu plus ou un peu moins… Il n’était plus à ça près.

Les livres scolaires avaient été rangés juste à côté de la section pour tout ce qui concernait la puériculture, la maternité, la grossesse et les deux premières années de vie d’un bébé. Le tout incita Formbi à se dire qu’il devrait y plonger un regard plus attentif que cela… Bien qu’au courant, déjà, de pas mal de choses sur la grossesse et sur la façon de s’occuper d’un bébé, des piqûres de rappel et un peu de théorie, avant la naissance, ne lui feraient pas de mal. Il y songea tout en tirant des rayons quelques livres pouvant intéresser l’humain, quant au reste, ce sera dans cette partie de toute façon. La bibliothèque restait un des endroits parfaits, dans cette ville, pour travailler. Lorsqu’il n’était pas à son bureau ou chez lui, pour se plonger dans ses dossiers, il aimait venir ici.

– Vous sauriez me dire combien de temps il faut compter, environ, pour apprendre votre langue ?

– Oh, tout dépend des personnes… Si vous êtes naturellement doué pour ça, ça ne devrait pas être si compliqué. La prononciation restera impossible, dans certains cas, mais au moins, vous pourrez comprendre et répondre. D’autres Humains ont réussi à apprendre, après tout.

Et il ne voulait pas évoquer le souvenir de ces humains en question car ça lui remontait un peu trop en mémoire des souvenirs particulièrement désagréables, qui le rendaient encore très amer aujourd’hui. Il fourra donc le petit manuel qu’il tenait entre les mains dans celles de Vanto, bataillant contre lui-même pour ne pas laisser échapper une autre remarque plus acide. Il avait promis, autant à Namia qu’à Ewime, de faire des efforts, au quotidien, de se détendre, de ne pas renvoyer valser les autres à la moindre occasion. Donc… Voilà… Il n’essaya pas de sourire, par contre, sentant bien que ça risquait de plus effrayer le petit humain que le rassurer. Être aimable, comme sa femme lui avait dit… Comment devait-il s’y prendre ?

– Avec ça, ce sera une bonne base, en plus des cours que doit vous donner votre guide. S’acclimater dans un nouvel endroit demande toujours du temps, quoi qu’il en soit. Comment vous êtes-vous retrouvé ici, d’ailleurs ? Ne le prenez pas mal, mais je trouve déjà étrange que vous ayez pu faire parti de l’armée impériale. Vous n’avez clairement pas le bon caractère.

L’Aristocra ignorait comment l’Empire recrutait les membres de son armée mais avait toujours trouvé très étrange qu’il ne choisisse pas plus soigneusement ses hommes, au moins pour être certain qu’ils seront efficaces dans leurs postes et qu’ils avaient les nerfs pour le supporter. Cet humain, pour lui, était visiblement une erreur de casting.

– Oh, tout dépend des personnes… Si vous êtes naturellement doué pour ça, ça ne devrait pas être si compliqué. La prononciation restera impossible, dans certains cas, mais au moins, vous pourrez comprendre et répondre. D’autres Humains ont réussi à apprendre, après tout.

– Je n’ai jamais eu réellement de difficultés avec les langues. Pour ce qui est de la prononciation, ça, je l’ai compris il y a un bon moment.

L’Aristocra lui donna brusquement le manuel dans les bras, ensuite, avec un air un peu bizarre d’un seul coup. Il n’essayait tout de même pas de sourire, pas vrai ? Eli ne comptait évidemment pas le lui dire, pour ne pas être vexant, mais il l’avait déjà vu faire au mariage et il trouvait ça plutôt angoissant. Comme si un carnivore avec trop de dents essayait tout à coup de prendre un air aimable, alors que la seule chose qu’il pouvait faire, c’était de vous fixer comme si vous étiez un délicieux morceau de viande qu’il avait très envie de croquer. Il exagérait peut-être un peu, mais bon, le Chiss ne réalisait pas du tout les têtes qu’il devait faire, parfois. Ou bien c’était lui qui n’avait pas l’habitude.

– Avec ça, ce sera une bonne base, en plus des cours que doit vous donner votre guide. S’acclimater dans un nouvel endroit demande toujours du temps, quoi qu’il en soit. Comment vous êtes-vous retrouvé ici, d’ailleurs ? Ne le prenez pas mal, mais je trouve déjà étrange que vous ayez pu faire parti de l’armée impériale. Vous n’avez clairement pas le bon caractère.

Heu… C’était une simple question ou un reproche ? Il n’était clairement pas le premier à se demander ça, à l’avis d’Eli, mais il était par contre le premier à lui poser aussi directement la question. Il haussa un peu les épaules, commençant par dire qu’il n’y avait pas que des soldats hyper entraînés, dans les armés, de toute façon, il fallait un peu de tout pour former un équilibre. Sans oublier que la première académie impériale où il s’était retrouvé n’était pas si féroce que ça, pendant la sélection, ou en tout cas, moins que d’autres. Les élèves là-bas n’étaient en aucun cas destinés à faire partie de l’élite, ni même simplement à faire de bons officiers, on y formait principalement des unités de soutien. Le tout, en plus, dans des régions galactiques qui n’intéressaient pas Coruscant.

– A la base, je me formais simplement pour être commissaire de bord, rien de plus. Puis j’ai croisé la route de Thrawn et c’est un peu partie en vrille. Je suis devenu son assistant au lieu de suivre la voie que je visais, puis finalement, j’ai fait toute ma carrière impériale comme ça. Alors, non, je n’ai peut-être pas le bon caractère, mais ça reste… différent. Et puis, si j’étais juste devenu commissaire, mon caractère n’aurait posé de problèmes à personne. Ou bien dans un service d’analyses.

Il aurait eu aussi une vie très différente et certainement pas les mêmes doutes, à la fin. Ou bien plus tard, selon les circonstances. Quoi qu’il arrive, de toute façon, la destruction de Manaan ou de n’importe quelle autre planète aurait suffit à le faire déserter, tant l’horreur était grande. Même s’il n’avait jamais croisé la route de Plagueis.

– Pour ici, plus spécifiquement, Thrawn voulait sans doute juste m’éloigner des renseignements impériaux. Maintenant, de toute façon, beaucoup ont quitté les rangs de l’Empire.

Formbi s’appuya légèrement contre le bord d’un meuble d’appoint, dans le rayon, en l’écoutant parler. C’est vrai, il fallait bien de tout pour une armée assez équilibrée, mais même dans ce cas de figure, des personnes comme ce petit humain étaient… bien rares. Pour ne pas dire inexistantes. Il ne dit cependant rien, sur le moment, se contentant de faiblement hocher la tête à cette première affirmation. Il faisait distraitement tourner son livre entre les mains, le regard dardé sur son interlocuteur, le jaugeant, l’observant, dans sa façon de parler, le ton de la voix, sa posture, les petits gestes conscients ou non, tout ce qui contribuait à définir qui était une personne, et ensuite, comment se comporter avec elle. Il ne lui vint pas à l’idée que ce regard pourrait être dérangeant, pour le jeune homme, tant il avait l’habitude.

– A la base, je me formais simplement pour être commissaire de bord, rien de plus. Puis j’ai croisé la route de Thrawn et c’est un peu partie en vrille. Je suis devenu son assistant au lieu de suivre la voie que je visais, puis finalement, j’ai fait toute ma carrière impériale comme ça. Alors, non, je n’ai peut-être pas le bon caractère, mais ça reste… différent. Et puis, si j’étais juste devenu commissaire, mon caractère n’aurait posé de problèmes à personne. Ou bien dans un service d’analyses.

– Je vois…

Simple commissaire de bord ? S’il était pourtant parvenu à ce grade, c’est qu’il pouvait faire mieux, non ? Même dans un service d’analyses, il fallait des personnes compétentes, à l’aise avec le traitement de données de masse, les chiffres et tout ce qui s’ensuit, en plus d’avoir la tête assez bien faite pour traiter le tout comme il le faut. Au moins, ça expliquait pourquoi Thrawn, même avant la pandémie, avait poussé ce petit humain avec Veeren, il lui était tombé dessus il y a bien des années. Pauvre garçon ! Formbi compatissait, sincèrement, mais dans le même temps, il avait tout de même un peu envie de rire. Cette affaire ne l’étonnait pas et il aurait même bien aimé connaître un peu plus de détails. Las, il sentait que le petit n’était pas prêt à partager les détails de l’histoire. Un peu dommage.

– Pour ici, plus spécifiquement, Thrawn voulait sans doute juste m’éloigner des renseignements impériaux. Maintenant, de toute façon, beaucoup ont quitté les rangs de l’Empire.

– Étant donné tout le bien que j’ai pu entendre de cet Empire, ça ne m’étonne pas. De toute manière, ce n’est pas un mal. Même pour Thrawn. Ça me gênait profondément que le compagnon de ma petite sœur soit, littéralement, dans le camp ennemi de celui de Feesa… Ma sœur non plus n’apprécie pas l’Empire. Enfin, vous devez le savoir, vous l’avez déjà rencontrée, n’est-ce pas ? Sur Nirauan.

Ewime lui en avait touché quelques mots, ce devait être avant le mariage, si sa mémoire était bonne, non ? Il lui semblait qu’il s’était écoulé une éternité, depuis lors, alors que finalement, il ne s’était pas passé tant de temps que cela. Un mois et demi, environ, ou peut-être un petit moins. Il avait légèrement perdu le compte des jours, ces dernières semaines, trop occupé pour s’en soucier et la tête prise par de nombreuses interrogations. Ses inquiétudes pour Ewime et Feesa, la grossesse de sa propre épouse, qui même si elle se déroulait sans accro, l’inquiétait car n’importe quoi pouvait arriver. Sans oublier qu’il s’agissait de son premier enfant, il avait beau savoir s’occuper d’un bébé, lorsqu’il s’agissait du vôtre, la situation était très différente.

– Enfin soit. Comment vous intégrez-vous, pour le moment ? Sincèrement ?

– Étant donné tout le bien que j’ai pu entendre de cet Empire, ça ne m’étonne pas. De toute manière, ce n’est pas un mal. Même pour Thrawn. Ça me gênait profondément que le compagnon de ma petite sœur soit, littéralement, dans le camp ennemi de celui de Feesa… Ma sœur non plus n’apprécie pas l’Empire. Enfin, vous devez le savoir, vous l’avez déjà rencontrée, n’est-ce pas ? Sur Nirauan.

– Oui, un peu.

Ils avaient parlé quelques fois, disons, et il l’avait vu à plusieurs reprises sur la base. Mais ils n’avaient pas parlé de l’Empire, Eli avait évité le sujet, surtout alors qu’il était encore en pleine période de gros doutes et de certaines questions. Aujourd’hui, bon, ça n’avait plus une si grande importance… Beaucoup avaient déserté, ou le feront bientôt, l’empire allait très largement avoir de quoi s’occuper, seulement, avec ça. Eli avait juste vu qu’il avait eu une prime sur la tête, sur un des avis de recherche, mais ne s’y était pas vraiment attardé. Ça l’aurait stressé, il y a encore quelques mois, aujourd’hui, ça ne lui faisait plus ni chaud ni froid. Que restait-il à sauver, de toute façon, du gouvernement de Palpatine ? Il allait s’effondrer sur lui-même et point. Même si ça prenait du temps. Au moins, les rebelles pourront accélérer le mouvement, puis la chute, il comptait sur eux pour ça, dorénavant. S’il pouvait les aider, il le fera sans aucune hésitation.

– Enfin soit. Comment vous intégrez-vous, pour le moment ? Sincèrement ?

Sincèrement… Hum… Le jeune homme eut un léger temps d’hésitation, tapotant doucement le bout des doigts contre le livre. Il avait bien quelques réponses en tête, là, de suite, mais ne se voyait pas vraiment les donner à un Aristocra… Outre le fait que ce ne serait pas très diplomate, ça ne venait en plus que de ressentis, et sur une courte période, donc ça ne pouvait pas refléter la réalité. Pas exactement, en tout cas. Il ne pouvait pas non plus lui dire de but en blanc que son peuple était parfaitement raciste et xénophobe, renfermé sur lui-même à un point presque maladif, hautain pour certains, en tout cas ceux qu’il avait croisé dans la rue, et qu’il estimait qu’il faudrait bien plusieurs mois, voire plusieurs années, avant d’imaginer se faire accepter dans les parages.

– Disons que ça pourrait être pi… Enfin, je veux dire, c’est un peu tôt pour dire déjà que nous avons pu bien nous intégrer. C’est la même situation qu’il y a des années, lorsque Thrawn est arrivé dans l’Empire, mais cette fois, c’est Tayla et moi qui sommes visés directement. J’ai l’habitude, il y a certains Chiss qui ont finalement les mêmes réactions xénophobes que certains Humains, face à ce qui ne leur ressemble pas.

Preuve de plus, si besoin est, que leurs deux espèces étaient finalement plus proches qu’on ne voulait bien le croire, n’est-ce pas ? Il adressa un très faible sourire à son interlocuteur, pour compenser, tout en haussant un peu les épaules. Les réactions de rejet venaient toujours de la même source, de toute façon, et avaient presque toutes des fondements parfaitement stupides. Donc, de ce côté-là, ça le gênait pas réellement. Question d’habitude, une fois encore.

– Ça vous pose question, la façon dont on s’intègre ? Vous ne donnez pas l’impression d’apprécier les Humains…

C’était le mot sincèrement qui lui posait problème ? A voir la tête qu’il tira, mélange entre un peu de gêne et d’hésitation, Formbi se mit à imaginer le pire, tout le mal que ce petit pourrait penser de cette planète et ses habitants, et qu’il n’osait lui dire en face. Mais d’un autre côté, l’Aristocra pouvait comprendre ce genre de pensées… Il avait les mêmes concernant les Humains, changer d’opinion n’était pas évident, même s’il se devait de reconnaître que tous n’étaient pas si… Enfin… Il y avait du bon et du mauvais, comme partout. Il n’avait par exemple rien de particulier contre le petit blond qui devait leur servir d’intermédiaire avec les Jedis, ni contre ce gamin-là. Gamin plus vieux, d’ailleurs, maintenant qu’il y pensait… Ces fous ce que ces deux-là avaient l’air jeunes, à ses yeux, un peu naïfs aussi. Mais il devait être influencé, il avait l’âge d’être leur père.

– Disons que ça pourrait être pi… Enfin, je veux dire, c’est un peu tôt pour dire déjà que nous avons pu bien nous intégrer. C’est la même situation qu’il y a des années, lorsque Thrawn est arrivé dans l’Empire, mais cette fois, c’est Tayla et moi qui sommes visés directement. J’ai l’habitude, il y a certains Chiss qui ont finalement les mêmes réactions xénophobes que certains Humains, face à ce qui ne leur ressemble pas.

Hum… L’Aristocra ne s’en énerva pas, cependant, faisant même – à moitié en tout cas, il ne fallait rien exagérer – l’effort de répondre au petit sourire que lui adressa l’humain. Ce qui donnait certainement plus l’impression qu’il avait une rage de dents plutôt qu’un signe de politesse. Il commençait aussi à penser que s’il n’avait pas participé à faire virer Thrawn de l’Ascendance, ce gamin-là ne serait jamais arrivé chez eux… Et peut-être que les Jedis non plus… Ni personne… Qu’ils seraient encore tout à fait tranquilles… Comme autrefois et depuis toujours… Cette pensée eut le don de lui arracher un petit frisson, ainsi qu’un soupçon d’énervement. A quel moment la vie allait-elle cesser de se payer sa tête… ?

– Ça vous pose question, la façon dont on s’intègre ? Vous ne donnez pas l’impression d’apprécier les Humains…

Tiens, ça se voyait tant que ça ? Hin hin… Formbi haussa un peu les épaules, puis se décida finalement à s’asseoir, sur un des petits bancs jalonnant l’allée de la bibliothèque, à l’attention des visiteurs et étudiants.

– Je n’apprécie pas, plutôt, ce qui peut causer des troubles à l’Ascendance ou amener des ennuis, peu importe leur nature. Tout élément extérieur est susceptible de créer des problèmes. Et le fait est que, récemment, certains de ces éléments sont… Plus proches que prévu. Et il n’est pas imaginable de les ignorer ou de les rejeter.

Peu importe que le petit ne comprenne pas ce qu’il sous-entendait par là. Formbi songeait surtout à sa nièce, surgie tout droit des failles, et dont apprendre l’existence lui avait causé un premier choc qu’il n’était pas prêt d’oublier. Dans son milieu alors très fermé, traditionaliste, conservateur, et clairement très opposé à tout ce qui sortait de l’ordinaire, une nièce sensible à la force n’avait jamais été prévue dans le tableau. Mais elle était arrivée, et liens du sang obligent, il ne lui était pas venue à l’idée de faire comme si elle n’existait pas. A partir de ce moment-là, il avait dû s’arranger entre sa volonté de préserver l’Ascendance de ce genre de problème et le refus d’abandonner un membre de sa propre famille à son sort, fusse-t-il jeté par une de ces failles… Enfin bref… Il avait fait un très vague geste de la main, comme pour avouer qu’il ne savait plus lui-même où il en était exactement.

– Votre cas est encore différent. Vous êtes aussi un cas d’étude, en un sens, afin de voir s’il est vraiment possible de s’entendre avec des Humains sur le long terme, tout en restreignant les risques pris. Ça prendra du temps, bien sûr. Donc bien sûr que ça me pose question, je dois savoir, comme mes confrères, si vous allez vraiment vous intégrer ou si nous pourrons dire que ça n’en vaut pas la peine. Que vous soyez sur place, c’est très différent, par rapport à des échanges que nous pouvons avoir avec d’autres humains, loin d’ici, comme les Jedis, avec des contacts espacés dans le temps.

Au fond de lui, l’Aristocra n’était pas sûr non plus de vouloir que cette expérience fonctionne ou échoue. Une part de lui rêvait de revenir au modèle d’autrefois, une autre part, plus curieuse, avait envie de savoir jusqu’’où ils pouvaient pousser. Il se devait de combattre cette dernière, avant de glisser complètement sur une pente dangereuse. Il ne manquerait plus qu’il devienne ami lui-même avec un humain, tiens, ce serait le comble.

– Cela répond à votre question ?

– Je n’apprécie pas, plutôt, ce qui peut causer des troubles à l’Ascendance ou amener des ennuis, peu importe leur nature. Tout élément extérieur est susceptible de créer des problèmes. Et le fait est que, récemment, certains de ces éléments sont… Plus proches que prévu. Et il n’est pas imaginable de les ignorer ou de les rejeter.

Hum… Oui, donc ? Il ne comprenait pas vraiment, sur ce coup-là. Enfin, si, il comprenait cette volonté de préserver leur peuple de tout ce qui pourrait venir les déranger et causer des problèmes, mais il ne voyait pas de quels éléments en particulier parlait l’Aristocra ni de ce qui lui était impossible d’ignorer. L’homme s’était assis, semblant se détendre un peu, en apparence, mais Eli avait du mal à l’imaginer réellement détendu. Plutôt blasé, en fait… Ou quelque chose du genre. Il finit néanmoins par s’asseoir à son tour, histoire de ne pas rester planté comme ça debout, comme un idiot, et donner une mauvaise impression. Le but était de s’intégrer, pas de passer pour un simplet. Quoi que c’était sûrement déjà le cas, de toute façon, les humains avaient très vite pensé ça de lui, pour beaucoup, alors ici, n’en parlons même pas.

– Votre cas est encore différent. Vous êtes aussi un cas d’étude, en un sens, afin de voir s’il est vraiment possible de s’entendre avec des Humains sur le long terme, tout en restreignant les risques pris. Ça prendra du temps, bien sûr. Donc bien sûr que ça me pose question, je dois savoir, comme mes confrères, si vous allez vraiment vous intégrer ou si nous pourrons dire que ça n’en vaut pas la peine. Que vous soyez sur place, c’est très différent, par rapport à des échanges que nous pouvons avoir avec d’autres humains, loin d’ici, comme les Jedis, avec des contacts espacés dans le temps.

D’accord… Eli ne s’était pas du tout imaginé ça et tombait un peu des nues, pour être honnête. Il s’était imaginé que tout le monde allait surtout essayer de les ignorer et qu’eux-mêmes allaient devoir rester discrets et ne pas se faire remarquer, pour que tout se passe au mieux. Et point final ! Par contre, jamais il ne se serait douté qu’on puisse vouloir les observer, comme des cobayes de laboratoire, surtout dans ce but. Ça ne devrait même pas l’étonner, de la part de ce peuple, cela dit, il savait déjà très bien qu’ils étaient capables de trucs pareils, mais bon… Dans le fond, ça l’agaçait un peu. Personne ne pouvait se faire une opinion précise sur tout un peuple en observant juste deux de ses membres ! Ni lui ni Tayla n’étaient représentatifs de tous les Humains. Et si ça se passait mal, alors quoi, les Chiss se renfermeront encore plus sur eux-mêmes ?

Ou bien ils voulaient surtout en savoir plus sur la capacité d’adaptation et d’intégration, pour ensuite s’intéresser à… il ne savait pas quoi. En plus de ça, il devait y en avoir parmi eux qui avaient envie que cette expérience rate, non ? Le côté xénophobe, tout ça… Bien évidemment, il ne mettait tout le monde dans le même sac, cela dit, il n’était pas encore assez naïf pour penser que tous les Chiss avaient envie que cette affaire fonctionne. Les premières réactions de leurs nouveaux voisins valaient, à elles seules, le coup d’œil. D’un seul coup, il avait le sentiment de se retrouver exactement dans la même situation que durant leur passage à l’académie royale de Coruscant. A servir de test, dans un environnement à majorité hostile, tout en sachant très bien que certains voulaient que ça rate. Formidable.

– Cela répond à votre question ?

– Tout à fait.

Il avait réussi à effacer l’agacement de sa voix, pour une fois, ce dont il n’était pas peu fier. Pour une fois qu’il y arrivait. Enfin bon, ça devait tout de même se lire dans son regard, maintenant qu’il y pensait. Ce qui le tressait un peu, c’était aussi que ce peuple avait une certaine facilité, dans l’observation. Il se souvenait de comment Thrawn l’avait littéralement étudié lors des premiers « cours », dont il n’avait même pas besoin d’ailleurs, les premiers jours.

– Juste une chose, pour la majorité, le souhait est que ça échoue ou réussisse ? En plus de ça, je doute que nous soyons très représentatifs des Humains, d’une façon générale. Même pour en parler, simplement, j’ai un avis très biaisé sur l’Empire, personnellement, et je ne connais pas les façons de vivre de tout le monde. Vous-même, vous aimeriez que ça échoue ?

Agacé ? Il s’était raidi, dans sa posture, même si sa voix était restée neutre. Il n’y avait pourtant vraiment pas de quoi, en quoi ça dérangeait d’être… Ah… Ah, oui, c’est juste, il y avait ça aussi, l’histoire entre lui et Plagueis, sur Lysatra, ils en avaient parlé quelques fois, avec Veeren. Ce devait être pour ça qu’il devait se sentir mal, maintenant, dès lors qu’on parlait de tests ou de cobayes. L’Aristocra ne lui jettera pas la pierre, là-dessus, il haïssait ce sale type, car il s’en était pris à Feesa, puis à tout le reste de la galaxie plus tard. Même s’il ne connaissait pas les détails de ce que ce petit humain avait vécu, voyant qui était son bourreau, ça restait facile de l’imaginer. Quel dommage qu’on ne puisse pas se contenter de faire exécuter cette ordure, purement et simplement… Les conditions de son emprisonnement étaient encore bien trop douces, aux yeux de Formbi.

– Juste une chose, pour la majorité, le souhait est que ça échoue ou réussisse ? En plus de ça, je doute que nous soyons très représentatifs des Humains, d’une façon générale. Même pour en parler, simplement, j’ai un avis très biaisé sur l’Empire, personnellement, et je ne connais pas les façons de vivre de tout le monde. Vous-même, vous aimeriez que ça échoue ?

– Moi ? Je n’en sais rien, avoua-t-il. Il y a un an ou deux, je vous aurai répondu oui, sans la moindre hésitation. Et depuis, eh bien… Beaucoup de choses ont changé. Et certaines ont été remises en question. Donc je ne sais pas… Je n’aime guère ce type de changements, et d’un autre côté, ça ne sera pas mal non plus que les mentalités évoluent un peu. Pas juste sur les Humains mais sur d’autres points aussi, la Force, par exemple.

Parce qu’il ne voulait, pas principalement, que sa nièce souffre d’ostracisme, se sente rejetée ou se mette à penser qu’il valait mieux qu’elle ne revienne plus vivre parmi les siens. Si elle n’était pas là, et si, d’un seul coup, il n’avait pas vu en direct ce rejet à son égard, surtout à son propre mariage, il n’aurait bien sûr pas changé d’avis sur la Force. Il se serait aussi vertement opposé au moindre début de contact avec l’Ordre Jedi. Il ne devrait, pourtant, se laisser ainsi entraîner sur ce chemin par loyauté envers sa famille, au lieu de penser plutôt à l’ascendance toute entière… Un soupir faillit lui échappe, à cette pensée, puis il se ressaisit. Lança un regard au petit humain, assis face à lui, légèrement perturbé tout à coup. Dans le regard, il y a quelque chose qui lui rappelait Luke. Une certaine innocence.

– Pour la globalité, c’est compliqué. Vous devez déjà savoir que certaines familles sont plus conservatrices, et actuellement, elles sont en majorité au conseil. D’extrême justesse, soit, mais majorité tout de même. Pour les liens avec l’Ordre Jedi, le clan Nuruodo s’en charge seul pour le moment, là encore, les autres Familles se méfient, attendent de voir si ça peut fonctionner ou non. C’est la même chose pour vous deux. Non, bien sûr, vous n’êtes pas représentatifs de tout votre peuple, mais ça, peu importe pour le moment. Ce n’est qu’un début. Personne ne s’attend non plus à ce que vous disiez du bien de l’Empire voisin. Le Conseil sait très bien ce qui s’est produit sur Lysatra, nous en avons parlé entre nous. Tout le reste de la galaxie va bientôt le savoir, non ?

Dans le fond, Formbi avait quand même une certaine pitié, en y pensant. Pour ceux qui avaient servi de jouet, littéralement, au Sith avant même que la pandémie ne commence à se répandre, et pour ce petit, qui avait servi de cobaye en direct au psychopathe. Il savait que ce n’était pas le genre d’expérience dont on se remettait en quelques jours, ni même en quelques mois. Même une fois les blessures physiques refermées, il restait les blessures mentales.

– Enfin… Pour ma part, j’ai tout de même une certaine curiosité. Faire en sorte que ça passe au mieux, pourquoi pas. Mais ne vous stressez pas pour autant. On parle d’expérience, oui, mais ça n’a tout de même rien à voir avec ce que vous avez vécu.

Comment ça, il n’en savait rien ? C’était peut-être con à dire mais il était le premier Chiss indécis qu’Eli croisait. D’habitude, ils semblaient tous être très sûrs de ce qu’ils voulaient. Premier détail déjà assez bizarre, il faillit même en faire la remarque et ne se retint qu’au dernier instant. Il comprit un peu mieux ensuite, en se mordillant les lèvres pour ne rien laisser échapper. Ça avait vraiment l’air de beaucoup le gêner… Comme s’il était tiraillé entre l’envie d’un peu de changements et celle que tout reste bien à sa place, sans jamais rien changer ou évoluer. Eli hocha un peu la tête, plus très sûr maintenant de ce qu’il pourrait répondre à ça. Dans le doute, mieux valait encore ne rien dire. Il faisait toujours ça, lorsqu’il ne comprenait pas quelque chose ou quelqu’un, il se taisait puis réfléchissait seul. Les réponses arrivaient parfois tôt, parfois des années plus tard. Parfois jamais…

– Pour la globalité, c’est compliqué. Vous devez déjà savoir que certaines familles sont plus conservatrices, et actuellement, elles sont en majorité au conseil. D’extrême justesse, soit, mais majorité tout de même. Pour les liens avec l’Ordre Jedi, le clan Nuruodo s’en charge seul pour le moment, là encore, les autres Familles se méfient, attendent de voir si ça peut fonctionner ou non. C’est la même chose pour vous deux. Non, bien sûr, vous n’êtes pas représentatifs de tout votre peuple, mais ça, peu importe pour le moment. Ce n’est qu’un début. Personne ne s’attend non plus à ce que vous disiez du bien de l’Empire voisin. Le Conseil sait très bien ce qui s’est produit sur Lysatra, nous en avons parlé entre nous. Tout le reste de la galaxie va bientôt le savoir, non ?

– Bientôt, oui.

Il s’était un peu crispé, malgré lui. C’était devenu un réflexe, dont il n’arrivait pas à se débarrasser. Enfin, il y avait quand même du mieux. Maintenant, il arrivait à conserver une tête à peu près normale lorsqu’on lui paraît de Lysatra et il faisait moins de cauchemars, la nuit. C’était un progrès, il faudra sans doute encore un peu de temps avant de réussir à complètement oublier mais il ne désespérait pas d’y arriver. Enfin bref, au moins, il comprenait un peu mieux pourquoi les Chiss voulaient les « observer ». La politique… Elle pouvait causer des emmerdes absolument partout dans la galaxie, impossible d’y échapper. Évidemment, il n’allait pas balancer ça à un politicien, mais le cœur y était. Parler de Plagueis lors d’une réunion politique, cette joie. Le jeune homme n’aurait pas cru, par contre, qu’ils se soient interrogé précisément sur ce qui était arrivé sur la planète. Savoir les dégâts de la pandémie était suffisant en soi.

– Enfin… Pour ma part, j’ai tout de même une certaine curiosité. Faire en sorte que ça passe au mieux, pourquoi pas. Mais ne vous stressez pas pour autant. On parle d’expérience, oui, mais ça n’a tout de même rien à voir avec ce que vous avez vécu.

Oui, bon, d’accord, ils pouvaient parler d’autre chose, aussi ! Ça ne le stressait pas du tout, il était juste un peu agacé, pour lui, expérience ou cobaye allait forcément avec l’horreur pure et simple. Il savait pourtant que ce n’était pas vrai, mais bon… Bref. Il releva un peu la tête, grimaçant sans même s’en rendre compte.

– Je n’ai pas la moindre envie de repenser à ce qui s’est passé sur Lysatra, navré. Sinon, je comprends un peu mieux, les difficultés causées par la politique se retrouvent dans toute la galaxie, après tout.

Petit soupir… Il avait cru y échapper un peu en arrivant ici, pour être honnête, c’était plutôt naïf. Par contre, il ne s’était pas imaginé se retrouver mêlé dans une de ces histoires simplement car Tayla et lui étaient Humains. Il craignait surtout que ce genre de chose ne stresse Tayla, ce n’était pas bon pour elle, avec sa grossesse. Tant qu’il pouvait lui épargner le maximum de tension, ce sera l’idéal. Surtout pour une toute première maternité, il y avait déjà assez de stress et de questions comme ça, pas la peine d’en rajouter.

– On peut faire un échange de bons procédés, sinon. Nous avons besoin de comprendre votre culture, et vous, si vous êtes curieux, nous pouvons vous expliquer ce qu’on peut de la culture humaine. Même si elle dépend aussi de l’endroit où on vit et avec qui. Ça vous servira peut-être, à l’avenir.

– Je n’ai pas la moindre envie de repenser à ce qui s’est passé sur Lysatra, navré. Sinon, je comprends un peu mieux, les difficultés causées par la politique se retrouvent dans toute la galaxie, après tout.

Pas la peine d’être navré pour ça… Même sans le dire, la tête qu’il avait tirée valait à elle seule toutes les explications du monde. Formbi hocha vaguement la tête, le lâchant un instant du regard, son attention attirée par du mouvement plus à droite. On dirait bien que leur conversation en tête à tête provoquait un étonnement de plus en plus croissant, dans les parages… Formbi pinça un peu les lèvres, très peu d’humeur aujourd’hui – très peu d’humeur tout court d’ailleurs – à répondre à des indiscrétions à peine voilées. Le chef de section s’était lui aussi un approché et restait non loin, maintenant, comme se demandant s’il y avait un quelconque problème et s’il fallait intervenir. Quelle paranoïa. L’Aristocra soupira, lui aussi, mais pas pour les mêmes raisons que le petit. Soit, comme on dit, ce n’était pas bien grave.

– On peut faire un échange de bons procédés, sinon. Nous avons besoin de comprendre votre culture, et vous, si vous êtes curieux, nous pouvons vous expliquer ce qu’on peut de la culture humaine. Même si elle dépend aussi de l’endroit où on vit et avec qui. Ça vous servira peut-être, à l’avenir.

– Eh bien… Pourquoi pas, après tout.

Il se releva, finalement, reprenant contre lui ses livres empruntés toute à l’heure. Ils verront ça plus tard, de toute manière. Il avait du travail et ne pouvait guère perdre des heures aujourd’hui à discuter. Formbi s’arrêta juste un instant et ajouta, pour le petit, qu’il le recontactera une autre fois, à tête reposée, pour voir cela plus en détails, et qu’ils aient plus de temps pour en parler. D’ici là, il avait déjà bien de quoi s’occuper, avec leur apprentissage de la langue et tout ce qui s’ensuit. Puis, sur un dernier salut, quitta le rayonnage, avant de s’avancer vers la sortie. Une bonne chose de faite, même s’il n’avait pas exactement songé à ça… Enfin, le gamin avait raison, ça pourra toujours servir pour l’avenir.