Rencontre au sommet

Empereur Palpatine

Cela lui était douloureux de l’admettre, mais ses éternels grands ennemis honnis, les Jedis, avaient raison pour une règle. Les sensitifs, Siths ou Jedis, devraient éviter de fonder des familles. Ça tournait presque toujours à la catastrophe, d’un côté comme de l’autre. Et pour une fois, ce n’était pas Anakin qu’il avait dans le viseur… L’Empereur porta un long regard sur la fillette assommée de médicaments et de calmants, secouant lentement la tête. Une mauvaise idée, avoir une famille, une très mauvaise idée… Personnellement, son propre fils avait été… hum… Disons, très particulier. Tout sauf quelque chose de bon à garder et qui n’aurait jamais dû venir au monde. Les mioches de Vader, n’en parlons pas, ils étaient on ne peut plus pénibles et incontrôlables. Et maintenant ça ! Une bombe vivante, incontrôlable elle aussi, qui avait littéralement réussi à exploser une Sith pourtant entraînée. Formidable.

Une chose était certaine, une mioche capable de ça à cet âge pouvait se révéler infiniment plus dangereuse une fois adulte, la Force avait été généreuse en leur envoyant à un âge où elle n’était pas encore une si grosse menace. Un âge où elle était encore très manipulable et pouvait être tenue… Ce moustique avait bien failli gâcher la fête, sur Alderaan, et surtout, l’Empereur peinait toujours à croire qu’elle avait collé au tapis Hilts et que même Scourge n’avait pas été fichu de l’arrêter immédiatement, dans la seconde même, avant que ça ne dégénère encore plus. Ça restait une enfant, après tout, deux Siths adultes et en toute logique forts, malmenés de cette sorte par une simple enfant… Ridicule. Enfin, au moins, la présence de la fillette ici donnait une occasion de revoir le vieux loup. Ils avaient à discuter.

La première chose à faire sera de lui rendre sa gamine, chacun avait à gérer sa progéniture à problème, avant qu’elle ne vienne plus encore empoisonner la vie des honnêtes gens. Palpatine avait déjà suffisamment à gérer, pour ne pas y rajouter un moustique incontrôlable et qui n’avait jamais subi le moindre début d’entraînement. Une fois le paquet sorti de la mère, à elle et au père de s’en occuper. Il sortit de la cellule, puis se prépara à « accueillir » son invité. Une arrivée discrète, comme il en avait l’usage pour certaines personnes très ciblées, dans cette galaxie, et un accueil en petit comité. Un petit comité sélectionné avec soin, en plus de la garde rouge. Même si l’un ni l’autre n’avaient intérêt à engager un combat dès à présent, les précautions restaient de mises. Ce n’était qu’une affaire de patience… Comme d’autres complotant en ce moment, c’était d’une évidence.

Bienvenue à nouveau sur Coruscant. Cela fait longtemps.

Jamais assez longtemps, hélas, au goût de l’Empereur. Comme beaucoup dans la galaxie, il se portait très bien en sachant ce genre d’hommes loin, très loin, le plus loin possible de la galaxie connue. Enfin, puisqu’il fallait en passer par ici. Comme prévu, il commença par retourner, cette fois avec son invité indésirable, dans la cellule de la fillette. Ses hommes avaient fait enlever la perfusion et la laissaient se réveiller doucement.

Ne l’avez-vous donc jamais faite entraîner ?

« Quelle ville immonde, » murmura doucement Vitiate en la contemplant depuis la petite baie d’observation. « Ni élégance, ni sincérité, ni soin apporté à sa construction. Ce serait un acte charitable de la détruire. »

Un assemblement sans charme et grouillant, trop hétéroclite, illuminé en surface et noir dans ses profondeurs, traversé par des lignes de vaisseaux ressemblant à de grossières toiles d’araignées. A chaque nouvelle occasion d’observer ce misérable spectacle, Vitiate éprouvait la même sensation de dégoût et d’un profond mépris. Quel intérêt possédait ce type de ville tentaculaire, qui ne pouvait produire aucune ressource ni fonctionner en auto-suffisance ? Une ville si grande qu’il en devenait impossible de la surveiller efficacement ? Ce n’était qu’un vulgaire nids à ennuis et à complots, trop grande pour être tenue à l’œil, trop infestée pour qu’il vaille la peine de la sauver. Oui, cette ville-monde ne lui inspirait qu’un profond dédain, elle n’avait rien d’une cité où il faisait bon vivre. Le seul avantage qu’il lui trouvait actuellement était bien qu’il pourra y récupérer facilement sa fille. En-dehors de cela, il n’avait jamais compris la valeur que certains attachaient à Coruscant. Oh, certes, c’était un point important à prendre dans une guerre, mais sinon cela, ce n’était rien d’autre qu’une ville-poubelle, dans les centres d’intérêt se comptaient sur les doigts d’une seule main.

Cette ville-monde était le résultat d’une succession d’époques, de républiques, d’empires, de destructions et reconstructions, de gouvernements différents, de points de vus hétéroclites, pour en arriver à une ensemble sans aucune saveur. Il s’en détourna, allant vers son épouse, puis portant doucement la main contre son ventre. Voilà autre chose qui n’avait pas été prévu au programme… La vie avait décidément le don de le surprendre, venant se nicher lorsqu’on ne s’y attendait pas. Pour le moment, il ne prenait pas de mesures pour ce bébé. Il s’occupera, lors de sa naissance, de définir son avenir en fonction de certains critères. Il attira Senya contre lui, une main derrière sa nuque, puis lui dit d’attendre ici leur fille. Il allait la récupérer puis la lui faire renvoyer, avant, de son son côté, de s’occuper de ses propres affaires, en compagnie de Sidious. Elle ne pouvait guère l’accompagner. Seuls d’autres gardes descendront vers le palais avec lui. Inconnue dans ces mondes, il tenait à ce qu’elle le reste. Qu’elle ne soit perçue que comme une simple garde du corps ou une assistante. Non comme sa reine. Il était désormais temps.

Son homologue dans cet époque n’avait guère changé. Toujours ce style très sobre, un style qui avait d’ailleurs légèrement surpris Valkorion lors de leur première rencontre. Oubliées, le faste des tenues des anciens Siths, conçue pour en imposer à ceux qu’il gouvernait et marquer nettement leur différence, oubliées également les armures solides, griffées par les combat, et les armures d’apparat, là encore marquantes pour leur entourage. Sidious se contentait d’une simple tenue noire, recouvrant tout le corps et un visage ravagé de profondes cicatrices, rien de plus. Une marque supplémentaire que les temps avaient profondément changé, les habitudes également. Cette rencontre, cette fois sans d’autres confrères dans les parages pour une quelconque réunion, possédait un certain piquant. Deux adversaires ne pouvant déjà se ruer l’un contre l’autre, devant jouer les faux-semblants et la politesse de façade, s’observant attentivement, comme le ferait deux fauves lâchés face à face. Vitiate adorait cette ambiance quasi morbide, gorgée de pouvoir et de menaces latentes. Cette tension palpitante, empreinte de noirceur, c’était tout à fait délicieux.

« Bienvenue à nouveau sur Coruscant. Cela fait longtemps. »

« En effet… Bien des semaines sont passées, depuis la dernière fois, et j’ai été assez occupé. Sans oublier les petits remous survenus entre-temps. »

Il se passait autant de choses dans ces temps que dans ceux qu’il avait connu, c’était très intéressant. Sans dire un mot de plus, il suivit son bien-aimé confrère tout en noir jusqu’aux quartiers cellulaires, puis à la cellule qui abritait sa fille pour le moment. Allongée sur une couchette, visiblement encore bien assommée par des calmants, elle ne remuait qu’à peine. Ah, Vaylin, Vaylin, Vaylin… A son apparence, il jugeait que son conditionnement n’avait pas été réalisé, à moins, autre option possible, qu’il ait été interrompu dès ses prémices. Il avait perçu son appel mental, encore très lointain, un hurlement de détresse qui avait franchi le temps et la distance. Là encore, une surprise, fallait-il qu’elle ait été si secouée et perturbée pour l’appeler lui, plutôt que sa mère.

« Ne l’avez-vous donc jamais faite entraîner ? »

« Il aurait sans doute fallu, en effet. »

Il s’approcha de deux pas, vers la couchette, observant un instant sa fille, à moitié évanouie encore. Puis il se pencha pour l’attraper sous les bras et la soulever fermement, passant ensuite un bras contre ses cuisses, pour la tenir contre son flanc et son épaule, puis l’observer de plus près. Elle ne pesait presque rien, il la tenait d’un seul bras, usant de l’autre main pour écarter les cheveux blonds de ce visage encore poupin. Elle était encore mignonne, à cet âge, et non dévorée par le rituel qu’il lui avait fait subir. Difficile de savoir si elle parvenait à le reconnaître ou si elle était encore trop assommée par les drogues. Et dire que ce petit bout d’enfant, si innocente en apparence, était capable d’un pouvoir si énorme. Si semblable à celui qu’il avait exercé à son âge, à la différence que lui, à cette époque, avait appris à se contrôler et expérimenter. Elle n’avait pas eu une planète à elle seule pour faire joujou. Il posa sa main libre contre le dos de l’enfant, y insufflant par la Force une petite dose d’énergie.

« Ouvre les yeux, Vaylin, je suis là… »

C’était sans doute un rêve… Les couleurs étaient merveilleuses, le rouge et le orange flamboyant de l’automne, dans une forêt immense où elle courrait, sans barrière ni limites. Pas de fatigue, pas d’essoufflement même après un très long moment à filer. Le souffle complètement enivrant de la liberté. Elle courait sur un long et fin chemin, à travers les bois, et sentait le vent contre son visage. Il n’y avait personne d’autre autour d’elle ou derrière elle, il n’y avait rien de menaçant, rien qui pouvait la ralentir. Elle courait où elle voulait, se glissait entre les arbres et jouait parfois avec les feuilles sur son chemin. Rien d’autre. C’était magnifique. Puis voilà qu’arrivait le bout du chemin, de hautes maisons blanches, dans une douce architecture, des rues plus animées, des personnes menant leurs vie sans faire attention à elle. La sécurité la plus parfaite, la paix.

Elle fila dans ces rues au milieu des gens, levant le nez vers le soleil, qui se reflétait sur les maisons et les longues rues. Il y avait aussi des gardes, elle passait entre eux mais ils ne disaient rien, la laissant continuer sa route librement. Plus loin encore, elle arriva à de hauts murs, blancs eux aussi, puis traversa des larges portes, avant d’arriver dans une cour. Le Palais s’ouvrait devant elle. Elle continua à l’intérieur, sur un terrain cette fois plus familier mais aussi plus froid. Le soleil et les couleurs magiques de la forêt lui manquaient, elle préférait être là-bas plutôt qu’ici. Elle fit demi-tour mais les portes étaient toutes fermées. Il faisait bien plus froid ici. Il n’y avait pas de vent. Sa course ralentit nettement, alors qu’elle cherchait où aller maintenant, pour retrouver un chemin vers l’extérieur. Elle grimpa à un escalier, et d’un coup, il n’y eut plus personne.

Plus de gardes, plus de droïdes, plus rien, juste un très long couloir de pierre froid et nu, avec une grande porte close qui avait surgi dans son dos. Elle avança en marchant, l’obscurité était tombée. Au fond du couloir, derrière une arche, elle se retrouva dans une grande salle ronde, avec des inscriptions au sol, glaciale, et vit des dizaines de prêtres qui la regardaient, en silence. Prise de panique, elle voulut reculer, mais une main surgit et elle se sentit soulevée. C’est à ce moment-là que le rêve se dissipa d’un coup, et que la réalité vint brutalement s’imposer dans son esprit. Complètement hébétée, elle ne comprit pas immédiatement où elle se trouvait et avec qui, glacée, bougeant légèrement des pieds mais sans sentir le sol sous elle. L’instant d’après, elle sentit la chaleur d’une main pousser ses cheveux, de son visage, un souffle tout près d’elle. Que…

La main se posa ensuite dans son dos, et presque immédiatement, la lourdeur de son corps et de son esprit se dissipèrent, remplacés par une nouvelle énergie et une chaleur bienfaisante s’infiltrant dans tout son corps. La torpeur fut chassée et elle revint à la complète réalité. Elle était… elle ne savait pas où… Dans les bras de quelqu’un, c’était sûr, mais où. La tête appuyée contre une épaule, et surtout, près d’une aura qu’elle aurait reconnu entre mille…

"Ouvre les yeux, Vaylin, je suis là…"

P… Père ?

Elle put redresser la tête et le fixa, encore hébétée, sans rien comprendre. C’était vraiment lui ?! Et il… la portait vraiment dans ses bras ? Mais, mais… Il lui fallut quelques secondes de plus avant de réaliser qu’elle ne rêvait pas, que c’était bien réel, puis, sur une soudaine impulsion, passa les bras très vite autour de son cou pour se blottir contre lui et éclater en sanglots dans la foulée. Même après tout ce qu’elle avait pu entendre, sur le coup, ça n’eut plus aucune importance, tout ce qui comptait était de retrouver un membre de sa famille, enfin, dans ce monde de fous. S’il était là, il allait pouvoir l’emmener loin de tous ceux qui pourront lui vouloir du mal, non ?

"Je veux rentrer à la maison…"

Un mouvement vif, de rapprochement, puis les larmes commençant à couler. Elle ne dû pas réaliser qu’il avait un peu reculé la tête, par étonnement et par réflexe, au moment même où elle avait passé les bras autour de son cou puis niché son nez dans ce dernier, juste avant de se mettre à pleurer. Hum… Il sentit quelques larmes couler contre sa peau, le reste touchant le col et l’épaule. Les sentiments qu’il ressentait en elle étaient aussi… particuliers. Mis à part chez Senya, il n’avait pas encore ressenti en une personne la joie de le revoir. A tel point que s’en devenait une véritable anomalie, dans cette galaxie. Enfin soit, mis à part ses enfants, jusqu’à un certain âge cela dit, et sa propre épouse, là encore jusqu’à un certain point, – autrement dit jusqu’au moment où tout ce petit monde prendra conscience de sa véritable nature – personne dans cette galaxie n’avait jamais été ravi de le retrouver. C’était donc une sensation curieuse, inhabituelle, trop peu expérimentée pour qu’il la maîtrise bien. D’ordinaire, il se confrontait plus souvent à la peur et à la haine qu’à la moindre marque d’affection. Hormis au contact de son épouse, bien sûr, qui était l’exception, dans cette très longue vie.

« Je veux rentrer à la maison… »

« Bien sûr, tu vas rentrer. Il y a une personne très spéciale qui t’attend, là-haut, que tu reconnaîtras vite. Tu vas rester avec elle en attendant mon retour. »

Papa devait parler travail, maintenant, il se souciera de sa progéniture plus tard. En attendant, il quitta la cellule, avec son confrère de ce temps, puis confia un peu plus loin la fillette à un de ses gardes, en lui disant de la ramener sur le vaisseau. Il lui déposa dans les bras, et se détourna ensuite, pour suivre Sidious vers des lieux plus privés et discrets, plus fastueux également. Sur le trajet, il ne parla que très peu, jusqu’à atteindre des grands et luxueux appartements, parfaitement calmes, loin des regards et oreilles indiscrètes. Un environnement familier, pour l’Empereur, quoi qu’il n’aimait guère les décorations prisées dans cette époque, elles manquaient quelque peu de cachet à son goût. Enfin bref. Il attendit tout d’abord que les serviteurs posent ce qu’ils transportaient sur leurs plateaux, puis quittent la pièce, restant durant ce temps calme et silencieux. Il observait la ville-poubelle et les longues files de vaisseaux, depuis les grandes baies, les mains derrière le dos. Ni Coruscant ni Dromund Kaas, ni même Korriban, ne dégageaient le même sentiment de majesté qu’avait possédé Zakel en son temps. Cela dit, Dromund Kaas n’était rien d’autre qu’une simple expérience ratée.

Une fois seul à seul, véritablement, Vitiate se retourna vers son hôte du moment, pour qu’ils puissent parler tranquillement. Il commença par faire un rapide résumé de ce qui se déroulait dans les zones des Régions Inconnues où il s’était « installé ». Soumettre les quelques populations locales ne lui avaient jamais posé la moindre difficulté, ce n’était qu’une routine simple et sans grands besoins de moyens. Parfois, il avait même suffit de soumettre mentalement le chef d’une communauté, sans prendre la peine de le tuer, pour que le reste suive, tels des petits rats obéissants. Ni asservissement visible, ni peur, ni violence, le contrôle mental d’un adversaire ne se voyait guère et permettait d’agir vite. Sidious connaissait bien ces techniques mentales, lui aussi, et cela était agréable, car Vitiate savait qu’il comprendra bien vite de quoi il était question et les bénéfices qui en étaient retirés. Entre bons esprits, il était facile de parler et se comprendre qu’en devant parler à un guerrier idiot, accroché à son sabre comme une moule à son rocher, et dont le plus haut poste possible à atteindre restera celui de Furie.

« Tout cela occupe et vous comprendrez facilement que je ne me suis que très peu soucié des affaires courantes de la galaxie. Je me trouvais en route vers Coruscant lorsque votre ancien amiral a envoyé ses messages, concernant la pandémie, notamment. Le Seigneur Plagueis était un confrère intelligent, c’est indéniable. Un travail certes plus long, mais quel talent. Une arme de ce calibre aurait rendu de fiers services, autrefois. Lorsque les génies sont bien utilisés, ils peuvent faire de grandes choses. »

Il termina sa phrase sur une légère note évasive, presque pensive, un sourire au visage. Oh oui, ce Sith avait eu un talent fou et un génie qu’on ne pouvait nier. Il était, en revanche, dommage que Sidious n’ait pas été capable de contrôle et le manier, incapable de diriger le génie, mais aussi la folie, de leur comparse afin d’en retirer un bénéfice bien plus grand. Tel était le souci, avec ce genre d’hommes, ils étaient impressionnant de compétences mais souvent, leur folie était tout aussi grande et c’était bien cette dernière qui pouvait tout gâcher. Plagueis avait été bien trop corrompu et rongé par la puissance du côté obscur, beaucoup trop pour être ensuite considéré comme « normal ». Quel gâchis, on le canalisant correctement, il aurait pu encore servir aujourd’hui.

« Les ennemis d’aujourd’hui ne sont que mineurs, une brève poussière dans un temps infini. Les Hommes ont la mémoire courte et ne voient plus les dangers une fois qu’ils sont au loin. Ils ne réalisent pas ce qui peut se préparer loin d’eux. Maintenant que les deux ordres renaissent de leurs cendres, et que le monde a le regard braqué sur eux, il est temps de revenir se préparer dans l’ombre. Je ne souhaite guère la fin d’un Empire Sith, voyez-vous. Ou même de deux ou trois, voire même d’une République et d’un Empire côte à côte. Les faibles ne sont pas obligés de savoir qui règne réellement dans l’ombre. »

Darth Sidious, Empereur galactique

De telles scènes étaient toujours très improbables, dans leurs univers, et plus encore lorsque certains Siths très précis y étaient impliqués. Ce Sith-là, surtout. Qui oserait croire qu’un enfant pourrait lui pleurer dans les bras ? Comment même l’imaginer, si jamais on ne l’avait vu ? En retrait, Sidious n’avait qu’un regard de pur dégoût envers cette fillette blonde, le même dégoût qu’il avait pour le fils de Vader. Tout cela n’était bon qu’à noyer dans la rivière la plus proche, comme une nouvelle portée de rats. Il était cependant conscient qu’il serait trop dangereux de tuer cette enfant, personne, pas même son propre père, n’aimerait la voir revenir adulte. D’autant plus, si, enfant, elle était déjà capable de coller à terre des Siths adultes et entraînés, même involontairement. Il attendit donc, soulagé qu’un autre homme emmène enfin ce petit rat blond loin de ce Palais.

Bien, à présent, ils pouvaient en revenir à des affaires plus sérieuses. Des appartements privés, et surtout très discrets, les attendaient, dans les hauteurs du palais. Seuls de rares serviteurs étaient autorisés à pénétrer ici, des serviteurs sur lesquels Sidious avait apposé un contrôle mental. Simple mesure de prudence. Ces derniers déposèrent très rapidement de quoi boire et manger, sur la table basse du salon, avant de disparaître. Durant ce temps, l’Empereur s’assit tranquillement, son visiteur, lui, restant debout près de la baie. Une atmosphère étrange, à la fois détendue et très lourde… Bien loin des réunions communes qu’il avait dû mener, pour donner un semblant de change. Faire comprendre, parfois, vainement, à certains que les règles de leurs temps passés n’avaient plus aucune raison d’être. Un travail fatigant, s’il en est un, et surtout, très lassant. Plus encore lorsque certains ne comprenaient pas vite.

Son invité finit par rompre le silence qui s’était installé, en se retournant et en débutant par une présentation de ses derniers faits et actes, dans les zones des Régions Inconnues où il s’était installé en premier lieu. Il n’avait nul besoin de détailler les méthodes employées pour faire plier sans peine les chefs locaux ou certaines communautés, Sidious les connaissait et les appliquait. Cependant, lui préférait cibler les personnes utiles plutôt que de manipuler tout un peuple en masse. Aujourd’hui, du moins, c’était encore différent lors du temps de la République, où la manipulation de masse avait été très précieuse. Les choses avaient bien avancé, dans ces régions, c’était ce qui comptait principalement. Surtout si l’on pouvait faire d’une pierre deux coups. Enfin… Malgré tous leurs efforts, beaucoup de ses plans avaient pris du retard, par la force des choses.

Tout cela occupe et vous comprendrez facilement que je ne me suis que très peu soucié des affaires courantes de la galaxie. Je me trouvais en route vers Coruscant lorsque votre ancien amiral a envoyé ses messages, concernant la pandémie, notamment. Le Seigneur Plagueis était un confrère intelligent, c’est indéniable. Un travail certes plus long, mais quel talent. Une arme de ce calibre aurait rendu de fiers services, autrefois. Lorsque les génies sont bien utilisés, ils peuvent faire de grandes choses.

Sidious ignorait qui l’énervait le plus, en ce moment… Plagueis, pour avoir fichu un tel bordel, ou Thrawn, pour en avoir rajouté une couche. Sans oublier Yularen, pur traître en puissance, et bien sûr le mioche de Lysatra. Encore qu’il eût toujours su que l’amiral bleu déserterait un jour, sous certaines circonstances, et qu’il était logique son petit humain de compagnie ait déserté avec. Et ce même s’il n’avait jamais eu le bonheur de croiser la route de Plagueis. Mais le colonel Yularen… Lui était la véritable surprise, le véritable choc. Le colonel si rigide, au-dessus de tout soupçon, si fermement convaincu que seul un Empire fort pouvait tenir, dans cette galaxie. Jamais l’Empereur n’avait eu le moindre soupçon à son égard, jamais il n’avait même songé qu’il puisse trahir. Son départ avait provoqué un choc, tant de personnes le portaient en haute estime et le respectaient. Une trahison particulièrement dérangeante…

Bien entendu, suite à ça, il avait fallu entreprendre un petit ménage. Mais discret, celui-ci, et qui était toujours en cours. Des unités spécifiques avaient été montées, pour passer au crible les rangs du BSI. Un travail titanesque, s’il en est un, car ils étaient très nombreux. Très peu d’agents du BRI participaient à ce nettoyage, car Sidious ne comptait pas mélanger les affaires et encore moins laisser le BRI se faire contaminer à son tour par la sédition. Par ailleurs, ce n’était pas leur travail. Pensif, il se tenait malgré tout en parfait état d’alerte. Face à certaines personnes, baisser sa garde serait idiot. Baisser sa garde tout court serait idiot, quand bien même il se méfiait, naturellement, plus de certains Siths et Jedis que d’autres.

Les ennemis d’aujourd’hui ne sont que mineurs, une brève poussière dans un temps infini. Les Hommes ont la mémoire courte et ne voient plus les dangers une fois qu’ils sont au loin. Ils ne réalisent pas ce qui peut se préparer loin d’eux. Maintenant que les deux ordres renaissent de leurs cendres, et que le monde a le regard braqué sur eux, il est temps de revenir se préparer dans l’ombre. Je ne souhaite guère la fin d’un Empire Sith, voyez-vous. Ou même de deux ou trois, voire même d’une République et d’un Empire côte à côte. Les faibles ne sont pas obligés de savoir qui règne réellement dans l’ombre.

C’est bien cette tactique qui a permis la renaissance d’un Empire, après bien des siècles de domination républicaine.

Il savait prendre le temps, si nécessaire… Un travail de sape est toujours long, parfois compliqué, mais très attrayant. Bref… Il se retint de dire que la galaxie n’aurait guère eu tant d’animosité envers les sensitifs si ceux surgi des failles avaient réussi à rester dans un coin et ne jamais se faire remarquer. Trop tard pour cela, revenons-en à des problèmes plus courants.

Personne ne croira à une abdication ou un simple passage de pouvoir. Par ailleurs, le fait que est que nos confrères ont, pour la plupart, du mal à ne pas se faire remarquer ou demeurer discret, je ne vous apprendrai rien en disant cela.

Il fit un vague geste, de la tête, sans plus entrer dans les détails. C’était un des problèmes persistants et gênants, peu importe l’époque, ces sensitifs incapables de rentrer dans le rang, ces hommes et femmes impatients, ou possédant un caractère les rendant irrécupérables.

Celle qui peut servir, actuellement, est la jeune et nouvelle reine d’Alderaan. Une femme de ce temps, encore malléable, qui a tant à apprendre mais qui possède un bon potentiel. Elle fait désormais partie ces pions, placés ci et là, pour préparer l’avenir. Je suppose que vous avez déjà vous renseigner sur elle.

Quel dommage qu’ils soient ennemis, ils avaient tout de même de nombreux points communs. Dans un autre temps et d’autres circonstances, peut-être auraient-ils été de réels bons alliés, durant quelques années ou semaines, avant d’en arriver à un entre-déchirement pour le pouvoir. Vitiate vint finalement s’asseoir dans un des confortables canapés, face à son interlocuteur, hochant simplement la tête à sa première réaction. Certes, certes… Il le savait, en effet, il y avait certaines choses qu’il avait pu découvrir en parlant avec d’autres Siths, notamment le scientifique génial lors de ses premiers mois dans cette époque, et d’autres qu’il avait pu apprendre par la suite. Tout cela avait été un excellent plan, il se devait de l’avouer, très sympathique et rudement bien mené. L’Empire qui avait résulté était encore tout jeune, cela dit, deux décennies, ce n’était rien, dans la longue trame du temps. Le seigneur Sith aurait été curieux de voir ce que cet empire aurait pu devenir d’ici cinquante ans ou cent ans, sans ces failles, sans la rébellion, un véritable empire, gagnant force et puissance au fil des années. Las, ils n’en étaient plus là depuis fort longtemps. Ça demeurait amusant, toutefois, les problématiques rencontrées étaient plus fascinantes qu’à sa propre époque.

« Personne ne croira à une abdication ou un simple passage de pouvoir. Par ailleurs, le fait que est que nos confrères ont, pour la plupart, du mal à ne pas se faire remarquer ou demeurer discret, je ne vous apprendrai rien en disant cela. »

« Effectivement. Il ne faut guère leur vouloir, cependant, vous savez comment sont les pions et certains esprits faibles. Ils ne savent que crier et s’agiter pour exister. »

Vitiate devait reconnaître qu’il appréciait le côté défiant et piquant de certains d’entre eux, que ce soit des Siths ou des Jedis, d’ailleurs. C’était là une petite touche savoureuse de son existence, le petit piquant nécessaire pour chasser la routine. Son confrère de ce temps en était exaspéré car il n’avait guère l’habitude, voilà tout. Les seuls dont il avait dû à assurer une meilleure surveillance, puis dont il avait dû se débarrasser à mesure, étaient ses propres apprentis, ou ce qui en avait tenu lieu. Il n’avait guère eu à maintenir à l’œil divers membres des conseils noirs et faire le ménage parmi eux de temps à autre. Maintenant qu’il devait composer avec lesdits agités, ça le fatiguait, c’était normal, il suffisait de voir cela comme une simple routine. Tous les pions cherchaient, tôt ou tard, à abattre leurs maîtres, quoi de plus logique ? Ce qui l’était moins, c’était la façon dont certains s’y prenaient. Comme la petite nature, par exemple, le maître Sith n’avait toujours pas compris, même après si longtemps, pourquoi elle s’était agitée de cette façon. Ni pourquoi elle le considérait comme le mal absolu. Enfin, cela dit, ce cher Scourge avait toujours eu des réactions très étranges et contrastées, ce qui lui servait de cerveau devait être un fouillis sans nom. Il s’effrayait si facilement, pour très peu.

« Celle qui peut servir, actuellement, est la jeune et nouvelle reine d’Alderaan. Une femme de ce temps, encore malléable, qui a tant à apprendre mais qui possède un bon potentiel. Elle fait désormais partie ces pions, placés ci et là, pour préparer l’avenir. Je suppose que vous avez déjà vous renseigner sur elle. »

« La fille de votre Furie actuelle, oui. Elle possède une certaine présence, dans la Force, et effectivement un potentiel certain à exploiter. Il faut néanmoins qu’elle gagne plus de force qu’actuellement. Sa petite planète est un bon terrain d’entraînement. »

Les pions comme elle devraient être entraînés dès le plus jeune âge à l’obscurité pour être ensuite plus utile à cet âge, dommage qu’elle n’ait guère été repérée plus tôt. Vitiate marqua une légère pause, puis ajouta que Sidious avait en sa possession d’autres pions, en poste dans l’Empire, dont un de ses proches conseillers, qui pouvait servir en couverture. Plusieurs terrains pouvaient être préparés, la fille de la Furie n’en était qu’un parmi d’autres… Il avait lui aussi certains plans pour elle mais il serait mal avisé d’en parler ici, bien entendu. Il n’y avait pas que la guerre civile dans la galaxie, qui faisait rage, d’autres forces pouvaient surgir sur eux tous en peu de temps. Composer avec tant de paramètres était un lourd jeu mental, même une fois qu’on en prenait l’habitude, cela restait délicat.

« Cette petite vidéo va faire de l’effet, c’est certain. Je ne doute pas que votre ex-amiral ait mis ses deux témoins bien à l’abri, chez les rebelles, peut-être, ou bien chez lui, dans son propre peuple, allez savoir. S’ils étaient à disposition pour une petite… revisite de leur esprit… Il sera plus difficile de décrédibiliser la parole de Yularen que celle de Vanto. C’est un vieil officier reconnu, visiblement. Alors que le gamin peut facilement être accusé de mentir. Il n’est, après tout, que le simple petit chien de votre alien. Il est bien facile de montrer un petit humain occupé à chouiner devant une caméra pour attendrir le peuple. Surtout un Humain qui a déjà quelques dossiers sur le dos et tait soupçonné de haute trahison avant l’affaire de Lsyatra. »

Bref sourire mauvais. Dans le fond, Vitiate trouverait amusant de rencontrer ce petit. Il serait un cobaye intéressant… Le seigneur Sith avait toujours voulu étudier de près les répercussions sur un esprit autant déjà été soumis à la torture mentale et physique, pour tester diverses petites idées qu’il gardait en tête. Ce mioche-là ferait un bon sujet, après avoir été travaillé une première fois par Plagueis.

« Quant aux Chiss, ils étaient autrefois le seul allié, si on peut dire, de l’Empire Sith. Quoi qu’il s’agissait plutôt d’une sorte d’alliance, un échange mis en place, qui leur permettait de vivre en autonomie. Quelques uns d’entre eux devinrent des agents impériaux. Tout cela remonte à trois, non, plutôt quatre millénaires. Tout est but à préserver les leurs, finalement, et à cette époque, l’Empire Sith était simplement un meilleur allié de circonstances que ne l’était la République. Engager une guerre de plus, contre eux aujourd’hui, disperserait vos forces. En revanche, ils peuvent être sensibles à l’idée d’une garantie à rester totalement à l’écart de tout. »

Darth Sidious, Empereur galactique

La fille de votre Furie actuelle, oui. Elle possède une certaine présence, dans la Force, et effectivement un potentiel certain à exploiter. Il faut néanmoins qu’elle gagne plus de force qu’actuellement. Sa petite planète est un bon terrain d’entraînement.

C’est une Sith moins sanguinaire ou instable que bien d’autres qui se charge d’elle, actuellement.

Pour le moment, ce n’était guère un sujet prioritaire, la jeune femme ne pouvait pas encore être pleinement utilisée. L’Empereur espérait, cependant, qu’elle ne devienne pas aussi instable que pouvait l’être son très cher père. Quant à ses conseillers, comme l’ajouta son confrère d’un temps lointain, effectivement, il en avait pouvant d’ores et déjà servir… Le vieux loup était parfaitement au fait de comment ces pions-ci étaient forgés, n’est-ce pas ? Pestage était, pour le moment, le plus utile dans toute cette affaire, il possédait de nombreuses cartes en main et Palpatine le tenait serré dans le creux de sa paume. Il y avait, ainsi, plusieurs pions dont il était parfaitement sûr de la loyauté, des pions également assez stables pour ne pas être retournés ni sombrer dans la folie pure. De rares pions, travaillés avec soin, et dont il allait être temps de les rentabiliser.

Le coup de la vidéo, dans tous les cas, ressemblait bien à Thrawn. La vie était parfois surprenante, qui aurait cru que ce simplet de petit humain se serait retrouvé là, à être utilisé pour cette affaire, tout cela après l’affaire de la pandémie. Sidious ne doutait guère une seconde que le vieux loup serait capable de remodeler entièrement l’esprit de Vanto ou celui du colonel Yularen, las, non seulement ils n’étaient – pour le moment – plus à portée, mais il était également trop tard. Il y avait effectivement une forte probabilité que les deux, ou Vanto du moins, soient cachés quelque part dans les Régions Inconnues. Ils n’avaient néanmoins pas le loisir d’envoyer des troupes là-bas, pas avec ce qu’ils avaient encore à balayer devant leur porte. Restait néanmoins à savoir à qui les Chiss étaient alliés aujourd’hui, si alliance il y avait. Avaient-ils déjà osé pousser le vice à s’allier avec des rebelles, voire avec les Jedis, ou n’en étaient-ils pas encore à ce point ?

Décrédibiliser la parole, voilà un premier point qui avait d’ores et déjà été commencé à travailler. Sidious regrettait quelque peu d’avoir autorisé leur ex-amiral, il y a bien longtemps, à garder son petit humain de compagnie. Sur le moment, ça n’avait été qu’un vulgaire détail, à ses yeux. Aujourd’hui, le gamin, tout comme Yularen, avaient rejoint en tête de liste ceux dont il rêvait de faire souffrir plus que jamais. Une liste courte, par ailleurs, quoi qu’on aurait pu attendre de lui. Elle n’incluait à l’origine que Skywalker, – le blondinet – et Kenobi, et maintenant, il y ajoutait Yularen et Vanto. Quant à Thrawn, c’était moins dérangeant, car il s’y était longuement attendu.

Quant aux Chiss, ils étaient autrefois le seul allié, si on peut dire, de l’Empire Sith. Quoi qu’il s’agissait plutôt d’une sorte d’alliance, un échange mis en place, qui leur permettait de vivre en autonomie. Quelques uns d’entre eux devinrent des agents impériaux. Tout cela remonte à trois, non, plutôt quatre millénaires. Tout est but à préserver les leurs, finalement, et à cette époque, l’Empire Sith était simplement un meilleur allié de circonstances que ne l’était la République. Engager une guerre de plus, contre eux aujourd’hui, disperserait vos forces. En revanche, ils peuvent être sensibles à l’idée d’une garantie à rester totalement à l’écart de tout.

Si, du moins, ils n’étaient pas déjà alliés à une faction ou une autre. Étant donné les circonstances, et le fait que certains d’entre eux soient des sensitifs, voire fassent déjà parti de l’Ordre Jedi, ils ne pouvaient exclure cette idée. C’est que Sidious souligna en premier lieu, d’un ton plus froid.

Que savez-vous des Chiss, exactement ? Si vous avez déjà eu affaire à eux, vous semblez tout indiqué pour leur proposer de rester à l’écart.

En plus de disparaître à nouveau quelques siècles de leur galaxie, si cela était possible…

Le Seigneur Sith s’installa un peu plus confortablement dans le moelleux canapé, face à son interlocuteur, reconnaissant la bonne facture des meubles et l’aisance ainsi permise. Bien que le côté confortable d’un lieu n’eût jamais été ce qui l’avait intéressé en premier lieu, il savait apprécier ce genre d’instant. Un petit sourire lui vint lorsque Sidious souligna que leurs chers amis bleutés pourraient d’ores et déjà être alliés à une faction ou une autre, surtout en prenant en compte que certains d’entre eux étaient déjà membres de l’Ordre Jedi. Peut-être, en effet, Vitiate ne pouvait juger de l’évolution de leurs mentalités depuis les derniers siècles, sans plus les avoir côtoyés. Ceci étant, pour ce qu’il en savait, il les imaginait cependant mal être devenus très ouverts d’esprits. Cultiver l’isolationnisme et la xénophobie durant tant de siècles ne se repoussait pas comme cela, si facilement, sauf, peut-être, en cas de bouleversement majeur. Toute société pouvait être gravement bousculée, pour peu qu’on sache y mettre les formes, leurs aliens lointains pourraient en dire quelque chose. Pour cette fois, cependant, il n’y avait été pour rien. Il pensait même avoir dévoré, sur Nathema, le confrère responsable du petit choc. Petit détail amusant.

« Que savez-vous des Chiss, exactement ? Si vous avez déjà eu affaire à eux, vous semblez tout indiqué pour leur proposer de rester à l’écart. »

Une envie de le tester en plus d’une forte envie de le voir disparaître le plus loin possible ? Valkorion était un peu amusé et ne le cachait pas. Son propre désir de demeurer discret en attendant de monter soigneusement ses plans correspondait bien avec la volonté de l’empereur actuel. L’un voulait respirer en paix sans Siths anciens dans les parages, lui-même avait besoin de temps, d’espace et de tranquillité pour ses projets. Ils étaient faits pour s’entendre, jusqu’à un certain stade. Soit, soit… Vitiate n’était guère pressé, il avait la patience de la pierre et tout le temps du monde devant lui, pour accomplir ses desseins. Que cela prenne quelques jours, quelques mois, quelques années ou quelques siècles ne le perturbait pas outre mesure. Les Régions Inconnues, en outre, avaient toujours été son terrain de jeu favori. Les visiteurs indésirables s’y perdaient facilement, on y trouvait des ressources précieuses lorsqu’on cherchait bien, on y était tranquille pour bâtir ses forces et le reste de la galaxie avait tendance à vous y oublier facilement. Durant ces semaines et mois d’absence, ses confrères n’étaient pas venus le chercher. Sans doute aussi grâce à leur bon ami amoureux des virus, qui les avait tenus occupés.

« C’est un système qui appréciera plus aisément les Empires que les Républiques, tant ils sont cadrés et protocolaires. Ils aiment l’ordre, la discipline, et se développent dans leur coin, tout en se cachant des étrangers. Quelques rares agents, parmi eux, avaient choisi d’intégrer l’Empire Sith, ils peuvent être efficaces, mais ce n’était là qu’une petite poignée. Quelques aventureux, si vous préférez le voir ainsi, peu représentatifs des leurs. Cultiver la xénophobie est une manière comme une autre de se protéger. Je doute, pour ma part, qu’ils soient alliés, militairement parlant, aux Jedis et encore moins à la rébellion. Mais ils peuvent avoir certaines affinités ou liens d’amitié, pourquoi pas. »

Des liens d’amitié, oui, c’était encore probable. Une alliance militaire pure et dure, en revanche ? Il n’y croyait guère mais c’était à vérifier. Qui sait, peut-être que ces petits aliens avaient vraiment beaucoup changé, à travers les siècles ? Il fit un vague geste de la main, se notant mentalement de vérifier ce point.

« Dans tous les cas, ils ne me connaissent guère, je ne suis pas un de ceux dont ils se méfieront aussitôt, peu importe que je sois votre « envoyé » ou non. Ce genre de situation s’est déjà produite par le passé. Inutile de s’ajouter un front supplémentaire, comme nous le disions, et ce front-là est très facilement jetable, tant il souhaite déjà qu’on le laisse tranquille. Ils ne viendront pas jusqu’ici pour attaquer, c’est certain. Votre jeune grand amiral ignore tout autant qui je suis, il ne pourra les avertir. Par ailleurs, vous savez déjà ce que j’ai commencé à entreprendre dans les Régions Inconnues, il me tarde de poursuivre. »

Une part de ces projets servaient d’ailleurs Palpatine, lui aussi avait intérêt à ce que les menaces contenues là-bas y restent. Il ne servait à rien de nier les informations reçues par leurs rares confrères venus de temps plus lointains, aussi instables et irritables qu’ils aient été.

« En ce qui concerne les Jedis, étant donné que les tuer simplement ne sert plus à grand-chose, il reste possible de distiller certaines pensées dans leurs rangs, par le biais d’assistants… Qu’avez-vous d’utile, ces derniers temps ? »