Sur le fil [PV Formbi]

Beclu'doz'csapla, chef du Clan Csapla

Chaf’orm’bintrano. Je me dois d’admettre que j’attendais votre arrivée en ces lieux avec une certaine impatience, ce matin. Puis-je vous offrir un café dans mon bureau ?

Le ton avait beau être parfaitement poli, il laissait pourtant insinuer que l’invitation n’en était pas vraiment une. Qu’il désirait lui parler, que ce n’était pas négociable et qu’il n’admettrait guère un refus. Par ailleurs, alors que tant de personnes évoluaient autour d’eux à cet étage du Parlement, refuser aurait été mal perçu, ni lui ni le chef du Clan Chaf ne souhaitaient laisser entendre qu’il existait certaines tensions entre leurs deux clans, n’est-ce pas ? Bien qu’il soit pourtant notoire que tous deux, personnellement, ne s’appréciaient pas. Udozc invita donc, d’un geste tout aussi courtois, son confrère à le suivre, un petit sourire aux lèvres, vers les escaliers. Il l’avait attendu, en effet, et bien qu’il ait beaucoup de travail aujourd’hui, des affaires urgentes retenaient son attention, d’une façon très pressante. En chemin, il demeura sur une conversation très banale, au cas où des oreilles plus ou moins indiscrètes puissent les entendre.

Il fit entrer son confrère dans son vaste bureau et referma avec soin la porte derrière eux, avant de l’inviter à prendre place. Le bureau disposait d’un coin prévu pour ce type de rencontre, plus confortable, avec des fauteuils moelleux, une table basse en verre, raffinée, porteuse de quelques fleurs, et un riche tapis au sol. Le Clan Csaplar était l’un des plus riches des Neuf, peut-être même le plus riche, et cela se percevait, au travers de la décoration riche et variée de ce bureau. Udozc lui aussi montrait cette richesse par sa tenue, qu’il se devait de rendre impeccable. Ses vêtements venaient d’un atelier de prestige, à la capitale, et il prenait soin des apparences, car elles étaient une part essentielle du grand jeu de politique et de pouvoir. Dès qu’ils furent assis, un petit droïde vint servir deux tasses fumantes de café, avant de se retirer discrètement. Le chef de clan la prit doucement entre ses mains, tout en regardant son interlocuteur, sans se départir de son petit sourire.

Comme bon nombre de personnes, il n’avait toujours ressenti que du dédain et du mépris pour le chef du Clan Chaf. Il le jugeait impulsif, peu responsable, agité, sourd à de trop nombreuses règles et plus que tout, beaucoup trop émotif. Il suivait ses émotions avant de suivre les règles, ce qui était parfaitement inadmissible pour un chef de Clan ! Bien des fois, Formbi avait été trop loin, et s’il était encore à ce poste aujourd’hui, ce n’était que parce que certains de leurs confrères au Conseil avaient encore bien trop de patience envers lui. Pourtant à vouloir aller trop vite, et trop loin, il sapait lui-même chaque jour un peu plus le faible socle le gardant encore à son poste. Il nuisait au Clan Chaf et ne devait sans doute même pas le réaliser. Or, l’Ascendance n’a guère besoin d’un Clan dissident, dans ses rangs. Les troubles-fêtes devaient être éjectés. Ils s’étaient déjà débarrassés de Thrawn – merci d’ailleurs à Formbi – mais aujourd’hui… Aujourd’hui, Udozc se demandait sincèrement si le chef des Chaf n’était pas encore pire.

J’ignore si vous y avez prêté attention, sur votre trajet, mais notre peuple est des plus agités, ces derniers temps. Bien qu’une attaque dans notre espace soit une insulte à faire payer, bien des nôtres sont très inquiets, et en colère, qu’une alliance militaire ait été faite avec une faction étrangère. Alors même qu’il leur avait été certifié que cela ne se fera jamais. Que toute échange restera purement commercial ou amical. C’est une colère bien légitime, vous ne trouvez pas ?

Il lui sourit et leva légèrement sa tasse vers lui, avant d’en boire une petite gorgée et la reposer sur sa coupelle. Cette brève entrée en matière n’attendait aucune réponse, Formbi devait déjà être très conscient des effets que sa petite crise de nerfs allait provoquer chez leur peuple tout entier.

Je suis très intrigué, mon cher confrère, par vos manies nouvelles, depuis… Oh, cela fera bientôt deux ans. Votre ouverture d’esprit toute neuve envers les étrangers, envers les Humains, même envers les sensitifs. Vous avez été jusqu’à en accueillir chez vous ! C’est d’autant plus curieux que tout cela fragilise la position de votre Clan… Une position déjà assez minime, compte tenu du peu d’influence, de responsabilités et de nombre de membres dans la Famille Chaf. Aquel point aimez-vous vivre sur le fil ?

Fartha avait pu lui envoyer un message lui signalant qu’ils étaient en route vers l’endroit où Ewime était détenue prisonnière, tous comme les autres. Bien… Formbi le relut une fois de plus, assis à l’arrière d’une petite navette l’emmenant au Parlement, ce matin. Il lui était très pénible, et très douloureux, de ne pouvoir suivre cette affaire jusqu’au bout, tant il s’angoissait pour elle. Néanmoins, il ne pouvait rien faire de plus, désormais… Il avait déjà fait tout ce qu’il avait, absolument tout, et il comptait maintenant à la fois sur Thrawn et Ar'alani pour mener à bien cette affaire et lui donner une fin heureuse. Peu importe comment ils s’y prendront. Il pouvait compter sur eux deux, c’était certain, ils réussiront. Ce n’étaient pas des débutants, ils avaient l’habitude des combats, avaient travaillé ensemble par le passé et donc sauront se coordonner sans peine, l’Aristocra n’avait aucune raison de s’inquiéter. Tout allait très bien se dérouler.

Il rangea son datapad avec soin, puis prit ses affaires, quand la navette arriva devant le Parlement. Lui aussi avait du travail. A peine arrivé, cependant, il se fit approcher dans le hall par le chef du Clan Csapla. Formbi aurait plutôt parié sur un autre de ses confrères, mais soit, puisque c’était lui qui désirait ouvrir la danse, il acceptait volontiers de le suivre et discuter. Dès son entrée, il avait senti les regards, lourds et ne se cachant même pas, il avait senti la tension ambiante, la colère sous-jacente, et d’autres sentiments qu’il n’avait pu encore identifier clairement. La colère était le sentiment majeur. Dirigée contre lui, bien sûr, les gestes et regards n’avaient rien de voilés. Des attitudes qui auraient suffit, à elles seules, à en affecter plus d’un ou, ou à rendre n’importe qui mal à l’aise. Mais ce n’était pas son cas. La colère ambiante glissait sur lui sans l’atteindre.

Trop sûr de lui ou arrogant devaient sans doute être les termes employés en ce moment, à son encontre. Ce devait être vrai. Il était si sûr de ce qu’il avait à faire. Tout était clair, maintenant. Il avait passé bien trop de mois à hésiter, à s’interroger, à peser toutes les possibilités une à une, à s’angoisser, parfois, il avait perdu déjà beaucoup trop de mois avant d’enfin se positionner. Une bonne fois pour toutes. Une remise en question de lui-même qui avait été très longue et douloureuse, qui lui avait causé de nombreuses nuits blanches, et qui parvenait à maturité. Enfin. Ou peut-être n’était-ce pas un changement, qu’il avait vécu depuis plus d’un an, mais simplement une lente acceptation de qui il était réellement, au plus profond de lui ? Un faible sourire étira ses lèvres à cette pensée, en entrant dans le bureau de son collègue. Peut-être que c’était juste ça.

Un sourire perdu dès qu’il fut assis face à son collègue bien-aimé. Beclu'doz'csapla… Formbi n’avait jamais pu l’encadrer et savait que c’était parfaitement réciproque. Il prit le café que lui tendit le droïde, avec un petit geste réflexe de remerciement, et s’enfonça un peu dans le fauteuil. Le sourire hypocrite de son collègue lui donnait envie de le lui arracher avec les dents… Il détestait tout, chez lui. Ses manières, sa mentalité, sa façon de se comporter et de diriger son clan, sa suffisance, la manière dont il étalait sa richesse et celle de sa Famille, son ton toujours condescendant, son petit sourire moqueur, tout. En fait, plus globalement, Formbi avait horreur des personnes ne se montrant pas franches ! Autant dire que ça incluait une très grand nombre de personnes, dans l’Ascendance Chiss.

– J’ignore si vous y avez prêté attention, sur votre trajet, mais notre peuple est des plus agités, ces derniers temps. Bien qu’une attaque dans notre espace soit une insulte à faire payer, bien des nôtres sont très inquiets, et en colère, qu’une alliance militaire ait été faite avec une faction étrangère. Alors même qu’il leur avait été certifié que cela ne se fera jamais. Que toute échange restera purement commercial ou amical. C’est une colère bien légitime, vous ne trouvez pas ?

Il ne prit pas la peine de répondre, ce n’était pas une vraie question, et se contenta de boire lui aussi une gorgée de café. Une « faction étrangère » dont certains des leurs faisaient déjà partie… Mais leur peuple aimait bien fermer les yeux sur les détails qui le dérangeait. Même si les FID restaient, bien sûr, une faction étrangère.

– Je suis très intrigué, mon cher confrère, par vos manies nouvelles, depuis… Oh, cela fera bientôt deux ans. Votre ouverture d’esprit toute neuve envers les étrangers, envers les Humains, même envers les sensitifs. Vous avez été jusqu’à en accueillir chez vous ! C’est d’autant plus curieux que tout cela fragilise la position de votre Clan… Une position déjà assez minime, compte tenu du peu d’influence, de responsabilités et de nombre de membres dans la Famille Chaf. A quel point aimez-vous vivre sur le fil ?

Cette condescendance insupportable qui se manifestait de nouveau. Oui, le Clan Chaf était assez petit, comparé aux autres, petit comme le Clan Mitth, et plus encore comparé à un clan comme celui de son interlocuteur. Il ne pouvait le nier. Cela dit, même un petit Clan pouvait agir, au sein des Neuf, pour la globalité de l’Ascendance.

– Selon vous, mon cher confrère, faire en sorte que l’Ascendance ne reste pas recroquevillée sur elle-même, au risque de se retrouver totalement prise au dépourvue lors de catastrophes telles que la pandémie, revient à aimer vivre sur le fil. C’est un point de vue intéressant. J’avais plutôt tendance à songer que rester renseigné sur l’extérieur était un atout, plutôt qu’un frein, pour se tenir prêt à tout type d’attaques ou de nouvelles menaces.

D’un petit geste souple, il reposa la tasse brûlante et sa coupelle sur la table en verre. Il avait un peu soif, certes, mais dans cette situation, l’envie de jeter le contenu de ladite tasse sur son collègue était bien assez forte pour qu’il prenne ça comme précaution.

– Bien des nôtres sont en colère et bien des nôtres ont choisi de ne pas demeurer repliés sur eux-mêmes et de rejoindre cette faction étrangère. Les temps changent et c’est une bonne chose. De mon point de vue, l’Ascendance a besoin d’évoluer dans ce sens pour gagner en force. Les points de vue extérieur ne sont pas tous à jeter.

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Ambiance au Parlement : 16

Beclu'doz'csapla, chef du Clan Csapla

Quelle belle manière de tenter de détourner le sujet, ou plutôt le véritable problème, tout en insinuant que des étrangers pouvaient former une aide utile à l’Empire Chiss. Prétendre qu’ils pourraient recevoir de l’aide extérieure, comme s’ils en avaient besoin, comme s’il était utile, tout à coup, d’avoir de l’aide pour faire face aux menaces externes alors que jamais, dans toute leur Histoire, ils n’avaient eu un tel besoin. Beclu'doz'csapla retint un petit reniflement de mépris, tout en buvant son café à petites gorgées. Son confrère, lui, avait reposé le sien. Pas à son goût, peut-être ? L’Aristocra était quelque peu blasé, déjà, du début de cette petite conversation. Comme il s’y était attendu, son confrère ne comprenait pas d’emblée l’ampleur du problème. Dont il était pourtant à la source.

Bien des nôtres sont en colère et bien des nôtres ont choisi de ne pas demeurer repliés sur eux-mêmes et de rejoindre cette faction étrangère. Les temps changent et c’est une bonne chose. De mon point de vue, l’Ascendance a besoin d’évoluer dans ce sens pour gagner en force. Les points de vue extérieur ne sont pas tous à jeter.

Bien des nôtres ? Cela ne représente pas même 1% de la population totale de l’Ascendance. Vous surestimez l’impact qu’à votre nouveau grand ami. Quant aux points de vue extérieur, comme vous dites…

Il reposa la tasse à son tour, pour croiser les mains contre lui. Puisque que son cher collègue ne voulait pas comprendre seule et vite, sera-t-il plus efficace de lui parler plus simplement, comme on le ferait pour un enfant ? Plus directement ? Avec des mots moins compliqués, afin qu’il comprenne mieux ? Udozc pouvait tout à fait se plier à ce petit exercice, s’abaisser au faible niveau de son confrère, si cela l’aidait. Après tout, il n’était pas très juste d’exiger que les faibles d’esprits saisissent bien vite les pensées des personnes plus mûres, il se devait de ne pas l’oublier. Quelle tristesse, pour la Famille Chaf, d’avoir ça à sa tête… Il ne cessait de les mener dans de mauvaises directions, pire encore, il les imprégnait de ses idées futiles ou dangereuses. Qu’était cet homme, depuis son arrivée sur ce poste, sinon une simple nuisance ? Une nuisance presque insoutenable, il était… vraiment dommage qu’ils n’aient pas encore eu assez de soutien pour le faire expulser à son tour de l’Ascendance.

Pourquoi, tout à coup, estimez-vous si nécessaire que nous ayons tous d’une besoin d’une quelconque aide extérieure ? Avec ou sans cette aide, la pandémie aurait frappé, si c’est à ça que vous songez. Je pense plutôt que personne n’a été encore suffisamment clair, avec vous… Ou bien que vous avez bénéficié de bien trop de complaisance, à venir jusqu’ici ici.

La première erreur, une grossière erreur selon lui, avait été de le laisser accueillir cette prétendue nièce, venue d’on ne sait où exactement, et ensuite, de l’avoir laissé accueillir ces humains Jedis. Il n’avait guère envie de jouer, de tourner autour du pot ou bien de demeurer évasif, car les affaires étaient déjà allées beaucoup trop loin. Pour le bien de l’Ascendance, mais aussi celui du clan Chaf, il était temps que cet homme se reprenne. Maintenant. Et s’il n’y parvenait pas seul, ce sera à d’autres de prendre tout cela en mains et s’assurer à ce que ce Clan ne devienne pas plus encore une simple nuisance au bon développement de leur Empire.

L’équilibre de l’Ascendance est porté par la capacité des Familles Régnantes à faire front commun, avancer, ensembles, dans une même direction. C’est grâce à cela que notre peuple peut continuer à grandir, à prospérer et à mieux se défendre. Que nos Clans soient grands ou petits, nous devons être unis. Dans ce cadre, un chef de Clan incapable de rentrer dans le moule est un danger pour cet équilibre. Vous n’avez pas les moyens de tout changer, Formbi… Votre Clan est trop petit, pas assez influent, pas assez riche. Et vous avez beaucoup d’ennemis. Réfléchissez à ça… Vous avez déjà bien travaillé seul à saper le respect que vous auriez dû inspirer. Vous avez également trahi le peu de confiance que le peuple plaçait encore en vous. Et que penser, dorénavant, de votre Clan. De son état. De tous ses membres ? Votre sœur a fait jaser, elle aussi. Des rumeurs courent.

Qu’il réfléchisse. Bien. Et vite. Beclu'doz'csapla pourrait se lasser quelque peu, et décider, avec certains de leurs confrères, de s’occuper de cette affaire par des moyens beaucoup plus radicaux… C’était une menace, bien sûr. A lui de voir s’il allait enfin revenir à la raison ou s’il avait l’intention de jouer et tenter sa chance. Mais dans ce cas, il s’attaquera à bien plus fort que lui.

Son nouveau grand ami ? De qui parlait-il, Formbi n’avait pas de… Ah. Il devait penser à Thrawn. « Grand ami »… Bref, peu importe, ce n’était pas le lieu pour lancer le débat. La seconde tasse posée fit un petit cliquetis, en arrivant sur la table en verre. Formbi, qui avait suivi le mouvement du regard, le releva ensuite vers son interlocuteur, sentant par ce simple geste qu’il s’était décidé à laisser tomber la courtoisie ou simplement les formes, pour entrer dans le vif du sujet. Il lui aura fallu très peu de temps, enfin, ce n’était pas plus mal. Comme prévu, il reprit d’un ton plus froid, plus direct, en le fixant droit dans les yeux. Trop de complaisance, hein ? Accepter de parler à des étrangers, à des humains, était-ce donc si grave et répréhensible ? S’ouvrir, au moins un peu, à ce qui existait en-dehors de l’Ascendance était-il une erreur grossière ou encore une honte terrible, surtout pour un Aristocra ? Son propre peuple lui apparaissait de plus en plus comme étriqué. Ou bien trop rigide.

– L’équilibre de l’Ascendance est porté par la capacité des Familles Régnantes à faire front commun, avancer, ensembles, dans une même direction. C’est grâce à cela que notre peuple peut continuer à grandir, à prospérer et à mieux se défendre. Que nos Clans soient grands ou petits, nous devons être unis. Dans ce cadre, un chef de Clan incapable de rentrer dans le moule est un danger pour cet équilibre. Vous n’avez pas les moyens de tout changer, Formbi… Votre Clan est trop petit, pas assez influent, pas assez riche. Et vous avez beaucoup d’ennemis. Réfléchissez à ça… Vous avez déjà bien travaillé seul à saper le respect que vous auriez dû inspirer. Vous avez également trahi le peu de confiance que le peuple plaçait encore en vous. Et que penser, dorénavant, de votre Clan. De son état. De tous ses membres ? Votre sœur a fait jaser, elle aussi. Des rumeurs courent.

Qu’une Famille Régnante en menace une autre, de manière à peine voilée, était-il très bon pour le bon équilibre de l’Ascendance ?! Ça pouvait aller extrêmement loin ! Et pourtant, Formbi savait très bien que le Clan Csapla avait on ne peut plus les moyens de menacer le sien. Pas dans une bataille rangée, bien évidemment, ils n’allaient pas en arriver à une guerre civile, mais ils pouvaient très bien les discréditer, mener des campagnes de désinformation, s’efforcer de les ruiner, ou encore autre chose. Il savait qu’il n’aura que très peu de moyens de lutte, surtout que cet homme avait des alliés de poids, dans le Conseil. Quant à porter ensuite des accusations devant toutes les Familles… A part empirer la situation et provoquer des tensions encore plus grandes, cette fois dans toute l’Ascendance, ça ne mènerait à rien.

Il n’était pourtant pas question de se laisser intimider. Il avait beaucoup d’ennemis, c’était vrai, mais aussi certains alliés. Sur le long terme, même si cela devenait très compliqué, voire impossible, il ne comptait pas s’écraser, tout simplement, face aux menaces ou à l’intimidation. De toute manière, Formbi était bien trop fier pour accepter tout gentiment de l’écraser ou de se ranger aux exigences des autres. Il protégera les membres de son Clan, quoi qu’il arrive et quoi qu’il lui en coûte. Restant calme, bien que l’envie de lui jeter son café brûlant à la face soit de plus en plus bouillante, il parvint à conserver un ton égal, un visage neutre. Cette immonde ordure avait de la chance que Formbi ne puisse pas juste se contenter de l’étrangler, ici et maintenant, pour oser menacer son Clan !

– Il y a toujours eu des rumeurs, sur bien des sujets, et ça m’intéresse pas. Vous vous alarmez bien vite, quant à cette confiance perdue, aucun de mes actes n’a eu pour but de nuire à notre peuple, bien au contraire. Les nôtres comprennent très bien le principe de répliquer lorsque nous sommes attaqués et peuvent tout aussi bien comprendre que les FID participent, étant donné qu’une grande partie de l’équipage perdu était le leur.

Son regard hurlait « Teste-moi, mon vieux, et tu verras pour lequel de nous deux ça se termina le plus mal l! ». Même avec bien moins de moyens, Formbi ne comptait pas laisser sa Famille être malmenée sans réagir. Il allait devoir, assez vite, parler sérieusement avec certaines personnes… Et laisser sa sœur en-dehors de ça avec soin, bien entendu, lorsqu’il l’aura retrouvée. Il était inutile qu’elle sache dans quel problème il s’était fourré, ça l’inquiéterait pour rien. C’était uniquement de son fait et il comptait gérer ça sans l’y impliquer. En revanche, il devra en parler avec son Administrateur, dès qu’il sera rentré, et mettre au point avec lui leur stratégie. Bien qu’il ait déjà quelques idées, il devait évidemment voir ça avec son ami et conseiller.

– Dans tous les cas, soyez rassuré, mon cher confrère, je continuerai de faire mon possible et veiller à ce que mes actes mènent à une meilleure défense de l’Ascendance. N’est-ce pas là le devoir final de tout chef de clan, après tout ? J’ai quelques projets nécessitant encore un peu de travail mais qui aideront beaucoup les nôtres, à long terme. Soyez rassuré.

C’était une grande fierté, pour lui, de conserver un ton toujours si neutre et poli. Si parfaitement lisse et courtois. Alors que tous les deux, s’ils ne se retenaient pas, en seraient presque arrivés aux mains, déjà… De plus, cette petite conversation l’avait d’un seul coup bien plus que motivé à concrétiser enfin un projet qu’il travaillait mentalement depuis déjà un bout de temps. Il s’en occupera bien plus avant, de cela aussi, dès qu’il sera assuré du retour et de la sécurité de sa petite sœur.

Beclu'doz'csapla, chef du Clan Csapla

Ainsi, il décidait de ne pas prendre l’avertissement au sérieux. Il décidait de ne pas tenir du compte du fait qu’il partait très désavantagé. Il décidait de tenter sa chance et jouer avec le feu. Udozc termina doucement son café, sans lâcher son collègue du regard, lisant parfaitement ce qu’il pensait en ce moment même. Ce crétin se rendait-il seulement compte dans quoi il s’engageait ? Réalisait-il à quel point il pouvait avoir particulièrement mal ? La politique n’était pas un jeu, il devrait le savoir, et dans ce cas précis, elle pouvait se révéler on ne peut plus saignante. De grandes rivalités entre deux, ou plusieurs, Familles, il y en avait eu pléthore dans toute l’Histoire de l’Ascendance, leur méthode de fonctionnement amenait à ça et c’était souvent pour cette raison que le nombre de Familles Régnantes fluctuait selon les périodes. Parfois seulement trois, ou neuf comme de leurs jours, c’était une donnée pouvant évoluer… très vite.

Dans tous les cas, soyez rassuré, mon cher confrère, je continuerai de faire mon possible et veiller à ce que mes actes mènent à une meilleure défense de l’Ascendance. N’est-ce pas là le devoir final de tout chef de clan, après tout ? J’ai quelques projets nécessitant encore un peu de travail mais qui aideront beaucoup les nôtres, à long terme. Soyez rassuré.

Qu’il prie pour parvenir à rester discret, dans ce cas, car ni Udozc ni certains de ses collègues n’avaient de scrupules à employer des méthodes peu scrupuleuses, pour surveiller les faits et gestes de certaines personnes. Pas plus qu’ils n’en auront en s’employant à détruire consciencieusement leur cible, de toutes les façons possibles. Des projets, tss, tss… Comme s’il n’en avait pas déjà fait assez de belle, de cette manière ! Beclu'doz'csapla laissa échapper un petit sourire plus mauvais, cette fois-ci, même un petit rire, puis il se frotta doucement la tempe du bout des doigts. Formbi ne pourra pas dire, par la suite, qu’il n’avait pas été prévenu, par plus qu’il ne pourra se plaindre, car il avait eu le choix. Il aurait pu choisir de s’écraser, de revenir à la raison, d’être raisonnable, d’abandonner sa folie, mais il choisissait de persister. Fort bien.

Je reconnais que vous avez beaucoup de cran. Il en faut, dans une situation de ce genre, et lorsqu’on se lance à corps perdu dans une bataille qui vous dépasse. Est-ce que cela suffira, ça, c’est une toute une autre affaire.

Il se leva souplement, puis ajouta, pour son confrère, sur un ton plus glacé qu’il l’avait prévenu. Dès qu’il sera sorti de cette pièce, la fête allait très officiellement commencer, en avait-il bien conscience ? L’Aristocra le raccompagna jusqu’à la porte de son bureau, retrouvant en chemin un air neutre plus habituel. La main sur la poignée, juste avant d’ouvrir, il soupira tout à coup et se tourna vers son collègue.

Je n’espérais pas vraiment vous faire comprendre, certes, mais au moins que vous vous freiniez un peu. Ce ne sera pas le cas, soit, donc un dernier conseil. Prenez ça comme… Disons… Un dernier conseil d’ami avant le grand jeu, car après tout, vous avez épousé une de mes lointaines parentes. Ce genre de conflit entre deux Familles se termine le plus souvent soit par l’éviction pure et simple de l’une des deux parties des Familles Régnantes, soit par la dispersion de ses membres et donc la disparition du Clan. Vous avez leur sort entre vos mains, pas seulement le vôtre. Votre devoir est de les préserver, pas de les jeter dans un conflit que vous êtes certain de perdre, pour un simple plaisir égoïste.

Il ouvrit la porte sur ces dernières paroles. Il comptait, dans un premier temps, relativement épargner Namia, par simple principe, mais si cette situation devait empirer… Il aura moins de scrupule à s’en prendre à une parente éloignée qu’à une proche parente, bien entendu, la question ne se posait même pas.

Sur ce, prenez soin de vous, surtout, mon cher confrère. Faites attention à votre santé. Trop de stress n’est jamais bon.

– Je reconnais que vous avez beaucoup de cran. Il en faut, dans une situation de ce genre, et lorsqu’on se lance à corps perdu dans une bataille qui vous dépasse. Est-ce que cela suffira, ça, c’est une toute une autre affaire.

C’est ce qu’ils allaient voir. Udozc se leva, lui dit qu’il l’avait prévenu, et Formbi se leva à son tour, reprenant ses affaires en mains. Même si Fartha était encore en pleine mission avec les autres, il devait tout de même lui faire parvenir un message de toute urgence, afin qu’il reste sur ses gardes et soit déjà averti de ce qui se trame avant son retour, que ce soit sur Csilla ou ailleurs. En tant qu’Administrateur du Clan, et surtout, en tant qu’ami, lui aussi risquait très gros. Formbi était désolé, pour ça, mais il fera en sorte de le protéger, bien évidemment, qu’il n’ait pas à subir les dommages collatéraux. Tant qu’il était sur le terrain, il ne risquait, en théorie, rien encore. Prêt à sortir, il stoppa quand il entendit son collègue soupirer puis le voyant stopper son geste, main serrée sur la poignée. Quoi encore ? Ils s’étaient déjà tout dit, à ce qu’il sache. A moins qu’il ne veuille rebrousser chemin, ne pas aller trop loin, dans ce jeu malsain. On ne sait jamais, un pur miracle pouvait arriver.

– Je n’espérais pas vraiment vous faire comprendre, certes, mais au moins que vous vous freiniez un peu. Ce ne sera pas le cas, soit, donc un dernier conseil. Prenez ça comme… Disons… Un dernier conseil d’ami avant le grand jeu, car après tout, vous avez épousé une de mes lointaines parentes. Ce genre de conflit entre deux Familles se termine le plus souvent soit par l’éviction pure et simple de l’une des deux parties des Familles Régnantes, soit par la dispersion de ses membres et donc la disparition du Clan. Vous avez leur sort entre vos mains, pas seulement le vôtre. Votre devoir est de les préserver, pas de les jeter dans un conflit que vous êtes certain de perdre, pour un simple plaisir égoïste.

– Merci du conseil, j’y veillerai.

Il sortit dans le couloir, d’un pas mesuré, puis se retourna plus vivement entendant la dernière remarque lancée par le chef des Csapla, avant que la porte ne se referme sur son visage de serpent. Glacé, il parvint pourtant à se contenir, rehaussant un peu sac et documents, avant de partir dans le couloir. Ça, par contre, ce n’était pas du tout ce qu’il avait songé, ou anticipé, et il n’avait pas pensé que ça puisse aller si loin. Une fois de retour dans son bureau, et la porte bien verrouillée, il laissa tout retomber sur une chaise puis alla s’asseoir, avant de se prendre la tête entre les mains. Bon sang… Bon sang, bon sang… S’il conservait son sang-froid, il digérait mal, en revanche, que ça en arrive à des menaces de mort. Car c’était bien ce que c’était, ni plus ni moins. Voilà longtemps qu’il y avait plus eu de conflit de ce genre, car l’Ascendance était à Neuf familles Régnantes depuis déjà plus d’un siècle.

Sa vie, et celle de son Clan, allaient très vite devenir des plus sportives. Bien… Pour le moment, contacter Fartha. Il avait défini un protocole sécurisé, avec lui, servant habituellement pour les affaires courantes du Clan. Jamais Formbi n’aurait imaginé l’utiliser dans de telles circonstances. Il lui laissa un message avec d’abord un compte-rendu de la conversation, puis les conséquences attendues, et enfin, pour le mettre en garde. L’enjoindre, presque lui ordonner, de faire très attention à sa sécurité, qu’il soit loin ou lorsqu’il reviendra auprès d’eux. Il fit ensuite de même pour Namia, restée à la maison sur Svarchi. Et enfin, contacta Veeren et Thsans, les deux seuls, dans le Conseil, en qui il pouvait encore entièrement se fier. Ils allaient avoir besoin d’une longue et discrète conversation.

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Gérer ses émotions : 3