Mise au point au palais

L’entretien devant suivre était très important. Voilà de nombreux jours que Vader bouillait littéralement, à la fois de colère, d’inquiétude, d’impatience et encore bien d’autres émotions peu recommandables pour sa santé mentale. D’extérieur, il n’en laissait rien paraître. Comme ses hommes le soufflaient parfois dans son dos, il était plus une machine qu’un homme. Ce qui était en très grande partie vrai. L’homme ne s’éveillait en lui que face à des cas particulièrement précis, comme aujourd’hui. La petite planète Alderaan venait d’apparaître sous leurs yeux, seuls quelques autres vaisseaux de commerce et un vaisseau impérial de guerre, étaient également en orbite. Un jour comme un autre. Leur destroyer ne pouvait paraître étrange dans la situation actuelle et leur arrivée ne suscita aucune émotion particulière, d’autant plus que le capitaine du vaisseau se chargea lui-même de toutes les formalités, sans préciser qui était son passage principal.

Pour cette fois, il n’était pas venu ici seul. Il avait conduit avec lui la jeune Shira. Pourquoi ? Car il avait simplement besoin de personnes sans aucun scrupule, ayant une foi aveugle en l’Empire et n’hésitant pas à se salir les mains pour ce faire. Prêtes à agir même si elles ne devaient pas suivre les règles impériales à la règle pour cela. Plus que tout, une personne prête à suivre n’importe quel ordre, aussi étrange et incompréhensible soit-il. Lors du voyage, Vader avait pris soin de lui expliquer ce qu’il savait de Lord Vitiate, ce qu’il avait pu accomplir par le passé et ce qu’il était capable d’entreprendre avec la Force. Il lui avait ensuite parlé de la méfiance que l’Empereur Palpatine avait à son égard, bien qu’il reste un homme utile, d’une certaine manière, pour le renforcement de l’Empire et son maintien sur de longues années. Enfin, il lui avait parlé de ses doutes, sur ce que cet homme avait peut-être fait, contre Leia et Alderaan, depuis son retour.

Shira était bien capable de comprendre les répercussions possibles, au cas où la jeune Reine se faisait manipuler par cet ancien Sith. De par son statut mais aussi pour d’autres paramètres, disons… plus privés. Dans un premier temps, Vader comptait d’abord savoir ce qui s’était passé exactement, ce que sa fille voulait faire, s’il devait se soucier bien plus que ça de la protéger et auquel cas, comment il pourra également protéger son second enfant. Face à la planète, de marbre, il attendit que le destroyer s’arrête avant de faire appeler Shira et emprunter les longues coursives menant à sa navette. Comme d’habitude, il en prit les commandes lui-même, sans s’embarrasser de pilotes ou même d’une escorte. Peu importe que ça ne respecte pas le protocole ou il ne savait quoi. Durant tout le trajet, il demeura très silencieux, telle une grande statue noire. Au Palais, la première personne « officielle » à les accueillir fut la rouquine. Il baissa simplement le regard sur elle, après les salutations d’usage.

"Prenez extrêmement garde à tout ce que vous faites."

Il la laissa ensuite les guider jusqu’au salon où devait avoir lieu la rencontre. Vader savait qu’il devait passer pour un ours mal léché et n’en avait cure. Il n’était pas d’humeur… Le temps que sa fille arrive dans le salon, il en fit rapidement le tour, plongé dans ses pensées.

"Sous-lieutenant, si qui que ce soit ose interrompre la conversation qui va suivre, réduisez-le au silence."

Takara avait manqué de s’étrangler en entendant le laquais lui annoncer la nouvelle la première fois. La seconde fois, c’est limite si son visage de s’était pas rougi de colère. Comment ces imbéciles n’avaient-ils pas pu savoir plus tôt que Vader venait de débarquer, ou même d’arriver dans le système ? Ce n’était quand même pas compliqué de repérer un type de son acabit ! Bougonne, elle envoya paître le serviteur, non sans lui ordonner de courir prévenir Leia de l’arrivée de son paternel - ou plutôt prévenir Sa Majesté de l’arrivée du seigneur Vader. Oui, voilà qui sonnait mieux !

Secouant la tête, la sith posa son regard dans son reflet dans le miroir, en se demandant ce que le bras armé de l’Empereur pouvait vouloir faire ici. A cela, elle avait bien une hypothèse, puisque la dernière qu’elle l’avait vu, c’était aux côtés du seigneur Vitiate, sur Chandrila, où tout être un tout petit peu sensible avait pu sentir sa méfiance maladive et sa colère bouillonnante. Que pouvait bien lui avoir dit ce fou pour qu’il décide de faire une descente aujourd’hui, sans se faire annoncer ? Car il ne pouvait s’agir que cela, sinon quoi d’autre ? Il n’était pas du genre à faire des visites de courtoisie, il était bien trop rongé jusqu’à l’os par le Côté Obscur pour cela.

Et voilà qu’à défaut de pouvoir aller rapidement se changer, elle allait devoir l’accueillir dans cette tenue, longue mais légère robe traditionnelle, d’un blanc plus immaculé que les murs du palais… Elle serra fermement le poing et poussa un long soupir, pour chasser la colère et laisser la frustration, bien plus facile à maitriser, s’installer. Elles n’avaient rien à se reprocher. Ni elle, ni Leia. Elles n’avaient pas cédé aux avances de l’Immortel, et s’étaient contentés de platitudes avant de l’envoyer paitre bien poliment.

Quittant la pièce, elle s’avança en silence à travers les couloirs du palais, n’interpellant une servante sur le chemin que pour lui signaler qu’elle allait réceptionner elle-même les invités et les mener dans un des petits salons réservés aux rencontres privées, dans l’aile ouest de palais. A savoir loin des oreilles indiscrètes. Là-bas, ils pourraient parler de tout sans craindre de se faire entendre de ceux dont elle se méfiait de servir encore discrètement la rébellion, par l’intermédiaire d’Organa, dont la rousse n’avait pas oublié qu’elle devrait lui rendre visite un jour prochain. Le claquement de ses talons, bruit ordinaire au palais, annoncèrent de peu son arrivée dans la salle ou plusieurs serviteurs étaient parvenus, peut-être non sans mal et surtout non sans crainte, à retenir l’individu qui ressemblait bien plus à une machine qu’un homme, et dont l’aura suintait en permanence la colère et l’impatience.

Marquant le pas en entrant dans la pièce, elle avisa le seigneur sith, qui s’était sans doute arrêté de tourner en rond en la sentant approcher, mais aussi cette femme qui se tenait un peu en retrait, vêtue d’un uniforme noir, l’air déterminée.

« Seigneur Vader. » fit-elle, en levant le menton et en ramenant son regard vers le sith, lequel s’était vivement rapproché, pour répondre à ses salutations d’usage, mais pas que. La menace, lâchée ouvertement et sans détour, laissa un frisson froid parcourir l’échine de la jeune sith, qui perdit pendant un instant son sourire de façade, déjà bien trop forcé. Elle eut un blanc de quelques secondes, le temps de reprendre contenance. « C’est également un plaisir pour nous de pouvoir vous accueillir sur Aldéraan. Si vous voulez bien me suivre… »

Elle tendit la main en direction de la grande double porte ouverte qui donnait sur un long et vaste couloir, avant de faire un signe de tête aux agents du palais pour leur faire comprendre que désormais leur aide n’était plus requise. Puis, non sans pouvoir masquer une certaine confusion, elle prit la tête du groupe, les précédant uniquement pour les guider à traders le dédale de couloirs. Jetant quelques regards à l’intention de l’autre rousse, la sith était certaine de ne l’avoir jamais vu auparavant. En fait, elle n’avait jamais vu Vader s’entourer de laquais. Était-ce une soldate ? Une agente du sith ?

Tout cela, au final, n’avait soudainement que peu d’importance. En arrivant dans le petit salon privé et richement décoré, l’inquiétude de la sith avait comme laissé place à une certain calme, assurée. Là, elle leur fit signe d’entrer.

« J’ai fait prévenir votre fille. Elle ne devrait plus tarder. Puis-je, en attendant, connaître la raison de votre présence aujourd'hui ? »

Là, elle, patienta sans bouger, campée sur ses talons, à regarder le sith faire les cent pas, alors que la femme, qu’il désigna par son grade, une militaire donc, s’était rapidement positionné non loin d’elle, comme en embuscade non loin de la porte, pour appliquer les instructions du sith. Takara la toisa du regard, sans pour autant s’inquiéter d’une pareille proximité. C’était comme si cette situation, semblable à un futur interrogatoire ou une prise d’otage, n’avait que peu d’accroche sur elle. Comme si elle ne doutait pas qu’au final, sa Leia et elle, ensemble, feraient le nécessaire pour taire la méfiance de Vader et de son laquais de sous-lieutenant…

Décidément, les membres de sa famille avaient une certaine manie à se pointer dans ce palais sans y avoir été invités ni avoir été annoncés. Leia ressentit l’approche de son père bien avant qu’on ne vienne officiellement lui annoncer sa présence, un léger soupir aux lèvres. Quelle raison pouvait-il bien avoir cette fois-ci ? Ils n’avaient rien à se dire ou presque, après tout, il était le bras droit de l’Empereur et son père, mais rien ne les unissait en particulier, hormis le sang. Ce n’est pas comme si, à l’instar de Luke, il se devait de la mettre en garde contre les Siths, pas alors qu’il en était un lui-même. Le regard tourné vers la fenêtre de son bureau, elle observa la lente descente de la navette impériale vers le palais, légèrement agacée. Cette journée avait pourtant bien commencée. Après un entraînement matinal avec sa compagne, au sabre comme à l’usage de la Force, elle avait rencontré ses ministres puis s’était plongée dans un travail purement administratif. Une journée ordinaire, un travail comme il en arrivait tous les jours… Jusqu’au moment où un élément surprise venait briser le fil tranquille de la journée. Si encore il s’agissait d’une surprise agréable…

Elle attendit néanmoins d’être officiellement prévenue par un serviteur, en profitant pour continuer un peu son travail sur le dossier en cours. Le projet d’un nouveau musée devant être installé à l’extrémité nord de la ville, consacrée à l’histoire géologique de la planète. Ce projet avait été ralenti à cause de quelques recherches archéologiques, rien de très inhabituel. Elle devait simplement valider certains points, étant donné que le musée recevait des fonds de l’État pour sa construction. Elle eut néanmoins le temps de vérifier un seul d’entre eux avant qu’un serviteur essoufflé ne se présente pour lui annoncer que le seigneur Vader se trouvait dans le palais. Elle le remercia et referma ses dossiers, scellant le tout dans son serveur personnel, avant de se lever. D’ordinaire, une tenue spécifique était prévue pour recevoir les invités, tant pis pour le protocole aujourd’hui. De toute manière, s’il y avait bien une personne au monde se souciant bien peu du protocole, c’était bien Vader. Il était connu qu’il ne faisait parfois l’effort de le respecter que par intérêt, dans certaines situations bien précises.

Takara avait pris soin d’emmener le Sith dans un salon privé de l’aile Ouest. Qu’il ne soit pas venu seul fut une surprise, en revanche, il n’était pas du genre à emmener des agents avec lui, à moins de ne pas avoir le choix. La tête de cette femme lui était vaguement familière, d’ailleurs… Où l’avait-elle déjà vue ? Ou vue une personne lui ressemblant, peut-être ? Un peu étrange. Elle fit néanmoins vite passer ce sentiment de déjà-vue et salua poliment les deux invités indésirables, comme si leur venue était convenue depuis bien longtemps. Elle leur proposa ensuite de s’asseoir, y compris à l’agente, bien qu’elle allait sans doute rester près de la porte. Prête à égorger le premier malheureux s’approchant, semble-t-il. Quant à Vader, il était toujours ce volcan explosif habituel. Que pouvait-il bien lui arriver cette fois-ci et en quoi cela pouvait les concerner ? Leia demeurait calme, même un peu blasée. Pourvu que ce ne soit pas lié à une histoire de famille, encore, pas alors qu’elle cherchait à s’en détacher peu à peu. Pour de bon.

– Bien qu’une telle visite soit toujours un ravissement, il serait bon de l’annoncer, la prochaine fois. Votre seule présence a l’art de faire paniquer tout le Palais, les habitants de cette planète n’ont pas encore l’habitude de la présence renforcée de l’Empire. Je ne voudrai pas que cette panique en incite certains à se rapprocher des rebelles. Merci par avance.

Elle ne cachait pas le moins du monde son agacement à ce qu’il se trouve dans cette pièce. Du moins, tant qu’il sera si attaché à Palpatine et prêt à tout pour cet empereur malsain. Il devrait le ressentir… Ou au moins le deviner avec une certaine facilité.

– Puisque vous n’êtes très visiblement pas d’humeur pour les politesses, allons droit au but. Que voulez-vous cette fois ? J’imagine qu’il s’agit d’une affaire privée, étant donné les circonstances de cette visite. Si c’est encore pour une histoire de famille, ce n’est même pas la peine de débuter.

Elle n’avait pas ouvert la bouche depuis qu’ils avaient quitté le destroyer stellaire, le regard fixé tantôt sur l’horizon, tantôt sur la silhouette de Vader, l’objectif de cette visite bien en tête. Elle n’avait pas envisagé de prendre les commandes à sa place, sachant pertinemment que celui qui lui avait donné le goût du vol et avait fait d’elle une pilote hors pair avant même son entrée à l’Académie ne donnerait cette place pour rien au monde, que ce soit réglementaire ou non. Elle s’était donc contenté d’analyser les émotions qui s’échappait de l’armure, tout en se remémorant ce que son mentor lui avait expliqué au cours de leur voyage. Il avait été difficile du pas noter l’inquiétude chez Vader, lorsque celui-ci avait expliqué les raisons de ce déplacement. Une inquiétude qu’il était encore possible de déceler maintenant, lorsque l’on connaissait assez bien le personnage, ou du moins, lorsque l’on pensait bien le connaître. Qu’il ait fait appel à elle, pour ce voyage particulier, était un honneur, une forme de reconnaissance supplémentaire pour la petite rousse, qui n’avait cessé d’avoir une certaine admiration pour le Sith, et une part d’elle se sentait, et se sentirait toujours coupable de devoir jouer double-jeu avec lui depuis quelques années.

Shira saisissait néanmoins d’autant plus la portée du problème évoqué par le seigneur Vader que son allégeance était autant portée à son égard, qu’à l’Empereur. Habituée à n’être informée que de l’essentiel, elle avait été agréablement surprise de voir son mentor lui révéler toutes ces informations. La rousse ignorait encore la manière avec laquelle Vader comptait aborder cette affaire, si elle se révélait exacte. En revanche, que ce soit réglementaire ou non, moral ou non, elle n’hésiterait pas à faire tout ce que le sith verrait comme nécessaire.

Bien que n’ayant jamais apprécié la reconnaissance de Leia Organa comme Sith et servante de son Maitre, l’espionne avait bien saisi l’importance et le poids politique qu’une telle révélation pouvait avoir, après que l’Empereur avait apaisé ses craintes. Qu’un Sith, venu du passé pour commencer, et avec le melon aussi imposant que Vitiate, puisse avoir des vues sur la jeune reine représentait un problème d’envergure pour la sécurité de l’Empire. Déjà du fait de ses propres facultés, ainsi que son pedigree, elle était quelque peu étonnée que cet individu soit laissé en liberté. Qui pour s’assurer de ce que cette personne pouvait faire dans son coin, en cet instant ? Peut-être était-il déjà en train de planifier quelque chose dans l’ombre. Peut-être attendait-il son heure, en avançant doucement ses pions. Dans le cas de Leia Organa, à l’ordre du jour, qui sait ce qu’il pourrait se passer, si cet homme pouvait la manipuler de la sorte, telle une poupée de chiffon, et agir contre les intérêts de l’Empereur ? Comment ne pas comprendre l’état d’esprit de son mentor, étant donné qu’il était tout de même question de sa fille ?

Elle-même, désormais, ne pouvait ignorer la question qui trottait dans son esprit, à savoir s’il serait capable de poser une main psychique sur elle, de la retourner contre Vader, l’Empereur et l’Empire, si elle devait un jour croiser sa route… Evidemment, elle ignorait à quel point quelqu’un d’autre avait déjà une emprise très profonde sur elle…

Shira avait apprécié de voir courir quelques serviteurs en direction du palais au moment de descendre de la navette posée sur une des aires privées du Palais, sans doute après qu’ils eurent réalisé l’identité de la personne venue rendre visite à Sa Majesté. Ensemble, ils traversèrent les jardins menant à l’enceinte même du palais, Shira marcha sans crainte à hauteur avec le seigneur noir, sans gêne ni honte de peut-être donner l’impression qu’elle n’était pas qu’une simple impériale. C’était à la fois une des choses qu’elle appréciait le plus, mais aussi le moins chez Vader : cette faculté à aller à l’essentiel, sans tenir nécessairement compte du reste.

En arrivant finalement dans les premiers salons, la rouquine se rendit compte, non sans un certain amusement, à quel point le duo qu’elle formait avec Vader faisait tâche dans le décor du palais. Lui, en permanence vêtu de son amure noire, aussi imposante qu’intimidante, et elle, habillée pour l’occasion de sa combinaison noire qui épousait grandement son corps, et qu’elle trouvait à des années-lumière plus pratiques que l’uniforme réglementaire, jurait assez ostensiblement avec les teintes de blanc et de couleurs claires des murs et des tenues du personnel. A sa ceinture, utilitaire, pendait du côté gauche un étui cylindrique qui, pour les connaisseurs affinés, sauraient deviner une façon grossière de cacher un sabre-laser, et de l’autre le haut du holster qui, accroché à sa cuisse, maintenait en place un blaster. Deux ou trois poches agrémentait le reste, contenant cellules de munitions et autres accessoires à l’instant sans importance. Dès lors, il était évident que celui qui caractériserait leur venue comme une simple visite de courtoisie serait inviter à consulter rapidement. Vader était venu pour obtenir des réponses à ses interrogations, elle, n’était là que pour exécuter ses ordres, quels qu’ils furent, sans sourciller.

Elle s’était légèrement mise en retrait lorsque la rousse vint les accueillir, se fendant d’une platitude à l’égard de Vader. Shira se contenta de l’analyser de ses iris émeraudes, de haut en bas, pour confirmer qu’il s’agissait bien de la personne dont Vader lui avait parlé, et dont elle avait entendu dire qu’elle s’affichait récemment aux bras de sa fille. Que c’était elle, aussi, qui s’était fait remarquer, en bien, à plusieurs reprises. Les bras croisés, elle se délecta de sa réaction à la menace limpide du seigneur noir, avant qu’elle ne se fende d’une réplique maitrisée. C’était elle aussi une sith. Vader l’avait peut-être prévenu, mais cette rousse ne s’en cachait pas non plus. Shira pouvait le sentir, tout comme Takara Hilts avait sans doute pu renifler l’odeur de la Force chez elle, sans pour autant fouiner. Elle n’aurait de toute façon rien trouvé de plus, sans connaître sa véritable nature.

Les regards qu’elle jeta dans sa direction, en marchant devant eux, trahissait sa curiosité. L’agente, elle, se contenta de lever son nez vers les tableaux, et autres œuvres d’art qui couvraient les murs, justification à peine voilée pour s’enquérir des couloirs, des portes, systèmes de surveillances et autres objets d’intérêts sur le chemin. Ses pupilles émeraudes se posèrent plusieurs fois sur le dos de la sith, se demandant si cette robe blanche et légère cachait une arme.

Une fois dans le salon, la Main se décala, laissant sa curiosité scruter chaque recoin de la pièce, son mobilier accueillant, ses décorations nombreuses et riches. Vader tournait en rond, rongeant son frein. Ça se sentait. Il voulait agir. Aller au but. La Sith posa une question, doutant sans doute elle-même que Vader y réponde. Shira, elle, se contenta d’hausser les épaules. Finalement, la grande attendue se présenta finalement. Irritée, elle aussi. A croire que c’était de famille… L’espionne échangea un regard, plus long qu’attendu, comme si la reine voyait en elle quelqu’un d’autre. Shira, pourtant, était certaine de ne l’avoir jamais croisé auparavant. La rousse restait aux aguets, prêt de la porte, en miroir de Vader.

« Bien, mon Seigneur. » se contenta-t-elle de répondre à son injonction, pivotant de moitié pour garder un œil à la fois sur ce qui se passait à l’intérieur, notamment les agissement de la sith rousse, mais aussi à l’extérieur, pour refouler le moindre insignifiant venu. Des deux femmes, c'était sans doute elle la plus dangereuse.

Une main posée fermement sur son holster, elle ne porta que peu d’intérêt aux propos d’Organa. Que la petite reine proteste autant qu’elle le souhaite, qu’elle soit sa fille n’y changerait sans doute rien. Vader faisait ce qu’il voulait, comme il le voulait. En sa présence, il en avait toujours été ainsi. Et vu le manque de manière de celle-ci envers son paternel...

Pour sûr, les choses n’allait pas tarder à devenir intéressantes…

La question de la rousse glissa sur lui comme de l’eau, il ne l’écoutait déjà qu’à peine, bien trop plongé dans des pensées peu agréables pour faire attention au reste. Il attendait. S’agaçait encore plus. Repensait à cette conversation extrêmement dérangeante. Pensait à Luke, sûrement occupé à faire n’importe quoi quelque part dans la galaxie et se mettre en danger de toute les façons possibles et inimaginables. Faisait les cents pas sans faire mine de s’arrêter. Observait les riches décorations de la pièce sans réellement les voir. Ruminait sa colère. Rageait autant contre Palpatine qui n’arrêtait pas plus Vitiate qu’il n’avait arrêté Plagueis. Qu’avait-il derrière la tête ?! Comme si rien ne pouvait le déranger ! Était-ce de la simple arrogance ou il y avait-il tout autre chose ? Comment le savoir ? Comment avoir confiance ? Comment ne pas sombrer dans un océan de colère dans une telle situation ?!

Maudite soit la Force d’avoir ramené cet homme dans cette galaxie. Maudite soit-elle, encore plus, si un jour il devait se résigner à accepter qu’il prenne le pas. Maudite soit cette galaxie et tous les choix qu’il avait pu y faire depuis sa naissance. Lorsque sa fille arriva, il passa bien vite sur les saluts de circonstance, pas d’humeur pour le protocole. Et qui en avait quoi que ce soit à faire dans cette pièce ? Il n’avait pas non plus emmené Shira aujourd’hui pour qu’elle joue la parfaite petite agente bien polie et bien élevée, en mission officielle sur ce monde. Il l’avait emmené pour qu’elle puisse aussitôt repartir en mission et ne plus perdre de temps, dès qu’il aura la confirmation de ce qu’il était venu chercher. Dans tous les cas, plus rien ne pourra plus le persuader qu’il n’y avait pas urgence à agir. Au moins protéger un de ses gamins, si jamais Leia s’aventurait trop loin, là où il ne pourra pas la suivre. A moins que…

Ce cheminement de pensées ne fit qu’attiser sa colère un peu plus. S’asseoir dans ce canapé, pourtant confortable, ne l’aida pas non plus à se détendre. Il se moquait tout autant de semer la panique. Si ces gens allaient vers la rébellion, il se chargera simplement de les liquider. Sa colère faisait maintenant échos à celle de sa fille, dans un échange très naturel. Voir qu’elle ressemblait tant à sa mère, dans l’attitude, le regard, la posture, lui faisait plus mal encore. Si Padmé avaient vécu, tous deux auraient pu voir grandir si fièrement leurs enfants ! Jamais, jamais, jamais il ne pourra se remettre de son décès, jamais… Mieux valait vivre dans la tristesse éternelle qu’oser ne serait-ce qu’oublier un seul instant son épouse. Sa fille, son fils, Padmé les avaient porté en elle, avec amour, elle les avaient protégé et nourri. Alors que lui n’était pas capable de le faire.

"Puisque vous n’êtes très visiblement pas d’humeur pour les politesses, allons droit au but. Que voulez-vous cette fois ? J’imagine qu’il s’agit d’une affaire privée, étant donné les circonstances de cette visite. Si c’est encore pour une histoire de famille, ce n’est même pas la peine de débuter."

"Sans nos histoires de famille, il n’y aurait pas de problème tout court."

Ce qui énervait d’autant plus Vader, c’est que Vitiate avait pourtant plein de jouets venus de sa propre époque pour s’amuser ! Comme l’autre illuminé, là, comment s’appelait-il, déjà… Ravan ou quelque chose comme ça, peu importe son nom. Le Sith pouvait bien aller courir derrière ce gars-là, s’il s’ennuyait ! Ou même contre des Jedis de son temps, il y en avait sûrement quelques uns à traîner dans les parages ! Pourquoi, par la Force, délaissait-il des gens qu’il connaissait déjà pour s’approcher de ses enfants ?! Il n’avait plutôt de vieux comptes à aller régler avec d’autres tarés dans cette galaxie ?!

"Vitiate en a après toi et ton frère," grogna-t-il sans aucun détour. "J’en suis plus que convaincu. Pourquoi, je l’ignore encore. Il est déjà venu ici une fois, qu’a-t-il dit, que vous a-t-il fait ?!"

Takara se décala en sentant Leia approcher à bonne distance, et lui offrit air contrit, vu les circonstances, et l’aura qui se dégageait de son amante. S’il ne pouvait y avoir de compétition entre l’agacement et la lassitude sentie chez la fille, et l’immense volcan prêt à éructer haine et colère chez le paternel, la jeune rousse ne put s’empêcher de se demander si ce caractère était de famille, et si le dernier Skywalker, le partageait un tant soit peu. Il fallait avoir un brin d’audace ou de folie pour se décider à s’infiltrer dans le Palais, comme il l’avait fait le jour des manifestations. Que Vader n’ait daigné répondre à ses questions n’était en rien une surprise. Elle s’y était attendue, et n’avait fait cela que pour sonder un peu mieux l’état d’esprit de Vader, clairement à bout de nerfs. C’est que quelque chose devait le bouleverser profondément, jusqu’au cœur de son être. Une chose qui ne pouvait avoir pour origine que ce bon vieux Vitiate. Ils avaient si longuement discuté sur Chandrila qu’il ne pouvait s’agir que de cela. Mais qu’est-ce que l’ancien Empereur Immortel avait bien pu évoquer pour provoquer pareil chaos, pareille réaction chez Vader ?

Bien sûr, le sith n’avait jamais été quelqu’un de très stable. Même au moment du couronnement, évènement retentissant et profondément chaleureux il n’avait pu cacher son véritable caractère, explosif par nature, bien que largement tempéré ce jour-là. Aujourd’hui, pourtant, il était au bord du gouffre, la colère prête à appuyer sur le détonateur de cette bombe en armure.

Takara jeta son attention sur la seule autre rouquine de la pièce, petite mais athlétique, qui avait fait le tour pour se porter au pas de la porte du salon une fois l’ordre lâché par Vader. Si le sith restait la menace la plus évidente dans cette pièce, l’ancienne Main de son père ne pouvait pas ignorer ce qui pouvait se cacher chez un sbire si déterminé à obéir. Nul doute qu’elle devait être du genre à appliquer les instructions à la lettre, et qu’aucune négociation ne fonctionnerait avec elle. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’aucun membre du palais ne passe dans les parages, au risque d’assister à une effusion de sang incontrôlée, ou un potentiel dérapage à même de tout faire dégénérer.

Malgré cela, pourtant, Takara restait calme. Elle avait assisté à de bien trop nombreuses scènes du genre sur Kesh, entre ses parents, d’abord, mais plus généralement entre Sith, pourtant, elle avait toujours été anxieuse face aux dénouements brutaux qui pouvait en découler. Etrangement calme. Comme détachée de cette cacophonie d’émotions contradictoires et explosives, la rouquine appuya d’un profond mouvement de la tête les propos de sa compagne. Tout comme elle, Takara détestait les visites surprises, encore plus celles d’autres siths, dont elle se méfiait profondément, même si la dernière en date, celle de Vitiate, s’était étrangement bien déroulée.

A croire que certains savaient malgré tout se tenir, et faire bonne figure. Pas comme Vader, qui même après avoir accepté l’invitation de sa fille à s’asseoir, restait profondément insolent. Takara préféra malgré tout rester debout, comme pour imiter le comportement de l’autre rouquine. La surveiller du regard, l’évaluer. Il y avait quelque chose chez elle qui l’intriguait, mais pas au point de la perturber.

L’échange de bon procédé passé, la pique mauvaise de Leia lancée, la riposte pleine de colère et de haine, entremêlées d’une profonde et incère inquiétude, ne se fit pas tarder. Takara leva les yeux vers le plafond mais resta silencieuse. Les bras croisés devant elle, sous sa poitrine, les deux jambes parfaitement droites sur ses chaussures, elle accueillit la suite, l’accusation à peine déguisée, avec contrariété.

« Il ne nous a rien fait. Il n’a rien tenté. » lâcha-t-elle aussitôt sèchement, quitte à prendre de court Leia.

Que Vitiate puisse en avoir après Luke Skywalker, c’était une certitude. Le sith ne s’en était pas caché, il leur avait même proposé de faciliter sa capture, chose dont elle laissait le soin à Leia d’en parler, si elle le désirait. Vitiate était venu pour elle, après tout. Elle était plus à même de répondre à Vader qu’elles n’avaient rien lâché, qu’elles avaient écouté ses platitudes et qu’elles l’avaient envoyé paitre dans la foulée.

Anticipant plutôt la potentielle question du sith, à savoir, comment elle pouvait en être aussi sûre, Takara, se racla la gorge, et baissa légèrement la tête brièvement avant d’embrayer :

« Nous avions parfaitement conscience du danger qu’il représentait. Le seigneur Scourge m’a informé de ses méthodes, et de ses affinités, peu avant notre départ de Coruscant pour Alderaan. Vous savez qu’il est connu comme l’un de ses plus hostiles opposants par le passé, après avoir découvert le dessein qu’il réservait à l’époque à cette galaxie. » La rousse marqua une pause. En cet instant, Scourge lui semblait être le parfait maillon à jeter en pâture au sith, bien qu’elle restait convaincue que rien ne s’était mal passé le jour de leur entrevue avec Vitiate.« Il m’a enseigné une méthode mentale supposée bloquer les actions intrusives de cet homme, dont je n’ai d’ailleurs décelé aucune manœuvre au cours de ce rendez-vous. Une méthode que j’avais transmise à votre fille bien avant cette entrevue. »

Oui, il était évident que si quelque chose s’était mal passé, alors c’était de la faute de Scourge. Seul lui aurait pu fournir le terreau suffisant à son ancien maitre pour faciliter pareille entreprise. Ce serait bien dans la nature de ces êtres perfides à la peau rouge. Doucement, la colère montait. La haine, aussi. La possibilité, même infime à ses yeux, de pouvoir s'être fait duper par cette chose était suffisante.

« De fait, quoi que Vitiate vous ai dit lors de cette réception, s’il est effectivement parvenu à quelque chose, ce dont je doute fortement, alors Scourge est le seul fautif, et il n’est pas ici. »

Rejeter la faute sur les autres, et en particulier Scourge, lui paraissait naturel. C’était le seul intermédiaire. Le seul coupable, à condition qu’il se soit bel et bien passé quelque chose. Takara était convaincue du contraire : que Vitiate était venu, et qu’il s’était désintéressé d’elles après leur non-acceptation de son offre. Que les avancées de Leia et elle, sur Alderaan et ailleurs, n’était que le fait de leurs propres décisions, et non de la volonté d’un autre.

– Sans nos histoires de famille, il n’y aurait pas de problème tout court.

Leia ne put retenir un sourire moqueur, face à cette réplique et son cher père. Voilà qui était bien vrai ! Sans lui, Palpatine aurait sans doute plus de temps encore à trouver son nouvel apprenti de remplacement. Ce qui l’aurait peut-être incité à ne pas lancer son plan dans l’immédiat, donc peut-être pas de Guerre des Clones, pas d’extinction massive des Jedis, pas de Chute de la République. Poussons même le vice à imaginer qu’il pourrait être encore, aujourd’hui même, simple sénateur vieillissant, occupé à fouiner dans l’ombre pour former ses plans. Encore maintenant, sa désertion avait incité les rebelles à définitivement penser que leur famille entière était à jeter, de ce qu’elle avait pu apprendre, ils avaient jeté son frère dehors. Leurs histoires de famille avaient donc des retombées allant du plus simple au plus énorme, dans cette pauvre galaxie. Sans elles, jamais son père ne se serait retrouvé coincé dans cette armure noire, jamais il n’aurait décidé de trahir les Jedis… Comme quoi, un simple petit remous familial pouvait apporter des problèmes à un nombre aberrant de personnes, pourtant jamais concernées de près ou de loin par le problème initial. La Force avait un tel sens de l’humour.

Vader lâcha enfin la raison de sa visite, en déclarant sans détours que Vitiate en avait après elle et son frère, qu’il en était convaincu. Tiens, il savait cela, maintenant, lui aussi. Takara répondit immédiatement qu’il ne leur avait rien fait, lors de sa visite, qu’il n’avait rien tenté non plus. Il est vrai que le Sith ancien était resté étonnamment poli et très courtois. Se contentant de discuter tranquillement avec elles et faire part de ses propositions, de ses idées. Sans cacher qu’il « s’intéressait » à elle et qu’il aurait aimé « rencontrer » son frère. Pourtant, il n’avait effectivement rien fait… Il risquait cependant d’être moins courtois le jour où il tombera sur Luke, mais cela, c’était encore une autre histoire. Cette crainte-là commençait aussi à s‘estomper, d’ailleurs, c’était curieux… Son angoisse à l’idée qu’on puisse tuer son frère n’était plus aussi importante qu’il y a quelques semaines… Un léger voile passa dans son regard, alors qu’elle réalisait ce fait étonnant, puis ne s’en préoccupa bien vite plus. Comme si ce sentiment fut vite balayé d’un souffle au fin fond de son esprit, sans qu’elle n’ait le contrôle dessus.

Durant ce temps, sa compagne avait pris le Seigneur Scourge comme cible parfaite à jeter entre les griffes de Vader. Leia ressentait plus aisément, ces derniers temps, les sentiments envahissant sa compagne, comme des vagues. Pour le coup, une vague de haine. La simple mention du Sith suffisait à générer cela, ça ne manquait jamais. Elle n’hésita pas à l’enfoncer autant qu’il était possible, tandis que Leia se demandait si ce sera suffisant pour détourner l’attention de Vader. Pour elle, si Vitiate avait réellement voulu tenter quelque chose, il aurait pu le faire, qu’importe toutes les techniques apprises en amont pour le contrer. Et ce même si le grand rouge avait été de bonne foi, car elle ne doutait pas que l’antique vieillard était plus puissant que l’ex-Furie. Quant à elles, elles n’avaient pas le même niveau, pour contrer des manipulations mentales de la Force, qu’un maître s’étant entraîné à cela tout au long de sa vie. Il ne fallait pas se leurrer, l’âge et l’expérience accumulées comptaient énormément. Un jeune de trente ans ne pouvait pas rivaliser sur ce terrain avec un Sith expert de cela depuis plusieurs centaines d’années.

– Je n’ai pas éveillé un grand intérêt chez lui puisqu’il n’a pas insisté et n’est jamais revenu. Ni n’a tenté le moindre contact, officiel ou officieux. Je sais depuis longtemps qu’il s’intéresse aussi à Luke, apparemment, les jumeaux l’amusent. Son but est apparemment de maintenir, à l’avenir, un Empire plus fort, quitte à ce qu’il ne couvre plus le même territoire, mais qui ne souffle plus des mêmes soucis qu’aujourd’hui. Il est fort probable qu’il soit déjà engagé dans un quelconque plan avec l’Empereur Palpatine.

Elle en était certaine car ce ne pouvait être que lui ayant éveillé le début d’intérêt du seigneur Sith pour Alderaan.

– Quant à mon frère, son instinct de survie est déjà peu développé… Saviez-vous qu’il s’était introduit ici même, dans le palais, durant les dernières manifestations ? Vitiate n’aura pas un très grand mal à l’attirer dans un piège.

Si la Main avait reçu l’ordre de ne laisser entrer personne, il lui semblait évident qu’il en allait de même pour celles qui souhaiterait sortir. Du moins, sans son autorisation explicite. Il était donc impératif de garder une oreille attentive à ce qui se disait dans la salle, ne serait-ce que pour capter les instructions de Vader, quitte à profiter, au passage, de la conversation tendue qui s’y déroulait. La réponse laconique de ce dernier au sujet de sa famille laissa Shira avec un mauvais pressentiment, répercuté en un frisson sur toute la longueur du dos. Il était difficile d’ignorer la colère et l’amertume du sith, tant celle-ci irradiait de son être pour toucher chacune des personnes présentes telle une déferlante venant s’éclater contre des falaises. A la différence des autres, ses sentiments étaient si forts chez lui qu’il était inutile de le sonder, alors qu’elle ignorait ce qui pouvait bien se noyauter chez sa fille ou sa compagne rousse. Sa remarque, entrecoupées de respirations bruyantes, rapidement suivies par un couple d’interrogations cinglantes et accusatrices ne manqua pas de faire réagir le duo de femme qu’ils étaient venus interroger. Car c’était bien de cela dont il était question : un interrogatoire, au cours duquel son mentor espérait bien obtenir des réponses claires, qu’elles soient satisfaisantes ou non.

Ce fut la voix de l’autre rousse qui retentit la première, d’abord sèchement, comme pour réduire à néant la possibilité évoquée par Vader. Eh bah... Shira la tança brièvement, d’un regard curieux, alors que germait dans son esprit une pensée des plus hypocrite : une seule question, et la voilà déjà contrariée ? Que les Sith étaient si facile à agacer… Au moins sa justification fut faite sur un ton plus posé, contrôlé. Qu’elle sache qui était ce Vitiate, et ce dont il était capable, ne surprenait pas vraiment la petite rouquine. Les Sith, malgré leurs tendances fratricides, devaient s’échanger à minima certaines informations, celles-ci comprises. La plus importantes de celles lâchées par la sith était sans doute cette histoire de technique mentale qui permettait de se protéger des intrusions. Voilà qui pouvait être utile, à condition que cela fonctionne vraiment. Il fallait sans doute quelques prérequis, dont un esprit très discipliné pour appliquer ce genre de choses.

L’autre élément qui fit tiquer l’espionne fut la manière dont Hilts avait aussitôt balancer le nom de cet autre sith, Scourge, en lui mettant sur le dos l’entièreté de la responsabilité, si quelque chose avait dû arriver. N’était-ce pas là une manière de se défausser du problème ? Une preuve d’une forme d’inquiétude, ou d’incertitude, masquées par un air confiant de pure façade ? Nul doute qu’elle aurait pu trouver un début de réponse en acceptant de sonder la sith, mais c’était là quelque chose de parfaitement inutile, Vader pouvant très facilement s’acquitter de cette tâche, mais également dangereux, car cela reviendrait à annoncer de but en blanc qu’elle était beaucoup plus que ce qu’elle ne laissait paraître.

Les propos de la principale concernée, eux, n’étaient pas des plus rassurants ; d’abord parce qu’ils confirmaient les inquiétudes de Vader, à savoir que son fils intéressait bel et bien l’ancien empereur des siths, et que ce dernier pourrait facilement le piéger, du fait de sa naïveté…

Il faut dire que Skywalker ne semblait pas être des plus fins. D’abord capturé par l’Empire, les manières dont il a échappé au BSI restant des plus douteuses désormais du fait de la disparition de Yularen, il n’avait pas cessé de se jeter dans les bras de sa sœur, qui l’avait toujours renvoyé, et même trahi ! Pourtant, il recommençait, encore et toujours. Comme s’il espérait sincèrement pouvoir changer les choses… Pourtant, il pourrait y avoir une certaine hypocrisie dans l’air, si Vitiate était effectivement parvenu à ses fins avec la reine d’Alderaan. Dès lors, qui serait le plus naïf des deux ? Celui voulant à tout prix sauver sa sœur, en croyant la rédemption possible ? Ou bien celle qui n’avait pas su déceler le danger dans une visite à priori inutile d’un adversaire impitoyable ? Qu’il n’ait pas insisté, qu’il ne soit pas revenu, était étrange pour quelqu’un qui affirmait s’intéresser à sa famille…

Pour le reste, Shira avait jeté au loin l’histoire de l’entente de Vitiate avec son maitre, l’Empereur. Pour elle, tout les siths venus des failles étaient un danger et manigançaient quelque chose dans leur dos. D’où sa méfiance envers l’autre rouquine, qui sortit de nulle part, avait réussi à se faire une place bien douillette au cœur de l’appareil politique… Pour sûr, donc, que son maitre devait se méfier de son vieux prédécesseur et de ses plans !

Entre temps, alors que Leia finissait son explication, deux membres du personnel du Palais étaient passé dans le couloir. Si le premier s’était contenté de le traverser pour poursuivre son chemin au loin, le deuxième s’était présenté avec un plateau, sans doute dans l’idée de le déposer sur la table du salon, à la disposition des invités. L’air de bouledogue corellien que lui offrit l’espionne, le corps raide comme un ressort, la main droite sur le holster, avait suffit à chasser cet impertinent, qui avait rebroussé chemin d’un pas des plus pressés. C’est ça, va dire à tes comparses qu’ils ne sont pas les bienvenus ici, pensa la rouquine en se relâchant à peine, satisfaite. A condition qu’il n’aille pas prévenir la garde, ce serait là une décision fort regrettable…

Il ne leur avait rien fait, qu’en savait-elle, comment pouvait-elle être sûre, qu’est-ce qui pouvait la rendre si confiante et persuadée, pourquoi répondait-elle la première ? Surtout, qu’elle ait appris une méthode ou non pour repousser ce Sith, peu importe avec qui, qu’est-ce qui la rendait si sûre à affirmer qu’elle était capable d’appliquer cette technique… ? Avec son niveau certainement plus bas que celui de Vitiate en matière de manipulation mentale ? A cet âge ? Pire encore, comment pouvait-elle être convaincue que Leia était tout autant capable de maîtriser ce genre de techniques alors même qu’elle ne faisait que débuter son entraînement ? Là encore face à un adversaire bien plus âgé et expérimenté qu’elle ? Était-elle à ce point naïve pour ne pas réaliser la différence de niveau et donc qu’elle aurait pu se faire manipuler sans le réaliser une seule seconde ? Qu’elle pouvait être la victime d’une sorcellerie Sith dont elle ne savait rien de la puissance réelle ?

De plus, il trouvait très étrange que ce Sith se soit justement contenté de passer ainsi, en « simple visite courtoise » et ne jamais revenir ni tenté quoi que ce soit. Surtout qu’il avait effectivement avoué s’intéresser à Luke. Si les « jumeaux l’intéresse », alors il était simplement inenvisageable qu’il n’ait rien tenté contre sa fille alors qu’elle était face à lui. Ou qu’il ne tente rien par la suite, si par miracle, il n’avait effectivement rien fait cette fois-ci. Il était possible aussi que les plans de Vitiate soient faits en accord avec ceux de Palpatine, d’une manière ou d’une autre… Son maître aussi voudrait bien récupérer Luke également. Sans doute pas aux mêmes fins. Le seigneur noir dû lutter de nouveau contre lui-même pour conserver le minimum de calme lui restant encore. Il devait faire quelque chose. Il ne pouvait pas… Il ne pouvait plus… Il devait faire quelque chose.

Sa colère retomba tout à coup, d’un seul bloc, alors que sa fille concluait sa réponse. Comme si l’éruption stoppait soudainement pour ne devenir qu’un simple suspens, dans un ciel chargé de lourds nuages sombres. Pour atteindre ses objectifs, il avait toujours été prêt à tout, quitte à prendre des risques inconsidérés, depuis l’enfance même. Il pouvait accepter n’importe quoi. Accepter, même, de s’allier à n’importe qui. Autrefois, il avait échoué à empêcher la mort de Padmé, emporté par la colère. Il n’était plus question de faire la même erreur aujourd’hui. Quand bien même il était toujours aussi prêt à tout faire, peu importe vers qui ou quoi il devra se tourner. Que ça soit avec ou sans l’Empire. En acceptant de se lier à des êtres dont il se méfiait plus que la peste ou en acceptant de rester dans leur ombre, peu lui importait. Il lui fallait trouver un… maître dan ce domaine. Pour savoir, enfin, si le plus grave était déjà scellé ou restait à faire.

"Je vous garderai à l’œil."

Il savait qu’il ne tirera rien ni de l’une ni de l’autre sans avoir des preuves plus formelles à leur mettre sous le nez. En attendant, il quitta son siège assez brusquement et tourna les talons, sans même un simple salut. Faisant au passage sèchement signe à Shira de le suivre. Il marcha d’un pas vif et rapide dans les couloirs, poussant parfois les serviteurs ou employés à s’envoler comme une volée d’oiseaux à son approche. Dehors, il ne ralentit pas l’allure, grimpant dans la navette de transport. Une fois à l’intérieur, il verrouilla tout et activa également les systèmes de sécurité, afin d’être sûr qu’on ne puisse les voir ou les entendre. Il s’en assura également grâce à la Force, toujours avec ce calme, pas du tout naturel chez lui, le tenant. Au fond, il ne savait même plus s’il se comportait comme un Sith, comme un Jedi ou aucun des deux. Plutôt aucun des deux, en toute logique.

"Shira, tu vas partir dans une nouvelle mission."

Il se retourna vers elle, pour la jauger un instant du regard. En cette galaxie, il n’avait sincèrement et pleinement confiance en personne. Il n’osait se tourner que vers très peu de monde encore, tout en sachant qu’il prenait toujours un très fort risque.

"Je veux que tu partes à la recherche de Luke, que tu le mettes en garde contre Lord Vitiate puis que tu le protèges. Quitte pour cela à employer tous les moyens nécessaires ou devoir participer aux missions des rebelles. Tu peux les saboter tant que cela te chante mais veille à ce qu’il n’arrive jamais rien à mon fils."

[HRP : Vader : Vu avec Leia, on continue toi et moi pour le moment ]

Vader était instable, Shira l’avait toujours connu ainsi. Capable de bondir d’une émotion à une autre comme le serait un vieux navigateur balloté par le vent. Certaines restaient tout de même prédominantes : la colère, la haine, un sentiment de profonde frustration… Malgré ces humeurs changeantes, il parvenait toujours à garder un certain cap, seule changeait la méthode pour atteindre ses objectifs. Il aurait tout de même été difficile ce jour-là pour la rousse d’anticiper les réactions de l’homme qui se cachait sous l’armure, d’autant plus que les éventuels indices se noyait dans la nasse des indicateurs qu’elle se devait de récolter et étudier : paroles et réactions des uns et des autres, mouvements dans le couloir, serviteurs intempestifs… Les facteurs étaient nombreux. Il ne fut pas difficile, cependant, de noter l’étouffement soudain de la colère qui, juste auparavant, emplissait toute la pièce. De quoi faire réagir l’espionne, qui se tourna d’un quart vers l’intérieur du salon. Ses deux interlocutrices, elles-aussi, ne pouvaient pas être passé à côté de ce changement soudain chez Vader, alors qu’il était sur le point, l’instant d’avant, de succomber à son éréthisme.

Il ne leur lança qu’une seule phrase, un « Je vous ai à l’œil » qui ne laissait que peu de doute sur sa détermination si, le cas échéant, ses soupçons se trouvaient un jour confirmés. Puis il s’était levé sans plus attendre, comme si cette menace à peine dissimulée était le point d’orgue de leur échange, définitivement plus bref qu’attendu. Pour sûr, d’ailleurs, que l’autre rouquine avait été surprise de ce dénouement soudain, vu l’étonnement qui pouvait se lire sur son visage. Il faut dire qu’elle avait été directe, et qu’elle aurait bien pu être remise à sa place, vu la menace qu’il lui avait lancé à leur arrivée. Pas un merci, pas un au revoir, voilà que le géant en armure noire mettait les voiles. Et elle aussi, le mouvement sec et autoritaire de sa part ne laissant pas de place au doute. Là encore, elle en avait l’habitude, et ne s’en offusquait pas. C’était ainsi. Shira prit juste le temps de se tourner vers les deux femmes, pour leur jeter un regard plutôt vague, mélange d’une forme peu développée de salutation mais aussi de mépris.

Elle se dépêcha ensuite de rattraper Vader, d’une rapide mais brève foulée. Tandis qu’ils marchaient d’un pas vif dans le palais, puis à l’extérieur dans les jardins, Shira se garda bien de poser verbalement la question au sith : avait-il eu la réponse qu’il voulait, même s’il n’avait pas de preuves formelles pour l’étayer ? La visite de ce Vitiate, anodine et inutile sur la forme, lui semblait bien douteuse sur le fond.  A moins de vouloir tâter le terrain, de son expérience avec les sith, la rousse se disait plutôt qu’un type de son acabit se contenterait de prendre plutôt que d’attendre. Une réflexion qu’elle nuança malgré tout : de ce que Vader avait bien pu lui dire, et de ce qu’elle avait apprit auparavant, ce sith là avait visiblement habitude de prendre son temps. Peut-être donc, que les deux suspectent avaient été honnêtes avec eux. Peut-être Vitiate n’avait-il encore rien fait.

Ce n’est qu’une fois à bord de la navette qu’il fut, pour elle, clairement établi que Vader n’accordait que peu de confiance aux propos de Hilts tout autant que ceux de sa fille. La rousse aurait dû comprendre bien plus vite la raison du calme innaturel qui imprégnait l’aura du sith depuis leur départ à marche forcée de l’enceinte du palais. Pourtant, le comportement de Vader en cet instant, vu le contexte, ne lui paraissait pas trop étrange. Qu’il verrouille la navette, et qu’il sonde leur entourage de la sorte, n’était pas surprenant. Il avait fait la même chose à bord du destroyer, avant de lui parler de ses doutes sur Vitiate, ce qu’il était, et ce qu’il avait potentiellement fait à sa fille. Il l’avait déjà fait, au cours des précédentes années, lorsqu’il avait quelque chose de très important à lui confier. Ce que Vader s’apprêtait à lui demander dans l’espace de vie du vaisseau, à quelques pas du cockpit, prit sa logique à contrepied.

Alors qu’elle ne pouvait que contempler sa longue cape noire, la voix grave du sith, accentuée par le vocalisateur de son casque et entrecoupée par sa respiration forte et sifflante, lui fit l’effet d’un long frisson dans le dos. Que Vader ait une nouvelle mission pour elle était suffisant pour la contenter, elle qui n’aspirait qu’à s’attirer le respect de son mentor. De quoi alimenter le feu de son égo, et de sa fierté. Pourtant, en cet instant, vu l’état d’esprit de Vader, il résidait encore en elle un sentiment d’incertitude.

Légèrement tassé sur elle-même, elle regarda Vader se retourner pour lui faire face. Bien qu’incertaine de croiser son regard, c’était difficile de savoir avec ce casque si le sith vous observait, elle sut aussitôt qu’elle se faisait scruter de la tête aux pieds. Cela la prenait aux tripes. Elle le sentait, si bien qu’elle leva son regard vers le casque du géant en armure qui le toisait, tandis que son corps se redressait de toute sa petite taille.

Je veux que tu partes à la recherche de Luke. Elle hocha la tête instinctivement, ses neurones chauffant déjà pour deviner la suite : l’approcher, juger son comportement, le capturer, puis le ramener à Vad-

Quoi ?!

Ses yeux s’arrondirent, tandis que ses bras se délièrent, que ses mains se crispèrent.

Il avait dit protéger ?

Employer tous les moyens nécessaires pour le protéger ? Lui ? Un rebelle Jedi ?

Sa réflexion s’était figée dans sa course, bluffée par le soudain retournement de situation, en total opposition avec ce qu’elle aurait pu un jour imaginer : se préparer à infiltrer les rebelles, bien sûr, mais pour les détruire de l’intérieur, pas pour s’assurer que certains d’entre eux survivraient !

C’est en comprenant la tournure des propos de Vader que ses pensées se décoincèrent : il n’était question que de son fils. Lui seul et personne d’autre. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas l’attraper, pour ensuite l’enfermer dans un coin loin de tout danger, pour pouvoir le préparer au jour où ce sith viendrait pour lui ? Il y avait tant d’autres possibilités. Pourquoi celle-ci ?

« Si je dois l’informer au sujet de Vitiate, cela reviens à dire que c’est vous qui m’envoyez, mon seigneur. Etes-vous certain de vouloir faire ça ? » lança-t-elle sur la défensive, en se sentant obligée de soumettre son incertitude à son mentor, tout en sachant pertinemment qu’il ne changerait pas d’avis.

Il était toujours direct. Il ne mâchait pas ses mots. Non pas qu’elle ne se sentait pas capable de remplir une telle mission, c’était plutôt qu’elle n’en saisissait pas le sens, et qu’elle entrevoyait déjà plusieurs situations, certes improbables mais bloquantes, qui pourrait la placer face à un choix impossible : celui de décider entre l’Empereur et l’Empire d’un côté, et Vader et son fils de l’autre.

L’un n’empêchait pas l’autre, mais cela revenait à marcher tel un funambule sur son fil, avec le risque de chuter directement dans la fosse aux kaths.

« Je veux dire qu’il va nécessairement se méfier. Le convaincre ne sera sans doute pas facile. Sans parler des rebelles. »

Elle doutait qu’il accepte gentiment d’avoir une nounou envoyée par son père constamment sur ses talons. Et les rebelles, bien sûr, n’hésiteraient sans doute pas à l’enfermer à triple tours. Elle pourrait leur donner des informations sans grande valeur, mais ils ne prendront sans doute pas très au sérieux ce qui sortirait de la bouche d’un pauvre lieutenant du BRI. Non, il était sans doute préférable de ne rien lui dire, et de trouver sur le tas un moyen d’être en permanence ou presque avec lui. Ce serait néanmoins courir le risque qu’il se jette à bras ouvert dans un des pièges de ce sith…

Shira s’était pourtant en partie résignée, puisqu’elle cherchait déjà un moyen d’accomplir la mission que venait de lui donner Vader, car bien sûr, il n’était pas question d’échouer. Cela n’avait jamais été le cas avant. Moins encore en ce jour spécial. Faisant appel à sa mémoire, elle avait déjà baissé la tête depuis un moment, et retourner sa langue dans sa bouche au moins une dizaine de fois…

« Les renseignements impériaux ignorent où votre fils se trouve. Il n’a pas fait de vagues depuis un moment et l’approcher ne sera pas facile. A moins de lui lancer un appât qu’il ne pourra ignorer ; votre fille, par exemple. Il a déjà bravé le danger stupidement pour tenter de la sauver. Si personne n’est là pour l’en empêcher, il pourrait réessayer. »

Était-il certain ? Oui. Courait-il de nouveau tout droit vers de graves ennuis ? Oui. Allait-il finir de nouveau mort ou dans un état grave ? Sans doute. Risquait-il de regretter ? Non ? Se souciait-il un tant soit peu du choc de la rouquine juste à côté de lui en cet instant ? Pas une seule seconde. Pourrait-elle vouloir, dès maintenant, courir prévenir Palpatine de ce qu’il comptait faire ? Elle pourrait le tenter. Le fera-t-elle plus tard ? C’était tout à fait possible. Affrontera-t-il son maître plutôt que renier ses convictions ? Complètement. Réfléchissait-il vraiment aux conséquences que toute cette affaire pouvait avoir ? Pas du tout. Son fils allait-il se méfier ? Sans doute. Allait-il être encore plus convaincu que jamais qu’il restait de la lumière en lui à cause de ça ? Possible. Finalement, cette situation était on ne peut plus claire, du moins pour lui, pour une fois.

"Les renseignements impériaux ignorent où votre fils se trouve. Il n’a pas fait de vagues depuis un moment et l’approcher ne sera pas facile. A moins de lui lancer un appât qu’il ne pourra ignorer ; votre fille, par exemple. Il a déjà bravé le danger stupidement pour tenter de la sauver. Si personne n’est là pour l’en empêcher, il pourrait réessayer."

"C’est bien parce qu’il ne s’est pas fait remarquer depuis longtemps qu’il doit y avoir des personnes pour l’en empêcher."

En tout cas, c’était bien la seule explication qu’il voyait face à ce soudain comportement plus prudent. Prudent… A sa façon, il était inutile de trop en demander. En tout cas, plus prudent qu’il ne l’avait été souvent été par le passé, ce qui suffisait à convaincre le seigneur Sith que quelqu’un devait se charger de le surveiller. Quant à comment le retrouver… Peut-être même cet appât ne suffira guère, mais il y avait d’autres moyens… Un moyen… Vader se perdit un instant dans ses pensées, repensant à sa conversation avec Kenobi, sur Nar Shaddaa. A comment lui faire parvenir un message en cas de besoin. Ses poings se serrèrent brusquement et il sentit tout ce qu’il lui restait de sang se glacer dans ses veines. Sa première impulsion fut de se répéter « Non, non, non, hors de question !! » en boucle. Puis d’essayer de surmonter ça pour envisager, au moins envisager, sérieusement cette option.

Il essaya durant, environ, deux bonnes minutes complètes, avant que la colère et la méfiance ne reprennent très brutalement le dessus. Non, il n’était pas question de contacter Kenobi, peu importe le moyen, peu importe pourquoi ! Il préférerait encore partir lui-même chercher son fils et… L’idée le perturba, tout à coup, alors qu’il réalisait avoir très sérieusement pensé qu’il pourrait effectivement faire ça lui-même, avec l’aide de Shira. A nouveau, ses émotions passèrent du chaud au froid. Il n’avait toujours pas bougé ou dit un mot, toujours immobile, depuis maintenant cinq bonnes minutes entières. S’il partait… maintenant… Là encore, cette idée finit par être balayée par un flot de sentiments contradictoires. Il ne pouvait juste pas. Il avait des devoirs envers l’Empire. Envers son maître. Il ne pouvait pas se permettre de partir lui-même, pas comme ça. Il fallut attendre presque cinq minutes supplémentaires avant que la statue noire ne bouge enfin, de retour dans cette réalité. Tant et si bien qu’il en avait déjà presque oublié la présence de Shira à bord.

"Je me moque qu’il sache que tu viennes ou non de ma part. Ou même les Jedis."

Il se moquait bien que sa démarche soit comprise ou non, ou encore de ce qu’on pouvait penser de ses méthodes. Tout ce qui lui importait, c’était d’atteindre son but. Peu importe ce qu’il y avait à faire sur le chemin.

"Tu peux utiliser tous les moyens qui te seront nécessaires. Tu auras l’aide que je puisse t’apporter. Veille simplement à ne pas échouer."