Où allez-vous, ma Dame ? [Solo/PNJ/Autres]

Quelques jours avant l’annonce officielle de la cérémonie du mariage.

Takara avait prévu de se faire discrète, de se faufiler en dehors du palais sans faire parler d’elle, puis de se glisser parmi la foule, jusqu’aux portes des célèbres universités de la capitale Aldéra, avant de finalement laisser tomber le voile pour s’entretenir avec ses sages, dans l’espoir de pouvoir enfin lever le voile sur ce qu’il était advenu de son monde. Elle y songeait depuis son arrivée dans ce temps, bien avant d’avoir rencontré Leia, et accepté de vivre sa vie ici, sur Alderaan.

Elle n’y avait jamais renoncé malgré tous les évènements qui s’étaient enchainés ces derniers mois, bien qu’elle ait dû mettre en grande partie le projet de côté, la sith ne venant plancher sur ses souvenirs que de temps en temps en fonction de ses souvenirs et de ses méditations, pour finalement accoucher d’une carte du ciel au format numérique, vue depuis la surface de Kesh. C’était peu, mais venant d’un monde inconnu de toute la galaxie, et qui n’avait aucune idée de sa propre position dans l’univers, il faudrait s’en contenter.

Bien qu’elle ait déjà informé Leia de ce projet il y a déjà longtemps, elle avait tout de même informé sa compagne de son souhait de rendre discrètement visite aux érudits des universités. Elle ne lui avait rien caché de son désir de savoir ce qui était advenu de son peuple. Elle lui avait aussi assuré qu’elle lui donnerait les conclusions, mais que celles-ci ne conditionneraient aucunes actions de sa part. La sith voulait juste savoir si son peuple était toujours là, quelque part, et constater l’éventuel progrès qu’ils pourraient avoir accompli. Elle ne se voyait pas interagir avec lui, en débarquant comme une fleur d’un vaisseau. Ils ne comprendraient pas, et elle était convaincu que ce serait là le meilleur moyen de ruiner tout ce que son père avait accompli en son temps. C’était déjà arrivé auparavant, et cela pourrait se reproduire à nouveau. Donc, le cas échéant, elle ne ferait qu’observer, afin de déterminer si son peuple pourrait leur être utile un jour, à Leia et elle.

Takara avait choisi pour l’occasion, afin de pouvoir sortir incognito du palais et éviter de se faire reconnaître par le premier curieux venu, une tenue plus discrète, à des années-lumière du protocole que l’on pouvait retrouver au Palais. Pas de talons, pas de robes, rien d’inutiles et pouvant la trahir. Elle avait fait au plus simple, et avait emprunté une tenue légère dans les appartements voisins lorsqu’il n’y avait personne, et n’avait fait que s’envelopper d’une sorte de longue bure grise, légère et fine, donc la capuche reposait sur sa tête, masquant ainsi sa chevelure remarquable et son visage désormais bien trop connu sur Alderaan. Elle avait ensuite glissé le datapad contenant ses données dans l’une poche, en dessous. Puis, avant de se préparer à partir, elle avait vérifié que le tout n’était pas trop voyant, tout en comptant bien sur la foule dans les rues pour se faire définitivement invisible aux yeux des curieux.

Elle avait également noté que certaines ailes du Palais étaient plutôt désertes à cette heure-ci, ce qui lui faciliterait la vie, et lui permettrait d’atteindre les jardins sans se faire remarquer. Du moins, le pensait-elle, car trop concentrée sur la réalisation de cet objectif de longue date. Elle en avait pratiquement oublié ces longues heures à tenter de convaincre les dames de compagnies et autres employées du Palais que ce n’était pas parce qu’elle allait bientôt officiellement épouser la Reine qu’elle devait changer ses habitudes, et faire une croix sur certains privilèges. Des heures perdues, évidemment, puisqu’ainsi était et serait le protocole. Dire qu’elle commençait tout juste à si faire, et voilà qu’on lui en rajoutait une couche…

Takara aurait dû se douter que la présence autour d’elle s’était drastiquement renforcée. La vérité était qu’elle l’avait remarqué, mais qu’elle était convaincue de pouvoir s’y soustraire, ou d’avoir assez d’autorité pour s’en défaire.

Leia était occupé à régler quelques affaires avec ses conseillers, et elle-même pouvait vaquer à ses occupations pendant quelques heures. Pourtant, son plan tomba à l’eau avant même d’avoir pu être amorcé, lorsque la double-porte principale des appartements s’ouvrit devant elle, et que plusieurs dames de compagnies s’immobilisèrent en silence, pour l’observer toutes ensembles de la tête aux pieds, alors qu’elle était encore à visage parfaitement découvert.

« Je peux savoir ce que vous faites ici ? » lâcha-t-elle finalement, fermement, après un long silence, une fois une maigre portion sa contenance retrouvée, tout en sentant soudainement que la situation était sur le point de lui échapper.

Si ça se trouve, c'est Leia qui les a prévenu. Pas sûr que les prendre à contrepied de la sorte ne fonctionne vraiment… Tu es une imbécile, Takara…

Lancer de dés :
- Jet de discrétion générale (pour la totalité du sujet) : 20 T_T

Le palais avait toujours fonctionné telle une belle mécanique bien huilée, durant de nombreuses générations. Toute nouvelle personne y entrant pour y travailler l’apprenait tôt et se conformait aux habitudes mises en place. Il était, apparemment, rare que des personnes de la famille royale aient du mal à se conformer aux traditions ou ne veuillent pas suivre les convenances. D’après les doyens, ce n’était plus arrivé depuis bien longtemps. Cette fois, Isobel avait pris les devants et avait été prévenue lorsque la future consort s’était plus agitée, en se préparant à sortir. La discrétion n’était apparemment guère le fort de la jeune dame, enfin, cela arrangeait leurs affaires. Elle se rendit avec deux consœurs aux appartements, avant que le désordre ne vienne s’installer dans les rangs. Pourquoi, après tout, tant de manière là où il était si simple pour elle de commander un équipage pour l’emmener au lieu de son choix ? La sécurité de la famille royale ne pouvait être prise à la légère.

Elles arrivèrent aux appartements au moment où la future consort était prête à en sortir, comme elle en avait été prévenu. Isobel porta un regard plutôt amer sur la tenue que la dame avait choisi pour partir, cela n’était pas convenable pour la future épouse de leur reine. Que dirait le peuple, lorsqu’elle pourrait être reconnue ? Dévaloriser leurs traditions de cette manière n’était pas acceptable. Cette bure grise, pour couronner le tout, n’était pas du tout acceptable pour une femme de son statut social. Sans compter qu’elle ne portait aucune once de maquillage. Néanmoins, Isobel demeura calme et patiente, à la fin de cette première observation. Après tout, peut-être que cette jeune dame n’avait pas encore appris au mieux les règles, traditions et usages de leur monde, en ce qui concernait la famille royale. Elle devra cependant apprendre bien vite, avant de commettre un écart qui mettrait en péril la stabilité du pouvoir.

« Je peux savoir ce que vous faites ici ? »

« Notre travail. Pour votre sécurité mais aussi pour assurer la stabilité de l’image royale, ainsi que la confiance que le peuple vous accorde, sur ces sujets. Je ne remets pas en cause votre bonne volonté, vous devez – sans nul doute – ignorer que prendre le risque d’être reconnue dans cette situation apportera un revers très désagréable à votre future épouse et vous-même. Sachez qu’il vous suffit d’ordonner le jour et l’heure, pour vous rendre à la place de votre choix, afin que votre escorte soit organisée dans les règles. La navette et les gardes sont prêts, il suffit maintenant de vous préparer. »

Isobel espérait que cette jeune femme comprenne rapidement qu’il n’était pas dans l’intérêt de la reine ni du sien de ternir l’image de la royauté. Plus encore avec de tant de changements, si récents, à la tête de leur monde. Bien sûr qu’il devait être fastidieux de faire tant attention à leurs très nombreuses traditions, néanmoins, c’était on ne peut plus nécessaire. Elle n’était pas simple femme du peuple mais future épouse de la reine ! La suivante lui indiqua donc, d’un geste du bras et un air poli, de venir prendre place face à la coiffeuse, près du dressing, dans une pièce juste à côté. Même lorsqu’un homme était au pouvoir, les affaires courantes du palais avaient toujours été une affaire de femmes. Elles étaient ces petites mains invisibles, soucieuses des préparatifs en tous genre, des protocoles, des processus internes et gardiennes de l’image de la famille royale. Isobel prépara tout d’abord une palette de maquillage, choisissant avec soin les teintes, pour la peau plutôt pâle de la future consort, encore accentuée par la teinte de ses cheveux.

« Si vous avez du mal avec les talons, vous pouvez commander des escarpins plats, à votre goût. Nous pouvons faire venir le cordonnier officiel du palais. Par ailleurs, pour vos différentes sorties, le service de sécurité doit être assuré que vous portiez quelques armes de défense personnelle. »

D’autres terroristes pouvaient oser attaquer et au cas où la sécurité se trouvait débordée, il n’était pas question de laisser intégralement sans défense la future consort. Isobel commença à appliquer le maquillage, d’une main sûr, très habituée à ce type d’exercice.

« Préférez-vous les blasters ou armes blanches ? »

Elle leva légèrement le menton, ses yeux émeraudes redescendant sur chacune d’entre-elles avec défiance. Cette bataille à la loyale était perdue d’avance, elle le savait, et l’envie d’asseoir son autorité sur leur esprit grandit un peu petit plus à mesure que son regard croisa un de leur visage. Son air mauvais disparu en même temps qu’elle chassa cette pensée de son esprit, plus convaincue que Leia n’approuverait pas du tout de la savoir jouer ainsi avec la tête de son personnel que par le fait qu’il serait compliqué d’utiliser ce procédé à la moindre rencontre impromptue. Takara avait un caractère fort et indépendant, une fierté similaire à celle de sa future épouse. Il était difficile pour elle d’accepter de se faire mener par le bout du nez par le petit personnel, quand bien même ce dernier pensait bien faire. A vrai dire, elle ne comprenait pas comment Leia pouvait accepter cela aussi facilement. Peut-être que s’ils savaient tous ce qu’elle était vraiment, peut-être se montreraient-ils plus compréhensifs ? A vrai dire, en les regardant, elle en vint à se demander si certaines ne le savaient-elles déjà, et cherchaient simplement à la pousser à bout en sachant par avance qu’elle ne répliquerait pas.

Takara poussa un long soupir et leva les yeux vers le plafond avec lassitude en entendant la suivante en tête de file lui expliquer qu’elles agissaient de la sorte pour garantir sa sécurité autant que celle de sa future femme, mais aussi leur image auprès de leur peuple. Un discours que la sith avait plus qu’entendu au cours des derniers jours – des semaines, même, maintenant. Elle connaissait les risques. Cependant, cela ne leur avait-il pas effleuré l’esprit que si elle agissait ainsi, c’était justement pour éviter de se faire remarquer par le peuple ? Qu’en agissant en dehors de tous les codes, sans tout l’apparat qui rendait la maison Organa et la royauté si remarquable, il serait plus facile de se faire discrète une fois en dehors des murs du palais ? La sith se contenta de reposer le regard sur elle, en se mordant la langue pour retenir une réplique acerbe, et fronça légèrement les yeux en tentant de remettre un nom sur ce visage.

Celui-ci lui revînt bien vite, car Mackay n’était pas nouvelle au Palais. Sa femme avait l’habitude de les appeler par leurs prénoms plutôt que par leurs noms. La chose l’avait d’abord surprise, puis elle s’était souvenue qu’elle partageait cette particularité avec son père, sur Kesh. Takara et elle avaient partagé des fonctions similaires, pendant une courte période, avant que Leia et elle n’officialise les rumeurs. Elle savait donc très bien que la rousse en face d’elle connaissait le protocole sur le bout des doigts, ou presque. Pour sûr qu’elle devait prendre un malin plaisir à lui faire la leçon.

La sith n’avait pas envie de se préparer, tout comme elle n’avait pas envie de prendre la navette officielle. Son déplacement n’avait rien de tout cela. Il était purement personnel, et ne devait pas avoir de lien avec le Palais. Elle savait néanmoins qu’elle ne partirait pas tant qu’elle ne se serait pas pliée à leur volonté.

Ça devait l’amuser…

« D’accord… » finit-elle par lâcher, en reculant d’un pas pour pivoter et leur tourner le dos, histoire de s’enfoncer un peu plus dans les appartements et leur laisser le loisir d’entrer. « Mais à une seule condition, Isobel », ajouta-t-elle aussitôt, en appuyant bien sur le prénom de Mackay, et ce tout en levant l’index de sa main droite pour appuyer son propos. Elle tourna ensuite sur elle-même, voyant par la même occasion le bras tendu par la suivante en direction de la coiffeuse. « S’agissant d’une affaire tout à fait personnelle, vous resterez à l’écart de la discussion une fois à destination… Et oui, avant que vous posiez la question, elle connait le sujet de cette entrevue. »

En s’installant devant la coiffeuse, la sith préférait que ces choses soient clairs. Que si elle acceptait de se faire malmener de la sorte, cela serait non négociable. Elle ne pouvait pas risquer que quelqu’un d’autre en dehors de Leia ne puisse savoir qu’elle était à la recherche de son monde, et encore moins pouvoir par la suite faire ses propres recherches pour le trouver avant elles. Takara jeta un bref coup d’œil au dressing, avant de pousser du bout de chaque pied sur le talon de l’autre pour quitter ses chaussures, en imaginant que l’une des deux autres suivantes allait probablement en ouvrir les moindres portes à la recherche de « l’ensemble parfait. »

« Vous savez très bien que les talons n’ont jamais été un problème. C’est paraître plus grande que la reine qui l’est. C’est le protocole, après tout. »

Un sourire s'étira sur ses lèvres, sans doute le seul qu'elles verraient avant un moment. C’était gratuit, et Isobel allait sans doute rétorquer qu’aujourd’hui, justement, il n’était pas question de Leia, mais ça faisait du bien.

Takara soupira ensuite une nouvelle fois en regardant son reflet dans le miroir, avant de poser ses deux mains sur les accoudoirs de la chaise. Elle cligna des yeux en l’entendant passer à un sujet tout autre et d’autant plus sérieux qu’il aurait surpris pas mal de monde, tant il n’était pas courant de parler armement pendant une séance de maquillage. La sith ne considéra même pas la proposition. Elle se débrouillait au blaster mais serait toujours plus à l’aise avec la moindre arme blanche. Au lieu de cela, elle releva son bras droit, pour laisser sa main glisser sous le pan léger de la bure grise, et en retira son shikkar, un poignard rangé dans son fourreau, et à la garde richement gravé dans un art aux antipodes de ce que l’on pouvait trouver sur Alderaan. Elle posa nonchalamment l’arme sur la coiffeuse, avant de jouer des épaules pour laisser tomber la bure grise sur le dossier de la chaise. Mackay et les autres ne la laisseront jamais partir habillée comme ça.

« Cela répond à votre question ? » lâcha-t-elle, en redressant le menton, pour laisser Isobel faire son œuvre, avant de ferme brièvement les yeux pour tenter d’imaginer dans quel accoutrement le trio s’autoriserait à la laisser sortir…

La jeune femme avait maintenant trop l’habitude du Palais Royal pour s’offusquer de la mauvaise humeur des dames de la haute société, encore moins de leur mauvaise foi, y compris lorsque cette dernière était aussi évidente que présentement. Elle ne se souciait pas non plus des piques ou des diverses attaques, car cela ne ferait que la ralentir dans son travail ou les services rendus. La vie au palais devait se poursuivre, sur les rails prévus, quoi qu’il en coûte, c’était pour cela que toutes travaillaient d’arrache-pied. Finalement, tout ce qui pourrait vraiment l’énerver serait des attaques extérieures, contre leur peuple, contre la famille royale, contre tout ce qu’elles bâtissaient ici, contre leurs valeurs. Les personnalités dont elles s’occupaient pouvaient être autant de mauvaise foi qu’elles le souhaitaient, tant que ça n’attaquait pas la société ou que ça ne remettait pas en cause la sécurité du palais et de la royauté.

L’arme que la future consort sortit, pour poser sur la coiffeuse, était inhabituelle, sur ce monde, quoi que plutôt jolie, de par son manche. La lame, cependant, semblait fine, pour Isobel, elle se demandait donc quel en était la réelle solidité. En terme de bataille, ça restait idéal pour se cacher sous des vêtements, cela convenait pour cette planète, où les agressions restaient rares. Il était toujours amusant d’observer les armes favorites des uns et des autres, car cela en disait long sur la personnalité. En regardant ces armes, elle aimait en tirer des réflexions sur leurs porteurs et réfléchir à leurs styles de combat. Cela, évidemment, couplé à de nombreux autres détails, afin d’être plus précis. C’était, d’ailleurs, plus facile avec ceux préférant les armes blanches. Isobel espérait que la jeune femme cachait d’autres armes, sur elle, pour une simple question de prudence. Que la planète soit désarmée ne signifiait pas que les personnes à risque devaient l’être.

"Cela répond à votre question ?"

"La garde est belle et la lame semble plus fragile que de coutume."

Ce n’était qu’un simple constat, qui n’appelait à aucune réflexion supplémentaire. La suivante ignorait d’où cette arme venait et ne comptait pas creuser la question. Ce qui l’intéressait, c’est que la future consort ne sorte pas sans être protégée, rien de plus, rien de moins. Tout en répondant, elle avait commencé à nettoyer la peau avec un petit produit local, à base des plantes qu’ils faisaient pousser dans les jardins du palais. Elle préférait éviter les produits cosmétiques chimiques des leaders du marché, la plupart produits sur Coruscant, ne trouvant pas grand-chose de très sain à leurs fabrications. De toute manière, mieux valait se méfier, dès que des composés chimiques étaient utilisés pour les produits de beauté. Des pensées qu’elle garda pour elle, bien entendu, car elle n’allait pas prendre la peine de faire la conversation à quelqu’un ne voulant pas écouter. Tant que ça ne l’empêchait pas de mener son travail à bien.

La séance de maquillage dura vingt minutes, en tout et pour tout, le temps de prendre soin de la peau, puis appliquer le nécessaire. En comptant également le temps nécessaire pour réaliser une coiffure digne de ce nom. L’ensemble final se devait d’être sobre, tout en respectant l’apparence altière désirée. Les deux autres suivantes avaient choisi une tenue adaptée au voyage, même court. Une robe resserrée à la taille, dans un bleu nuit, avec une jupe s’arrêtant aux pieds et des talons plats. Le tout avec une capeline légère, plus destinée à se protéger du vent en cette saison que de la pluie. Le temps que ces préparatifs se terminent, le convoi était lui déjà prêt à accueillir la princesse, avec son escorte. Isobel se devait d’accompagner le convoi puis attendre, une fois sur place, que la princesse soit prête à rentrer au palais. Une sortie imprévue qui n’arrangeait pas son planning de la journée, mais soit.

La jeune sith haussa un sourcil en écoutant la réponse de Mackay, son regard se reposant un bref instant sur la lame qu’elle venait de poser sur la coiffeuse. Un rictus se dessina à peine à la commissure de ses lèvres. Elle n’était pas loin de la vérité, et pourtant elle ignorait sans doute l’origine et la signification d’une arme comme celle-ci. Takara se souvenait encore du jour où elle avait été le récupéré chez l’une des trois grandes guildes de Kesh, où on lui avait montré le processus de fabrication. Cette lame était fine, et en apparence fragile pour une bonne raison qu’elle était fabriquée à partir de verre, faite pour se briser une fois planter dans le corps de la cible. Imprégnée par le Côté Obscur de la Force, elle signifiait une mort certaine. On ne l’utilisait qu’une fois, mais on en gardait la garde pour une future utilisation, car elle portait généralement les signes distinctifs de son porteur : des noms gravés dans la langue ancienne, ou même parfois un blason. Certains en empoisonnaient la lame, mais c’était une précaution inutile. Celle-ci était pure, mais si tranchante qu’il était nécessaire de la manier avec une grande minutie, au risque, sinon, de se blesser bêtement.

Les traits de son visage se relâchèrent à nouveau alors que la jeune sith relevait la tête pour venir fixer son reflet dans le large miroir, une partie d’elle lassée avant l’heure de ce qui l’attendait, l’autre prête à analyser les moindres faits et gestes professionnels de Mackay. Elle appréciait le fait qu’elle ne chercha pas à en savoir, se mettant au lieu de ça rapidement au travail. Takara avait prévu de prendre son sabre-laser avec elle en plus au cas où la situation venait à se compliquer, mais n’avait pas envisagé de s’en servir pour autant. Désormais, il était probable qu’elle ne pourra pas le prendre avec elle, ce qui ne la dérangeait pas plus pour autant car le Côté Obscur, lui serait toujours pour la servir en cas de besoin.

Le reste se fit dans un silence plus ou moins respecté, Takara trépignant d’impatience mais se pliant tout de même aux instructions de Mackay, fermant les yeux lorsque nécessaire ou relevant la tête lorsque demandé. Elle savait au fond d’elle qu’elle n’avait pas vraiment le choix de toute manière, qu’elle était désormais trop exposée pour envisager de déroger aux règles du Palais, et aux protocoles de la royauté. Il y a quelques mois elle se serait sans doute contenté d’agiter de plier l’esprit de ses jeunes femmes pour poursuivre son chemin, mais ce n’était plus quelque chose d’envisageable désormais, du moins pas pour ce genre de choses. La seule chose qu’elle pouvait faire était de prendre son mal en patience pour que Mackay et les autres fassent le travail le plus vite possible. Elle soupira tout de même en voyant que vingt longues minutes s’étaient écoulées lorsque Mackay l’invita à se lever à nouveau. Au moins Isobel avait-elle bien œuvré pour que le tout reste somme toute assez sobre. C’était mieux que d’appliquer à tout va. D’ailleurs, elle n’aurait sans doute jamais pu faire aussi bien.

Takara eut un léger doute en voyant la robe, pas certaine que ce genre de couleurs aille bien avec celle de sa chevelure mais ne fit aucune remarque, voulant en finir le plus vite possible et, une fois la lame de nouveau glissée dans son fourreau à hauteur de tibia. Le résultat, une fois dedans et les talons aux pieds, était agréablement différent. Elle fit néanmoins la moue pour la coiffe, trouvant la chose plutôt ridicule, mais fit avec, là encore. Avec l’escorte, toute discrétion serait définitivement réduite à néant, alors autant paraître sous son meilleur jour auprès du peuple… La princesse jeta un regard vers Isobel en constatant qu’il n’y aurait pas un seul véhicule, mais trois en comptant ladite escorte.

« Nous allons à l’Université d’Aldéra. » lacha-t-elle finalement platement, avant de se glisser à l’arrière du speeder dont on avait ouvert la porte en la voyant arriver.  

La sith soupira longuement une fois à l’intérieur et Isobel installée en face d’elle. Elle aurait tellement préféré faire les choses en toute discrétion, et éviter tout ce raffut inutile. Etouffer ce déplacement serait impossible, et passer sous silence sa raison, compliqué. Elle chassa cette réflexion en posant une nouvelle fois son regard sur Mackay, sans rien dire. Takara n’allait pas l’admettre, mais une part d’elle appréciait le caractère de la suivante. Sur Kesh, ceux qui pouvaient se permettre de lui tenir tête se comptait sur les doigts de la main. D’une certaine manière, donc, la jeune femme l’avait surprise. Elle était professionnelle, parfaitement droite dans ses bottes, et n’avait pas hésité à s’interposer, quelque en fut les risques. Peut-être Isobel aurait elle fait preuve d’un peu plus de réserve en sachant la condition de la princesse, mais c’était une chose que la sith ne vérifierait pas aujourd’hui. Oh bien sûr elle lui en voulait toujours terriblement d’avoir gâché ses plans mais Takara n’était totalement ingrate. Elle savait faire la part des choses. Les personnes comme Mackay étaient utiles, il restait à savoir si elle saurait gagner définitivement son appréciation.

Le convoi arriva assez vite à destination, il n’y avait pas une très grande distance entre le Palais Royal et la grande université qui faisait la fierté du peuple d’Alderaan. Une foule de curieux s’étaient rapidement constitué, comme Takara l’avait crain, en voyant des véhicules officiels s’arrêter devant une des entrées principales du lieu de science et de culture. La jeune sith poussa un nouveau soupir, avant de chasser une dernière fois ses émotions, pour mieux arborer un visage de façade adapté à l’occasion. Elle attendit que l’on vienne ouvrir la porte de leur véhicule, laissant éventuellement descendre Isobel en première avant de s’extirper adroitement de l’habitacle. Là, un fin sourire aux lèvres, elle prit quelques instants pour saluer la petite foule de la main, laissant la garde s’occuper de la contenir et de lui ouvrir le chemin. Une part d’elle détestait toujours autant cela, une autre continuant doucement de s’y faire. Il y avait toujours du monde une fois à l’intérieur, mais l’ambiance elle était bien plus studieuse et calme.

Plusieurs érudits se dépêchèrent de venir à leur rencontre, accompagné du doyen de l’université, le groupe se pressant pour venir poliment les saluer, ou plutôt la saluer. Takara leur rendit les politesses en conservant sa façade avenante, bien qu’au fond, elle fulminait de voir autant de monde s’intéresser à elle. Il aurait été tellement plus facile de les prendre au dépourvu, sur le fait. Il y aurait eu moins d’intéressés. Bref, la future consort exprima la raison de sa venue, le désir de s’entretenir avec un archiviste ou chercheur spécialisé dans la cartographie de la galaxie, et des cieux. Mais ce ne fut pas un, ni deux, mais quatre noms que le doyen s’empressa de faire demander, avant de l’inviter à le suivre dans les couloirs de l’académie jusqu’à une grande salle circulaire dont il fit chasser poliment les étudiants et curieux. C’est là que Takara s’arrêta, devant la grande porte à double battant richement décorée, pour se tourner vers Mackay.

« C’est ici que vous m’attendrez. Je n’en aurais pas pour longtemps. »

Takara fixa la suivante du regard, pour lui faire comprendre que ce qu’elle lui avait dit plus tôt, au palais, n’était pas négociable. Mackay devrait comprendre que si la sith était prête à tolérer beaucoup de choix, il y avait des décisions qui ne souffriraient d’aucune contestation.

Elle entra ensuite dans la pièce, le doyen faisant refermer les portes derrière eux, juste assez pour ne laisser qu’un interstice suffisant pour que la suivante puisse garder un œil sur ce qui se passait à l’intérieur, mais sans plus. Là, les quatre scientifiques étaient réunis autour d’une table faite d’un bois riche provenant sans doute des forêts d’Alderaan. Takara les salua respectueusement, sans trop en faire, laissant chacun d’entre eux se présenter à elle avant que le doyen, lui, ne s’éclipse pour les laisser seuls. La future consort les regarda alors tour à tour, s’arrêtant un instant sur la longue barbe blanche du premier pour glisser sur le bouc court du second et ainsi de suite. Elle posa ensuite le pad sur lequel elle avait enregistré les tracés et représentations qu’elle avait pu faire depuis son arrivée dans ce temps.

« Je suis à la recherche de ceci. » fit-elle, avant d’activer le pad.

La carte du ciel se déplia devant eux sous la forme d’un hologramme circulaire dont seulement la moitié était couvert d’une successions d’étoiles reliées entre elles pour former les constellations telle qu’elles pouvaient être vues sur Kesh.

« C’est une carte du ciel. » fit remarquer le plus ancien.

« Dont il semble manquer une partie, visiblement. »

« Pas nécessairement. »

Takara appuya sur un bouton et la carte se déploya plus haut dans la pièce, agrandie. Puis elle poussa le pad vers eux.

« Il ne manque rien. Cependant, personne n’a été en mesure de dire de quelle région de l’espace il est possible de regarder ces constellations. C’est une information dont nous avons besoin. »

Le « nous » sembla illuminer le regard de l’un d’entre eux, un archiviste qui se releva de son fauteuil pour se tenir debout, en miroir de la sith, le regard tourné vers le ciel.

« Si ce que vous dîtes est vrai, Madame, alors il y a une chance que nous puissions déjà réduire le spectre de nos recherches. »

« Oui, le fait qu’il n’y ait des étoiles que sur une partie du ciel semble indiquer que ce secteur se trouve en périphérie de la galaxie. Mais une telle recherche risque de prendre du temps. »

« Peut-être beaucoup de temps, si nous ne sommes pas chanceux. »

Takara se contenta de les regarder tour à tour, écoutant leurs explications. Elle se doutait bien que ce serait compliqué, et qu’il faudrait du temps. La discussion s’étala un peu dans le temps, la princesse sith se refusant de dire clairement s’ils devaient chercher un astre, ou une quelconque anomalie, ne voulant pas trop les aiguiller. Elle ne pouvait pas risquer qu’ils poussent leurs recherches trop loin. Tout ce qu’elle voulait, c’était une zone restreinte sur une carte, rien de plus. Le reste, elle se débrouillerait pour le faire elle-même, lorsque le moment sera venu. D’ailleurs, elle devait s’assurer qu’ils n'ébruiteraient pas trop leurs recherches. Lorsque l’entrevue toucha finalement à sa fin et que les scientifiques se levèrent pour la raccompagner, Takara les arrêta avant de pouvoir atteindre la sortie, pour leur toucher quelques derniers mots, pour leur rappeler que ces recherches n’avaient rien d’officielles et se devaient de rester secrètes.

« N’oubliez pas ceci. Ces recherches n’ont jamais eu lieu, vous oublierez le contenu de cette entrevue. »

Les propos, appuyés de la Force, n’eurent étrangement pas l’effet escompté. Bien sûr, le quatuor opina du chef, rappelant que toutes les demandes venant du palais étaient confidentielles. Takara les regarda un instant, l’envie de réessayer pour s’assurer leur silence, grandissante. Elle changea d’avis en se rappelant qu’ils étaient bien trop près de la porte, et qu’une telle insistance pourrait soulever des soupçons. Aussi, en arrivant de l’autre côté, près de Mackay, elle déclara une dernière fois :

« Nous apprécions votre soutien. N’oubliez pas de me faire parvenir vos résultats directement. Ou par l’intermédiaire de Mademoiselle Mackay ici présente, qui se chargera de me les transmettre si je ne suis pas disponible. »

Puis laissant les archivistes s’éloigner, elle se tourna vers la suivante, pour lui faire signe de la main de la suivre.

« Nous en avons terminé ici. Je vous avais dis que nous n’en aurions pas pour longtemps. »

Takara garda son air avenant, de façade, le temps de regagner le speeder, s’arrêtant une fois de plus sur le parvis de l’université pour saluer la foule, qui s’était étoffée depuis son arrivée. Puis elle s’installa à l’intérieur, retirant la capeline en attendant que Mackay la rejoigne, comme à l’aller. L’appareil de nouveau en route, elle croisa les jambes et tira légèrement sur la robe, le regard fuyant un instant avant de revenir sur la suivante, un intérêt nouveau en tête.

« Isobel, vous libèrerez votre planning une fois au Palais. Vous m’accompagnerez pour le reste de la journée. »





Lancers de dés :

• Attrait de la foule lié au déplacement [Dé Combat + malus échec critique initial] >> 8 + 7 = 15
  
• Nombre d'archivistes présents [Dé Combat. Si <10, 2. Si > 10, 4] >> 13.
  
• Temps passé avec les archivistes (compréhension de la demande) [Dé Combat] >> 8.
  
• Délai pour les résultats [Dé Combat, dans l'heure à plusieurs semaines] >> 6.
  
• Le résultat en question [Echec/Réussite] >> Réussite
  
• Jet pour persuasion de Force, remplacer le sujet de discussion par un autre [Dé Combat, en tenant du nombre d'archivistes présents] >> 15.
  

Les préparatifs étaient terminés et ses deux consœurs suivantes se chargèrent dans la foulée de ranger l’espace utilisé, les produits et les tenues qui n’avaient pas été sélectionnées, avec l’aide du personnel. Isobel, en tant que l’aînée des trois, avait pour charge d’escorter leur future consort jusqu’à destination, puis de la raccompagner sur le trajet du retour, avant d’enfin retourner à ses propres occupations. Ces imprévus dans la vie si bien réglée du palais n’étaient pas très agréables, surtout lorsque vous aviez du travail. D’autant plus lorsqu’il fallait, en sus, gaspiller de l’énergie à convaincre la personne face à vous de respecter les protocoles et les traditions plutôt que de faire l’enfant. Elle croisa brièvement le regard du chef de l’escorte à l’extérieur et d’un léger signe de tête, lui fit comprendre qu’ils pouvaient se mettre en route, désormais. Un signe engageant du même coup une sécurité non perceptible et s’étendant au-delà de cette simple escorte.

"Nous allons à l’Université d’Aldéra."

La destination arracha tout à coup un petit sourire au capitaine, comme si on venait de lui ôter brusquement une terrible pression. Elle le comprenait très bien… Isobel entra à son tour dans le speeder, ignorant le soupir grossier et appuyé de la princesse alors que le convoi démarrait. Quelles manières. Mains croisées et posées contre ses genoux, elle suivit du regard le défilement des bâtiments par la fenêtre, un trajet assez court. Pourvu que le tout ne dure pas trop longtemps… Leur arrivée fut ponctué d’un nouveau soupir, qui eut le don d’agacer un peu plus la jeune femme. Heureusement, elle parvint à ne pas le montrer… Merci aux longues heures de pratique auprès d’aristocrates plus ou moins grognons. Par bonheur, la consort eut au moins la présence d’esprit de se comporter dignement, face à son peuple, une fois sortie. Peut-être, finalement, allaient-ils éviter certains incidents diplomatiques ou relationnels dans le futur.

L’université était d’ordinaire très sereine, il était bien rare de voir les chercheurs se dépêcher accueillir un visiteur. Intérieurement, en retrait de cette petite agitation, elle trouva particulièrement drôle de voir débarquer le doyen à moitié en courant et essoufflé, avec son ventre rebondi s’agitant sous ses épaisses tenues alors qu’il venait se planter face au groupe. Ce n’était pas quelqu’un d’antipathique, en revanche, il avait, avec l’âge, de plus en plus d’amour pour les vins et la bonne chère que pour les études assidues. A certaines heures, il ne fallait pas même espérer le trouver dans son bureau, mieux valait se tourner vers certains restaurants de la capitale. Au moins, tant que sa mémoire ne lui faisait pas défaut, il restait une véritable mine d’or de connaissances et de réflexion, ce qui l’avait conduit à ce poste. Isobel n’écouta pas la conversation ni la raison de cette visite, occupée sur le trajet à observer les magnifiques tableaux que l’université exposait dans ses traverses.

Une fois arrivés à la salle voulue et la consort entrée dedans, les étudiants du jour partis vers d’autres étages, Isobel se permit de se détendre un peu. Durant ce moment, en tout cas. Elle s’approcha de nouveau des tableaux présentés, l’un d’eux attirant tout particulièrement son regard puisqu’il s’agissait d’une représentation du plus grand lac souterrain de leur planète. Un lieu magique, très touristique et préservée par le Comité Environnemental de la cité. Elle s’y rendait dès qu’elle le pouvait, pour se reposer et se ressourcer, l’endroit avait une énergie très particulière. Son regard dériva ensuite vers les autres œuvres, apaisée en les contemplant. Comme de nombreuses personnes sur Alderaan, elle aimait l’art, particulièrement les peintures et les sculptures. Deux de ses artistes favoris vivaient même dans la capitale. Une fois par an, le plus âgé des deux ouvrait son atelier au public et parlait de son travail, ses sources d’inspirations et expliquait l’art de la peinture.

Ces expositions d’art lui permit de ne pas voir le temps passer mais aussi d’effacer tout agacement ou frustration, suite aux dernières heures. Rien de plus efficace que de demeurer un peu de temps auprès des tableaux pour s‘aérer l’esprit. Lorsque les portes de la salle se ré-ouvrirent, elle vint reprendre sa place, tout en disant qu’elle reviendra ici à son prochain jour de congé. Ce qui lui faisait penser que cette année avait vu très peu éclore diverses expositions… La planète avait connu des affres inhabituels, empêchant la tenue de quelques événements. L’année prochaine devra être remise sur de bons rails. Lorsque la ville ne proposait pas au moins trois expositions différentes tous les deux mois dans ses musées, c’est qu’il y avait un très gros problème. Et ne parlons pas de celles de cette université. Alderaan était un haut lieu de culture et se devait de le rester.

"Nous apprécions votre soutien. N’oubliez pas de me faire parvenir vos résultats directement. Ou par l’intermédiaire de Mademoiselle Mackay ici présente, qui se chargera de me les transmettre si je ne suis pas disponible."

Peu de chance que cela arrive, songea Isobel en conservant un air neutre. Ce type de demande signifiait que la requête était importante et surtout très privée, il n’arrivait donc jamais que les personnes à l’origine de la requête laissent le tout en plan. La princesse trouvera certainement un moyen d’être disponible pour recevoir les résultats attendus, quoi qu’il lui en coûte. Néanmoins, le doyen parut ne pas arriver aux mêmes conclusions qu’elle car il approuva avec candeur et un sourire. Ses considérations politiques s’émoussaient aussi vite que sa passion pour la haute gastronomie grimpait, dirait-on. Une fois les salutations faites, elles-mêmes purent repartir, avec l’escorte retrouvée. « Pas pour longtemps », peut-être. A vrai dire, dans ce genre d’environnement, la jeune femme pouvait patienter assez longtemps.

Enfin, c’était cela de fait. A l’extérieur, avant de rentrer dans le speeder, elle réfléchit à comment s’organiser pour rattraper les tâches manquées par cette sortie imprévue. Pour ce qui était des préparatifs pour la vente aux enchères, sa consœur avait sans doute pu les poursuivre durant son absence, à sa place. Certains, dans cette ville et dans bien d’autres, avaient pris la fâcheuse habitude de confirmer leur présence au dernier moment. Les relancer plusieurs fois était une véritable perte de temps et d’énergie. Sans compter ceux ne prenant pas la peine de répondre lorsque cela émanait d’une « simple suivante ». Mais elle avait un autre moyen pour accentuer la pression sur ce type de personnes… Elle devra en parler à ses proches collègues et à l’intendant du palais, avant de mettre quoi que ce soit en route…

"Isobel, vous libérerez votre planning une fois au Palais. Vous m’accompagnerez pour le reste de la journée."

Brutalement interrompue dans le fil de ses réflexions, Isobel ne put se contenir que d’extrême justesse, pour ne pas laisser déverser sur son visage l’agacement revenu. S’il s’agissait d’une petite vengeance personnelle pour lui avoir « fait perdre du temps » en devant la préparer à cette sortie, c’était une attitude bien basse.

"A votre convenance."

Certains hauts dignitaires avaient des attitudes correctes, très polies, d’autres aimaient se comporter comme s’ils étaient seuls sur cette planète dignes d’intérêt et d’autres, enfin, aimaient visiblement se défouler sur ceux qui ne s’écrasaient pas devant leurs petits caprices. Une attitude qui n’incitait pas la suivante à plus céder les futures occasions. Du moins, pas sur les terrains où ce n’était tout simplement pas négociable. Elle fut bien contrainte de profiter du trajet retour pour « libérer », à contrecœur, son planning, en envoyant avec rapidité quelques messages. En fait, tout ce qui était imprévu ne lui plaisait pas du tout et avait le don de la stresser. Sa vie entière avait toujours été si fortement cadrée et encadrée qu’elle n’avait jamais eu la moindre occasion d’improviser quoi que ce soit.

"L’escorte doit-elle se tenir à disposition pour un autre voyage ? Si vous souhaitez quitter la ville, des moyens plus importants devront être engagés. Des rebelles ont été signalés à plusieurs reprises dans la région."

L’agacement de Mackay n’échappa nullement à la sith face à elle. Bien que la suivante ait fait de son mieux pour contenir avec brio ses sentiments avant qu’ils ne se dépeignent sur son visage, Takara n’avait pas pu manquer de le remarquer dans la Force. Une petite part d’elle-même s’en délecta aussitôt, satisfaite d’avoir pu la contrarier, mais le visage soigneusement maquillé de la sith resta pour sa part imperméable à toute émotion. En fait, la jeune princesse se trouva même un peu surprise de la réponse d’Isobel, qui aurait pu facilement s’en sortir en affirmant que ce n’était pas possible, puis de dire qu’elle trouverait quelqu’un d’autre pour la remplacer. Takara s’en serait parfaitement contenté, obtenant là une réponse suffisante pour tuer dans le berceau sa curiosité naissante. Mackay avait cependant acquiescé, se pliant soudainement à sa volonté sans que la sith n’ait à insister. Ce n’était pas pur plaisir, bien sûr, mais cela suffisait à la future consort pour faire monter la jeune femme dans son estime. Takara avait toujours eu une bonne appréciation des fortes têtes, à condition que ces dernières le soient dans le cadre de leur travail sans faire de zèle. Isobel faisait peut-être partie de ce genre de pépites rares aux yeux de la sith.

Cette dernière porta son regard vers l’extérieur sans rien dire, laissant le soin à Mackay de faire le nécessaire pour libérer son agenda, comme elle le lui avait demandé. Elle regarda passer les bâtisses du centre-ville, toutes aussi majestueuses les unes que les autres, avec leur style si particulier et propre à Alderaan. Les passants étaient là, saluant le convoi sur son passage sans savoir si quelqu’un leur répondait à cause des vitres teintées. Tout cela restait encore bien nouveau pour Takara, et ce malgré les mois passés sur Alderaan. Avant les failles, avant de croiser Leia, elle se baladait sans crainte dans les rues de Kesh, la majorité des habitants ignorant son statut. Elle avait passé une bonne partie de sa vie telle une anonyme, à faire ses preuves en profitant des opportunités. En improvisant. Désormais, elle ne pouvait plus y couper, comme ses parents avant elle. Une part d’elle s’y faisait, grignotant petit à petit celle désireuse de garder sa pleine autonomie et indépendance, et elle ne trouvait pas grand-chose à y redire : Leia, et sa future position sur ce monde représentaient ce qu’elle avait toujours cherché à obtenir.

Mackay l’interrompit dans sa réflexion en reprenant la parole et la jeune princesse reporta son attention sur cette dernière, alors que le convoi approchait tranquillement de sa destination. Elle secoua à peine la tête en entendant sa question, n’ayant pas envisagé de repartir de sitôt hors du palais. Takara aussi, avait son agenda, d’une certaine façon. Elle devait par exemple s’entretenir avec le représentant du reste des forces impériales restées sur Alderaan plus tard dans la journée pendant que Leia s’occupait du reste des affaires locales. Puis il y avait aussi une entrevue avec l’intendant, pour discuter du choix de l’agence qui s’occuperait d’organiser les préparatifs du mariage à venir, qu’il restait d’ailleurs à annoncer publiquement.

« Non, pas pour le moment. D’autres affaires nous attendent au Palais, dont deux entrevues importantes. D’abord avec le responsable de ce qu’il reste des forces de sécurité impériales sur notre planète, puis avec l’Intendant. »

Inutile de lui cacher cela, puisqu’elle devait probablement le savoir. Le contraire aurait été étonnant. A présent, bien sûr, ce serait à elle de s’occuper des préparatifs pour ces réunions, mais Takara ne doutait pas que Mackay saurait se retourner. Le cas contraire, l’estime gagnée serait perdue, et la sith saurait à quoi s’en tenir à l’avenir.

Leur véhicule s’arrêta dans la foulée, la grande entrée du palais bien visible sur le côté, interrompant la jeune princesse avant qu’elle n’ait pu rebondir sur le sujet de la menace rebelle. Un des serviteurs se pressa pour venir ouvrir la porte, mais Takara lui fit comprendre qu’elle n’avait terminé et qu’elle souhaitait finit de discuter en privé, avant de lui faire signe de la main de la refermer. La future consort attendit que tout le monde soit sortit du véhicule, chauffeur comprit, pour reporter son attention sur Isobel. Elle croisa à nouveau les jambes, la jambe gauche passant cette fois-ci par-dessus la droite.

« Que pensez-vous de ces rebelles, justement ? Et plus particulièrement, que pensez-vous des actions de Bail Organa ? »

Elle se redressa contre le dossier confortable, avant de poser son regard sur le visage de la jeune suivant. Cette fois-ci, Takara ne prit pas la peine de cacher que ces questions étaient un test. Elle se rapprocha ensuite un peu du bord, comme pour réduire un peu la distance entre elles.

« Vos réponses resteront entre nous, alors soyez sincère, d’accord ? »

Ce n'était pas une question de savoir si elle pouvait lui faire confiance ou non. Elle ne serait pas assise dans le même véhicule qu'elle si cela n'avait pas été le cas. Des mesures avaient été prises après les récentes manifestations. Bien sûr, rien ne garantissait que les choses avaient été bien faites...

"Non, pas pour le moment. D’autres affaires nous attendent au Palais, dont deux entrevues importantes. D’abord avec le responsable de ce qu’il reste des forces de sécurité impériales sur notre planète, puis avec l’Intendant."

Elle qui avait cru qu’une autre sortie imprévue allait prendre la place des occupations légitimes et attendues… Bien, une bonne chose de réglée. Le responsable de la sécurité allait lui aussi pouvoir respirer plus librement. Par ailleurs, cela annonçait des tâches à accomplir normalisées et habituelles, rentrant dans la vie courante du palais et de ses activités. La vie allait donc reprendre un cours lisse malgré les changements de ce matin. Une fois son travail terminé avec l’Intendant, elle pourra en profiter pour lui glisser quelques mots quant à ses projets pour accentuer la pression sur les retardataires. La navette s’arrêta souplement, Isobel se préparait à sortir pour vaquer à ses nouvelles tâches, mais la consort chassa d’un geste le serviteur prêt à ouvrir. Isobel dû retenir un soupir… Finalement, le cours normal des choses n’était pas prêt à reprendre immédiatement. Elle reposa le regard sur la future consort, en attendant que chacun et chacune s’éloignent.

"Que pensez-vous de ces rebelles, justement ? Et plus particulièrement, que pensez-vous des actions de Bail Organa ?"

Bail Organa… C’était un sujet qui revenait très régulièrement et qui avait le don de très fortement diviser, tout autant dans la population qu’au sein de la haute société. Un sujet complexe, difficile à juger…Préciser que la sécurité devait être renforcée à cause de la présence rebelle était donc un prétexte pour la consort, pour connaître les opinions politiques d’une simple suivante ? Ce n’était, d’ordinaire, pas par ce genre de biais que ces sujets étaient amenés. Que ses réponses restent véritablement ou non entre elles, comme la princesse l’affirmait, n’était pas gênant. Isobel n’avait absolument rien à cacher et ne s’était jamais interdite non plus d’exprimer ses opinions, qu’elles plaisent ou non. De plus, il était normal pour les nouveaux venus au pouvoir de s’interroger sur les positions de leur entourage. Il suffisait bien souvent de si peu pour décider d’écarter certaines personnes loin du palais.

"Durant des années, Bail Organa a œuvré pour le bien de cette planète et maintenir son statut, son influence, ses relations. Un travail correct dont personne ne trouvait rien à dire. Après la Guerre des Clones, conserver la neutralité de notre peuple a été ce que tout le monde attendait de lui. Il s’agissait de son principal Devoir. Des rumeurs courraient sur son soutien à l’Alliance Rebelle, sans que nous ayons beaucoup plus que des simples rumeurs. Le fait qu’il ait décidé de faire passer un combat personnel au-devant des intérêts d’Alderaan est une trahison grave. La planète a toujours été libre et indépendante, ses alliances politiques ou économiques ne doivent pas nuire à son équilibre, pas plus que les décisions prises en haut-lieu. Seul cela compte à mes yeux. A cause des actions de Bail Organa, notre monde a été bombardé et il est depuis menacé. Avec les rebelles qui le soutiennent, il accepte de faire vivre sous une menace permanente un peuple désarmé, qui n’avait jamais menacé qui que ce soit. On ne pouvait imaginer plus dure trahison. Les familles vivant ici n’ont rien demandé à personne, il est indigne qu’elles deviennent les victimes collatérales de combats orchestrés par d’autres. D’autant plus des personnes dont le premier Devoir était de les protéger. Les personnes ayant perdu la vie dans ce bombardement ont été les victimes de personnes décidées à se battre sans se soucier d’écraser des innocents sur leur passage."

Peu importe la « Cause », elle estimait qu’aucune personne civile ne devait mourir dans un combat qui n’était pas le sien. Les réponses du type « Mais c’est la guerre ! » étaient particulièrement infectes. Au nom de quel cause pouvait-on laisser des bombes pleuvoir sur la tête d’enfants, pour ensuite hausser les épaules face à leurs parents en leur lâchant un laconique « Désolé mais c’est la guerre » ? Isobel ne dissimulait pas son dégoût, devant pareilles attitudes. Le trahison était d’autant plus forte lorsqu’elle venait d’un ancien vice-roi. Trahir ceux qu’on avait juré de préserver était le crime le plus terrible qui soit.

"Je ne doute pas que les rebelles soient convaincus de bien faire", reprit-elle. "Pour ma part, je suis convaincue que le pacifisme d’Alderaan n’a pas à être sacrifié pour leur cause. Avoir apporté la guerre sur un monde entièrement désarmé et loin des conflits était la pire des horreurs. Causer des morts civils n’est pas pardonnable."

Takara écouta attentivement ce qu’Isobel avait à dire de ces deux sujets. Etant originaire de cette planète, il était normal que la suivante ait un avis fort concernant le père adoptif de sa future femme, et sur les actions qu’il avait menées pendant qu’il était encore au pouvoir. C’était aussi un bon moyen de tirer une opinion claire d’une personne sensée être pleinement dévouée à la protection d’Alderaan et de son peuple. Ce qu’elle avait à dire avait donc son importance, et la sith était certaine qu’elle s’adressa à elle avec honnêteté. C’était là ce qu’elle attendait d’une personne comme Mackay, plus que sa position vis-à-vis des faits. Elle aurait pu lui dire qu’elle soutenait toujours vivement Bail Organa qu’elle ne l’aurait pas fait arrêter sur le champ pour autant. Le jeune princesse l’aurait bien sûr évincé du Palais, mais les choses en seraient restés là. Du moins, sur le principe. Il ne pouvait y avoir de places pour des opposants en ces murs. En revanche, eut-elle osé lui mentir que la sith n’aurait pas eu le moindre scrupule de la jeter dans les bras des impériaux. Ces derniers s’étaient d’ailleurs faits discrets depuis que Leia et elle avaient obtenu le retrait de la majorité de la garnison impériale, désormais limité à une petite force de sécurité et un croiseur en orbite. Cela ne voulait pas dire qu’ils n’agissaient pas, cependant, de manière parfaitement officieuse sur ces sujets-là.

Il fallait avoir un esprit critique, c’était quelque chose d’important. Elle avait toujours regardé les suivantes de loin, sans chercher à trop se livrer, à trop s’intéresser. Même avant d’officialiser sa relation avec Leia, lorsqu’elle tenait le rôle de dame de compagnie, elle s’était contentée de rester assez superficielle. Maintenant que les choses évoluaient, et qu’elle devait se plier encore plus aux codes et protocoles de la royauté et du palais, il allait falloir s’assurer que les personnes qui l’entouraient étaient dignes de confiance. Leia avait déjà fait le nécessaire après les incidents des manifestations, mais deux regards sur la question valaient mieux qu’un.

Les propos en eux-mêmes ne tombaient pas dans l’oreille d’une sourde, et Takara savait apprécier ce qu’elle entendait. C’était passionné mais non dépourvu d’une logique et d’une vision claire. Le discours en lui-même allait dans son sens, et celui de Leia. Bien sûr, avec le temps, il faudrait s’assurer que la vision de ce genre de personnes, proches d’elles et présentes en permanence au palais, s’alignent avec les leurs lorsque les choses évolueraient. Alderaan se devait en effet de paraître neutre et indépendante pour le moment, mais avec le temps, cela serait sans doute amener à changer. Peut-être pas au niveau de la planète et de son peuple en eux-mêmes, mais en ce qui les concernait Leia et elle, sans aucun doute. Il faudrait alors s’assurer que leur entourage ne se retourne pas contre eux. Il y aurait donc du travail à faire pour changer les mentalités, mais le temps était de leur côté pour ce genre de sujets.

« Je vous remercie pour votre sincérité. La question de la présence rebelle sur notre planète est justement à l’ordre du jour de mon entrevue. Les impériaux ont officiellement cessés de les traquer conformément à nos demandes mais nous ne sommes pas dupes pour autant. Cependant, ils voudront des garanties quant aux actions que nous mènerons à leur place. Je ne souhaite pas de nouveaux bains de sang sur Alderaan. Le mieux, à mon avis, serait de trouver le moyen d’atteindre Bail Organa, et de le contraindre à partir. C’est sa présence, quelque part sur notre monde, qui maintient le reste des cellules rebelles en vie. »

Le tuer n’était pas une option à ses yeux. Pas tant que Leia ne lui aurait pas dit que le faire la laisserait indifférente. Ce ne serait pas ce qu’elle dirait aux impériaux cependant. Ce serait mal avisé de leur dire qu’Alderaan ne traquerait pas les rebelles jusqu’aux derniers, si ces derniers restaient calmement dans leur coin. Etant donné que Mackay serait présente à cette entrevue, évoquer le sujet au préalable avec lequel lui semblait naturel.

« A présent, avant de sortir, c’est à mon tour d’être parfaitement honnête avec vous. Tout d’abord, je sais que je n’ai pas forcément été tendre avec vous, mais cela n’a jamais été dans ma nature. Cela ne veut pas pour autant dire que je n’apprécie pas ce que vous faites, ou ce que vous êtes. Bien au contraire.»

Un sourire s’étira sur ses lèvres pour appuyer ses propos, sincère et avenant. Takara décroisa les jambes, avant de se pencher en avant pour venir récupérer la lame qu’elle lui avait présenté tout à l’heure, la gardant dans son fourreau pour pouvoir la tenir à deux mains, sur ses genoux. Son regard glissa sur cette dernière un instant, avant de revenir se poser sur le visage d’Isobel.

« Ensuite, cette lame. Il s’agit d’une arme forgée par les siths depuis des temps anciens, et sa garde porte le sceau de ma lignée, ainsi que le nom de ma Maison. Elle ne remplace pas un sabre-laser, mais elle reste bien plus facile à dissimuler, comme vous avez pu le constater. Nous n’avions pas nécessairement prévu d’évoquer la chose, mais il est évident qu’avec le temps, continuer à dissimuler la vérité deviendra de plus en plus difficile. Je sais aussi qu’avec ce que d’autres ont fait à cette planète, et au reste de la galaxie, ce genre de choses soient difficiles à accepter. Mais nous sommes bien différentes. J'espère, en ce qui me concerne, que mes actions ici le prouve. Ma question, à présent, est de savoir si cela vous pose un problème. »

Elle marqua une brève pause, avant de déclarer, un sourire toujours sincère aux lèvres et la parole accompagnée d’un mouvement de tête en direction de l’extérieur :

« Bien sûr, une fois cette question élucidée, nous pourrons reprendre la suite de notre agenda. »

"Je vous remercie pour votre sincérité. La question de la présence rebelle sur notre planète est justement à l’ordre du jour de mon entrevue. Les impériaux ont officiellement cessés de les traquer conformément à nos demandes mais nous ne sommes pas dupes pour autant. Cependant, ils voudront des garanties quant aux actions que nous mènerons à leur place. Je ne souhaite pas de nouveaux bains de sang sur Alderaan. Le mieux, à mon avis, serait de trouver le moyen d’atteindre Bail Organa, et de le contraindre à partir. C’est sa présence, quelque part sur notre monde, qui maintient le reste des cellules rebelles en vie."

Il était dommage que l’ancien vice-roi ne puisse simplement être arrêté puis jugé sur leur planète, pour la trahison commise envers leur peuple et les avoir entraîné dans cette guerre, pour ses propres idéaux. Cependant, ce serait aussi attirer encore plus de rebelles sur leur monde et les laisser commettre des problèmes comme celui causé par ce Jedi lors des manifestations. Ils ne devaient pas mettre une fois de plus la population civile en danger. Une situation infernale et dont elle ignorait quelle en était la meilleure solution. Peut-être qu’en cas de départ, la présence rebelle diminuerait effectivement. Peut-être. Isobel ne pourrait en débattre longtemps. De toute manière, elle n’avait pas à le faire. Avoir des opinions politiques était une chose, pouvoir les mettre en application en était une autre.

La consort changea tout à coup radicalement de sujet, lui lançant que si elle avait un caractère difficile, elle l’appréciait tout de même, le tout ponctué d’un soudain sourire. La jeune femme ne sut comment réagir et se contenta donc d’un air très neutre. Se demandant ce que ça pouvait bien signifier, tout à coup… Qu’avait-il dit ou fait de particulier pour que la princesse prenne cette voie ? La seconde suivante, elle ressortit sa dague cachée pour la poser sur ses genoux, alors qu’Isobel comprenait encore moins où cette conversation se dirigeait. D’une question ordinaire et d’un sujet actuel, la princesse passait soudainement à un comportement déroutant. Non pas qu’elle craignait spécialement pour sa vie, en revanche, ne pas savoir à quoi s’attendre la déstabilisait complètement. A la rigueur, elle préférerait justement être menacée, car il serait plus facile de réagir par instinct de survie.

"Ensuite, cette lame. Il s’agit d’une arme forgée par les siths depuis des temps anciens, et sa garde porte le sceau de ma lignée, ainsi que le nom de ma Maison. Elle ne remplace pas un sabre-laser, mais elle reste bien plus facile à dissimuler, comme vous avez pu le constater. Nous n’avions pas nécessairement prévu d’évoquer la chose, mais il est évident qu’avec le temps, continuer à dissimuler la vérité deviendra de plus en plus difficile. Je sais aussi qu’avec ce que d’autres ont fait à cette planète, et au reste de la galaxie, ce genre de choses soient difficiles à accepter. Mais nous sommes bien différentes. J'espère, en ce qui me concerne, que mes actions ici le prouve. Ma question, à présent, est de savoir si cela vous pose un problème."

Le mot « Sith » lâché s’associa instantanément, comme un réflexe, au visage du scientifique fou qui s’en était pris à la galaxie toute entière avec une telle violence et détermination. Un mot étroitement lié à la pandémie, aux milliards de morts causés en si peu de temps. Elle ne savait toujours pas quoi dire. L’évidence était bien sûr de se dire que tous ne devaient pas être comme ça, comme de se dire que tous les Jedis n’étaient pas « bons » car l’un d’entre eux avait attaqué des manifestants désarmés. Pourtant, malgré cela, le simple mot insufflait de la peur, car il lui était impossible de ne pas penser à la pandémie et son abject créateur. Dans le même temps, elle ne connaissait rien, ni des Siths, ni des Jedis… Elle ne savait rien de leurs pouvoirs réels et ceux dont elle avait entendu parler, c’était alors soit au travers des avis de recherche, soit, pour le Sith, par la vidéo sur la pandémie. Où il se vantait de sa création.

"Je sais qu’on ne peut juger un groupe entier par les actes d’un seul," murmura-t-elle. "Dans le même temps, le mot Sith a été, pour moi, durablement associé au créateur de la pandémie. Je ne connais rien des pouvoirs ou désirs de ces personnes, donc de là, il est difficile de savoir quelle confiance accorder. Les actions sont une première preuve, mais il reste à savoir si cela peut durer dans le temps. Ou plutôt, ce genre de pouvoir peut-il vous influencer au point de vous en faire perdre la raison ?"

Pour le coup, elle savait que c’était une question risquée et qu’elle pouvait jouer gros. Mais c’était aussi le plus important. Une personne souffrant d’instabilité pouvait représenter un danger à moyen ou long terme.

Il y avait beaucoup de choses que les gens pensaient savoir des Siths. En réalité, il y avait beaucoup plus de choses qu’ils ignoraient. Comme pour tout phénomène de société, c’étaient souvent les actes les plus marquants, généralement les pires, qui marquaient les esprits. La pandémie, les génocides, les massacres. Ces choses, provoquées par un tout petit nombre, venaient irrémédiablement déteindre sur le plus grand. Pourtant, Takara avait vécu au cœur d’une société sith et n’avait assisté qu’à un seul évènement du genre, provoqué par un seul individu qui n’était même pas originaire de son monde. Elle comprenait, néanmoins, que l’on puisse avoir un avis arrêté sur elle ; que l’on puisse se méfier.

Il serait irresponsable de ne pas le faire. C’était cependant une erreur de s’arrêter sur ce genre de préjugés. Pire, une faute. Il fallait apprendre à connaître les gens pour mieux les comprendre. Leia, tout comme elle, n’agissaient pas comme ces fous destructeurs. Le fait que sa future femme était l’apprentie de l’Empereur n’était pas un secret, mais leurs actes jouaient en leur faveur : elles n'avaient rien fait qui aille à l’encontre de l’ordre et du calme en place sur Alderaan. Néanmoins, la futur consort comprenait les inquiétudes que Mackay pouvait avoir la concernant.

« Je sais qu’on ne peut juger un groupe entier par les actes d’un seul. Dans le même temps, le mot Sith a été, pour moi, durablement associé au créateur de la pandémie. Je ne connais rien des pouvoirs ou désirs de ces personnes, donc de là, il est difficile de savoir quelle confiance accorder. Les actions sont une première preuve, mais il reste à savoir si cela peut durer dans le temps. Ou plutôt, ce genre de pouvoir peut-il vous influencer au point de vous en faire perdre la raison ? »

Le fait qu’Isobel admette ne rien connaître des siths était un grand pas en avant. Beaucoup se contentaient de se cacher sur leurs maigres connaissances, avant de fuir à grands pas sans demander leur reste. Que la peur vienne soudainement l’étreindre n’était pas une surprise, mais la suivante n’avait pas encore pris ses jambes à son cou pour autant. Elle était toujours s’assise en face d’elle, et le sourire de Takara se fit plus compréhensif. Plagueis avait définitivement ancré dans l’esprit des gens que les siths étaient les être les plus malfaisants de la galaxie. Ce qu’il avait fait n’était pas pardonnable. La princesse elle-même était dégoûtée par les actes du scientifique fou.

Doucement, elle rangea la lame à sa place, cachée sous la jupe de la robe bleu nuit. Puis, se redressant, elle croisa à nouveau les jambes, calmement.

« Je comprends votre inquiétude, mais il n’est pas simple d’y répondre clairement. Chez des personnes prédestinées, ou avec une tendance systématique à vouloir repousser les limites de la Force, c’est quelque chose d’assez courant. Ils s’enferment alors dans un cercle sans fin, sans jamais ressentir le besoin d’en sortir. C’est souvent une question de circonstances. »

C’était difficile de se mettre dans la peau de ce genre d’individus sans avoir expérimenté de prime abord ce qui les attirait et les retenait dans la folie. Takara ne souhaitait pas le faire. Cela revenait généralement à se jeter soi même dans le piège, avec le risque de ne jamais pouvoir en sortir.

« Rassurez-vous, néanmoins. Je n’ai pas été formée ni élevée dans ce genre d’environnement, et la reine a vécu toute sa vie ici, sur Alderaan, protégée de ce genre d’individus. Elle est rigoureuse, et je suis là pour l’aider à maitriser son pouvoir. Dans ces conditions, il est improbable de perdre la raison, comme vous le dîtes. »

Elle marqua une brève pause, jetant un coup d’œil à travers la vitre.

« Cela n’empêche pas les sautes d’humeur de temps à autre, bien entendu, mais rien que vous ne sachiez déjà gérer. »

Son sourire s’élargit quelque peu. Mackay avait su s’interposer sans perdre pied quand ce fut nécessaire, puis elle avait su quand ne rien dire et acquiescer, tout à l’heure. Elle posait aussi les bonnes questions. Son attitude, sa manière de se comporter et d’agir plaisait vraiment à la jeune sith. Elle était directe, chose qu’elle appréciait d’autant plus. Enfin, elle semblait fiable, bien que cela reste encore à confirmer.

« Si vous tenez vraiment à vous faire un avis sur la question, je suis certaine que l’Intendant n’aura rien à redire à ce que vous m’accompagniez cette semaine. Ou plus, si nécessaire, étant donné les préparatifs à venir. Cependant, vous comprenez que pour l’instant, tout cela devra rester entre nous. Et la reine, bien entendu. »

La princesse ne l’avait pas aussitôt frappée, étranglée, coupée en deux ou elle ne savait quoi encore. C’était un bon premier signe. Elle était occupée à ranger le poignard à sa place initiale, dissimulé sous les jupes. Durant ce temps, Isobel reprenait doucement son calme et le contrôle de ses nerfs, pour chasser la peur. Ou du moins, la maîtriser. Il était compliqué de vraiment écarter toute peur dans ce genre de situation. D’autant plus sans connaître la personne, ses pouvoirs réels, jusqu’où elle était capable d’aller et pourquoi. De toute manière, ce serait mentir que d’affirmer que les révélations sur la pandémie n’avaient pas marqué les esprits, voire autant choqués que la maladie en elle-même. Et si ce fou revenait un jour ? S’il recommençait ? Qui sera capable de l’arrêter ? Qui le fera avant qu’il ne soit trop tard ? Comment se préserver si un autre Sith du même calibre se présentait ? Étaient-ils simplement condamnés à être les victimes collatérales d’êtres dotés de ces pouvoirs et s’affrontant entre eux sans jamais se préoccuper des dégâts qu’ils causaient ?

"Je comprends votre inquiétude, mais il n’est pas simple d’y répondre clairement. Chez des personnes prédestinées, ou avec une tendance systématique à vouloir repousser les limites de la Force, c’est quelque chose d’assez courant. Ils s’enferment alors dans un cercle sans fin, sans jamais ressentir le besoin d’en sortir. C’est souvent une question de circonstances. Rassurez-vous, néanmoins. Je n’ai pas été formée ni élevée dans ce genre d’environnement, et la reine a vécu toute sa vie ici, sur Alderaan, protégée de ce genre d’individus. Elle est rigoureuse, et je suis là pour l’aider à maîtriser son pouvoir. Dans ces conditions, il est improbable de perdre la raison, comme vous le dîtes."

Isobel voulait bien croire facilement que la reine n’était pas prédestinée à ce genre de chose ou tout simplement fragile. Pour sa future épouse, il était impossible de vérifier ses dires et donc d’obtenir la certitude qu’elle ne représentait pas un danger sur le long terme. Mais ils verront. De toute manière, ils n’avaient pas le choix. Elle ne put esquisser qu’un très bref sourire un peu crispé, sur les sautes d’humeur en question. Tout cela la dépassait, à vrai dire, elle ignorait même comment il était possible de juger la fiabilité d’une personne attachée par ces liens de pouvoir. Surtout sans connaître la manière dont lesdits liens jouaient sur le psyché. Un autre exemple était le Seigneur Vader… Un exemple lointain, car là encore, personne ne savait grand-chose sur lui. Ou plutôt, il était difficile de comprendre ce qu’il était vraiment. Beaucoup se contentaient de le décrire comme un homme dangereux et parfois instable. Un mauvais exemple, une fois de plus… Quoi que le seigneur Vader, lui, n’avait jamais créé de pandémie galactique.

"Si vous tenez vraiment à vous faire un avis sur la question, je suis certaine que l’Intendant n’aura rien à redire à ce que vous m’accompagniez cette semaine. Ou plus, si nécessaire, étant donné les préparatifs à venir. Cependant, vous comprenez que pour l’instant, tout cela devra rester entre nous. Et la reine, bien entendu."

Elle remonta un peu dans son estime à ce moment-là… Il fallait du temps, c’était vrai, aussi bien d’un côté que de l’autre. Après un temps de réflexion, Isobel hocha finalement la tête et signifia qu’elle avait bien compris, ainsi que son accord. Elle avait besoin d’être sûre, de voir des actions concrètes et pour cela, il n’y avait véritablement qu’un seul moyen. Pour le moment, du travail attendait tout le monde. La jeune femme se sentait toujours très stressée mais plutôt à cause de cette sortie de route dans sa vie parfaitement bien balisée que par la révélation que la future consort était une Sith. On pourrait lui rétorquer qu’elle n’avait pas le sens des priorités, mais soit, c’était ainsi. Heureusement, la suite des affaires lui permit de retrouver en partie le chemin bien fléché du palais et des tâches à accomplir, apportant enfin ce côté rassurant qui lui avait tant manqué aujourd’hui.

La réunion qui suivit avec l’Intendant fut également un jalon de réconfort, car parfaitement normalisée et ritualisée. Elle profitait de chaque instant, retrouvant son rôle habituel, les gestes ancrés dans l’esprit tant ils avaient répété à de nombreux reprises… Même si la réunion s’éternisa quelque peu, cela restait normal et attendu. A la fin, le temps que cela se termine, Isobel avait récupéré les dossiers nécessaires au suivi de la future consort, au moins pour la semaine. Une fois l’Intendant parti, de retour dans le couloir, elle les consulta avec rapidité, habituée mais aussi attentive aux petits détails. C’était bien cela qui faisait toute la différence.

"Il est noté que n’avez pu avoir qu’un nombre très peu élevé d’heures d’entraînement. A moins que vous ne le fassiez seule mais il faudra tout de même comptabiliser, si vous ne voulez pas que le service médical finisse par exiger un check-up complet. Êtes-vous au moins en forme, physiquement parlant ?"

Etant donné la réaction que mademoiselle Mackay avait eu lorsqu’elle l’avait contrainte à abandonner son agenda pour le reste de la journée, Takara fut agréablement surprise de la voir puis de l’entendre accepter sa proposition. Bien sûr, le discours de la sith n’y était pas étranger. Curieuse de voir jusqu’à quel point Isobel s’investirait, elle avait orienté ses propos pour l’inciter à faire ce choix, bien qu’elle se fût plutôt attendue à recevoir un refus poli. La sith cocha une case supplémentaire de sa petite liste mentale, avant de faire signe au serviteur à l’extérieur. Puis elle sortit la première une fois la porte ouverte, attendant dehors que Mackay la rejoigne, visiblement toujours stressée. Takara lui lança un sourire encourageant, avant de rentrer et de remonter une longue coursive gorgée de soleil, ses talons claquants très légèrement au sol en un petit bruit discret mais régulier, familier dans les couloirs du palais. La jeune sith n’oubliait pas ses obligations, et les réunions qui l’attendaient aujourd’hui. Elle en avait déjà parlé à Isobel, et s’était plutôt bien adaptée depuis son arrivée. Ce qui n’était pas dans ses habitudes devenaient petit à petit la norme, et la future consort s’en offusquait de moins en moins.

Grimpant un escalier, Takara confia à Isobel le contenu de l’entretien à venir avec le colonel impérial, responsable de la garnison encore présente sur Alderaan et du petit détachement de la marine impériale en orbite. Elle l’informa aussi de ce qu’elle attendait de sa part, avant que d’autres membres du personnel ne viennent leur transmettre des documents. Puis, la princesse lui expliqua la position de Leia, qui concordait bien entendu avec la sienne : Alderaan partageait officiellement la position de l’Empire vis-à-vis des groupes rebelles sévissant encore dans ses forêts et montagnes, et faisait le nécessaire pour les réduire à néant. Officieusement, bien sûr, leur position était bien plus proche des propos que Takara avait tenu tout à l’heure. Elle se garda bien de le répéter, cependant. Une fois dans les étages, elle laissa Isobel prendre le relais, et faire le nécessaire, si besoin, pour ajuster son maquillage, ou toutes ces choses qui passaient souvent au-dessus de la tête de la future consort. Après tout, ce n’était pas vraiment à elle de penser à ce genre de choses.

La réunion se déroula dans le calme, dans un des salons éclairés par le soleil et bordés par les jardins du palais. Takara conserva son filtre habituel dans ce genre d’entrevues, cordial et aimable. Les réunions avec les impériaux étaient fréquentes, et la princesse commençait à bien connaître les représentants impériaux. Bien sûr, la Force aidait beaucoup, dans ce genre de cas, pour cerner le caractère et les pensées. L’entrevue poursuit le cours attendu, les impériaux rappelant leurs attentes, Takara confirmant qu’Alderaan faisait le nécessaire. Si l’on oubliait le petit incident jedi lors des manifestations, il n’y avait pas eu d’attaque depuis quelques temps. Une fois la réunion terminée, des serviteurs du palais vinrent retrouver la petite délégation impériale et la vit du palais suivit son cours. Après cette entrevue, il restait à voir l’Intendant, qui souhaitait présenter une première liste d’agences à consulter en prévision de la communication officielle que ferait le palais, dans les jours ou semaines à venir, pour annoncer le mariage entre Leia et elle.

Là encore, les affaires se déroulèrent sans anicroche, bien que l’entrevue s’étalât en longueur. Takara ne prit pas décision claire sur le sujet pour le moment. Elle préférait laisser l’intendant faire le tri, puis elle organiserait une autre discussion, avec Leia cette fois, pour faire savoir leur choix. Au fur et à mesure, Isobel semblait s’être calmée, sans doute bercée par une routine qui lui était plus coutumière. Toujours avenante, Takara intercepta l’Intendant avant qu’il ne s’en aille, pour l’informer des changements à faire dans l’organisation de certaines affaires du palais, après avoir souligné que mademoiselle Mackay l’accompagnerait pour la semaine.

La princesse se leva une fois la réunion terminée, remerciant l’Intendante pour le temps consacré à cette réunion. Elle jeta ensuite un bref coup d’œil vers Isobel, avant de sortir dans le couloir. Là, elle reporta une nouvelle fois son attention sur Mackay, le nez plongé dans un datapad. Cette dernière la prit au dépourvu lorsqu’elle évoqua un sujet inattendu, et qui laissa la future consort quelque peu pantoise. Elle, elle ne s’entrainait pas assez ? D’où est-ce que cela sortait ? Elle eut un léger rire, finalement, avant de ramener ses mains devant elle.

« Vous en doutez réellement, mademoiselle Mackay ? Croyiez-vous que l’on m’ait laissé beaucoup de temps à consacrer à cela, depuis l’officialisation de la relation que j’entretiens avec Sa Majesté ? » rétorqua-t-elle d’abord, calmement, en énonçant un fait avéré, du moins officiellement. Car officieusement, elle n’avait pas cessé la formation de Leia, ce qui, forcément, impliquait des exercices physiques. Mais ça, elle n’allait pas le lui dire tout de suite. Elle le verrait bien assez tôt, de toute façon. « Cependait, je pensais avoir démontré le nécessaire auparavant. Il me semble qu’alors tout était nominal. »

Bien sûr, Takara se doutait bien que cela ne suffirait pas. Elle avait, après tout, demandé à mademoiselle Mackay de l’accompagner. Ce n’était qu’un légitime contrecoup que de la voir s’investir pleinement dans ce travail. D’un côté, cela ne faisait que confirmer l’impression que la sith avait eu plus tôt dans la journée. Une forte tête, qui ne changerait pas d’avis. Qui lui rappelait l’importance qu’elle avait, d’une certaine manière, dans la vie du Palais. Les lèvres de la sith s’ourlèrent un bref instant, avant qu’elle ne finisse par acquiescer d’un bref hochement de tête.

« Mais soit, si vous estimez cela nécessaire, vous n’avez cas l’ajouter à mon agenda, qui est déjà assez chargé, à moins qu’ils aient du temps aujourd’hui. Mais ça, c’est à vous de me le dire. Après tout, je ne voudrais pas déranger le service médical en arrivant sans prévenir. Sans parler que je ne suis pas vraiment parée pour ce genre d’exercices. »

Eh bien, qu’il y avait-il de si hilarant ? Elle releva brièvement les yeux de son datapad pour poser un regard, cette fois lassé, sur la future consort. Les chiffres étaient pourtant clairs alors à moins que la princesse ne daigne pas comptabiliser sérieusement toutes ses heures de remise en forme, il y avait effectivement un problème. Il était évidemment logique qu’elle ne signale pas les entraînements qu’elle devait suivre avec ses…. Ses trucs de Siths, allons-nous dire, mais elle pourrait au moins les noter comme des entraînements classiques. Les premières excuses qu’elle lui sortit ne changèrent rien à l’affaire… Isobel ferma un petit instant les yeux, le temps de retenir un bref soupir. Même en admettant que la princesse avait de meilleures capacités physiques que le commun des mortels à cause de son statut, il n’en restait pas moins que prendre garde à sa santé était très important.

"Mais soit, si vous estimez cela nécessaire, vous n’avez qu’à l’ajouter à mon agenda, qui est déjà assez chargé, à moins qu’ils aient du temps aujourd’hui. Mais ça, c’est à vous de me le dire. Après tout, je ne voudrais pas déranger le service médical en arrivant sans prévenir. Sans parler que je ne suis pas vraiment parée pour ce genre d’exercices."

"Vous devez savoir courir en talons, quand bien même il est de notre rôle de vous apporter une tenue plus adaptée lors des exercices. Quant au service médical, il est de son devoir également de parer à toute urgence et de réaliser les examens demandés, sans qu’ils n’aient été forcément prévus."

Tout en répondant, elle avait de nouveau parcouru les activités prévues dans la journée pour dénicher une place disponible. Le dernier bilan de santé réalisé n’était pas mauvais, par chance, les examens n’avaient rien révélé d’autre qu’un léger état de tension, attribué sur le moment aux nombreux changements dans son rythme de vie. Isobel fini par dénicher une place parfaite, puis prévint dans la foulée qui de droit, pour la préparation de ce moment. Une fois fait, le train-train quotidien des rendez-vous et préparatifs d’avant rendez-vous purent se poursuivre sans anicroche. Cette routine apaisante se déroula assez paisiblement jusqu’au déjeuner, puis dans l’après-midi. Isobel avait profité du moment du repas, que le future consort partageait avec la reine, pour prendre une pause et se détendre un peu. Faire le point sur ce qui s’était déroulé jusqu’alors, surtout. C’était… perturbant… Mais ils devraient normalement tous s’en sortir…

A l’heure convenue, elle escorta la future consort dans la petite aile réservée aux entraînements et remises en forme pour les dignitaires du palais royal. Une aile bien entendu entièrement privatisée et vidée de ses visiteurs habituels lorsqu’un membre de la famille régnante s’y rendait. Isobel avait préparé une tenue et des chaussures adaptées aux exercices qui allaient suivre, ainsi qu’au examens médicaux se déroulant quasiment en même temps. Des exercices simples, pour surveiller la tension, le rythme cardiaque, la respiration, la coordination, le tonus musculaire, le poids, les réflexes, les capacités physiques et enfin le taux de stress et de tension. La suivante resta à l’écart le temps que le service médical fasse son travail et ne s’approcha qu’une fois que la princesse eut tout terminé. Pour lui tendre une serviette et de l’eau.

"Un bain et massage vous attendent, maintenant."

Tout était déjà prêt, elle s’en était occupée le temps que la princesse termine ses exercices. Dans une pièce non loin d’ici, prévue pour. Les résultats de cette séance seront fourni un peu plus tard dans la journée, avec un bilan complet. Qui s’ajoutera aux précédents. Isobel se retourna, pour d’abord s’assurer qu’elles étaient de nouveau seules et loin de toute oreilles indiscrètes, avant d’aborder le sujet suivant.

"Il y a-t-il des affaires particulières à prévoir, en plus, en ce qui concerne vos capacités ou votre différence ? Sur l’alimentation, le rythme de vie ou autre chose. Des précautions à prendre, sinon. Ou bien vivez-vous parfaitement normalement ?"

Le sourire de Takara persista, même après la réponse de Mackay, prévisible. Cette dernière restait professionnelle en toute circonstances, sans faillir. C’était appréciable, et attendu de la part de quelqu’un exerçant sa fonction. La sith n’était pas tout à fait certaine de l’avoir menée seule jusqu’à ce point, ou si Isobel avait fait ce bout de chemin toute seule après qu’elle l’a eu un peu contrainte à la suivre, ne serait-ce qu’un temps. Elle pouvait être blasée, lassée ou frustrée, au fond c’était elle qui avait accepté de l’assister pour la semaine à venir, au minimum. Elle devrait se faire à ses petites sautes d’humeurs, ainsi que son caractère. Surtout si Takara décidait qu’elle ferait l’affaire, avant que le palais ne vienne lui imposer quelqu’un quelle ne souhaiterait pas avoir dans ses pattes en permanence, chose qui finirait par venir tôt ou tard, après la sacralisation de sa liaison avec Leia, par le mariage. Pour le reste, la future consort se savait parfaitement en forme. Il lui suffisait de se laisser baigner quelques instants dans la Force pour s’en assurer, chose que les non-sensitifs ne parvenaient pas à comprendre. Mais soit, si cela pouvait les rassurer sans qu’elle ait à utiliser son pouvoir, elle pouvait bien concéder une petite heure à cela.

« C’est le cas. Et me défendre, aussi ; Mais vous avez dis ne rien savoir des personnes comme moi, je ne saurais vous en tenir rigueur. Faites-donc. »

C’est qu’il était inutile de se montrer trop ferme, et sec. Beaucoup chez les siths ne comprenaient pas cela. Bien sûr, Takara n’avait jamais été aussi tendre que son père, et prenait souvent le parti de sa mère, lorsqu’il fallait régler les problèmes sur Kesh. Mais elle avait vu son paternel accomplir de grandes choses sans lever son sabre-laser, par le dialogue. Il était parfois si simple d’obtenir ce que l’on voulait de cette manière. Dommage que d’autres ne l’ait pas compris, cela aurait pu éviter toute cette mauvaise publicité dont l’Empire bénéficiait aujourd’hui. Cela en devenait presque lassant, avec le temps, de voir des siths venus du passé, à quelques exceptions près, agir comme si les temps n’avaient pas changé.

La suite de la matinée, déjà bien avancée, se déroula sans problème, et selon une routine bien huilée au palais. Takara profita du repas avec Leia pour savoir si sa matinée s’était bien passé. Puis, pour lui dire en pensée qu’elle avait profité de la matinée pour se rendre à l’Université pour ses affaires, une information qu’elle devait déjà savoir, vu le raffut qu’il y avait eu. Enfin, elle parla un peu de Mackay, le fait qu’elle lui avait dit, et pour quelles raisons elle l’avait fait. De toute façon, elles en avaient déjà bien trop fait pour que la chose reste un secret encore bien longtemps. Leurs entrainements, bien que discrets, allaient forcément finir par se savoir. Préparer un peu mieux le terrain ne ferait pas de mal, et puis Takara était convaincu que certains dans les couloirs du palais devaient déjà s’en douter.

Une fois le déjeuner terminé, les deux femmes se séparèrent de nouveau, et la suite des affaires se déroulèrent sans problème. Takara retrouva Mackay pour la suite des réunions, entrevues et autres activités, jusqu’à l’heure du rendez-vous que la jeune suivante avait pris plus tôt dans la journée, avec le service médical du palais. Elle se changea comme demandé, un peu surprise par ce qu’on lui demanda de revêtir. Elle se prêta néanmoins aux tests, et autres examens médicaux qu’on lui demanda de passer. Ce ne fut qu’une promenade de santé, la Force étant toujours là pour l’appuyer, dans l’effort, qu’elle le veuille ou non. Puis, cela finit, la princesse sith descendit de la dernière machine, remerciant le service médical, en masquant totalement son hypocrisie. Elle trouvait tout cela inutile, hormis de permettre au personnel de se rassurer, et de vaquer à des occupations plus importantes.

Elle attrapa la bouteille tendue, remerciant Isobel pour cela, avant de boire tranquillement, sa respiration déjà calmée, sa poitrine s’élevant encore quelque peu après l’effort. La sith acquiesça doucement, en entendant la suite du programme. Un bain lui ferait du bien, oui, après ça. Le massage était toujours agréable, mais elle trouvait que c’était aussi un peu de temps perdu. Elle ne dit rien à ce sujet, cependant, retirant les chaussures fournis pour l’occasion, ainsi que la tenue, derrière un paravent, pour se parer de ce qui s’y trouvait, à la place. Elle n’aurait pas à aller bien loin, de toute façon. Marchant un peu, elle s’arrêta quand Isobel fit de même. Seules, elle l’écouta et acquiesça de nouveau, un fin sourire aux lèvres.

« Vous vous rendrez compte assez vite qu’au quotidien, je reste une personne comme les autres. C’est important, de ne pas brusquer le protocole, et les habitudes du palais. Bien sûr, j’ai besoin d’un temps pour moi. Pour méditer, essentiellement. Puis, il serait bon de penser, à terme, à trouver un endroit et un créneau horaire plus acceptable pour mes entrainements, avec la reine. Après tout, nous ne pourrons pas faire cela en dehors des heures du palais éternellement. »

Son sourire s’élargit brièvement, attendant sans doute de voir la réaction qu’aurait Isobel en entendant que la reine, et sa future consort, faisait des choses sans que personne, ou presque, ne soient informé au palais. Cela fait, elle suivit la jeune Mackay dans la pièce d’à côté, ou le bain, et le reste, avait été préparé, comme elle le lui avait indiqué. Toujours seules, pour le moment, elle rajouta tout de même, calmement, tout en se préparant déjà au moment où elle devrait se dévêtir à nouveau :

« Je verrais avec elle pour éventuellement vous inclure à l’une de ces séances... »

"Vous vous rendrez compte assez vite qu’au quotidien, je reste une personne comme les autres. C’est important, de ne pas brusquer le protocole, et les habitudes du palais. Bien sûr, j’ai besoin d’un temps pour moi. Pour méditer, essentiellement. Puis, il serait bon de penser, à terme, à trouver un endroit et un créneau horaire plus acceptable pour mes entraînements, avec la reine. Après tout, nous ne pourrons pas faire cela en dehors des heures du palais éternellement."

"Ce sera compliqué," soupira Isobel, d’un pensif. "En-dehors des soirées ou tôt le matin, les journées sont souvent bien remplies."

Pour le moment, la suivante voyait bien mal ce qu’il sera possible de faire à ce niveau… Même décaler de simples séances dans une journée revenait à devoir en informer la garde du palais, l’intendance et bien sûr le service, toute la machine suivait. Insérer des séances d’entraînement secrètes ne pouvait se faire qu’en détournant, enfin, manière de parler, la sécurité. Une idée si aberrante à ses yeux qu’elle avait du mal à imaginer des solutions pour ce faire. Enfin… Elle ouvrit la porte de la salle prévue pour le bain. En réalité, un petit bassin, pouvant aussi faire sauna, creusé dans le sol avec des bordures en pierre finement travaillées. Une décoration vaporeuse, blanche et dorée, des longues fresques aux murs représentant des événements célèbres dans l’Histoire d’Alderaan. Isobel tira deux paravents pour que la princesse puisse se déshabiller derrière puis s’accroupit au bord du bassin, pour s’assurer que la température de l’eau était bonne.

"Je verrais avec elle pour éventuellement vous inclure à l’une de ces séances..."

Isobel masqua un sourire amusé, en se redressant. Demeurer sur le bord d’une salle d’entraînement à regarder deux femmes combattre avec leurs armes bizarres de Sith ne leur apportera pas un très grand intérêt. A moins, peut-être, pour leur faire la conversation durant une pause, mais en-dehors de cela… Toutes les suivantes devaient suivre, en continu, une formation, afin d’être capables de défendre la reine en cas de derniers recours ou de pouvoir mener des missions spécifiques pour elle. En revanche, ni elle ni ses consœurs n’avaient la moindre expérience dans des combats aussi différents.

"Je doute que cela vous apporte la moindre utilité. Mes consœurs et moi-même suivons un entraînement ordinaire, n’ayant rien en commun avec ces pouvoirs que vous pouvez utiliser."

Elle alla préparer sur un plateau de bois les savons, shampoings, brosses douces et plus âpres, pour la princesse. Une fois qu’elle sera dévêtue et à l’abri dans son bain, loin des regards, Isobel la laissera bien sûr en paix. Dès le moment où la future consort commençait à se déshabiller, elle gardait le regard ailleurs, voire les yeux fermés, pour ne pas la déranger dans son intimité. Une fois le bain terminé, il lui suffisait de sonner. Des serviettes longues, propres et blanches l’attendaient toujours au bord du bassin. Puis le masseur agréé du Palais la recevra dans une pièce à côté, pour faire son travail. C’est avec rapidité que Isobel avait tout déposer, serviettes et produits pour le bain, le temps que la princesse se change. Tout en travaillant, elle réfléchissait toujours à cette histoire de créneau. Ce qui lui semblait toujours impossible… Personne ne pourra manquer la « disparition » de la reine en pleine journée. Personne ne prendra bien le fait qu’elle reste injoignable, à l’improviste, si d’aventure il devait y avoir un problème urgent en ville ou ailleurs sur la planète.

"Si vous avez un souci, appelez-moi, durant votre bain. Je reste à côté."

La sith se doutait bien que ce ne serait pas facile d’adapter l’agenda pour cela. Pourtant, ce serait nécessaire, du moins lorsque la situation finirait par le permettre. Leia avait encore beaucoup de travail devant elle pour stabiliser définitivement leur position, et celle d’Alderaan. Cela lui demandait du temps, et ses journées étaient bien remplies. Celles de Takara l’étaient tout autant, bien qu’aujourd’hui était encore bien calme en comparaison des derniers jours. En attendant, il fallait être patiente, et préparer les changements par à-coups, et sans précipitation. La future princesse consort s’était glissé dans le dos d’Isobel, pour se diriger directement derrière les paravents, dans une routine déjà bien ancrée dans ses habitudes. Là, elle prit soin de se dévêtir, à l’abri des regards. Un bain lui ferait en effet le plus grand bien, étant donné les récents efforts physiques, bien que parfaitement superflu. C’était néanmoins agréable de bénéficier de ce genre de privilèges. Au fond, elle appréciait toujours autant le pouvoir. Elle avait simplement beaucoup de retenue que ses semblables, incapable de se contrôler, et qui passaient donc rapidement l’arme à gauche, sans jamais avoir cherché à apprendre des erreurs de leurs prédécesseurs.

« J’en ai conscience. J’ai, comme vous le savez, été soumise aux mêmes rigueurs il n’y a encore pas si longtemps de ça. » répondit-elle en élevant très légèrement la voix, pour se faire entendre malgré les paravents, et l’éloignement d’Isobel.

Takara eut un léger sourire en se souvenant de ses premiers jours sur Alderaan, et de la manière dont elle avait surpris l’instructeur qui avait exigé de voir ce dont elle était capable. Elle, la nouvelle venue, l’imposteuse venue de Coruscant, l’avait terrassé après avoir laissé le doute plané quelques temps.

La rousse secoua doucement la tête, finissant de retirer son haut, restant alors en sous-vêtements dans son coin de la salle, en sachant pertinemment, désormais, que Mackay était bien trop à cheval sur le protocole pour avoir quitté la pièce sans même la prévenir, pour ne pas avoir à sonder sa présence dans la Force pour cela.

« J’aurais néanmoins dû être plus claire dans mon propos. Lorsque je parlais de vous inclure à l’une de nos séances, ce n’était pas pour que vous vous exerciez avec nous, pas au début tout du moins, mais plutôt pour que vous observiez, et vous fassiez une meilleure idée de nos compétences. »

C’était Isobel, après tout, qui avait accepté sa proposition plus tôt dans la journée. Takara n’avait fait que la guider, doucement, vers ce choix, sans jamais le lui imposer vraiment. Si elle voulait comprendre qui elle était réellement, et quelle influence elle pouvait bien avoir sur Leia, elle ne pouvait pas rester à l’écart de cela. Non, c’était impensable, voyons, et ce pour plusieurs raisons. Retirant doucement ses sous-vêtements, elle reprit la parole, en énonçant une première :

« De mon point de vue, il est important que vous sachiez agir et réagir en fonction des pouvoirs et capacités de la Reine, et des miennes. »

C’était évident. Si elle, tout comme ses consœurs, voulaient être efficaces sans gêner leur souveraine, il était nécessaire qu’elles prennent en compte les compétences nouvellement développées par Leia, et celles que la sith apportait à ses côtés. C’était, après tout, l’une des bases de l’art de la guerre : avant de connaître son ennemi, il était déjà nécessaire de se connaître soi-même. Takara voyait là, par ailleurs, un moyen de se rendre un peu plus utile, tout en préparant le terrain pour la suite. Former les suivantes ne serait bien évidemment qu’un début. La garde du palais, aussi, devrait s’adapter aux différentes menaces, tôt ou tard. Les manifestations récentes, et l’attaque de ce jedi, avait prouvé qu’ils n’étaient clairement pas prêts.

« Bien sûr, étant donné les nouvelles menaces que nous pourrions avoir à affronter à l’avenir, peut-être faudra-t-il aller un peu plus loin, et s’assurer que vous, et vos consœurs, soyez en mesure de vous protéger un peu mieux contre les jedis, ou même les siths. »

Evidemment, il n’était pas question de leur expliquer comment résister aux pouvoirs bruts de la Force, puisqu’Isobel, comme les autres, seraient incapables de les contrer. Par contre, avec les bonnes techniques, et une bonne analyse, et un peu de bon sens, il était tout à fait possible d’augmenter leurs chances de survie dans un affrontement avec un sensitif. Mais elle avait le temps pour cela, le palais n’était pas encore prêt, et Isobel était sans doute la seule, à l’heure actuelle, à connaître presque toute la vérité à son sujet.

« Bref... »

Haussant les épaules, Takara regarda son reflet dans le miroir incrusté dans l’un des paravents, avant de tendre l’oreille pour entendre Isobel lui signifier, par ses paroles, que tout était prêt et qu’elle l’attendrait à côté, en cas de problèmes.

« Je devrais m’en sortir. Merci, Isobel. »

Takara attendit d’entendre le bruit de la poignée de la porte pour sortir, et jeter un regard vers le bassin. Elle se baissa délicatement, pour venir sonder la température de l’eau. Elle en tira un sourire satisfait, avant de venir glisser une jambe à l’intérieur. Oui, décidément, cette nouvelle vie avait peut-être ses inconvénients, mais elle avait aussi tout de même du bon. Elle se laissa descendre contre la paroi du bain, soupirant d’aise avant de laisser basculer sa tête en arrière contre le rebord, décontractée. La sith allait prendre son temps, pour bien en profiter. Tout comme elle allait savourer, malgré tout, le massage qui suivrait, dans la salle à côté.

En cet instant, Takara était convaincue d’une chose : sa mère, qui n’avais jamais apprécié l’inaction, avait eu tort. Il y avait du bon à faire une pause de temps en temps. Elle profita du moment pour penser longuement à Kesh, et ce qu’elle pourrait y trouver là-bas, si les sages finissaient par la localiser. Devrait-elle dire à Leia d’organiser immédiatement des recherches, discrètes ? Peut-être pas, ce serait le meilleur moyen de se distraire, alors qu’il y avait encore beaucoup à faire sur Alderaan. D’un autre côté, peut-être pourraient-elles en retirer un avantage ?

Une fois le bain terminé, elle attira une serviette à l’aide de la Force, et se redressa pour l’attraper au vol, et se sécher. Bien que certains aristocrates appréciassent d’avoir à simplement claquer du doigt pour que l’on vienne s’occuper d’eux, Takara était encore en mesure de le faire elle-même, sans faire appel à Isobel. Il y avait tout de même des limites, même si la rousse se faisait de plus en plus à sa future position au sein du Palais, et de la Maison Royale. Prenant ensuite une longue serviette, elle enroula cette dernière autour de son corps, de sorte à en masquer les courbes les plus attirantes, avant de finalement sonner.

Isobel viendrait, comme prévu, et elle l’accompagnerait dans la salle d’à côté. Puis, une fois le massage terminé, la suite des activités du jour reprendrait, bien que celui-ci était, désormais, déjà bien avancé…

Enfin une pause. Isobel se détendit une fois la porte refermée derrière elle puis elle se frotta longuement les yeux et le visage. Cette journée était aussi étrange qu’interminable, elle se demandait dans quoi elle avait bien pu fourrer les pieds, encore, ce qui l’attendait vraiment et ce qu’on attendait d’elle. Assister à des entraînements non faits pour le public l’inquiétait quelque peu… Bien sûr, savoir comment se comporter dans des situations, disons, potentiellement compliquées pouvait être utile. En revanche, elle aura du mal à y trouver une place, même en tant que simple observatrice. Ce type de pouvoirs la dépassait et ses propres entraînements n’approchaient en rien ceux dont la princesse parlait. Et ces entraînements, même si la princesse décidait de s’en mêler, avaient tout de même peu de chance de se révéler très efficaces le jour où elles auront face à elles un ennemi sensible à cette Force. Qui sera le prochain ennemi de ce type à s’en prendre à Alderaan et sa population ? Il n’y avait aucun doute, pour elle, que cela arrivera de nouveau, tôt ou tard. Leur peuple était tellement vulnérable, face à une menace pareille. La reine et sa future épouse ne pourront tout contrer à elles seules.

Le temps que la princesse se détende dans le bain, la jeune suivante en profita-t-elle aussi pour se détendre un peu et partager un thé, avec le masseur, arrivé tout à l’heure. Ils discutèrent d’un peu tout et rien, parlèrent des dernières nouvelles de la capitale et surtout, d’une nouvelle exposition du peintre William Archson, prévue dans peu de temps. Isobel avait bien hâte de s’y rendre, il faisait partie de ses artistes favoris et il avait un don pour représenter toutes les facettes d’une grande ville avec un talent rare. Des plus hauts immeubles jusqu’aux recoins étonnants des bas-fonds. C’était un explorateur urbain, comme il se décrivait lui-même, il passait beaucoup de temps à arpenter tous les endroits possibles pour en tirer son inspiration, des anecdotes et rencontres, qu’il rapportait ensuite dans ses peintures et ses photos. Le masseur, plus amoureux de musique de photos, attendait pour sa part un petit concert devant avoir leu deux semaines plus tard, en inauguration pour le nouveau théâtre de la ville de Ceed. Elle haussa un peu les sourcils à cette affirmation, reposant sa tasse de thé.

"Il faut au moins deux heures pour rejoindre Ceed, même avec les nouvelles navettes. Le concert en vaut réellement la peine ?"

"Il va être dirigé par Lena Isfac ! Vous ne voyez pas qui c’est ? Il y a si longtemps que j’attends une représentation sur Alderaan, je n’avais pas envie de me rendre sur Coruscant. Tout est trop pollué, là-bas, c’est un enfer."

"La capitale offre aussi plus d’opportunités pour devenir célèbre, pour les artistes," soupira-t-elle en terminant rapidement son thé. "Sans oublier le public bien plus nombreux. Taper dans l’œil d’un mécène en fait rêver beaucoup."

"Peut-être, mais c’est aussi un milieu plutôt malsain, les relations sociales passent trop souvent au-dessus des intérêts de l’art ou du talent. Il suffit de voir comment sont acceptés ou non les expositions dans les galeries réputées. Dans la galerie du…"

Il s’interrompit lorsque la petite sonnette retentit, signe que la princesse en avait terminé. Ils échangèrent un bref sourire puis se levèrent. Pendant que le masseur allait dans la salle, sortir doucement les serviettes chaudes, elle alla pour sa part rejoindre la princesse dans la salle du bain. Une fois qu’elle fut prête, elle put l’accompagner dans la salle attenante, où le masseur attendait pour accomplir son travail. Durant ce temps, Isobel demeura, bien sûr, en retrait et silencieuse, reprenant son rôle sans y songer. Le massage en lui-même dura trente minutes, très exactement. Suite à cela, elle apporta à la princesse ses vêtements et chaussures, dans une autre pièce où elle pourra se changer. Puis elle se chargea de lui refaire une coiffure digne de son rang, la maquiller et s’assurer que les apparences étaient parfaitement conformes à ce qui était attendu. La suite de l’après-midi, ou plutôt ce qu’il en restait, était chargé de deux nouveaux rendez-vous, dont un avec l’Intendance du palais. Isobel avait assez hâte d’être à ce soir… Pour manger tranquillement, dormir tôt, recharger ses forces, avant de nouvelles journées marathon. Des journées qu’elle espérait moins troublées que celles-ci.