Docteur contre docteur ! [PV pnj Mitth'asui'nariel et Mib’orel’lux]

Jamais un tel échec, pour des opérations clandestines, ne s’était produit. Le docteur secoua la tête en regardant les informations du matin, où on parlait une fois de plus de l’affaire et finit par éteindre. Tant d’années à œuvrer pour en arriver là ! Un échec aussi lamentable. L’équipe s’était très mal préparée mais au moins avait-elle eu le bon goût de mourir plutôt que se rendre. Rien n’était irrattrapable, bien entendu, mais cela allait devenir… compliqué. Il ne s’inquiétait pas vraiment. Toutes leurs actions étaient destinées au bien du plus grand nombre et il n’exécutait que son Devoir. A ses yeux, c’était donc à la fois une fierté immense et une forte satisfaction, il était utile à la société, rien ne pouvait lui retirer cela. Les échecs tels que celui-ci ne pouvaient le faire douter. Il n’agissait que pour le bien de son peuple, tous ceux essayant de contrer ces actions devenaient des parasites pour l’Ascendance.

Le groupe était certes plus tendu, le docteur retraité avait également noté une fois ou deux qu’il était même suivi, ce qu’il trouvait particulièrement pathétique. Ce devait être une membre du Clan Mitth, sans doute. Il avait, récemment, eu un échange quelque peu houleux avec leur Aristocra. En étant de plus interdit d’approcher de près ou de loin cette humaine et son mari. Il ne s’était donc pas étonné de ce type de broutilles, bien que cela reste agaçant. Ce qui l’avait plus étonné, en revanche, c’était de découvrir que la progéniture de ce cher petit couple était déjà existante. Ils n’avaient pas perdu de temps ! Enfin, pour le moment, il n’avait pas de temps pour s’en soucier. Ils traversaient une période plus agitée et les nouvelles consignes étaient très claires. Peu de temps après avoir éteint les informations, il fut averti par la sonnette que son visiteur était arrivé. Ponctuel, comme il l’était attendu.

Il s’installa avec son visiteur dans le salon, proposant également du café s’il le désirait. Bien, que souhaitait-il donc ? Borel s’installa plus confortablement dans son fauteuil en l’écoutant amorcer les festivités. Il s’attendait, à vrai dire, à l’écouter s’annoncer comme étant membre du Clan Mitth et venu proférer une très longue liste de griefs divers. Son entrée en matière allait dans ce sens, mais la suite la démentit. Un de ceux parti sur Nirauan, donc… Les problèmes médicaux, mon gars, il n’y avait que cela dans toute la galaxie. Pour sa part, il se préoccupait assez peu de ce qui pouvait survenir sur cette petite planète, essentiellement emplie d’Humains, dont il ne se souciait pas du sort. Il écouta néanmoins tout en buvant une gorgée de café, attendant la suite. Songeant qu’il ne fallait de toute façon pas atteindre de miracles de la part d’hommes dirigés par un traumatisé.

Je vous explique cela car j'ai surpris deux amis chiss travaillant aussi pour lui en train de discuter : le grand amiral soupçonnerait que la mort de ses parents n'étaient pas accidentelles et qu'on les aurait drogué pour provoquer l'incident fatal, comme s'il était impossible que ce ne soit, hélas, rien d'autre qu'une erreur de pilotage. De ce fait, il a dépêché un petit groupe de chiss travaillant pour lui, ici, sur Csilla afin de trouver ces fameux "coupables". Il semblerait, d'ailleurs, qu'une partie de cette équipe soit intervenue lors de l'odieux attentat contre Mitth'lorana'safis. J'ai croisé une des personnes de ce groupe qui s'est vantée d'avoir joué un rôle central dans l'échec de ce crime !

Tiens donc, non seulement le traumatisé avait réussi à se faire dégager loin de son propre peuple mais en plus, il était même parvenu à corrompre l’esprit de compatriotes sur cette planète-base. Intéressant. Borel ignorait s’il devait être en colère ou blasé, par une telle information. Il se la nota simplement, dans un premier temps, dans un coin de son esprit, afin de pouvoir en parler à qui de droit plus tard. Il se demandait maintenant lequel des deux, dans ce charmant petit couple, s’était amusé à baver des élucubrations au traumatisé et partager des idées farfelues. Il penchait pour la femme… Étant donné qu’elle-même était déjà très convaincue par tout cela, elle avait donc dû raconter ses bêtises à son beau-frère. Entre le traumatisé, le maltraité et l’étrangère gravement malade, quelle famille de… Je vous jure… Typiquement le genre de famille nuisible à l’Ascendance ! Dire que tout aurait pu si bien se passer si elle avait simplement été raisonnable, tout comme son mari, rien de tout cela ne serait arrivé.

Toutefois, je crains que cet attentat n'ait un impact sur vous, docteur. En effet, Mitth'raw'nuruodo avait été averti des soupçons posés à votre égard par son frère. Je crains que ses hommes n'envisagent une action violente et discrète à votre encontre, vous estimant complice de cette tentative de meurtre, pour vous interroger, et pas nécessairement d'une façon agréable. J'ai pu voir ce dont les humains sont capables en matière d'interrogatoire et j'espère qu'ils n'oseront pas user de telles méthodes contre vous.

Ah, tiens, ce n’était donc pas la Jedi mais le maltraité, qui en avait parlé à son frère ? Curieux, le docteur n’aurait pourtant pas parié sur lui. Il avait un tempérament plus… Comment le dire… Moins prompt à partager des histoires sans preuves. Car des preuves, il n’en avait jamais existé. Après tout, dans certains accidents malheureux, tout dépendait de qui s’occupait de rédiger le rapport d’autopsie et de qui écrivait le dernier rapport d’enquête. Borel souhaitait bon courage à ceux et celles tentant de faire la lumière si cet accident-là. Il n’en restait rien. Juste les os, dans le cimetière, du couple de maltraitants. Comme il se doit.

Si Mitth’raw’nuruodo est prêt à engager des hommes pour ce genre d’action ou même simplement à laisser faire, il a dû tomber bien bas. Quelle tristesse… J’ose au moins espérer qu’il est toujours conscient des conséquences que cela provoquerait. Cela dit, je peux comprendre qu’il se sente affecté. Il est plus facile de penser à des complots que d’admettre que son frère et lui aient simplement été victimes de maltraitances graves. Voyez-vous, je pensais que la jeune humaine était seule à pouvoir penser à de telles choses, car elle n’est pas encore si familière de notre culture. Jamais je ne me serais dit que les deux frères pourraient eux aussi penser à de telles horreurs. Il est d’une tristesse absolue que leur Clan ne leur fait donner aucun suivi psychologique après l’accident. Ou simplement ne les ait placé dans un foyer stable et sûr. Mitth’ras’safis avait à peine quinze ans, c’était tout de même un peu jeune , pour prendre en charge son frère. Surtout sachant que tous les deux quittaient une vie de sévices.

Complètement désolant… Le retraité ne cachait pas sa lassitude et sa tristesse, en parlant de ça, pensant très sincèrement que l’Aristocra des Mitth avait fait une grossière erreur en autorisant l’aîné des deux à prendre en charge son frère, plutôt que de les faire placer. Les résultats étaient là, sous leurs yeux, ce n’était vraiment pas du joli à voir.

De plus, j’avoue ne pas voir le rapport entre cet accident passé et cet attentat, contre la jeune mère. La raison la plus probable est sans doute le racisme, par cette bande de dégénérés. Ou bien la peur car elle a été Jedi autrefois. Tout cela sera tiré au clair, rassurez-vous.

Le retraité haussa un peu les épaules, en ajoutant un peu de sucre dans son café et en buvant une nouvelle gorgée. Contaminé ou non par la culture humaine, qu’importe, ça ne changeait en réalité pas grand-chose à la réalité. Il était tout simplement malade, finalement, son exil n’avait pas dû arranger les choses. Quant à sa sécurité personnelle, elle était assurée. Bien, ce second sujet, donc ? Son confrère se lança sur quelque chose de très différent, cette fois, ce problème étrange de failles, ces gens morts revenant à la vie. Borel était assez lassé, au fond, si ces parents indignes avaient suivi les consignes, leur fils aîné ne serait pas tombé malade et il n’aurait pas été concerné par ce problème de faille aujourd’hui. Ce garçon avait été fragile, aujourd’hui encore, il restait sensible, cette triste histoire n’avait pas dû arranger son état mental !

De la famille traumatisée de ce garçon, son visiteur passa à une autre famille, tout aussi problématique. Celle de l’Aristocra Chaf. Rah là là… Dans la famille Safis, la mère avait été une épine, dans celle du chef de Clan, il s’agissait de son père. Les deux avaient marché sur la même voie sans le savoir, sauf bien sûr s’ils s’étaient déjà rencontrés en secret sur ces sujets, et tous deux avaient connu un triste accident. La sœur disparue sur Nirauan serait donc enceinte, il avait raté cette information-là, tiens. Cela dit, il s’en souciait moins que dans l’autre famille, car contrairement au Safis, ni les parents ni les deux enfants, l’Aristocra et sa sœur donc, n’étaient sensibles à la Force. Seule la nièce Chaf l’avait été. Il ne comprenait pas pourquoi, comme sa mère ne l’était pourtant pas. Peut-être un simple et malheureux hasard.

La flotte de défense ne s'est jamais préoccupée de cela, et ne m’a donc, malheureusement, jamais formé pour guérir ce genre de chose. J'ai demandé à plusieurs collègues et été voir à plusieurs hôpitaux de notre capitale mais personne ne semble vouloir me répondre. Vous êtes mon dernier espoir pour ce futur membre de notre peuple, docteur Mib'orel'lux.

Les traitements contre cette maladie existent depuis plus d’un siècle, vous savez, ils ont été améliorés peu à peu au fil des années. Cela dit, nous ne soignons pas les personnes de force, contrairement à ce que nos détracteurs voudraient laisser croire. Bous rencontrons les personnes concernées pour définir ce qui leur convient le mieux, ainsi qu’à leurs enfants, s’ils en ont. Nous avons remarqué que cette maladie se manifestait plus fréquemment chez les enfants ayant déjà des personnes infectées dans leur famille. Chaf’ewime’asu ne l’est pas, son frère aîné non plus. Que sa fille des failles l’ait été est un malheureux hasard. Donc, si l’enfant que cette dame porte est effectivement malade, nous devrons tout d’abord voir tout cela avec sa mère. Il y a, pour le moment, peu de quoi s’alarmer. J’imagine que le père de ce bébé n’est pas malade non plus. Il faudra que la Dame Chaf se déplace, si elle est inquiète, nous n’allons pas intervenir sur Nirauan. Cette situation est déjà plus rassurante que ce qui concerne le sort de la fillette hybride.

Restait à savoir si cette femme était plus raisonnable que son frère et donc capable de réaliser la gravité de la situation, dans le cas où son bébé se révélait atteint par cette maladie. Il dû retenir un soupir, en y pensant, trouvant tout particulièrement agaçante la situation de Svarchi. Voilà très exactement cinquante-trois ans, autrement depuis le jour même où Chaf’orm’bintrano avait débuté sa carrière politique officielle, qu’il s’était dévoué à emmerder un maximum des associations médicales, œuvrant jusque là très paisiblement.

Je peux vous laisser quelques brochures expliquant ce que sont ces traitements et dans quel cas il faut les prendre, à l’attention de cette femme. Je vous avertis néanmoins que ce sera à vous de la sensibiliser. Son frère aîné n’a cessé de faire interdire toute action des associations médicales de prévention, sur sa planète, depuis des années. Il est possible qu’il ait corrompu sa propre sœur par ses idées dangereuses. Je vais vous chercher les documents.

Il se leva pour aller en prendre dans une commode, dans un coin de son salon. Il s’agissait du même petit dossier confié à Mitth’ras’safis, lorsqu’il était venu le rencontrer, il y a déjà quelques temps. Il revint pour donner le tout à son visiteur.

Vous pourrez dire à cette jeune dame de venir nous rencontrer si elle le souhaite. Et si elle parvient à passer au-delà des abjectes accusations de son frère aîné.

Le retraité terminé sa tasse de café d’une petite gorgée et la laissa sur la petite table, pour le moment, après avoir transmis les documents à son confrère. Il avait su pour l’attaque, oui, bien que l’affaire n’ait pas fait un très grand bruit car elle avait principalement concerné des membres des FID. Une armée étrangère occupée à aller frapper des ennemis en communs avec l’Ascendance, c’était une situation certes peu ordinaire mais qui, en même temps, intéressait peu le grand public. Ce que faisait la Flotte de Défense se retrouvait extrêmement rarement dans les journaux ou les discussions, comme si les militaires vivaient dans un monde parfaitement séparé de celui des civils. L’armée tenait à rester discrète, la vie civile n’avait pas envie d’en entendre parler tous les jours et les seules fois où cela arrivait, c’était lorsque de très gros problèmes surgissaient. Comme un exil, par exemple. Ou pour, sujets plus joyeux, l’annonce de nouveaux chasseurs ou vaisseaux, sortis droit des chantiers de Copero.

C'est, hélas, une autre source de tension pour moi si je dois en discuter avec elle. Comme dame Chaf'ewime'asu fait partie de l'équipe diplomatique des Forces Impériales Dissidentes envers l'Ascendance, il est possible que l'exilé lui ait touché quelques mots, négatifs malheureusement, sur votre Association, sans parler de ce qu'a pu en dire l'aristocra Chaf'orm'bintrano ! Il me semblerait plus aisé de la convaincre si je lui disais, pieux mensonge, avoir discuté de cela avec un médecin de son clan et le lui conseiller pour l'aider à soigner la maladie de son fils, s'il s'avère aussi atteint comme l'était Chaf'ees'aklaio.

Honnêtement, j’en doute… Enfin, vous avez au moins les documents, ce sera un début. Cette jeune femme, par la suite, sera sûrement assez réaliste pour entreprendre les démarches nécessaires, s’il s’avère que son enfant est infecté.

Il ne pouvait malheureusement pas le renvoyer vers certain de ses confrères ou même envoyer l’un d’entre eux en visite sur Nirauan, ayant reçu pour ordre de demeurer discret, en ces temps chargés. Un ordre qui n’était pas à prendre à la légère, il était ô combien parfaitement placé pour le savoir. Son confrère avait ce qu’il lui fallait, ou du moins, ce qu’il pouvait lui donner. Borell aurait aimé en faire plus, hélas, il ne le pouvait guère. Après un bref échange, le rendez-vous prit ainsi fin. Le retraité le raccompagna à la porte, lui souhaita une bonne journée, puis referma en douceur avec lui. Quelle tristesse de devoir se contenter de demi-mesures pour le moment… Enfin, cela passera, il devait être patient et se dire qu’après la fin de « l’enquête », ils pourront reprendre peu à peu leurs activités. Comme si rien ne s’était jamais passé ! Du travail, ils en auront. Peut-être devrait-il simplement profiter de cette période pour se reposer, en attendant.