[Prison Rebelle] ~ Quand deux soeurs se jugent ...

Un mois.

Un mois que la jeune rousse était enfermée entre ces murs d’un blanc immaculé, sans pouvoir bénéficier d’une moindre autorisation de sortie. Luke l’avait prévenu. Ensemble, ils avaient longuement discuté de ce qui se passerait, par la suite. Cela n’empêchait pas l’espionne de tourner en rond depuis tout ce temps, a répéter une routine désormais bien installée, que seules les visites du blondinet, et des agents interrogateurs rebelles, venaient brusquer. Des deux, elle préférait bien sûr les visites de Luke aux autres, bien qu’il fût frustrant de devoir contempler, encore et toujours, la compassion et l’optimisme borné du Jedi. Au moins, lui était distrayant, les rebelles, beaucoup moins depuis quelques temps. Ils venaient presque tous les jours, à la même heure, de façon monotone et prévisible. Elle s’était amusée la première semaine à les faire tourner en bourrique, quitte à aggraver un peu son cas. Puis, avec le temps, elle avait fini par se lasser d’entendre encore et toujours les mêmes questions, auxquelles elle ne donnait jamais les mêmes réponses. Bien sûr, tout cela faisait partie d’une stratégie définie à l’avance. Luke l’avait convaincu de ne pas raconter la vérité de leur rencontre, pour ne pas effrayer un peu plus les rebelles, visiblement en froid avec lui. Elle ne pouvait pas non plus jouer le rôle de la déserteuse, les témoins du blondinet aurait aussitôt contesté sa version. Elle devait donc jouer celui de l’impériale capturée malgré elle, désireuse de garder ses secrets, mais qui finirait, petit à petit, par douter de l’Empire.

Un mensonge, bien évidemment, qui allait lui couter un peu plus de temps en prison. Elle finirait donc par infléchir sa position d’ici quelque temps, avant d’envisager de révéler des informations qui ne causeraient pas de mal à l’Empire Car sa loyauté envers ce dernier était incassable, sa croyance en son bien-fondé, inébranlable. Même après que Vader lui ait assigné cette mission ; même après avoir rencontré Luke.

Affalée sur le lit dur et inconfortable adossé au coin du mur, là où la pièce était la moins éclairée, l’impériale avait son regard rivé sur le plafond tout aussi blanc que le reste. La rousse avait l’impression d’être allongée sur du durabéton, et ce n’était pas sa tenue noire et proche du corps qui y changerait quelque chose. Les rebelles, après lui avoir retiré tout sa ceinture utilitaire et ses quelques protections, avaient bien essayé de lui troquer une de ces combinaisons de pilote à défaut d’autre chose, mais elle ne les appréciant pas beaucoup, elles les avaient laissés trainer sur la petite étagère intégrée au mur d’en face. Les rebelles ne s’étaient pas offusqués, à sa grande surprise, peut-être parce qu’elle avait dit qu’elle préférerait rester à poil que de porter une telle chose plus d’une journée de rang. C’était amusant, d’une certaine façon. Elle, n’aurait eu aucun scrupule à les laisser croupir à poil s’il le fallait. Tout comme l’Empire, la rouquine faisait rarement dans la demi-mesure.

Shira n’avait pas bougé depuis plus d’une heure, les jambes légèrement fléchies, ses pieds en appui contre le rebord du lit, plongé dans une profonde méditation, comme elle en avait pris l’habitude depuis qu’on l’avait enfermé ici. C’était une façon d’occuper son esprit, de le structurer et de le préparer, en sachant que d’ici une petite heure, les interrogateurs feraient leur entrée, réglés comme des coucous aldéranis. Elle fut surprise, donc, de sentir une présence approcher dans la Force, accompagnée par l’un des gardes dont elle avait pris, depuis le temps, habitude de leur aura. Il lui fallut que quelques secondes, sans même le voir, pour se rendre compte qu’il ne s’agissait pas de Skywalker. Shira ne fut donc pas surprise quand ils s’arrêtèrent à sa porte, et que le garde, avec la politesse et la gentillesse d’un gundark, l’informa qu’elle avait de la visite. La rousse, encore plongée dans sa méditation, ne répondit pas, et se concentra pour en sortir au plus vite, alors qu’une étrange sensation s’était emparée d’elle, sous la forme d’un frisson qu’elle ne parvînt pas à interpréter Dans le même temps, la lourde porte avait coulissé avec vivacité sur le côté, pour laisser entrer son invitée.

Shira se redressa dans l’ombre au moment ou la porte se referma, avant de porter son regard vers la nouvelle venue. La rouquine se raidit soudainement, en posant ses yeux sur la crinière de feu, puis sur le visage de cette femme. D’abord sur ses yeux émeraudes, aussi pétillants que les siens. Puis sur son nez, et le traits de ses pommettes, différents mais pourtant si familiers. L’impériale cligna des yeux sous le choc de cette ressemblance frappante, avant de redescendre son regard, pour observer sa posture, et sa tenue, qui la mettait en valeur. La rouquine avait l’impression de se voir dans un miroir, avec peut-être quelques années de plus, et des différences physiques qui pouvait se compter sur les doigts d’une main pour quelqu’un qui, comme elle, avait l’habitude de soigner son apparence au quotidien. Il lui fallut un temps pour sortir de sa torpeur, et chasser ses jambes du lit, pour poser souplement ses pieds au sol, alors que revenait à son esprit la discussion qu’elle avait eu, il y a un mois de cela, avec Skywalker.

« Pour une fois, ça s’annonce intéressant. »

Sans même un bonjour de sa part, Shira finit par se redresser et quitter définitivement le lit, se relevant souplement sur ses deux appuis, avant de sortir pleinement de l’ombre, les bras croisés sous sa poitrine. Elle inclina alors la tête, pour mieux observer cette femme qui lui ressemblait beaucoup trop pour que ce soit une coïncidence. Ce devait être la personne dont lui avait parlé Luke, celle dont il n’avait jamais confirmé si elle était encore vivante, ou bien morte. Celle dont Cade, aussi, avait mentionné le nom, il y plus d’un an de cela.

« Mara Jade, je présume ? »

Shira ne la quitta pas des yeux, bien trop curieuse à l’idée d’analyser cette anomalie sous toute ses coutures. Etait-ce encore un piège ? Les rebelles et les jedis seraient-ils aussi borné pour tenter de lui envoyer un clone d’elle-même, dans l’espoir de conforter les propos de Skywalker, et de sa descendance douteuse ? C’était difficile à croire, et bien peu crédible pour tout dire…. Mais pas impossible, dans cette galaxie… De toute façon, elle ne tomberait pas dans un piège aussi farfelu que grossier. Autant, donc, rentrer dans le vif du sujet...

« Et vous allez sortir que vous avez vécu la même chose que moi, même si, en réalité, vous ignorez tout de ma personne ? »

S’il fallait admettre quelque chose de cette rencontre, c’est qu’il était assez hypnotique de se regarder presque soi-même de cette façon, sans le moindre miroir, et surtout sans filtre. Bien sûr, il y avait des imperfections, des détails significatifs qui confirmaient que la rousse ne pouvait pas être elle venue du passé, du présent ou du futur. La chose semblait d’ailleurs impossible, mais s’attarder sur chaque trait, arête ou détail avait de quoi interroger. Quelles étaient les chances de croiser un presque parfait sosie de soi-même dans une galaxie aussi vaste ? Sans doute plus élevée que l’on ne pourrait le penser, mais les probabilités restaient si faibles que Shira ne savait toujours pas poser de mot pour désigner la personne qui lui faisait face. Était-elle une sorte de clone, ou bien cette histoire de parenté était-elle vraiment crédible ? L’idée en elle-même ne fit que fuser dans son esprit, et ce bien trop vite pour être réellement considérée. Il faut dire qu’elle connaissait sa famille avec une profonde certitude. Ses parents n’avaient jamais eu de second enfant, et elle n’avait jamais eu de sœur jumelle. Autrement, il est évident qu’elle s’en serait rapidement rendu compte.

Shira inclina à nouveau la tête, cette fois-ci après avoir eu un léger mouvement de recul pour gagner un peu plus en perspective, alors que son regard, lui, continuait d’observer cette anomalie qu’était la rousse sous toutes les coutures. Car il n’y avait pas que le physique qui était perturbant, mais également les manières, et la tenue portée pour l’occasion. L’impériale faisait cela à mesure que Mara Jade lui répondait, sans contredire son appellation. Shira nota cela sans réellement prendre la chose en considération : si elle jouait le rôle, il était normal de ne pas se trahir en affirmant le contraire. D’ailleurs, elle trouva bien plus d’amusement dans la réplique de la rousse, et toute l’ironie qu’elle impliquait. Elle agita la tête, sans chercher à cacher le sourire amer qui s’étirait sur ses lèvres.

« Difficile de s’acquitter de cette tâche enfermée dans un vaisseau au milieu de nulle part… » rétorqua-t-elle en écartant les bras pour montrer les murs qui la maintenait étroitement enfermée, et ce tout en agitant doucement la tête pour accentuer un peu plus l’aspect mélodramatique de l’affaire.

Elle n’allait pas se priver d’en rajouter un peu trop, alors que la perche lui était si soigneusement tendue. L’impériale savait parfaitement pourquoi Skywalker ne lui avait pas fait confiance dès la première seconde. Il était peut-être naïf mais pas stupide, et ses camarades rebelles se seraient sans doute révolter à l’idée de la voir se balader librement parmi eux alors qu’ils ne savaient strictement rien sur elle. Elle ne s’attarda guère sur le sujet de toute manière, et pivota sur elle-même pour se diriger vers le mur opposé à l’entrée, pour s’y adosser. Là, elle croisa fermement les bras, tout en inclinant presque maladivement, une fois de plus, la tête de côté. Légèrement, cette fois-ci, tout en gardant un sourire de circonstance.

Elle n’avait pas besoin de beaucoup forcer le trait, ou de jouer la comédie comme on le lui avait si bien appris, de toute façon. Mara Jade faisait si bien le spectacle pour elle que Shira eut envie d’applaudir en l’entendant lâcher calmement son identité complète, comme si cela devait provoquer quelque chose de particulier chez elle. A vrai dire, l’impériale succomba précisément à sa tentation, et claque plusieurs fois ses mains avant de quitter le mur qu’elle venait tout juste de s’accaparer.

« Bravo, je vois que vous avez fait vos recherches avant de venir me voir, bien que cette information ne soit guère confidentielle. » Cette fois-ci, la moquerie était clairement perceptible dans sa voix comme dans sa gestuelle, alors qu’elle s’avançait d’un ou deux pas en direction de Mara, tout en gardant une légère distance entre elles, l’étroitesse de la cellule étant ce qu’elle était. « J’ai entendu beaucoup de choses sur vous, en revanche. Des plus improbables aux plus fantaisistes, je dois dire… »

Le doigt pointé dans la direction de l’autre rousse était tout autant accusateur que joueur, et Shira se jeta assez joyeusement sur l’idée de pouvoir peut-être profiter de la situation pour déstabiliser celle qu’elle voyait toujours comme une imposture d’elle-même, et rien d’autre. Les souvenirs de sa rencontre avec Cade Skywalker, il y a de ça quelque temps, étaient assez flous pour la plupart, mais elle se rappelait assez bien les inepties qu’il avait pu lui lancer à l’époque. Saoul comme il était, il était difficile d’envisager quoi que ce soit d’autres, de toute façon…

Elle se détourna sur le côté, mettant un point d’orgue à offrir une scène digne de ce nom, alors que son regard se perdait un instant vers le sol lisse de sa cellule, le temps de mettre de l’ordre dans ses souvenirs.

« Skywalker a évoqué une histoire de parenté entre nous. Bien que cela me semble impossible, il faut admettre que la ressemblance est flagrante… Bien qu’imparfaite. » commença-t-elle par admettre, avant de pivoter à nouveau sur elle-même, cette fois-ci pour repartir dans l’autre sens, tout en jetant un nouveau regard vers la rousse. « Cependant, si le reste de ce que l’on m’a dit est vrai, alors je dois vous avouer que votre lointaine descendance est fort peu recommandable… Tout comme vous, d’ailleurs. »

Un sourire amusé apparu sur son visage, destiné à Mara Jade, alors qu’elle s’arrêtait, et relevait finalement la tête vers le plafond.

« A y repenser, je n’aurais pas dû l’empêcher de sauter… »

Le soupir qui s’échappa ensuite en disait long sur le regret qu’elle ressentait encore en cet instant. Qu’il aurait été si simple, en effet, de le pousser par-dessus la balustrade. Heureusement, son Maitre était intervenu par la suite, pour venir chasser toutes ces foutaises que Skywalker avait pu lui vociférer. Doucement, elle secoua la tête, pour venir reporter son regard émeraude droit dans celui de son interlocutrice, prête à juger la moindre de ses réactions, comme elle n’avait cessé le faire depuis le début, d’ailleurs…

« Bien sûr, vous n’êtes pas, en apparence, du genre à vous saouler jusqu’à perdre connaissance, mais trahir tout ce que l’on vous aurait offert, pour tomber amoureuse de la personne que vous deviez pourtant assassiner… C’est assez pathétique, vous ne trouvez pas ? »

Les récents événements lui avaient fait, pour un temps, oublié dans quelle histoire Vader avait envoyé la gamine… Beaucoup de choses s’étaient déroulées entre-temps, il avait eu tant à préparer pour la prochaine rencontre des Sith et tant à songer pour la gestion de son Empire et de ses plans. Tout cela combiné avait vivement écarté de son esprit des considérations de bien moindre importance, dont faisaient partie la plupart des pions placés sous sa coupe ou d’autres manipulations moins pressantes. Cette nouvelle alerte, lointaine, avait résonné alors qu’il était déjà très occupé et avait bouleversé le cours d’une journée très bien remplie. Après avoir renvoyé ses conseillers et s’être isolé dans sa chambre de méditation personnelle, il avait alors dû se focaliser sur cette alerte et en découvrir la véritable nature. Oui plutôt, découvrir un nouveau problème, venu s’ajouter à une liste déjà bien trop longue et dont il se serait bien passé, le temps de régler un ou deux autres soucis. Devait-il être lassé ou s’en agacer ? Pourquoi ce type de problème arrivait sans cesse au pire moment qui soit ? C’était si usant.

Suivant le début de la scène dans l’esprit de Shira, il pencha finalement du côté de la lassitude. Il avait, ces derniers temps, presque oublié l’existence de son pantin roux et avait, il fallait bien l’avouer, également balayé l’existence de Mara. Ni l’une ni l’autre ne s’étaient alors fait remarquer depuis un long moment et il avait eu plus urgent à se soucier. Néanmoins, une fois de plus et comme toujours, ce nouveau problème survenait par la faute d’un Skywalker. Lorsque ce n’étaient pas eux, de toute manière, il s’agissait soit de la faute de Plagueis, soit celle de Vitiate, il n’y avait pas tant de choix que cela. Peu, en ces mondes, avaient cette formidable capacité à causer autant d’ennuis aux autres. Ce qui était plutôt agaçant, cette fois, est qu’il aurait bien aimé pouvoir conserver la gamine pour de futures utilisations, une fois ses plans suivants… Plus… Disons engagés… S’il devait la tuer ou lui broyer l’esprit dès à présent, ça sera un peu du gâchis, tout de même. Les membres de cette famille de fous étaient bien pénibles, à sans cesse s’amuser à lui perturber des pions sur qui il avait pourtant travaillé durant de longues années.

« Bien sûr, vous n’êtes pas, en apparence, du genre à vous saouler jusqu’à perdre connaissance, mais trahir tout ce que l’on vous aurait offert, pour tomber amoureuse de la personne que vous deviez pourtant assassiner… C’est assez pathétique, vous ne trouvez pas ? »

« Tu es bien naïve de croire que l’amour est le motif de ma trahison… Mais je sais que tu n’y es pour rien. Tu dois avoir le même lien que j’ai eu avec l’Empereur bien avant toi… Celui-là même qui lui permet de lire en toi comme un livre ouvert, celui qui lui permet de savoir si tu lui mens ou si tu lui caches quelque chose, celui qui renforce ta loyauté, ton allégeance à son égard, celui qui peut lui permettre de voir et d’entendre ce qui se passe en ce moment, celui qui lui permet de te rendre aussi naïve et aveugle de ce qui t’entoure… »

Sidious avait, pour son honneur, la bonne grâce d’offrir à ses pions une relative liberté d’action et de choix dans leurs pitoyables petites existences, ce luxe n’était guère accordé par tous les maîtres Sith des esprits. Certains prenaient en écrasant totalement l’esprit de la cible, en lui absorbant savoirs et connaissances, tics et manies, rêves et peurs, avant de le faire disparaître à jamais. D’autres, pour leurs parts, donnaient la simple illusion de liberté et de contrôle, alors qu’ils s’emparaient tout aussi fortement de leurs proies. Alors que ces deux jeunes ingrates avaient obtenu force, attention, privilèges et entraînements au plus haut niveau grâce à lui et son Empire. Mais bref… Il n’avait pas envie de déjà broyer son jouet, ce serait un tel gâchis… D’autant plus qu’il allait en avoir besoin contre d’autres. Il lui insuffla donc, avec douceur, un peu de détente, face à son interlocutrice. Un relâchement certes léger mais un relâchement tout de même. Tout en appuyant – bien entendu – sur sa certitude qu’elle était parfaitement maîtresse d’elle-même.

Ce qu’il souhaitait, surtout – et c’est qu’il fit souhaiter à Shira – c’était de savoir ce que Mara venait faire ici, au juste. Mis à part s’amuser ou essayer de tromper son jouet, qu’on s’entende bien. Il se méfiait de ce qu’elle était venue raconter et avait besoin de tous les détails possibles, pour ensuite tisser une toile plus solide dans l’esprit de son pion.

Son interlocutrice n’avait pas tout à fait tort, en affirmant qu’il fallait prendre des précautions avec quelqu’un comme elle. C’était tout de même ironique, néanmoins, que ce soit elle qui vienne le lui dire. N’était-elle pas l’exemple du contraire, si l’on prenait en compte les rumeurs qu’avait tenté de répandre Cade Skywalker à son sujet ? N’était-elle pas elle-même une soi-disant agente de l’Empire, proche des hautes sphères ? N’était-elle pas la fameuse Mara Jade ? Shira s’en amusait quelque peu, et il était difficile de le cacher. Peut-être était-elle une usurpatrice, finalement. Peut-être n’était-elle que l’actrice sensée faire vivre le mythe. Là encore, il n’y avait pas de quoi partir dans les tours. Qu’elle sache qu’elle était du BRI n’était pas une surprise. Cela, elle l’avait dit à Luke. Pour le BSI, par contre, cela nécessitait un accès aux archives impériales, mais ce n’était pas impossible non plus, vu qu’il s’agissait d’un nid de traitre avéré. Que personne, dans cette structure, n’ait vu la désertion massive venir était un manque flagrant de fiabilité et de loyauté. Dès lors, Shira était bien contente que Vader l’ait débauchée pour rejoindre les renseignements militaires.

« Un moindre mal, en comparaison de ce que l’on dit que vous avez été… »

Haussement d’épaule de sa part, presque en écho de celui de Mara. Cela l’indifférait vraiment, bien qu’elle se demandât comment les rebelles pouvaient avoir confiance en quelqu’un comme elle si, bien sûr, tout ce que l’ivrogne fou lui avait dit était vrai. Ce qui ne pouvait pas l’être, de toute façon. L’Empereur lui-même avait balayé ces idées d’un revers de la main, lorsqu’elle était venue le confronter. Qu’elle ait même pu le penser un instant était stupide, à l’époque. Ces informations fallacieuses, cependant, lui était bien utiles aujourd’hui. Elle pouvait les utiliser, pour sonder les réactions de la rousse, et peut-être briser l’illusion : il était évident que cette femme ne pouvait être sa sœur… Cela ne pouvait donc nullement la déranger, seulement la troubler. La ressemblance était tout de même frappante, et ce jusque dans l’attitude. Avec peut-être en plus une forme de maturité chez Mara Jade que la jeune impériale n’avait pas encore.

« Ce lien est une chimère. Nous n’avons rien en commun, et je connais parfaitement ma famille. Il n’y a rien à ajouter de plus » rétorqua-t-elle, en regardant Mara Jade s’installer à son tour, contre le mur d’en face, et ce dans une réplique troublante de la posture qu’elle avait prise quelques instants plus tôt.

De cela, elle ne s’en serait pas rendu compte si elle n’avait pas passé des années à travailler son comportement. Mais la curiosité laissa rapidement place à une forme d’indifférence, comme si, finalement, la chose n’avait pas vraiment d’importance.

Elle n’allait pas nier non plus qu’elle avait du sang sur les mains. Tout le monde au BRI, ou presque, en avait. Elle plus que d’autres, d’ailleurs, du fait se son statut secret au sein de l’Empire. Les rebelles et les jedi n’étaient pas mieux lotis, de toute façon. Les premiers tuaient et terrorisaient le peuple impérial au nom d’une idéologie corrompue qui n’avait jamais rien apporté de bon à ses citoyens. Les seconds, leur sort prouvait bien qu’ils n’avaient strictement aucun avenir dans la galaxie.

La suite, cependant, la fit hésiter un très bref instant. Le temps nécessaire pour se reprendre, et lever les yeux au plafond dans un simulacre de lassitude. C’était nécessaire, pour na pas laisser transparaître son étonnement à l’entendre balancer, comme Skywalker, les mêmes détails un peu trop précis, un peu trop gênants, accompagnés d’autres parfaitement fantaisistes. Comme si son Maitre pouvait réellement influencer sa façon de penser, et la manipuler à son insu. C’était parfaitement ridicule. Elle avait toujours eu le contrôle d’elle-même. La preuve, ce qui aurait dû l’agacer la laissa parfaitement indifférente. Par habitude, sans doute, et parce qu’elle avait passé des années, comme tout acteur ou politicien digne de ce nom, à maitrise ces sensations puissantes à les masquer derrière un air de façade particulièrement détendu, et avenant.

« Je ne crois rien de tout cela. Je n’ai fais que répéter ce que votre soit disant fou et ivrogne d’arrière-petit-fils a tenté de me convaincre. Etant donné qu’il se livrait à de la contrebande pour le compte de l’Alliance lorsqu’il a été capturé, je me contente de croire qu’il ne s’agit là que d’un faisceau de fausses informations. »

C’était évident, après tout. Cade Skywalker revenait d’une livraison auprès de la rébellion. Il était plus probable de croire qu’il s’agissait là d’un coup monté de toute pièce plutôt qu’autre chose. Ce ne serait pas la première fois que qu’un camp montait des opérations de désinformation d’une telle envergure. La question restait donc de savoir si ce sosie d’elle-même était venue la voir simplement pour lui répéter tout cela, pour tenter de la convaincre qu’on avait passé quinze années de sa vie à la baigner dans un mensonge titanesque, ou si elle avait d’autres sujets qu’elle souhaitait aborder.

Shira, en dehors de Skywalker, ne recevait que très peu de visites. Les espions rebelles n’étaient pas très bavards, et ne savaient en général pas grand-chose d’utile. Le fait que cette femme qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau soit venu la voir n’était pas un hasard. A défaut de savoir pour le moment si jouer le jeu de la rousse en valait la chandelle, rien ne l’interdisait d’essayer de creuser un petit peu plus…

Croisant à nouveau les bras sous sa poitrine, elle alla s’asseoir sur le rebord du petit et étroit coin de bureau qui dépassait des murs, poussant au passage une petite pile de feuilles vierges.

« Donc vous êtes venu là simplement pour me répéter les mêmes choses que Skywalker, ou bien vous avez des preuves concrètes pour étayer vos propos ? Qu’est-ce qui vous pousse à tenter de me convaincre de tout cela, Mara Jade ? Et surtout, qu’est-ce que je pourrais bien gagner à vous laisser le bénéfice du doute ? »

Lancé de dés:

Il y avait quelque chose d’intéressant à tirer de ce dernier échange. Le comportement de la rousse face à elle était intriguant. Pour sûr, elle avait été formée, et correctement conditionnée à masquer ses ressentis derrière une façade bien soignée, que ce soit à l’aide d’un sourire, ou une forme d’indifférence face aux attaques que l’on pouvait lui lancer. Ce qui était le plus curieux dans tout cela était sa manière de le faire, si proche des méthodes qu’on lui avait enseignées, que ce soit au sein du BSI d’abord, puis du BRI, et sans oublier ce que Vader et l’Empereur avaient pu lui inculquer à leurs manières. Difficile pour d’elle d’en tirer quelque chose, toutefois, cette pensée l’effleurant juste assez pour l’intriguer, mais sans parvenir à s’installer. En y réfléchissant bien, ce n’était pas le plus important. Tout agent secret, tout espion, et par extension tout Jedi était entrainé ; formé à masquer ses émotions. Cela ne prouvait rien, tout autant que le reste de ses paroles. Qu’elle assume ce qu’elle avait été si elle le souhaitait, Shira s’en moquait complètement. Ce qu’elle voulait savoir, c’était ce qu’elle faisait ici, à la place de Skywalker, ou des agents rebelles qui venaient l’interroger régulièrement.

Même si une part d’elle était curieuse de savoir ce qu’elle avait à dire à ce sujet, l’autre part, nettement plus importante et formatée à réfléchir de la sorte s’en moquait éperdument. Cela faisait longtemps, de toute façon, que la rousse n’écoutait plus, au point d’avoir oublié jusqu’à son existence. Du reste, elle aussi avait parfaitement conscience de ce qu’elle était : la Main de l’Empereur, exécutrice de sa volonté, mais aussi l’apprentie de Vader, son agente secrète. Le reste, la Major du BRI n’était qu’une couverture devenue réalité, et si le premier point se devait de rester un secret à jamais, il n’en était pas de même du reste. Qu’elle était une espionne ? C’était écrit dans son dossier militaire. Qu’elle était la Main de l’Ombre de Vader ? Elle l’avait avoué à Skywalker, pour justifier ses actes, et son choix.

« Tu n’en as juste pas conscience. Il ne t’est jamais arrivé de te demander ce qui a pu se passer pendant quelques secondes, quelques minutes alors que tu réalises ne pas être à la même place qu’à ton dernier souvenir ? Ou encore, ressentir une présence apaisante à tes côtés dans tes moments de doute ? Et je doute que tu connaisses réellement ta famille ! »

« Et ça recommence… » lâcha soudainement la rouquine, cette fois-ci en perdant patience.

Pourquoi fallait-il toujours revenir à ces arguments et questions ridicules. C’était si facile de dire à quelqu’un qu’elle avait tort parce qu’elle n’en avait pas conscience. C’était, à demi-mot, dire qu’elle était simplement trop conne et naïve pour ne pas remarquer ce qui semblait évident pour son interlocuteur, qui lui, couronné de son soudain savoir omniscient, devait forcément à avoir raison, et avait réponse à tout. Elle n’était pas une gamine de cinq ans à qui l’on pouvait faire croire n’importe quoi, sans qu’elle ne se pose la moindre question. Shira ne s’énervait pas pour autant. Tout comme avec Luke, elle n’y arrivait pas, bien qu’elle l’aurait voulu. Mais ce n’était pas tout à fait la même sensation. Celle-ci était bien plus habituelle, bien plus apaisante et personnelle. Pourquoi s’énerver, ou s’agacer, devant l’ignorance des autres ? Comme si elle ne se serait pas rendue compte, si elle avait perdu connaissance pendant quelques secondes, minutes, ou même des heures ! Preuve en est, la seule fois où cela lui était arrivé remontait à des années, lorsqu’elle était encore à l’académie, sur Carida. Et encore, même là, la raison était connue, elle avait simplement perdu ses nerfs, en réalisant qu’elle venait d’abattre ses camarades dans ce qui aurait dû être un entrainement…

« Rien de tout cela, non. Je m’en serais rendue compte, comme vous le dîtes si bien. »

Shira agita la main, avant de tourner en rond, doucement, devant l’autre rouquine, à l’autre bout de la cellule. Elle n’allait pas remettre sur le plat le sujet de sa famille. Elle n’avait pas besoin d’entendre ce qu’elle pouvait encore lui raconter comme mensonges. L’impériale connaissait ses parents. Ses souvenirs étaient bien réels, tout comme l’éducation qu’ils lui avaient donnée, au Palais Impérial. Puis il y avait l’Empereur, qui malgré ce qu’il lui avait fait subir pour la forger, avait toujours été là pour elle, lorsqu’il le fallait. Mais ça, bien sûr, c’était un secret. Pendant ce temps, l’autre rousse se remet à sourire, pour masquer une fois encore ses réels sentiments, sa véritable réflexion. Elle a été bien formée, pour sûr. De cela, il n’y avait pas à en douter.

« J’ai les preuves nécessaires, mais je ne suis pas stupide au point de te les révéler sans avoir levé un certain doute à ton égard. »

Tout comme il n’y avait pas à douter, une fois encore, qu’elle lui cachait une part de la vérité. On revenait toujours au même point : ils affirmaient tout savoir, avoir des preuves, mais ne venaient jamais avec pour vous les présenter. Les rebelles et les jedis étaient tous les mêmes, naïf à croire qu’ils pouvaient facilement vous retourner le cerveau avec de belles paroles. Comment les prendre au sérieux, après ça ? Comment réellement penser qu’ils pouvaient apporter la moindre chose concrète à la galaxie, hormis le chaos et la destruction ? Son Maitre avait bien fait de se débarrasser d’eux, à la chute de la République. Et en attendant, hormis des belles paroles, toujours rien de concret de sa part…

« Peut-être une liberté. Si tu n’avais pas reçu une mission précise, tu aurais déjà pris la poudre d’escampette… »

Mh. Elle avait peut-être parlé un peu trop vite, bien que là encore, la carotte semblait bien maigre. Sa liberté, l’impériale aurait pu la retrouver assez vite. Cette cellule n’était pas faite pour elle, ou pour quelconque sensitif avec un peu d’expérience. Or, elle, avait été formé à se sortir de ce genre de situation. Donc oui, si elle l’avait souhaité, elle serait déjà partie. Mais là encore, c’était oublié ce qu’elle avait dit à Skywalker… Bien sûr, il n’y avait pas que ça, mais sa mission, la vraie, était toujours de protéger le blondinet, même si elle ne comprenait pas trop pourquoi Vader voulait cela. Le reste, n'était que le fruit de son imagination, et de sa formation.

« Je l’ai déjà dis à Skywalker, Vader m’a ordonné de le protéger, et en tant que sa Main de l’Ombre, son apprentie, je me dois de lui obéir. Pourquoi, pour quelles raisons, cela n’a pas d’importance. Si je suis encore là, c’est parce que je perdrais toute crédibilité à forcer cette porte. » fit-elle, en s’arrêtant à nouveau, pour s’asseoir au bord du lit au matelas dur, d’où elle était sortit à l’arrivée de la rouquine.

C’est vrai, quoi de mieux que de forcer ce vaisseau, en tuant potentiellement du rebelle, et ensuite revenir comme une fleur auprès de Skywalker ? C’est sûr, c’était un super plan ! Sérieusement…

« Et en attendant, il se ballade, avec la menace de Vitiate sur le coin de la gorge, pendant que moi, je patiente que l’on vienne me dire ce que l’on attend vraiment de moi. En dehors de me sonder l’esprit, bien sûr. Je ne tiens pas à me faire laver le cerveau… Brrr… »

« Te laver le cerveau… Ne vois-tu donc pas qu’il l’a déjà fait ? »

La remarque fit grincer des dents l’impériale, qui jeta un regard mauvais vers ce reflet d’elle-même qu’elle commençait à trouver particulièrement agaçant. D’abord parce qu’elle se permettait de la juger comme si elle l’avait connu depuis toujours, puis parce qu’elle n’avait pas la moindre idée de ce dont elle parlait. Une part d’elle-même, rapidement étouffé, avait envie de lui sauter au cou, pour l’étouffer jusqu’à son dernier souffle. L’autre, dominante, avait presque envie de lui rire au nez. Elle connaissait l’Empereur depuis tout jeune, et se serait rendu compte depuis lors s’il lui avait fait une telle chose. L’idée même se dissipa assez vite, avant même qu’elle n’ait le temps de s’en saisir, tant elle lui paraissait stupide. Elle cligna brièvement des yeux, signe qui n’échappa pas à Mara Jade, qui se détacha du mur pour s’approcher de quelques pas, le regard scrutateur. C’était le plus proche qu’elles se soient approchées l’une de l’autre depuis le début de leur entrevue, et l’impériale, les yeux grands ouverts, eut bien envie de lui demander ce qui pouvait bien lui passer par la tête à présent.

Jade finit par faire une grimace amusée, avant de se racler la gorge, obtenant par la même occasion un haussement de sourcil interloqué de la part de l’espionne face à elle. Qui avait-il de si drôle, finalement, dans ce face à face ? Elles se renvoyaient la balle, tournant autour du pot sans jamais s’y coincer la main dedans. Shira n’avait rien à tirer de cette discussion, si ce n’est ce que l’on voulait bien lui faire entendre. Autant dire, pas grand-chose de plus que les révélations ubuesques qu’on lui avait déjà lancées à maintes reprises, au cours des deux dernières années. Il n’y avait que cette ressemblance frappante, sidérante même, qu’elle ne parvenait pas à expliquer, tant dans le physique que dans l’attitude. Leurs manières étaient si semblables… Si…

Non. Perdue un bref instant dans ses pensées, Shira cligna une nouvelle fois des yeux. Non, cette femme n’avait, si ce n’est une ressemblance physique qu’elle ne saurait expliquer, rien en commun avec elle. C’était une imposteuse, qui se répandait en mensonges et rumeurs, pour venir pervertir l’esprit des autres, rien de plus.

« Tant d’arrogance, et d’obstination. J’ai été comme ça, moi aussi… Aveugle de ma propre condition, et du contrôle qu’il avait sur moi… Je ne pensais pas qu’il aurait suivi le même processus avec toi… » lança Jade sans la regarder, tout en se frottant les mains, après avoir remarqué le changement d’attitude de l’impériale.

Shira, elle, renifla. Elle avait envie de lui sauter la gorge, d’en finir dès à présent, sans parvenir à succomber à ces tentations, une vague de calme l’envahit pleinement, et ses muscles se détendirent aussitôt, comme si cette pique n’avait finalement que peu d’importance… Elle tentait de se jouer d’elle, sans doute grâce à des informations qu’elle ignorait, probablement issues du futur.

« Ça me fait une belle jambe… » parvint-elle malgré tout par dire en levant les yeux vers le plafond.

Shira finit par reporter son regard sans y songer vers la jedi rousse, comme si malgré son indifférence, elle se devait de garder un œil sur son comportement. Toujours légèrement détachée de la situation, elle retourna s’asseoir sur le rebord de son matelas ferme et fin, l’air lasse. Une part d’elle-même se demandait comment cette femme pouvait savoir autant de choses sur elle, mais cela lui paraissait aussi tellement tiré par les cheveux qu’elle ne trouvait pas la force de s’en donner la peine. Ce qu’elle avait besoin de savoir, c’était la réelle raison de sa venue, hormis pour vouloir lui retourner la tête avec ces idées farfelues…

Mara Jade s’était décalée, pour rester face à elle, tirant la chaise en plastique de devant le petit bureau pour venir s’asseoir plus confortablement. Là, elle soupira, avant de relever la tête vers l’impériale. Le duo se regarda alors en chiennes de faïence pendant un long moment, sans rien dire, chacune à la recherche d’un petit détail qui pourrait ouvrir la carapace de l’autre. Shira en profita pour contempler un peu mieux ce visage si familier, et pourtant parfaitement étranger, avant que Mara ne finisse par rompre le silence sur un ton plus confident.

« Ecoutes, j’ignore s’il est présent dans ta tête à ce moment même, à nous observer, mais je suis certaine d’une chose, Shira. »

L’impériale inclina la tête et se redressa un peu, en posant ses mains en appui de part et d’autre, sur le rebord du lit. Ah, on y était peut-être enfin. La véritable raison de sa venue. A moins que ce ne soit une nouvelle affabulation de plus…

« Tout comme notre comportement, cette ressemblance physique n’est pas anodine. L’Empereur… Il nous a… »

Shira, qui avait commencé à se pencher en avant en anticipation de ce que Mara Jade allait bien vouloir révéler, finit par faire un bond lorsque la Force se déchaina subitement devant elle, enveloppant la rousse venue l’interroger pour l’aspirer dans un fracas aussi assourdissant que violent, projetant la chaise et toutes les affaires reposant sur le bureau haut dans les airs, et à travers toute la pièce. S’étant protégée le visage par instinct, sonnée, la Main de l’Empereur resta sidérée de voir que la Jade avait tout simplement disparue, et fit quelque pas en avant pour se porter à l’endroit où elle s’était trouvée jusqu’à présent, alerte et définitivement tendue. Elle regarda autour d’elle, avant que la porte ne vienne subitement s’ouvrir, pour laisser apparaitre un duo de gardes tout aussi désemparés qu’elle, le souffle coupé.

L’impériale se recula aussitôt, écartant les mains pour signaler que ce n’était pas de son fait, l’un des rebelles demandant fermement de lui expliquer ce qu’il venait de se passer, avant de réaliser que si Jade avait disparu, cela ne pouvait pas être du fait de la prisonnière. L’autre, qui était rentré dans la pièce, en fit le tour et commença à chercher une arme, avant de retourner vers son collègue, bredouille. Shira, elle, resta interdite… C’était la première fois qu’elle assistait en personne à l’apparition d’une de ces failles. Pourtant, elle ne parvenait pas à chasser du coin de ses lèvres ce petit air narquois qui n’avait rien à faire là….