Se reconstruire

Ils étaient assis l’un en face de l’autre, à une petite table. Solian se sentait un peu perdu… Il parvenait, maintenant, à bien se souvenir de son nom et de son âge, à s’orienter à peu près seul et certains réflexes lui revenaient peu à peu. En revanche, il souffrait toujours de troubles de la mémoire et de l’attention, accompagné de certaines angoisses nocturnes. Une paralysie du sommeil, entre autres, qui s’était déclarée il y a quelques temps. Le médecin ne cessait de lui dire qu’il y avait pourtant eu beaucoup de progrès qu’il devait être patient et qu’il était impossible de tout réussir en un jour. Néanmoins, le commandant se sentait très inutile et ça lui pesait. Il avait du mal à comprendre pourquoi il n’avait pas encore été viré et combien de temps encore tout ça allait durer. Pour le moment, il travaillait, avec le médecin et des cartes, sur ses troubles de mémoire. Avec patience, son interlocuteur enchaînait de petites séries.

"Bien," dit-il après une heure en rangeant les cartes. "Il y a une amélioration de deux points, par rapport à hier. Avez-vous vu le… Commandant ? Commandant, vous m’écoutez ?"

"Heu, oui ?"

"Avez-vu le psychiatre, ce matin ?"

Un moment d’hésitation… Solian grimaça un peu, tentant de se souvenir de ce qu’il avait fait, ce matin-même, avec difficulté. Il avait… vu… Au bout de quelques minutes, dans un silence devenu angoissé, le médecin lui serra un peu le poignet et lui dit que ce n’était pas grave. Puis il se leva et l’accompagne dans la salle juste à côté, pour l’inciter à un peu de remise en forme, physique cette fois, mais aussi pour voir du monde et tenter de discuter. Solian ne le réalisait mais tous les jours, le même rituel. Du travail sur la mémoire et l’attention, le sommeil, les angoisses, des exercices physiques, des efforts pour retrouver ce qu’il avait perdu et une lutte quotidienne pour ne pas juste se laisser aller. Il ne réalisait pas non plus les efforts accomplis au fil des semaines, puis des mois, une pente bien longue à remonter. Retrouver sa propre identité et s’y tenir avait été un grand pas en avant, dont il peinait lui-même à se rendre compte.

Dans la salle, quelques personnes, la plupart occupés à des rééducations suite à des blessures, quoi qu’il n’y avait rien de bien grave ou de très lourd, selon ce qu’il pouvait en voir. Un seul infirmer, qui expliquait il ne savait quoi à un homme un peu plus loin. Solian s’installa à genoux sur l’un des tapis de sol, regardant ses mains qui tremblaient forts. A nouveau, le sentiment d’inutilité complète l’envahit. Il avait été un… soldat… Il s’en souvenait, il se souvenait d’avoir été dans un vaisseau, comme soldat, mais il n’arrivait plus à se rappeler quel travail exactement il avait mené. Il se souvenait d’un espace avec pas mal de personnes et de nombreux postes de commandes… Et d’un moment où il donnait une direction à prendre. C’était flou. Comme appartenant à une autre vie. Mais des fois, les médecins l’appelaient par un grade, il avait du mal à le fixer dans sa tête. Une ombre passa tout à coup près de lui et il releva les yeux.

Cet homme-là, il ne le connaissait pas. Mais il était ravagé du visage, avec un appareil respiratoire en plus. Un homme qui s’assit à son tour, sur les tapis de sol. Solian, qui avait déjà oublié ce qu’il était venu faire ici initialement, le regarda en se demandant comment on pouvait bien collectionner autant de cicatrices sur aussi peu de peau ? C’était étonnant, ça. Il avait peut-être reçu de l’acide… Sur le visage… Il découvrit une seconde fois l’appareil respiratoire du monsieur, clignant des yeux et tentant de se concentrer.

"Vous avez été brûlé à l’acide ?"

Les nouvelles prothèses fonctionnaient bien, maintenant, elles étaient même plus légères et souples que les précédentes. Ce qui donnait un effet parfois bizarre car, habitué à y mettre plus de force pour compenser les inconvénients des précédentes, il en mettait maintenant trop sans le vouloir. De fait, il avait déjà failli blesser quelqu’un sans le vouloir, pour une fois, sans oublier de se blesser lui-même. C’était… très agaçant. Ça passera vite, évidemment, mais pour le moment, c’était usant. Bref, au moins, cette affaire-là était réglée. Ce qui ne l’était pas encore, c’était la guérison complète des brûlures reçues et les poumons, encore, qui avaient bien du mal. S’il n’avait pas déjà été habitué à tout ça, il aurait pu en déprimer bien plus. L’inactivité terrible avait beau lui peser, il n’était pas encore reparti en chasse comme s’il était déjà guéri. Quoi que la tentation était grande.

Ce qui l’avait bien plus énervé, ces derniers jours, c’est lorsqu’il avait appris ce qui s’était passé sur la petite planète et ce qu’avait fait ce crétin d’instructeur. Cet imbécile avait bien faillit faire tuer celle qu’il avait à peine repérée, pour son équipe, et qu’il voulait intégrer aux futures missions ! L’officier qui lui avait raconté ça s’était empressé d’ajouter que le lieutenant avait déjà été sanctionné, le répétant trois fois à toute vitesse, alors qu’Anakin sentait démanger une envie de plus en plus grande d’aller faire craquer le si fragile petit cou de cet abruti. L’aurait-il eu devant lui à ce moment-là que cet incapable n’aurait même pas eu le temps d’ouvrir la bouche pour s’expliquer. Ou juste pour laisser échapper un râle de douleur. Depuis quand laissait-on des novices foncer seuls dans ce genre de danger ?! Pour le plaisir de les tuer ou pour faire foirer une mission entière ?

En arrangeant un peu la prothèse, tout en maugréant toujours contre l’autre incapable – sûrement déficient mental d’ailleurs – son regard tomba sur un autre officier, juste arrivé dans la salle, assis par terre et l’air un peu perdu. Celui-là, on lui avait déjà raconté ce qui lui était arrivé… Malgré son état actuel, Anakin avait déjà plus de respect pour lui qu’il n’en avait pour les ratés inconscients. Il alla s’asseoir sur les tapis de sol près du commandant, pour voir s’il allait un peu mieux ou si c’était encore compliqué. A première vue, plutôt la seconde option. Il était paumé et ça se voyait très bien. A se demander même s’il savait ce qu’il était venu faire dans cette pièce, exactement. Anakin voudrait bien savoir quelle technique de torture mentale avait été utilisée, contre cet homme, si c’était ou non un usage de la Force. Le savoir était important, pour mieux connaître cet ennemi… Mais comment obtenir la réponse ? Il doutait que cet homme puisse en parler.

"Vous avez été brûlé à l’acide ?"

Anakin cligna légèrement des yeux, pris de court. Ça, c’était vraiment la dernière question à laquelle il se serait attendu ! Il fallait bien dire aussi que personne ne s’était encore jamais permis la moindre remarque ni question sur sa tête, soit par crainte, ce qui était la majorité, soit par politesse, dans de plus rares cas. Mais cet homme-là ne pouvait pas réaliser la portée de sa question… Déjà qu’il réalisait à peine qui il était, lui-même…

"Brûlé par le feu," répondit-il simplement.

Et lui avait eu l’esprit brûlé par ses adversaires, somme toute. Ça faisait partie des points importants à observer, est-ce qu’un adversaire s’en prenait d’abord aux civils ou non, puis en cas de capture, contre une armée, choisissait-elle de s’en prendre au chef en premier lieu ou à ses hommes, au hasard ou pas. Ceux-là, même s’ils n’avaient eu quelques jours de tranquillité, s’étaient concentrés sur le commandant. Ils auraient eu tout loisir de s’en prendre aux autres, de commencer en tout cas, s’ils l’avaient voulu.

"Vous souvenez-vous de ce qui est arrivé ? De ce qui vous est arrivé ?"

Le feu… Quel feu ? Solian retint une grimace, avant de relier avec un peu de difficulté cette réponse avec l’état du visage de cet homme. Après un très bref moment d’absence, un blanc, finalement, dont il ignorait la durée. Mais c’était passé. Ces blessures, avec du feu, il avait compris. Il hocha la tête, silencieux. Il ne parvenait pas à se souvenir s’il avait déjà rencontré cet homme, alors que lui avait l’air de savoir qui il était. C’était troublant… Mais il y avait beaucoup de personnes qui lui parlaient comme s’ils étaient de vieilles connaissances ou encore comme s’ils se voyaient régulièrement. Alors Solian essayait de faire comme s’il arrivait à se rappeler d’eux. Parfois, un nom ou un visage s’imposait et il remettait son interlocuteur. Parfois, tout restait très flou. Avec son interlocuteur du moment, c’était bien ça. Incapable de savoir s’il l’avait déjà vu. où. Dans quelles circonstances. Quel était son nom. Il n’osait le lui demander.

"Vous souvenez-vous de ce qui est arrivé ? De ce qui vous est arrivé ?"

Un petit frisson lui remonta depuis le bas du dos jusqu’à la nuque et le fit frémir. Il détestait qu’on lui pose cette question et en même temps, n’arrivait pas à échapper à ça. Le psychiatre ne cessait de lui dire qu’il devait l’affronter pour se maîtriser et s’en sortir, mais ça faisait si mal ! Et puis, il ne se souvenait pas de tout. Il ignorait comment il en était arrivé là et pourquoi… Il ne se souvenait pas du tout ce qui s’était produit avant ces moments douloureux sur cette planète. Ni même avec qui il se trouvait à ce moment-là. Parfois, il rêvait d’un… Un vaisseau, peut-être un vaisseau de guerre, mais c’était si flou ! Il rêvait souvent de ce vaisseau et de personnes qui passaient… Dedans comme si… C’était trop vague… Il ne savait même pas s’il s’agissait de cauchemars ou de la réalité. Mais d’autres souvenirs, eux, étaient remontés et il était certain qu’ils étaient vrais. Il le ressentait.

"Les…" hésita-t-il en essayant de se concentrer. "Les créatures voulaient que je… Je devais ordonner à quelqu’un de se… rendre ?"

Il se rappelait de leurs injonctions et de leurs menaces… Il se rappelait de la douleur ressentie et de leurs questions pressantes sur son rôle, ses fonctions, ce qu’il devait faire et ce qu’il pouvait ordonner à d’autres de faire. Pourtant, il ne parvenait pas encore à comprendre pourquoi ces monstres avaient exigé de lui qu’il demande à d’autres de coopérer. Son esprit commençait à peine à associer le grade qu’on lui donnait sans cesse à cette situation, avec les deux monstres, mais avant que le lien ne se noue dans son esprit, cette considération disparu comme elle était venue. Rattrapé par un nouveau moment d’absence, déroutant, détruisant une nouvelle fois ses repères. Il regarda autour de lui avec un léger début de panique, avant de se sentir en relative sécurité, étant donné qu’il n’y avait aucune trace de ces créatures et que personne ici ne semblait très menaçant. Des souvenirs, ou ce qu’il croyait en être, persistaient à s’imposer dans son esprit.

"Ils voulaient que je coopère," reprit-il, le regard dans le vague. "Pour… Je ne sais pas… Ils disaient qu’ils allaient s’en prendre à… mes hommes… Je commandais des hommes ?"

Cette fois, il parvint vraiment à faire le lien entre ceux ici qui l’appelaient commandant et ces créatures qui n’avaient eu de cesse de lui ordonner de dire à ses hommes de coopérer. Ce fut comme une révélation, comme si une part de son esprit s’éclairait d’un coup d’un jour nouveau. Mais moins d’une minute plus tard, le mal de tête s’accentua et il peina à bien accrocher ce fait dans sa mémoire. Au milieu de ce flou, il ne savait pas très bien comment intégrer qu’il devait être commandant.

"Quel est ce… Je suis commandant ? Où sommes-nous ?"

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Dés : concentration, 7 ; se souvenir, 4

S’il comprenait bien ce début de réponse, ça sous-entendait qu’il avait dû refuser de se rendre et d’abandonner ses hommes au passage, c’était bien ça ? Bonne nouvelle, donc ! Il n’y avait vraiment pas de quoi être honteux ! Si les incompétents pouvaient être abattus sans que ça ne lui pose le plus petit problème de conscience, il trouvait en revanche toujours détestable que les bons officiers soient jetés comme des moins que rien. Par contre, il n’arriva pas à comprendre pourquoi le commandant eut d’un coup un mouvement de panique, avant de se calmer presque aussitôt. Anakin se redressa pour regarder autour d’eux et chercher ce qu’il pouvait bien trouver de dangereux dans les parages. Un tout jeune s’exerçait à marcher, appuyé contre deux barres parallèles, un autre se faisait examiner le bras par un infirmier, une attelle posée à côté de lui et un troisième se frottait les yeux, assis dans un coin. Rien de bien menaçant.

"Ils voulaient que je coopère. Pour… Je ne sais pas… Ils disaient qu’ils allaient s’en prendre à… mes hommes… Je commandais des hommes ?"

"Exact."

Très fatigué, encore, le garçon… Anakin ne savait plus très bien depuis combien de temps, déjà, il était là, on avait dû lui dire, pourtant… Il pensait que ça faisait bien quelques mois entiers, malgré tout. Après la pandémie, ça, c’était certain. Finalement, ceux qui avaient traversé la pandémie avaient pu être soignés plus vite que cet homme n’allait l’être. Quel gâchis, quand même, dès que ça touchait mentalement… Il secoua légèrement la tête, en le voyant se recroqueviller un peu sur lui-même, comme s’il venait d’être frappé. Ou qu’il avait mal quelque part. Même s’il était lui-même du genre perturbé, tout le monde s’accordera facilement là-dessus, il n’avait pour autant pas d’expérience avec d’autres personnes troublées. Il n’en avait même pas rencontré ! Bon, à part le cinglé des microbes. Dans l’armée, les gens souffrant de troubles à cause de combats ou de stress post-traumatique étaient envoyés d’office dans les hôpitaux militaires.

"Quel est ce… Je suis commandant ? Où sommes-nous ?"

"Vous êtes commandant. Vous dirigiez une corvette, si j’ai bien retenu. Selon le docteur, vos hommes continuent de venir vous rendre visite régulièrement. Vous vous souvenez ?"

C’était comme tenter de rattraper quelqu’un qui chutait dans le vide en essayant de lui faire saisir les accroches de la réalité… Extrêmement bizarre… Et lui n’avait absolument aucune expérience dans ce domaine-là, pas alors qu’il doutait lui-même, bien souvent, de sa propre réalité et regrettait pas mal d’événements s’y déroulant. Plus fréquemment encore, il se demandait si ça ne vaudrait pas mieux, justement, de lâcher prise et se laisser sombrer entièrement dans les ombres ou la folie pure, pour moins souffrir de la vie réelle. Voir Simoor dans cet état lui faisait reconsidérer ce désir… Si c’était pour terminer dans ce triste état, mieux valait s’accrocher à une réalité douloureuse que se laisser complètement aller.

"Nous sommes sur Nirauan," reprit-il en essayant de rester le plus simple possible. "Une petite planète. Dans une base militaire. Il y a des soldats, ici, vous faites partie d’une armée."

Pas sûr qu’il se souvienne qui étaient ses supérieurs directs, d’ailleurs… S’il peinait déjà à se rappeler de son propre rang… Il fallait bien dire aussi que dans cette aile de la base, il voyait surtout des personnes en blouse blanche et des patients en tenue d’hôpital ou tenue civile. Pas d’uniforme en vue, mis à part pour les visiteurs, évidemment.

"Vous devez vous rappeler du vaisseau que vous commandiez ?"

"Vous êtes commandant. Vous dirigiez une corvette, si j’ai bien retenu. Selon le docteur, vos hommes continuent de venir vous rendre visite régulièrement. Vous vous souvenez ?"

Il se recroquevilla un peu plus sur lui-même, ramenant ses jambes contre lui, le dos un peu rond, une main contre la tempe et l’autre serrée contre lui. Il se souvenait de… Il y avait une personne qui venait le voir, il se rappelait. Elle venait souvent. Mais il ne se rappelait plus de son nom. Ni des autres visites. Il savait qu’il y en avait mais les noms, les visages, les paroles échangées, tout ça était trop flou, trop indiscernable. Il avait l’impression de… D’ombres flous passant à proximité mais qu’il n’arrivait pas à saisir. Le nom de la planète resta lui aussi creux dans sa mémoire, il ne se rappelait pas. Ni du nom de l’armée, où elle opérait. Il était… Il était commandant, lui. Les yeux fermés, à présent, il baissa la tête contre ses genoux, avec l’espoir de faire passer le mal de tête. Des images allaient et venaient, il ne savait pas vraiment lesquelles étaient réelles.

Mais le vaisseau qu’il… commandait… Il pensait que c’était celui dont il rêvait sans cesse… Il le décrit à voix très basse, à son interlocuteur… Les yeux toujours fermement clos. Les images continuaient de défiler. Puis une, plus nette, se détacha des autres. Un bureau, très calme, des documents, des écrans… Puis d’un coup, une violente secousse. Il grimaça encore plus, mettant l’autre main contre sa tempe aussi, les dents serrées. Il voyait des… Il y avait des cris et des soubresauts, ils étaient… attaqués ? Il vit aussi une femme, à la peau bleue et aux yeux rouges, le ventre gonflé, qu’il tirait par le poignet en lui disant qu’elle devait se mettre à l’abri. Qui était-elle et pourquoi… Pourquoi sur un vaisseau de l’armée ? Il la connaissait ? Il rouvrit les yeux et redressa à peine la tête, pour regarder l’homme défiguré. Si… Si c’était réel, alors c’était grave.

"Il y avait une femme civile, pendant l’attaque," bredouilla-t-il. "Une, elle… Je ne sais plus son nom… Elle était enceinte et là-bas…"

Dans son esprit embrouillé, un sentiment de danger et d’urgence pointa comme un éclair, le poussant à se redresser puis se lever tant bien que mal. Il tituba très légèrement avant de se stabiliser à nouveau, le souffle court mais pas encore prêt à faire un malaise. Très bien, et maintenant, par où commencer ? Il n’arrivait pas à savoir où s’était passée cette attaque mais il y aura sûrement quelqu’un qui saura et qui… Au moins une personne ici devrait savoir ! Cette femme et son bébé étaient en danger, il fallait aller les chercher maintenant !

"Vous pouvez aider ?" reprit-il en se dirigeant vers la porte. "Il faut… je… Elle avait un bébé, ils sont en danger."

Il n’avait pas encore atteint la porte que quelqu’un se dressa tout à coup devant lui, pour l’empêcher de l’atteindre. Solian le fixa, clignant plusieurs fois des yeux, très troublé. Qui… était-ce… Il avait une blouse blanche et lui disait qu’il ne fallait pas partir comme ça, surtout dans « son état ». Son état ? Solian baissa le regard sur lui-même, bougea les bras, un peu les jambes… Il se sentait très épuisé et un peu tremblant, oui, mais il tenait encore debout. Et en plus, il y avait une femme enceinte toute seule dans la nature qui avait été attaquée ! Il bredouilla ça à l’infirmier mais ça ne lui fit pas d’effet, car il le prit par les bras et les épaules pour le repousser en arrière et le faire asseoir dans un petit canapé.

"Il y a une femme dehors, avec son bébé, en danger, je vous dis…"

Normalement, tout devrait être bon… Ewime vérifia une nouvelle fois la petite liste qu’elle avait faite et s’assura que tout était bien rangé dans le colis, avant de le refermer. Des petites préparations, culinaires – surtout des cookies – une carte et le plus important, un livret de partitions avec une flûte neuve, emballée avec soin. Son frère devrait recevoir le tout un jour ou deux avant son anniversaire, si elle avait bien préparé son affaire, ça sera parfait. Ils ne pourront pas vraiment le fêter, il était très pris en ce moment, mais ça ne signifiait pas qu’il ne fallait pas y songer ! Elle avait aussi glissé dans le colis un petit collier fait main pour Famia et une petite peluche pour son adorable nièce. Le colis partira demain, normalement, elle avait juste à le déposer. Elle était en plus certaine que son frère risquait d’oublier son propre anniversaire, ça devrait lui faire du bien au moral. Du moins, elle l’espérait. Il en avait besoin, bien plus qu’elle.

Le second colis était celui destiné à Fartha. Des livres dont elle pensait qu’ils allaient lui plaire, surtout, du chocolat, ce genre de chose. Ce qui avait des chances de lui remonter le moral. Là aussi, elle avait cuisiné les chocolats elle-même, même si elle n’était pas très certaines des goûts de l’ancien Administrateur. Formbi devra lui dire si cela lui avait plu ou non, lorsqu’il retournera le voir, pour qu’elle puisse ajuster. Elle emballa les livres dans du joli papier, pour ajouter de la couleur au tout. A côté, allongé dans son berceau, son fils jouait à attraper ses pieds, durant ce temps. Il venait tout juste de manger, il devrait être à peu près calme encore un moment. Elle termina ce colis là et le posa sur l’autre, avant de passer au troisième et dernier, celui pour Thrass et Lorana. Ils avaient appris il y a très peu de temps l’excellente nouvelle ! Ewime avait d’abord été pas mal surprise, avant de souvenir que les Humaines ne pouvaient espacer, aussi facilement que les Chiss, de plus de dix ans les naissances de leurs enfants.

Pour sa part, malgré son âge, actuel, elle pouvait se permettre malgré tout d’attendre quelques années avant d’envisager la naissance d’un second enfant. D’autant plus maintenant qu’elle était guérie. Ce souci-là enfin écarté, elle n’avait plus la crainte de ne jamais voir son fils grandir. Elle était en plein préparatifs lorsqu’elle reçut un appel. D’un docteur. Mmh ? Il expliqua aussitôt la raison de son appel, la laissant là encore assez surprise. Le pauvre commandant… Laissant le colis pour le moment, elle prit Feoda dans ses bras et l’embrassa, en le tenant contre elle. Son bébé tournait bien la tête, maintenant, quand elle le tenait comme ça. Tous les deux sortirent ainsi, dans les couloirs de la base. Jusqu’à l’aile médicale, puis dans la salle où le commandant se trouvait, avec le général Skywalker et un infirmier. Ce n’était pas la première fois qu’elle rendait visite à monsieur Simoor, ni la première fois qu’elle lui présentait son fils, mais il n’était pas certain qu’il s’en rappelle, le pauvre.

« Bonjour à tous. Bonjour, commandant, » sourit-elle doucement, en s’asseyant sur le siège que l’infirmier poussa vers elle.

Elle trouvait très touchant qu’il s’agite tout à coup ainsi par désir de lui apporter de l’aide, ça prouvait que malgré les troubles, il était toujours bien conscient de son devoir et avait à cœur de le faire. Il pourra certainement reprendre son travail une fois guéri, ça ne faisait aucun doute pour elle. Elle tint son fils contre elle d’une main et posa l’autre contre l’épaule du soldat, serrant légèrement.

« L’attaque est terminée depuis longtemps. Je vais bien, mon bébé aussi, il est né il y a peu de temps. Ne vous angoissez pas. »

Elle remit sa main contre son fils, pour le redresser un peu et essayer de faire en sorte que le commandant le voit bien. Qu’il réalise que le petit était là, en bonne santé, bien éveillé. Surtout curieux de ce qui l’entourait, avec ces gens qu’il ne connaissait pas et un endroit nouveau, pour lui. Elle ne l’avait jamais conduit dans la salle réservée à la rééducation, bien évidemment.

« Il vous regarde, même, » ajouta-t-elle avec un sourire attendri pour son fils. « Vous l’avez déjà vu, il s’appelle Feoda. Vous l’avez même tenu dans vos bras, une fois. »

Il y a une semaine et quelques, environ, elle s’était dit que ça pourrait pousser un peu, que ça allait l’aider à revenir à la raison, mais ça n’avait pas vraiment marché. Il avait été doux mais très vite, une absence l’avait saisi et il avait perdu le contact avec les soignants. Avec la réalité. Un constat alors amer, car il faisait pourtant parti de ceux ayant permis que son fils reste le maximum en sécurité, lors de l’attaque, c’était lui aussi qui avait tout fait pour qu’elle souffre le moins possible, son enfant aussi. Elle voudrait qu’il réalise qu’il n’avait pas fait ça pour rien…

Une femme civile ? Enceinte ? Sur un vaisseau militaire ?! Mais enfin, ce n’était pas possible, ça, par contre ! Il hallucinait pour de bon ? Eeh, oh ! Anakin tendit la main vers lui, pour le rattraper s’il chutait en arrière, alors qu’il s’était brusquement levé. On se calme ! L’aider à quoi, franchement, ce n’était pas possible qu’une civile enceinte se soit retrouvée comme ça sur un vaisseau des FID, qu’est-ce qu’elle aurait bien pu y fabriquer ? L’infirmier présent dans la salle se précipita tout à coup, pour empêcher le commandant de sortir et le faire rasseoir. Rah là là… Il n’allait vraiment pas bien. L’infirmier lui lança alors un regard noir et dit qu’il allait appeler la dame pour régler ça. Que… Hein ? Perdu, Anakin s’écarta, attendant debout près du commandant. Il n’eut même pas à attendre longtemps, d’ailleurs, car une femme vint bel et bien un peu après. Une chiss. Avec un bébé.

Bouche bée, Anakin la regarda s’asseoir, puis fixa le commandant, cette femme, le bébé, encore le commandant, cette femme puis le bébé. Elle… Une minute, elle s’était vraiment trouvée là-bas lors de cette attaque ?! Mais comment était-ce possible ! Et puis, qu’est-ce qu’elle faisait ici, avec un enfant, tout court ? Le père travaillait dans la base ? Et il laissait sa femme enceinte partir sur des vaisseaux de guerre comme ça ?! C’était… Alors là… Il restait stupéfait. Mais il n’était là que depuis très peu de temps, cette femme, il ne l’avait jamais vue et il ne connaissait pas non plus son nom. Oh, ou alors, elle avait peut-être travaillé sur le vaisseau du commandant sans savoir qu’elle était enceinte à ce moment-là. Ça expliquerait tout. L’espace d’un instant, il avait vraiment cru que les femmes enceintes, ici, avaient le droit de partir en missions longues dans cet état. Même l’armée impériale refusait ça.

"Il vous regarde, même. Vous l’avez déjà vu, il s’appelle Feoda. Vous l’avez même tenu dans vos bras, une fois."

Tiens, il se demandait si le père en question avait fait partie de la mission allant récupérer tous ces gens, après… Il y avait des chances. Mais, une minute, ça voulait dire qu’il y avait des familles, qui vivaient dans cette base ?! Des bébés, des enfants, des conjoints ?! Il pencha la tête vers le bébé, avec bien du mal à intégrer l’idée qu’un nourrisson, qui ne devait pas avoir plus de quatre ou cinq mois à vue de nez, puisse vivre dans un centre militaire. Ça ne collait pas ! Le père ne disait rien, là-dessus, ça ne le gênait pas que son fils grandisse là ? Si jamais la base était attaquée, ça serait du propre. Il refoula au maximum ces pensées, pour le moment, en se répétant que ça pouvait aider le commandant à revenir à la raison, alors il n’y avait pas trop de mal. En plus, il n’en savait rien, si elle était ici tout le temps ou juste de passage pour voir le père du bébé.

Jamais il ne se serait douté de ça, en tout cas. C’était tellement décalé. L’infirmier n’était même pas choqué, lui, comme si c’était parfaitement normal de faire venir une jeune mère au chevet d’un soldat blessé. Anakin s’écarta un peu de la scène, pour justement demander à ce brave garçon s’il y avait vraiment des familles, qui habitaient ici. Il hocha la tête en disant que pour le moment, c’était la seule. Ah… Bon, bon, pourquoi pas. C’était étrange mais pourquoi pas. Au moins, les gens normaux avaient le droit de fonder des familles, eux, au contraire des Jedi ! Le jour il verra des Jedi comme Obi-Wan ou Windu faire de même, la galaxie devrait stopper d’exister ! Il reporta ensuite le re regard sur le bébé, sa mère, le commandant… Quand même pas très convaincu… Un gamin, surtout un bébé, ça bougeait beaucoup et ça vous éclatait les oreilles… Alors il allait vraiment aider un soldat à se remettre en forme ? Rien de moins sûr !

"Et donc… Vous êtes venue ici pour rester vivre plus proche du père de ce bébé ? Ou bien, vous êtes un soldat et vous allez reprendre bientôt, c’est le père qui s’occupera du bébé ?"

On aurait presque dit une véritable apparition. Un fantôme de ses pensées flous tout à coup matérialisé en chair et en os. Ce qui était incroyablement perturbant ! Il la regarda fixement, une fois qu’elle fut assise devant lui, sans vraiment y croire. Il avait envie de lui tapoter le bras pour s’assurer qu’elle était réelle et qu’elle était bien devant lui, sans oser le faire. Puis elle le fit elle-même, en posant un instant une main contre son épaule. Elle était… réelle, alors ? C’est lorsqu’elle parla qu’il réalisa la présence du bébé et posa le regard dessus. Une bouffée d’angoisse monta lentement lorsqu’il réalisa, avec difficulté, que si c’était bien elle, ça voulait dire que ce bébé, c’était celui qui était dans son ventre et donc qu’il s’était passé… Déjà des mois… Des mois depuis ce moment où elle était enceinte et aujourd’hui… Des… Des mois entiers… Elle n’était pas du tout prête à accoucher, là-bas, il le savait ! Mais combien ? Combien de mois ?!

"Il vous regarde, même. Vous l’avez déjà vu, il s’appelle Feoda. Vous l’avez même tenu dans vos bras, une fois."

"M… Moi ?"

Il avait déjà tenu un bébé dans sa vie ? Une seule fois… ? Solian cligna plusieurs fois les yeux, dans l’espoir de chasser la brume de son esprit. Puis il tendit très doucement la main vers celle du bébé. Un bébé qui attrapa son pouce avec ses petits doigts et serra, regardant comme s’il avait une curiosité à disposition. Penché vers lui, Solian eu les larmes aux yeux, tout à coup. Ce petit était réel, lui aussi ! Bien vivant, bien réel, comme sa maman. Tout petit… Il ne savait plus pourquoi sa mère et lui étaient sur ce vaisseau mais il se sentait heureux malgré tout. Heureux que ça se termine bien. Une larme roula sur sa joue, alors qu’il regardait l’enfant, en le laissant jouer à serre son pouce ou tapoter dans la paume avec ses petites mains. Ce bébé devait avoir une grande famille, en plus de sa mère… Non ?

Sa mère le laissa même le prendre dans ses bras, alors qu’il était persuadé qu’elle aurait voulu le garder bien contre elle, pour le protéger et le rassurer. Il le fit avec délicatesse, passant une main sous le petit, l’autre dans son dos, en le regardant. Le petit en profita pour tendre la main et essayer de toucher la barbe de trois jours qu’il portait. Mais ça allait le gratter… Il recula un peu la tête puis au bout de deux secondes à peine, le laissa finalement faire… Un voile flou passa devant ses yeux et il se rappela tout à coup, accompagné d’un bon mal de tête, un autre souvenir… Il se trouvait dans une rue piétonne, avec la mère du bébé, un autre homme de la même espèce qu’elle, ils parlaient du voyage retour vers une planète… Une… Elle s’appelait… Nira… Niru… Niran… Ni… Nirauan ? C’était le nom qu’avait prononcé le monsieur brûlé tout à l’heure !

Il se rappelait du vaisseau… Il y retournait en compagnie de la mère de cet enfant, en parlant de… D’un… D’un dossier sur… Il ne se souvenait plus très bien… Ils devaient repartir vers Nirauan et c’était… Au cours de trajet retour qu’ils avaient été attaqués… Le mal de tête s’accentua fortement mais il les souvenirs, eux, revenaient plus lisses et moins voilés. Il se souvenait de marcher dans le vaisseau, parler à ses hommes, parfois à cette femme, puis… L’attaque… Il était alors dans son bureau à travailler sur… Sur… Il ne savait plus… Clignant des yeux, il se renfonça dans son siège, tout à coup distrait par le bébé qui s’amusait à lui tapoter le menton avec sa toute petite main. Il voulait un peu plus d’attention, visiblement. Solian essaya quelques mouvements, pour le bercer, en complète improvisation.

"Et donc… Vous êtes venue ici pour rester vivre plus proche du père de ce bébé ? Ou bien, vous êtes un soldat et vous allez reprendre bientôt, c’est le père qui s’occupera du bébé ?"

Il avait l’étrange sentiment d’avoir la réponse à cette question mais était incapable de la faire resurgir. Il ignorait d’où elle venait, pourquoi il était visiblement parti avec elle sur il ne savait quelle mission ou quelle planète, encore moins pourquoi elle s’était trouvée là en étant enceinte. Il ignorait aussi qui était le père de l’enfant et où il se trouvait. Maintenant qu’il y pensait, il ne pensait pas non plus avoir déjà rencontré d’autres personnes de son espèce, à part elle. Il ne se souvenait plus non plus du nom de son peuple… Mais elle devait être la seule, il en était certain. Ou à peu près. Il pencha de nouveau la tête sur le petit bout, si fragile… Et tellement adorable.

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Jets de mémoire : 3 et 19.

« M… Moi ? »

« Vous, en effet. »

Elle attendit tout d’abord de voir comment il allait réagir maintenant, face à son fils. Patiemment. Sans être déçue, car sa réaction fut très touchante, face à Feoda. C’est pour cela qu’elle le laissa de nouveau porter le petit contre lui, attendrie en voyant son fils essayer de jouer avec lui et le commandant tenter de s’accrocher un peu plus à la réalité grâce à cela. Quand bien même c’était douloureux… Les petites rides crispées au coin des yeux et sur le front dévoilaient sans peine qu’il avait mal à la tête et qu’il était encore très confus. Même le général Skywalker l’était un peu, visiblement, étant donné son attitude. Soit il se demandait ce que faisaient une femme et un enfant dans une base militaire, soit il se demandait par quel moyen improbable cette scène avait bien pu survenir. Entre le commandant qui naviguait à vue dans le brouillard et le général visiblement mal à l’aise, la scène était assez surprenante. Pourtant, tout cela restait bien simple ! D’ailleurs, le général aussi devrait peut-être apprendre à jouer avec de jeunes enfants, ça l’aiderait, étant donné son… Disons, son passif.

« Et donc… Vous êtes venue ici pour rester vivre plus proche du père de ce bébé ? Ou bien, vous êtes un soldat et vous allez reprendre bientôt, c’est le père qui s’occupera du bébé ? »

« C’est bien le papa qui est militaire. Je travaille ici mais je ne compte pas devenir un soldat. »

Feoda, durant ce temps, remuait des jambes contre son porteur du moment comme s’il essayait de marcher. Encore un peu tôt pour ça, mon chaton. Il essayait souvent de le faire mais les mouvements de bras ou de jambes n’étaient pas des plus coordonnées encore. Tout cela viendra en temps et en heure, la parole comme la marche. En journée, il bougeait beaucoup, ce n’était que le soir, après son bain, qu’il était beaucoup plus calme… Et la nuit, ça recommençait. Elle avait vraiment hâte qu’il fasse ses nuits, la fatigue s’était pas mal accumulée. Heureusement que ceux qui ne vivaient pas trop loin d’elle n’avaient pas le sommeil léger, elle s’était déjà excusée auprès de certains pour ça. La plupart, cela dit, comprenaient facilement que son bébé n’était pas une radio et qu’elle ne pouvait pas l’éteindre à volonté lorsqu’il pleurait.

« Vous avez l’air un peu confus de voir des enfants ici, général, » ajouta-t-elle en tournant la tête vers lui. « Cette base est bien protégée, même si tous les risques ne peuvent, bien sûr, pas être écartés d’office. Il y aura certainement d’autres naissances, au fil des années, on ne peut arrêter ce genre de chose, vous vous y habituerez certainement. De plus, une fois que vous serez rétabli, votre travail devrait rarement vous mener auprès des familles ici, si cela vous rassure. »

S’il y en avait bien ici qui pouvait refuser tout net de jouer les baby-sitters, peu importe qui pourra bien lui demander, c’était lui. Mis à part le colonel Yularen également… En-dehors des ces deux-là, elle visualisait mal qui pourrait opposer une fin de non-recevoir à Thrawn sur le sujet, sans que ça ne leur pose de soucis. D’autant plus que l’ex bras droit de l’Empereur avait déjà fait parler de lui depuis son arrivée, elle avait entendu les rumeurs. Il fallait bien se dire qu’il avait du mal à agir comme tout le monde…

« Sauf si cela vous tente d’apprendre à jouer avec un enfant, bien entendu., »

"C’est bien le papa qui est militaire. Je travaille ici mais je ne compte pas devenir un soldat."

Mmh… Donc elle vivait là avec son bébé et le père était militaire, d’accord… Très bien, très bien… Il croisa les mains derrière le dos, sans vraiment savoir quoi dire devant le spectacle du commandant qui en pleurait à moitié et le petit qui agitait bras et jambes. Les enfants, quand c’était plus grand, ça allait, on pouvait parler avec eux et autres choses, mais aussi petit, ça ne lui inspirait pas grand-chose. Les bébés et les tous jeunes enfants, ça ne lui inspirait pas grand-chose ! Celui-là, il gigotait dans tous les sens et produisait une série de petits sons sans aucun sens, il piaillait presque et en plus, on ne pouvait comprendre ce qu’il disait. Sans compter qu’à cet âge, ça vous hurlait dans les oreilles… Non, vraiment, les enfants, c’était bien lorsqu’ils étaient un peu plus âgés ! Ici, mmph… Elle avait le même sourire que Padmé… Le même sourire doux et presque béat en parlant de son bébé… Mais Anakin avait bien du mal à comprendre cette joie… Il se sentait attaché à ses enfants, adultes, mais il n’avait pas ressenti ça lorsqu’ils étaient dans le ventre de leur mère… Les bébés…

"Vous avez l’air un peu confus de voir des enfants ici, général. Cette base est bien protégée, même si tous les risques ne peuvent, bien sûr, pas être écartés d’office. Il y aura certainement d’autres naissances, au fil des années, on ne peut arrêter ce genre de chose, vous vous y habituerez certainement. De plus, une fois que vous serez rétabli, votre travail devrait rarement vous mener auprès des familles ici, si cela vous rassure."

"Oh mais je n’ai aucune intention de jouer les nounous, pour qui que ce soit, de toute manière."

Et puis encore ? L’Empereur en personne lui aurait demandé qu’il aurait refusé ! Absolument personne, dans cette galaxie entière, ne pourra exiger de lui qu’il joue les baby-sitters. Encore moins pour une de ces petites choses, bleues ou roses, peu importe, qui gigotaient et bavaient ! Il s’imaginait déjà très mal s’occuper de ses propres enfants à cet âge-là alors s’occuper de ceux des autres, encore moins. De toute façon, ce gamin avait déjà ses deux parents alors tout allait bien pour lui. Il porta un regard un peu blasé sur cette femme à la petite réflexion qu’elle ajouta mais se contenta ensuite d’un signe de dénégation polie. Nul besoin, dans son existence, d’apprendre à jouer avec un bébé ! A quoi cela pourrait bien lui servir ? En revanche, le commandant, pour sa part, avait l’air tout à fait ravi et ému de jouer avec ce bébé. Anakin se rassit finalement, auprès d’eux trois, avec un léger soupir. Une mère, son bébé, une base perdue, des déserteurs partout… Il n’y avait absolument rien de normal, dans un contexte pareil.

"Depuis quand un homme, quand il fait partie de l’armée, laisse sa femme le suivre comme ça ? il n’y a pas de meilleur endroit, pour élever un enfant ?"

Il essayait de grimper contre lui ou marcher, le petit chaton ? Solian lui sourit puis le mit « debout » contre lui, en continuant bien sûr de lui soutenir la tête et le dos, pour voir s’il allait marcher. Enfin, marcher, comme un petit bout de cet âge le pouvait, bien sûr. C’était fou comme la simple présence d’un bébé l’apaisait… Il se sentait beaucoup moins tendu et sur les nerfs… Beaucoup moins stressé. Même son souffle s’était adouci. Lorsque la maman reprit la parole, alors qu’il n’écoutait qu’à moitié car tout suivre était très difficile, un autre souvenir vint gratter la surface de sa mémoire. Un souvenir ou plus des images globales, des… Il pensait que c’était cette base. Il se voyait y marcher et d’autres personnes ici, il entendait, comme des échos, des demandes, des ordres, des rires, des préparations de plan, des descriptions d’entraînement ou de rapports… Il cligna un peu des yeux, laissant ces images-ci s’évaporer lentement, pour en revenir au moment présent. A peu près sûr, maintenant, de savoir où il se trouvait. Même s’il avait du mal à fixer, dans son esprit, le rôle exact qu’il y avait tenu.

La question du général grand brûlé appela un autre écho, dans sa mémoire. Il savait… Il savait, finalement, qui était le père… C’était… Il lui fallut un effort de concentration plus important et une migraine accentuée avant qu’il n’arrive à se souvenir de l’identité du père. Se souvenir que ce n’était pas « officiel » mais que chacun le savait officieusement, désormais. Il se souvenait d’avoir reçu des ordres, venant de lui, avant de partir pour… une… mission diplomatique… ? Donc ça devait être un de ses chefs. Mais il ne parvenait plus à savoir son rang. A force d’efforts de concentration, il se rappela mieux des traits de visage de cet homme, il pensait se souvenir de son nom aussi mais n’en était pas certain. Le grade continuait de lui échapper complètement. Tout ça était très confus mais dans le même temps, il avait le sentiment de mieux se rappeler. Un état parfaitement contradictoire, somme toute, qui le bouleversait beaucoup. En regardant le bébé et lui sourire, il pensa alors qu’il pourrait peut-être juste demander. Tout simplement.

"Je crois que je connais… Votre mari, madame. Je… Je crois que c’est lui qui m’a envoyé dans une mission diplomatique… Je ne sais plus où et pour faire quoi… C’est un homme comme vous avec une tenue blanche…"

Il essayait très sincèrement mais c’était incroyablement difficile. Faire le lien entre ses souvenirs était un exercice très chaotique, il avait du mal à relier les événements entre eux, mettre bout à bout des brides de souvenirs pour reformer un ensemble cohérent. Dans ce mélange infernal, il restait incapable de dire ce qui s’était passé avant quoi, encore moins de fournir un récit détaillé. On pourrait décrire ça comme un gros paquet de petites briques, censées former ensemble une maison solide, mais qui ressemblaient encore à un champ de ruine avec des fondations brisées. Il se souvenait du nom du père mais pas du grade. Il se souvenait de son propre grade mais pas du travail allant avec. Il se souvenait de qui était cette femme mais plus de comment il l’avait croisée et pourquoi. Et encore d’autres choses, sans cesse, c’était affolant. Cependant, pas d’énervement. Il n’y arrivait juste pas, en devant tenir un enfant avec délicatesse.

"Quel était le… Cette mission devait servir à quoi ? Pour qui ?"

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Jets de mémoire :6 et 4

L’humour ne prenait pas, dommage, il n’était pas très détendu, cet homme, même s’il resta poli devant elle. Il se rassit enfin, d’ailleurs, après avoir usé le tapis à force d’y faire des allers-retours depuis tout à l’heure. Il était même plus sur les nerfs, maintenant, que le commandant lui-même, un véritable exploit ! Même l’infirmier, toujours à côté d’eux mais silencieux, semblait bien le remarquer, au regard qu’il lui lançait. Elle se demandait, tout à coup, si quelqu’un allait oser proposer une petite séance de psychanalyse, au général, avant qu’il ne quitte l’hôpital pour de bon. Ce serait assez amusant à voir, même s’il y avait peu de chance. Il faudrait déjà qu’une personne ose le proposer, que le général accepte de parler à quelqu’un et enfin que la personne l’écoutant soit capable de comprendre ce qu’il avait pu traverser. Sans connaître grand-chose des pouvoirs qu’il avait, ça semblait impossible.

« Depuis quand un homme, quand il fait partie de l’armée, laisse sa femme le suivre comme ça ? Il n’y a pas de meilleur endroit, pour élever un enfant ? »

« Je ne lui avais pas demandé, de prime abord, j’ai simplement voulu venir. Il y a sûrement de meilleurs endroits mais étant donné des circonstances anciennes et d’autres plus actuelles, celui-ci convient parfaitement. »

L’exil était une variable difficile oublier, dans toute cette équation… De toute manière, même sans elle, avec les remous connus par l’Ascendance ces derniers temps, elle aurait du mal à se sentir en parfaite sécurité sur Csilla et même sur Svarchi. Au moins, sur Nirauan, personne ne s’en prenait à elle ou à son bébé, personne ne lui reprochait d’avoir un enfant sans être mariée et personne non plus ne s’offusquait sur le fait que Thrawn soit le père. Ils n’avaient jamais fait d’annonce officielle, bien sûr, mais c’était le genre de rumeurs qui finissait par se répandre tôt ou tard. Mais elle n’avait pas à s’en inquiéter, c’était un poids en moins.

« Je crois que je connais… Votre mari, madame. Je… Je crois que c’est lui qui m’a envoyé dans une mission diplomatique… Je ne sais plus où et pour faire quoi… C’est un homme comme vous avec une tenue blanche… »

Oh, il commençait à mieux se souvenir ? Une lueur d’espoir tout aussi grande s’alluma également dans le regard de l’infirmier, qui avait eu un large sourire. C’était très encourageant, s’il commençait à se rappeler peu à peu de ceux qu’il avait côtoyé au travail ! Même s’il n’était pas encore très sûr de lui, ce n’était pas grave, tant qu’il continuait de progresser pas à pas. L’infirmier avait tiré un petit carnet de la poche de sa blouse et prenait quelques notes, avec toujours un sourire au coin des lèvres. Des mois et des mois d’un travail long et acharné, pour l’aider à retrouver la mémoire, quitter la dépression, retrouver ses capacités… Elle n’imaginait qu’à peine la dose de travail exigée pour ce faire. Le commandait gardait cependant un air très confus et une attitude troublée. Si ses gestes restaient doux avec Feoda, toute son attitude continuait de hurler son malaise général. Ça devait être évident pour tous qu’il n’était qu’à moitié avec eux, qu’une part de son esprit restait coincée dans les troubles internes l’agitant en permanence.

« Quel était le… Cette mission devait servir à quoi ? Pour qui ? »

« Il s’agissait d’une mission diplomatique, devant débuter des négociations entre cette armée et mon peuple. Vous étiez alors en charge de m’escorter, durant le voyage aller et retour. Vous avez également eu un rôle de représentant militaire, durant la réunion. Vous y avez assisté avec moi. »

Elle se doutait bien que le pauvre homme ne devait pas en avoir le moindre souvenir, pour le moment. Ce n’était pas grave, de toute manière. Le travail qu’il avait été engagé avait été repris par d’autres peu de temps après son hospitalisation et bien des choses s’étaient mises en place depuis. Comme il semblait très confus, elle se rapprocha un peu, essayant de se montrer plus claire et rassurante.

« En premier lieu, ce voyage où, avec moi, vous avez travaillé comme diplomate et négociateur. Ensuite, l’attaque… Puis votre retour ici et le temps que vous avez passé à l’hôpital. Dans cet ordre. »

"Je ne lui avais pas demandé, de prime abord, j’ai simplement voulu venir. Il y a sûrement de meilleurs endroits mais étant donné des circonstances anciennes et d’autres plus actuelles, celui-ci convient parfaitement."

Ah… D’accord… Pourquoi pas… Pas très convaincu mais pourquoi pas, de toute façon, au point ils en étaient… Le commandant choisit ce moment-là pour se réveiller un peu. Quoi que réveiller était un mot un peu fort, dans son cas, mais il se redressa. Pour lâcher une autre information qui laissa Anakin complètement stupéfait. Il le fixa en s‘attendant à ce qu’il plaisante, puis comprit qu’il n’était vraiment pas en état de plaisanter, avant de baisser un tout autre regard sur le bébé. Mais une minute… L’amiral était plus vieux que lui, non ? Et il avait quand même fait un enfant malgré son âge ? Ça vivait combien de temps, les gens de son espèce… ? Bah tiens, en tout cas, ça expliquait mieux d’un seul coup pourquoi sa femme était là ! Un bébé… Il avait fait un bébé, lui aussi… Le pauvre, il n’y avait plus qu’à lui souhaiter d’avoir plus de chance avec son bébé que lui-même n’en avait eu avec les siens…

"Quel était le… Cette mission devait servir à quoi ? Pour qui ?"

"Il s’agissait d’une mission diplomatique, devant débuter des négociations entre cette armée et mon peuple. Vous étiez alors en charge de m’escorter, durant le voyage aller et retour. Vous avez également eu un rôle de représentant militaire, durant la réunion. Vous y avez assisté avec moi. En premier lieu, ce voyage où, avec moi, vous avez travaillé comme diplomate et négociateur. Ensuite, l’attaque… Puis votre retour ici et le temps que vous avez passé à l’hôpital. Dans cet ordre."

Il y avait plutôt intérêt à ce que l’Empereur Sidious ne soit pas au courant de ce « petit » détail… Un détail vraiment très perturbant… De tous ceux et celles qu’il avait rencontré dans sa vie, Thrawn avait toujours et sans conteste fait partie de la liste de ceux qu’il ne pouvait imaginer avoir une famille. Une liste dont faisait aussi partie Obi-Wan, évidemment. Ça ne collait pas ! C’était juste trop… Bizarre… Même en sachant que c’était pourtant bien son fils, Anakin restait incapable de l’imaginer embrasser une femme et encore moins porter un bébé dans ses bras. Il y avait un très gros problème d’incompatibilité avec la réalité ! Et pourquoi pas l’imaginer donner un biberon, pendant qu’on y était ? Il tenta bien de s’imaginer ce que ça pourrait donner… Et c’était bien trop déroutant pour sa propre santé mentale. En plus, si c’était son fils, ça ne le gênait pas, qu’il soit dans les bras d’un de ses officiers, comme ça ? Même pas un peu ?

Une fois de plus, il se demanda s’il n’était pas devenu complètement fou, ou s’il n’était pas mort… Il pourrait tout aussi bien halluciner toute cette situation, après tout… Voyons voir… Dans le doute, il se fit mal lui-même, en tirant sur un des bandages restants, pour s’assurer qu’il ne dormait pas. La douleur lui confirma que non. Puis l’infirmier se leva un peu brusquement, pour lui demander « ce qu’il comptait bien faire, maintenant, encore ». Il n’allait tout de même pas râler pour une bête expérience, non ?! Anakin lui marmonna de le laisser en paix, il ne comptait pas non plus tout arracher. Souvent, il avait l’impression que les gens ici étaient intimement persuadés qu’il allait faire un truc dangereux, irrationnel ou fou. Peut-être même les trois à la fois ! Qu’avait-il pourtant fait d’étrange depuis son arrivée ici, on se le demande ? Et ce qui s’était passé avant avec la momie d’empereur du passé ne comptait pas.

"Donc vous êtes la femme de l’amiral. Bonne chance, avec un enfant, il en faudra."

Amer ? Pas le moins du monde ! Il adorait les enfants… Lorsqu’ils étaient âgés… Toutes ses expériences avec des gamins plus jeunes que vingt ans s’étaient affreusement mal terminées… Surtout une… Il ignorait comment se comporter normalement avec un enfant et encore moins comment s’en occuper. Les autres étaient bien courageux, à en faire…

"Manquerait plus que même les Jedis se mettent eux aussi à en faire comme si c’était parfaitement normal, maintenant, et on aura la preuve définitive que cette galaxie est ravagée de l’esprit."

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Réaction de l’infirmier : 12

Il avait été diplomate, alors… ? Mais… Longtemps ou juste une fois… ? Car Solian avait beau essayé, s’il arrivait à se rappeler de moments prouvant qu’il était un militaire, il n’arrivait par contre à se rappeler d’aucun moment où il avait agit comme diplomate ou négociateur… A moins qu’il n’ait tout juste commencé ou bien pour une seule et unique fois. Mais c’était très confus et étrange. Il ne réagit pas au mouvement du général grand brûlé, ni à celui de l’infirmier, ne pouvant encore gérer trop de choses à la fois. Beaucoup de détails, plus ou moins gros, continuaient de lui passer au-dessus sans qu’il ne puisse y réagir, même lorsque cela se déroulait à moins de cinq centimètres de lui. Non pas par manque d’intérêt ou de je-m’en-foutisme, mais tout simplement car il ne pouvait pas tout assimiler normalement, comme il le faisait autrefois. S’il était déjà accaparé par un exercice donné par son psychiatre, entre autres, un soudain mouvement de panique à moins de deux mètres ou un choc sourd le laissera indifférent.

"Donc vous êtes la femme de l’amiral. Bonne chance, avec un enfant, il en faudra."

Qui était amiral… ? Il avait raté une part de la conversation ? Cette question passa tout aussi vite qu’elle était arrivée, il était alors trop occupé à jouer avec le bébé. Il lui tapotait doucement, avec le doigt, le bout du nez, puis le petit faisait la même chose contre sa veste avec sa petite main, tour à tour. Ça suffisait déjà à l’amuser et visiblement, le petit garçon aussi, puisqu’il continuait en gazouillant. Son cœur était empli juste avec cela, tout était tellement plus… Plus simple, avec les enfants. Même un jeu aussi basique que celui-là pouvait rendre un bébé heureux. Il le regardait avec ses grands yeux bien ouverts, c’était adorable. Solian tenta de lui faire une petite grimace, pour voir comment il réagissait, puis sourit encore plus lorsque le bébé essaya de l’imiter. Awn !

"Manquerait plus que même les Jedis se mettent eux aussi à en faire comme si c’était parfaitement normal, maintenant, et on aura la preuve définitive que cette galaxie est ravagée de l’esprit."

Le commandant se figea presque, tout à coup. Frappé, brutalement, par ce mot, entendu pourtant à la volée, dans la bouche de ses ennemis, un mot flou mais qui le ramena à tout autre chose. C’était ce mot-là qu’un de ses ennemis, dans cette pièce, avait marmonné à la volée, en parlant des ennemis nouveaux de cette galaxie. Un détail insignifiant qui agit comme un brusque coup de bélier contre les barrières de sa mémoire. Tout à coup, la scène était bien plus claire, plus terrible. Il se redressa puis rendit le bébé à sa mère, doucement même s’il tremblait, les larmes aux yeux. Tout se bousculait terriblement mais ces souvenirs-là surgissaient de manière très claire et acérée. Sans qu’il ne soit préparé à les recevoir. Il bafouilla pardon à la mère du bébé et au général, puis se leva, voulant quitter la pièce. Suivit aussitôt par l’infirmier, d’ailleurs. Une fois dans le couloir, il s’appuya contre le mur et se fourra la tête entre les mains, le cœur au bord des lèvres. Il essayait de calmer la furie s’étant emparé de son esprit.

"Commandant… ?"

La paix… Qu’on lui foute la paix… Il ne voulait pas répondre. Il ne pouvait pas répondre. Il s’accroupit et continua de se tenir la tête entre les mains. Une minute plus tard, il finit par éclater en sanglot, malgré sa honte de le faire devant une autre personne. C’était toujours quelque chose qu’il s’était refusé, lorsqu’il le pouvait, mais là, il était incapable de se retenir. Les barrières craquaient et ses émotions avec elle, il n’arrivait juste plus à le contrôler. L’infirmier avait appelé son chef de service, en urgence, puis tous deux vinrent l’aider à se relever puis ramener dans sa chambre. Il se laissa faire comme un enfant, bouleversé, avec pour seule envie de s’évanouir et ne plus rien ressentir… Une fois de retour dans sa chambre, il resta allongé en chien de fusil, alors qu’on lui répétait que le psychiatre allait venir le voir. Solian resta encore silencieux, la tête couverte par ses bras. Il ne voulait ni voir ni entendre personne. Juste ne plus se noyer sous ce flot soudain.

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Mémoire: 1
Réaction : 16