Entraînement personnalisé

Cours de pilotage toute la matinée, rapide déjeuner, entraînements sur simulateurs et maintenant, entraînement au corps à corps et avec armes. Son nouveau supérieur ne s’était pas payé sa tête, lorsqu’il lui avait affirmé qu’elle n’aura plus le temps de souffler. Il y avait tellement à apprendre, apprendre vite en plus, qu’elle avait souvent la tête en feu, le soir venu. Au moins, elle dormait beaucoup mieux, c’était l’avantage. En cette fin d’après-midi, l’entraînement s‘annonçait sur un autre ton. Non seulement le général Skywalker avait l’intention d’y participer – il fallait croire qu’il s’ennuyait ferme… – mais aussi dame Ewime. Apsara se sentait relativement à l’aise avec elle, elles avaient déjà discuté et c’était elle qui l’avait aidée à s’intégrer ici, mais elle se demandait quand même ce qui allait suivre. Ewime restait une civile, après tout, même si elle s’exerçait, elle ne suivait pas le même programme que les membres de l’armée. Ça s’annonçait bizarre d’emblée.

En plus de ça, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi le général Skywalker s’intéressait à son entraînement. Il ne devrait pas juste attendre d’être bien remis et qu’elle soit capable, de son côté, de le suivre ensuite sur le terrain ? Même s’il s’ennuyait à ce point, il devait bien y avoir au moins une tâche dont il pouvait s’occuper ici sans se fatiguer, en rapport avec son vrai travail. Non ? C’est sur ces questionnements qu’elle serra les lacets de ses chaussures de sport puis entra dans l’autre salle d’entraînement, annexe à celle qu’elle venait à peine de quitter. Dame Ewime arriva à peu près au même moment, elle aussi en tenue. Elle avait commencé à s’étirer, avant l’arrivée du général. Mieux valait se tenir prêt à… Disons… Absolument tout et n’importe quoi ? C’est bon, elle avait bien intégré l’idée qu’il était complètement imprévisible et que foncer tranquillement dans une virée surprise en chasseur n’était, en réalité, rien du tout, à l’échelle de ce qu’il était capable de faire.

Néanmoins, puisque Ewime était avec eux, elle doutait qu’il parte trop loin… Il ne pouvait pas faire ça avec elle comme il faisait avec d’autres soldats dans la base. D’après les ragots entendus, ne serait-ce que dans le dortoir, il avait déjà provoqué des petits remous un peu partout. Même à l’infirmerie ! Bon, elle n’avait pas suivi toute l’histoire non plus, il était déjà tard et après des heures et des heures à esquiver des astéroïdes en furie et des explosifs sur le simulateur de vol, sa seule hâte avait été de se coucher et dormir. Par contre, il y avait quelque chose de rassurant, à se dire que le général attirait des ennuis à tous ceux qu’il croisait, on se sentait moins seul ! Même lorsqu’elle avait raconté plus en détails ce qui s’était passé pour son propre cas, lors d’un déjeuner à la cantina avec les autres pilotes, la moitié d’entre eux avaient semblé un peu blasés. Ils devraient peut-être faire un petit livre d’or, juste entre eux, de ce que le général sortait comme nouvelle « aberration », tous les jours, puis en faire un film.

"Vous aviez quelque chose de bien précis en tête, général ? Ou doit-on suivre l’entraînement normal d’abord ?"

Question purement rhétorique, histoire de respecter la forme et rester polie. Évidemment qu’il allait sortir des exercices improbables… Aucune chance qu’il soit venu en simple spectateur. Par contre, il faudra éviter que ça soit trop brusque, sinon la pauvre Ewime…

Un peu d’action, ça allait le changer, il en avait assez de tourner en rond dans les couloirs de l’hôpital ou dans sa chambre. A passer son temps entre examens, soins et discussions avec d’autres ! En chemin, il régla un poil mieux son appareil respiratoire, juste avant de pénétrer dans la salle d’entraînement. Les deux femmes y attendaient déjà, il était en retard ou quoi ? Non ? Si ? Bah, peu importe, ce n’était pas si grave. Il salua les deux, assez formellement, comme il avait l’habitude ici. D’avoir appris qu’Ewime était la femme de l’amiral n’avait absolument pas changé son attitude vis-à-vis d’elle et il ne voyait pas non plus de soucis à l’inclure dans un des entraînements, après tout, tout le monde devait apprendre à se défendre ! Il avait pas mal ri lorsqu’il avait eu le récit du cassage de nez dans les règles, lorsqu’elle était emprisonnée. Forcément, il préférait les personnes qui se défendaient elles-mêmes, au lieu d’attendre qu’on les défende.

Il avait aussi, avant cet entraînement, cuisiné le nouvel instructeur d’Apsara, le capitaine Trecio, pour savoir comment elle s’en tirait. Après, bien sûr, lui avoir demandé une bonne dizaine de fois s’il était vraiment certain qu’étrangler l’autre crétin d’ex-instructeur de vol ne serait pas la meilleure des solutions. Au moins, les nouvelles sur sa nouvelle recrue étaient bonnes ! Elle en bavait complètement mais c’était très important, aucun entraînement n’était bon, sans en suer. Bon, ce soir, il devra quand même limiter un peu, car la Chiss restait une civile, elle ne suivait pas du tout le même programme de formation. Dommage quand même, si jamais cette base était attaquée, il faudrait qu’elle en sache autant que les militaires. Quoi que si la base était attaquée, il y avait des chances que son mari la jette dans une navette avec l’enfant avant qu’elle n’ait eu le temps de casser un autre nez.

"Vous aviez quelque chose de bien précis en tête, général ? Ou doit-on suivre l’entraînement normal d’abord ?"

"Comme s’il était dans mes habitudes de donner des entraînements anormaux, Enseigne."

Voyons voir… Le plafond était assez haut, c’était parfait, ça. Il leur fit signe à toutes les deux de reculer puis tendit la main vers le matériel entreposé à l’autre bout de la salle, pour le faire voler jusqu’à eux. Sous les cris de surprise de certains, qui se tarirent très vite. Il se mit, avec l’aide de la Force et du matériel sous la main, à bâtir directement devant eux un parcours d’obstacles, assez haut, mine de rien, pour un exercice d’échauffement. Pour se dégourdir un peu les jambes, histoire de commencer en douceur, ça serait impeccable. Il ajouta quand même quelques cordes, qu’il attacha aussi soigneusement serrée avec la Force, pour le côté escalade. Entendant juste un soupir blasé, non loin derrière, lorsqu’une des cordes s’échappa de la main de celui qui était prêt à s’en servir. Il n’interdisait pas aux autres soldats présents d’en profiter aussi, du parcours, bien au contraire. Il fit ensuite léviter des matelas pour les placer tout autour.

"Je vous rattraperai si vous tombez, de toute façon."

Ce n’était hélas pas très long, car il avait bien dû composer avec ce qu’il y avait de disponible, mais au moins, c’était suffisamment haut. Pour un échauffement, ce n’était pas si mal !

« Vous aviez quelque chose de bien précis en tête, général ? Ou doit-on suivre l’entraînement normal d’abord ? »

« Comme s’il était dans mes habitudes de donner des entraînements anormaux, Enseigne. »

Il pouvait donner des programmes d’entraînement normaux, vraiment ? Voilà un fait qu’elle n’aurait pas supposé seule. Elle recula avec Apsara, curieuse de voir ce qu’il comptait faire, puis son espoir qu’il puisse effectivement proposer quelque chose d’ordinaire ou de classique s’évanouit dans la foulée. Tout autour d’eux, ce fut un mélange de petits cris de surprise, de soupirs blasés ou encore de grognements agacés, lorsqu’il fit voler le matériel de toutes parts, pour bâtir un parcours d’obstacle. Eh bien… Apsara avait eu totalement raison, ce cher général avait définitivement du mal à agir comme tout le monde… A moins qu’il n’ait juste aucune idée des règles ou habitudes en vigueur et qu’il ne cessait jamais d’improviser. Peut-être un mélange des deux ? Il fit aussi voler les matelas de mousse tout autour du parcours nouvellement construit, pour le sécuriser. Un grand silence était retombé sur la salle, elle se demandait qui, parmi les personnes présentes, allait céder à l’envie de dire quelque chose. Le seul instructeur présent, ce soir, avait les mains sur les hanches et une expression oscillant entre la résignation blasée et le désespoir absolu.

Lorsqu’il précisa qu’il les rattrapera en cas de chute, elle se demanda si c’était vraiment préférable à chuter sur les matelas… Après tout, l’idée de voler tout à coup dans les airs comme ces meubles ne lui donnait pas spécialement envie. Enfin bref. Elle rattacha ses cheveux correctement, puis suivit Apsara pour débuter tout cela. Il y eut même deux ou trois autres qui vinrent avec elle, ceux qui avaient été amusés par le spectacle ou qui étaient juste ravis de voir quelque chose de différent, pour une fois, dans leur quotidien. De son côté, ça s’annonçait plus compliqué, elle n’avait jamais fait ce genre d’exercices. Ne serait-ce que grimper, ce n’était pas quelque chose qu’elle faisait beaucoup au quotidien, jusque là, on lui avait surtout fait travailler l’endurance, un peu de musculation et des techniques de protection personnelle. Malgré tout, alors qu’elle avait du mal à suivre le rythme, la plupart des soldats, eux, s’amusaient bien à essayer. Elle vit, cependant, l’instructeur, dans un coin de la salle, se frapper le visage du plat de la main avec un soupir désespéré.

L’exercice final avec la corde fut un peu de trop pour elle, par contre, elle ne réussit pas à grimper. De un, elle n’avait jamais fait d’escalade de sa vie, de deux, elle n’avait jamais essayé de grimper à la corde de sa vie, de trois, elle n’avait tout simplement pas assez de force dans les bras pour se hisser sur au moins le premier mètre. Un peu vexée à l’idée d’abandonner juste à la fin du parcours, elle demanda de l’aide à Apsara, pour au moins se lancer.

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Dé : 9

"Comme s’il était dans mes habitudes de donner des entraînements anormaux, Enseigne."

Elle dû se mordiller la langue pour ne pas répondre « bien sûr que si » et se contenter de reculer avec Ewime. Il ne fallut d’ailleurs qu’une pauvre petite seconde avant qu’il prouve, une fois de plus, qu’il ne savait pas faire les choses normalement. Les mains sur les hanches, elle ne fut presque pas étonnée, cette fois-ci, en le voyant faire léviter meubles, cordes et objets de toute sorte pour en construire un parcours d’obstacles. « Il n’est pas dans mes habitudes de faire des entraînements anormaux », hein ? C’est vrai qu’utiliser le matériel déjà installé et s’en servir tel quel, ce serait trop simple, trop normal. Elle devrait peut-être s’estimer heureuse qu’il n’ait pas voulu faire du saut à l’élastique dans les gorges autour de la base. Après un grand bruit et beaucoup d’agitation, il finalisa le parcours en accrochant des cordes, sur la fin, le parcours rejoignant le mur d’escalade installé au fond.

Inspirer un bon coup, pour ne faire aucun commentaire… Ne pas réagir non plus à la remarque suivante, elle préférait encore se ramasser sur les matelas au sol que de voleter comme ça en l’air comme il venait de le faire avec les meubles. Sinon, niveau construction efficace, rien à dire ! Il avait mis quatre minutes à bâtir un parcours là où des personnes normales auraient mis quatre jours. Elle se lança la première, suivie de très près par Ewime. Et aussi par d’autres, dans la salle, sans doute contents d’avoir quelque chose de très différent à faire. Ou juste amusés et voulant essayer, comme avec un nouveau jouet. Ce fut un peu déroutant au début mais pas si ardu que ça… De son point de vue, en tout cas. Ça vous mettait bien en jambe, c’était tout aussi efficace qu’un des échauffements recommandés par les instructeurs. Elle traversa sans grosse difficulté, comme d’autres. Avec ce qu’avait construit le général, il fallait plus de souplesse et d’équilibre que de force brute.

Juste à la fin, Ewime lui demanda de l’aide, pour l’exercice à la corde. Apsara se laissa retomber à son niveau puis montra comment bien s’accrocher et positionner les pieds, pour se lancer sur le premier mètre. Lorsqu’on avait jamais fait ça, ça pouvait être assez dur. Elle l’accompagna ensuite le temps de grimper, pour la soutenir moralement et l’aider si jamais elle en avait besoin. L’escalade faisait au moins partie de ces exercices qu’elle connaissait depuis l’enfance, pour y avoir pas mal joué autour de chez elle. Comme quoi, il y avait pas mal de détails, de cette époque, qui vous servaient à l’âge adulte ! Parmi ceux qui suivaient, on repérait d’ailleurs tout de suite ceux qui n’avaient pas encore testé cet exercice-là. Elle crut même en voir un qui devait avoir le vertige, tant il devint blême en voyant la grimpette qui s’annonçait. Malgré cela, il avança avec les autres… Sous le regard impatient de leur propre instructeur, qui attendait non loin en soupirant régulièrement.

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Dés : 5

Il marchait doucement le long du nouveau parcours, surveillant attentivement ses deux élèves du jour puis hochant juste la tête à d’autres soldats de la salle demandant s’ils avaient le droit de monter dessus, eux aussi. La petite Dame Chiss se débrouillait assez bien, surtout pour une civile, par contre, il était évident qu’elle n’avait jamais dû faire d’exercices de ce genre, de sa vie entière. Apsara était visiblement plus à l’aise et progressait bien. Ce qui le renforça dans sa conviction qu’il avait très bien fait de la tirer de son ancien poste pour en faire une pilote et plus tard, une membre de commando. Autrement dit, une future membre d’une unité polyvalente, qu’il pourra emmener sur le terrain pour des missions dangereuses ou improbables, voire les deux, ses favorites. En l’observant, il était certain de son choix. Quel gâchis, si elle était restée simple timonière, sur l’un des vaisseaux de la faction…

De toute manière, il était plus qu’évident qu’il fallait former des personnes capables de remplir plusieurs rôles et de s’y donner cœur et âme. Des personnes qui ne craignaient pas d’être un peu bousculées, de devoir parfois improviser et de ne pas se laisser démonter face à des situations ubuesques. Être un soldat bien cadré, formé, entraîné, c’était bien, mais être un soldat capable de briser le moule et remplir des fonctions très différentes, c’était mieux. Des soldats capables de se débrouiller, de piloter en pleine bataille par eux-mêmes et d’être efficaces sur terre, face à des ennemis classiques ou plus étranges. Même si ce n’était qu’une poignée, au milieu de toute cette armée, peu importe, même une poignée pouvait faire la différence, dans certaines situations très particulières. Il demeurait à l’affût pour dénicher deux ou trois autres personnes dans cette base qui, tout comme elle, pourraient donner de bons membres de cette future unité.

Il en avait repéré, d’ailleurs… Un petit jeune, un des Chiss, qui selon lui, pourrait avoir les qualités qu’il recherchait. Il faudra qu’il l’observe un peu plus, histoire de s’en assurer, puis il le testera à son tour. Apparemment, celui-là non plus n’était pas arrivé depuis très longtemps mais peu importe, lorsqu’on repérait quelqu’un d’utile, ça ne servait à rien d’attendre longtemps. En attendant de s’occuper de ça aussi, il se rapprocha du parcours, voyant que les deux avaient terminé. Très bien, maintenant… Il attendit quand même que tous les soldats engagés dessus aient terminé aussi puis il leur dit à nouveau de reculer. Il modifia le parcours pour en faire une « antre » où ils pourront rentrer. Un petit réseau étroits et tortueux, labyrinthique. Cette fois, il mit plus de temps à le construire, tout en se baladant lui-même dedans pour être certain de bien faire. Une fois satisfait, il en ressortit, puis fit voler des bâtons d’entraînement jusqu’à eux.

"Vous aurez parfois à combattre ou vous défendre dans des endroits très étriqués, sombres ou étouffants. Des endroits où vous ne pourrez pas viser correctement avec rapidité. Si vous n’y êtes pas préparé un minimum, la mort sera rapide."

Il ne pouvait pas entièrement recouvrir de toile la structure, donc il éteignit en plus une partie de la lumière de la salle, juste au-dessus. Ignorant complètement le soupir énervé de l’instructeur non loin. Si ça ne lui plaisait pas, il pouvait toujours aller à l’autre bout de la salle ou prendre celle d’à côté, ce n’est pas comme s’il y avait foule dedans à cette heure. Il leur fit signe d’entrer, maintenant, dans la structure.

"Concentrez-vous sur votre défense, dans un premier temps."

Eh bien… La fin fut très sportive… Peut-être facile pour des militaires entraînés mais pour elle, cet échauffement était déjà bien compliqué. Une fois revenue au sol, elle remercia Apsara pour son aide puis alla prendre une petite gourde pour boire longuement. Si elle avait accepté de venir à cet entraînement, c’était dans l’idée de changement et d’essayer des exercices différents mais elle ne s’était pas attendue à ça, ça la dépassait assez. Elle ne comptait pas devenir une véritable militaire, après out, simplement avoir les bases pour être capable de se défendre et défendre son fils, dans le cas où un autre enlèvement ou elle ne savait quoi se passait. Si cette base était attaquée, imaginons, elle s’imaginait très mal prendre directement part au combat, son objectif sera plutôt d’arrêter les dangers arrivant sur elle ou sa famille, mais elle n’allait pas se jeter dans la mêlée comme ça. Surtout pas avec son fils dans ses bras et en devant l’éloigner du danger. De toute façon, il n’était pas question, pour elle, qu’il s’approche de la moindre situation de combat tant qu’il sera enfant. Ou qu’il aille sur un vaisseau comme ça. Ou alors, uniquement avec son père.

Une fois que chacun ait quitté le parcours, le général se remit au travail, pour le modifier. Ewime secoua légèrement la tête, un très faible sourire aux lèvres. Après tout, ça changeait, c’était bien ce qu’elle avait voulu, donc pourquoi pas… Avec ça, elle éprouvait tout de même une certaine forme de respect, pour lui. Certes, il n’était pas très diplomate et avait du mal à se conformer aux règles, mais grâce à ça, il avait pu aider le commandant, la dernière fois. Et aujourd’hui, il ne faisait pas de distinction entre ceux qu’il devait réellement entraîner et d’autres ayant juste envie de participer. En résumé, il avait des buts louables, bien que ses méthodes soient discutables. Le parcours qu’il forma cette fois était beaucoup moins haut mais plus large, il lui semblait et bas de plafond. Partie d’escalade terminée et tant mieux, ce n’était pas ce qu’elle préférait. Sans doute aussi car elle n’en avait juste aucune habitude. Il fit léviter des longs bâtons d’entraînement jusqu’à elles, d’un petit geste. C’était déjà un peu plus familier, au moins. Leur peuple commençait toujours, pour les novices, par enseigner un style de combat au bâton.

« Vous aurez parfois à combattre ou vous défendre dans des endroits très étriqués, sombres ou étouffants. Des endroits où vous ne pourrez pas viser correctement avec rapidité. Si vous n’y êtes pas préparé un minimum, la mort sera rapide. »

Voilà qui avait au moins le mérite d’annoncer la couleur. Elle reposa la gourde non loin avant de s’approcher, pendant qu’il abaissait la luminosité de la salle. Voyons voir… A défaut d’avoir des talents de diplomate, il avait au moins un certain talent d’architecte. L’assombrissement des lieux ne la gênait pas, sa vue dans le noir était meilleure que celle des Humains. En revanche, elle n’était pas habituée aux endroits tortueux, son bâton se cognait déjà partout. Se concentrer sur la défense, d’accord… Pas très sûre d’elle, à cause de l’étroitesse des lieux, elle adapta au mieux une position défensive. Dès le début, elle demeura tout de même plus en retrait qu’Apsara, le temps de trouver ses marques et observer les postures à prendre, pour se déplacer là-dedans. Mais ce fut… Assez chaotique. Pas très glorieux non plus. Si elle avait pu à peu près se débrouiller dans le premier exercice, celui-là la larguait complètement en vol ! Pourtant, sa fierté lui interdisant de laisser tomber, tout comme auparavant, elle n’avait tout de même pas débuté ça pour ne jamais le finir.

Sa fierté fut néanmoins ravalée bien vite lorsque suite à une fausse manœuvre, elle coinça son bâton dans un des recoins et trébucha assez brusquement. Par réflexe, elle tendit la main devant elle pour se rattraper et ne pas se cogner la tête, puis une douleur vive la secoua toute entière. Elle lâcha un bref cri de surprise et de douleur, en ramenant sa main gauche contre elle. Retenir le juron brûlant ses lèvres fut presque aussi douloureux. Les larmes aux yeux, elle inspira un grand coup puis leva la tête vers Apsara, en lui demandant si elle pouvait avoir la gentillesse de l’accompagner à l’infirmerie. Alors là, désolée, général, une certaine pause était nécessaire. Elle tint son bras le long du trajet, pour s’entendre dire une fois arrivée à l’infirmerie qu’il était cassé. Le temps des soins, elle fit de son mieux pour ravaler sa vexation, de s’être blessée comme ça à un entraînement… Son amour-propre lui faisait autant mal que la blessure elle-même. De plus, elle était bien obligée de rester un peu, le temps que le bacta fasse effet, comme les autres médicaments.

« Eh bien, » soupira-t-elle légèrement en tournant la tête vers Apsara, « je souhaitais tenter, mais les prochaines fois, je me contenterai d’exercices plus adaptés. Merci pour votre aide, tout du long. »

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Dé : 18

Elle sauta à terre avec souplesse, avant de suivre du regard la dame Chiss qui faisait de même, puis les quelques autres soldats qui avaient suivi le même exercice. Bon, finalement, pour un échauffement, ce n’était pas mal ! Pas très habituel, mais pas mal. Ça changeait déjà beaucoup de ce qu’elle faisait habituellement de ses journées, depuis quelques temps. Et elle ne fut presque pas surprise lorsque le général se mit à assembler un autre parcours. Ou plutôt une sorte de cavité étroite et très étriquée… Elle attrapa l’un des bâtons qu’il fit voler vers elle, voyant où il venait en venir… Au moins, il avait le don pour vous mettre dans l’ambiance. Sans rien dire, elle entra là-dedans, regardant dans tous les coins dans un premier temps. Franchement, elle ne savait pas où il avait trouvé ces idées d’exercices mais ce n’était sûrement pas auprès des autres instructeurs dans cette caserne. Elle se demandait même s’il avait déjà échangé avec eux, tout court.

Ça se déroula… Moyennement bien, disons. Elle avait appris les bases du combat au corps à corps ou avec ce type d’armes, mais toujours dans des lieux assez vastes, des salles d’entraînement parfaitement classiques, jamais encore d’endroits aussi renfermés. Elle reçut une belle série de bleus mais rien de méchant, trop occupée à bien coordonner ses mouvements pour s’en soucier. Puis Ewime trébucha brusquement juste à côté d’elle et un petit craquement sonore se fit entendre. Ouhlà ! Apsara jeta son bâton pour terre, pour s’accroupir auprès d’elle, en lui demandant où elle avait mal. Ah, bon sang, elle ne s’était pas loupée… Et oui, oui, elle allait l’accompagner à l’infirmerie, bien sûr ! Elle pouvait se relever ? Les blessures en plein entraînement, ça arrivait parfois, mais elle était une civile, c’était plus pénible pour elle. Elle l’emmena voir les médecins, aussi rapidement que possible, laissant le général gérer le reste durant leur absence.

En attendant qu’elle se fasse soigner, Apsara trépigna un peu sur place, hésitant sur la marche à suivre. Devait-elle retourner aussitôt à l’entraînement ou attendre ici ? D’un côté, elle n’était pas censée traîner si elle accompagnait quelqu’un, de l’autre, c’était ignoble de juste partir comme ça en laissant une civile seule. Elle aura peut-être besoin d’aide ensuite pour la raccompagner ? Elle finit par se décider à attendre, bien qu’elle ne sache pas si elle en avait le droit. Un peu plus tard, elle put aller retrouver la Dame Chiss, occupée à se reposer sur un lit et le poignet enserrée dans des lourds bandages, le bras en écharpe. Eh bah… Elle ne s’était effectivement pas ratée, si c’était cassé.

"Eh bien, je souhaitais tenter, mais les prochaines fois, je me contenterai d’exercices plus adaptés. Merci pour votre aide, tout du long."

"Je vous en prie. Je vais faire prévenir votre mari qu’il doit s’occuper de votre enfant, comme vous devez vous reposer."

Si elle avait bien compris, le bébé dormait encore, chez elle, car l’entraînement ne devait durer qu’une heure et quelques, à la base. Mais étant donné son état actuel, elle risquait d’être encore là lorsqu’il allait se réveiller et elle aura du mal à s’occuper de lui. Apsara la salua donc, lui souhaita bon rétablissement, puis quitta l’infirmerie, à la recherche de l’officier d’intendance, pouvant transmettre le message. Mais comment formuler ça ? Ce n’était pas censé se savoir ! Elle y réfléchit tout le long du trajet, jusqu’à arriver au bureau de l’officier. Une fois l’autorisation d’entrer, elle le salua à son tour, se présenta, puis lui exposa rapidement le problème. La partie la plus facile, autrement dit. Il écoutait mais n’avait pas l’air de voir où elle voulait en venir. Les blessures de ce type n’étaient pas si rares et ne valaient pas la peine d’en informer toute la base, à moins que ça ne soit assez grave pour immobiliser un des soldats plus de quelques jours.

"Ce que je veux dire, c’est qu’elle doit actuellement rester un moment à l’infirmerie et son bébé est tout seul, chez elle. Enfin, il dort encore mais ça ne va pas durer. Il faudrait prévenir… Hum…"

Elle n’osait pas le dire mais fort heureusement, son interlocuteur le comprit car il se détendit tout à coup et hocha la tête. En répondant qu’il allait faire le nécessaire et qu’elle n’avait pas à s’inquiéter. Soulagée, elle le remercia puis quitta son bureau, d’un pas un peu plus léger. Au moins, ça s’était réglé assez vite et surtout, assez bien.

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Connaissance des rumeurs : 4
Pour l’officier : 4