Repas d'affaires

• Lieu : Csaplar, Csilla
• Difficulté : Facile
• Participant : Mitth’ras’safis, Pnj
• Méthode : Classique

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Le retour à la vie politique, surtout après une aussi longue et atypique absence, a été accepté sans une très grande difficulté par votre clan mais on ne peut dire qu’il en soit de même pour toutes et tous. Aux yeux de nombreuses personnes, vous restez un mort qui n’aurait jamais dû revenir, encore moins reprendre son travail de cette façon. Regagner la confiance en-dehors de la sphère de votre clan ne s’annonce pas comme une partie de plaisir… Cette invitation à déjeuner, par votre collègue, Mitth'urf'ianico, a tout de suite sonné comme particulièrement étrange. Préparez-vous à un repas d’affaires assez houleux.

Il était bien dommage de ne pouvoir tout simplement poser la question « pourquoi » de but en blanc. Il n’obtiendrait évidemment pas de réponse et ça serait une manière très maladroite de procéder. Le restaurant où se tenait cette rencontre était placé dans une petite ruelle peu fréquentée, avec quelques magasins, un hôtel et donc cet établissement, dans une ambiance feutrée. Cette partie de la capitale était surtout habitée par une population habituée à du haut de gamme et plutôt conservatrice, ce qui lui donnait d’autant moins envie de s’y rendre, soyons honnête. Il était d’autant moins enchanté que l’invitation venait de Mitth'urf'ianico. Son cher confrère faisait partie de ceux ayant beaucoup protesté contre son retour au travail dans la sphère politique du Clan ou plus généralement dans la sphère Chiss tout court. Il ne s’était pas privé de lui faire comprendre qu’il aurait préféré le voir rester « avec ces Jedi », ou sinon, sur Nirauan.

Pourtant, refusé aurait été un faux pas, il devait bien apaiser les tensions, regagner la confiance de beaucoup et surtout, tailler de nouveau sa place avec les uns et les autres, afin de ne pas avoir à subir divers problèmes par la suite. S’il devait en passer par là, soit. Il ne s’attendait pas à un déjeuner bien calme, cela dit… Personne n’allait crier, évidemment, surtout dans un tel lieu, mais ça ne signifiait pas pour autant que la conversation sera très douce. D’autant plus que même avant les failles, son collègue ne l’avait jamais porté en très haute estime. Il y avait eu quelques petites histoires crispantes, par le passé… Et puis, Thurfian n’avait jamais apprécié Thrawn non plus, les coups bas avaient été légion. Thrass s’attendait une fois de plus à ce qu’on lui reproche de ne pas être resté mort, comme s’il avait eu le choix d’ailleurs, d’être revenu dans l’Ascendance, d’avoir épousé une Humaine, et ainsi de suite. Les critiques habituelles de ses détracteurs.

Ils n’avaient échangé, pour le moment, que quelques banalités et un peu discuté du travail, lorsque le serveur vint apporter les entrées, deux plats d’un poisson léger, qu’on trouvait dans les rivières souterraines de la planète. Thurfian attendait-il tranquillement le milieu de repas avant d’aborder les sujets qui fâchent ou comptait-il se décider plus tôt que cela ? De son côté, il ne comptait pas lancer les hostilités. Il espérait simplement que ça ne s’éternise pas… Histoire de ne pas rentrer trop tard sur Copero. Même si Lorana ne risquait pas grand-chose là-bas et qu’elle était protégée, il ne pouvait s’empêcher de plus s’inquiéter pour elle, étant donné qu’elle était de nouveau enceinte. Seule dans cet état, à devoir s’occuper d’Edelweiss, ce n’était pas très pratique. Si elle entendait ses pensées, il était sûr qu’elle soupirerait très fort, avant de lui dire qu’elle était capable de gérer et qu’elle n’était pas en sucre.

"Avez-vous eu plus de nouvelles, sur la réforme de l’académie ?" demanda-t-il tout en déjeunant, d’un ton tranquille. "Ce dossier connaît des difficultés à progresser."

En attendant que son très estimé confrère se décide à aborder les sujets qu’il devait réellement avoir en tête, lui-même poursuivait sur des affaires plus innocentes, les concernant tous les deux. Il attendait que Thurfian lui fasse l’honneur de déclencher les hostilités.

Conseiller Mitth'urf'ianico, Clan Mitth

Voir l’ordre naturel des choses aussi brutalement bouleversé avait quelque chose de terrifiant, peu importe le temps qui s’écoulait, cette aberration se poursuivait et pire, s’amplifiait. Thurfian comprenait extrêmement mal l’accord de leur Aristocra à réintégrer des morts dans le clan et pire encore, les autoriser à y mener une vie professionnelle et sociale. Il ne comprenait guère que certains ne voient rien d’incongru à ce qu’un couple de morts – revenus si brutalement à la vie – fassent des enfants dans leur monde. Il ne comprenait pas que ces bouleversements soient acceptés… Si, effectivement, la perte de Mitth’ras’safis avait été compliquée, à l’époque, ça ne signifiait pas pour autant qu’ils devaient être ravis de ce retour, à son sens ! Les morts devaient rester dans leur tombe. Il n’était pas le seul à penser ainsi, même si on se limitait à compter les réfractaires au seul sein de leur clan. Son interlocuteur devait certainement le savoir… Savoir qu’il n’allait pas avoir la partie facile, pour retrouver un semblant de place dans le vie politique et plus encore tout le respect qu’il avait gagné de son vivant.

Hors, les affaires bougeaient, depuis quelques temps. Cette fois pour des circonstances tout à fait naturelles et qui pourront, Thurfian l’espérait, permettre par la suite de garder les choses en place. De maintenir autant à l’écart que possible ce mort-vivant et le garder à l’œil, afin de s’assurer qu’il ne cause pas plus de problèmes qu’ils n’en avait déjà semé. Mitth'san'suazee, leur Aristocra si estimé, débutait son retrait de la vie politique et donc de son engagement à la tête de la Famille. Son âge avancé ne lui permettait plus de remplir autant de tâches qu’il le devait et il devenait évident que le passage de mains allait très bientôt se tenir. Parmi les successeurs pressentis, Thurfian militait activement, dans l’ombre, pour que le plus conservateur d’entre eux soit désigné à la tête du Clan. Un homme qui ne sera pas aussi conciliant que pouvait l’être Mitth'san'suazee envers les morts revenus à la vie ou même d’autres sujets épineux, agitant l’Ascendance depuis bien trop de mois. Même si rien n’était encore joué, il espérait que tout leur travail en ce sens finisse par payer.

Le serveur arriva avec les entrées alors que Thurfian songeait à cet avenir proche. Jusque là, ils n’avaient discuté que de sujets très ordinaires et simples, principalement du travail, sans plus. Visiblement, son cher invité du jour n’avait aucune intention de mettre lui-même les deux pieds dans le plat. Au moins avait-il conservé un certain sens politique, même après sa mort. Le serveur versa également eau de vin blanc dans leurs verres, déposa une élégante corbeille de pain puis leur souhaita d’apprécier leur repas, avant de s’éclipser. Dans cette ambiance feutrée au possible, ils étaient suffisamment éloignés des autres tables pour ne pas être entendus. Ou simplement être dérangés par les échos d’autres conversations. Il appréciait cet établissement pour cela. Bien, maintenant qu’ils pouvaient débuter véritablement ce repas, ils allaient pouvoir entrer dans le vif du sujet. Après tout, le conseiller n’avait guère invité cet homme, qu’il méprisait d’ailleurs, pour un repas amical.

« Avez-vous eu plus de nouvelles, sur la réforme de l’académie ? Ce dossier connaît des difficultés à progresser. »

« Tant que le débat sur le nouveau programme ne sera pas tenu, je doute que la situation se débloque. La rencontre doit se tenir dans une semaine. »

Cette affaire-là était, à l’heure actuelle, un détail à ses yeux. Les réformes éducatives passaient rarement en première instance, elles faisaient l’objet de nombreux débats, remises en cause et travaux, avant d’être jugées acceptables. L’éducation de leurs petites têtes brunes ne devait pas être prise à la légère, d’autant plus dans une époque aussi malmenée.

« Une affaire plus pressante est en jeu, ces derniers temps. Il ne vous a pas échappé que notre Aristocra pose actuellement les bases pour sa succession. Je dois bien vous avouer que beaucoup vous trouvent étonnamment silencieux sur le sujet, sachant que vous avez été en plus Administrateur, autrefois. »

Il dégusta ensuite une bouchée de cet excellent poisson, sans montrer la hâte qu’il éprouvait à entendre la réponse. Peu, finalement, accepteraient de voir un mort-vivant se permettre de donner son avis sur la question et agir dans cette période, même s’il était de retour au travail. Dans le même temps, par le poste qu’il avait tenu dans le passé, il pourrait perdre beaucoup s’il décidait de ne pas s’impliquer, non seulement au travail mais aussi en termes d’image et de respectabilité. C’était bien ce qui amusait Thurfian et, ce qu’il espérait fortement, allait permettre de faire perdre pied à son adversaire.

"Tant que le débat sur le nouveau programme ne sera pas tenu, je doute que la situation se débloque. La rencontre doit se tenir dans une semaine."

Une réponse particulièrement laconique, comme il s’était attendu. Thrass avait beau s’attendre au pire, il espérait tout de même que ça ne s’enlise pas trop vite. Il semblait bien, cette fois, qu’il avait enfin usé la patience de son interlocuteur car Thurfian se décida à rentrer dans le sujet qui l’intéressait vraiment. La succession de leur Aristocra et le fait que « beaucoup » jugent son silence étrange. Donc c’était par ce biais-là qu’il espérait l’entraîner dans les problèmes. Bon choix, ça ne sera pas très difficile, étant donné la situation. Que ça vienne de cet homme ne l’étonnait pas vraiment non plus, il devait attendre une si belle occasion depuis déjà longtemps. Difficile de faire encore plus conservateur que lui et pire encore, il savait prendre le temps qu’il fallait pour réfléchir à ses pièges et les mettre en place. Tout comme il savait pourrir la vie de ceux et celles qu’il voulait utiliser et qui n’étaient pas assez coopératifs à son goût.

"Vous le précisez bien vous-même, « autrefois ». Je n’ai donc pas autant à dire sur le sujet que par le passé, ça serait très malvenu. Mon travail actuel me fait participer à ce débat, bien sûr, vous avez sans doute dû ne pas le noter, tant il y a eu d’échanges ces derniers temps. Somme toute, je m’occupe principalement de mon travail."

Il n’était évidemment pas silencieux, comme l’accusait Thurfian, mais il ne prenait pas autant la parole qu’il aurait dû le faire il y a des années, tout comme il évitait de trop y travailler. Même si les enjeux étaient importants, d’une manière très personnelle, pour leur avenir, il ne pouvait pourtant pas trop s’impliquer. Et il savait que c’était bien ce qu’attendaient tous ses adversaires, afin de s’en servir contre lui. C’était une situation délicate, quoi qu’il en soit. Leur chef de famille actuel était très ouvert d’esprit et faisait partie des plus progressistes, notamment au sein du Conseil des Familles. Si son successeur faisait, lui, partie de la ligne dure, le rapport de forces allait être une nouvelle fois très bouleversé. Sachant que Formbi était dans un passage très houleux, cela reviendrait à laisser Veeren quasiment seule, à défendre une vision plus ouverte de l’Ascendance.

"De plus," ajouta-t-il, "ce débat revient de droit aux proches conseillers de l’Aristocra, bien que les autres membres du Clan aient leur mot à dire, les discussions principales se tiendront avec notre chef de Clan et son entourage avant tout. Il serait délicat, pour la position du Clan, de laisser ces discussions se propager trop largement, peu importe qui compte s’en mêler, vous ne trouvez pas ?"

Il ne lui répondra évidemment rien de trop franc. Mais il saura ce que Thrass sous-entendait. Les manœuvres comme celles de Thurfian et de ses alliés étaient inévitables, pour autant, il fallait tout faire pour les combattre. Ces petits jeux politiques n’étaient pas juste lassants, ils étaient aussi une nuisance pour le bon fonctionnement du clan et à terme, pour des relations apaisées et solides avec les autres familles.

"Je suppose que vous espérez un successeur prônant une lignée plus conservatrice, comme depuis toujours."

Conseiller Mitth'urf'ianico, Clan Mitth

« Vous le précisez bien vous-même, « autrefois ». Je n’ai donc pas autant à dire sur le sujet que par le passé, ça serait très malvenu. Mon travail actuel me fait participer à ce débat, bien sûr, vous avez sans doute dû ne pas le noter, tant il y a eu d’échanges ces derniers temps. Somme toute, je m’occupe principalement de mon travail. De plus, ce débat revient de droit aux proches conseillers de l’Aristocra, bien que les autres membres du Clan aient leur mot à dire, les discussions principales se tiendront avec notre chef de Clan et son entourage avant tout. Il serait délicat, pour la position du Clan, de laisser ces discussions se propager trop largement, peu importe qui compte s’en mêler, vous ne trouvez pas ? »

« Bien entendu. »

Prudent, le garçon, il n’avait guère changé sur ce point. Néanmoins, peut-être ne réalisait-il pas encore à quel point le bourbier s’étendant sous ses pieds et ceux des siens devenait chaque jour plus profond. Thurfian avait pour but de l’expédier loin de leur peuple, avec femme et enfants, il entendait bien y parvenir dans les plus brefs délais. Et s’il pouvait en même temps briser tous ces ridicules échanges ou collaborations militaires avec le groupe dirigé par le frère de ce revenant, son action sera parfaite. Il glissa doucement le doigt contre le pied de son verre en cristal, pour y raffermir sa prise avant de le porter jusqu’à ses lèvres. Un bon vin pour accompagner ce poisson était un atout agréable, afin de supporter la compagnie d’un mort-vivant. Par chance, Thurfian n’avait guère à le côtoyer souvent durant le travail, étant donné que cet homme n’occupait plus un poste important. Quoi que cela restait trop important encore pour être confié à une personne censée rester morte et enterrée.

« Je suppose que vous espérez un successeur prônant une lignée plus conservatrice, comme depuis toujours. »

« Vous employez ce mot comme s’il désignait une monstruosité. Peut-être devrais-je rappeler que la préservation des traditions et de nos règles de vie a permis, durant bien des siècles, à l’Ascendance de se protéger, de se développer et de demeurer puissante. Sans remous bouleversant profondément la société. Vous ne pourrez nier que vouloir bouger les lignes établies n’a cessé de provoquer divers ennuis, depuis bien des mois. Les conservateurs, tels que vous les nommez, ont plus à cœur la protection globale de notre peuple que des ambitions progressistes détruisant les fondements mêmes de notre société, ne vous en déplaise. »

Qui oserait reprocher, sans démontrer une réelle mauvaise foi, à la lignée conservatrice en politique de vouloir ramener ordre et stabilité ? Dans le même temps, comment espérer que ce revenant comprenne un tel fait, pourtant si simple ? Il n’avait jamais fait partie de la ligne conservatrice autrefois et aujourd’hui, se confondait dans des manœuvres bien basses de plafond. Il était devenu un ennemi de leur peuple, ni plus ni moins.

« Soyons clairs, Mitth’ras’safis, ce qui survient ces derniers temps n’est plus supportable ni acceptable, pour une très large partie de la population. Vous participez, malgré vous ou non, à une propagande destructrice. Pourquoi n’avez-vous tout simplement pas été vivre où se trouve votre frère ? Je me doute que vous conservez certains contacts avec lui… »

Il pouvait le nier, il ne manquait plus que des preuves formelles. Que certains des leurs choisissent de quitter l’Ascendance pour les FID, soit, c’était honteux mais soit. Mais que certains des leurs travaillent ici et dans le même temps, aient des liens de cette nature avec les FID, ce serait un trop grand risque de trahison ou d’espionnage.

"Vous employez ce mot comme s’il désignait une monstruosité. Peut-être devrais-je rappeler que la préservation des traditions et de nos règles de vie a permis, durant bien des siècles, à l’Ascendance de se protéger, de se développer et de demeurer puissante. Sans remous bouleversant profondément la société. Vous ne pourrez nier que vouloir bouger les lignes établies n’a cessé de provoquer divers ennuis, depuis bien des mois. Les conservateurs, tels que vous les nommez, ont plus à cœur la protection globale de notre peuple que des ambitions progressistes détruisant les fondements mêmes de notre société, ne vous en déplaise."

D’accord, d’accord, il l’avait déjà énervé, il n’aura vraiment fallu que très peu de temps ! Thrass réussit à retenir facilement le soupir lui venant mais il n’en restait pas moins un peu blasé. Il y a des années, il n’aurait rien eu contre la ligne conservatrice des Clans, même si elle avait parfois eu tendance à quelque peu l’agacer, sous certains aspects. Il l’avait été lui-même, durant un temps. Aujourd’hui, par la force des choses et ce qui s’était passé, il était devenu modéré. Il ne considérait pas pour autant la position traditionnaliste comme une « monstruosité », il jugeait simplement qu’elle gagnerait beaucoup à un peu de pondération. Ce n’est pas en prônant à plus d’ouverture d’esprit que l’on cherchait à détruire la société… néanmoins, il ne s’engagera pas dans ce débat, son interlocuteur n’était évidemment pas prêt à l’entendre. Il suivait une idéologie, pas une simple ligne de conduite. C’est ce qu’il avait toujours fait.

"Soyons clairs, Mitth’ras’safis, ce qui survient ces derniers temps n’est plus supportable ni acceptable, pour une très large partie de la population. Vous participez, malgré vous ou non, à une propagande destructrice. Pourquoi n’avez-vous tout simplement pas été vivre où se trouve votre frère ? Je me doute que vous conservez certains contacts avec lui…"

"Vivre sur Copero suffirait à participer à une propagande, selon vous ?" répondit-il en secouant un peu la tête, tout en mangeant. "Ce n’est pas mon intention, encore moins celle de ma famille. Quant à mon frère, voilà longtemps qu’il mène sa propre vie, je ne suis plus derrière lui à regarder ce qu’il peut bien faire, avec qui et comment. Il n’a plus quatre ans, vous savez."

Au fond, peut-être auraient-ils dû effectivement vivre sur Nirauan et travailler là-bas, il avait parfois pensé. Depuis la tentative d’assassinat contre Lorana… Cela dit, maintenant que tous deux avaient commencé de nouveaux projets et que leur fille s’habituait à sa vie sur Copero, il ne voulait pas tout détruire une nouvelle fois. Thurfian devra bien s‘en accommodera… D’autant plus que ceux que cela gênait pouvaient se contenter de les ignorer, ce n’est pas comme s’ils s’affichaient le plus possible dans les médias ou différents événements, après tout. Sur plusieurs milliards d’individus, il y avait deux humaines et un humain, qui cela pouvant sincèrement gêner… ? Même leurs propres voisins avaient déjà arrêté de s’en étonner.

"Quant au pourquoi, vous le savez déjà. C’est un soldat, moi non, il était donc impensable que j’aille vivre avec ma femme et notre bébé d’un an sur un vaisseau militaire."

Le fait qu’il existe aujourd’hui une base terrestre n’était pas le sujet de cette conversation. Thrass conclut sa phrase en buvant une longue gorgée, le temps aussi de gagner un peu de temps pour se contenir. Thurfian cherchait à lui soutirer des informations ou le faire tomber dans un piège vicieux, il avait toujours procédé ainsi. Devoir le supporter était très pénible.

"ne pensez-vous pas qu’il est de trop, voire assez malsain de se focaliser sur trois Humains, simplement trois, plutôt que sur d’autres problèmes plus urgents de notre société ?"

Conseiller Mitth'urf'ianico, Clan Mitth

Quelle mauvaise foi, comme toujours, il restait coutumier du fait. Thurfian dû se retenir de lever les yeux au ciel, luttant contre lui-même pour conserver un air parfaitement neutre. Son interlocuteur niait qu’il voyait toujours son frère, comme de bien entendu… Le seul moyen de lui faire admettre la vérité serait de lui mettre des preuves sous le nez. Ou d’avoir plus de moyen de pression par le biais du Clan. Si seulement ce dernier, dans son ensemble, réalisait mieux la situation… Hélas, pour trop d’entre eux, il n’était pas question de s’opposer frontalement à un membre du Clan, fusse-t-il dangereux pour l’Ascendance toute entière ! Même lorsque cette personne se moquait allègrement du monde, comme Mitth’ras’safis s’amusait à le faire, dans la réponse donnée.

"Ne pensez-vous pas qu’il est de trop, voire assez malsain de se focaliser sur trois Humains, simplement trois, plutôt que sur d’autres problèmes plus urgents de notre société ?"

"Le fait qu’une de ces trois Humains ait causé autant de troubles, à elle seule, n’incite guère à la tolérance. De plus, Vanto est un ami de votre frère, si je ne m’abuse ? Cela n’incite pas plus à la confiance."

Entre une Jedi revenue d’entre les morts et un soldat de l’Empire arrivé ici par la faute de l’exilé, il ne savait pas vraiment lequel des deux pouvait être le pire. Quoi qu’il devait bien admettre qu’un des deux avait tendance à plus l’agacer que l’autre. Tout en étant, hélas, moins accessible, par la force des choses… Ce type passant plus de temps sur un vaisseau militaire que sur terre, il devenait beaucoup plus difficile à faire espionner et surveiller, ce qui frustrait énormément Thurfian. Avoir des contacts et « amis » dans la Flotte de Défense n’était pas compliqué, en soit. Ce qui l’était plus était d’obtenir des nouvelles fraîches régulières… Ainsi que d’établir une surveillance serrée. L’amirale Ar’Alani n’aidait en rien, bien au contraire ! Elle ne voyait aucun problème à travailler avec des Humains, avec ces FID, elle n’avait jamais accepté quoi que ce soit pouvant l’impliquer, ou son équipage, dans ce type de surveillance. Quelle frustration.

"Comment peut-on être sûrs que votre tendre épouse ne reste pas en lien avec son ancien ordre ?"

Cela faisait partie des points agaçant le conseiller politique. Que cette femme ait une possibilité de conserver le contact avec les siens et donc qu’elle dévoile, potentiellement, des informations. En clair, qu’elle ne soit qu’une simple espionne. Son mari l’était déjà avec son frère, malgré lui ou non, alors cette femme… Qui sait ce qu’elle pouvait bien transmettre !

"Le fait qu’une de ces trois Humains ait causé autant de troubles, à elle seule, n’incite guère à la tolérance. De plus, Vanto est un ami de votre frère, si je ne m’abuse ? Cela n’incite pas plus à la confiance."

"Il ne vous a rien fait non plus, ni à qui que ce soit, d’ailleurs," soupira Thrass d’un ton assez blasé.

Enfin, en tant que militaire, il avait sûrement dû s’en prendre à certains, au cours de sa carrière, mais de là à l’accuser de s’en prendre à des civils, surtout volontairement… Ce n’était pas le genre de ce jeune homme. Il lui semblait plutôt… Mignon était peut-être un mot trop connoté, disons plutôt innocent. Pas naïf, il avait quand même parfaitement la tête sur les épaules, par contre, il ne voyait visiblement pas la vie aussi froidement ou implacablement que beaucoup d’entre eux. Finalement, mignon était un assez bon terme, dans son cas, après réflexion. Quant à Lorana, elle ne comptait pas plus causer de problèmes, bien au contraire. Si le seul tord qu’on pouvait lui reprocher était d’être une ex-Jedi et le seul, à Vanto, était d’être un ami de son frère… ce cher conseiller pourra bien s’agiter tant qu’il le souhaitait, il ne pouvait pas faire expulser quelqu’un sous prétexte de racisme et de jugement sans aucun fondement.

"Comment peut-on être sûrs que votre tendre épouse ne reste pas en lien avec son ancien ordre ?"

"Il est techniquement impossible de conserver des contacts avec eux sans passer, actuellement, par une instance officielle. Dont l’Empire Chiss contrôle également les données. Si mon épouse avait voulu jouer les espionnes, ce serait connu dès la première communication. Il n’est pas si évident d’envoyer des messages sur de telles distances, ne faites pas semblant de l’ignorer. Et avant que vous ne posiez la question, elle ne possède pas le pouvoir de communiquer mentalement sur un si long trajet. Si tel était le cas, elle s’en serait déjà servi pour alerter sur la disparition possible de l’esprit de Plagueis, plutôt que de passer par des moyens si lents."

Puisqu’ils en étaient à la franchise… Thurfian ne cessait de chercher la petite bête et Thrass avait de moins en moins envie de rester ici à l’écouter et contourner ses pièges. Il mangeait plus vite, dorénavant, pressé d’en finir et laisser ce triste sire le plus loin possible de lui et de sa famille. Il devra également parler à Vanto de ce qui se passait, même si le jeune Humain devait déjà, de toute façon, être au courant des manigances politiques le visant. Selon ce dont il avait déjà parlé, il était assez à l’aise pour repérer ce genre de traquenards puis faire en sorte d’esquiver les ennuis, du moins, autant qu’il le pouvait.

"Vous pouvez tenter de vous détendre, je peux vous assurer que ni ma femme, ni moi ni le lieutenant Vanto et sa compagne n’essayons de faire des coups en traître ou quoi que ce soit du genre. Vous laissez votre racisme vous aveugler. Pourquoi en voulez-vous autant à des personnes qui ne vous ont rien fait ?"

Si encore, il pouvait comprendre pourquoi le conseiller en voulait à son frère, Thrass ne voyait pas ce qu’il avait concrètement contre tous les autres. Pour Eli, c’était un peu différent, le simple fait qu’il soit ami avec Thrawn le condamnait. Mais sinon ? Il ne savait rien de Tayla, il ne savait rien des Jedi… Pourquoi les haïr ?

Conseiller Mitth'urf'ianico, Clan Mitth

"Il est techniquement impossible de conserver des contacts avec eux sans passer, actuellement, par une instance officielle. Dont l’Empire Chiss contrôle également les données. Si mon épouse avait voulu jouer les espionnes, ce serait connu dès la première communication. Il n’est pas si évident d’envoyer des messages sur de telles distances, ne faites pas semblant de l’ignorer. Et avant que vous ne posiez la question, elle ne possède pas le pouvoir de communiquer mentalement sur un si long trajet. Si tel était le cas, elle s’en serait déjà servi pour alerter sur la disparition possible de l’esprit de Plagueis, plutôt que de passer par des moyens si lents."

C’est qu’il avait réponse à tout, le mort-vivant. Thurfian esquissa une très mince grimace, du bout des lèvres. En effet, c’était un pouvoir dont ils avaient soupçonné la jeune femme d’utiliser, sans pouvoir obtenir de preuves concrètes. Mais ce seul argument suffirait à convaincre les plus frileux et moins prompts à la condamner… Ce serait offrir une balle à l’autre camp. Mieux valait éviter que son interlocuteur ne s’en empare et la mette en avant, inutile de l’encourager dans ce sens. Plutôt faire mine qu’il acceptait cet argument et ne pas revenir sur le sujet. Quant à la question suivante… Le conseiller jugeait tout à fait désolant que son interlocuteur n’ait toujours pas compris une affaire aussi simple… Peut-être que son racisme aveuglait Thurfian, toutefois, la naïveté navrante de ce type l’aveuglait tout autant ! Il était terrible, pour un politicien, de se montrer aussi simplet. Un idéalisme agaçant, que même la mort n’avait su effacer. Il but d’abord une longue gorgée de vin blanc, le temps pour lui de ravaler son agacement et ne pas l’insulter au beau milieu de ce restaurant.

"Dans le langage courant," reprit-il en reposant doucement le verre, "nous nommons cela le principe de précaution. Vous saviez pourtant vous aussi l’appliquer, par le passé. Avant de vous faire tourner la tête pour les beaux yeux d’une femme et les idées folles de votre cher frère. Je vous conseille sincèrement de le retrouver, avant qu’il ne soit trop tard. Du changement arrive, à la tête de notre Clan et ne pensez pas que beaucoup soient favorables à votre… situation particulière. Les affaires et courants récents font que ce type de situation son plus fortement combattues."

Il était prévenu, à lui, à présent, d’en prendre acte et d’agir… Ce petit imbécile devait prendre conscience que tout cela ne pouvait plus durer. Ou il donnait des preuves de bonne volonté, tout comme sa tendre épouse, ou il devra s’attendre à bien pire. Personne ne comptait lui faire de cadeau. Ce repas devait être pris comme une occasion de la réaliser…