Question d'apparence

Sur quelle… planète… Ah oui, c’est vrai, Nirauan. Déserteurs, planète éloignée, anciens impériaux, tout cela, très bien, très bien… Vader quitta avec une certaine difficulté sa méditation, qui s’était plus révélé une sorte de coma demi-profond. Sa récupération était lente et les accrocs de parcours n’aidaient pas réellement. Enfin, c’était au moins cela… Il quitta péniblement sa posture, pour terminer un peu plus loin, de nouveau assis, sur un siège large, dans une salle annexe de « détente ». Certains ici, venaient là pour se reposer ou lorsqu’ils ne pouvaient pas quitter tout de suite l’aile médicale mais avaient tout de même la possibilité de sortir un peu de leur lit d’hôpital. Il y avait pas mal de chaises et de tables basses, des lumières et un écran, où passait des informations sur un peu toute la galaxie. Pour le moment, ça ne le préoccupait pas vraiment…

Durant un long moment, seul, il retomba dans les tréfonds de ses pensées, plus ou moins moroses. Son humeur, très changeante depuis qu’il avait quitté l’Empire, filait en tous sens, il ne s’était que rarement senti aussi perturbé de toutes parts. Et pourtant, il en avait connu d’autre. La plupart de son temps, il le passait à se reposer, tenter de récupérer un maximum de force, retrouver son autonomie. Il dormait beaucoup, lorsqu’il n’était pas plongé dans des songes très dérangeants. Parfois, il parlait à quelques-uns, surtout aux docteurs devant s’occuper de lui. Il y en avait même un avec qui il avait tenu une conversation de plus de sept minutes quarante, la semaine précédente ! Et avec un autre blessé, resté peu de temps, il avait même réussi à parler d’autre chose que de la guerre. Ou de la Force, aussi. Ou peu importe. C’était déjà être très sociable.

En revanche, pour l’heure, il ne savait pas vraiment quoi faire, mis à part continuer de se reposer et espérer que tout cela s’en termine au plus vite. Les examens médicaux, les docteurs, les hôpitaux, les opérations… Son amour de toutes ces choses n’avait pas enflé avec le temps. Il avait besoin de faire autre chose ! De bouger, de courir, de hurler, de, de, de… De faire quelque chose. Rester là en attendant que son corps soit de nouveau dans un état de fonctionnement à peu près correct lui portait gravement sur les nerfs. Ou ce qu’il en restait. En se redressant, il vit tout à coup qu’il n’était plus seul. Une femme était assise non loin, apparemment légèrement blessée, avec ses bandages, occupée à réparer il ne savait quoi. En observant mieux, il comprit que c’était simplement un datapad qui avait dû prendre un sale coup. Tiens, voilà une opportunité de bouger un peu.

"Donnez-le moi. Je peux le réparer."

Il avait tendu la main vers elle, tout en parlant, pour qu’elle lui passe à la fois l’objet en et les maigres outils qu’elle avait en main. Réparer quelque chose, voilà la distraction idéale ! Tout était tellement plus simple, avec cette activité, c’est ce qu’il avait toujours ressenti. Et toujours adoré. Dès qu’il eut le datapad en main, il l’examina de plus près. Puis commença à le triturer, en jetant un regard en biais à cette femme.

"Vous n’avez pas l’air d’une militaire. Qui êtes-vous ?"

On pensait au risque de recevoir un mauvais coup lors d’une mission ou d’un combat spatial, jamais lorsqu’on était de retour à la base, à cause de simples travaux. Le contre maître avait admis une bête erreur, comme il le disait… Une bête erreur qui aurait pu blesser gravement les hommes et femmes travaillant sur le chantier, il avait eu de la chance que personne ne soit plus atteint que ça ! Enfin bref… Assise sur le rebord de la table d’examens, elle attendait que le docteur termine de poser les quelques bandages et lui donner les recommandations d’usage. D’ici quelques jours, ce sera déjà bien mieux, il suffira de faire attention à ne pas gratter, frotter ou se refaire mal par-dessus. Les marques disparaîtront d’elles-mêmes en quelques temps. Elle aurait pu se soigner elle-même, de toute façon… Non ? Se rendre à l’infirmerie était déjà assez pénible, alors pour ça… Au moins, par chance, il termina assez vite et la laissa partir. En lui recommandant de se détendre un peu, au moins une heure, avant de reprendre trop d’activités.

En sortant de la pièce d’examens, Apsara sortit de son sac son malheureux datapad et soupira assez fort en le voyant dans cet état. Et dire qu’il était neuf… Mais elle avait peut-être un moyen de le remettre rapidement en état ? Du moins, si elle n’y parvenait pas, elle devra le changer, mais ça pourrait l’occuper en attendant. Il lui en restait en plus les petits et anciens outils que son collègue lui avait laissé l‘autre jour, lorsqu’elle avait remis en place la carlingue déformée d’un petit droïde. En se rendant dans la salle de repos, elle eut un temps d’arrêt, à la porte, en avisant Vader… Ou le général Skywalker, plutôt, c’était ainsi qu’on leur avait demandé de l’appeler. Une présence très peu rassurante, même sans son casque complet. Elle avait beau n’avoir jamais eu affaire à lui, sa triste réputation à elle seule suffisait à effrayer. Pourtant, s’il était là, c’est qu’il ne devait plus être autant… Enfin… Ne plus être autant un… Il était censé être plus « normal », être moins abrupt, n’est-ce pas ?

Après beaucoup d’hésitations, en voyant qu’il avait l’air de dormir, de méditer ou elle ne savait quoi, elle pénétra quand même dans la salle. Puis se mit à tenter de réparer son datapad. Le silence s’était installé, hormis les petits cliquetis produits en tentant d’ouvrir l’arrière du boîtier. Quelques minutes plus tard, la demande soudaine de Vader la fit violemment sursauter, tant elle ne s’y attendait pas. Le cœur battant à très folle allure, elle se retourna à moitié vers lui et la main qu’il tendait vers elle. Il n’était pas censé dormir ?! Ou… Bref. Elle lui tendit ce qu’elle tenait sans réfléchir, encore occupée à se remettre du sursaut. Tout était si calme… Et il était littéralement la dernière personne, dans cette base toute entière, dont elle aurait pensé qu’il lui adresserait la parole. En plus, il ne semblait pas vraiment très frais… Enfin, pas en forme. Abattu. Ce qui rendait encore plus bizarre qu’il ait envie de se soucier de la réparation de ce truc, au passage. Ça cachait peut-être un piège ?

« Vous n’avez pas l’air d’une militaire. Qui êtes-vous ?  »

Si elle avait été moins stressée devant lui, elle en aurait rit. D’eux deux, ce n’était sûrement pas elle qui avait le moins l’air d’une militaire classique. Même si elle avait pris pour habitude de se teindre les cheveux bizarrement.

« J’en suis bien une, pourtant. Je m’appelle Apsara Kravhenn et je travaille comme timonier-navigateur. »

En quoi ça pouvait bien l’intéresser, là, elle séchait complètement… Sans doute pensait-il qu’elle était une gamine perdue dans cette base et qu’elle attendait qu’on vienne la chercher, pour la ramener sur sa planète ? Elle reposa le regard sur le datapad qu’il s’était mis à bricoler, perplexe.

« Pardon mais en quoi bricoler ça peut bien vous intéresser ? »

"J’en suis bien une, pourtant. Je m’appelle Apsara Kravhenn et je travaille comme timonier-navigateur."

Elle ? Navigatrice sur un vaisseau de la Flotte Impériale ?? Il releva le regard sur elle, un instant, le rebaissa sur le datapad, de nouveau sur elle, puis de nouveau sur l’objet à réparer. Avec cette dégaine et ses cheveux teints en rose, comment avait-elle pu obtenir la confiance de qui que ce soit ? Enfin ! Elle n’avait ni la tête, ni l’apparence ni même l’aura d’une véritable militaire, il ne comprenait pas par quel accident elle avait bien pu se retrouver ici. D’où elle sortait, comment, par la Force, avait-elle pu atterrir sur cette base et qui avait eu l’idée saugrenue de l’accepter ?? Si elle était navigatrice… Sans doute était-elle également pilote… Il faillit pousser un soupir de regret, en pensant au pilotage, regrettant fortement ces moments où il pouvait simplement ne faire qu’un avec son chasseur, plutôt que rester coincé dans un hôpital et de… Et de… Il… Peut-être… Cela lui donnait une idée…

"Pardon mais en quoi bricoler ça peut bien vous intéresser ?"

"Bricoler détends. Mais vous… Vous, vous devez être pilote, n’est-ce pas ?"

Il avait tendu le doigt vers elle, en attente qu’elle acquiesce. On allait pouvoir s’amuser un peu ! Il laissa tomber le datapad et les petits outils sur le fauteuil d’à côté puis il se leva, non sans une certaine difficulté, mais il se leva tout de même. Par la Force, il ne pouvait tout simplement pas rester coincé ici, il en deviendrait fou ! Il pointa à nouveau le doigt sur la navigatrice puis lui ordonna d’un ton glacial de le suivre, n’admettant aucun refus de sa part. Même s’il ne put aller très vite, c’est tout de même d’un pas parfaitement déterminé qu’il quitta cette salle de repos, puis l’aile médicale, repoussant d’un regard noir un des infirmiers qui avait tenté de s’interposer. Sur la route, il en croisa d’autres, des soldats principalement, dont pas mal le regardèrent d’un air complètement effaré et coururent dans le sens opposé, sans doute prévenir quelqu’un. Aucune importance ! Ils arrivèrent ainsi au hangar, où le lieutenant en charge attendait déjà de pied ferme.

"Seigneur Va… Pardon, je veux dire, général, ce n’est pas raisonnable ! Vous êtes blessé et vous ne devriez pas quitter l’hôpital de cette façon. Quant à vous, Enseigne, vous ne…"

Anakin poussa un soupir assez appuyé et grognon pour interrompre directement ce lieutenant. S’ensuivit un échange assez houleux où il fit comprendre à cet homme que, d’un, il n’avait aucune leçon à recevoir de sa part, de deux, il n’était pas spécialement d’humeur à engager un débat avec qui que ce soit, de trois, s’il tenait vraiment à l’arrêter ici même, il lui faudra des arguments somme toute plus frappants. Le lieutenant parut hésiter, à mesure que la main de vader le démangeait de plus en plus, mais au bout d’une bonne minute, il prit la très sage décision de s’écarter de son chemin. Brave garçon ! L’ancien bras droit de l’Empereur le dépassa sans plus y accorder une seconde d’attention et dit à Kravhenn de grimper dans un des chasseurs. Lui aussi en prit un, soulagé dès qu’il se retrouva à l’intérieur. Incroyable de devoir perdre autant de temps avant de tout simplement procéder à des petits tests ou amusements…

"On va faire un petit test," dit-il à la radio, en jetant un œil à l’autre TIE. "Et voir ce que vous avez dans le ventre, Enseigne Kravhenn."

Les commandes répondirent si souplement, entre ses mains, en poussant l’appareil vers la sortie du hangar puis droit dans le ciel de Nirauan. Il vérifia rapidement si la fille le suivait bien, puis la prévint que ça allait commencer. Tout se préparant avec rapidité de son côté. Maintenant, on allait s’amuser ! Il ne comptait évidemment pas l’abattre réellement, comme un véritable ennemi, juste voir ce qu’elle avait dans les tripes. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le début de cette séance, il ne fut absolument pas déçu. Le jeu prit d’emblée une saveur inespérée et complètement inattendue, lorsqu’il réalisa que même si, d’apparence, elle n’avait rien d’une militaire, elle n’en restait pas moins une pilote douée. Il le remarqua d’emblée et il était certains que s’il y en avait, de la base, à surveiller leur combat d’entraînement tout autour dans le ciel, tous pourront s’en rendre parfaitement compte aussi.

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Ambiance, 17, tentative de dissuasion, 10, début du test, 15.
Apsara : 3

« Bricoler détends. Mais vous… Vous, vous devez être pilote, n’est-ce pas ? »

« Hum, oui, mais je ne… »

Pilote plus vraiment depuis un long moment… La suite de sa phrase s’évanouit dans un léger sursaut lorsqu’il se leva, alors qu’elle croyait qu’il allait s’effondrer par terre aussitôt à cause de son état, après avoir jeté datapad et outils sur un siège voisin. Mais qu’est-ce que… Il pointa encore le doigt droit sur elle puis lui intima l’ordre de le suivre. Que… Hein ? Pour aller où ?! Elle se leva quand même, n’osant pas lui désobéir, même si elle avait vraiment peur qu’il ne s’écroule sur place à chaque pas de plus. Sur le chemin, peu tentèrent d’arrêter, beaucoup d’autres semblèrent ne pas en revenir. Et derrière, elle suivait en se demandant en boucle ce qui pouvait bien le piquer. Tout ça jusqu’au hangar, où ses joues s’enflammèrent sous la gêne, alors que le lieutenant Garz les arrêta, les bras croisés. Apsara se fit absolument toute petite, à moitié planquée derrière le Sith. Et tant pis si ce n’était pas bien courageux ! Elle ne comprenait rien elle non plus à tout ça et n’avait pas du tout envie de s’attirer des ennuis aussi bêtement.

« Seigneur Va… Pardon, je veux dire, général, ce n’est pas raisonnable ! Vous êtes blessé et vous ne devriez pas quitter l’hôpital de cette façon. Quant à vous, Enseigne, vous ne… »

Eeeeh, elle n’y était pour rien, elle ! Il n’allait quand même pas l’accuser ! Ce n’était pas elle qui lui avait dit de quitter immédiatement l’hôpital ! Elle se redressa vivement, outrée, mais ce fut finalement le général qui réagit le premier et lui répondit. Secouant un peu la tête, elle essaya vraiment de faire fi de tous les regards pointés dans leur direction, une moue aux lèvres. Et dire qu’elle avait toujours su rester assez discrète et dans son rôle… On pouvait dire que là, c’était on ne peut plus raté. Durant un moment, elle espéra quand même que le lieutenant Garz allait réussir à convaincre ce grand blessé qu’il ferait beaucoup mieux de regagner son lit mais non. A la place, il finit par s’écarter et ne plus rien dire. Et c’est tout, il allait laisser faire, juste comme ça, personne n’allait intervenir ? La voix du Sith blessé la ramena à la réalité lorsqu’il lui dit de prendre un des chasseurs. Il comptait… Bon… Là encore, le lieutenant ne dit rien, se contentant de hausser vaguement les épaules et lui indiquer d’un petit geste de main d’y aller.

A la fois très rouge de gêne et très pâle, elle grimpa dans le chasseur et s’installa rapidement, aux commandes. La voix du blessé résonna vite dans la radio, donnant enfin ses intentions. C’était donc ça. Et ça lui avait pris comme ça, alors qu’elle lui avait juste dit bonjour et qu’il avait voulu réparer une tablette ? Et pourquoi la tester, d’ailleurs, ça lui apportera quoi ?! Il était blessé et marchait à peine, ce n’était vraiment pas le moment ! Elle soupira puis prit les manettes, s’envolant du hangar vers le ciel à sa suite. Un test, je vous jure… Elle se concentra, dès que ce petit exercice débuta, retrouvant quelques réflexes qui n’avaient pas disparu, loin de là. Un combat d’exercice, qui dès qu’on oubliait les conditions, était plutôt plaisant. Il faut dire qu’elle n’avait plus eu l’occasion d’en faire depuis longtemps et c’était amusant. Il s’écoula tout un moment ainsi, il poursuivait l’exercice pendant qu’elle se demandait l’intérêt de tout ça. Une fois son test fini, très bien, tout le monde sera bien content et ensuite ? A quoi ça aura bien pu lui servir ? Un instant, elle hésita, puis finit tout de même par reprendre la radio.

« Accepteriez-vous de me signaler quel est le but de cet exercice, général ? Je ne fais partie d’aucune formation de pilote, dans cette armée. »

Sous-entendu, s’il voulait tester les compétences de ses futurs alliés pour des missions, il perdait son temps, avec elle.

Parfait, parfait. Vader baissa légèrement l’intensité et la vitesse, en survolant la base, on ne peut plus satisfait. Dommage qu’il ne soit pas au meilleur de sa forme, auquel cas il aurait pousser les choses plus avant, en orbite également, surtout plus longtemps. Hélas, il se savait peu en état d faire durer les choses durant des heures… Il s’était écoulé un peu moins d’une heure et cela avait suffi, en observant attentivement et en se fiant à ses ressentis, de le convaincre qu’elle serait plus utile dans une unité de pilote que derrière le bureau d’un poste de timonier, dans un croiseur ou un destroyer. Ce qui lui plaisait le plus était, en réalité, était bien qu’elle n’avait pas été formatée par les méthodes impériales, pour piloter, c’était clair et net. Pour de futurs combats et missions, il fallait des pilotes capables de se dégager des procédures et de ne pas avoir peu d’improviser en cas de besoin.

"Accepteriez-vous de me signaler quel est le but de cet exercice, général ? Je ne fais partie d’aucune formation de pilote, dans cette armée."

"Pas encore," marmonna-t-il. "Il faudra arranger ça."

Ce qu’il apprécierait, ce serait de refaire cet exercice mais plus tard, lorsqu’il sera en meilleure forme. Ne pas pouvoir pousser bien plus le frustrait, en revanche, il savait qu’il ne pourrait pas tenir bien longtemps. Hélas… En attendant, il lui dit de rentrer à la base, prenant les devants. Se poser en souplesse, puis sortir… Le lieutenant Garz était toujours là, avec une mine pincée mais il parvint à ne faire aucun commentaire. Il demanda simplement si tout s’était bien passé, ajoutant ensuite qu’il avait suivi avec intérêt cet exercice. Le tout en s’obligeant visiblement à ne rien laisser échapper. Anakin sentait très bien son mélange d’agacement et de lassitude, pour autant, ça ne l’intéressait pas. Ce qu’il voulait, c’était le suivi qui avait été enregistré. Des données qu’il tenait à récupérer, enfin de faire ensuite la demande pour que la navigatrice soit transférée dans son escadrille. Le lieutenant écarquilla légèrement les yeux puis lutta pour ne rien ajouter, alors qu’il lui transférait le dossier.

"Venez avec moi," dit-il ensuite à l’Enseigne, une fois tout en mains.

Pour le moment, il se contenta de retourner dans la salle de repos de l’hôpital de la base, se rasseoir… Se poser un peu et faire passer la frustration de ne pouvoir en faire davantage. Du coin de l’œil, il aperçut rapidement le médecin entrer dans la salle, faire une drôle de moue puis repartir. Pourquoi autant d’agitation pour une simple sortie non prévue dans le ciel tout autour de cette base, ce n’est pas comme s’il avait sauté dans un croiseur pour repartir immédiatement en guerre. Il reprit le datapad et recommença sa réparation, comme si de rien n’était et que rien n’avait interrompu cette petite tâche. Détendu, à présent, piloter lui avait fait plus de bien que cette tâche-ci.

"J’ai besoin, pour mon escadron, de pilotes qui ne soient pas formatés par l’esprit impérial, qui savent s’adapter et improviser. Il serait du gâchis de ne pas vous inclure dedans."

Il s’interrompit, le temps de reprendre avec une certaine difficulté son souffle. Tout cela restait très fragile mais il s’en remettra… Peu à peu… Un pas après l’autre. Il avait connu bien pire que cela et ce n’était pas ce qui allait le stopper pour de bon.

"Avez-vous déjà participé à des missions de commando ?"

Comment ça, « pas encore » ?? Et comment comptait-il arranger ça, au juste ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle avait fait ?? Elle poussa les manettes en avant pour rentrer, comme demandé, les joues toujours aussi rouges, ce qui devait sans doute jurer affreusement avec la couleur de ses cheveux. Puis de venir se poser dans le hangar et de quitter le cockpit, avant de rejoindre le général. Cette journée avait été parfaitement normale, avant cette sortie, où est-ce que ça avait dérapé et pourquoi ?? Pourquoi se retrouvait-elle dans une telle situation alors qu’elle avait juste… juste… Mais non, elle n’avait absolument rien fait, à part dire bonjour au général ! Depuis quand adresser poliment la parole à quelqu’un suffisait pour vous attirer des ennuis ? Est-ce que c’était déjà seulement arrivé une seule fois, dans toute l’histoire de la galaxie ? Et il n’y avait pas quelqu’un qui pourrait dire quelque chose ? Comme, comme… Tiens, le lieutenant Garz, par exemple. Mais il ne dit absolument rien, à son très grand dam. Ah, on pouvait compter sur ses supérieurs hiérarchiques, ici, lorsqu’on se faisait tirer de sa voie initiale pour être jeté dans une autre !

« Venez avec moi. »

Avant de partir, elle adressa un dernier regard au lieutenant, qui fit mine de ne pas le remarquer. Eh bien, merci, vraiment… Agacée et plutôt inquiète de ce qui l’attendait, elle n’eut plus qu’à suivre le général, jusqu’à la salle quittée plus tôt. Aussitôt, il se rassit et reprit la réparation du datapad, qu’elle avait complètement oublié entre-temps. En s’asseyant à son tour, Apsara se demanda une nouvelle fois ce qu’elle avait bien pu dire ou faire pour lui donner envie de son « test » … Lorsqu’il reprit la parole, cette question fut chassée par une autre, bien plus importante, savoir s’il était sérieux ou non. Il n’avait pas l’air de rigoler, en tout cas… Une moue bizarre la prit, mélange entre stupeur et parfaite incrédulité. Qui pourrait bien valider son transfert dans un escadron de pilotes, on se le demande… ? Personne dans cette base ne pouvait être assez fou pour le faire, sur la base d’un seul vol, alors qu’elle était juste Enseigne et qu’elle n’avait pas encore fait ses preuves, véritablement ! Il avait l’air de penser que c’était possible, mais elle ne croyait pas une seule petite seconde que quiconque acceptera ce genre d’aberration. Pourquoi pas aussi lui confier directement une mission sur le terrain, pendant qu’on y était.

« Avez-vous déjà participé à des missions de commando ? »

Ce n’était donc… pas assez évident pour tout le monde que non. Très bien, on se détend, inutile de stresser. Une fois que tout sera passé, elle pourra sans doute reprendre sa vie d’avant, comme si rien n’était arrivé.

« Jamais, bien sûr, général. Je n’ai pas été formée à cela et il ne s’agit pas de ma voie de carrière non plus. »

Aucun risque, absolument aucun risque, elle n’avait pas à stresser ni à se poser de questions. Ce n’était tout simplement pas réalisable, de prendre une personne comme ça et de la changer radicalement de voie ou de carrière… Pas vrai ?

« D’ailleurs, hum… Je ne sais pas ce que vous pensez, de ce vol d’essai, mais je ne suis pas sûre de bien suivre. En ce qui concerne le pilotage, j’ai appris au fil de mes expériences personnelles mais je n’ai aucune formation qui vaille, pour piloter dans un combat spatial en bonne et due forme. Pas plus qu’en commando et ce genre de choses. Il y a peu de chance que je puisse vous être utile. Qui validerait un truc pareil, de toute façon, ici. »

Il s’était déjà douté de cette réponse, c’était attendu. Maintenant qu’il avait confirmation de la principale concernée, il pourra réfléchir tranquillement à comment commencer et ce qui sera le plus judicieux, dans un premier temps. Cela l’occupera bien, le temps de certains examens ou encore de soins toujours obligatoires, à faire ici. Elle passera pas mal de temps sur des simulateurs de vol, bien entendu, tout comme en réel, tel que tout à l’heure. Mais il voudrait aussi connaître les bases pour la partie « commando ». Elle devait au moins avoir la formation de base en combat que suivaient tous les militaires ici, dès leur arrivée, sans oublier, bien sûr, la formation continue et les entraînements quotidiens. Mais tout ça ne suffisait pas, bien loin de là. Il ne pouvait pas s’en occuper lui-même immédiatement, en revanche, il y avait pas mal de personnes, sur cette base, qui étaient capables de s’en charger…

"D’ailleurs, hum… Je ne sais pas ce que vous pensez, de ce vol d’essai, mais je ne suis pas sûre de bien suivre. En ce qui concerne le pilotage, j’ai appris au fil de mes expériences personnelles mais je n’ai aucune formation qui vaille, pour piloter dans un combat spatial en bonne et due forme. Pas plus qu’en commando et ce genre de choses. Il y a peu de chance que je puisse vous être utile. Qui validerait un truc pareil, de toute façon, ici."

"J’en connais un, ici, qui validera sans avoir besoin d’y réfléchir des heures," répondit-il simplement en levant le datapad à la lumière, pour en observer les fils à l’intérieur. "Ne rien connaître à une chose importe peu, tout s’apprend, tout le monde peut se former. Je me fiche aussi de votre grade."

Des grades, même, en règle générale. Qu’il travaille avec un cadet, un lieutenant, un capitaine, un amiral ou il ne savait qui encore, pour lui, c’était du pareil au même. Il se moquait des titres des uns ou des autres, dans une mission ou une bataille, à partir du moment où le travail était accompli. Il se moquait du grade des gens qu’il croisait, seules leurs compétences comptaient. Il n’avait rien à faire des jeux d’influence politiques et toutes ces parfaites horreurs. Et au sein de l’Empire, si un incompétent flagrant se présentait devant lui, ni son grade élevé ni ses influences sur on ne savait qui n’avait jamais eu la moindre importance. Il poursuivait son travail de bricolage avec rapidité, le problème n’était pas bien grave et ça sera vite réparé. Tout en s’occupant de ça, il indiqua la suite du programme à la pilote. Le passage par les simulateurs, pour débuter, où il sera plus facile et plus simple de varier les niveaux. Ainsi que les plaisirs, songea-t-il pour lui-même.

"Les véritables inutiles et parasites," ajouta-t-il d’un ton bien plus noir, "sont ceux qui cachent leur incompétence derrière de belles paroles ou de soi-disant relations puissantes. Les arriérés qui n’évoluent jamais. Les passéistes. Les rétrogrades. Les planqués et tous ceux qui ont peur du combat ou envoient d’autres mourir à leur place. Les manipulateurs. Les politiciens."

Un reniflement de mépris accompagna cette brève tirade. Tous ces gens, il les avait en horreur. Bien sûr, il lui en fallait beaucoup, avant d’éprouver du respect pour quelqu’un…. Et ces personnes étaient très rares, dans la galaxie. Mais il en fallait peu pour attiser son mépris. Il boucla la réparation du datapad et le lui tendit.

"Votre formation commencera dès demain."

Il y avait vraiment un officier ici qui acceptera ça sans se poser de questions ? Mais… Elle sourcilla un peu, pas du tout convaincue et attendant de le voir pour le croire. Il faudrait être… Comment dire… Bizarre, non ? Ou bien se moquer complètement des règles habituelles ? Ou ne pas vouloir faire les choses normalement et changer les gens comme ça de route sur une simple impression ? Alors, oui, tout s’apprenait, mais tout de même ! Vader… Enfin, le général aussi était très bizarre. A moins que ça ne soit une attitude parfaitement normale chez lui et que ce soit elle qui n’arrive pas à comprendre. Rah, bon sang, tout ça commençait à lui filer un léger mal de crâne. Le général enchaîna en lui lançant où elle sera attendue le lendemain, avec qui, à quelle heure, pour quels exercices. « Pour commencer ». Elle devait comprendre, en sous-entendu, qu’il comptait faire d’elle plus qu’une pilote… ? Et si oui, est-ce qu’il pourrait y avoir quoi que ce soit de normal qui puisse se passer aujourd’hui, histoire de compenser un peu ? Comme, à tout hasard, quelqu’un qui ferait enfin remarquer au général que toute cette histoire relevait du délire pur et simple ?

« Les véritables inutiles et parasites sont ceux qui cachent leur incompétence derrière de belles paroles ou de soi-disant relations puissantes. Les arriérés qui n’évoluent jamais. Les passéistes. Les rétrogrades. Les planqués et tous ceux qui ont peur du combat ou envoient d’autres mourir à leur place. Les manipulateurs. Les politiciens. »

Plutôt que de faire une liste de ceux qu’il semblait détester il ferait mieux d’en faire une de ceux qu’il acceptait, il gagnerait beaucoup de temps. Enfin bref. Elle récupéra machinalement son datapad, répondit très simplement qu’elle avait compris et enfin, put le saluer, avant de quitter cette pièce. En essayant de ne pas courir pour atteindre la porte. Une fois dehors et plus éloignée, elle lâcha enfin un très gros soupir, serrant l’appareil contre elle en marchant. Alors… Comment est-ce qu’une aussi bête journée avait pu déraper à ce point ?! Et devait-elle vraiment aller trouver l’instructeur demain matin ou bien allait-il l’envoyer balader avec un gros fou rire ? Peut-être vaudrait-il mieux s’y rendre quand même, dans le doute… Pour en pas énerver Vader… Enfin, le général. Même si l’instructeur ne pourra comprendre ce qu’elle pouvait bien venir faire dans ses pattes. Cent mètres et quatorze soupirs plus tard, elle put enfin en revenir à son véritable travail. En essayant d’éviter certains regards, de ceux l’ayant vu avec Vader juste avant la petite sortie. C’est bon, c’est bon, ce n’était tout de même pas sa faute s’il avait pété les plombs !

Le reste de la journée se déroula de manière bien plus ordinaire, par bonheur. Elle termina par des entraînements physiques habituels, puis retrouva quelques personnes avec qui elle avait sympathisé, pour le repas du soir. La rumeur avait déjà commencé à courir, à son plus grand dam, mais elle s’efforça de vite couper court à toute conversation là-dessus, pendant qu’ils mangeaient. Le général avait eu un petit coup de folie ou il avait voulu s’amuser, tant il s’ennuyait, voilà, fin de l’histoire, passons à autre chose. Mais au beau milieu du repas, c’est là qu’elle reçut la confirmation officielle d’où elle était attendue le lendemain matin… Son estomac se tordit, alors qu’elle réalisait qu’il y avait bel et bien un officier, ici, capable d’autoriser ça, que ce n’était même pas des conneries. Mais qui… Elle secoua un peu la tête, relut quatre fois le message pour s’assurer qu’il était bien réel et qu’elle n’hallucinait pas. C’était… bon… On respire, tout va bien, tout devrait… Bien se passer. Non ? De toute façon, ce n’est pas comme si elle avait vraiment le choix…