Rencontre privée

C’était une visite non prévue, que son service de sécurité n’avait guère apprécié. D’autant plus lorsqu’elle avait désiré se rendre seule, une fois arrivés sur la petite planète, à la base en vue. Son capitaine avait lourdement insisté pour au moins la faire accompagner aux portes de la base, car même s’il avait confiance en le Cygne Noir, il n’imaginait pas une seule seconde la laisser sans escorte dans une telle situation. Elle laissa faire, avant de prendre congé et se diriger vers l’arrière de la base, où lui indiqua où se trouvait Cygni. Ces hommes savaient qui elle était et ne posèrent pas de questions, lorsqu’elle traversa les différentes zones, sachant qu’elle faisait désormais partie de la Coalition et qu’il était normal qu’elle ait parfois à s’entretenir avec leur chef. Néanmoins, toutes les personnes présentes ici ne faisaient sans doute pas partis des leurs.

Une fois quitté les différentes zones de travail, elle parvint dans une atmosphère un peu plus calme et alla frapper à l’endroit indiqué. Il y eut un bref mouvement, avant que ça ne s’ouvre sur Nevil. Elle lui adressa un sourire et un bonjour poli, amusée intérieurement de son étonnement. Lorsqu’il l’invita à entrer, elle fit glisser sa capuche vers le bas, en le remerciant. Le bureau où il travaillait était assez peu encombré, forgé de métal et de pièces lourdes, comme le reste de cette base. Une porte entrouverte attira son regard, elle crut apercevoir un petit nécessaire de cuisine et le bout d’une couchette posé au sol. C’était ici qu’il vivait, elle le savait depuis déjà longtemps, mais elle ne s’était imaginée un endroit aussi… Comment le dire… Aussi brut. Totalement dépourvu du moindre confort ou simplement de calme. Soit il ne s’intéressait guère au confort, soit il y était trop habitué pour y prêter attention.

Je suis navrée d’arriver sans avoir prévenu, sourit-elle en enlevant sa capeline. Je désirais vous revoir en privé sans oreilles indiscrètes, tout autour de nous.

S’ils avaient effectivement la possibilité d’être tranquilles, en ces lieux, elle n’était pas très à l’aise pour autant. Car elle sentait ô combien elle n’était pas à sa place dans ce genre d’endroits. La base elle-même servait de point de rassemblement, d’atelier de fabrications d’armes, d’extraction de certains minerais et préparations aux combats. Une partie des personnes présentes ici travaillaient pour la coalition mais ils n’étaient pas la majorité. Le restant travaillait pour Nevil, directement, ils étaient avant tout des rebelles et ne se privaient pas d’attaquer l’Empire. Par ailleurs, ces hommes lui avaient laissé une impression… Très différente de celle des Rebelles de l’Alliance. Leur ton, leur tenue, le bref aperçu laissant un plus grand sentiment de malaise que les trois rebelles présents à la réunion.

Je devais vous parler, à propos de nous. Voilà déjà quelques temps que nous pouvons apprendre à nous connaître et nous apprécier. Néanmoins, j’ai pu savoir que mon peuple commençait à s’en inquiéter quelque peu. Je ne dois me lier qu’avec des personnes sûres et ils sont en droit de savoir si vous pouvez l’être, sur le long terme. Je veux dire par là, avant de songer à aller plus loin, avez-vous des projets sur l’avenir ?

Pour être tout à fait honnête, elle s’inquiétait assez de ce qu’il allait lui répondre. Entre la coalition et les activités rebelles qu’il poursuivait sans relâche… Elle espérait qu’il puisse exister une place pour eux, une place importante, mais rien ne pouvait être encore sûr. Cela avait beau être une relation qu’elle souhaitait développer, elle ne pourra se le permettre si rien ne pouvait en découler.

L’Empire concentrait une partie de ses effectifs sur les mondes possédant des ressources importantes pour son fonctionnement… C’est aussi ce qu’il avait fait sur de longues périodes spécifiques, par le passé, bien que cela reste à chaque fois plus discret et plus subtil que ça ne l’était aujourd’hui. A cette époque, il pouvait encore se le permettre, les effectifs étaient nombreux, la résistance encore peu développée. Désormais, les Rebelles montraient bien plus les dents, sans compter que les récents événements avaient aiguisé les envies de liberté. Installa à son bureau, une main près de l’écran, l’autre contre sa tempe, il lisait les données et réfléchissait à leurs futurs plans d’actions. Trois grandes stations minières représentaient sa priorité du moment. Le groupe mené par Flytan n’attendait que cette occasion, sur le second monde visé… Ils étaient prêts et Nevil savait que ce rude Twi’lek saura mener un assaut sans faillir.

La carte mentionnait les passages récents de l’Empire notés, pour la plupart, de simples patrouilles de routine, rien de très dangereux. Les tactiques de ce type d’équipages lui étaient connues depuis longtemps et il avait souvent joué avec elles. Pour les attirer ailleurs, les combattre ou les envoyer sur de fausses pistes, c’était selon. Le destroyer mené par le capitaine Mectons était déjà une plus grande menace à ses yeux. Il faisait partie des « anciens » présents depuis les débuts de l’Empire et avait passé toute sa carrière dans l’Espace Sauvage. Un homme dont il avait attentivement étudié le parcours, comme toujours lorsqu’il avait affaire à un officier soit intéressant, soit dont il savait qu’il devra croiser sa route tôt ou tard. D’une manière plus générale, il aimait bien étudier les dossiers de ses adversaires, ayant développé des petites techniques et astuces pour y avoir accès.

Celui du capitaine avait été récemment enrichi. L’homme ne se faisait guère remarquer, cela dit, il menait un travail propre et net, dans ces régions reculées. Les Rebelles du coin le connaissaient bien… Souvent, Nevil se disait que c’était bien dommage, l’Empire disposait de nombreux personnels de talent, mais très souvent, ces derniers n’étaient pas reconnus pour leur travail impeccable. Ils restaient dans l’ombre, comme celui-là, envoyé faire le ménage au fin fond de la galaxie alors qu’il possédait le talent nécessaire pour mener de plus vastes opérations. Quelle tristesse. Tout occupé qu’il était à étudier les nouveaux ajouts au dossier de Mectons, il remarqua avec un léger temps de retard qu’on frappait à la porte. Il alla ouvrir en pensant que ça devait être un de ses hommes, pour un quelconque nouveau problème, puis resta un temps bouche bée en voyant qui se trouvait derrière la porte.

"Yenla ?"

Il lança par réflexe un regard dans le couloir, pour chercher les gardes censés l’accompagner, puis répondit à son bonjour. Il s’écarta pour la laisser entrer et referma doucement vers elle, assez sonné par cette visite soudaine. Ce n’était en plus pas du tout un lieu pour recevoir une femme de son rang ! Cet endroit était…. Un cloaque, on pouvait bien le dire. Il y vivait, lorsqu’il n’était pas en déplacement, mais il n’avait jamais fait le moindre effort pour y apporter du confort ou simplement un peu de décoration. C’était un antre réservé au travail avant tout, étant donné qu’il avait peu l’habitude de rester tranquillement installé des heures dans un seul endroit, pour se reposer.

"Je suis navrée d’arriver sans avoir prévenu. Je désirais vous revoir en privé sans oreilles indiscrètes, tout autour de nous. Je devais vous parler, à propos de nous. Voilà déjà quelques temps que nous pouvons apprendre à nous connaître et nous apprécier. Néanmoins, j’ai pu savoir que mon peuple commençait à s’en inquiéter quelque peu. Je ne dois me lier qu’avec des personnes sûres et ils sont en droit de savoir si vous pouvez l’être, sur le long terme. Je veux dire par là, avant de songer à aller plus loin, avez-vous des projets sur l’avenir ?"

Ce n’était absolument pas le sujet auquel il s’était attendu… Peut-être était-il légèrement influencé par l’endroit où il se trouvait, tant tout lui rappelait le travail, ici. Il fallait bien dire aussi que passer de « Comment va la carrière impériale d’untel » à « comment va ma vie privée » était assez brutal.

"Venez donc vous asseoir," commença-t-il par proposer en tirant des chaises à peine plus confortables que les autres. "Votre peuple s’inquiète-t-il pour mon statut social ou simplement pour le travail que je fais ? Dans le second cas, je puis vous assurer que je ne cherche pas simplement à jouer avec vous ou vos sentiments. Bien sûr que le contexte est particulier, mais ça ne signifie pas que je m’engage sur ce chemin à la légère. Bien au contraire, je fais désormais plus attention que je n’aurais fait ces dernières années. Vous ne représentez pas qu’une simple passade, ni un lien temporaire, que je compte effacer de ma vie. Si vos sujets s’inquiètent plutôt de mon âge, mon rang ou mes activités… Eh bien, je ne peux leur reprocher de se demander ce qui adviendra, concernant ces activités, sur le long terme. Un plan est mis en place pour la coalition mais il est vrai que les affaires sont plus délicates, pour le reste. Il y a-t-il un événement en particulier vous ayant poussé à venir en parler, aujourd’hui ?"

Venez donc vous asseoir.

Elle posa sa capeline derrière elle, sur le dossier, avant de s’asseoir. Il reprit presque aussitôt, s’inquiétant de savoir si ce qui gênait le plus était son travail actuel ou son statut social. Oh… Non, non… Elle commençait à secouer un peu la tête pour dire non mais ne put l’exprimer, il enchaîna sur une autre inquiétude, cette fois véridique pour les siens, en la rassurant sur le fait qu’il ne comptait pas jouer avec elle. Si elle fut heureuse de l’entendre, elle fut tout de même un peu surprise de la manière dont il s’y prenait, avec le curieux sentiment qu’il prévoyait leur avenir comme on préparait une bataille importante. Un peu… Bizarre. Touchant, d’une certaine manière, mais étrange, pour une personne non habituée. Sa vie l’avait tant conditionné qu’il peinait à quitter ce schéma… Elle en vint à se demander s’il parvenait parfois à se détendre plus de deux ou trois heures où s’il était coincé à jamais dans cet état d’esprit.

Un plan est mis en place pour la coalition mais il est vrai que les affaires sont plus délicates, pour le reste. Il y a-t-il un événement en particulier vous ayant poussé à venir en parler, aujourd’hui ?

Elle se rapprocha un peu du bord de la chaise et se pencha légèrement, pour lui poser une main contre la joue et lui murmurer de se détendre. Il lui donnait l’impression d’un homme trop longtemps traqué, aux abois, qui ne parvenait plus à considérer la vie d’une autre manière. Bien sûr que ça lui faisait de la peine, pour lui.

Il n’y a pas de danger immédiat, ni pour vous, ni pour moi.

Aucune alerte ne résonnait, personne ne passait en hurlant dans les couloirs à cause d’une attaque soudaine, ils n’étaient pas dérangés et personne n’allait surgir dans ce bureau pour les agresser. Cela lui semblait important de le souligner, tant elle le sentait piégé dans cet état d’esprit. Même si elle comprenait que ça soit compliqué, pour lui, après une telle vie menée. Elle retira sa main, pour prendre celles de Nevil entre les siennes et les serrer doucement. Ce côté alerte permanent s’était fait ressentir plus d’une fois, cependant, elle s’était dit qu’il serait plus à l’aise et détendu en se trouvant dans son propre univers, là où il vivait et travaillait le plus souvent. Constater que ce n’était guère le cas la chagrinait.

Votre âge ne pose un problème à personne, commença-t-elle avec un sourire rassurant. Pas plus que le statut. Autrefois, c’est vrai, l’origine sociale représentait un point crucial. Ce n’est plus le cas car beaucoup de soucis en ont résulté. Afin d’assainir la monarchie, il y a quelques siècles, l’origine a été retirée des points importants. Seule demeure l’importance des valeurs morales, comme l’honnêteté, le sens de l’honneur et ce genre de choses.

L’éducation spécifique à la royauté, la culture et tous ces sujets pouvaient s’apprendre, tandis qu’une droiture morale s’acquérait avec la vie menée, on ne pouvait la simuler. De fait, Nevil ne posait guère de soucis sur ces sujets au peuple d’Elendys.

Ce sur quoi s’interrogent véritablement les miens, ce sont vos intentions. Vous ne jouez pas avec moi, je le ressens, avant que vous ne me l’affirmiez. Mais pour les miens, je dois savoir si vous êtes prêt à officialiser ce début de relation. J’entends par là, si vous êtes prêt à accepter que nous nous fréquentons officiellement.

Elle leva tout à coup la main pour la poser contre sa joue, lui assura qu’aucun danger immédiat n’arrivait sur eux, puis la rebaissa pour lui serrer les mains entre les sienne. Il cligna doucement des yeux, légèrement surpris. Il savait qu’il n’y avait pas de… Enfin, ça restait une possibilité, en permanence, mais il n’était pas tendu à ce point. C’était réellement le sentiment qu’il renvoyait ?? Ce n’est pas parce qu’il y pensait souvent qu’il ne pensait vraiment qu’à ça, jour et nuit, ce n’était qu’une manière de rester prudent et attentif, faire attention aux autres, rien de plus. En tout cas, c’était ainsi qu’il percevait les choses ! Il ne se sentait même pas tendu, ni très troublé, ni… Enfin, tout allait bien, somme toute. Il se nota quand même d’aller poser la question à un de ses hommes, on ne sait jamais.

Elle répondit ensuite que l’âge ou le statut social ne posaient plus de problèmes, depuis le changement des règles dynastiques sur ces sujets. Ah. Donc qu’est-ce qui pouvait bien poser de problème… ? Pour le coup, ce qui arrivait rarement, il était confus et ne comprenait pas où elle voulait en venir. Avait-il fait ou dit quelque chose ayant offensé les habitants d’Elendys ? Ou elle-même ? Quelle autre règle avait-il bien pu enfreindre sans le réaliser ? Ou qui avait-il vexé ? C’était certainement très grave, pour qu’elle vienne le voir jusqu’ici, plutôt qu’une rencontre sur la station gouvernementale elle-même ou encore sa planète. Il ne recevait, pour ainsi, jamais de visites ici. Très peu savaient qu’il vivait sur cette planète, lorsqu’il le pouvait. Ses diverses rencontres se menaient à bord de vaisseaux, de stations diverses, sur d’autres planètes… Mais Manylla n’avait jamais été un lieu de rencontre privilégié.

"Ce sur quoi s’interrogent véritablement les miens, ce sont vos intentions. Vous ne jouez pas avec moi, je le ressens, avant que vous ne me l’affirmiez. Mais pour les miens, je dois savoir si vous êtes prêt à officialiser ce début de relation. J’entends par là, si vous êtes prêt à accepter que nous nous fréquentons officiellement."

"C’est déjà le cas," répondit-il en cherchant à ne pas trop montrer sa confusion. "Voulez-vous dire qu’il y a un cérémonial à suivre ? Je m’y conformerai, en ce cas."

Il avait du mal à saisir quelles étaient les craintes profondes de ce peuple, cette fois… Mais soit, s’ils désiraient qu’une cérémonie ou autre chose fasse, il s’en chargera. La situation était, toutefois, moins grave que ce qu’il s’était imaginé plus tôt. Il lui sourit plus tranquillement, tout en regrettant de n’avoir ni thé, ni café, ni… Rien à lui offrir, en réalité, si ce n’était de l’eau. La station était différente, mieux organisée pour ce genre de rencontres et plus confortable également.

"J’espère que vous n’avez eu à subir des problèmes politique car nous n’avons pas officialisé devant tous ?"

Il songeait que c’était la seule raison possible… Ce qui avait dû la pousser à venir ici pour en discuter. Lui apporter des ennuis n’était certainement pas son but.

"C’est déjà le cas. Voulez-vous dire qu’il y a un cérémonial à suivre ? Je m’y conformerai, en ce cas."

Il ne comprenait clairement pas ce qu’elle sous-entendait ou encore où elle venait en venir. Soit. Très bien, très bien… Il était définitivement conditionné par la guerre, la vie vécue jusqu’ici, son travail… Elle allait devoir être plus explicite, sinon, il ne parviendra pas à poursuivre plus loin. Encore moins à comprendre ce qu’elle aimerait, avec lui. Doucement, elle retira ses gants très fins puis les glissa dans une petite poche de la capeline, posée sur le siège derrière elle. Des problèmes politiques, demandait-il ? Oh, elle pouvait en recevoir pour bien des raisons mais heureusement pas en ce qui pouvait concerner sa vie privée. A moins, bien sûr, que les années défilent sans qu’elle ne parvienne jamais à avoir une fille. Mais ce n’était pas là le sujet. Encore jeune et tout juste devenue reine, elle n’avait pas encore cette pression de mettre au monde une petite fille.

"Je ne vous parle pas de cérémonie."

Elle se leva, tout en disant cette phrase, pour venir s’installer sur ses genoux, à lui, puis lui passer ses bras autour pour se rapprocher. Qu’importe le cérémonial, justement, personne ne pouvait les voir. La chaise était légèrement branlante, une fois à deux dessus… S’asseoir par terre ne la dérangerait pas plus que cela, cela dit, il lui suffirait de changer de vêtements une fois à bord de son vaisseau, pour redevenir présentable. Et en attendant, sa capeline pourra la recouvrir. Elle se mit assez confortablement, contre Nevil, tout en se disant qu’il souffrait peut-être d’un stress post-traumatique.

"Je comprends que vous soyez encore très peu à l’aise," poursuivit-elle en pensant aux moments où ils s’étaient embrassés mais où c’était bien elle qui avait dû faire le premier pas. "Je sais que vous n’avez pas l’habitude et aussi du mal à sortir de votre coquille…"

Elle n’avait d’ailleurs encore jamais rencontré une personne autant focalisée sur le travail et ses projets, en se fermant si fort à une vie privée ou une vie intime. Aucun ami véritablement proche, même s’il connaissait bien des personnes qu’il appréciait et respectait. Elle était même la première femme qu’il s’autorisait à aimer. Pour sa part, même sans être une experte des relations amoureuses, elle estimait malgré tout être plus au courant dans la matière. Elle s’approcha encore un peu pour le serrer dans ses bras, tout en parlant, sachant qu’une étreinte aidait toujours à le détendre et le rendre moins sur la défensive. Et puis, elle aimait ça. Se sentant bien lorsqu’elle le sentait contre son cœur.

"Oubliez un moment la guerre et les problèmes… N’avez-vous eu jamais envie d’autre chose ?"

Tout en parlant, elle glissa une main contre le visage de Nevil, jouant un peu avec lui.

Si ce n’était pas une affaire de cérémonie, alors ils ne… Il referma la bouche, lorsqu’elle se leva, ravalant très vite sa réponse car elle vint tout à coup s’installer sur ses genoux. Comme ça, sans prévenir, le laissant un instant sans voix. Il retint une petite grimace en sentant son siège, déjà fragilisé par le temps, émettre un petit grincement, pensant qu’il allait achever sa carrière d’ici quelques minutes à peine. Puis passa doucement les bras autour de la taille de la jeune dame, alors qu’elle se rapprochait un peu plus en s‘installant confortablement. Ils s’étaient déjà embrassés et avaient connu de douces étreintes, cependant, il n’avait encore jamais osé une position aussi peu conventionnelle, par crainte quelqu’un, sur Elendys, ne les surprenne et s’offusque qu’une reine se laisse aller de cette manière. Il était envahi par le doux parfum qu’elle portait, à présent.

"Je comprends que vous soyez encore très peu à l’aise. Je sais que vous n’avez pas l’habitude et aussi du mal à sortir de votre coquille… Oubliez un moment la guerre et les problèmes… N’avez-vous eu jamais envie d’autre chose ?"

Il ferma un instant les yeux, lorsqu’elle passa la main contre son visage. Envie d’autre chose… Bien sûr que c’était déjà arrivé, souvent, même, mais… Il n’en avait simplement pas eu le loisir. Puis avait fini par se convaincre lui-même qu’il ne devrait pas y penser sérieusement. Aujourd’hui, bien sûr, c’était différent, il restait juste un peu… Nerveux. Peut-être aussi car il n’avait pas la moindre idée de comment s’y prendre dans ce domaine. Il resserra légèrement son étreinte autour de cette fine taille, les joues un peu plus rouges que tout à l’heure. Il s’efforçait, très sincèrement, de se détendre et se laisser aller, même si l’exercice était moins évident ici que lorsqu’il se trouvait sur Elendys ou même dans la station, à l’abri des regards. Il leva doucement une main, plus haut dans le dos, levant la tête alors qu’elle penchait la sienne, pour l’embrasser. Un contact doux, bien qu’il n’apprécie pas les embrassades à pleine bouche.

"Je vais en sorte de plus me détendre," sourit-il faiblement après ça. "En prendre l’habitude."

Même s’il n’aimait pas embrasser, les câlins, les contacts physiques et les attentions envers elle étaient autant des preuves de son attachement. Beaucoup de personne n’aimaient guère embrasser mais tout le reste prouvait l’affection… C’est qu’il voulut lui montrer, cet attachement et cet amour, sans toutefois être trop brusque ou vulgaire. Puisqu’ils n’étaient que tous les deux…