Un malade, ça mange de la compote et ça complote ! [PV Shira]

Shira avait essayé de méditer. Encore. Elle n’aurait pas dû, le bruit de la chasse sonique une mélodie bien désagréable à son oreille. Le goût à son palais n’était pas bien meilleur… Elle se devait tout de même d’essayer, au cas où, cette-fois-ci, les choses se passaient différemment. Cela faisait plusieurs jours que ça durait, et ce n’était pas encore le cas, fort malheureusement. Peut-être plus. Elle n’aimait pas se morfondre sur son état, donc elle ne comptait pas vraiment. Une chose était certaine, cependant, le jour n’était pas encore venu. Mais il viendrait, il le fallait. Elle n’allait pas pouvoir rester dans cet état en permanence… Elle savait ne pas se servir de la Force, ce n’était qu’un outil de plus, mais elle était tout de même bien utile au quotidien. Sauf en ce moment… Elle ne se sentait pas très bien, fatiguée, avec des courbatures… Utiliser la Force ne faisait qu’accentuer cette sensation, au centuple. La médication n’aidait en rien, si ce n’est à dissiper quelques symptômes, comme le mal de crâne qui venait parfois perturber sa réflexion.

Elle avait appris bien vite qu’elle n’était pas la seule concernée. Dans l’Inquisitorius, aussi, de nombreux inquisiteurs avaient finis dans des états encore plus graves. Elle ne s’en était, cependant, pas beaucoup soucié. Leur état de santé ne lui importait guère. Des siths, également, mais elle s’en moquait tout autant. Ils n’étaient pas de cette époque, ils n’avaient rien à faire ici. S’ils pouvaient disparaître, ça ne ferait sans doute pas de mal. Surtout qui si ça s’étendait à eux, ça veut dire que le souci devait toucher tous les sensitifs, donc les jedis. Une part d’elle aimerait bien voir l’état du blondinet, si jamais il avait été atteint, lui aussi. Non, ce qui l’inquiétait le plus dans tout ça n’était même pas les rapports alarmants qui arrivaient de partout, au sujet des changements climatiques soudains, et parfois brutaux. Rien de cela n’était vraiment perceptible pour le moment sur Coruscant, qui disposait d’un système de contrôle atmosphérique et climatiques efficaces. Le fait que ça ne la touche pas personnellement était la principale source de désintéressement, accompagnée par les rumeurs suintantes qui fuitaient de la cour de l’Empereur, au sujet de l’état de santé de son maitre.

Elle était tout juste revenue dans son salon, pour observer les longues files aériennes, ininterrompues et changées, de véhicules qui passaient au loin qu’elle sentit sa tête se vriller un instant, dans un énième sentiment de malaise. Elle eut tout juste le temps de s’agripper fermement à la commode, renversant au passage une petite statuette, pour éviter que ses jambes ne chancèlent.

La Force…

Une image s’incrusta dans son champ de vision au même instant, celle d’une chambre du Palais Impérial… De son maitre installé en son centre… Accompagné d’une suggestion portant son empreinte, et sa voix. Shira cligna des yeux, tout en retrouvant son équilibre. D’ordinaire, cela ne provoquait pas de réaction particulière. C’était juste… la Force, encore et toujours… Pourquoi avait-il utilisé ce moyen de communication, plutôt qu’un autre ? Était-ce un test ? Voulait-il la rassurer en lui montrant qu’il pouvait s’en servir, et qu’il allait bien ?

Il voulait la voir, dans tous les cas, ce qui la rendait plus heureuse. Elle qui avait tant douté de ce qu’il pouvait bien lui réserver, après ce qui s’était passé ces derniers mois. Sa disparition, son enfermement, son incapacité à prévoir la trahison de Vader… Elle se demandait encore ce qu’il avait bien pouvoir lui dire, ou lui faire, à cause de ça, mais elle ne pouvait pas ne pas ignorer un tel appel. C’était son maitre, le servir lui faisait plaisir, et le voir la soulagerait un peu des inquiétudes que sa cour diffusait dans son dos, malgré le discours officiel.

Encore faiblarde, le teint un peu pâle, elle avait quitté ses appartements après s’être changée. Elle se sentait peut-être malade, mais ce n’était pas une raison pour venir débraillée. Sa tenue sombre, de travail et qu’elle appréciait beaucoup ferait parfaitement l’affaire. Montrer qu’elle était prête, en toute circonstance. C’était important.

Puis elle avait laissé le droïde-pilote se charger de la transporter jusqu’à sa destination. Elle ne s’en chargeait jamais, d’ordinaire, mais elle voulait garder toute sa concentration pour se préparer à son entrevue. Une fois à destination, elle s’était contenté d’effacer les données de navigation du droïde, avant d’entrer par une issue secondaire, généralement réservée aux employés du Palais. Là, elle avait ensuite disparu dans un des nombreux passages secrets que seule son maitre, et elle, connaissaient. Sans jamais utiliser la Force, ou seulement pendant un très bref instant, pour activer les mécanismes le nécessitant. Puis de faire une pause, pour laisser passer la nausée et le tournis qui venait avec, depuis quelques jours.

Elle avait fini par émerger d’un pas feutré que ses bottes, plates, lui permettait, dans la même salle qui hantait ses pensées depuis que l’Empereur l’avait sommé de se présenter à lui, identique dans les moindres détails, y compris les plus déroutants : son maitre, trônant en plein milieu, un peu assagi, assis  sur le rebord d’un lit, adapté et médicalisé, d’où sortait bon nombres d’instruments, de tuyaux et d’électrodes qui rappelait un peu trop à la rousse ses jeunes années passées à subir elle ne savait quel traitement pour le compte du BSI.

Elle s’était arrêtée en chemin, les yeux ronds, en constatant que les rumeurs n’étaient pas totalement fausses… Son maitre avait lui aussi subi ce qui s’était passé, et visiblement avec des conséquences plus dramatiques qu’elle. Elle se ressaisi cependant assez vite, pour faire les derniers pas qui la séparait de l’Empereur, son Maitre, devant qui elle tomba un genou à terre, suivi du second, comme elle le faisait malgré elle à chaque fois qu’elle avait quelque chose à se reprocher. Puis de baisser le menton, fortement en signe de déférence, laissant sa chevelure couler sur les pourtours de son visage pour demander finalement, d’une voix un peu plus faiblarde que d’habitude :

« Vous avez demandé à me voir, mon Seigneur ? »

Il n'ouvrit les yeux qu'en entendant les bruits de pas, discret mais audible pour une personne attendant de les entendre. Il regarda sa Main, s'agenouiller dans la pièce, en souriant un peu sous sa capuche. Bien, elle avait répondu, dans les temps qu'il avait attendu d'elle, sans le lui dire. Cela montrait que la Force était encore bien obéissante malgré les soucis que lui causaient ses prédécesseurs. Cela montrait qu'Elle n'en voulait pas aux sith spécifiquement, même s'il était possible qu'Elle sévisse contre ces deux-là en représaille, un peu comme Elle l'avait fait avec le Muun en lui faisant dégager une certaine puanteur pour il ne se souvenait plus quelle raison. Palpatine ricana dans sa tête en imaginant le "classieux" Vitiate se pinçant le nez à chaque fois qu'il utilise la force.

« Vous avez demandé à me voir, mon Seigneur ? »

"Oui, mon enfant. Il y a des choses dont nous devons parler. Mais ne t'inquiète pas : cela n'a rien à voir avec la mission que Vader t'a confié. Sur ce point-là, il a raison : son fils ne doit pas tomber entre les mains de Vitiate."

Oui, ce serait trop fâcheux, compte tenu de l'importance de cette famille, que l'ancien empereur contrôle les deux rejetons. Qu'il ait la main-mise sur Leia était une chose acceptable, elle est trop occupée sur Alderaan pour comploter afin d'obtenir l'influence nécessaire pour hériter du trône facilement. et, de plus, s'il y a besoin, il peut tout aussi bien l'éliminer. Comme pion, elle a eu son utilité mais maintenant, la jeune reine n'apporte plus grand chose, alors que morte de la bonne façon, elle peut servir de martyre pour la cause impériale. Mais ce n'est pas l'heure pour une telle chose. Qu'elle continue à servir de jouet à Vitiate pour l'heure.

"Et ne t'en veux pas pour ne pas avoir vu venir la trahison de Vader. Je ne l'ai pas vu moi-même. Il n'est pas une si grande menace qu'il voudrait le faire croire, son manque de vision est flagrante : son fils serait plus en sécurité à mes côtés."

Non, le soucis était que cet idiot avait rejoint Thrawn. C'était le pire choix possible pour le vieil empereur ! Son ancien bras droit contre son meilleur stratège, accompagné du symbole de la sécurité intérieure, Yularen. Voilà un trio qui allait causé pas mal de soucis à son empire. Enfin, c'était ce qu'ils devaient penser et que certains imaginaient, comme Isard.

"Mais je suis curieux de savoir si tu as rencontré ce jeune jedi," dit-il avec un pointe de sarcasme, "et ce que vous avez pu vous dire. Fais moi ton rapport, nous parlerons des deux sujets à aborder après."

« Oui, mon enfant. Il y a des choses dont nous devons parler. »

Un léger frisson parcouru son échine, cocktail étrange de contentement et d’inquiétude, laquelle se mua assez vite en une forme de méfiance passive. Du contentement, essentiellement, de pouvoir se trouver physiquement face à l’Empereur, son maitre, qui d’ordinaire se contentait d’étendre son pouvoir pour pouvoir parler avec elle sur de longues distances. Du contentement, aussi, de l’entendre s’adresser à elle de la sorte. Elle se savait privilégiée, et cela flattait son égo, ainsi que sa fierté. De pouvoir s’entretenir en tête à tête, dans le pur secret, avec le dirigeant suprême de l’Empire, son maitre, qui restait et resterait sans doute pour toujours, une figure paternelle à ses yeux. Bien plus que ses parents biologiques.

« Mais ne t'inquiète pas : cela n'a rien à voir avec la mission que Vader t'a confié. Sur ce point-là, il a raison : son fils ne doit pas tomber entre les mains de Vitiate. »

Le sourire qui s’était étiré un bref instant sur ses lèvres se dissipa aussi vite que la légère appréhension qui lui restait, pour laisser place à un mélange tout aussi exotique d’appréciation, et de colère ; Parce qu’elle avait malgré tout suivi le souhait de son maitre, et qu’elle partageait sa vision des choses au sujet de Skywalker. De la colère, cependant, envers elle-même et contre Vader malgré tout, pour ne pas avoir fait le choix de déroger aux instructions de l’ancien bras droit de son maitre et fait prisonnier le blondinet. C’était la seule solution logique mais son obéissance presque aveugle pour ce traitre l’avait fait passer à côté de l’évidence ! Elle en avait eu l’opportunité. Si seulement elle s’était défendue un peu, plutôt que de se laisser prendre prisonnière… Elle n’aurait peut-être pas remporté un tel affrontement, mais elle aurait donné assez de temps aux renforts pour arriver et refermer le piège sur Skywalker ! Ainsi, il n’aurait pas pu être présent pour détruire l’Etoile de la Mort…

«  Et ne t'en veux pas pour ne pas avoir vu venir la trahison de Vader. Je ne l'ai pas vu moi-même. Il n'est pas une si grande menace qu'il voudrait le faire croire, son manque de vision est flagrant : son fils serait plus en sécurité à mes côtés. »

Elle releva la tête, un peu surprise, d’entendre que son maitre n’avait pas vu venir un tel acte lui non plus. Était-ce seulement possible ? Pouvait-il seulement ne pas l’avoir senti ? Cette pensée disparue néanmoins en un battement de cils, remplacée par une forme de culpabilité encore plus grande, malgré les propos rassurants de son empereur. Bien évidemment qu’elle s’en voulait ! Et ce plus que tout au monde ! Il y avait des signes flagrants, et elle ne les avait même pas relevés ! Du moins, pas assez vite pour avertir son maitre… Du reste, son regard finit par fuir la figure de son maitre, et glissa un peu de côté. Il était évident que Vader avait agi par pure compulsion, sans vraiment prendre le temps de réfléchir. Bien sûr, elle aurait pu protéger Skywalker, mais ça n’aurait jamais été aussi efficace que s’il avait été protégé par l’Empire, et l’Empereur directement…

« Mais je suis curieux de savoir si tu as rencontré ce jeune jedi, et ce que vous avez pu vous dire. Fais-moi ton rapport, nous parlerons des deux sujets à aborder après. »

Une nouvelle vague d’appréhension la gagna, alors qu’elle relevait un genou, restant malgré tout en position de soumission et de déférence face à l’Empereur, et y apposa un de ses avants bras pour redresser un peu le buste. Elle n’était pas sûr de la manière avec laquelle répondre à cette question… Devait-elle vraiment lui parler qu’elle avait manqué une occasion de pouvoir lui emmener Skywalker sur un plateau d’argent ? D’un autre côté, ne pas le dire serait lui cacher des choses… Impensable. Elle ne pouvait pas faire cela.

« En effet, je l’ai rencontré, mon Seigneur. » commença-t-elle, la bouche pâteuse, le ton imprégné d’une touche de culpabilité. « Je fais usage des ressources du BRI pour tendre une embuscade aux rebelles et aux jedis, en prétendant qu’un sensitif venu des failles avait été arrêté et attendait son transfert vers une forteresses de votre Inquisitorius. »

Elle continua, en expliquant que l’embuscade en elle-même était assez décousue pour lui permettre de changer de camp lorsque les terroristes attaqueraient. Que le but était d’obtenir un moyen d’approcher le blondinet de façon indirecte, en gagnant petite à petit a confiance des rebelles, ou même des jedis. Bien que plus long et compliqué, elle pensait que cela lui aurait donné assez de crédits pour que Skywalker lui fasse confiance. Elle n’aurait pas eu à dire que c’était Vader qui l’envoyait, ou alors seulement en privé, loin des oreilles indiscrètes. Toujours guère sereine, elle expliqua qu’elle ne s’était pas attendue à ce que ce soit lui qui se jette droit dans ce piège maladroit, et que face à ce scénario nouveau, et toujours fixé sur ses objectifs initiaux, elle avait improvisé.

« Lorsqu’il est arrivé, je n’aurais pas dû hésiter. J’aurais dû chercher l’affrontement, pour gagner du temps et permettre aux renforts d’arriver. J’aurais pu vous le ramener, j’en suis certaine. Au lieu de cela, il m’a semblé plus raisonnable de ne pas agir. Il me semblait encore possible, malgré tout, de le convaincre que c’était Vader qui m’envoyait. »

Shira n’était pas certaine de la manière dont son maitre prendrait cette information, mais elle était prête à subir les conséquences de son manque de discernement. Elle aurait dû agir. Elle en était désormais convaincue. La rousse continua malgré tout son explication après un léger flottement, racontant la manière dont ils avaient quitté le lieu de l’embuscade, en appuyant sur le fait que les renforts n’auraient sans doute rien pu faire. Puis qu’après cela, ils avaient eu une première discussion.

« Je lui ai raconté ce que Vader voulait lui dire. Que sa sœur était probablement parasité par l’esprit de Vitiate, et qu’il m’avait envoyé pour s’assurer que ce sort ne lui soit pas également réservé. Si la première information n’a pas semblé le surprendre -c’était comme s’il le savait déjà-, il n’a pas semblé adhérer au reste. » continua-t-elle, le regard figé, les traits du visage crispé.

Déjà là, le blondinet avait commencé à l’agacer… Shira expliqua ensuite comment elle avait essayé de le convaincre, en résonnant par l’absurde et autre, qu’elle n’était pas là pour lui tendre un piège mais bien pour l’aider, conformément à ce que voulait son paternel. Mais qu’au lieu de ça, le blondinet avait tout suite commencée à l’accuser d’être elle-même possédée, parasitée, ou quelconque autre terme qu’il ait pu utiliser à l’époque. C’était bien sûr totalement grotesque, mais Skywalker semblait si convaincue qu’elle était à la solde de l’esprit de l’Empereur que tout ses arguments pour lui prouver le contraire étaient restés lettres mortes. A l’expliquer, la rousse ne put retenir un rire nerveux, tant cela l’avait énervé, et l’énervait toujours, même en cet instant, alors qu’il était à des milliers de parsecs de Coruscant. Elle détailla ensuite son séjour dans les géoles rebelles. Le passage régulier de Skywalker, tel un métronome, pour savoir si elle allait bien, et voir si elle était prête à admettre l’insenser.

Elle bougea à peine, déplacement légèrement son genou à terre pour soulager la pression que son corps avait dessus. Une chose était claire, en tout cas : le blondinet était bien moins naïf qu’il n’avait donné l’impression de l’être par le passé ; Mais toujours aussi obstiné que son paternel...

« Il était tellement convaincu que j’étais moi-même possédée qu’il a commencé à avoir… pitié ? … C’était profondément ridicule, mais il a aussi commencé avec le temps, pendant mon séjour chez les rebelles, à développer un peu plus. Il a parlé de sa descendance du futur, dont le fameux Cade Skywalker… Qu’ils lui ont transmis des informations à votre sujet, sur votre façon d’agir, et sur ce que vous aviez prévu de faire à l’avenir. Il a aussi parlé d’une Jedi, qui aurait un don pour sonder l’esprit des gens, et y déceler les formes de manipulations mentales, ou de possession. Puis il a évoqué le nom de Mara Jade… »

Elle eut un léger malaise dans la voix, en évoquant le nom de cette femme. Cela la troublait toujours lorsqu’elle y pensait, raison pour laquelle elle éviter d’y songer. C’était plus simple ainsi. Y réfléchir lui donnait simplement mal à la tête… Elle ressentait un malaise, rien qu’à en parler. Elle le devait, pourtant. Cela avait été bien trop troublant…

« Il a dit qu’elle avait été possédé par vous, mon Seigneur, quoi que cela puisse dire… Et qu’elle en était morte... Que c’était la raison pour laquelle il était convaincu que la même chose m’arrivait. »

Grotesque. Parfaitement grotesque. Elle n’y croyait pas un traitre mot.

« Je n’ai jamais cru qu’une telle personne n’ait jamais existé, jusqu’à ce qu’une autre jedi se présente un jour, sous le nom de Mara Jade. » Elle marqua une pause, elle n’arrivait toujours pas à y croire.

Elle continua, cependant, comme prise dans une trance, incapable de garder cela pour elle. Elle avait besoin d’en parler.

« Une femme qui me ressemblait étrangement, en apparence, et qui semblait partager certaines manies. C’était un peu comme si je me trouvais face à un miroir, mais plus âgé. J’ai pensé à un sosie, ou un coup monté des rebelles pour tenter de me convaincre que Skywalker disait la vérité à mon sujet. »

Shira marqua une pause, secouant la tête, puis se raclant la gorge.

« Je suis entré dans leur jeu pendant un temps, comme vous me l'avez appris, pour tenter de glaner des informations d’abord, puis pour tenter de détruire leur montage… Elle tenté de se montrer plus précises dans ses élucubrations, avant d’admettre posséder des preuves irréfutables… Qu’elle ne me montra pas, bien évidemment. Elle allait dire autre chose, avant qu’une faille de la Force ne l’emporte je ne sais où… »

C’était ce qui l’avait le plus troublé dans tout cela. Que cette femme se fasse ravaler par une faille. Sans ça, elle n’aurait jamais douté une seulement seconde qu’il puisse s’agir d’autre chose que d’un coup monté. Mais ça devait l’être, malgré tout. Cette histoire n’avait de toute façon aucun sens. Elle conclu finalement qu’après de nouvelles discussions stériles avec Skywalker, et la volonté de ce dernier de la présenter à cette jedi dont il avait parlé, elle avait pris la décision de s’échapper.

« Tu as agis pour le mieux, mon enfant. Et je sais que la naïveté de ce jeune jedi te permettra de l'approcher à nouveau. Ce contact fut plus intelligent que la façon dont sa soeur l'a trahi et capturé. Ainsi, il te sera plus facile de me l'amener quand il sera temps de le faire, quitte à entrer dans son délire comme quoi je te contrôlerais. »

Le ton presque rassurant de l’Empereur à son égard eut pour effet de la détendre un peu, bien qu’une part d’elle-même restait parfaitement consciente qu’il pouvait s’agir d’une distraction dont il faisait souvent usage avant de frapper pour exprimer sa désapprobation d’une manière plus directe, et claire. Bien qu’il ne dût sans doute pas en avoir la force, vu l’état dans lequel elle l’avait vu avant de plier les genoux devant lui. Elle n’avait pas évoqué le sujet, ne s’était pas enquiert de son état de santé parce qu’elle n’avait pas à le faire. S’il l’avait fait venir de la sorte, c’est qu’il restait sans doute en état d’agir. Elle n’était, cependant, pas certaine qu’il s’agisse d’une bonne idée d’agir de la sorte avec Skywalker. Le blondinet lui avait semblé tellement convaincu, tellement obstiné par le fait qu’elle puisse être possédée qu’il pourrait bien ne pas se contenter de croire les dires de ses confrères, et plus particulièrement de cette femme, s’ils venaient à lui dire qu’elle ne l’était pas. Cette affaire avec cette femme l’avait profondément marqué, pour sûr. De là, cependant, à entrer dans son délire… Shira n’était vraiment pas confiante en ce que cela pourrait provoquer.

« Bien, parlons du premier point que nous devons aborder, maintenant. Il y a quelques semaines, un officier a découvert un trafic d'esclave sur Taris, avec la participation d'un colonel de l'armée. Ce qu'ils n'ont pas découvert, c'est que le gouverneur Naril Avantyl était aussi de mèche, et qu'il manigance d'en d'autres opérations clandestines, via de nombreux intérimaires et prêtes noms. »

En entendant l’Empereur changer de sujet, la jeune rousse avait déplié un des genoux, quittant sa position de parfaite soumission, d’acceptation de son erreur qui n’en était visiblement pas une, tout en gardant tout de même un genou à terre. C’était, d’ailleurs, bien plus confortable, mais de cela elle s’en moquait passablement. Shira avait, aussi, relevé le regard pour écouter les informations que son maitre voulait bien lui faire grâce. Que son maitre ait des ennemis n’était pas nouveau. La Rébellion en était l’exemple parfait, et les forces de Thrawn une hérésie qu’elle ne parvenait toujours pas à comprendre. Des impériaux luttant contre des impériaux, cela n’avait simplement pas de sens. Pourtant, ils semblaient être de plus en plus nombreux à s’intéresser uniquement à leur nombril plutôt que de travailler ensemble pour préserver l’Ordre et la Stabilité à travers toute la galaxie. Il y avait toujours eu des traine-lattes, des ordures prêts à tout pour s’enrichir et se complaire dans le luxe et la démesure. Ils étaient alors une minorité qui était traquée, et éliminée par le BSI. BSi qui, visiblement, n'était plus que l’ombre de lui-même, et mériterait peut-être que l’on vienne y faire le ménage, une bonne fois pour toute…

Leur incompétence criante devenait un danger pour l’Empire. Qu’ils ne soient pas capables de voir de tels traitres s’élever parmi les rangs loyaux alors qu’ils disposaient d’une véritable armée d’espions et d’indicateurs était affligeant. Le BRI arrivait à faire mieux avec presque cent fois moins de ressources… Pire, qu’un simple capitaine de croiseur parvienne à de tels résultats sans le savoir devrait être une honte pour un tel service. Mais non, ce dernier semblait se complaire à tourner le dos, ou encore à trahir en allant rejoindre les rangs de ce maudit Thrawn…

« Tu seras libre de choisir ta façon de l'approcher. D'ailleurs, tu pourras aussi lui donner cela. Il y a dedans la liste des agents du BSI, et du BRI, dans son entourage et celui du sénat de Taris. Je suis sûr qu'il connaît certains noms, mais pas tous. »

Cela ne devrait pas être très compliqué de flatter l’égo d’une telle raclure. Elle voyait déjà un mode opératoire se dessiner sous ses yeux, en se ressassant les propos tenus par son maitre à son sujet. Un mélange d’intimidation et de pression, accompagné d’un zeste de séduction suffirait sans doute à retourner la tête de cette vermine. Puis la Force, lorsqu’elle sera plus clémente, le ferait manger dans sa main. Cela lui rappelait les tests, et les épreuves que l’Empereur lui faisait subir, lorsqu’elle était plus jeune…

« Si tu as besoin de quoi que ce soit pour le bien de cette mission, fais le moi savoir, cela te sera donné. Et pour Isard, je m'arrangerais avec elle, comme d'habitude. Si tu as des remarques, je te conseille de les donner maintenant, mon enfant, avant que nous n'attaquions le second sujet. »

Isard. Oui, Isard pourrait peut-être lui fournir les ressources nécessaires à la première phase de ce même plan. L’intimidation, la pression, qui suffirait à faire monter la paranoïa, et lui ouvrirait les portes pour la suite. Mais le Moff n’était clairement pas le problème, dans le plan de son maitre, mais plutôt ses alliés, qu’elle ne connaissait pas. Nul doute que le pad qu’elle avait réceptionné et qu’elle gardait contre sa jambe pliée se révèlerait d’une grande aide pour entrer dans ce cercle fermé. Mais eux aussi, devaient être mis sous pression.

« Le plus compliqué ne sera pas de l’approcher et de le convaincre, mon Seigneur, mais bien de convaincre ses alliés à se rassembler le moment venu. J’aurais sans doute besoin de venir semer un peu de chaos dans ses projets et ses habitudes, pour renforcer leur paranoïa, et les forcer à se souder encore un peu plus. Avec un vaisseau, une équipe, je n’en suis pas encore sûre… Il me faudra aussi connaître ces projets que vous avez découvert, si vous le voulez bien. Ainsi que des moyens d’action utilisés pour cela. »

Elle avait relevé la tête un peu plus, cette fois-ci pour regarder l’Empereur presque dans les yeux, son regard déviant toujours légèrement, comme le voulait le protocole qui était imprimé dans sa chair. Il allait lui falloir un vaisseau, et un équipage pour venir harasser ces projets, et mettre la pression sur les meneurs. Peut-être même plus. Elle avait encore besoin d’y réfléchir.

« Puis-je aussi connaître la manière dont vous prévoyez de les détruire tous d’un seul trait, mon Seigneur ? De cette manière, je pourrais adapter mon action. »

« Le plus compliqué ne sera pas de l’approcher et de le convaincre, mon Seigneur, mais bien de convaincre ses alliés à se rassembler le moment venu. J’aurais sans doute besoin de venir semer un peu de chaos dans ses projets et ses habitudes, pour renforcer leur paranoïa, et les forcer à se souder encore un peu plus. Avec un vaisseau, une équipe, je n’en suis pas encore sûre…

Il me faudra aussi connaître ces projets que vous avez découvert, si vous le voulez bien. Ainsi que des moyens d’action utilisés pour cela.

Puis-je aussi connaître la manière dont vous prévoyez de les détruire tous d’un seul trait, mon Seigneur ? De cette manière, je pourrais adapter mon action. »

Palpatine la regarda en changeant d'expression. Son sourire disparu et sa voix se fit plus froide, un brin cinglante, comme un fouet.

"Crois-tu réellement mériter de savoir comment j'en ai su autant ? Non, tu es encore loin d'avoir le droit à connaître mes méthodes."

Il resta silencieux un instant, la regardant avec désapprobation, afin de lui rappeler quelle était sa place, à cette jeune femme. Elle n'était que sa Main, pas plus. Et il y a des choses qu'il veillait à garder pour lui et qu'il n'avait pas confié encore à aucun de ses apprentis. Enfin, il ne fallait pas non plus lui parler des autres Mains. Chacune devait se savoir unique. Puis, il reprit une attitude plus tranquille, souriant à nouveau.

"Concernant Avantyl, il ne faut pas le rendre paranoïaque, pas plus que ses soutiens. Au contraire, aide les à se rendre confiant, à croire qu'en se montrant ensemble, ils seront assez fort pour intimider tout le monde, y compris le vieillard malade que je suis. Et quand ils seront fiers, remplis de leur puissance... j'arriverais avec la flotte impériale et je les détruirais, moralement puis physiquement."

Il sourit en y pensant. Il n'y a rien de plus plaisant que de détruire un individu au plus fort, surtout quand il se sent invincible. Avantyl n'est qu'un imbécile arrogant mais il sera la pierre qui amènera à la ruine pour bien d'autre. Et il s'amusera bien à voir tout cela.

"Dans le datapod, tu auras la liste des principaux alliés de notre cible. Pour le reste, je sais que tu sauras le découvrir."

Et cela l'aidera à garder l'esprit ouvert et attentif. Elle en aura besoin car ce ne sera pas une mission si facile qu'il pourrait y paraît.

"Maintenant, parlons d'autre chose. Tu le sais, Vader a trahi et il n'y a personne pour le remplacer. Les autres sith ne sont que des ennuis ou des palliatifs médiocres. Aucun n'est loyal, Leia n'est pas mieux. En dehors de toi, le seul qui serait acceptable serait le fils de Vader mais je ne pourrais le faire basculer seul dans le Côté Obscur, sans compter que Vitiate et les autres le surveillent aussi.

Donc, Shira, désires-tu devenir mon apprenti, une vraie sith, et découvrir le vrai pouvoir du Côté Obscur ?"

ùil la regarda, curieux d'entendre sa réponse. Il la laissait décider par elle-même, car devenir un sith était un choix, un engagement. Son offre était sincère, même s'il espérait bien faire basculer Luke Skywalker aussi, un jour, et alors les opposer pour savoir lequel serait le meilleur pour devenir l'héritier de Vader à ses côtés. Enfin, jusqu'à ce qu'il ou elle soit trop âgé et qu'il doive les remplacer. Car lui seul vivra éternellement.

La rousse vit le sourire disparaître du visage de son Empereur, et su immédiatement qu’elle avait commis une erreur. Elle sentit la température de la pièce se refroidir soudainement. Même malgré son état, il était facile de discerner ses changements d’humeur, surtout lorsque ça devenait dangereux. Ne jamais l’offenser. Au grand, jamais.

« Crois-tu réellement mériter de savoir comment j'en ai su autant ? Non, tu es encore loin d'avoir le droit à connaître mes méthodes. »

Shira avait de nouveau baissé la tête ne signe de totale soumission avant même que la remarque cinglante, glaciale ne vienne claquer dans la salle. Une part d’elle, dans un réflexe automatique, s’attendait à plus. S’attendait au pire. Elle l’aurait mérité. Cela lui aurait servi de rappel. Mais il n’en fut rien. Peut-être était-ce l’état de son maitre qui l’en empêchait, mais ce n’était pas bien grave. Elle avait malgré tout bien compris le message.

« Pardonnez mon insolence, mon Seigneur » fut les seules paroles qu’elle parvînt à prononcer. Les seules qui lui semblaient correspondre. Les seules qui trahissaient la vérité.

Elle aurait sans doute mérité de convulser au sol, pour comprendre son erreur. Shira ne savait pas trop comment l’Empereur agissait, lors d’entretien en personne. C’était arrivé trop peu souvent après son enfance, il n’avait jamais eu besoin de cela pour lui transmettre ses ordres, ou ses réprimandes. La distance n’avait jamais posé de problèmes. Comme un père venant sanctionner son enfant, elle se souvenait parfaitement des fois où elle avait senti ses poumons manquer d’air, ou son corps se recroqueviller sous la pression de son esprit. La Main savait ce qui l’attendait, lorsqu’elle le décevait.  Dans cet instant, donc, elle n’avait pas la force de soulever le menton pour croiser le regard désapprobateur qu’il lui lançait. Elle ne le méritait pas. Tel était son protocole. Shira resta ainsi, sans rien dire, le temps que la tempête passe. Telle était sa place.

Ce n’est que lorsqu’elle sentit l’orage se dissiper qu’elle relâcha à nouveau un peu ses muscles, et qu’elle osa relever quelque peu la tête. Sans jamais revenir croiser son regard, pas sans qu’il le lui ordonne. Elle ne le méritait pas, pour le moment. La Main l’écouta, alors qu’il désapprouvait la méthode qu’elle venait tout juste d’envisager, concernant Avantyl. La solution qu’il proposait la dérangeait quelque peu, mais elle ne dit rien. Cela sous-entendait qu’elle ne pourrait pas faire indirectement pression sur eux, en leur faisant peur, avant de venir s’assurer qu’il mange dans sa main… Mh, cela ne l’empêcherait pas d’enquêter quand même, pour découvrir par elle-même l’ampleur de la corruption, et de la trahison qui entourait cet homme. L’Empereur pouvait sans doute sentir tout ce qu’elle ressentait, peut-être même lire dans ses pensées. Leur proximité était-t-elle que ça n’avait rien d’habituel. Ce qu’elle ne le croyait pas capable de lui faire à distance était tout à fait possible, maintenant, alors qu’elle se tenait à moins de deux mètres de la personne qui comptait plus que son propre père.

Elle hocha la tête, approuvant à la fois la méthode qu’il comptait employer pour se débarrasser de ces ordures, et le remerciant à la fois de bien vouloir lui fournir ces informations précieuses concernant les alliés d’Avantyl. La jeune femme, comme toujours, ferait le nécessaire pour lui faciliter la vie... Puis elle le laissa volontiers changer de sujet. En sa présence, elle ne se serait jamais permise de le faire. Seul son maitre était en mesure de dicter l’ordre du jour. Elle sentit sa propre colère monter lorsqu’il évoqua à nouveau ce traitre de Vader. Il s’était joué d’elle. Il l’avait envoyé loin, là où elle ne pourrait pas nuire.. Elle… Elle… Elle le haïssait tellement. Quant aux autres siths… Il suffisait de voir le peu de résultats qu’il ramenait pour jauger de leur utilité. De toute façon, ils n’étaient que des imposteurs. Des individus venus d’autres temps, qui n’auraient jamais de légitimité à ses yeux.

« … En dehors de toi, le seul qui serait acceptable serait le fils de Vader mais je ne pourrais le faire basculer seul dans le Côté Obscur, sans compter que Vitiate et les autres le surveillent aussi. Donc, Shira, désires-tu devenir mon apprenti, une vraie sith, et découvrir le vrai pouvoir du Côté Obscur ? »

Shira sentit sa gorge se nouer, tandis que le temps semblait s’arrêter. Il avait dit… quoi ?! La rousse releva la tête d’un seul bloc, hagard. Il avait vraiment dit… ? Non, elle avait du mal entendre ! Il n’avait… En dehors de toi… Ces quelques mots se répétaient dans son esprit. Le reste n’avait plus d’importance. Elle avait l’impression d’être dans un autre monde, ailleurs, alors que tant d’émotions venaient s’entrechoquer. La surprise et l’incompréhension… Le doute, qu’il puisse s’agir d’un autre test. L’espérance et la délivrance, car elle avait tant espéré cela, en silence ! L’inquiétude, aussi, vu ce qui était arrivé à Vader, tant mentalement que physiquement…

Mais elle n’était pas comme lui. Elle n’était pas comme cette ordure. Elle ne trahirait jamais son Empereur, son père adoptif comme lui avait pu le faire. Le Côté Obscur… Sa puissance, qu’elle avait pu toucher sur Ziost, qu’elle pouvait ressentir à chaque fois qu’elle puisait dans la Force. Il pouvait être à elle, pour de bon. La rousse déglutit.

« Je ferais tout pour vous servir, mon Maître. »

Son acceptation était implicite. Elle avait toujours voulu maitriser pareils pouvoirs. Plus encore, depuis ce que la galaxie avait été chamboulée par ces failles, et tout le reste.

Elle serait sotte de refuser une telle offre. Il était hors de question qu’elle laisse cette place à quiconque…

« C'est bien, mon enfant. »

Le regard rivé sur le visage de l’Empereur, la vue de son sourire suffit à la rendre plus heureuse que jamais. Que soit à son service direct, pour par l’intermédiaire de ses multiples emplois de façade, assurer sa satisfaction avait toujours été le moteur principal de sa vie. Shira sentait qu’à partir de ce jour, les choses allaient changer, et que le maitre auquel elle vouait une adoration plus que paternelle s’appuierait sans doute beaucoup plus sur elle que par le passé. Elle se sentait investie d’une responsabilité comme elle n’en avait jamais eu, mais ne ressentait aucun stress, aucune inquiétude. Mais une grande fierté, et une satisfaction malsaine de prendre la place du traitre. Oh elle ferait lui ferait payer au centuple le moment venu, c’était une certitude, mais elle avait tout son temps. Avec ce qui venait de se produire, les conséquences sur les êtres comme elle, Vader devait lui aussi être, à minima, indisposé. Une part de la rouquine espérait le voir alité, pouvoir tomber sur lui et lui asséner le coup de grâce. Non pas celui qui le tuerait, elle n’avait aucune volonté de le voir revenir, mais qui le laisserait aussi inutile qu’un légume. Oh oui, cela lui plairait grandement, mais elle avait le temps. Il lui fallait pour le moment parvenir à rester debout une journée sans avoir envie de gerber.

Son attention glissa vers la table posée à côtés du lit et les deux objets qui s’y trouvaient. Le premier, triangulaire, lui rappelait beaucoup certains objets siths décris dans les archives qu’elle avait lu avant de se rendre sur Ziost. Il pulsait d’une énergie sombrement attirante. C’est le second, une boite rectangulaire richement décorée, que le maitre de la galaxie se saisit en premier. Shira tendit les mains pour réceptionner le réceptacle. Les paroles de son Empereur aiguisèrent son appréhension en ouvrant la boite pour y découvrir un sabre-laser sombre, mais lui aussi richement orné et incrusté de runes dorées.

« Je ne l’avais fais qu’avec la seule intention de mieux vous servir… » se justifia-t-elle, avec déférence, avant de prendre le sabre-laser en mains et de déposer la boite au sol devant elle.

Shira fut surprise de trouver l’arme parfaitement équilibrée et adaptée à ses mains. Ni trop petit, ni trop grand. Elégant. C’était comme si elle tenait en main une arme qu’elle aurait forgé elle-même, si bien qu’elle aurait pu croire que son maitre avait pu prendre les mesures nécessaires lui-même, à son insu. Une pensée ridicule, qu’elle chassa bien vite. Si ça avait été le cas, elle s’en serait souvenue ! La rousse pouvait aussi sentir le cristal pulser entre ses doigts, juste avant qu’elle ne vienne libérer la lame rouge sang devant ses yeux pétillants. Elle resta un moment à l’observer, comme en trance devant une telle beauté. Elle était parfaite, bien plus que celle qu’elle avait forgée elle-même sur Ziost. D’ailleurs, il faudrait qu’elle récupère ce sabre des mains de Skywalker, un jour. Elle finit par rétracter la lame assez vite, avant de reposer l’arme dans sa boite. Son Empereur n’avait pas encore terminé. Il venait tout juste de récupérer la petite pyramide qui pulsait toujours autant, et le regard émeraude de sa Main restait posée dessus, intrigué. Elle inclina légèrement la tête. C’était donc ça, un holocron sith. C’était bien ce qu’elle avait lu avant de partir sur Ziost.

Là aussi, elle récupéra l’artefact, et sentit aussitôt sa puissance entre ses mains. Elle déglutit un peu, sentant le malaise revenir. Celui créé par la Force.

« Soyez assuré que je l’étudierais avec attention.» dit-elle, avant de venir le poser à côté de la boite contenant son nouveau sabre-laser.

Elle n’avait aucune idée de qui pouvait bien être ce sith, mais nul doute qu’elle l’apprendrait en étudiant l’holocron. Quand elle se sentirait mieux, et que le moindre petit appel à la Force ne lui donne plus la nausée. Elle doutait de trouver la moindre information à son sujet en fouillant les banques de données impériales. Mais ce n’était pas important, elle avait le temps. Shira irait étudier les faits et gestes du gouverneur en attendant que la Force se montre plus conciliante…

« Emporte ces présents et ne les montre à personne. Ne dévoile tes talents à personne. Nul ne doit savoir que tu es mon apprentie avant qu'il ne soit l'heure de le dévoiler. Maintenant, va, et montre-moi que j'ai eu raison de te choisir, Darth Makila. »

Shira cligna des yeux, pantoise un instant, avant de se souvenir que les siths avaient cette tradition de changer l’identité de leurs apprentis, pour marquer le franchissement d’une étape, et la nécessité de laisser leur passé derrière eux, pour se focaliser pleinement sur leurs nouvelles attributions. Ça aussi, elle l’avait lu, même si elle doutait encore de la qualité des traductions. La rousse se rendait compte ô combien elle était ignorante. Fort heureusement, son maitre serait là pour la guider, comme toujours. Que ce soit en personne, ou par des moyens détournés.

« Ils seront soigneusement gardés, mon Maitre. Je ne vous décevrais pas. »

Elle inclina une nouvelle fois la tête en signe de déférence, avant de se saisir de l’holoron et de l’étui. Puis elle se releva souplement, en serrant fortement les dents pour surpasser le vertige qui la prit tout à coup. Elle se redressa pleinement, droite, et se recula de plusieurs pas sans tourner le dos à son Empereur. Ce n’est qu’une fois suffisamment éloignée, comme l’exigeait le protocole ancré an fer rouge dans son esprit, qu’elle prit congé en empruntant la porte latérale qu’elle avait emprunté à son arrivée. Les passages secrets la mèneraient directement à son appareil, et de là, elle pourrait rejoindre ses appartements, à l’abri des regards indiscrets. Satisfaite, heureuse, et pleine de nouvelles aspirations.

Elle n’était plus seulement la Servante de l’Ombre de son Maitre, elle était aussi son apprentie.