Aide aux réfugiés

Un bruit constant régnait dans cette section des préfabriqués, entre les conversations, les machines, quelques cris parfois, les radios diffusant en boucle les nouvelles récentes, les ordres lancés à la volée…Du monde se rassemblait dans le hall d’accueil pour discuter et se rassurer, d’autres passaient aux guichets pour avoir des informations, recevoir des couvertures, des vêtements, quelques affaires… A l’arrière du bâtiment, ils avaient aménagé des dortoirs, des réfectoires, quelques salles pour les enfants, entre école et jeux, d’autres pour les adultes. Ceux pouvant poursuivre leur travail à distance, tant bien que mal, le faisaient ici. Mais toutes les personnes ayant perdu leurs commerces et artisanats… Tous les travailleurs de la terre étaient mobilisés pour monter des serres, préparer les cultures souterraines et déplacer les élevages sous des hangars sécurisés ou sous terre. Ceux du bâtiment participaient activement à la préparation des villes, sur les différentes planètes. D’autres encore s’organisaient avec les habitants encore chez eux pour accueillir peu à peu les réfugiés de Csilla.

Étant donné que le travail habituel était « en arrêt », pour une partie du moins, il passait une partie de ses journées à travailler avec les autres dans les centres de refuge. Ils avaient pu récemment prendre Tayla et les deux petits garçons à la maison. Ils seront un peu serrés, mais au moins, elle ne sera pas seule avec les enfants dans les dortoirs. Ils plaçaient ainsi un maximum de monde dans des familles et foyers des mondes de l’Ascendance, mais ça ne suffisait pas. Ils avaient récupéré chez eux la petite famille la veille au soir, alors qu’ils avaient à peine été évacués de la capitale, maintenant elle aussi menacée par les eaux et la fonte des glaciers. Enfin, pour le moment, c’était surtout les entrées des tunnels qui étaient menacées par de violentes avalanches et les tremblements de terre, provoquant des éboulements. Ce matin-là, avec Eli, ils remplissaient à la chaîne des cartons contenant des produits alimentaires et d’hygiène spécialement pour les bébés et tous jeunes enfants, qui seront ensuite distribués aux familles déplacées. Ils se trouvaient dans une des plus grandes réserves, où des bénévoles et des membres de l’armée se chargeaient du même type de travail, avec différents assemblages à préparer.

Si toute cette situation était terrifiante, tout le monde tentait de faire bonne figure, au moins un peu. La discipline apprise durant l’enfance servait tant, dans une pareille situation… De toute manière, pour s’en tirer, ils n’avaient pas le choix, ils devaient demeurer calmes et pragmatiques. A la maison, ils avaient temporairement pris Edelweiss dans leur chambre, pour que celle de la petite serve à Eli, Tayla et leurs enfants. A ce qu’il semblait, selon l’armée, il n’y avait plus aucune opération extérieure, loin des mondes, mis à part celles visant à surveiller les frontières. Il en avait déjà un peu discuté avec Eli. Thrass lui lança un regard, en travers, le jugeant encore un peu morose. Évidemment. Tout ça devait lui rappeler les mondes ravagés par la pandémie. Le revivre à si peu de temps d’intervalle…

"On va finir par s’en sortir, tu sais," lança-t-il sans cesser son travail. "Si on se serre tous les coudes en attendant."

Depuis des jours, ça n’arrêtait plus. Les nouvelles dramatiques sur l’état des mondes s’accumulaient. Une nouvelle catastrophe galactique comme l’avait été la pandémie. Eli retint de justesse un soupir, en entendant deux personnes passer derrière eux et parler de la fonte d’une des plus gros glaciers, à la surface de Csilla, au Nord. Une fonte menaçant une des entrées principales, menant aux villes souterraines. De quoi vous rendre malade. Les deux passèrent les double-portes menant à une salle voisine, remplie d’ordinateurs et autres appareils, pour permettre aux personnes le pouvant de poursuivre leur travail à distance. Peu de métiers y étaient représentés, autrement dit, seuls les plus essentiels, dans cette situation d’urgence. La réorganisation d’urgence, pour tout le monde, s’était faite dans un calme relatif et une atmosphère morose. Il ferma le carton qu’il venait de préparer et l’envoya sur le chaîne roulante, avant d’en prendre un autre et jeter un regard supplémentaire à la liste. Un travail complètement différent de ce qu’il avait toujours fait, soit, mais essentiel.

Un appel résonna à l’autre bout du hall, une nouvelle navette partait, emmenant celles et ceux allant travailler à la construction des serres extérieures et l’aménagement des cultures souterraines. Il était encore très tôt et les activités démarraient juste. D’autres récupéraient leurs outils et appareils, pour les bâtiments, dans le hall externe. Combien de temps allait durer cet enfer, ça… Ils verront bien… De nombreuses planètes étaient dans le même état. Le carton envoyé, il récupéra la nouvelle liste du tas, un à préparer pour une famille avec deux jeunes enfants. Eli se demandait comment ces familles se sentaient, dans une telle situation, il avait déjà cru remarquer qu’une bonne majorité de Chiss détestait demander de l’aide et encore moins faire appel à la charité. Même dans des circonstances aussi… Délicates. A l’autre bout de l’entrepôt, des échos de voix plus pesants commençaient à se faire entendre, sans doute le bruit d’une dispute naissante. Il s’efforça de ne pas y prêter attention. Tout le monde était très tendu.

"On va finir par s’en sortir, tu sais. Si on se serre tous les coudes en attendant."

Oui… Il hocha la tête vers Thrass, avec un sourire. Lorana et lui avaient été adorables, en les accueillant chez eux, après l’évacuation de la planète. Surtout sachant que le combo grossesse et malaise de la Force devait abattre la Jedi. Tayla l’aidait le plus possible, à la maison, en plus de participer elle aussi aux tâches possibles, pour les préparations à mener.

"J’ai entendu dire que la composition de l’air, sur Csilla, changeait à nouveau, certains espèrent que ça redevienne respirable un jour. Qu’est-ce qui s’était passé, autrefois, pour que la surface de la planète en arrive à cet état ? C’était le même genre de problèmes qu’aujourd’hui ?"

Des mondes glacés, ce n’était pas ce qui manquait, dans la galaxie, après tout. Mais des mondes devenant inhabitables à cause de ce type de soucis, c’était déjà beaucoup moins fréquent ! Très peu de planètes avaient subi des changements aussi drastiques. Tatooine était le seul exemple lui venant en tête, il n’en connaissait pas vraiment d’autres.

Il essayait de ne pas se laisser abattre, ça se voyait, mais ça restait dur. Allez, ça allait bien se passer ! Ils travaillaient tous à l’adaptation, les mesures étaient prises, les efforts organisés, il n’y avait donc pas de raisons de paniquer. Restons optimistes, ce n’est pas comme si toutes les planètes de la galaxie s’étaient effondrées sur elles-même, dans d’immenses amas d’astéroïdes. Toutes les races étaient capables soit de s’adapter, soit de migrer vers des endroits plus vivables. Le temps que ces périodes difficiles passent, le mieux à faire restait de serrer les dents et se battre pour améliorer leurs conditions.

"J’ai entendu dire que la composition de l’air, sur Csilla, changeait à nouveau, certains espèrent que ça redevienne respirable un jour. Qu’est-ce qui s’était passé, autrefois, pour que la surface de la planète en arrive à cet état ? C’était le même genre de problèmes qu’aujourd’hui ?"

"Oui et non… Enfin, la raison officielle est que la planète avait subi une phase intense de refroidissement suite à des phénomènes géologiques et astraux, modifiant son atmosphère et son inclinaison. Une ère glaciaire se serait installée de cette façon. La composition de l’air aurait évolué dans la foulée. Nous n’avons pratiquement plus d’archives de cette période, nous sommes simplement sûrs qu’elle s’est produite il y a cinq millénaires. Mais les traces ont quasiment toutes disparues."

Ce qui était étonnant, au passage… Ils possédaient des archives, de toutes sortes, sur toutes les époques traversées par l’Ascendance depuis sa création même. Sauf sur deux époques, où cette fois, les archives manquaient cruellement… Une époque datant d’il y a trois millénaires et celle-ci, concernant la glaciation. Ni objets archéologiques, ni récits, ni traces, rien. De nombreuses spéculation entouraient ce mystère et pour beaucoup, lesdites archives avaient dû être détruites volontairement, suite à cette époque. Une théorie peinant à convaincre, dans les cercles des experts et ceux des bibliothécaires, chercheurs, archéologues et compagnie. Ils en voyaient aucune raison valable de détruire les traces de cette période, en particulier. Pensant que ça devait dû à un accident.

"Il existe une autre version de l’histoire, mais que personne n’admet. Un jeune Chiss, arrivé des failles depuis cette période, avait expliqué qu’une attaque de grande ampleur avait largement bombardé Csilla et Copero. Le choc aurait réveillé en masse les volcans. Leurs émanations auraient tant pollué l’air qu’il en serait devenu irrespirable, tandis que les particules auraient formé un voile opaque, dans l’atmosphère. Empêchant les rayons du soleil de passer et provoquant cette ère glaciaire. C’est tout aussi crédible que l’Histoire voulant que la glaciation soit survenue suite à un même phénomène volcanique, naturel celui-ci, combiné à un refroidissement de notre étoile. Mais personne ne veut y apporter du crédit…"

Thrass penchait plus pour cette seconde explication, simplement car leur soleil n’était pas assez faible pour avoir refroidi toutes les planètes de l’Ascendance. Copero, par exemple, était froide, soit. Mais Naporar ou Svarchi possédaient des climats chauds, une grande partie de l’année. Elles auraient dû refroidir également, sans aller jusqu’à l’ère glaciaire de Csilla. Le récit du jeune voyageur du passé n’était pas pris au sérieux justement à cause de sa condition. Et ils ne pouvaient, de toute façon, plus rien prouver ou vérifier.

"A vrai dire, sur cette période et une autre, qui date d’il y a trois millénaires, beaucoup d’archives ont été perdues. Ou détruites… Surtout en ce qui concerne l’Histoire de Copero."

"Oui et non… Enfin, la raison officielle est que la planète avait subi une phase intense de refroidissement suite à des phénomènes géologiques et astraux, modifiant son atmosphère et son inclinaison. Une ère glaciaire se serait installée de cette façon. La composition de l’air aurait évolué dans la foulée. Nous n’avons pratiquement plus d’archives de cette période, nous sommes simplement sûrs qu’elle s’est produite il y a cinq millénaires. Mais les traces ont quasiment toutes disparues."

"Disparues… ?"

D’où des archives, surtout sur des périodes aussi importantes que celle-ci, pouvaient disparaître comme ça ? Vu le côté, hum, disons maniaque des Chiss sur ce genre de sujet, Eli avait beaucoup de mal à croire à un accident ! Thrass lui exposa ensuite une seconde version de cette histoire, cette fois rapportée par un de ces voyageurs du passé, mais à laquelle les siens refusaient de croire précisément pour cette raison. Les deux étaient crédibles, pourtant… La Flotte de Défense avait été crée il y a longtemps mais elle était véritablement devenue puissante il y a environ quatre millénaires, selon l’amirale. Donc ça restait parfaitement crédible qu’une attaque ait eu lieu, aussi violente. Selon ce qu’on lui avait déjà racontées, mêmes les origines de la Flotte, sa création, restaient assez floues. Le plus probable était qu’autrefois, lorsque l’Ascendance ne contrôlait qu’une planète ou deux, ses défenses se comportent en quelques vaisseaux seulement. Comme c’était le cas de la plupart des mondes isolés.

"A vrai dire, sur cette période et une autre, qui date d’il y a trois millénaires, beaucoup d’archives ont été perdues. Ou détruites… Surtout en ce qui concerne l’Histoire de Copero."

Pourquoi cette planète, surtout… Il sourcilla un peu, remplissant son carton avec des gestes mécaniques. Il ne connaissait pas encore grand-chose de ce monde, pour être honnête, ayant avant lu quelques choses sur Csilla car il y avait habité, mais ici… Cette planète était peu habitée, son « attraction » principale résidait dans la gigantesque station orbitale en orbite et son usine. C’était d’ailleurs là-bas que travaillaient une grosse majorité des habitants de Copero. Le climat était froid, même sans compter les changements en cours, on comptait beaucoup de chaînes de montagnes importantes et quelques canyons, encerclant des vallées. Un petit océan se trouvait dans l’hémisphère Sud, une zone encore moins peuplée que le Nord, au climat plus froid encore.

"Il y a dû avoir des… Des périodes jugées peu glorieuses ou qui ont été ciblées, pour une raison ou une autre…"

Il parlait lus pour lui-même, dans un léger marmonnement. Si encore, c’était les archives complètes sur toute une période qui avaient disparues, là, il aurait pu croire à un accident. Du type, un incendie ou autre chose. Par contre, là, il ne voyait pas pour quelle raison une destruction volontaire aurait été orchestrée. Ou que ces archives aient été dissimulées. Il n’y avait pourtant rien de si particulier, sur la planète… Il y avait pas mal de petites villes et villages, surtout dans l’hémisphère Nord, pas mal d’exploitations minières et des élevages, les chantiers navals en orbite… Il y avait aussi des sites, non loin d’ici, qu’il avait aperçu lors d’un survol, avec l’armée. Des ruines gigantesque, en pleine montagne. Ça ne ressemblait pas aux restes d’une ville classique, tout ou presque était construit en pierres. C’était surtout leur localisation, qui l’interpellait, car placer un endroit pareil dans une zone si reculée des montagnes avec des chemins d’accès tellement étroits, ça ne se ressemblait pas à ce peuple.

"J’y pense, ces grosses ruines, dans les montagnes, à quoi servaient-elles, autrefois ? Je trouve ça étrange d’avoir placé un truc pareil dans une zone aussi difficilement accessible. Ce n'est pas très pragmatique."

En bref, tout ça était assez compliqué, ils manquaient d’explication et peu de personnes, de toute façon, passaient beaucoup de temps à étudier les temps passés ou lire des livres d’Histoire. Les musées étaient visités en famille, en revanche, ils n’étaient pas considérés comme des destinations incontournables, pour qui avait un temps de repos. Tout comme l’étaient les divers sites archéologiques ou d’autres lieux anciens, soient désertés pour de bon, soit visités pour le plaisir et étudiés, soit presque disparu car de nouvelles constructions avaient accaparé la place. Seuls les historiens, les archivistes, les archéologues et une volée d’autres spécialistes en tout genre se passionnaient pour de tels sujets ! Pour sa part, son travail consistait à assurer un présent solide et préparer l’avenir, pas à se plonger dans le passé. Même s’il trouvait ce passé étrange ou suspect…

"J’y pense, ces grosses ruines, dans les montagnes, à quoi servaient-elles, autrefois ? Je trouve ça étrange d’avoir placé un truc pareil dans une zone aussi difficilement accessible. Ce n'est pas très pragmatique."

"Ah, les ruines, on pense que c’est une sorte de terrain d’entraînement ayant autrefois appartenu à l’armée. Puis laissées à l’abandon car elles sont difficilement accessibles, justement. Elles datent d’il y a… Je ne sais plus trop… Quelques milliers d’années, de mémoire. Elles servaient peut-être aussi de zone de travail et d’usine, avant que les chantiers navals ne soient placés en orbite."

Il ne s’était jamais beaucoup questionné sur cette place, car personne ne s’y rendait, comme visiteur curieux. Y aller à pied était un véritable enfer car cela forçait le chaland à emprunter des routes raides et des sentiers à flanc de montagnes, tout en luttant contre un vent violent. Et ce en priant qu’il ne neige pas au même moment, sur ces hauteurs ! En vaisseau, c’était déjà plus simple. Mais aucune personne lambda ne prendra la peine d’y aller juste pour une courte visite, d’autant plus qu’il ne pensait pas qu’il restait grand-chose à observer. Certes, l’architecture globale était belle, impossible de le nier. Néanmoins, si on voulait les admirer, des photos suffisaient. Il avait entendu dire que ces ruines n’avaient pas été rasées car elles étaient tout simplement belles et qu’il serait dommage de détruire un morceau d’Histoire, même si celui-ci n’avait que peu servi en son temps. D’après leurs documents anciens, il n’y avait eu de l’activité là-bas que sur une courte période de temps. Cela posé, comme il l’avait dit à Eli, les archives de Copero étaient ridiculement faibles et peu fournies.

"Il y a tout de même pas mal de chances qu’elles appartenaient réellement à l’armée, autrefois. Historiquement, Naporar et Copero sont les deux planètes les plus affiliées à la Flotte. Naporar a des centres de formations, des terrains d’entraînement, un hôpital militaire, des écoles, un centre de commandement… Copero possède les chantiers navals de la Flotte, des usines orbitales et à la surface, plusieurs zones d’entraînement. Bâtir un tel endroit, à l’écart des populations civiles, devait avoir un sens, à cette époque. Même si ça ne ressemble pas vraiment aux camps militaires d’aujourd’hui."

En soi, ces ruines avaient la taille, les structures principales et la disposition classique des centres militaires actuels, tout le monde était d’accord là-dessus. Par contre, ses décors, ses gravures, ce qui restait de ses salles intérieures… Le tout respirait une atmosphère totalement différente d’un camp ordinaire. Avec le recul et depuis ce qu’il avait pu observer chez les Jedi, dans les quelques archives qu’ils avaient pu sauver et conserver, ça lui rappelait une sorte de Temple… Un temple plus militarisé que ce que les Jedi avaient eu mais avec un ton global qui tranchait avec ce que l’Ascendance avait l’habitude. Ce mélange des genres était étonnant ! Il en parla à Eli ensuite, partageant ces quelques réflexions tout en travaillant.

"Si l’envie te prends d’y aller, un jour, tu noteras assez vite ce genre d’ambiance, même sans avoir côtoyé les Jedi. Même si je doute que ça puisse en être un, il n’y a pas eu d’Ordre ou je ne sais quoi, dans notre Histoire."

"Ah, les ruines, on pense que c’est une sorte de terrain d’entraînement ayant autrefois appartenu à l’armée. Puis laissées à l’abandon car elles sont difficilement accessibles, justement. Elles datent d’il y a… Je ne sais plus trop… Quelques milliers d’années, de mémoire. Elles servaient peut-être aussi de zone de travail et d’usine, avant que les chantiers navals ne soient placés en orbite. Il y a tout de même pas mal de chances qu’elles appartenaient réellement à l’armée, autrefois. Historiquement, Naporar et Copero sont les deux planètes les plus affiliées à la Flotte. Naporar a des centres de formations, des terrains d’entraînement, un hôpital militaire, des écoles, un centre de commandement… Copero possède les chantiers navals de la Flotte, des usines orbitales et à la surface, plusieurs zones d’entraînement. Bâtir un tel endroit, à l’écart des populations civiles, devait avoir un sens, à cette époque. Même si ça ne ressemble pas vraiment aux camps militaires d’aujourd’hui."

Possible, oui. Mais sans les archives, ça allait être difficile de vérifier. Quant aux archives plus personnes de l’armée, il doutait qu’elles contiennent grand-chose de plus, les Chiss ne s’embarrassaient que rarement à conserver tout le déroulé d’un lieu ayant juste servi de zone d’entraînement. Avec ça, Copero n’était pas le plus grande des planètes ni celle attirant le plus d’attention… Contrairement à Naporar. Il ne s’y était rendu qu’une fois ou deux, pour des formations, sans la découvrir plus que ça. Il lança le carton sur la file, derrière les autres, prit un autre avec la liste associée et revint vers Thrass. Ce dernier finit par lui raconter que les ruines lui faisait vaguement penser à un Temple Jedi, ou plutôt, un mélange entre ça et un camp militaire. C’était… Possible ? Ce n’était pas le jeune homme qui allait bien pouvoir en juger, il n’avait jamais visité un temple Jedi ! Donc aucune idée d’à quoi ça pouvait bien ressembler. Il imaginait comme une sorte d’église un peu bizarre, avec dedans, plein de personnes en bure qui méditaient en lévitant dans tous les coins.

"Si l’envie te prends d’y aller, un jour, tu noteras assez vite ce genre d’ambiance, même sans avoir côtoyé les Jedi. Même si je doute que ça puisse en être un, il n’y a pas eu d’Ordre ou je ne sais quoi, dans notre Histoire."

"Vu l’amour qu’a une partie de la population pour les sensitifs, ça m’aurais étonné, oui."

Ça changera peut-être un jour, qui sait ? Évidemment, pas un « Ordre » comme les Jedi le faisaient, mais une sorte de communauté interne, qui pourra s’entraider et quand il le faut, gérer les menaces Siths trop proches de l’Ascendance. Ou même aider à la formation des navigatrices, mieux les accompagner et les aider, il était convaincu que l’armée trouverait ça très utile. En-dehors de tout ça, ça pourrait aussi servir à… Disons… Il ne voyait pas encore très bien… Pour quelques tâches du quotidien, se faciliter la vie pour le transport compliqué de certains objets ou d’autres bidouilles du même type ? Honnêtement, Eli n’avait jamais compris ce que les Jedi avaient bien pu foutre de leurs journées, dans le temps. Ce n’est pas comme si on les avait régulièrement vu intervenir dans de très nombreux coins où il y avait eu besoin de médiateurs, par exemple. A moins qu’ils se soient contenté de toujours aller dans les mêmes zones de la galaxie, ignorant tout ce qui se passait au-delà de la Bordure Médiane. Il faudra qu’il aille poser la question à Lorana.

"D’ailleurs, ça m’y fait penser, tu avait pu t’entraîner avec d’autres Jedi, à part Lorana, je veux dire ? Durant le temps que vous étiez encore là-bas ? Comme vous disiez que vous pensiez déjà à partir, avant même le retour du vieux fou, je pensais que l’intégration ne devait pas être formidable."

"Vu l’amour qu’a une partie de la population pour les sensitifs, ça m’aurais étonné, oui. D’ailleurs, ça m’y fait penser, tu avais pu t’entraîner avec d’autres Jedi, à part Lorana, je veux dire ? Durant le temps que vous étiez encore là-bas ? Comme vous disiez que vous pensiez déjà à partir, avant même le retour du vieux fou, je pensais que l’intégration ne devait pas être formidable."

"C’était un peu plus particulier qu’aujourd’hui," soupira-t-il légèrement. "A cette période, mon frère était encore dans l’Empire et ça en gênait certains, ils craignaient la trahison et avaient du mal avec le fait que je ne le renie pas malgré tout. Bien sûr que c’était compliqué et ils avaient raison de se méfier, ils comprenaient mal la situation. Il y avait aussi un choc culturel évident, dans la façon de considérer la Force, son usage, la vie elle-même, plus globalement. Mais il y avait tout de même quelques personnes avec qui ça se passait très bien. Je ne m’entraînais qu’avec ma femme et ça aussi, curieusement, ça en agaçait certains. Ils étaient convaincus que c’était la pire idée qui soit et que ça ne pouvait apporter que des graves ennuis. Là, honnêtement, je n’ai toujours pas compris pourquoi."

Son épouse lui avait enseigné la médiation, dans un premier temps, puis les pouvoirs les plus basiques de la Force dans un second temps, tels qu’elle les avait elle-même intégré bien plus jeune. De quoi se servir de la Force paisiblement, la comprendre et l’apprécier, sans aller bien plus loin car il n’en voyait pas l’utilité ou le besoin. Ils s’étaient aussi exercés tous les deux physiquement, à la fois pour rester en forme et pour être aptes à se défendre en cas de besoin. Thrass n’avait pas demandé à apprendre l’usage d’un sabre laser, plus poussé par les arts martiaux plus usuels, comme tant de personnes en pratiquaient. Il avait donc été très surpris de voir, chez les Jedi, une telle peur sur le fait qu’il s’entraîne avec sa femme et leurs arguments n’avaient pas été très convaincants, même très confus. De toute manière, pour lui, dès qu’un argument s’appuyait sur le côté mystique plutôt que sur un souci très concret, ça n’avait rien de valable.

"C’était aussi la première période de temps où les Jedi commençaient véritablement à s’installer tous ensemble et partager cette vie communautaire. Il n’était pas évident de se comprendre, suivant les périodes de temps d’où chacun venait. Ils ont également été nombreux à très mal prendre le fait que Lorana puisse enseigner l’usage de la Force ici, dans une école. Je pense que c’est surtout cela qui m’a le plus agacé, au final, comme si ce type d’apprentissage devait être exclusivement dédié dans un seul groupe, alors que la Force est partout. Il suffit de voir la Guilde des Navigateurs, par exemple. J’ai trouvé qu’ils exprimaient une sorte… Comment le dire… Une arrogance, finalement, vis-à-vis de tout cela, comme s’ils étaient les seuls et uniques à savoir ce qui était bon ou non. Pas tous, bien sûr. Heureusement."

Il haussa légèrement les épaules, après ça. L’arrogance, il savait la reconnaître, c’était un défaut qu’il avait très souvent retrouvé chez beaucoup de leurs compatriotes et qu’il avait été surpris d’également retrouver chez les Jedi, à vrai dire. S’étant naïvement dit, autrefois, que leur culture les éloignait plus aisément de ce genre de défauts. Hélas, aucun groupe ne pouvait y échapper.

"Un peu comme cette obsession, sur le moment, pour que Lorana abandonne son sabre derrière elle. A quoi bon ? je n’ai pas compris non plus en quoi c’était important, bien qu’il soit le sien et qu’elle l’ait construit elle-même. D’autant plus de la part d’un Ordre dont toutes les anciennes règles avaient volé en éclat, je les ai trouvé très déplacés d’exiger ça."

"C’était un peu plus particulier qu’aujourd’hui. A cette période, mon frère était encore dans l’Empire et ça en gênait certains, ils craignaient la trahison et avaient du mal avec le fait que je ne le renie pas malgré tout. Bien sûr que c’était compliqué et ils avaient raison de se méfier, ils comprenaient mal la situation. Il y avait aussi un choc culturel évident, dans la façon de considérer la Force, son usage, la vie elle-même, plus globalement. Mais il y avait tout de même quelques personnes avec qui ça se passait très bien. Je ne m’entraînais qu’avec ma femme et ça aussi, curieusement, ça en agaçait certains. Ils étaient convaincus que c’était la pire idée qui soit et que ça ne pouvait apporter que des graves ennuis. Là, honnêtement, je n’ai toujours pas compris pourquoi."

"C’est dangereux de s’entraîner avec sa femme…" répéta Eli avec une moue perplexe.

Il ne voyait pas très bien non plus pourquoi… Il pouvait encore comprendre le reste, la peur d’être trahis ou que des informations fuitent, à cette période, ça, passe encore. Et encore, ça n’avait visiblement jamais dérangé Lorana, même à ce moment-là. Pour le choc culturel, là aussi, il pouvait comprendre, c’était évident que des soucis comme celui-là pouvaient éclater. Mais dangereux de s’exercer avec un proche, pourquoi… ? Qu’est-ce que ça pouvait bien changer ? A ce qu’ajouta Thrass ensuite, Eli se dit que leur déménagement et la vie à mettre en place, en communauté, avait dû jouer encore plus qu’ils ne le croyaient. Après tout, là-dedans, personne ne venait de la même époque alors s’accorder avait dû être compliqué, sans parler de bien se comprendre les uns les autres, comme il le disait. Une telle situation ne serait évidente pour personne.

Il trouva plus étrange, en revanche, que certains membres de ce nouvel Ordre soient gêné par le fait que la Fore puisse être enseignée sous d’autres formes, loin de leurs propres préceptes. Là encore, qu’est-ce que ça changeait, pour eux ? Ça avait toujours existé, en plus. Arrogance, peut-être. Allez savoir s’ils n’avaient pas d’autres craintes dont ils n’avaient pas parlé. De toute façon, pourquoi être inquiets alors que c’était l’Ordre Jedi qui avait formé Lorana, à la base, elle allait forcément réitérer ce qu’elle avait appris. A partir de là, tout allait bien, non ? Même si elle apportera sûrement des changements, pour s’adapter à son public et les nouveaux besoins, il n’y avait pas de risque qu’elle déforme à fond le message appris durant son enfance. Enfin, maintenant, il comprenait mieux pourquoi le couple s’était détaché si facilement des Jedi, à cette époque. Lorana n’avait jamais évoqué tout ça, se contentant toujours de parler de C’Baoth, quand on lui demandait pourquoi elle avait décidé de partir. Cela dit, pour la faire parler, elle…

"Un peu comme cette obsession, sur le moment, pour que Lorana abandonne son sabre derrière elle. A quoi bon ? je n’ai pas compris non plus en quoi c’était important, bien qu’il soit le sien et qu’elle l’ait construit elle-même. D’autant plus de la part d’un Ordre dont toutes les anciennes règles avaient volé en éclat, je les ai trouvé très déplacés d’exiger ça."

"S’ils étaient déjà agacés qu’elle veuille monter une école ici, ce n’était sans doute qu’un bête prétexte fait pour se venger. Ou bien certains se sont dit qu’en veillant à la désarmer, elle serait abattue plus facilement. C’est la seule raison logique possible, pour enlever son arme à une personne, dans ce genre de périodes. C’est pitoyable, en tout cas."

Et il n’aurait vraiment jamais cru ça possible, de la part des Jedi… Ils avaient tous été d’accord avec ça ou il y en avait-il au moins quelques uns qui avaient essayé de l’empêcher ? Ou de lui rendre son arme plus tard ? Il essaiera de le demander à Lorana, si l’occasion se présentait. En attendant, son estime de ce groupe venait d’en prendre un sacré coup… Il poursuivit son travail en lançant, petit à petit, un autre sujet de conversation, histoire que Thrass ne pense plus à tout ça. C’était fini, de toute façon…