Repos précaire

La statue avait été déplacée dans une grotte semi-ouverte, pour y être mise à l’abri de cas de nouveaux et brusques changements climatiques non-prévus. Elle représentait un couple s’enlaçant, avec un homme et une femme pointant chacun une main vers le ciel en signe de protection ou de demande d’aide. Sur le socle, les quatre faces imposantes étaient gravées des noms des victimes de la pandémie, pour ce monde en particulier. Désormais, tos les mondes appartenant à la coalition possédaient chacune leur monument aux morts, différent suivant les cultures et traditions de chacun. La plupart avaient été longs à bâtir, par souci du détail et surtout, de bien réaliser l’œuvre. D’autant plus que rassembler tous les noms des disparus, avec minutie, n’avait pas été une mince affaire. Nevil venait ici assez régulièrement, seul, vers ce monument. Pour se recueillir et aussi se souvenir des amis disparus durant la pandémie.

Malgré les nouveaux troubles frappant la galaxie, les habitants des différentes planètes n’oubliaient pas le passé. Aux pieds du monument, des fleurs et des bougies étaient toujours apportés par les visiteurs et pour ceux croyant en une religion, des textes et des chants sacrés. Il resta encore un moment aux pieds du monument, avant de ressortir, appuyé sur sa canne. Un léger soupir aux lèvres face çà leur monde. Ils avaient une certaine chance, leur air n’était pas devenu complètement irrespirable, ils surveillaient toute évolution très étroitement, mais il avait perdu en qualité. Les cultures en pâtissaient, maintenir un bon niveau de production était devenu très difficile. Sans compter le refroidissement global de leurs mondes… Mais ils n’étaient pas dans une situation aussi dramatique que d’autres, fort heureusement. Il grimpa dans son land speeder, pour rentrer à la base. Bruissant d’activité. Dès son arrivée, une fois le véhicule garé, il commença par demander les derniers rapports, sur les mondes de la coalition.

L’agriculture et l’élevage étaient au cœur des préoccupations de tous, notamment car ce qu’ils parvenaient à produire en supplément pouvait être expédié à leurs alliés, dans la foulée. Pour le moment, c’était encore peu, ils n‘avaient pas terminé de se réorganiser, mais c’était déjà cela de pris. Après ces données-là, il s’intéressa aux mouvements signalés avec les pirates et autres organisations criminelles, devenues bien plus actives… Nevil avait le sentiment, ces dernières semaines, de littéralement passer sa vie à organiser des convois de dératisation, contre tous ces profiteurs de malheur… Il ne cessait de préparer et mettre en place des expéditions pour envoyer ses hommes les traquer, les chasser et les abattre, sans compter ceux devant récupérer des ressources volées et protéger les zones les plus attaquées. Tant de planètes étaient vulnérables, ne possédant soit qu’une petite flotte, soit pas de flotte tout court. Initialement, Nevil avait refusé d’allier ses propres activités rebelles avec celles de la coalition, mais dans un tel contexte, il n’avait plus autant le choix…

"Nevil ?"

"Mmh ?"

Il releva le nez du datapad, pour voir Kaj se faufiler entre les hommes, vers lui, avec un signe de main. Ah, il avait déjà terminé sur Adumar, s’il était là, très bien. Ils repartirent dans le couloir en marchant et en discutant des dernières nouvelles. Visiblement, la tension régnait en maître, entre les chefs des mondes de la coalition. Tout le monde n’était pas d’accord sur les mesures à adopter et même si tous avaient loisir de faire chacun suivant ses priorités et méthodes, il y avait du remous. Précisément le genre de nouvelles qui agaçait Nevil au plus haut point. Et dire qu’il y a des années, il avait abandonné une idée d’une alliance de groupes rebelles pour cette même raison. Il jeta un œil à l’heure, au milieu de la discussion, puis se dirigea avec son ami vers la cantina de la base. Quelques mètres avant la porte, ils croisèrent Amélia, prenant sans doute du repos, cette heure, elle aussi. Voyant qu’elle était seule, il lui proposa de les accompagner, pour déjeuner.

"J’ai reçu de nouvelles images de Hoth," ajouta Kaj en ouvrant la porte de la cantina, où un lourd bruit ambiant régnait. "La fonte des glaces est très impressionnante, de véritables fleuves en cru se font formés et ne cesse de grossir. Comme les océans de glace. Avec l’air qui se réchauffe, pas mal pensent que la végétation va pouvoir revenir, à terme."

"Quelques autres mondes glacés se retrouvent dans le même état… Plus ou moins brutalement."

Il trouvait ça terrifiant, à titre personnel. Kaj donna quelques autres nouvelles sur ces mondes, le temps qu’ils prennent à déjeuner et s’installent à une des tables. Dans la cantina, les membres de la coalition se mêlaient aux membres des groupes que Nevil conseillait parfois… Des soldats non professionnels mais tout aussi motivés et prêts à suivre les ordres, dont la plupart revenaient ici sans cesse, pour base, au lieu de rentrer vers leurs propres mondes.

"Les pirates et les mafias sont devenues bien plus emmerdantes que l’Empire," marmonna-t-il en remplissant leurs verres. "J’aimerai bien que certains politiciens se concentrent sur ça plutôt que sur leur petit égo. Et vous, Amélia, vous connaissez une façon de leur faire comprendre une donnée aussi simple sans devoir leur taper dessus ?"

Je me sentais un brin fatiguée en ce moment. Il faut dire qu'on ne s'arrêtait pas, depuis que ce truc était arrivé, maltraitant tous les mondes de la galaxie. On aurait pu croire que voir les climats se détériorer partout, détruisant les récoltes et mettant en danger les élevages, ainsi que le reste de la faune et de la flore au passage, suffirait à tout le monde comme malheur. Mais voilà que cela réveillait en plus l'égoïsme de certains. On voyait des gens se transformer en pirates, en vulgaires pillards et voleurs interplanétaires. Du coup, en plus de devoir aider à protéger les champs et les pâturages, on devait aussi les protéger et se battre. De fait, la première semaine avait déjà été dure mais on devait maintenant, alors que presque un mois s'était écoulé, faire encore plus avec moins de temps. Le seul bon point était que l'Empire avait complètement cessé ses opérations d'extension sur l'Espace Sauvage.

Là, on était revenus, moi et mon équipe, au qg du patron, pour quelques jours de repos bien mérité. C'était les premiers qu'on prenait avec mes gars, depuis le début de cette calamité. Je leur avais d'ailleurs dis de bien en profiter car mon instinct me soufflait qu'on n'aurait pas d'autres moment de répit de sitôt. Là, j'étais dans le couloir, me dirigeant pour déjeuner quand je croisais Nevil et Kaj, qui m'invitèrent à manger avec eux. Comme c'était dans mes plans, et que cela me permettrait de voir comment évoluerait la situation globale, j'acceptais. Les deux ont du mal à comprendre le principe du "repos" et donc vont certainement parler boulot.

"J’ai reçu de nouvelles images de Hoth. La fonte des glaces est très impressionnante, de véritables fleuves en cru se font formés et ne cesse de grossir. Comme les océans de glace. Avec l’air qui se réchauffe, pas mal pensent que la végétation va pouvoir revenir, à terme."

Je hochais la tête avec Kaj mais cela prendra du temps, tout de même. Je sais bien, par expérience, que la flore met du temps à se reconstruire. Le soucis, c'est plutôt comment la faune va s'adapter. Les animaux vont-ils réussir à le faire, en si peu de temps ? Enfin, je ne pouvais rien y faire. Il faudrait consulter des spécialistes pour cela, et les meilleurs restaient les ithoriens. Hum, d'ailleurs ?

"Quelques autres mondes glacés se retrouvent dans le même état… Plus ou moins brutalement. Les pirates et les mafias sont devenues bien plus emmerdantes que l’Empire.J’aimerai bien que certains politiciens se concentrent sur ça plutôt que sur leur petit égo. Et vous, Amélia, vous connaissez une façon de leur faire comprendre une donnée aussi simple sans devoir leur taper dessus ?"

"Hélas non," dis-je en soupirant. "La seule chose que ces gens comprennent, c'est soit l'argent, soit la violence, et comme on manque du premier..."

Je ne finis pas la phrase, suivant les deux hommes dans la grande cantine. La plupart des gens qu'on croisait nous saluèrent, ce qui était normal car ils considéraient tous Nevil comme leur chef, même si ce dernier refusait de s'en rendre compte. Bien sur, il ne faisait que "leur donner des conseils" mais comme ils revenaient ici pour en redemander, cela faisait ressembler le tout à une petite organisation, non ? Enfin, je pouvais comprendre que Nevil n'ait pas envie de ce voir comme le leader d'un groupe de rebelles, pas alors qu'il est déjà le chef du gouvernement de la Coalition du Cygne. Certes, cela pourrait changer, quand on pourra organiser une élection mais j'espère bien qu'il se présentera, et sinon on est plusieurs prêts à lui forcer la main voir à l'inscrire sans lui en parler.

"Sinon, je venais de penser à un truc. Ne pourrait-on demander de l'aide aux ithoriens ? Ce sont des spécialistes de la génétique, vis à vis de tout ce qui est végétal, et ils pourraient nous prêter quelques spécialistes. Avec même une demi-douzaine d'entre eux, on pourrait créer des plantes plus résistances aux futurs climats des planètes. Bien sur, il faudrait attendre que cela se stabilise un peu, mais en s'y prenant à l'avance, cela nous ferait gagner du temps."

Je pris un plateau, en leur donnant cette idée, regardant ce qu'il y avait à piocher sur les présentoirs. Je n'étais pas difficile, on l'est rarement quand on vient d'un monde agraire. Je laissais l'idée trotter un peu dans la tête de Nevil et Kaj, sans en ajouter davantage car je connais peu les ithoriens, sachant juste qu'ils sont pacifistes et prêts à aider ceux faisant une demande sincère. Et aussi qu'Ithor fut complètement ravagé par les Yuuzan Vong. C'était une élément important de l'histoire de leur invasion, après tout, le final d'une grande bataille menée par les jedi contre eux et une victoire sur eux. Hélas, en digne méchants, ils avaient détruit toute vie sur la planète, au point qu'il valait mieux ne pas s'y rendre, même un siècle après les faits.

La pandémie avait prouvé qu’il était possible pour les peuples de s’entraider malgré les guerres et dissensions. De coopérer, de travailler ensemble, en bref, de ne pas se faire la guerre le temps de régler une situation de crise. C’était d’ailleurs le seul et unique effet positif qu’avait eu la pandémie ! Quant à cette crise-là, aucun moyen d’emprunter un chemin identique. Amélia parla, au passage, d’une aide possible, par les Ithoriens, pour la culture. Pourquoi pas… Il n’avait que très peu côtoyé ce peuple, au cours de sa vie, ils n’étaient pas du genre à foncer dans tous les ennuis possibles et inimaginables. C’était à ajouter à d’autres contacts qu’ils mettaient en place, pour la même raison. Nevil ne paniquait pas, cependant, ils n’étaient pas dans la pire situation qui soit, bien loin de là. Du travail acharné était en cours… Cela posé, s’ils allaient manquer de certaines chose, il pensait que la famine pourra être évitée. Des restrictions, ça, par contre, il y en aura certainement.

"L’équipe que tu avais envoyé sur Felucia est revenue ?" marmonna Kaj d’un ton plus inquiet, le datapad posée sur la table à côté de lui.

"En sale état, mais oui. Ils ont pu aider à camoufler les ressources que voulait réquisitionner l’Empire. Les planètes des non-Humains sont de plus en plus pillées, on se croirait revenu au temps de la Guerre des Clones. Les effectifs de la Coalition sont repartis autour des mondes, surtout contre les pirates, en plus des hommes des FID pouvant être présents. Je peux dispatcher les autres groupes sur les zones les plus touchées… J’imagine que l’Alliance Rebelle en fera de même. J’espère."

"Tu as repris contact avec leurs chefs ?"

"Il y a des contacts ponctuels pour certaines opérations et aussi des échanges, plus ou moins réguliers. Cela dit, l’Alliance se méfie beaucoup de notre envie d’indépendance, elle la trouve dangereuse ou aberrante, c’est selon."

"En quoi ça peut bien les regarder…"

"Peu importe, tant que ça ne gêne pas le travail. Qu’il y ait un gros régime unique ou une république et un empire en même deux, avec deux ou trois régions indépendantes, ça ne changerait rien aux éternels soucis de fond. On le saurait depuis très longtemps, s’il existait réellement un assemblage politique parfait. Que l’Alliance ou d’autres continuent de l’espérer n’a aucune importance. Ne t’inquiète pas de ça, il est parfaitement possible de travailler avec des personnes se méfiant de vous. Quitte à utiliser parfois des méthodes plus ou moins orthodoxes."

Il tapota légèrement l’épaule de Kaj, avec un sourire. Allez, pas de quoi s’en faire. Ils ne pouvaient pas effacer la politique du tableau, après tout. D’autant plus que la plupart des officiers de l’Alliance étaient parfaitement aptes à passer au-dessus de toute grimace de ce genre. Il redressa la tête le temps de saluer un jeune pirate passant aussi avec son plateau. Il était simple de s’entretenir et travailler avec certains commerçants douteux de l’espace, fort heureusement, bien moins avec d’autres. Mais les pirates, ici, étaient loin d’être une majorité. Seuls deux équipages, un très petit et l’autre important, avaient choisi de rejoindre les « rebelles » de l’espace sauvage. Une minorité qui comptait, durant certaines interventions.

"On a au moins la chance que l’Empire se replie sur lui-même, en-dehors des pillages organisés. Nous allons avoir plus de souplesse pour les préparatifs et la défense. Sans compter que les agités des Régions Inconnues laissent nos régions plus au moins tranquilles, pour le moment, en tout cas."

Il n’espérait pas que ça dure éternellement, même si ça serait chouette. L’idéal serait que cela dure encore une année au minimum. Cela laissait du temps pour la fabrication de moyens de défense supplémentaires, leur mise en place, l’entraînement nécessaire.

"Parlant d’organisation, on doit aussi former plus officiellement le conseil, à la tête de a coalition, sans oublier les postes allant s’y raccrocher. Attendez-vous donc à devoir gérer des manigances politiques ici et là."

"Holà, j'avais été claire quand j'ai accepté de vous aider, patron : je peux vous servir de conseillère, de pilote, de combattre pour votre cause, voir même de commander des groupes en certaines occasions. J'ai accepté aussi de vous aider à créer vos propres chasseurs, d'aller aider à la construction de dômes pour protéger les champs et bétails. Mais il n'est pas question que je me mêle de politique. En plus, vous savez très bien que cela me mettrait trop en avant, Nevil. Vous savez que je juge important que certaines forces ne fassent pas attention à moi, et pourquoi. Me pousser dans l'arène politique ne fera que leur donner envie d'en savoir plus sur moi et c'est une chose qui ne sera pas bonne pour la Coalition."

"Ce n’est pas ce que je viens de demander…"

Il avait légèrement haussé un sourcil, en lui rendant son regard, surpris par une aussi vive réaction, alors qu’il ne faisait que souligner le fait que tous ces changements allaient apporter un lot significatifs de problèmes. Si encore il lui avait demandé clairement de participer, de manière active, à tout cela, il aurait compris sa réaction. Mais là, il avouait avoir du mal à comprendre ce qui avait bien pu la faire sursauter dans ce qu’il avait lancé et encore moins pourquoi elle avait cru qu’il lui demander de changer de position. Il arrivait parfois que des personnes aient des réactions bizarres, évidemment, mais ce n’était encore jamais arrivé avec Amélia.

"Mais sinon, oui, avec l'élection qui approche, j'imagine que la situation politique va devenir un peu plus compliquée pour vous."

"Je ne vois pas bien ce que vous avez bien pu comprendre, mais en tout cas, ce n’était pas le bon angle," dit-il en secouant légèrement la tête. "Je ne vous ai pas demandé de vous y impliquer mais prévenu que ça sera le cas lors de la mise en place du conseil. Car vous faites partie, tous les deux, de mon entourage proche. Nos adversaires politiques tenteront d’en apprendre plus sur vous et comment vous atteindre, qu’importe votre poste actuel. Le message est celui-ci, vous devez vous tenir sur vos gardes et vous préparer à affronter des coups foireux, tôt ou tard."

Kaj était déjà au courant mais Amélia non, dirait-on bien. Tant qu’elle acceptait d’entendre l’avertissement, c’était ce qui comptait pour le moment ! Il ne pourra pas empêcher toutes les manœuvres sournoises et il était de bon ton qu’elle le sache en amont. Le seul moyen, pour elle, d’éviter absolument tous les coups tordus serait simplement de tout quitter… Même s’il le regretterait, il ne l’en empêcherait pas. Chacun était libre de s’impliquer jusqu’au point de non-retour, finalement. Il n’allait pas reprocher à ceux et celles estimant que cela allait trop loin pour eux de laisser leurs affaires en cours.

"Le dirigeant d’Adumar a beaucoup d’ambitions," enchaîna Kaj. "Je doute qu’il postule si vite pour prendre la tête du Conseil car il n’a encore que peu d’alliés sûrs. Mais ça ne l’empêchera de monter plusieurs plans pour affirmer sa position et gagner en influence. Il tentera, tôt ou tard, de se servir des programmes d’entraînements des pilotes sur sa planète, voir de mettre peu à peu en place des instructeurs ou dirigeants acquis à sa cause. On ne peut pas tout déplacer de là-bas, pas comme ça, sans compter que ça affaiblirait l’équilibre fragile de la Coalition et que ça ne ferait que renforcer la méfiance. Il faut la jouer fine et surveiller avec soin les changements opérés dans ce type de programme. Entre autres."

Entre autres, oui. Il secoua légèrement la tête, tout en mangeant. La politique, il n’aimait guère ça non plus mais avait appris il y a très longtemps qu’elle était une composante inséparable de la guerre comme de la paix et qu’il fallait s’y mettre, pour vraiment avancer. On pourrait lui répondre qu’il existait des communautés débarrassées de tout ça, mais ce serait naïf. Et faux. Il existait toujours des rapports de force, même si on le ressentait pas comme tel…

"Je ne vois pas bien ce que vous avez bien pu comprendre, mais en tout cas, ce n’était pas le bon angle. Je ne vous ai pas demandé de vous y impliquer mais prévenu que ça sera le cas lors de la mise en place du conseil. Car vous faites partie, tous les deux, de mon entourage proche. Nos adversaires politiques tenteront d’en apprendre plus sur vous et comment vous atteindre, qu’importe votre poste actuel. Le message est celui-ci, vous devez vous tenir sur vos gardes et vous préparer à affronter des coups foireux, tôt ou tard."

Moui, ça revenait à dire "quoi que vous fassiez, vous serez impliqué en politique". C'est juste que Nevil refusait de le dire, un peu comme il refuse de voir qu'il est un bon chef de gouvernement. C'est une forme d'aveuglement politique, peut-être ?

Bon, après, il n'a pas tort. On va forcément nous tomber dessus, nous proposer des services en échange de retour, nous demander d'influencer le patron. Des dessous de table. Bref, des trucs que je n'aime guère, et je sais qu'il faudra que je garde mon calme en refusant tout ce genre de chose. L'avantage est qu'ils auront du mal à apprendre quoi que ce soit à mon sujet, vu que je ne suis, techniquement, pas née. Mon nom de famille : ils l'ignorent. Mon monde natal, pareil. Tout ce qu'ils peuvent savoir, c'est que je suis une pilote militaire, que j'ai de bonnes compétences en mécanique et ingénierie. Bref, rien qui ne puisse me nuire. Hum, bon, ils pourraient aussi tenter le coup du "c'est un faut nom" mais ça serait se tirer dans le pied, à terme.

"Le dirigeant d’Adumar a beaucoup d’ambitions. Je doute qu’il postule si vite pour prendre la tête du Conseil car il n’a encore que peu d’alliés sûrs. Mais ça ne l’empêchera de monter plusieurs plans pour affirmer sa position et gagner en influence. Il tentera, tôt ou tard, de se servir des programmes d’entraînements des pilotes sur sa planète, voir de mettre peu à peu en place des instructeurs ou dirigeants acquis à sa cause. On ne peut pas tout déplacer de là-bas, pas comme ça, sans compter que ça affaiblirait l’équilibre fragile de la Coalition et que ça ne ferait que renforcer la méfiance. Il faut la jouer fine et surveiller avec soin les changements opérés dans ce type de programme. Entre autres."

"Ce n'est pas un problème. Vous oubliez qu'il y a une douzaine de nations sur Adumar, dont plusieurs favorables à la Coalition," répondis-je à Kal sans trop y songer. "Elles aident déjà pour la production de torpilles à photon, j'imagine que si on leur demande de nous aider à former des pilotes, voir recruter aussi chez eux, ils seront plus que ravi. Et le perator de Cartann ne pourra rien y redire, même si cela affaibli sa position. Enfin, s'il insiste davantage sur son rôle dans la formation des pilotes, rappelez juste lui que la majorité des instructeurs ne sont pas nés sur son monde et que ses pilotes forment la majorité des élèves aussi."

C'est vrai, quoi. Il ne peut pas se vanter d'un truc partiellement vrai. Oui, il a son rôle dans la création de la Coalition et de sa flotte mais, bon, Adumar, ça reste un monde qui a encore beaucoup à apprendre et à acquérir. Ce monde utilise encore fortement les caméras à deux dimensions, par exemple, et leurs pilotes sont encore loin de savoir calculer de tête des  trajectoires hyperluminiques. Même pour la construction des chasseurs, si leurs ingénieurs ont été utiles, il a fallu des experts non adumariens pour que cela marche. Et je ne parle pas que de moi. Et concevoir une usine pour construire des moteur hyper, aussi. Cartann a joué un rôle important mais ils sont loin d'être les seuls.
Le rappeler et demander aux autres nations d'Adumar de participer davantage devrait suffire à ce que ce problème d'ambition personnelle soit moins grave que ça.

On pourra alors se concentrer sur les vrais problèmes et laisser la politique derrière nous.

"Tiens, pendant que j'y songe, j'ai croisé le jeune Bridger, sur Adumar. Une jedi a réussi à soigner sa colonne vertébrale. Il remarche, maintenant."

Note

Spoiler:

"Ce n'est pas un problème. Vous oubliez qu'il y a une douzaine de nations sur Adumar, dont plusieurs favorables à la Coalition. Elles aident déjà pour la production de torpilles à photon, j'imagine que si on leur demande de nous aider à former des pilotes, voir recruter aussi chez eux, ils seront plus que ravi. Et le perator de Cartann ne pourra rien y redire, même si cela affaibli sa position. Enfin, s'il insiste davantage sur son rôle dans la formation des pilotes, rappelez juste lui que la majorité des instructeurs ne sont pas nés sur son monde et que ses pilotes forment la majorité des élèves aussi."

Oh, il ne fallait pas sous-estimer la cupidité et la perfidie humaine.Les divers rappels de ce genre n’avaient jamais suffit à écarter les sentiments d’égo, de fierté et encore moins les ambitions. Il passa brièvement la main contre sa bouche, pour dissimuler un sourire amusé, puis reprit son repas comme si de rien n’était. Les chers problèmes politiques ne viendront pas uniquement d’Adumar, même les mondes les plus favorables à la Coalition entreront dans la danse, tôt ou tard, il fallait s’y attendre. Que l’on soit en pleine guerre ou non, les soucis politiques continuaient de pleuvoir en boucle, rien ne pourra jamais les arrêter. Affirmer que ce ne sera pas un problème, c’était bien idéaliste… Heureusement, cela dit, qu’Amélia ne faisait pas franchement partie du monde politique et qu’elle devait simplement y prendre garde. Les soldats étaient rarement de bons politiciens, hélas…

"Tiens, pendant que j'y songe, j'ai croisé le jeune Bridger, sur Adumar. Une jedi a réussi à soigner sa colonne vertébrale. Il remarche, maintenant."

"J’avais entendu parler de ça," hocha-t-il la tête après avoir avalé sa bouchée de poisson. "Ce gamin est l’un de ceux aidant le plus à lisser les relations entre les Jedi et l’Alliance, bien que je doute qu’il le réalise."

"On ne peut pas reprocher aux gens de craindre ce genre de pouvoirs," soupira Kaj en secouant la tête.

"Non, non… Pour l’Alliance, cela dit, ce n’était pas tant une question de les craindre qu’une méfiance maladive contre Skywalker. Bridger ne peut pas se faire détester au même point, bien qu’il ait l’art et la manière de mettre la zone partout où il passe. Un peu comme le capitaine Fel, tiens."

Ça, c’était pour la balle perdue. La petite réputation du capitaine s’était autant baladée que celle du Jedi-Rebelle-casse-cou et on racontait la même chose sur le caractère peu prudent des deux. Il faut dire que Bridger était très impliqué dans la rébellion, il était donc facile d’entendre parler des bêtises qu’il pouvait commettre. Et de l’autre côté, le capitaine également s’impliquait dans beaucoup de missions et il était difficile, en croisant les FID, même dans un contexte de détente, de ne pas avoir les ragots de ses derniers « exploits ».

"Ce type ne ferait pas un si mauvais politicien, en revanche," ajouta-t-il avec un sourire.

Kaj sourcilla, visiblement très peu convaincu par l’idée. Pourtant, il y avait du potentiel, Nevil l’imaginait bien tenir un tel rôle.

"J’avais entendu parler de ça.. Ce gamin est l’un de ceux aidant le plus à lisser les relations entre les Jedi et l’Alliance, bien que je doute qu’il le réalise."

Une chose qu'Erza ne devait pas avoir conscience de faire, d'ailleurs. C'était chez lui un don plus qu'un talent. J'avais entendu le message qu'il avait envoyé à toute la galaxie, avant que son groupe ne rejoigne l'Alliance m'a-t-on dit, et je l'ai trouvé bon, motivant. Ce gamin pourrait devenir un très bon chef, s'il le désirait. Mais j'ai tendance à croire qu'il ne le fera pas, qu'il ne briguera aucun mandat ou autre. C'est dommage que les personnes comme lui arrivent si rarement à un poste de haute responsabilité. Nevil est une exception sur ce point.

"On ne peut pas reprocher aux gens de craindre ce genre de pouvoirs.

C'était hélas vrai, et ils ne savaient rien des chevaliers impériaux. Ces gars n'étaient ni des sith ni des jedi. Ils ne dirigeaient pas un empire mais en servaient un, un peu comme les jedi mais avec bien plus de pouvoirs législatifs. En fait, ils n'étaient pas loin de pouvoir dire "la loi, c'est moi" mais pas réellement. Après tout, ils répondaient devant l'empereur lui-même, ou l'impératrice dans le cas de Marasiah, ou devant leurs pairs et devaient donc prendre en compte la politique avant de s'en prendre à certains. Et certains pouvaient se montrer très radicaux dans leur comportement alors que d'autres étaient plus honorables.

"Non, non… Pour l’Alliance, cela dit, ce n’était pas tant une question de les craindre qu’une méfiance maladive contre Skywalker. Bridger ne peut pas se faire détester au même point, bien qu’il ait l’art et la manière de mettre la zone partout où il passe. Un peu comme le capitaine Fel, tiens. Ce type ne ferait pas un si mauvais politicien, en revanche."

J'aurais bien aimé me retenir mais rien qu'imaginer Soontir Fel en Empereur me fit éclater de rire. D'un vrai rire, un fou rire même. Je tâchais de m'excuser avec les mains, parce que je ne pouvais pas parler. L'idée était bien trop tordante, même s'il était effectivement un bon politicien. Il avait été l'un des leader de la Main de Thrawn, un diplomate dans les relations empire-chiss. Mais, avec une réputation pire que la mienne, je pense qu'il ne doit pas prier pour qu'une telle chose arrive, au contraire. Le plus amusant étant qu'un de ses fils, militaire de carrière et pilote comme papa, finira par devenir le premier Empereur Fel.

Je parvins à me calmer aprè quelques minutes, les larmes aux yeux.

"Pardon mais quand on connaît un peu Soontir Fel..." dis-je en riant une fois encore, avant de tâcher de reprendre mon sérieux. "Hum, bref, encore pardon. Puisqu'on parle des jedi, je me demandais", embrayais-je sur un autre sujet qui me ferait penser à autre chose, tout en essuyant mes larmes de rire avec un mouchoir, "concernant les jedi, ne serait-ce pas une bonne idée de leur proposer d'avoir la possibilité d'installer un Temple dans la coalition, officiel ou caché ? Pas nécessairement tout de suite, mais après le conflit. Cela aiderait à ce que nous nous rapprochions d'eux, et par extension avec l'Alliance."

Après tout, après la victoire contre Krayth, l'impératrice a veillé à ce que son empire se rapproche des jedi, même s'il n'a jamais été question d'une stupide fusion avec les chevaliers impériaux. C'était juste que, comme l'Empire Fel intégrait la république, cela avait un certain sens et permettait de mettre un terme avec certains ressentiments, comme le fait d'en vouloir aux Fel d'avoir participé à la destruction de l'Ordre jedi aux côtés des sith de Krayth.

cacher son amusement
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avec Indics Mjs
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Le rire soudain et vif d’Amélia fit à moitié sursauter Kaj, qui lâcha son verre d’eau, heureusement peu rempli, contre son plateau. Elle devait savoir quelque chose qu’ils ne savaient pas, de son temps. Il eut un petit sourire, restant pour sa part convaincu que Fel pourrait exercer quelques activités dans ce domaine, même si ce n’était pas à temps plein. Car il faisait partie de ces personnes dont la « diplomatie » particulière leur permettaient de se faire apprécier facilement de diverses personnes, avec qui ce n’était pourtant pas gagné d’avance. Et ça, c’était un don précieux, dans pas mal de situations. Amélia eut du mal à se calmer, s’étouffant à moitié et pleurer tant elle riait, alors qu’ils continuaient leur repas durant ce temps. Il poussa vers elle un verre d’eau qu’il venait de lui remplir, alors qu’elle peinait à reprendre son souffle. Là, ça allait mieux ? Kaj la fixait avec un léger rictus au coin des lèvres, visiblement inquiet pour elle.

"Pardon mais quand on connaît un peu Soontir Fel… Hum, bref, encore pardon. Puisqu'on parle des jedi, je me demandais, concernant les jedi, ne serait-ce pas une bonne idée de leur proposer d'avoir la possibilité d'installer un Temple dans la coalition, officiel ou caché ? Pas nécessairement tout de suite, mais après le conflit. Cela aiderait à ce que nous nous rapprochions d'eux, et par extension avec l'Alliance."

Mmh, pourquoi pas… Il y réfléchit, tout en avalant quelques bouchées. Ils avaient peu de contacts avec l’Ordre, à vrai dire. Les croiser étaient rares et à ce jour, une seule mission commune avait été menée, où ils s’étaient trouvés impliqués, par le biais du jeune Bridger. Ils n’avaient que peu d’occasions de venir dans la Coalition car il n’y avait pas spécialement de travail particulier demandant leurs services. Et ils n’étaient pas non plus comme l’Alliance, à les faire intervenir avec eux dans des missions où l’usage de leurs dons n’était pas nécessaire.

"Si ça peut les intéresser d’avoir un endroit caché où se replier, en cas de besoin, pourquoi pas. Je suis assez peu pour le fait que ça soit officiel et plutôt pour leur glisser cette possibilité, mais sans qu’ils n’aient à dire où et comment. Il n’y a aucun besoin à connaître leur organisation interne ni où ils se cachent, pour mettre en place une coopération ou un système de communication avec eux. L’ignorer évitera de laisser échapper la moindre information, en cas de capture par l’ennemi. Il y a déjà eu assez de massacres."

Il en y aura probablement d’autres, malheureusement, il en était bien conscient. Et c’était une raison de plus d’éviter qu’ils en rajoutent, en ne prenant pas assez de précautions. Kaj hocha brièvement la tête, en terminant d’éponger l’eau sur son plateau et roulant le papier en boule dans un coin.

"Oui, justement, l’Alliance Rebelle préfère tout savoir, sur ce genre de sujets, ils l’ont déjà signifié. Pour la confiance et aussi pour se rassurer, sur de tels alliés. Avec leurs dons particuliers, ils peuvent facilement en arriver à des extrêmes et beaucoup ont besoin de garanties. C’est un point de vue qui se comprend aussi. Pour ce qui est de la coalition…"

"Pour ce qui en a été dit, le sujet est flou," sourit Nevil. "Ce genre de pouvoirs est très peu connu. La Bordure Extérieure a toujours vu passer son lot de Jedi, autrefois, comme les autres régions, mais ici, beaucoup des mondes de la coalition n’ont découvert que récemment que ça existait. Les sensitifs sont rares. Plus que de la méfiance envers eux, on aurait sans doute d’abord droit à de l’incrédulité. Il suffit de voir certains membres du Conseil qui ont encore du mal à croire aux failles, même en ayant eu des preuves sous le nez."

Il s’était surtout heurté à de l’incompréhension, en abordant le sujet avec les uns et les autres. Pour beaucoup, la notion de Jedi ou de Sith était assez flou. Même Plagueis n’était considéré que comme un scientifique fou et meurtrier, sa capacité à ressentir la Force passait largement au-dessus de la tête de tous. De toute manière, pour ce cas-là, c’était bien normal. Ses pouvoirs avaient eu moins à faire dans cette histoire que ses capacités de recherche.

"Ce dont nous avons surtout besoin, en ce moment, c’est surtout de professeurs et chercheurs compétents. Les impériaux travaillant en secret avec nous et les autres groupes de nos régions ont signalé de nouvelles mutations importantes, sur la flore et la faune des planètes contaminées. Ils craignent que le virus ne continue d’y évoluer. Sans compter que ces bestioles de fumée noire, comme les traquant l’Alliance et les Jedi, y ont aussi été repérées. Le Lieutenant-colonel Persec s’inquiète beaucoup de Pochi, en particulier. Il craint que des travaux n’aient été poursuivis, sur cette planète ou d’autre, malgré leur surveillance."

"Si ça peut les intéresser d’avoir un endroit caché où se replier, en cas de besoin, pourquoi pas. Je suis assez peu pour le fait que ça soit officiel et plutôt pour leur glisser cette possibilité, mais sans qu’ils n’aient à dire où et comment. Il n’y a aucun besoin à connaître leur organisation interne ni où ils se cachent, pour mettre en place une coopération ou un système de communication avec eux. L’ignorer évitera de laisser échapper la moindre information, en cas de capture par l’ennemi. Il y a déjà eu assez de massacres."

C'était vrai : on ne peut trahir un secret que l'on ignore. C'est pour cela qu'il est important de ne pas divulguer l'emplacement d'une vase secrète, et d'évacuer celle-ci quand une fuite est avérée.

"Oui, justement, l’Alliance Rebelle préfère tout savoir, sur ce genre de sujets, ils l’ont déjà signifié. Pour la confiance et aussi pour se rassurer, sur de tels alliés. Avec leurs dons particuliers, ils peuvent facilement en arriver à des extrêmes et beaucoup ont besoin de garanties. C’est un point de vue qui se comprend aussi. Pour ce qui est de la coalition…"

"Surtout que l'Alliance dit, bien sur, tout aux jedi, et leur proposera surement un jour une place au seind e leur conseille."

Mon sarcasme devait être bien visible mais j'avoue avoir une confiance très faible envers les rebelles. Certes, je sais que s'ils gagnent le conflit, ils créeront une République mais je pense qu'ils réfléchissent trop en politicien vis à vis des jedi. A mon sens, ils devraient leur offrir une meilleure place chez eux. Ce qu'ils ne feront pas, bien sur. La peur des jedi est encore un peu là.

"Pour ce qui en a été dit, le sujet est flou. Ce genre de pouvoirs est très peu connu. La Bordure Extérieure a toujours vu passer son lot de Jedi, autrefois, comme les autres régions, mais ici, beaucoup des mondes de la coalition n’ont découvert que récemment que ça existait. Les sensitifs sont rares. Plus que de la méfiance envers eux, on aurait sans doute d’abord droit à de l’incrédulité. Il suffit de voir certains membres du Conseil qui ont encore du mal à croire aux failles, même en ayant eu des preuves sous le nez."

Je comprenais ce scepticisme. On pouvait croire en l'existence des jedi mais sans avoir vu leurs "pouvoirs magiques" à l'oeuvre, c'était une autre histoire sur leurs capacités. S'il n'y avait eu mon ancêtre Mélanie, jamais je n'y aurais cru avant de me retrouver à servir de pilote à un chevalier impérial.

"Ce dont nous avons surtout besoin, en ce moment, c’est surtout de professeurs et chercheurs compétents. Les impériaux travaillant en secret avec nous et les autres groupes de nos régions ont signalé de nouvelles mutations importantes, sur la flore et la faune des planètes contaminées. Ils craignent que le virus ne continue d’y évoluer. Sans compter que ces bestioles de fumée noire, comme les traquant l’Alliance et les Jedi, y ont aussi été repérées. Le Lieutenant-colonel Persec s’inquiète beaucoup de Pochi, en particulier. Il craint que des travaux n’aient été poursuivis, sur cette planète ou d’autre, malgré leur surveillance."

"Ce serait possible. Il y a différents moyens d'aller sur une planète sans se faire repérer, avec un bon pilote. En repartir est plus difficile, cependant. Peut-être devriez-vous demander des droids sonde à Thrawn ? Elles pourraient servir à surveiller la surface des planètes et s'assurer de l'absence de gens."

Je n'en étais pas sure mais peut-être aussi les sondes pouvaient aider à voir comment évolue la situation sur ces mondes ? J'avais un doute donc je ne le proposais pas. Je connais assez peu ces droids là, sachant juste qu'ils ont une bonne capacité d'autonomie, un bon armement défensif et qu'ils peuvent commander leur capsule pour repartir de la planète et rejoindre leur point de départ. Ce que la plupart des militaires doivent savoir, en somme. En dehors de cela, nous, je ne vois pas trop comment nous pourrions aider à la surveillance de ces mondes-là.

"Ce serait possible. Il y a différents moyens d'aller sur une planète sans se faire repérer, avec un bon pilote. En repartir est plus difficile, cependant. Peut-être devriez-vous demander des droids sonde à Thrawn ? Elles pourraient servir à surveiller la surface des planètes et s'assurer de l'absence de gens."

Peut-être. Il devra voir cela avec lui, à l’occasion, enfin, dès qu’il en aura la possibilité. Ces derniers temps, il passait une bonne partie de sa vie à courir d’un monde à l’autre pour mener des négociations et préparer le terrain pour de futures « alliances » utiles. Si on pouvait nommer cela des alliances. Ils devaient prioriser les choses et beaucoup de soucis graves s’accumulaient. Pour le moment, les impériaux n’avaient encore rien trouvé, sur Pochi, bien qu’ils soupçonnaient fortement des activités, ils ne possédaient pas encore de preuves. Persec craignait de demander plus de moyens à l’Empire, car ses accointances locales pourraient être découvertes et attirer de nouvelles foudres sur une région ayant déjà bien assez souffert. L’idéal serait qu’ils travaillent également avec les FID, tout aussi secrètement qu’ils travaillaient déjà avec l’Alliance ou la Coalition, mais cela…

"Il faudrait convaincre le lieutenant-colonel de se rapprocher des FID, dans tous les cas," glissa-t-il tout en déjeunant.

"Je ne suis pas très sûr que ça soit une bonne idée," marmonna Kaj, d’un ton bas.

"Ils travaillent déjà avec nous et même avec l’Alliance. Les seuls qu’ils avaient envoyé balader, c’était cette sorte de groupe étrange, là, les Révanites, ils avaient une approche douteuse et leurs intentions n’étaient pas du tout claires. Ils pourraient déjà mieux s’entendre avec des collègues. Enfin, ex-collègues."

"Peut-être, mais Persec déteste les déserteurs, il considère ça comme lâche, de choisir la fuite au lieu de rester et changer l’Empire de l’intérieur. Pour ceux n’étant pas en danger de mort immédiat, en tout cas. Tous les FID n’étaient pas menacés dans les dix prochaines minutes, au moment de leur départ. Il aura sans doute du mal."

"Il considère tout de même son travail sur Pochi plus important que ses convictions personnelles. C’est un trait de caractère qui ressort fortement, lorsque tu étudies sa carrière."

"Pourquoi as-tu étudié sa…"

"J’aime bien connaître les gens."

"On dirait le BSI," gémit Kaj en se frappant le visage du plat de la main.

Nevil éclata de rire, puis lui tapota l’épaule. Tout de même pas, n’exagérons rien ! Il n’avait jamais été aussi fouineur que le BSI ! Si ? Bon, peut-être une fois ou deux, avec une petite poignée de personnes dans l’Empire, mais rien de plus. Il n’avait pas non plus les mêmes méthodes ni la même force de frappe. Parlant du BSI, il se demandait combien d’entre eux avaient suivi le mouvement de désertion, global, dans l’Empire. Il ne lui semblait pas qu’il y en ait beaucoup… Il fallait dire que ces agents étaient si ravagés par la propagande et la manipulation exercés sur eux qu’en sortir était très compliqué. Ceux ayant réussi à se tirer de cette emprise devaient se compter sur les doigts d’une main ! Il y en avait un, chez les rebelles, comment s’appelait-il, encore… Le jeune Bridger l’avait évoqué mais Nightswan ne parvenait plus à se rappeler de son nom. Il retenait plus aisément Yularen. Il fallait dire aussi qu’il avait également eu ce papy aux trousses durant un sacré moment.

"Admettons qu’on en trouve ou capture, à l’avenir, il faudra éviter de les tuer sur place. Ce sont avant tout des personnes sous emprise. Ce genre de choses peut s’arranger."

"Il faudrait convaincre le lieutenant-colonel de se rapprocher des FID, dans tous les cas."

Je hochais la tête, car c'était la meilleure solution à mon avis. Après tout, c'était la mienne.

"Je ne suis pas très sûr que ça soit une bonne idée," marmonna Kaj, d’un ton bas.

Je soupirais un peu, terminant mon propre repas. C'était un sujet difficile et oui, ce n'était pas la meilleure possible. C'était surtout la meilleure parmi celles qu'on avait. Qu'il propose mieux, sinon, au lieu de faire son défaitiste.

"Ils travaillent déjà avec nous et même avec l’Alliance. Les seuls qu’ils avaient envoyé balader, c’était cette sorte de groupe étrange, là, les Révanites, ils avaient une approche douteuse et leurs intentions n’étaient pas du tout claires. Ils pourraient déjà mieux s’entendre avec des collègues. Enfin, ex-collègues."

Ah, oui, ces révanites. On savait trop peu sur eux, ce qui rendait toute approche à leur égard bizarre. C'étit comme ces soldats qui avaient déserté, sous nos yeux, et presque détruit nu croiseur léger en lui tirant dans le dos, sans coup de semonce. Qu'est-ce qu'ils avaient pu devenir, depuis ?

"Peut-être, mais Persec déteste les déserteurs, il considère ça comme lâche, de choisir la fuite au lieu de rester et changer l’Empire de l’intérieur. Pour ceux n’étant pas en danger de mort immédiat, en tout cas. Tous les FID n’étaient pas menacés dans les dix prochaines minutes, au moment de leur départ. Il aura sans doute du mal."

"Il considère tout de même son travail sur Pochi plus important que ses convictions personnelles. C’est un trait de caractère qui ressort fortement, lorsque tu étudies sa carrière."

"Pourquoi as-tu étudié sa…"

"J’aime bien connaître les gens."

"On dirait le BSI."

"Franchement, Kaj, c'est pourtant utile d'apprendre à connaître ses interlocuteurs, surtout quand ils font partis d'une autre nation. Et pas que pour la politique. Vous ne connaissez pas le dicton "connaissez vos ennemis mieux que vos amis" ?"

Cela dit, je me demandais si Nevil m'avait étudié moi aussi, et ce qu'il avait pu apprendre à mon sujet. Après tout, pour avoir été un ennemi à la hauteur du chiss, il devait être un bon jugeur d'homme, ou de femme en ce qui me concerne. Qu'avait-il pu découvrir à mon sujet, sans que je lui en ai parlé ? Je doute qu'il sache d'où je viens, Kwevron étant un monde trop isolé et peu connu pour être identifiable. A moins qu'il ait noté des points de ressemblance avec mon arrière-grande-tante, les fois où elle est venue dans le coin, pendant la petite période de combat, avec les rebelles ?

Je ne sais, je ne peux qu'émettre des hypothèses. Et je ne suis pas sure de vouloir savoir, en plus.

"Admettons qu’on en trouve ou capture, à l’avenir, il faudra éviter de les tuer sur place. Ce sont avant tout des personnes sous emprise. Ce genre de choses peut s’arranger."

"Je suis d'accord. Et puis, les exécutions gratuites, ce n'est moralement jamais une bonne idée."

Et même sans ça, même si cela me suffit pour ne jamais tolérer qu'on tue un prisonnier, agir ainsi ne fait que fanatiser l'ennemi. Comment lui montrer qu'il peut se rendre au lieu de combattre jusqu'à la mort, si on lui prouve que nous exécutons ceux qui se rendent, comme l'ont fait ces rebelles, juste sous les yeux des FID ?

Bon, par contre, on a tous fini de manger. Et on a du boulot qui nous attend, encore. Je m'étirais avant de me lever, récupérant mon plateau repas.

"Désolée, messieurs, mais j'ai une réunion qui débute dans dix minutes. Enfin, vous pouvez venir, si ça vous tente. On va discuter engrais et autres joyeusetés agricoles !"

Je ris un peu, parce que je savais que ce n'était pas du tout la tasse de thé de Kaj, et pas tellement celle de Nevil, même s'il n'avait pas peur de manier la pelle, je pense. Mais, même en repos, il fallait continuer à discuter, et trouver des engrais était important, pour fertiliser des champs qui vont être poussé à l'absurde, sans moyen de renouveler son potentiel, tant que la crise actuelle durera. Et on ignore quand elle s'arrêtera !