L'heure de vérité

On aurait dit un véritable champ de bataille… Enfoncé dans un très épais brouillard blanc, avec des silhouettes passant parfois. Anakin posa les mains contre ses genoux, plié en deux, en reprenant son souffle, un bref instant, puis il se redressa et poursuivit sa marche dans le brouillard. Il distinguait même des sortes de bâtiments, sur le trajet, comme si une route serpentait sous ses pieds, dissimulée par la brume. Peu-être des réminiscences du monde réel. De temps en temps, un des esprits peuplant ce monde l’accompagnait. Il avait déjà beaucoup marché auprès de Padmé, ils avaient pu discuter… Parler, parler, parler encore, jusqu’à ce qu’elle s’évapore dans cet épais brouillard. Il s’en était senti… apaisé… Non pas guéri encore mais la brûlure de son âme avait quelque peu diminuée. Elle était l’une de ceux qu’il distinguait le mieux, dans cet univers étrange, avec sa mère et Qui-Gon.

Parfois, il se surprenait à désirer rester là… Abandonner le monde réel… Ce monde, même avec le monstre s’y trouvant, était meilleur, à ses yeux. Bien qu’on lui souffle que l’heure n’était pas encore venue. Mais il était épuisé… Il ne cessait plus de sa battre, la Force également. Les déchirures s’agrandissaient lentement. Le monstre allait bien finir par quitter ce monde par l’une d’entre elles ? Anakin releva la tête, pour l’observer,n tapis dans un recoin là-haut. Jamais il n’avait rencontré un ennemi aussi vicieux et tenace que celui-ci… Même son ancien maître était plus agréable, c’était dire ! Jamais il n’avait eu un ennemi ayant, de son vivant et de son retour, ayant causé autant de troubles, de massacres et de manœuvres odieuses. Lui aussi était en partie responsable de la chute de la République. Et responsable de sa… L’ex-Sith prit une grande inspiration, dégoûté et lassé.

Le parasite était installé sur un repli de brouillard comme s’il était tranquillement allongé dans son propre lit. Anakin s’avança encore de quelques pas, sans le lâcher des yeux. Il ne pouvait pas le tuer ici… Les efforts pour l’expulser créait des ouvertures, où ils tentaient de l’expulser, mais ils ne pouvaient le tuer.

"Sidious était au courant ? De ce que tu avais fait ?"

Le parasite avait simplement tourné la tête vers lui, en silence, comme s’il ne comprenait pas la question. Anakin soupira puis se concentra un peu, pour doucement s’élever à son tour, s’envoler finalement, pour atterrir sur un autre coin de la brume. A proximité du parasite, bien qu’une distance respectable les séparaient toujours. Sous cette masse gluante et noire se discernait des formes humanoïdes, celles du véritable corps du Muun. L’odeur, toujours aussi atroce, le révulsait plus que tout. C’était insupportable, mais Anakin devait savoir.

"Est-ce que Sidious savait, pour les expériences que tu avais fait sur ma mère ? Pourquoi elle ?!"

Lui parler sans vomir, même s’il doutait que ça soit possible dans ce monde brumeux, relevait de l’exploit. C’était terrible… Plus horrible que tout ce qu’il avait pu connaître…

L’entité était secouée par des tempêtes internes, de temps à autre, au loin… Un maelstrom violent, qui cette fois, n’était pas de son fait. Allongé et les mains derrière la tête, Plagueis observait le phénomène d’un regard amusé. Cet orage s’éloignait lentement, dérivant vers d’autres espaces de la Force… Finalement, lorsqu’il n’y avait ni combat, ni tempête, quel endroit profondément ennuyeux. Alors même que cette pensée le traversait, voilà que son charmant petit cobaye s’approcha doucement. Il ne frappait plus ? On fatiguait ? Lui qui, pourtant, était le seul être à profiter autant que lui de cette petite expérience ! N’en était-il pas honoré ? Naviguer ensemble dans ce brouillard trouble, entouré d’infections, de failles, de peste… Quel adepte de cette grande puissance ne payerait pas cher pour avoir ne serait-ce que le privilège de balancer aussi aisément entre les deux mondes et parler à ceux y vivant sans la moindre peine ?

Sidious était au courant ? De ce que tu avais fait ?

Plagueis tourna légèrement la tête vers lui, en haussant les sourcils. Il faudra être plus précis, mon garçon. Il en avait fait, des choses, de son vivant… Sans compter ce qu’il avait produit pendant son retour, puis durant sa seconde mort, puis après son autre retour, puis après la possession du gamin et enfin, cette nouvelle mort-ci. Son petit cobaye s’envola doucement, pour se placer à même hauteur, l’air aussi colérique que blasé. Plagueis se léchait tranquillement la langue, sans avoir quitté sa posture décontractée. Ce petit n’était définitivement pas assez heureux de cette expérience unique qu’il avait la chance de vivre ! C’était tout de même plus intéressant que de rester un simple fantôme, comme tant devaient s’en contenter. Il précisa enfin sa question, dans la foulée. Voilà ce qui le turlupinait, donc ! Amusant.

Bien sûr, qu’il le savait, ricana-t-il. Pourquoi penses-tu qu’il s’est intéressé à toi alors que tu étais si jeune ? Il te voulait dès le départ. Les Jedi ont parfaitement contribué au processus en venant te ramasser.

Il se lécha de nouveau les lèvres avec avidité puis se redressa en position assise, comme s’il discutait avec un vieil ami. Anakin ne réalisait pas ce qu’il représentait, à ses yeux. Non seulement un cobaye mais aussi une ses créations les plus réussies. Le maillon final d’un très long plan destiné à abattre la République, ainsi que leurs plus vieux ennemis.

Je peux te le dire, pourquoi elle, sourit-il avec délectation. Une simple esclave, dont personne ne se souciait, isolée et perdue dans l’une des régions les plus reculées de la galaxie. Dont personne ne souciera même en cas d’un phénomène aussi improbables aux yeux de simples pions. Que personne n’aidera jamais. Elle n’est rien, si ce n’est le simple support ayant servi à mon expérience. Te penses-tu toi-même autre chose que ma création ? Tu n’es pas un homme, tu n’es que le fruit de la sorcellerie Sith, rien de plus. Un crachat au visage de la Force, torturée et forcée pour te créer. Un simple vice dans la Force, qui ne pouvait que produire à son tour des êtres tout autant maudits que toi. Ta mère était un support de chair, toi, tu es une simple erreur de la réalité.

Il ne fit qu’un vague geste de main dans sa direction, pris d’un petit rire.

Regarde-toi… Incapable de gérer tes émotions, incapable de vivre sans souffrir… Avec les Jedi qui se sont sans cesse méfié de toi et des descendants qui ne connaîtront jamais la paix non plus… Une simple erreur, pour cette vie.

"Bien sûr, qu’il le savait. Pourquoi penses-tu qu’il s’est intéressé à toi alors que tu étais si jeune ? Il te voulait dès le départ. Les Jedi ont parfaitement contribué au processus en venant te ramasser."

Anakin se renfonça assis dans ce mini-plateau de brume, les jambes coupées, le souffle aussi. Autrefois, l’idée d’être esclave l’avait rendu on ne peut plus malade, mais il n’avait jamais réalisé à quel point il l’était et qu’il l’avait toujours été. Encore aujourd’hui… ? Il avait envie de hurler jusqu’à s’en arracher la voix… Plagueis continuait. Et Anakin supportait de moins en moins de l’écouter. Il ne supportait pas d’entendre que sa mère n’avait rien représenté pour personne jusqu’à la famille Lars, qu’elle avait été le jouet d’un Sith, que lui-même n’avait été rien d’autre que ça, depuis tout ce temps… Injustice, colère, haine, tout le frappait avec une violence rare, évinçant avec brutalité le sentiment d’apaisement qu’il avait pu éprouver auprès de Padmé. Même dans ce monde, au-delà de l’odeur nauséabonde si forte, il se sentit trop mal pour respirer correctement. Le rire du monstre lui vrillait le corps entier, le faisant secouer de brefs spasmes.

"Regarde-toi… Incapable de gérer tes émotions, incapable de vivre sans souffrir… Avec les Jedi qui se sont sans cesse méfié de toi et des descendants qui ne connaîtront jamais la paix non plus… Une simple erreur, pour cette vie."

Il aurait voulu lui hurler que sa « descendance » allait très bien, elle, mais ce n’était pas vrai… Pas vrai du tout… Leia avait pris la même voie que lui… Il savait que dans une autre temporalité, un de ses petit-fils avait fait de même et un autre était mort si jeune… Un descendant de Luke avait fini drogué et repoussant la Force. Un autre avait rejeté en bloc le monde. D’autres encore s’étaient fait tuer si vite. Tous avaient été embarqués dans de affaires improbables et dangereuses, aucun n’avait vécu une vie paisible… C’était de sa faute, il aurait dû comprendre que les problèmes allaient se poursuivre et convaincre Padmé de ne pas mener sa grossesse à bien… Il se prit la tête entre les mains, tremblant de tous ses membres. Être né de cette façon pour n’être rien d’autre qu’un instrument au service de fous toute son existence lui était complètement insupportable.

"Je te hais tellement…" souffla-t-il.

Même la haine n’était pas un qualificatif assez puissant pour décrire ce qu’il ressentait actuellement… Une vague noire, bouleversante, l’emportant avec lui et où il se noyait sans même chercher à résister. Une haine immense, qui ne surpassait pourtant pas la haine éprouvée contre lui-même. Au point qu’il avait envie de s’arracher sa propre eau, arracher ce qu’il était. Le désir de se faire mal à lui-même, pour ne plus être cet être, était assez intense pour lui faire vriller l’esprit. Sans qu’il ne puisse y succomber, son corps était trop loin, trop inaccessible.

"Je ne serai plus jamais ton pion… Tu m’entends ?! Dès que nous serons rejetés d’ici, je ferai tout pour te sceller à jamais et que ton infection cesse !"

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Obscurité, plonger

La haine, si délicieuse… Un sentiment si doux, qu’il reniflait avec délectation, d’autant lorsqu’elle venait de son plus beau cobaye. Sa plus grande réussite. Le plus réussi de ses projets. Celui ayant causé le plus de mal, au même titre que sa chère pandémie. Sa chose était même parvenue à contrarier son ancien apprenti à plusieurs reprises ! Observer cette plaie à vif procurait un immense plaisir à Plagueis, d’autant plus qu’il pouvait si bien l’observer dans ce monde. Ce monde où ils prenaient leurs véritables formes, où lui-même exaltait toute la peste qu’il représentait et où Anakin étalait la plaie béante et saignante qu’il était devenu. Une œuvre, que disait-il, un chef-d’œuvre ! Les Jedi avaient été bien trop ignorants et aveugles pour apprécier sa création à sa juste valeur. Ces imbéciles n’avaient pourtant qu’à ouvrir en grand les yeux.

Je ne serai plus jamais ton pion… Tu m’entends ?! Dès que nous serons rejetés d’ici, je ferai tout pour te sceller à jamais et que ton infection cesse !

Me sceller ? C’est possible, mon garçon. En revanche, cela n’effacera pas magiquement ni mes œuvres, ni leurs conséquences. Mon infection est enfoncée dans la plaie, il vous faudra en sucer le poison pour tout extraire, avant de pouvoir la soigner.

Le sceller, bien sûr, ça sera certainement la partie la plus aisée de toute cette histoire ! Après tout, il n’était guère une Furie ou un combattant des plus efficaces, toutes ces basses méthodes de bourrins ignares ne l’avaient jamais intéressé. Et c’est bien pour cela qu’il avait répandre ses créations, car les bourrins ignares avaient utilisés leurs muscles au lieu de leurs cerveaux. Incapables, ainsi, de le retrouver à temps pour l’arrêter. Incapables de comprendre qu’il ne fallait pas venir titiller un sorcier Sith dans sa tombe une fois ce dernier enfin arrêté. Incapables, encore plus tard, de ne pas lui foncer bêtement dessus avec un sabre, sans même se demander pourquoi c’était si facile.

Par ailleurs, Anakin, nous sommes tous les deux maudits. Oui, tu pourras venir me courir après pour m’enfermer dans un holocron, si le cœur t’en dit. Il n’en restera pas moins que tu ne pourras pas te libérer de ce que tu es. Une erreur comme toi ne peut se résorber, elle est gravée dans la Force, telle une trace ayant pourri et qu’on ne peut plus déloger. Toi et ta tendre famille. Ma famille… Née d’une tendre expérience. Admire comment le poison du côté obscur n’a jamais quitté cette douce descendance. Ceux parvenant à s’accrocher au côté lumineux sans basculer ou simplement vaciller sont de simples exceptions. Quand ils ne crèvent pas jeunes pour avoir refusé de céder.

Il ricana longuement, repensant à ce qu’il avait pu obtenir comme petites informations sur le sujet et d’autant plus ravi. Flottant vaguement dans ce recoin de la Force, telle une fumée s’entendant au gré des courants.

Je dois sans doute te remercier. En ayant des enfants, tu as transmis une part de moi. Ce qu'ils ont eux-mêmes fait ensuite.

Anakin grogna doucement, furieux mais ne pouvant qu’admettre que sur ce point précis, il avait raison. Mais pour ce qui était de sa famille… Il savait que le fou n’en savait rien ou presque, qu’il ne disait ça que pour le déstabiliser, mais pourtant, parce que c’était vrai… Il secoua la tête, gonflé de haine et de peine, recroquevillé. Il ne savait quoi en penser, il ne savait plus… Déchiré entre les deux côtés de la Force, comme il l’était entre deux mondes, il ne savait plus ce qui était mieux… L’obscurité seule, la lumière seule, les deux le rebutait autant l’un que l’autre !! Les deux ne pouvaient s’exclure, il ne pouvait plus en exclure un seul… Toutes ces années à essayer, d’abord pour la lumière puis pour l’obscurité… Autant d’années de gâchis, aberrantes…

"Je dois sans doute te remercier. En ayant des enfants, tu as transmis une part de moi. Ce qu'ils ont eux-mêmes fait ensuite."

"Personne ne reproduira tes exploits pour autant…"

Il se redressa et flotta, plus près, de l’infection. Écœuré comme jamais par l’odeur abjecte mais refusant de reculer. N’essayant plus de le frapper pour le moment, sachant que ça ne servait quasiment à rien… La Force était en souffrance, les stigmates de ce combat s’étalaient partout où c’était possible et ils dérangeaient gravement le repos des morts. Pour autant, les plus anciennes commençaient déjà à se résorber… Même ce monstre ne pouvait, à lui seul, détruire la Force entièrement… Ou du moins, pas en aussi peu de temps… Ils avaient tous su à quel point la situation deviendrait dramatique si ce malade en arrivait à s’allier avec d’autres sorciers Sith et voilà le résultat ! L’erreur de Palpatine avait été de ne pas prendre son ancien maître suffisamment au sérieux, le plus tôt possible, de le croire sous son contrôle ou encore incapable d’en arriver à un tel point… Son arrogance avait conduit la galaxie à sa perte…

"Vas-tu encore nous dire que tout ça ne sert à rien d’autre que t’amuser ?"

Ce n’était pas une vraie question, il connaissait déjà la réponse… La lassitude lui pesait comme une enclume… Évidemment que ce fou ne faisait ça que pour s’amuser ! Il ne connaissait que ça, que provoquer le Chaos et si encore, autrefois, il avait une raison de le faire, aujourd’hui, ce n’était plus qu’un vulgaire jeu. Et c’était bien ça le plus énervant ! Impossible de raisonner, impossible de tenter quoi que ce soit à part détruire ou sceller à jamais ce nuisible !

"Tu me juges fou, mais toi… Rendu à ce point-là, même les autres Siths te vomissent ! A quoi bon ?? En quoi est-ce si intéressant ou amusant, de faire tout ça ?! Qu’est-ce que ça peut bien t’apporter, ça ne devrait pas être un simple jeu !"

Il était adorable ! Sa chère création, tout occupée à se débattre pour pas grand-chose ! Plagueis trouvait ça si fascinant, ces petits êtres s’acharnant à ne pas se laisser aller, à s’accrocher, à mordre le peu de stabilité qu’il leur restait pour ne pas sombrer. C’était amusant ! Après tout, il y avait les gens stables, bons ou mauvais, qui n’avaient pas besoin de lutter. Et il y avait ceux comme Anakin, les causes perdues, qui ne cessaient de se battre lors qu’elles étaient déjà foutues. Il hocha gaiement la tête, lorsque son cobaye lui demanda si tout ça était pour s’amuser. Et dire qu’il lui avait déjà dit de multiples fois que dans son cas, lutter était devenu inutile !

Tu me juges fou, mais toi… Rendu à ce point-là, même les autres Siths te vomissent ! A quoi bon ?? En quoi est-ce si intéressant ou amusant, de faire tout ça ?! Qu’est-ce que ça peut bien t’apporter, ça ne devrait pas être un simple jeu !

Dingue, cela aussi, pourquoi autant de personnes ne parvenaient pas à croire que ce n’était que cela ? Vitiate avait des plans, lui, oui ! Sidious en avait ! Plein de Sith en avaient et même plein de Jedi ! Plein de personnes stables, convaincues du bien-fondé de leurs actions et de leur légitimité, qui traçaient leurs routes ! Lui aussi avait été comme ça. Mais lui avait compris qu’arrivé à un certain stade, il ne fallait plus lutter. Arrivé face au gouffre, au lieu de s’accrocher stupidement comme le faisait Anakin, il avait sauté avec délectation vers les ténèbres. Oubliant les bêtes principes du code Sith et envoyant à va-l’eau ces jolies préceptes sur le contrôle. Parce qu’il était tellement plus amusant de n’en avoir aucun.

Pourquoi penser que j’ai un plan ? ricana-t-il. Ce n’est qu’un jeu, toute la vie est un jeu ! Si la vie ne te plaît pas, cesse de t’accrocher, deviens fou ! C’est ça, le secret, tout deviens plus facile si tu n’as pas de plan ! Plus personne ne peut prédire comment t’arrêter.

Il envoya un baiser de fumée vers sa création, tout en éclatant de rire. Si seulement son cobaye se décider à relâcher prise et plonger ! Il serait aussitôt libéré de tous ses maux et de tous ses démons, il se sentirait enfin libre et fier ! Se stabiliser, ce n’était bon que pour certains ! Mais Anakin était comme lui ! Troublé, perturbé, déchiré, il lui ressemblait trop pour poursuivre dans cette voie inepte, qu’il lâche prise !

Pourquoi cet air si sérieux ? Souris, parce ça embrouille les gens. Souris, parce que c'est plus facile que d'expliquer ce qui te ronge de l'intérieur.

Il tira sur les commissures de ses propres lèvres pour lui adresser un grand sourire cynique, sans cesser de rire. Une invitation à la folie.

"Pourquoi penser que j’ai un plan ? Ce n’est qu’un jeu, toute la vie est un jeu ! Si la vie ne te plaît pas, cesse de t’accrocher, deviens fou ! C’est ça, le secret, tout devient plus facile si tu n’as pas de plan ! Plus personne ne peut prédire comment t’arrêter."

Son rire lui vrilla les nerfs et il se pencha brusquement, pour éviter le contact avec cet être immonde. Espèce de, de, de… ça ne pouvait pas être que ça ! Ça pouvait ? Il avait l’impression que le rire malsain du monstre s’amplifiait encore et encore, pour résonner dans tout leur univers, ça le rendait malade ! Il secoua la tête, à moitié étouffé par l’odeur abjecte du fou, les larmes aux yeux. Il n’était même plus un Sith, ce n’était plus qu’un… taré… Tout comme lui-même… Et pourtant, au fond, il avait… raison… C’était tellement plus simple, plus facile… plus dangereux… Beaucoup plus dangereux… Il s’écarta, lentement, puis plus vivement, en se tenant la tête. L’esprit complètement embrouillé.

"Pourquoi cet air si sérieux ? Souris, parce ça embrouille les gens. Souris, parce que c'est plus facile que d'expliquer ce qui te ronge de l'intérieur."

Anakin sursauta à moitié, grimaçant devant l’être immonde qui tirait sur le coin de ses lèvres de fumée pour lui adresser un rire de dément, sans cesser de rire. Il s’enfuit. Littéralement. Préférant, pour le moment, fuir le plus loin possible de ce démon au lieu de le combattre… mais chuta. Brutalement. Rouvrant les yeux, à la fois affolé et en rage, sur une chambre d’hôpital. Son cœur battait à très vive allure, assez fort et vite pour lui provoquer de vives douleurs au torse. Une petite alarme résonnait à côté de lui, tout à coup, deux médecins arrivèrent en courant… Il en repoussa un d’un geste du bras, quand il voulut l’examiner, en grognant. La tête encore remplie du rire du fou. Du vent ! Son cœur ne se calmait pas, il sentait qu’on lui donnait un calmant de plus, sans que rien n’y fasse.

"Général, calmez-v…"

"Souriez…"

"Quoi … ?"

Souriez… Il laissa retomba son bras, sur le côté du lit, le souffle court et rapide, sans plus écouter les deux autres. Son esprit repartait déjà vers son monde de fumée… Dans le vif espoir de détruire le sith fo directement là-bas…