Une vie civile

"Donc, hum, attendez, si je comprends bien, il ne faut plus vous appeler Ewime mais Vueimi… Heu, non, pardon, vous pouvez répéter ?"

Il ne comprenait pas grand-chose à cette histoire de noms, de changement de famille et de… Normalement, une famille, on la gardait de la naissance à la mort ! Sauf ici, dans ce peuple, on dirait. Il essayait, hein, vraiment ! Ça le dépassait juste un petit peu. Surtout qu’elle n’était pas le seul à changer de nom, son bébé aussi. D’accord, d’accord… Soit… Il allait s’y faire, il devait se noter ça dans un coin, voilà tout. La Dame était rentrée il y a peu de temps, avec son escorte, tout ça pour ensuite annoncer qu’il fallait l’appeler autrement, que c’était une histoire de politique et qu’il ne fallait pas s’en soucier. Solian avait du mal à suivre, soyons honnête, étant donné qu’il ne percevait pas ce que la politique pouvait bien venir faire dans une affaire d’adoption. Bon, cela dit, ça ne le regardait pas, tout ce qu’il avait à savoir, c’était comment il fallait l’appeler désormais, rien de plus. De toute manière, tous les Chiss avaient des noms compliqués. Un peu plus ou un peu moins…

Il lança un regard vers le capitaine Fel, pour voir, à sa tête, s’il avait plus compris, lui. Sauf qu’il n’était même pas certain qu’il avait tout écouté. Trop heureux de pouvoir pouponner sa fille pendant que son épouse profitait d’une sieste. La découverte de la nouvelle garderie, fraîchement achevée, pour ces jeunes parents avait aussi permis d’échanger les dernières nouvelles, notamment cette histoire de noms. Entre la jeune mère visiblement épuisée et stressée, l’air anxieux, avec son fils dans les bras, et le tout nouveau papa complètement gaga de sa fille, Solian ne savait pas vraiment ce qu’il pouvait dire ou non… Il leur avait simplement proposé un café, à tous les deux, mais ni l’un ni l’autre n’y avait touché. La Dame était trop occupée à garder un air à peu près neutre et le capitaine ne voulait pas lâcher sa fille, blottie contre lui, pour prendre sa tasse.

"Bon, eh bien… En tout cas, si vous avez besoin d’aide ou d’un temps pour le travail ou le repos, ça sera désormais plus simple de confier vos enfants," reprit-il en désignant le reste de la salle d’un geste de main. "Les aménagements sont achevés, désormais. Vous pouvez même laisser certaines affaires de vos enfants, dans les casiers prévus, si c’est plus facile pour vous, pour l’organisation."

Ces deux petits allaient être les premiers à profiter de la nouvelle crèche, mais pas les derniers. Il devrait y avoir une autre naissance cette année, s’il avait bien suivi, peut-être deux, il ne souvenait plus des dates. Puis sans doute d’autres ensuite, au fur et à mesure du temps. Sans compter ceux espérant enfin pouvoir récupérer leurs familles, certaines cachées sur d’autres mondes depuis très longtemps, à cause de leurs désertions. Cette accroissement lent mais sûr de civils en agaçait et en inquiétait beaucoup, car ils ne voyaient en Nirauan qu’une base militaire. Les besoins civils n’étaient pas les mêmes du tout et ils étaient nombreux à ne pas voir leur venue d’un bon œil. Comment gérer une population civile alors que les leaders actuels étaient tous des soldats ? Ce souci-là allait prendre de l’ampleur plus vite qu’on ne pourrait le croire… Solian comprenait que des membres des FID veuillent mettre leurs familles plus à l’abri et enfin auprès d’eux. Mais le fait était que la base n’était pas encore du tout apte à les accueillir comme il se doit.

"Il nous faudra juste définir en amont si vous avez besoin de définir des horaires particuliers ?"

Tout va bien, tout va bieeen… Tout va très, très, très bien, aucun problème, parfaitement bien… De retour dans la base, en parfaite sécurité, avec son fils fraîchement renommé Vueoda dans ses bras et dont elle devait faire modifier les papiers également… Un milieu d’après-midi tout à fait ordinaire et très paisible, dans une crèche et garderie flambant neuve, sentant encore la peinture fraîche, installés autour d’une petite table, dans la pièce servant de bureau administratif. Elle serrait son fils dans ses bras avec tendresse, heureuse de l’avoir retrouvé, comme si elle en était restée éloignée durant des années. Assis juste à côté d’elle, le capitaine berçait également sa fille, nouvelle venue au monde, une excellente nouvelle, au moins, en rentrant sur la planète. Ça changeait ! Elle avait raconté, dans les très grandes lignes, le pourquoi de son départ précipité et changement de noms, sans s’étaler sur les détails. Ça le ferait sans doute craquer, purement et simplement, et il était hors de question de se laisser aller devant son fils. Ou devant qui que ce soit, d’ailleurs, elle détestait ça.

La base elle-même avait été… assez…. Disons qu’il y avait eu du mouvement, ici aussi, avec un nouvel arrivé des failles. Elle l’avait aperçu, de loin, le pauvre était tellement abîmé que même le général Skywalker semblait avoir une tête quasiment normal, à côté de lui. Certains soldats leur avaient dit, effrayés, que ce type pouvait s’arracher lui-même des membres et des organes et les faire repousser. Un délire qu’elle n’avait pas cru un instant, jusqu’à ce que le capitaine, visiblement devenu nounou en chef de ce gars, lui confirme que c’était vrai. Au passage, elle aimerait savoir ce que le capitaine Fel avait fait, lui aussi… Ses compatriotes, dans la base, parlaient de lui avec plus d’enthousiasme et de respect que jamais, depuis qu’ils étaient rentrés. Et Fel n’avait même pas su lui dire pourquoi, juste qu’il avait juste fait son travail habituel, des missions ordinaires. Et que récemment, il s’était contenté de remplir une mission extérieure puis était resté à la base depuis la naissance de sa fille, rien de plus. Mouais…

« Bon, eh bien… En tout cas, si vous avez besoin d’aide ou d’un temps pour le travail ou le repos, ça sera désormais plus simple de confier vos enfant. Les aménagements sont achevés, désormais. Vous pouvez même laisser certaines affaires de vos enfants, dans les casiers prévus, si c’est plus facile pour vous, pour l’organisation. »

Ah, si c’était possible, oui, ça sera plus facile que de trimballer toutes les affaires dans les couloirs… Non pas que c’était loin, mais elle était… Disons, assez fatiguée. Les derniers événements, porter trois enfants… Une grossesse se voyant déjà bien, avec ça, elle avait pris plus de poids que durant la première, bien évidemment. Elle songea un instant à la réaction de son compagnon… Il était parti papa d’un bébé de quelques mois, il allait revenir alors qu’elle était déjà enceinte jusqu’au fond des yeux. Et encore, ce ne sera certainement pas le plus choquant, parmi les nouvelles qui l’attendaient. Trois petits bouts de choux blottis au chaud, prévus pour dans plusieurs mois, c’était bien moins perturbant, à son humble avis, qu’apprendre qu’un véritable zombie écorché et immortel était arrivé par les failles. Enfin, immortel, il ne… En fait… Si, on pouvait dire immortel… Un type capable de s’arracher lui-même le cerveau et le reconstituer sans mourir, après tout… Brrr…

« Il nous faudra juste définir en amont si vous avez besoin de définir des horaires particuliers ? »

« Hum, oui… » dit-elle en réfléchissant à ça en même temps. « Sans doute quelques heures par jour, pour le sociabiliser et que je puisse avoir le temps de préparer l’arrivée de son frère et ses sœurs. Et prendre un peu de repos. »

Tant que Thrawn n’était pas là pour l’aider, elle devait gérer tout ça et ce sera plus facile, à présent, si une personne de confiance pouvant s’occuper de son bébé sans avoir besoin de bouleverser les emplois du temps à la dernière minute. Elle en discuta avec le commandant, puis se tut le temps que le capitaine fasse de même. Bien que dans son cas, ça ne sera pas pour tout de suite. Syal sera en congé durant quatre mois, avec sa fille, avant de reprendre le travail administratif qu’elle occupait dans la base. Elle, au moins, aura de nouveau des horaires fixes, après ça. Contrairement au capitaine qui partait parfois à l’improviste.

« Et sinon, sérieusement, capitaine, qu’est-ce que vous avez fait aux Chiss de cette base ? » demanda-t-elle une fois de plus. « Pour vous faire autant apprécier ? »

Aaawn, elle avait souri ! Il l’avait vu sourire ! Elle était tellement mignonne, adorable, un véritable trésor ! Il l’embrassa sur le front pour la quarantième fois de la journée, tout en fondant littéralement sur place lorsque sa petite princesse bailla puis se rendormit dans le creux de ses bras. Il pourrait la regarder dormir durant des heures ! Son congé paternité touchait déjà sa fin, hélas… Il aurait beaucoup aimé rester plus longtemps avec Syal et leur petite, pouponner leur adorable trésor et la bercer dès qu’elle pleurait. Tiens, d’ailleurs, il en connaissait certains que ça ne dérangerait pas, qu’il reste plus longtemps que ça avec son bébé. Comme le colonel, par exemple, il avait mal pris son comportement, pour l’affaire de secours. Soontir ne pouvait rien trop en dire, il était bien conscient de s’être comporté comme un crétin, même s’il ne le regrettait absolument pas et le referait sans hésiter une seconde, si l’histoire devait se répéter. Quitte à avoir une montagne d’ennuis derrière ! Son seul regret, c’était la mort de la lieutenant-colonel.

Il redressa la tête pour écouter le commandant, souriant face à cette nouvelle crèche. C’est vrai que ça sera bien plus simple ! Et pour ce qui était des horaires, heu… Il laissa la dame Chiss répondre en premier, le temps pour lui d’attraper la tasse de café, froid depuis le temps, et de réfléchir à ça. Syal n’allait pas reprendre le travail tout de suite, donc… Il mit un instant avant de se souvenir des heures exactes qu’elle faisait, pour les donner au commandant et qu’il inscrive ça. Il devra le lui reconfirmer, de toute manière, quand il en aura discuté avec sa femme. Là, elle faisait la sieste. La nuit avait été pas mal agité, forcément, ça allait être comme ça tout un moment ! Il reposa vite la tasse, le café froid, ce n’était pas son truc, puis se cala plus confortablement dans le siège. C’était très pratique, d’avoir ce nouveau service, dans la base, n’empêche. Le commandant avait réalisé du beau boulot, en aménageant cet endroit.

"Et sinon, sérieusement, capitaine, qu’est-ce que vous avez fait aux Chiss de cette base ? Pour vous faire autant apprécier ?"

"Je peux vous assurer sur l’honneur que je ne leur ai absolument rien fait de mal, madame ! Heu, non, attendez, je veux dire, je ne leur ai rien fait de particulier, tout court. Il y a eu cette histoire de racisme, contre le sergent, oui, mais ça, ça ne concernait que lui, je n’ai jamais rien dit aux autres. En plus, ça fait déjà longtemps."

Désolé, réflexe, bien sûr qu’elle savait déjà qu’il ne leur avait fait aucun mal, c’est juste qu’il avait trop l’habitude qu’on lui reproche d’avoir agi comme ci ou comme ça ! Il essayait sincèrement de rester dans les clous, vraiment ! Mais des fois, franchement… Lui demander de la boucler et faire comme s’il n’avait rien entendu alors qu’un de ses élèves était prisonnier quelque part et qu’il n’était pas question d’y envoyer du monde, ça, par exemple, ce n’était pas possible. Un élève, un allié, un ami, peu importe, il n’allait pas rester les bras croisés. Pas touche ni à ses proches, ni à ses collègues, ni à ses subordonnés, ce n’était pas si dur à comprendre ! Et puis, c’était vrai, à part cette lamentable affaire de racisme, il n’avait jamais rien fait de particulier pour les Chiss. Pour lui, ils étaient des collègues comme les autres, il leur parlait comme il le faisait avec tout le monde.

"Et puis même, admettons que ça soit seulement à cause de ça, c’est plutôt une bonne chose pour resserrer les liens, non ? C’est bien ça que vous tentez de faire aussi, tous les deux, si j’ai bien compris. Il ne faut pas se prendre la tête, des gens qui vous apprécient ou vous détestent, c’est comme ça, il y en aura toujours ! En plus, je n’ai pas à gérer de gros trucs dans cette base, donc peu importe si on pense du bien ou mal de moi. Vous ne trouvez pas ?"

A ses yeux, seuls les chefs hauts-placés avaient une réelle bonne raison de se soucier de ce qu’on pensait d’eux ! Mais sinon, qui pouvait bien s’en préoccuper ? Il s’occupait de l’avis de ses hommes et ses proches, c’était déjà pas mal. Quant à l’avis de ses supérieurs… Hum, disons qu’il était préférable de ne pas trop y réfléchir, étant donné les quelques circonstances particulières pouvant survenir ici et là.

Solian avait créé, pour le moment, un simple tableur avec les différents mois, pour noter les horaires. Tant qu’il y avait si peu d’enfants à prendre en charge, c’était plus que suffisant, sans compter que ça lui laissait du temps pour gérer les cours qu’il préparait et donnait à côté. De nouveaux repères s’installaient peu à peu, réglant cette nouvelle vie comme l’avait été la précédente. Il nota rapidement les demandes de chacun, sur l’ordinateur, hochant doucement la tête lorsque le capitaine précisa qu’il devra tout confirmer plus tard. Bien entendu, il avait encore du temps. Il termina ensuite sa tasse de café, laissant la tasse, pour le moment, au fond du petit lavabo à côté. Le bureau était petit et ne devait, de toute façon, pas énormément servir avant un bon moment.

"Et sinon, sérieusement, capitaine, qu’est-ce que vous avez fait aux Chiss de cette base ? Pour vous faire autant apprécier ?"

"Je peux vous assurer sur l’honneur que je ne leur ai absolument rien fait de mal, madame ! Heu, non, attendez, je veux dire, je ne leur ai rien fait de particulier, tout court. Il y a eu cette histoire de racisme, contre le sergent, oui, mais ça, ça ne concernait que lui, je n’ai jamais rien dit aux autres. En plus, ça fait déjà longtemps."

Le commandant avait haussé les sourcils, un sourire amusé flottant sur les lèvres. Cette manière de se défendre directement ! Et comme d’habitude, il ne réalisait pas, – ou ne souciait pas – peut-être les deux, de sa réputation au sein de la base. Il y avait des gens, comme ça… Mieux valait ne pas chercher, parfois, ça finissait par tilter tout seul. Il fallait bien dire aussi qu’une bonne majorité des soldats étant habitués à rentrer dans le moule et suivre les ordres sans broncher, ce qu’on attendait d’eux, somme toute, il devenait d’autant plus simple de repérer le nom et le visage de ceux incapables de s’y conformer. Ce genre de personnes restaient rares, dans les armées, après tout, ce n’était le genre de lieux où on s’attendait à trouver de trop fortes têtes, mis à part parmi les les hauts gradés. De toute façon, ça valait toujours mieux que de trop se laisser aller ou de… Enfin… Posséder une forte volonté, c’était le mieux. Les personnes qui y parvenaient, soldats ou non, gagnaient tout son respect, pour sa part.

"Et puis même, admettons que ça soit seulement à cause de ça, c’est plutôt une bonne chose pour resserrer les liens, non ? C’est bien ça que vous tentez de faire aussi, tous les deux, si j’ai bien compris. Il ne faut pas se prendre la tête, des gens qui vous apprécient ou vous détestent, c’est comme ça, il y en aura toujours ! En plus, je n’ai pas à gérer de gros trucs dans cette base, donc peu importe si on pense du bien ou mal de moi. Vous ne trouvez pas ?"

Oui, pour l’instant, ça pouvait changer, sa carrière était loin d’être achevée. Il pouvait encore monter en grade et faire complètement autre chose, comme tous les soldats de cette base. Curieux de parler de cela comme s’il était convaincu qu’il conservera ce même grade ou poste durant l’entièreté de sa vie.

"Je ne pense pas que ça soit uniquement lié à cette sale histoire de racisme," répondit-il en se penchant pour poser aussi les deux autres tasses dans l’évier. "Vous avez forcé le colonel à vous laisser partir dans une mission suicidaire pour sauver l’un des leurs. Sachant qu’en plus, dans une société militarisée, un homme prenant de tels risques pour ses subordonnées force le respect. La méthode est discutable, mais le résultat est là."

En tout cas, il était vrai qu’il avait gagné pas mal de respect de ce côté. Par contre, une bonne part des hauts gradés de Nirauan étaient exaspérés par cette manière de s’y prendre. Logique et attendu. Solian trouvait même étonnant que le colonel Yularen ne l’ait pas envoyé sur le champ en conseil de discipline, voire en cour martiale. Serait-il trop blasé ? C’était une possibilité à ne pas écarter. A moins qu’il ne sache que ça n’aurait pas fait regretter Fel plus que ça et que ce serait donc du temps perdu. Lui passer un savon mémorable était le moins qu’il puisse faire, le capitaine s’en tirait à bon compte.

Pas la réponse à laquelle elle s’était attendue… Elle avait bien compris qu’il ne leur avait rien fait de mal, bien au contraire ! Mais rien fait, vraiment, ça, franchement, elle en doutait ! Ils ne parleraient pas de lui de cette façon, si c’était le cas ! Comme il le disait lui-même, cette affaire de racisme, ça datait déjà et il ne semblait pas, du peu qu’elle avait pu entendre au passage dans les couloirs, que ça y était lié. Ou du moins, pas uniquement. Sans compter qu’avec les rumeurs qui circulaient sur son compte en temps normal, on pouvait légitimement se poser pas mal de questions.

« Et puis même, admettons que ça soit seulement à cause de ça, c’est plutôt une bonne chose pour resserrer les liens, non ? C’est bien ça que vous tentez de faire aussi, tous les deux, si j’ai bien compris. Il ne faut pas se prendre la tête, des gens qui vous apprécient ou vous détestent, c’est comme ça, il y en aura toujours ! En plus, je n’ai pas à gérer de gros trucs dans cette base, donc peu importe si on pense du bien ou mal de moi. Vous ne trouvez pas ? »

« Je ne pense pas que ça soit uniquement lié à cette sale histoire de racisme. Vous avez forcé le colonel à vous laisser partir dans une mission suicidaire pour sauver l’un des leurs. Sachant qu’en plus, dans une société militarisée, un homme prenant de tels risques pour ses subordonnées force le respect. La méthode est discutable, mais le résultat est là. »

Il avait fait quoi… ?! Ewime s’efforça vraiment – mais vraiment ! - de ne pas tiquer, rester ébahie, avoir la moindre réaction trop visible. Ah mais d’accord, très bien, donc il avait encore tenu tête à ses supérieurs hiérarchiques pour encore partir dans une mission suicidaire quasiment sans aide ou soutien, c’était bien ça ? La vraie question était plutôt pourquoi ça l’étonnait toujours. Enfin, au moins, elle comprenait pourquoi il avait gagné le respect de ses compatriotes, de cette manière, au moins dans la base. Il y avait une chance que cette histoire se répande également plus loin, il suffisait que celui qu’il avait été chercher le raconte à ses amis ou à son clan, sa famille proche et ainsi de suite. Le revers de la médaille, c’est qu’il risquait d’avoir encore plus de mal à conserver des relations tranquilles avec la plupart de ses chefs.

« Et vous disiez n’avoir rien fait, » soupira-t-elle très légèrement.

Sentant que son fils commençait doucement à s’agiter, elle se leva pour aller le déposer sur son tapis d’éveil, pour qu’il joue. Il venait toujours un moment où, lorsqu’il était bien réveillé, rester sagement dans leurs bras ne lui allait plus du tout. Et encore, qu’est-ce que ça sera quand il apprendra à marcher ! Elle avait déjà caché toutes les prises et placé hors de portée le moindre objet dangereux, dans l’appartement. Tout ce qu’il pourrait avaler par accident ou encore ce qui pourrait le blesser. A présent qu’il était parfaitement capable d’attraper les objets et les fourrer dans sa bouche, elle se méfiait de tout. Vueoda avait déjà rampé pour prendre les jouets en plastique accrochés au tapis et mordiller dedans. Il se mettait un peu plus à quatre pattes et assis, il tenait seul, mais il ne tentait pas encore la station debout.

« Vous devriez vous méfier malgré tout. En continuant ainsi, vous allez bel et bien finir par devoir en gérer, des gros trucs, comme vous le dites. Il y a des personnes qui vont se dire que puisque vous n’avez pas de problèmes particuliers à foncer de cette manière, le faire sur d’autres projets ne devrait pas en poser non plus. »

Elle revint s’asseoir, mettant la chaise en biais pour conserver un regard sur son fils facilement. Le commandant sera d’ailleurs sûrement d’accord avec ça, lui aussi, à son avis.

"Je ne pense pas que ça soit uniquement lié à cette sale histoire de racisme,. Vous avez forcé le colonel à vous laisser partir dans une mission suicidaire pour sauver l’un des leurs. Sachant qu’en plus, dans une société militarisée, un homme prenant de tels risques pour ses subordonnées force le respect. La méthode est discutable, mais le résultat est là."

"Et vous disiez n’avoir rien fait."

"C’est à dire que ça reste moins grave qu’autre chose. Non ?"

Il les regarda tous les deux, alors que la dame se levait pour laisser son fils jouer tranquillement sur un tapis bien épais et que le commandant affichait une drôle de mine, comme s’il était à la fois blasé, agacé et amusé. Puis pencha de nouveau la tête vers sa fille, attendri, en lui glissant le bout du doigt contre sa petite joue potelée. Si mignonne, fragile et innocente ! Même lorsque les réveillait, la nuit, il ne parvenait pas à s’agacer. La fatigue, par contre, était bel et bien là, il n’aurait jamais pensé qu’un aussi petit être, avec des poumons aussi minuscules, puisse crier aussi fort ! Si ça, ce n’était pas de la sorcellerie… Sa poupette dormait paisiblement, pour le moment. Propre, lavée, changée, un biberon datant d’il y a moins d’une heure, elle était sûrement bien à l’aise. Il l’imaginait déjà avec quelques années de plus, lorsqu’il pourra lui faire découvrir le monde du pilotage, l’emmener filer faire des cabrioles en toute liberté en plein espace et manger tout plein de bons plats, à travers la galaxie. Une vie libre, c’est tout ce qu’il voulait pour elle !

"Vous devriez vous méfier malgré tout. En continuant ainsi, vous allez bel et bien finir par devoir en gérer, des gros trucs, comme vous le dites. Il y a des personnes qui vont se dire que puisque vous n’avez pas de problèmes particuliers à foncer de cette manière, le faire sur d’autres projets ne devrait pas en poser non plus"

"Ouh là," rit-il en redressant rapidement la tête pour leur sourire, avant de la rebaisser sur son enfant. "En ce moment, certains de mes chefs ont plus envie de me jeter pieds et poings liés au fond d’un placard que de me donner une promotion, aucune chance qu’ils me confient le moindre gros projet. Je ne m’inquiète pas vraiment de ça. Et justement, ils voient que je fonce et ce n’est pas ça qu’il faut, pour un bon officier, c’est mieux d’avoir quelqu’un de posé, qui réfléchit avant d’agir, tout ça. En plus, je ne suis pas encore offi… Enfin, si, mais bon, pas de quoi s’en faire."

Il haussa légèrement les épaules, très sûr de lui sur le sujet. De toute façon, il ne cherchait pas la gloire, encore moins de monter en grade à tout prix ! Et gérer des projets, meh… Enfin, tout dépendait quoi ! Si ça concernait le pilotage et la formation des gamins, là oui, évidemment, il pouvait s’y investir à fond et l’avait déjà prouvé plus d’une fois. Mais sinon, dans quoi pourrait-il bien agir ? Les autres domaines, ce n’était pas son champ d’expertise. Il ne connaissait rien en logistique, en conception de vaisseaux ou base, en diplomatie… Et gérer de grands groupes, ce n’était pas son truc non plus. Tout ça vous éloignait trop du terrain !

"Après, si les gros trucs en question concernent les pilotes, directement, pourquoi pas," ajouta-t-il presque aussitôt, toujours en train de fondre car son petit sucre d’orge serrait son doigt dans sa toute petite main, en dormant. "Du genre, je ne sais pas… De nouveaux modules de formations, des missions en extérieur pour se faire la main et je ne sais quoi encore. Pour encadrer des groupes et les entraîner. Le restant, c’est bien pour ceux qui acceptent de passer une bonne partie de leurs journées dans un bureau. Ça vous enchante, vous deux, l’idée de passer des journées entiers le nez plongé dans la paperasse à régler des tas de problèmes ?"

"Et vous disiez n’avoir rien fait."

"C’est à dire que ça reste moins grave qu’autre chose. Non ?"

"Non."

Il secoua légèrement la tête, ne sachant plus quoi faire pour lui faire comprendre, à ce stade, surtout en entendant sur quoi le capitaine enchaîna, après que la jeune mère ait elle aussi tenté de lui faire comprendre. C’est bon, allez, il finira bien par le réaliser le jour où ça lui reviendra en pleine figure ! Il se leva lui aussi, rapidement, pour laver les tasses et les mettre à sécher sur une petite serviette, juste à côté, puis se rassit. Le capitaine admit au moins, dans la foulée, que si ça concernait directement les pilotes en formation, là, bien entendu, il s’impliquera sans peine. C’était déjà mieux que rien… ? Solian n’avait encore jamais rencontré une personne qui soit si… Comment dire… Si butée, finalement, aussi aveugle, aussi… Surtout ici, c’était déjà arrivé que des personnes se retrouvent catapultées du jour au lendemain, sans s’y attendre du tout, à des postes radicalement différents du leur ou à monter en grade sans pouvoir s’y attendre. Leurs supérieurs avaient l’habitude de trimballer tout le monde selon les besoins et compétences, au lieu d’attendre et de prendre un très long temps de réflexion, sans compter les délires politiques qui venaient s’insérer dans le tas, comme dans l’Empire.

"Du genre, je ne sais pas… De nouveaux modules de formations, des missions en extérieur pour se faire la main et je ne sais quoi encore. Pour encadrer des groupes et les entraîner. Le restant, c’est bien pour ceux qui acceptent de passer une bonne partie de leurs journées dans un bureau. Ça vous enchante, vous deux, l’idée de passer des journées entiers le nez plongé dans la paperasse à régler des tas de problèmes ?"

"Ce sont rarement des journées entières," sourit-il faiblement. "A moins que vous ne fassiez véritablement un métier de bureau. Mais comme officier, même si vous devez passer une partie de votre journée dedans, il y aura toujours des temps où il faudra en sortir, pour diverses raisons. En partant du principe que vous travaillez sur une base, bien sûr. Si vous commandez un croiseur ou je ne sais quoi, vous passez autant de temps sur la passerelle que dans votre bureau. Même une personne haut gradée n’est pas condamnée à passer sa vie dans un bureau."

Donc ce qui l’inquiétait, ce n’étaient pas les responsabilités, les projets, les missions, les négociations et tentatives diplomatiques, les combats, les stratégies à mettre en place, la gestion de ses hommes et leur protection, rien de tout ça… C’était de rester coincé dans un bureau… Non mais, après, pourquoi pas, chacun ses peurs ! Le commandant avait bien du mal à comprendre celle-ci, cela dit, il était mal placé pour en juger. En tant que professeur, désormais, il passait la majeure partie de son temps entre les quatre murs d’une salle de classe ou dans un bureau, justement, à préparer les futurs cours. Et ici, ce sera la même chose, il ne laissera pas les bébés et jeunes enfants seuls, sans surveillance.

"Parlons de cela, madame, vous pensez poursuivre votre travail ou bien prendre dès à présent un congé, pour votre grossesse ? Étant donné que vous en portez trois, la fatigue risque d’être présente beaucoup plus vite."

« Ouh là. En ce moment, certains de mes chefs ont plus envie de me jeter pieds et poings liés au fond d’un placard que de me donner une promotion, aucune chance qu’ils me confient le moindre gros projet. Je ne m’inquiète pas vraiment de ça. Et justement, ils voient que je fonce et ce n’est pas ça qu’il faut, pour un bon officier, c’est mieux d’avoir quelqu’un de posé, qui réfléchit avant d’agir, tout ça. En plus, je ne suis pas encore offi… Enfin, si, mais bon, pas de quoi s’en faire. »

Il connaissait encore mal Thrawn, on dirait. Elle ne dit rien là-dessus, d’autant plus qu’il reprit dans la foulée en discutant des projets où il pourrait participer. Bon, eh bien… Elle avait essayé de lui ouvrir les yeux, tout comme le commandant, qu’au moins il réalise qu’il ne pourra pas poursuivre ainsi sans se faire remarquer. S’il ne parvenait pas à le comprendre maintenant, tant pis. Il comprendra bien le jour où ça lui tombera sur le nez. Surtout, ce capitaine avait un sens des priorités très… Disons… Douteux ? Car foncer dans une mission suicidaire ne lui posait aucun problème, en revanche, il frissonnait devant eux d’horreur à l’idée de travailler dans un bureau. Le commandant se montra rassurant, d’ailleurs, sur le sujet. Même en prenant du garde, il n’y sera pas enchaîné. Elle échangea un bref regard avec lui, voyant bien que lui aussi jugeait le sens des priorités du capitaine assez étrange. Parmi tout ce qui aurait pu l’inquiéter, n’avoir peur que rester assis devant un ordinateur…

« Parlons de cela, madame, vous pensez poursuivre votre travail ou bien prendre dès à présent un congé, pour votre grossesse ? Étant donné que vous en portez trois, la fatigue risque d’être présente beaucoup plus vite. »

« Je n’y ai pas encore réfléchi, j’avais autre chose à penser. »

Et elle ne savait plus trop où elle en était, non plus, en ce moment. Elle progressait jour après jour sans pouvoir déjà se projeter à long terme, comme elle en avait l’habitude, ces derniers temps. Du repos, elle ne savait pas, peut-être, ce sera au médecin de lui dire si oui ou non, c’était déjà nécessaire. Avec ça, poursuivre directement son travail laissait beaucoup de moins de temps pour réfléchir à sa situation familiale et donc beaucoup moins de temps de se rendre malade. Il lui fallait juste un temps pour… Eh bien, s’y faire, d’une part, puis réorganiser sa vie, d’autre part. Mais elle n’avait aucune envie d’en parler maintenant.

« Pour le moment, en tout cas, je compte rester sur mon planning habituel, puis je vous redirai s’il y a des changements, dans la garde du petit. »

Vueoda avait parfaitement l’habitude de côtoyer le commandant, il ne pleurait plus depuis longtemps lorsque sa maman le déposait pour aller travailler et donner certains cours. Son petit garçon avait, de toute manière, un peu de mal à s’habituer à ceux qu’il ne connaissait pas encore. Ici, tout allait bien, le commandant faisait partie de ceux qu’il appréciait, ça se ressentait. Mieux valait s’y prendre dès qu’ils étaient tous petits, pour leur garde, ça évitait bien des soucis ensuite.

« Pour ce qui est de l’école élémentaire… Pensez-vous pouvoir la mener, d’ici deux ou trois ans ? Je me chargerai, pour mes enfants, de ce qui à trait à leur langue maternelle, l’histoire de leur peuple, et ainsi de suite. Mais ils auront aussi besoin d’apprendre le Basic ou des langues locales, d’autres matières avec les enfants de la base, également. Les autres formateurs de la base n’auront pas le temps de s’ajouter des plages de cours pour apprendre aux enfants à lire et écrire. C’est aussi quelque chose qu’il faut organiser, je doute que ça soit les seules naissances, dans la base, pour les mois à venir. Sans compter ceux espérant faire venir leurs familles. »

Le capitaine aussi avait dû se poser la question, non ? D’ici trois ans, peut-être un petit peu moins, sa petite fera ses premiers pas à l’école. Et le temps passait plus vite qu’on ne le croit.

"Ce sont rarement des journées entières. A moins que vous ne fassiez véritablement un métier de bureau. Mais comme officier, même si vous devez passer une partie de votre journée dedans, il y aura toujours des temps où il faudra en sortir, pour diverses raisons. En partant du principe que vous travaillez sur une base, bien sûr. Si vous commandez un croiseur ou je ne sais quoi, vous passez autant de temps sur la passerelle que dans votre bureau. Même une personne haut gradée n’est pas condamnée à passer sa vie dans un bureau."

Ah ? C’est vrai ? Il avait souvent pensé l’inverse ! Même si, pour lui, une heure, c’était déjà bien trop, de toute façon ! Il haussa un peu les épaules, ça ne le concernait pas, encore heureux. Le commandant revint un instant sur le planning prévu, visiblement inquiet pour l’état de santé de la jeune mère. Il avait bien raison, elle ne pourra pas rester active aussi longtemps que durant la première grossesse, en attendant trois enfants ! Même si ça allait encore, en ce moment. Il n’osait qu’à peine imaginer les nuits infernales qu’elle allait bientôt passer, d’ici quelques mois, la pauvre. Et même après, allait-elle pouvoir reprendre ses activités avec quatre enfants en bas âge à s’occuper ? Il y avait peu de chance, les deux ou trois premières années, en tout cas. Surtout que dans ce cas, elle avait moins souvent son mari à la maison que d’autres le pouvaient.

La question qui suivit, sur comment faire pour l’école, le laissa un instant perplexe. Il n’y avait absolument pas pensé… Anya venait à peine de naître et pas une seule seconde, même lorsqu’ils parlaient de comment l’éduquer durant la grossesse, il n’avait pensé à l’école. Mais c’était vrai, ça, ils étaient dans une base et même s’il y avait une petite partie « civil » et maintenant, une crèche, la suite logique serait d’avoir quelques autres pièces pour y installer salle de classe, un coin pour manger, un autre pour faire faire un peu de sport aux enfants et développer leur mobilité, et ainsi de suite. L’école, donc, très bien, très bien… C’est vrai qu’il valait mieux y penser avant que les enfants ne soient, justement, en âge d’y aller, ça serait un peu la panique de se réveiller juste un mois ou deux avant qu’il ne soit l’heure.

"Le plus simple, pour commencer, serait d’aller voir des écoles, dans la Coalition, ce qu’elles ont comme programmes, pour les plus petits puis un peu au-dessus, jusqu’à quinze ou seize ans, disons. Et leur demander comment elles s’organisent, ce qui marche ou pas. Un plus de deux ans, ça laissera assez de temps pour mettre en place ces affaires et que personne n’ait besoin de s’en inquiéter le jour où ça servira."

La fréquence importante des échanges avec leurs voisins et alliés rendait ça très simple ! Pourquoi s’embêter à tout construire depuis zéro alors qu’il suffisait de recopier ce qui fonctionnait ailleurs. Certaines planètes de la Coalition n’avaient pas tellement d’écoles, l’instruction des gamins se faisaient en famille. Mais il en avait vu d’autres où c’était la norme. Un des Chiss lui avait dit que chez eux aussi, la règle était l’école, certainement pas l’apprentissage en famille. Sur Corellia, l’école était majoritaire, également. Ça dépendait vraiment des mondes.

"Par contre, il finira par y avoir un problème de place, à un moment, ce n’est pas fait pour avoir ce genre de zones, ici. A moins d’agrandir encore. Le problème ne se posera pas avant quelques années encore, mais si ça continue, ça le fera. Je me demande parfois s’il n’y aura pas un mouvement pour faire partir les civils et les civils plus loin, que ça reste uniquement une base militaire."

"Je n’y ai pas encore réfléchi, j’avais autre chose à penser"

"Je le comprends."

"Pour le moment, en tout cas, je compte rester sur mon planning habituel, puis je vous redirai s’il y a des changements, dans la garde du petit."

Très bien. Il hocha la tête, ajoutant simplement qu’il attendra qu’elle en sache plus, que ce n’était pas un soucis. La question suivante, sur l’école, le laissa silencieux, sur le moment. Donner des cours à des adultes était une chose, le faire pour des enfants n’avait que peu à voir. Le capitaine proposa une bonne solution, cependant, en lançant qu’il serait bien d’aller à la rencontre des écoles, dans la Coalition, pour trouver la bonne manière de procéder, les programmes à suivre et l’organisation à avoir. Le temps que ces premiers enfants naissent ou grandissent, ils avaient effectivement le temps. Il devra simplement voir, lors d’un des voyages entre ici et la Coalition, à pouvoir en faire partie… Peut-être lors d’une tournée d’approvisionnement, ce sera le plus simple. Ils devront également en discuter avec les futurs parents de la base. Il savait que deux couples attendaient eux aussi un heureux événement. Très récemment, pour l’un, plus avancé pour l’autre. Bien que certains puissent le voir d’un mauvais œil, il serait impossible de l’empêcher.

"Par contre, il finira par y avoir un problème de place, à un moment, ce n’est pas fait pour avoir ce genre de zones, ici. A moins d’agrandir encore. Le problème ne se posera pas avant quelques années encore, mais si ça continue, ça le fera. Je me demande parfois s’il n’y aura pas un mouvement pour faire partir les civils et les civils plus loin, que ça reste uniquement une base militaire."

Les faire partir où ? Solian secoua légèrement la tête, peu convaincu que ça puisse arriver là. Bien sûr, il y en avait pour grogner contre et s’insurger. Mais de là à en arriver à de telles extrémités… Ce n’était pas une base militaire « normale », il fallait bien se faire une raison. Aucun gouvernement officiel au-dessus, aucune nation en tant que telle, tous taxés de déserteurs ou presque…

"On ne peut pas comparer ce qui se passe ici avec une base classique," sourit-il faiblement. "Il faudra probablement d’autres travaux, oui, mais quoi qu’en disent les esprits chagrins, il sera impossible d’instaurer les mêmes règles que dans une caserne lambda. Installer les civils sur une autre planète proche poserait plus de soucis logistiques que ça n’en réglerait ici. Quant à les envoyer directement sur un monde de la Coalition, par exemple, en disant aux parents qu’ils les verront une fois ou deux par an, avec de la chance… Ça serait les pousser à démission. Voire pire."

Il haussa légèrement les épaules, en ajoutant qu’il ne fallait trop s’en faire. Que ceux qui voulaient râler le fassent, comme on dit, tant que ça ne prenait pas des dimensions démentielles, évidemment. Il reparla plutôt de comment ils allaient s’organiser, pour la suite, puis pour l’école. Ce sera très bien de commencer par une petite poignée d’enfants, les premières années, ça leur laissera le temps de mettre des projets en place tranquillement et surtout, s’y habituer. Discuter des enfants était aussi une manière légère de changer les esprits et faire penser à de bons souvenirs et moments…