Deux petits garçons

A peine rentrée de son voyage au Temple, déjà de retour dans un hôpital. Ou plutôt à la maternité. Depuis la veille au soir et rien ou presque n’avait encore avancé… Les contractions avaient beau être fortes, les eaux perdues depuis des heures, ses enfants ne semblaient pas du tout pressés de sortir…. Régulièrement, la sage-femme revenait pour vérifier où en était le travail et prendre les constantes vitales, avant d’à nouveau les laisser. Lorana n’avait évidemment pas dormi de la nuit, cassée par la douleur malgré les médicaments déjà posés, pour les contractions. Si la naissance de leur petite avait été rapide, même presque trop rapide, celle-ci traînait abominablement en longueur ! Elle avait déjà fait une vingtaine de fois le tour des couloirs avec Thrass, monté et descendu les escaliers, pour faire bouger le tout, mais rien à faire. L’épuisement général pesait, à présent, alors que le jour se levait lentement. Bon sang, pourquoi ça ne pouvait pas être aussi rapide que la première fois… Elle se redressa avec peine, pour se mettre assise contre les oreillers, en sueur.

« Vous ressentez quelque chose de plus ? » demanda la sage-femme en revenant dans la pièce, en enfilant une paire de gants neuve.

« Pas du tout, » grinça-t-elle des dents en essuyant son front comme elle pouvait.

« Je vais encore vérifier l’ouverture du col. Selon les contrôle, ils vont bien, leurs cœurs battent normalement, la respiration est très correcte. Si ça ne se déclenche pas bientôt, il faudra faire une césarienne, avant que ça ne devienne compliqué. Ou dangereux, pour eux ou pour vous. Je vais aussi faire une autre échographie. Détendez-vous. »

Oh, mais elle était déjà trèèèès détendue…. Avec des contractions lui labourant le ventre, à faire mal à hurler, depuis plus de dix heures, sans compter l’épuisement allant avec, pourquoi ne serait-elle pas parfaitement détendue ?! Elle tint la main de Thrass durant les examens. Le col était assez ouvert, désormais, mais rien ne bougeait… Et ce fut pendant l’échographie que la sage-femme annonça pourquoi, le premier bébé était en position de siège. La jeune mère commençait à suer plus fort, imaginant déjà arriver l’opération. La sage-femme réfléchit un instant puis dit qu’elle allait appeler le médecin. Ils pouvaient tenter une petite manœuvre, pour « forcer » le petit à se retourner dans son ventre, en appuyant et massant fortement, avec des gestes précis. De quoi la détendre un peu plus, évidemment. Son mari en eut sûrement la main broyée, tout du long… Elle était désolée, mais là, pas le choix. Heureusement, la manœuvre fonctionna ! Le docteur l’aida à se mettre dans une autre position, plus favorable, alors qu’il préparait la suite avec l’infirmière et la sage-femme. Alors qu’une seconde équipe rentrait dans la pièce… Elle paniqua un bref instant, croyant qu’ils avaient détecté un grave problème, mais le médecin lui fit aussitôt un signe que tout allait bien.

« C’est normal, dans le cas de jumeaux, il faut toujours deux équipes, un pour chacun, au cas où les choses ses compliquent. Bien, à la prochaine contraction, vous allez pousser, de toutes vos forces. »

D’accord, d’accord, d’accord… Inspirer à fond, serrer les dents… Elle ne put s’empêcher de crier, une fois, lorsque ça débuta, avant de reprendre à nouveau son souffle et recommencer, les larmes aux yeux.

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Durée : 19. Comment ça se déroule : 7.

C’était long, affreusement long… Et dire que pour leur fille, ils avaient à peine eu assez de temps pour rejoindre l’infirmerie… Une fois de plus, il se sentait complètement impuissant, il ne pouvait rien faire pour apaiser la douleur de sa femme ni pour accélérer le mouvement. Lui masser l’épaule, tenir la main, lui mettre le brumisateur… Et c’est tout. C’était si frustrant ! Il détestait la voir souffrir. Ils étaient là depuis des heures, maintenant ! Ce qui finit par inciter la sage-femme à faire venir un docteur, pour pousser le petit le plus proche à se repositionner la tête en bas. Il plaça un bras derrière les épaules de sa femme et lui tint la main, le temps de la manœuvre. Brutal, à ses yeux, mais efficace. Le médecin confirma, avec une nouvelle échographie, que le petit et son frère étaient mieux positionnés, ils allaient pouvoir se préparer.

Si le stress monta d’un cran, il fit tout pour l’étouffer vertement et ne pas en rajouter, pour sa femme. Une seconde équipe était entrée, restant dans le coin, prête à intervenir, alors que la première se préparait pour la sortie du petit. Il tressaillit quand Lorana cria, avant de recommencer à pousser, le cœur au bord des lèvres. La sage-femme avait pris le relais, concentrée, répétant les mêmes gestes, les mêmes encouragements que lors de la naissance de leur aînée. Il essayait aussi de l’encourager, comme il pouvait, penché contre elle pour la soutenir, autant physiquement que moralement. Chacun de ses traits crispés lui hurlant qu’aucun homme ne parviendrait à supporter ça. A chaque brève pause entre deux poussée, le docteur ou le sang-femme vérifiait où était l’enfant. Qui descendait lentement. Le docteur lança que ça allait, le second arrivera plus vite.

C’est au bout de trente longues minutes, dans un certain chaos, que le premier sortit enfin doucement, alors qu’il croyait bien que Lorana allait s’évanouir. La première équipe le prit aussitôt en charge, pour l’emmener dans un coin de la pièce, l’examiner et l’aspirer, comme il ne pleurait qu’à peine et toussait. Sans même qu’ils n’aient le temps de le voir. Le docteur fit aussitôt reprendre le poussées, pour faire sortir le second. Qui lui arriva effectivement quelques minutes plus tard à peine, emmené aussitôt comme son frère. Thrass prit une serviette mouillée pour la passer sur le front de son épouse, le temps que le médecin l’examinait et s’occupait de la délivrance, dans la foulée. Ce n’est qu’à ce moment-là que les deux enfants poussèrent enfin leurs véritables cris, à son immense soulagement.

"Ils vont bien ?" bafouilla-t-il.

"Oui, oui. Ils ont avalé un peu de liquide, mais ce n’est rien, c’est passé, on va pouvoir vous les donner."

Ils revinrent assez vite, passant doucement les petits à leur mère. Lavés sommairement, examinés et enveloppés dans des linges propres, tous les deux. Ils se calmèrent un peu, une fois dans les bras de leur maman, gémissant simplement. Tous deux avaient la même apparence que leur grande sœur… La peau bleue comme lui, mais avec les grands yeux de leur mère. De fins cheveux châtains sur la tête. Il ne les toucha pas tout de suite, même si l’envie était forte, laissant ce moment à sa femme. Surtout après tout ce qu’elle avait souffert… Il finit par tirer une chaise et s’asseoir, les jambes coupées, alors qu’il n’avait pourtant rien fait. Puis, enfin, glisser doucement le doigt contre la joue de ses enfants.

"Félicitations," murmura-t-il en embrassant Lorana sur le front.

Le choc était complet, elle sentait à peine son mari lui passer un linge sur le front, entendant vaguement le docteur lancer que le placenta était sorti. Il y avait une odeur de sang, tout le monde s’agitait et on ne lui avait pas donné ses enfants… L’angoisse et la panique eurent le temps de monter tout d’un bloc, avant qu’ils ne crient enfin. Même si elle comprenait assez mal ce qui se passait autour d’elle, le regard trouble et les oreilles comme prises dans du coton, elle bafouilla pour savoir où étaient ses enfants. S’ils avaient un problème ou si… Agacée qu’on lui ait pris aussitôt, anxieuse car ils devaient avoir un souci, puis soulagée lorsqu’une des sage-femme revint pour les lui donner. Posés contre elle, dans ses bras, enveloppés dans des linges, elle put enfin les regarder… Plus petits que leur sœur, à la naissance, mais avec les mêmes caractéristiques physiques qu’elle. Durant tout un moment, elle resta immobile, juste à les tenir contre elle, bouleversée et hébétée par le choc du face à face.

« Félicitations, » glissa tout à coup Thrass, en se penchant pour l’embrasser.

Incapable de répondre, pour le moment, elle se contenta de lui sourire puis reporta aussitôt le regard sur ses enfants. Les avoir enfin contre elle lui faisait tout drôle… Elle ne parvenait pas encore à quitter l’état de choc, trop de bouleversements d’un seul coup. Autour d’eux, les médecins terminaient de s’occuper du post-partum, vérifiaient si le sang avait cessé de couler, lui avaient même fait un lavage sommaire, avant de mettre draps et couvertures chaudes. Elle ne s’en rendait qu’à peine compte, trop concentrée sur ses enfants. C’est après s’être assurée que tout allait bien pour tout le monde que l’équipe les laissa pour un tête à tête, avec leurs nouveaux-nés, indiquant qu’ils reviendront tout à l’heure, pour d’autres examens, un bain plus sérieux, ect. Là encore, elle ne put rien dire, laissant Thrass s’en charger. Juste envie de… De pleurer, en réalité, bien qu’elle ne sache pas trop pourquoi. Dans cette position, elle n’avait qu’à bouger la tête pour les embrasser, tous les deux.

« Oh… Tu veux les prendre ? » réagit-elle, tout à coup, en tournant la tête vers Thrass.

Désolée, elle ne venait qu’à peine de réaliser qu’il devait attendre ça… De pouvoir les porter à son tour… C’était un réflexe égoïste, d’exiger immédiatement qu’on lui donne ses enfants, dès leur naissance, navrée.

Il gravait cette scène dans sa mémoire, sans plus prêter une grande attention aux médecins, si ce n’est pour signifier qu’il avait bien compris ceci ou cela, qu’il était d’accord et ainsi de suite. Jusqu’à leur départ. Lorana ne devait pas réaliser la tête qu’elle tirait et ça valait sans doute mieux ainsi. Entre l’attente insupportable, l’épuisement, l’effort physique, la douleur, le choc hormonal… Même des soldats gravement blessés ne tiraient pas une mine aussi terrible. Il voyait bien qu’elle était dans le gaz et n’essayait pas de l’en tirer ou de la brusquer. A la place, il se contentait de les regarder, elle et leurs enfants, de les masser doucement, de se souvenir de chaque petit détail. Il avait déjà hâte d’emmener leur grande sœur voir ses nouveaux petits frères, soit demain, soit dans deux jours, suivant l’état de fatigue de Lorana.

"Oh… Tu veux les prendre ?"

"Lorsque tu seras installée en chambre," sourit-il en lui massant la tête. "Pour le moment, c’est très bien qu’ils soient directement près de toi, qu’ils entendent ta voix et ont ton odeur."

Pour eux, c’était bien mieux de d’abord profiter de ce lien étroit avec leur maman. Et pour elle, ça lui permettra doucement de revenir à la réalité et prendre conscience de ce qui s’était passé. C’était elle, qui les avait porté, il estimait plus important qu’ils la retrouvent aussitôt et se sentent rassurés, plutôt que les porter immédiatement. Dans tous les cas, on ne prenait pas un bébé à sa mère alors qu’il était né depuis quelques minutes à peine, sauf en cas d’urgence médicale, c’était d’une violence… Même s’il mourrait d’envie de les tenir dans ses bras, il estimait que la priorité allait évidemment à la maman. Ils ne parlèrent que peu, le temps qu’on les laissa en paix dans la salle d’accouchement. Profitant juste du moment. L’équipe revient, ensuite, pour les emmener dans une chambre et procéder à une vraie toilette, pour les bébés, ainsi que pour leur maman. Leur mettre les habits que les parents avaient emmené, les coiffer d’un petite bonnet pour leur tenir chaud…

Une fois le calme revenu, c’est là qu’il put porter chacun de ses fils pour la première fois. Ému à en pleurer. Ils s’étaient endormis, après tant d’émotions, eux aussi devaient être bien épuisés. Il se balada dans la chambre avec eux deux, pour les bercer… C’était assez irréel, après avoir passé des mois à les attendre. Il finit par les reposer, tous deux, dans un berceau, attaché au lit de leur maman. Ce n’était pas le bon moment pour des photos, à son humble avis, ça risquerait de l’agacer, s’il lui demandait de sourire, elle était trop épuisée. Il s’assit sur le bord du lit, derrière la petite table roulante, en enlevant les opercules protégeant les grands bols contenant son déjeuner. De la viande, de la purée, des légumes… De quoi la remonter un peu, d’autant plus qu’elle n’avait rien pu manger ou boire depuis plus de douze heures. Au cas où il aurait fallu l’opérer en urgence. La maternité ajoutait de l’eau et des jus de fruit, pour compléter le repas.

"Mange tranquillement, ça te fera du bien."

L’infirmière avait laissé, sur le bord du plateau, un anti-douleur supplémentaire, au cas où. Ça… Il n’imaginait pas à quel point elle devait avoir mal, après avoir donné naissance à deux enfants, ou juste l’état de son corps en général. Même si la péridurale faisait encore effet, ça n’allait pas tarder à tomber doucement. Il ne cessait de lancer des regards vers leurs bébés, blottis l’un contre l’autre. Tout comme sa femme.

"Le médecin disait qu’en cas de naissance multiple, ils gardent les mamans et leurs bébés une semaine complète au minimum, au lieu de quatre ou cinq jours. Tu peux demander à ce qu’ils soient surveillés par les infirmières, une nuit, si tu en as besoin. Comment te sens-tu ?"

Ah, il préférait attendre, d’accord… Elle murmura un simple petit « Oui », puis resserra son étreinte sur ses enfants. Durant le temps que l’équipe médicale les laissa en famille, dans cette pièce, elle en profita pour les dévorer du regard, les embrasser chacun à tour de rôle, en échangeant peu de mots avec son époux. Peu à peu, elle revenait à la réalité et prenait conscience qu’ils étaient enfin près d’eux. On revint les trouver peu de temps après, pour les emmener dans une chambre et procéder à une véritable toilette. Le temps qu’une sage-femme lave ses enfants, une autre l’aida à se laver, avec des linges et de l’eau chaude, dans une autre pièce. On l’aida ensuite à se coucher, avec ses bébés, dans un berceau à côté d’elle. Épuisée, elle resta allongée sans rien faire de plus, le temps que Thrass puisse finalement prendre ses fils et se promener dans la chambre en les câlinant. Elle ne bougea pas d’un poil, jusqu’au moment où il les reposa en douceur dans leur berceau, endormis, blottis l’un contre l’autre. Si pour le moment, le calme était revenu, elle savait que ça n’allait pas durer… D’ici une heure, peut-être deux, les cris et pleurs allaient commencer.

Elle se remit assise avec pas mal de difficulté, pour manger. L’hôpital avait déposé un plateau repas, que Thrass poussait déjà vers elle. Son corps tout entier lui donnait l’impression d’être une plaie béante… Boire, pour commencer, beaucoup d’eau. Voilà bientôt quatorze heures, au total, qu’elle n’avait rien pu avaler ni boire. En cas d’opération. Toutes les deux minutes, environ, elle lançait un regard à ses enfants endormis, comme si elle craignait de les voir disparaître dans un nuage de fumée. En se demandant pourquoi ils n’avaient pas eu peur d’elle car elle devait avoir une sale tête, pâle et les cheveux en vrac, crispée par la douleur. Dans les bacs, une purée à la couleur assez bizarre, violettes, des légumes locaux, de la viande, qu’elle ne parvint pas à identifier. Ce goût, elle le connaissait, ce n’était pas le souci, elle ne parvenait simplement plus à réfléchir. Thrass n’avait rien à manger, lui, ça la gênait… L’équipe n’avait pas laissé de récipients vides pour qu’elle puisse partager avec lui. Elle vida donc les légumes dans la purée, pour avoir une barquette disponible et partager le repas. Après tout, lui aussi n’avait rien mangé, depuis leur arrivée à la maternité.

« Le médecin disait qu’en cas de naissance multiple, ils gardent les mamans et leurs bébés une semaine complète au minimum, au lieu de quatre ou cinq jours. Tu peux demander à ce qu’ils soient surveillés par les infirmières, une nuit, si tu en as besoin. Comment te sens-tu ? »

« Épuisée, » souffla-t-elle en lui tendant la barquette qu’elle venait de remplir. « Tiens, tu peux prendre la cuillère, il n’y a pas d’autre fourchette. »

Même s’il n’y avait qu’un seul verre, il pouvait aussi boire dans le sien, elle n’avait aucune maladie, actuellement. Ou prendre la petite bouteille de jus de fruit, s’il préférait. Elle commença finalement à manger, tremblante, mais au moins capable de se débrouiller.

« J’ai juste envie de dormir, » avoua-t-elle avec un faible sourire. « Mais il ne faut pas, si jamais ils ont faim, dans une heure, que je dois allaiter… La petite s’était beaucoup réveillée, la première nuit. Tu pourras l’amener demain, rencontrer ses petits frères ? »

"Épuisée. Tiens, tu peux prendre la cuillère, il n’y a pas d’autre fourchette."

Mais c’était pour elle que l… Hum, bon… Il se retint d’extrême-justesse de lâcher le moindre commentaire et prit la barquette en lui disant merci. Comme il eut le plus grand mal à se retenir et avala légèrement de travers, sur la suite. Après plus de douze heures dans une salle de travail à subir les contractions, la fatigue, le stress, la peur lorsque leurs garçons n’avaient pas crié tout de suite, elle arrivait encore à s’inquiéter à ce que lui mange et à ne pas vouloir dormir, même un peu, car leurs deux fils pourraient avoir faim dans une heure ou deux. Non mais d’accord, d’accord… Pourquoi est-ce que ça arrivait toujours à l’étonner, cette incroyable incapacité de penser à elle-même de temps en temps… ? Il faudrait qu’il demande de conseils, sur le sujet, à leur famille. Quoi que, ils allaient sûrement lui dire qu’ils ne pouvaient pas produire de miracles. Déjà qu’elle avait réussi à s’inquiéter pour Thasuin et Oneslia, qui allaient pourtant bien, après qu’elle ait été victime d’une tentative de meurtre, quand même…

"Tu pourras l’amener demain, rencontrer ses petits frères ?"

"Si tu te sens assez en forme, oui, évidemment. Dans l’après-midi, par exemple ? Ça me laissera du temps pour la préparer."

En vérité, leur fille était déjà préparée, ils avaient fait le nécessaire, mais il comptait que sa femme oublie ce détail, vu son état de fatigue, que ça lui laisse en réalité du temps, à elle, pour se reposer. Heureusement qu’elle allait rester plusieurs jours ici, ça lui permettra aussi d’avoir un peu de temps pour elle, de dormir. Il emmènera leur fille plusieurs fois, entre-temps. Bien qu’elle comprenait ce qui se passait, elle n’était pas heureuse pour autant de ne plus avoir sa maman à la maison. Heureusement, l’angoisse de la séparation s’était achevée, chez leur fille, depuis un mois ou deux, environ, ça n’avait duré si longtemps que cela. Il espérait qu’il en sera de même, pour leurs fils, lorsqu’ils atteindront le même stade. Il termina assez vite de manger, puis but un peu. Peu faim, l’adrénaline était toujours forte.

"Thanes est légèrement plus petit que son frère, il me semble," lança-t-il en se penchant légèrement sur le berceau, pour masser du bout des doigts le front de ses fils. "Je ne me souviens déjà plus du poids qu’a annoncé le pédiatre… Enfin, ils sont en bonne santé, c’est l’essentiel."

Il commença à prendre quelques photos des petits, dans la foulée. Toujours endormis, blottis l’un contre l’autre, enveloppés dans leurs couvertures. Ils étaient vraiment le portrait de leur grande sœur, au même âge, vive la génétique. Il enverra plus tard quelques photos à leur famille, pour annoncer la nouvelle, avec un message.

"Tu voudras aussi envoyer des photos au Temple ?"

« Si tu te sens assez en forme, oui, évidemment. Dans l’après-midi, par exemple ? Ça me laissera du temps pour la préparer. »

« D’accord. »

Il avait déjà terminé de manger ? Il ne fallait pas aller trop vite… Le temps qu’elle finisse la viande, elle aussi, il s’était re-penché sur leurs enfants, en leur massant doucement le front. Elle tourna la tête, pour la énième fois, vers ses fils, lorsque leur papa murmura que Thanes était un peu plus petit. En poids, oui, mais en taille, pas tant que cela… Enfin, peut-être deux ou trois centimètres, quand même. Tant qu’ils allaient bien, oui ! Elle sourit avec tendresse lorsqu’il commença déjà à les prendre en photos. Depuis tout à l’heure, elle se demandait combien de temps encore il allait résister à la tentation. Durant ce temps, elle finit le plat principal, puis but longuement. Ça la remontait un peu… Mais il ne fallait pas s’endormir tout de suite, de toute façon. Thedes bailla légèrement, tout à coup, remuant un tout petit peu, avant de se rendormir. C’est là qu’elle remarqua qu’il avait une tâche de naissance, à peine visible, juste derrière l’oreille. D’un bleu légèrement plus foncé que la couleur de sa peau. Elle devra demander au pédiatre si ce n’était pas dangereux…

« Tu voudras aussi envoyer des photos au Temple ? »

« Tu crois que ça les intéresserait ? »

Pour la famille, bien sûr. Pour le temple, elle ne savait pas vraiment… Il lui était déjà arrivé de montrer une photo de sa fille, lors de son dernier passage, mais lors d’une conversation en rapport, pour expliquer, pour… Bref, pas pour le seul plaisir de montrer ces images. Elle n’était pas sûre qu’ils aient envie de recevoir des photos juste comme ça, sans raison. Si ? Non ? Elle n’en savait rien… A lui de voir, s’il pensait que ça serait bien. Elle repoussa doucement la table roulante au bout du lit, sur le côté, après avoir terminé de manger, puis se rallongea contre l’oreiller, avec le lit surélevé. Cette position l’aidait à ne pas avoir si mal. L’envie de reprendre ses fils contre elle était très forte, néanmoins, elle ne voulait pas les réveiller ou les déranger, alors qu’ils étaient si bien installés.

« Fais comme tu le sens, » dit-elle finalement, tout en essayant de garder un minimum de contrôle sur sa voix.

Elle avait encore envie de pleurer… Sans raison… Ce n’était même pas à cause de la douleur, c’est juste qu’elle se sentait en vrac, autant physiquement que mentalement. Et pas de photos non plus, merci, elle secoua la main lorsqu’il fit mine de tourner l’appareil vers elle. Pas maintenant ! Complètement épuisée, mal coiffée, des cernes énormes, des traces de larme, pâle comme un cachet, ce n’était pas le moment.

« Tu as le droit de prendre quelques jours de repos, à ton travail ? Comment ça se passe, ici, après une naissance, pour les pères ? »

Mais oui, mais oui, ça les intéresserait ! En tout cas, au moins Obi-Wan et Luke, il en était déjà certain ! Les autres, il ne savait pas trop, ne les ayant qu’à peine côtoyé, avant leur départ pour la maison. Il parvint à prendre une nouvelle photo juste le court moment où Thanes caressa doucement, sans doute inconsciemment, la tête de son frère, tout en fondant sur place. Il hocha la tête avec un sourire, vers sa femme, en lui confirmant qu’il allait s’en occuper. Mais elle ne voulait pas qu’il la prenne, elle aussi, avec les petits, pas tout de suite. Allons, même si elle était fatiguée, personne de censé ne se permettrait de faire la moindre remarque en voyant ça sur un cliché. Toute personne pourvue d’un minimum d’éducation et de bon sens comprenait facilement que toute naissance épuisait !

"Tu as le droit de prendre quelques jours de repos, à ton travail ? Comment ça se passe, ici, après une naissance, pour les pères ?"

"Il y a un congé, comme pour les femmes," répondit-il tout en faisant défiler les premiers clichés, pour trier et effacer les moins bons. "Pour toi, c’est trois mois après la naissance. Il est possible de demander plus long, sous condition que le salaire versé diminue après ces trois mois, à 80%. Jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge de deux ans. Pour les pères, c’est un mois de congé paternité, puis, si on veut plus long, jusqu’à un an après la naissance, avec les mêmes conditions de salaire. En cas de jumeaux, on rajoute deux mois pour la mère et un autre mois pour le père."

Dans l’armée, en revanche, les délais étaient plus longs, pour les parturientes. Les femmes dans le privé rentraient chez elles, après le travail, elles avaient plus de temps pour se reposer. Dans le cas d’une femme, chez les soldats, il était impératif de retrouver d’abord une très bonne forme physique. Ainsi, les jeunes mères passaient du temps, après leur congé maternité, à mener un travail dans une base terrestre quelconque, des travaux administratifs, tout en suivant un programme d’entraînement adapté pour le post-accouchement. Il l’expliqua aussi à Lorana, dans la foulée, même si elle n’était pas concernée. Bien qu’une bonne partie des femmes de la Flotte aient une forte tendance à privilégier leur carrière avant leur vie de famille, c’était un cas qui arrivait régulièrement.

"Dans la Flotte, les femmes enceintes sont employées à terre et dans les bureaux dès l’annonce de leur grossesse, de toute manière," ajouta-t-il ensuite en reposant l’appareil. "Certaines songent que ces « pauses » maternité les freinent, ensuite, dans la progression de leur carrière, c’est pour ça qu’elles ne veulent pas spécialement avoir d’enfants. Pour quelques autres, elles pensent simplement trop au travail pour s’imaginer arrêter pour tomber enceintes."

La plupart des hommes avaient du mal à comprendre ces choix, ils n’y étaient pas confrontés et ne comprenaient pas ce que ça impliquait.

"Bref, je vais rester deux mois à la maison, avec vous. Et te servir d’oreiller personnel dès que tu auras envie de craquer et de pleurer, sans aucun jugement."

Donc deux mois, puis… Heu, non, ça dépendait s’il demandait un congé plus long ou pas. Elle avait un peu de mal à intégrer les informations et les digérer, là, tout de suite, navrée. Pour son compte, ça la dérangeait moins, puisque le travail qu’elle avait entamé ne dépendait pas d’une entreprise ou d’une institution, c’était plus simple à gérer. Elle ne devait faire attention qu’aux contraintes de ses élèves, finalement. Thrass lui expliqua aussi comment ça se déroulait, pour les femmes enceintes et jeunes mères appartenant à la Flotte de Défense. Un fonctionnement logique, de son point de vue, quoi qu’elle comprenait que ça puisse en agacer certaines, voire les dissuader de fonder une famille. De toute manière, ce n’était pas une carrière anodine, il était logique de bien plus s’interroger dessus dès lors qu’un petit être, en plus dépendant entièrement de vous les premiers temps, intègre l’équation. Surtout si le père était lui aussi membre de l’armée. Pour sa part, elle aurait sans doute refusé de laisser son bébé derrière elle, si elle avait été dans cette situation.

« Bref, je vais rester deux mois à la maison, avec vous. Et te servir d’oreiller personnel dès que tu auras envie de craquer et de pleurer, sans aucun jugement. »

Awn. Elle lui adressa un sourire attendri, touchée. Un instant plus tard, Thedes commença doucement à gémir et remuer faiblement. Il avait faim ? Déjà ? Elle se pencha pour le prendre et le poser contre elle, en lui massant doucement le dos. Il ne pleurait pas et ne cherchait pas à téter… Lorana n’essaya pas de le mettre au sein, pour le moment, en se contentant de le câliner. En le voyant s’apaiser, elle se dit qu’il devait juste avoir besoin de plus de chaleur. Son frère dormait, de son côté, la bouche légèrement entrouverte. Ils étaient si petits, ça lui faisait tout drôle. Habitués tous les deux à une fillette qui marchait et commençait à parler, pouponner un nourrisson vous donnait de nouveau l’impression d’être un géant. Toute concentrée sur son bébé, elle oubliait le reste du monde, la fatigue et les douleurs physiques.

« J’espère qu’ils ne seront pas sensibles à la Force, » murmura-t-elle dans un souffle. « Ni leur sœur. Ça attire souvent des problèmes et je n’ai pas envie non plus qu’ils soient mal considérés à cause de ça. Ici ou ailleurs. »

Les endroits de la galaxie où ce pouvoir était pleinement accepté sans craintes, jugements, a-prioris et autres étaient rares… Hormis le Temple lui-même et de rares lieux où on pouvait avoir pris l‘habitude… Elle ne voulait pas que ses enfants soient obligés de vivre dans une bulle, comme les Jedi, pour se sentir en confiance et en sécurité. Leur aînée n’avait encore dévoilé aucun signe démontrant qu’elle y était sensible, par chance. Une fillette énergique et attachante, souvent boudeuse si quelque chose ne lui plaisait pas.

« D’ailleurs, ce dont tu parlais, pour t’entraîner, tu restes sûr ? »

Il ne savait plus à quel âge les Jedi faisaient les tests, pour la Force, si c’était dès tout bébé, vers deux ou trois ans, plus tard ? Pour le moment, ça ne l’inquiétait pas tant que ça. Même pour leur fille, elle n’avait encore montré aucun signe particulier, pour le moment et lui aussi trouvait ça bien ainsi. Il lui sourit d’un air réconfortant, en la regardant câliner doucement Thedes, contre elle. Son frère dormait à poings fermés, dérangé ni par le bruit, ni par le mouvement de sa mère. Une accalmie dont ils savaient déjà qu’elle sera courte mais soit, c’était une question d’habitude. Il alla chercher le sac à dos, pour ranger l’appareil dedans et sortir quelques jus de fruit, qu’il avait prévu pour Lorana, une fois l’accouchement passé, en plus de l’eau. Ça, de quoi manger, une ou deux affaires de rechange… Disons, le minimum, il lui rapportera d’autres affaires plus tard. Si le sac de maternité était prêt depuis longtemps, il avait dû faire celui de sa femme en catastrophe, le travail aurait dû se déclencher une bonne semaine plus tard.

"D’ailleurs, ce dont tu parlais, pour t’entraîner, tu restes sûr ?"

"Oui, évidemment," dit-il en lui apportant une des bouteilles. "Tant qu’il y a moyen de pouvoir travailler discrètement… J’aurais dû le faire lorsqu’on était encore au temple, aller plus loin que les bases que tu m’as déjà apprises. Ce qui me gênait, surtout, c’était les réactions outrées avant et après chacun de nos entraînements, de la part de quelques uns, là-bas, car ça serait plus risqué de s’exercer avec sa femme… Je me suis souvent demandé si ce n’était pas une simple peur que je les trahisse, comme Thrawn était encore impérial. Cette excuse, franchement… Elaiza avait entraîné sa propre nièce, j’ai toujours trouvé ça gros qu’elle nous ait reproché de nous entraîner ensemble. Il n’y avait aucune logique, ceux crisant contre ça cherchaient juste un prétexte."

Mais bon, il n’avait jamais trouvé les Jedi très logiques, de base. Ni très pragmatiques, bien que ça, il ne le leur reprochait pas, ce n’était pas dans leur culture. Il y avait des limites, cela dit. Thanes commençant lui aussi à remuer, il le prit délicatement dans ses bras, pour le bercer. De tels gestes ne s’oubliaient jamais. Si leurs enfants étaient comme eux, eh bien, ils les entraîneront eux-mêmes, tout simplement. Ni Elaiza, ni ses proches n’avaient jamais pu expliquer de façon claire et raisonnable en quoi c’était « dangereux ». Encore moins lui dire en quoi confier une personne à un maître comme C’Baoth était plus sain… Un mentor vous détruisant votre confiance personnelle et votre état mental, ça restait mieux que s’entraîner avec un proche ou son mari ? Il attendait encore qu’on lui détaille en quoi, sans mauvaise foi. Il se souvenait encore du soupir dépité de Luke, durant un de ces débats, qui avait simplement répondu qu’on se fichait bien de savoir si votre professeur était de votre famille ou pas.

"Je voudrai tout de même revoir les bases, lorsque tu seras reposée. Comme je ne me suis pas beaucoup exercé, ces derniers temps. Et de là, dans les prochains mois, voire avec toi ce qui sera utile ou non, soit au quotidien, soit en cas de problèmes, pour défendre notre famille. Apprendre, en même temps, plus de techniques sur le combat à mains nues ou avec un blaster. Les sabres, c’est bien, mais ça sera plus simple avec des armes plus classiques. Plus passe-partout. Tu ne m’as jamais dit pourquoi vous les aviez gardé ? Ça vous oblige à combattre au corps à corps."

« Oui, évidemment. Tant qu’il y a moyen de pouvoir travailler discrètement… J’aurais dû le faire lorsqu’on était encore au temple, aller plus loin que les bases que tu m’as déjà apprises. Ce qui me gênait, surtout, c’était les réactions outrées avant et après chacun de nos entraînements, de la part de quelques uns, là-bas, car ça serait plus risqué de s’exercer avec sa femme… Je me suis souvent demandé si ce n’était pas une simple peur que je les trahisse, comme Thrawn était encore impérial. Cette excuse, franchement… Elaiza avait entraîné sa propre nièce, j’ai toujours trouvé ça gros qu’elle nous ait reproché de nous entraîner ensemble. Il n’y avait aucune logique, ceux crisant contre ça cherchaient juste un prétexte. »

« C’est sûr, oui. Oublie-la donc, elle est de la vieille école et était en plus une des rares à apprécier C’Baoth et les méthodes qu’il employait. »

Elle but tranquillement, tenant avec sa main libre, l’autre toujours posée contre son bébé, posé contre elle. Thrass prit Thanes contre lui, pour sa part, car il commençait également à s’agiter. Elle n’avait pas envie de penser à ceux-là, pas aujourd’hui, ni même tout court… Elaiza n’était pas une personne mauvaise, bien sûr, elle était simplement très fermée d’esprit sur de nombreux sujets et avait une certaine hypocrisie, sur d’autres. Ça ne l’empêchait pas de sincèrement apprécier l’Ordre Jedi et agir au mieux pour le renforcer et le protéger. Elle commençait à être âgée et contrairement à Obi-Wan, elle n’avait jamais connu de situations pouvant lui faire changer son point de vue et ses principes, très ancrés par l’ancien Ordre… C’était seulement pour cela qu’elle avait mal supporté leur couple et leur enfant, tout comme elle s’était outrée de celui que formait Kanan avec Hera. Ce n’était rien, à ses yeux, on ne pouvait pas aimer tout le monde. Et Elaiza n’en était jamais arrivée non plus aux mêmes extrêmes que C’Baoth. Désagréable, oui, mais pas profondément mauvaise.

« Je voudrai tout de même revoir les bases, lorsque tu seras reposée. Comme je ne me suis pas beaucoup exercé, ces derniers temps. Et de là, dans les prochains mois, voire avec toi ce qui sera utile ou non, soit au quotidien, soit en cas de problèmes, pour défendre notre famille. Apprendre, en même temps, plus de techniques sur le combat à mains nues ou avec un blaster. Les sabres, c’est bien, mais ça sera plus simple avec des armes plus classiques. Plus passe-partout. Tu ne m’as jamais dit pourquoi vous les aviez gardé ? Ça vous oblige à combattre au corps à corps. »

« Il y a beaucoup d’avantages, avec un sabre, qui surpassent les désagréments comme celui-ci. Il existe aussi des techniques pour envoyer son arme frapper à distance et la récupérer, une fois assez habitué. C’est aussi une question de tradition, en grande partie. Il y a tout le côté symbolique, son image, ce que ça renvoie… Cette arme est tellement ancrée dans les esprits, depuis des millénaires, que j’imagine mal les personnes la laisser tomber. Mais je comprends que pour ceux sensibles à la Force, dans le Chaos, utiliser un sabre comme seule arme ou presque doit n’avoir aucun sens. »

Si on enlevait toute la symbolique, pour ne garder que les avantages et inconvénients les plus pragmatiques, Lorana était certaine qu’une bonne partie des sensitifs du Chaos se contenteraient de balancer le sabre laser à la poubelle. Ou plutôt, le reléguer comme arme d’appoint, utile dans certaines circonstances précises, pas de quoi en faire une arme principale et encore moins y attacher autant d’importance. Elle posa la bouteille, une fois vide, sur la table de chevet, puis caressa doucement les cheveux de Thedes.

« Je peux enseigner ce que j’ai appris avec l’Ordre, pour d’autres méthodes, Rhonn aura sans doute plus de choses à dire. S’il accepte, bien sûr. »

Les traditions, hein, ça avait la peau dure, comme partout. Il comprenait qu’ils les gardent pour ça, en revanche, oui, pour des personnes n’ayant jamais utilisé cela ou n’en ayant plus vu depuis des siècles, voire des millénaires, le sens accordé à une telle arme les dépassait. Lorsqu’ils étaient au temple, pour sa part, il n’avait jamais voulu y toucher, lors des entraînements, voyant très mal à quoi ça pourrait bien lui servir dans cet apprentissage. Les méthodes de combats, on pouvait les apprendre avec des bâtons et diverses armes. La maîtrise de la Force, il n’y avait pas besoin non plus qu’on vous colle un sabre entre les mains pour progresser. Il y réfléchissait tout en berçant Thanes, blotti dans le creux de ses bras. Même pour protéger ses enfants, s’il devait de nouveau se produire quelque chose de grave un jour, il pensait attraper bien plus facilement une arme qu’un sabre.

"Je peux enseigner ce que j’ai appris avec l’Ordre, pour d’autres méthodes, Rhonn aura sans doute plus de choses à dire. S’il accepte, bien sûr."

"On a encore un peu de temps, pour ça."

Il préférait d’abord se préoccuper d’elle et de leurs jeunes enfants, les premières semaines étaient toujours compliquées. Un seul nouveau-né représentait énormément d’investissement, alors avec deux ! Sans compter que leur aînée était toute jeune encore. Au bout d’un moment, il dû rendre également Thanes à sa maman, car leurs petits commençaient à vouloir téter. Les mettre tous les deux au sein en même temps ne fut pas une mince affaire… Simplement car ils ne savaient pas vraiment comment les positionner pour que ça soit facile pour eux de boire et non douloureux ou inconfortable pour Lorana. Après plusieurs tentatives ratés et alors que les petits commençaient à pleurer, ils finirent par trouver une position à peu près acceptable. Ça aussi, ça sera à revoir, tiens. Il resta assis sur le lit, près d’elle, en la regardant allaiter. Ils avaient intérêt à profiter de tous les petits moments de calme, dans les prochains mois, car ça sera loin d’être de tout repos.