Une belle odeur

• Lieu de mission : Coruscant, QG du BRI
• Difficulté : Facile
• Participant : Shira Brie
• Méthode : Classique

L’odeur est atroce… Lorsque l’homme soulève le drap sur le grand cercueil de verre, bien qu’il soit scellé, l’odeur vous prend à la gorge. Même votre guide du moment plaque une main contre sa bouche et son nez, en luttant pour ne pas vomir. Dans le cercueil, le cadavre encore suintant et aux yeux encore ouverts semble se moquer de vous. Entièrement nu, vous avez tout le loisir d’en admirer les plaies profondes et les cicatrices diverses. Votre guide jette le drap par terre et recule de quelques pas, vers le petit bureau attenant, l’air déterminé à ne pas vomir.

"Le BSI et certains équipages en patrouille ont pu récupérer beaucoup de ces cadavres, mais personne ne sait exactement d’où ils proviennent. On en retrouve un peu partout. Ils nous les amènent ici, pour étude et gardiennage, mais il n’y a pas grand-chose à en tirer… Ils nous avaient prévenu que des agents assermentés allaient arriver, des laboratoires d’Obroa-skai, mais on ne vous attendait pas avant au moins une semaine, encore, vous avez été rapide."

Tout en parlant, il prend une télécommande pour pousser à pleine puissance les ventilateurs encastrés dans le plafond. De quoi aérer la pièce, même si cela ne suffit pas.

"Si vous souhaitez l’examiner vous-même, allez-y, je vous en prie. Nous avons tout ce qu’il faut, dans ce casier. Gants, blouse, manchettes, masques… J’ai des pinces, pour le nez, contre l’odeur, aussi. Enfin, ce sont des pinces pour les classeurs, de base, mais peu importe…"

Deux doigts pincés sur le nez, Shira observait le cadavre étalé sur l’une des tables d’autopsie de la morgue en se demandant bien ce qu’elle foutait dans un endroit pareil, à quinze niveaux sous la tour qui servait de quartier général aux renseignements militaires de l’Empire. Un lieutenant était venu l’attraper sur une des plateformes après une longue journée passée à débriefer la situation dans certaines régions de la Bordure Extérieure, en la prenant clairement pour une personne qu’elle n’était pas et en spécifiant que c’était important, et qu’elle était attendue avec une certaine impatience… dans les bureaux qu’elle venait tout juste de quitter. L’envie de refouler cet homme pour profiter de cette fin de journée avait été grande, ça aurait par ailleurs été très simple, mais son entêtement avait eu raison de sa curiosité, et titillé son intégrité. Il s’agissait clairement d’une faille de sécurité, dans l’antre même du BRI. Ne pas prétendre être celle qu’il recherchait aurait représenté une grossière faute professionnelle. Et à vrai dire, elle s’était attendue à être trainée dans une énième salle de réunion, peut-être même jusqu’à un superviseur qui relèverait l’erreur de son subordonné et le sanctionnerait à sa place, sans qu’elle n’ait rien à faire.

Mais ça… ça, c’était loin de ce qu’elle imaginée. L’odeur qui s’échappait de cette… chose était juste abominable qu’elle sentait son estomac vaciller, son épigastre se contracter et la nausée l’assaillir. Elle se sentait soudainement si légère, la pièce si trouble… Le guide qui avait prit le relai du militaire ne semblait pas vivre un bien meilleur moment et luttait lui aussi contre les réactions naturelles de son propre corps. En parlant de corps, le cadavre ne ressemblait plus à grand-chose, avec toutes ces lacérations et ces boursoufflures. A croire qu’il avait été attaqué par un marlraas. Bien qu’à voir l’état du cadavre en lui-même, il aurait très bien pu se mutiler sans l’aide de personne. A le regarder plus en détail, la nausée s’accentuait…

« Le BSI et certains équipages en patrouille ont pu récupérer beaucoup de ces cadavres, mais personne ne sait exactement d’où ils proviennent. On en retrouve un peu partout. Ils nous les amènent ici, pour étude et gardiennage, mais il n’y a pas grand-chose à en tirer… Ils nous avaient prévenu que des agents assermentés allaient arriver, des laboratoires d’Obroa-skai, mais on ne vous attendait pas avant au moins une semaine, encore, vous avez été rapide. »

Shira retînt in-extrémis l’envie de lui dire que, justement, elle n’avait absolument rien à faire ici, que tout ceci était une erreur. Le simple fait d’ouvrir la bouche était une épreuve. Elle se demandait aussi depuis combien de temps le BSI et le BRI récupérait ces cadavres. C’était quelque chose dont elle n’avait jamais entendu parler, et elle se demandait si son Maitre était seulement informé. S’ils étaient retrouvés un peu partout à travers la galaxie, c’est que quelqu’un les y avait disséminés, ou bien qu’ils eussent été… contaminés ou modifiés sur place. Elle espérait sincèrement qu’il s’agisse de la première hypothèse, car la seconde impliquait des ramifications potentiellement profondes…

« Si vous souhaitez l’examiner vous-même, allez-y, je vous en prie. Nous avons tout ce qu’il faut, dans ce casier. Gants, blouse, manchettes, masques… J’ai des pinces, pour le nez, contre l’odeur, aussi. Enfin, ce sont des pinces pour les classeurs, de base, mais peu importe… »

Hein, que, quoi… ?! La simple idée finit de faire sauter le verrou de son estomac et elle se jeta sur la première bassine vide venue, pour y vider ce qu’il restait à digérer de son repas. Après un petit moment, elle se redressa, à la recherche d’un verre d’eau pour chasser le goût nauséabond qui s’était installé dans sa bouche. Ce serait au moins ça de pris, à défaut de pouvoir chasser l’odeur pestilentielle…

« Commencez plutôt par me faire un topo sur vos propres analyses, » fit-elle, en retrouvant un semblant de contenance. « Quelles sont les hypothèses privilégiées ? Savez-vous ce qui a pu provoquer… ça ? Et ces lacérations, il s’est mutilé ? »

Il était hors de question qu’elle enfile quoi que ce soit pour aller triturer ce truc. Elle n’avait jamais fait ça, et n’avait absolument pas envie de commencer aujourd’hui. Pas sur… ça. Récupérant une pince pour le nez, bien qu’elle aurait préféré qu’il lui propose de quoi supprimer totalement son odorat pendant un temps, elle commença à faire le tour du cadavre, en se risquant un temps à observer son visage, avec ces yeux hagards, comme si la mort avait été soudaine.

« Ce sont ces blessures qui l’ont tué ? »

Votre réaction ne surprend pas du tout le scientifique, lui-même à deux doigts de vomir. Il vous tend juste, à nouveau, des pinces et un verre d’eau, puis attend que vous fassiez le tour du corps.

"Les corps possèdent tous des souches d’un virus inconnu," commença-t-il en s’approchant pour afficher, sur un plus large écran, les résultats des examens. "Quelques gènes rappellent le virus de la pandémie, sans que nous n’en ayons encore la certitude. On suppose que c’est la cause de ces plaies-ci et des ravages commis à la peau, comme si ce virus dévorait peu à peu les chairs et aggravaient les blessures initiales. Ce même virus a profondément attaqué le cerveau des individus. Les zones les plus touchées sont celles contrôlant l’humeur, les attitudes, la psyché et bien sûr, la mémoire. On ignore si ces lacérations sont aussi dus au virus ou si le sujet a pu se mutiler seul, rendu fou par les dégâts dus au cerveau. Quant à la cause de la mort, elle est probablement dû à la trop grande atteinte des organes vitaux. Mais ce n’est pas sûr. Certains sujets ont bien moins atteints que celui-ci et pourtant… Regardez ceci, également."

Il s’approcha en plaquant un second masque sur le nez, puis prit un très long scalpel. Avec, il tira le bras pour le pousser de quelques centimètres et désigna une des plaies noircies.

"Ces plaies-ci sont plus précises, elles ont dû être taillées à même la chair à vif par quelque chose. Ou quelqu’un. Elles semblent rituelles mais aussi utiles, car on y retrouve des dispositifs électroniques. De communication ou contrôle à distance…"

« Les corps possèdent tous des souches d’un virus inconnu. »

Shira éloigna aussitôt les mains, les yeux ronds, comme si l’on venait de lui dire qu’elle allait se consumer instantanément en touchant le corps étalé devant elle. Un… Un virus inconnu ? Et ce type ne prenait pas plus de précautions que ça ?! Et on l’avait emmené là-dedans, sans prendre la peine de lui dire auparavant ? Elle essaya de se ressaisir, en posant son regard sur l’écran où défilait des données qu’elle ne comprenait pas vraiment. L’essentiel était là, malgré tout. Différentes analyses, de différents corps, rapportant toutes la présence de ce virus dans le corps des victimes. Ok. Donc ils avaient peut-être déjà le vecteur originel, c’était une bonne chose, bien qu’il ne faudrait pas se contenter de cela… Cependant, elle manqua de perdre son souffle une seconde fois, quand le scientifique annonça qu’il y avait des gènes qui rappelaient le virus de la Pandémie. Elle eut une bouffée de chaleur, en posant son regard sur le cadavre, une nouvelle fois. Ok. C’était un cauchemar, elle avait dû s’endormir dans son speeder, tout allait bien se passer. Il lui suffisait de se pincer le bras, là, voilà…

Le cadavre semblait toujours la regarder, la défier, lorsqu’elle cligna des yeux. Qu’est-ce que c’était que ce bordel ? Et pourquoi personne ne semblait s’émouvoir de ce qui se tramait, avec cette histoire ? Isard et l’Ubiqtorat était-ils seulement au courant ? Et son maitre, leur Empereur ? Était-ce un complot ? Et si… Nouveau soupir, en suivant le légiste, autour du corps, en observait attentivement les plaies. S’il se baladait comme ça, c’est que le virus ne pouvait pas se propager dans l’air, ou elle ne savait trop quoi…

Ok, donc ce virus était probablement la cause des dégâts physiques, externes autant qu’internes. Vu l’état du cadavre, il était logique que le cerveau soit lui aussi été atteint. Enfin, ça lui semblait, elle n’y connaissait finalement pas grand-chose. Tout ça commençait de plus en plus à ressembler à une expérience génétique, biologique. Pour créer une arme, peut-être ? Vu les dégâts au cerveau, c’était possible. Sans mémoire, la psyché ciblée de la sorte… On avait dû chercher à les contrôler, à les ramener à l’instinct primaire uniquement, en jouant sur la douleur. Mais qui avait intérêt à faire une chose pareille, dans un premier temps ? Plagueis ? Ce serait le reliquat de ses expériences initiales, sur la Pandémie ? Ça ne semblait pas être son genre, de jouer avec des créatures de la sorte… Sauf si ça permettait de semer le chaos. Mais Plagueis était mort, il se battait avec la Force, en ce moment même. Ça ne pouvait donc pas être lui. Une secte de fou furieux lui vouant un culte, et souhaitant poursuivre ses travaux, à leur manière ?

« Quant à la cause de la mort, elle est probablement dû à la trop grande atteinte des organes vitaux. Mais ce n’est pas sûr. Certains sujets ont bien moins atteint que celui-ci et pourtant… Regardez ceci, également. Ces plaies-ci sont plus précises, elles ont dû être taillées à même la chair à vif par quelque chose. Ou quelqu’un. Elles semblent rituelles mais aussi utiles, car on y retrouve des dispositifs électroniques. De communication ou contrôle à distance… »

Un rituel, donc ? Penchée en avant pour observer plus en détail les plaies en question, elle se redressa finalement lorsqu’il évoqua les dispositifs électroniques, ce qui ne faisait que conforter la base de l’hypothèse qui hantait son esprit depuis plusieurs minutes : ces choses étaient des bêtes. On les avait transformés, en espérant pouvoir les contrôler ensuite. Pour en faire des armes, ou des épouvantails pouvant semer la terreur sur leur passage. Redoutables, aussi, parce que rendu fou par les dommages causés au corps comme au cerveau. Il restait à savoir dans quel but, désormais. Et surtout, par qui ?

[color:8e75=F07392]« Tout semble indiquer qu’un réseau d’agents est derrière toute cette affaire. » marmonna-t-elle, en continuant de tourner autour du cadavre.[color:8e75=F07392] « Que ces choses ont été conçues dans un but précis, autre que la simple expérience scientifique. Peut-être pas un culte, ou une secte. Des individus organisés, et ayant accès à beaucoup de moyens, tant technologique que biologiques.

Shira posa ensuite question, au sujet des implants, savoir s’il en avait déjà extrait, et si elle pouvait les examiner. L’homme sembla faire la moue, en lui disant qu’ils avaient livrés aux experts du Bureau pour analyse. Elle ne contînt pas sa grimace, cette fois-ci, clairement contrariée. Voilà des preuves qui lui échappaient. Elle qui avait l’habitude de ce genre de technologies, peut-être aurait-elle pu reconnaître certains mécanismes. Et s’il s’agissait bien d’une conspiration, ces experts pourraient très bien détruire les preuves… Mais peut-être en restait-il là, dans ce cadavre. Et vu le regard que lui portait le type, il attendait visiblement à ce qu’elle fasse sa propre autopsie. Bon. Ok. Elle pouvait le faire, même si elle n’avait absolument aucune idée de comment on s’y prenait, et ce qu’elle pouvait bien chercher. Une chose qu’elle savait, cependant, c’était de devoir se protéger avant tout. Gant, tablier, protections oculaires, etc.

Une grande inspiration pour taire pour de bons ses appréhensions, et ses émotions. Ne plus rien ressentir, comme on l’avait formée, lorsqu’il fallait se battre, et tuer. Puis prenant des ustensiles presque au hasard, elle commença à tirer les plaies, en faire de nouvelle, à la recherche d’indices, d’autres implants indécelables au scanner, des malformations étranges qui pourraient attirer l’attention de l’autre type, qui l’observait. Elle continua comme ça pendant cinq, dix, quinze minutes, la frustration et l’énervement croissant inexorablement. Sans jamais avoir l’impression de mettre le doigt sur quoi que ce soit d’intéressant. Ce corps était si mutilé, que toutes les lacérations lui semblaient similaires, identiques. Chaque boursoufflure lui semblait anormale…

« Bon, j’en ai assez, » finit-elle par dire, irritée et agacée, en sortant les mains pleines de sang et de fluides du cadavre, le regard venant se figer sur l’homme qui l’accompagnait. « Je ne suis pas légiste. Je ne suis pas celle que vous attendiez. Et votre collègue a commis une erreur irréparable. »

Elle venait arracher les gants, les laissant retomber sur le bord de la table, frustrée, sans jamais quitter son interlocuteur des yeux. Méfiante, intriguée de voir sa réaction. D’une main enfin libre, elle alla récupérer le cylindre d’identification, qu’elle gardait toujours avec elle, en sortant du quartier général.

« Je suis le Major Shira Brie, BRI, Rectification, » lâcha-t-elle, en lançant l’objet dans les mains du scientifique, pour capter son attention et voir ses mains. Il pouvait bouger, pour vérifier ses dires s’il le souhaitait, mais elle était prête à agir, au cas où. « Je travaille directement pour l'Ubiqtorat. J’exige de connaître tout ce qu’il y a à savoir sur cette affaire ainsi qu’un accès sans limites aux données comme aux archives. Y compris certains de ces implants électroniques. »

Le légiste patiente, le temps que vous examiniez le cadavre, restant en retrait. Après vous avoir confirmé que les implants avaient été livrés aux experts en sciences informatiques du Bureau pour analyse, il redevient silencieux, sans prêter grande attention à votre réaction. Il ne peut voir le problème, cette affaire-là devant être portée avant tout aux mains de professionnels qualifiés. Jusqu’au moment où vous vous énervez d’un seul coup, le sortant de sa torpeur. Il écarquille les yeux, en vous entendant, récupérant le cylindre à la volée et vous fixant, bouche bée. Avant de se précipiter sur l’ordinateur, pour vérifier cela immédiatement.

« Je suis le Major Shira Brie, BRI, Rectification. Je travaille directement pour l'Ubiqtorat. J’exige de connaître tout ce qu’il y a à savoir sur cette affaire ainsi qu’un accès sans limites aux données comme aux archives. Y compris certains de ces implants électroniques. »

Le scientifique ne vous répond pas immédiatement, le regard fixé sur l’écran. D’abord stupéfait, son visage finit par se tordre en une expression de colère brûlante, parfaitement visible même avec le masque. Il commence par bafouiller une insulte envers celui vous ayant mené ici puis se reprendre, avec peine, avant d’envoyer avec rage un message à ses supérieurs. Tout dans son être crie que le responsable de cette faute va passer un sale quart d’heure. Ce n’est qu’après qu’il se redresse, inspire profondément, en cachant bien mal son envie de sortir de là en courant pour aller tuer le fautif lui-même.

« Très bien, reprenons donc tranquillement. Venez, nous serons plus à l’aise dans mon bureau. »

Il vous invite à le suivre dans une pièce non loin, dont la moitié supérieure des murs sont vitrés, tout comme la porte, laissant voir le couloir. Un bureau sobre, aux tons blancs et gris, mais surtout, où l’odeur est bien plus agréable. Il vous invite à vous asseoir puis vous propose un thé au jasmin, dont l’odeur douce flotte déjà dans la pièce. Après avoir fait le service, il s’installe à son tour et tourne en partie l’écran vers vous, son masque chirurgical enfin ôté.

« Voici la répartition géographique où ces choses ont été retrouvées, » débuta-t-il en montrant une carte. « Comme vous le voyez, la Bordure Extérieure est majoritairement concernée et dans une bien moindre mesure, la Bordure Médiane. Aucun signalement, pour le moment et à notre connaissance, n’a été remonté des autres secteurs galactiques. Nous n’avons pu récupérer de spécimen vivant, la plupart ont déjà été trop blessés lors de leurs captures et en sont morts. Les sédatifs et autres procédés n’ont aucun effet sur eux. Il n’existe pas encore de données sur le but de ces choses et la manière exacte dont elles ont été torturées et modifiées. »

Il laissa la carte de côté pour afficher les fiches sur les implants, encore peu fournies.

« Ce premier système sert à annihiler l’esprit et la résistance de la victime, par impulsions électriques successives. Celui-ci est une puce de géolocalisation. Enfin, celui-ci agit sur le lobe frontal. C’est le plus important de tous, afin de changer ces gens en bête. En complément de ce virus et autres blessures infligées. Nous ne voyons pas encore quel peut bien être le sens à tout cela, sans compter que des évolutions sont observées, entre les spécimens ramenés en étude. Comme si quelqu’un cherchait à créer une nouvelle espèce. »

Une satisfaction malsaine s’empara doucement d’elle, en voyant le légiste se tendre fortement devant son écran, en découvrant qui il avait face à lui, et l’erreur infâme qui avait été commise par son collègue, en l’amenant ici. Làaaa, voilà. Elle aimait ces moments où elle venait s’emparer de la situation. Là colère avait un goût exquis, électrisant. Cette sensation de contrôle, un véritable coup de fouet qui lui fit presque oublier, pendant un temps, l’odeur pestilentielle qui s’échappait du cadavre ouvert devant elle. Il était si satisfaisant, de pouvoir semer le chaos dans l’esprit de quelqu’un, et de le voir ensuite battre des bras, pour tenter de garder la tête hors de l’eau. Changer ainsi la posture du dominant et du dominé, en quelque sorte. Dans ce cas précis, chercher à inverser l’impression de la supériorité, pour tenter d’en tirer quelque chose plus vite, et plus efficacement qu’en trempant ses mains dans les viscères d’une bête sans avoir la moindre idée de ce qu’elle devait chercher, et pouvait y trouver. Délaissant la paire de gants sur le coin de la table d’autopsie avec soulagement, elle en fit doucement le tour, pour s’approcher du légiste, et lui rajouter un petit coup de pression en jetant un œil inquisiteur par-dessus son épaule.

« Très bien, reprenons donc tranquillement. Venez, nous serons plus à l’aise dans mon bureau. »

Agité, le monsieur. Il ferait mieux de se détendre, ce n’est pas très bon pour le cœur. Il serait fort dommage qu’il s’écroule là, devant elle, avant d’avoir pu lui révéler tout ce qu’il savait.

« Détendez-vous, » reprit-elle sur un ton nonchalant, avant de suivre le légiste hors de la salle, dans les couloirs. « A moins que vous ayez quelque chose à vous reprocher, vous n’êtes pas le fautif, dans cette affaire. »

Sortir de la pièce fut une bénédiction, l’odeur nauséabonde se faisant de moins en moins forte à mesure qu’ils s’en éloignaient. De retour dans les couloirs grisonnant des sous-sols, aux murs épais, avec de longues baies vitrées donnant une vue plongeante sur les salles environnantes. Essentiellement des bureaux comme celui où le légiste finir par entrer, l’invitant à la suivre, et à s’asseoir. Sommaire, plutôt vide, avec peu de signes distinctifs. Juste le nécessaire, pour travailler, et rédiger des rapports. Rien de superflu, qui pourrait donner une indication claire sur votre personnalité, ou vos habitudes. Seul un œil avisé, entraîné, relèverait les détails anodins. Shira s’installa face à l’homme, acceptant poliment l’offre faite par le légiste pour essayer de le détendre un peu plus, et ainsi l’amener à lui en dire plus. Retire son masque, aussi… Passant une main dans sa chevelure rousse, elle se saisit doucement de la coupelle et sa tasse encore fumante, avant de reporter son attention sur l’écran.

« Voici la répartition géographique où ces choses ont été retrouvées. Comme vous le voyez, la Bordure Extérieure est majoritairement concernée et dans une bien moindre mesure, la Bordure Médiane. Aucun signalement, pour le moment et à notre connaissance, n’a été remonté des autres secteurs galactiques. »

« Des lieux reculés, donc, où il y a en principe peu de chance d’être pris sur le fait, » commenta-t-elle, sans pour autant réellement l’interrompre.

Il était dommage, qu’aucun spécimen n’ait pu être capturé vivant, mais cela restait compréhensible ; Explicable. D’abord, cela réduisait les risques de remonter la piste des malades responsables de la création de ces choses. Ensuite, l’état des spécimens en eux-mêmes. Mutilés. Avec une douleur atroce permanente qui rendait les sédatifs et autres méthodes de neutralisation douces parfaitement inefficaces. Elle regarda la carte plus longuement, y cherchant un indice, peut-être même un schéma dans la répartition de ces choses, quelque chose qui pourrait la mener à comprendre pourquoi ils avaient été vu là, et pas autre part. Il lui semblait qu’il y avait quelque chose, là, sous ses yeux. Elle en était certaine, mais ne s’en saisit pas. Peut-être à tête reposée, plus tard, si elle pouvait avoir accès aux données hors des laboratoires.

Elle cligna des yeux, se laissant aller de nouveau contre le dossier de la chaise, pour venir renifler l’effluve du thé, bien plus agréable, plus savourer son goût, à son palais. De quoi l’aider à oublier cette odeur pestilentielle de tout à l’heure. Elle en avait encore l’esprit léger, par ailleurs… Elle essaya de se reconcentrer à nouveau, cette fois lorsque le légiste commença a présenter les différents implants.

« Ce premier système sert à annihiler l’esprit et la résistance de la victime, par impulsions électriques successives. Celui-ci est une puce de géolocalisation. Enfin, celui-ci agit sur le lobe frontal. C’est le plus important de tous, afin de changer ces gens en bête. En complément de ce virus et autres blessures infligées. Nous ne voyons pas encore quel peut bien être le sens à tout cela, sans compter que des évolutions sont observées, entre les spécimens ramenés en étude. Comme si quelqu’un cherchait à créer une nouvelle espèce. »

« Une nouvelle espèce, ou bien une arme de terreur. Contrôlable, traçable, et dépourvue de la moindre émotion. Mue par la douleur, et la rage, » ajouta-t-elle, comme pour le corriger.

Ça ressemblait presque à quelque chose que le BSI aurait pu expérimenter, sur des races aliens, pour découvrir leurs faiblesses, et les moyens de les exploiter. Elle ne voyait pas en quoi ces choses pouvaient représenter une nouvelle espèce… En tout cas, le premier implant lui disait vaguement quelque chose. La technologie utilisée était connue, pratiquement signée du Noyau. Principalement pas sous cet aspect-là, du moins pas pour un tel usage, mais les éléments remarquables étaient là. Le BSI, justement, devait bien s’amuser avec ce genre de choses. Le BRI aussi, en y repensant… Mais pourquoi feraient-ils ça ? Et dans quel but ? Hypothèse fort peu probable, mais à ne pas rebuter si tôt. Avec ces informations, elle pouvait retrouver le ou les fabricants. De là, accéder à la base de données de leurs clients, même secrets. Chercher des anomalies… Elle ne fit d’ailleurs pas part de cette analyse au légiste, pour le moment. Elle préférait attendre, explorer un peu la piste elle-même, avant d’impliquer des gens qui pouvaient travailler pour les responsables de l’apparition de ces choses.

« Les puces de géolocalisation émettent des informations, » commenta-t-elle, en posant sa tasse de thé sur le rebord du bureau. « Il est probable que les individus derrière cela se cachent derrière de nombreux proxys, mais il est peut-être possible d’établir un pattern, et une zone de recherche, en fonction des destinations de ces signaux. »

C’est ce qu’elle aurait commencé par faire. Le Bureau en avait sans doute fait autant. Les rebelles aimaient caricaturer les impériaux comme des individus avec peu d’esprits. C’était une pensée si simpliste…

« Vous avez parlé d’évolution. Quelles sont les modifications notables que vous avez pu remarquer ? Y a-t-il une préférence, sur l’origine des spécimens ? Des espèces, en particulier ? »

Le légiste ne répond rien à votre première réflexion, semblant perdu dans les siennes, en soufflant doucement sur les volutes de fumée émanant de sa tasse. Il ne fait que hocher la tête, lorsque vous signalez que les puces de géolocalisation peuvent aider à remonter à la source, vous indiquant sans paroles superflues que cette piste doit déjà être explorée. Il n’y a nul doute sur les moyens employés depuis déjà longtemps, sans nul doute, sur une affaire pareille. Ni que l’Empereur puisse ignorer tout cela. En revanche, qui ou quoi en est à l’origine, toutes les pistes sont encore envisageables.

Il reposa sa tasse, avant d’afficher un autre rapport. Où les données, cette fois, ne peuvent rien vous dire. Trop avancés, trop pointus.

« Je ne sais pas si ça vous parlera, mais vous voyez, avec ces évolutions du génome… »

Il se lance dans une longue liste détaillée des modifications observées, avec une certaine réticence, car il sent bien que ce n’est pas votre domaine de prédilection, mais bien celui de chercheurs spécialisés. Néanmoins, c’était là un rapport qu’il avait dû donner nombre de fois à des néophytes, sur leur demande, sans pouvoir simplement leur répondre qu’ils n’y comprendront rien. Cet homme, comme vous le pressentez, ne peut se permettre de vexer ses interlocuteurs et s’est résolu il y a longtemps à leur répondre, quand bien même les données ne sont pas à leur portée.

« Les recherches se poursuivent, » conclut-il sur cette partie, sur un ton prudent. « Les Humains sont majoritairement victimes, peut-être à cause de leur nombre, à travers la galaxie. Il y a également quelques espèces esclaves. Enfin, des espèces inférieures, je veux dire, comme les Wookies. Bien moins nombreux, cependant, par rapport à la totalité des individus recensés. Le nombre d’individus rencontrés dans la Bordure Intérieure correspond exactement avec le nombre de disparitions suspectes constatées sur Coruscant elle-même. A ces niveaux, voici la carte. Il s’y passe beaucoup de choses étranges. Malheureusement, ces niveaux sont si profonds que le Bureau n’a guère pu détacher assez d’agents, pour le moment. »

C’était là une manière polie – et répandue – de dire que ni le BRI, ni le BSI n’en avaient quoi que ce soit à faire et avaient pris cette information-là avec légèreté, sans prendre la peine d’envoyer quiconque enquêter.

« Je ne sais pas si ça vous parlera, mais vous voyez, avec ces évolutions du génome… »

Cette fois-ci, le regard de la rouquine se fit de plus en plus distrait à mesure que le scientifique entrait dans des détails qui lui étaient absolument inconnus, auxquels elle ne comprenait pas grand-chose. C’était comme s’il s’était mis à s’exprimer dans une autre langue, parfaitement incompréhensible. Shira hocha doucement de la tête tout du long, en voyant bien qu’il n’était lui-même guère enthousiaste à lui faire ce récit, mais s’y résignait malgré tout, plus que de lui dire que c’était trop complexe, et qu’ils ne feraient que perdre du temps. Silencieuse, elle le laissa finir, en tentant de refouler son impatience, et sa lassitude. L’homme avait clairement été formaté à faire ce qu’on lui demandait, sans prendre le risque de vexer ses interlocuteurs, sans doute par crainte de l’influence qu’ils pourraient avoir sur sa pauvre vie. Elle n’eut aucune larme pour sa pauvre existence. Seuls les forts d’esprit et de volonté méritaient de diriger, et non subir. Tout comme elle subissait malgré elle, en cet instant, une explication bien trop pointue d’un sujet qu’il aurait simplement fallu lui résumer, dans la substance.

« Les Humains sont majoritairement victimes, peut-être à cause de leur nombre, à travers la galaxie. Il y a également quelques espèces esclaves. Enfin, des espèces inférieures, je veux dire, comme les Wookies. Bien moins nombreux, cependant, par rapport à la totalité des individus recensés. »

Là encore, il n’y avait pas grand-chose à en tirer. Les statistiques étaient cohérentes avec les chiffres. Les humains étant les plus nombreux, ils étaient par conséquents les plus touchés. Hormis peut-être pour ces quelques cas wookies, il n’y avait pas d’incohérence dans les données qui pourraient laisser à penser qu’une espèce avait la préférence des coupables de ces expérimentations. En sommes, ils n’avançaient pas beaucoup, et ces données-là ne les aideraient pas non plus… Shira était sur le point de l’arrêter, lorsqu’il se mit enfin à débiter des informations utiles, par lesquelles il aurait peut-être dû par ailleurs commencer :

« Le nombre d’individus rencontrés dans la Bordure Intérieure correspond exactement avec le nombre de disparitions suspectes constatées sur Coruscant elle-même. A ces niveaux, voici la carte. Il s’y passe beaucoup de choses étranges. Malheureusement, ces niveaux sont si profonds que le Bureau n’a guère pu détacher assez d’agents, pour le moment. »

L’attitude de Shira changea du tout au tout, son intérêt et sa curiosité retrouvée, alors qu’il lui présentait la carte, et les données. Elle posa doucement sa tasse aux trois-quarts vide sur le bureau, avant de se pencher en avant, pour comparer les données des enlèvements, avec les cadavres retrouvés. Il ne pouvait pas s’agir d’une pure coïncidence. Et le fait qu’il évoque le sujet maintenant, ne pas avoir insisté sur ces données plus tôt, excluait une éventuelle tunnelisation dans ses recherches. Il avait par ailleurs raison : le BSI et le BRI n’avaient que faire des cadavres qui venaient rougir le sol des niveaux les plus profonds des bas-fonds. Les faibles, les aliens et les inutiles y pourrissaient sans gêner personne. Elle non plus, n’y voyait généralement que peu d’intérêt, et se contentait de cet état de fait.

Ils possédaient désormais une piste à explorer, et si les membres du BSI ou du BRI ne voyaient pas de raison de le faire, elle n’allait pas se gêner pour le faire à leur place. Pour sûr que son maitre serait intéressé par ses résultats, que ce soit pour mettre un terme à ses expériences, ou pour y tirer un intérêt quelconque. Pour elle, cette finalité n’avait que peu d’importance, du moment que c’était lui qui tirait les ficelles, et non leurs ennemis. Shira remercia donc le scientifique, après lui avoir demandé de lui fournir une copie de ces résultats, le tout en lui signifiant qu’il n’aurait pas d’ennuis, concernant cette affaire, lui laissant désormais le champ libre pour aller régler ses comptes avec son collègue imprudent. Ce dernier, ne bénéficierait pas de sa clémence.

Une fois sortie de l’enceinte du BRI, après avoir retrouvé l’environnement sûr des appartements privés et secrets mis à disposition par l’Empereur, Shira prit soin d’archiver puis de transmettre les données et les conclusions associées à son maitre avant d’envisager d’aller remuer la merde qui fermentait allègrement à des kilomètres de profondeurs, sous leurs pieds. Déliant ses cheveux, elle se donna un air moins bourgeois, moins soigné. Troqua sa tenue de ville pour sa combinaison noire, plus cintrée, sans manches, dont elle camoufla une grande partie sous un gilet plus clair ; suffisamment épais pour y dissimuler lame et blaster, et donc la capuche lui donnait un air plus sombre, et mystérieux. Un mélange, pour brouiller les pistes, dans des niveaux où les codes sociaux et moraux étaient bien différents, pour ne pas dire inexistants. Quelques ajustements par-ci par-là, avant de se mettre définitivement en route.

Avec une zone de recherche assez réduite grâce à la carte fournie par le légiste, descendre vers les profondeurs les plus insoupçonnées de Coruscant ne fut pas difficile, mais long. Brouiller les pistes, changer plusieurs fois de chemins et de moyens de transports était une nécessité pour pouvoir se glisser en toute discrétion dans le cloqua qu’étaient les niveaux les plus profonds de la capitale. Très vite, à mesure, les murs propres avaient laissé place à des allées plus sombres, agrémentées de néons, peuplées de gens filant, et vous regardant bizarrement. De nombreuses conduites couraient le long des allées, lesquelles dégageaient des odeurs diverses, mais souvent pestilentielles. La chaleur, elle aussi, augmentait avec la descente. Les gens vivaient parfois à même le sol, sous des abris de fortune fais de cordes, ou de tôles. Les bars et cantinas douteuses se faisaient plus nombreuses, tout comme les marchands à la sauvette, ou les voleurs.

Shira se glissa doucement dans le flux des personnes allant et venant, s’arrêtant devant certaines devantures, tout en suivant doucement son chemin, s’arrêtant à des points clés lui permettant d’observer un tant son environnement, avant de reprendre sa route. La Force ne lui était d’aucune utilité, tant la zone grouillait de dangers. C’était comme être sur le fil du rasoir, en permanence. Quelqu’un pouvait d’un coup se coller à vous, et vous abattre à bout touchant. Se focaliser seulement sur son objectif aurait été une erreur. Il fallait être attentif à tout, en chaque instant. Jusqu’à arriver dans la zone d’intérêt, pour y roder doucement. Chercher un point haut pour observer un temps, avec un œil acéré, à la recherche d’indices, ou de comportements suspects. Ecouter la Force, à la recherche d’une vaguelette au milieu de ce tumultueux océan.

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Sonder l’environnement, 16. Observation et Recherche, 2.

Les affaires suspectes ou peu légales ne sont guère ce qui manque, ici. Depuis votre point d’observation, vous pouvez repérer une demie-douzaine de trafics divers, de produits passés sous le manteau ou à la sauvette, rien de très intéressant pour le moment. Le travail manque, dans ces profondeurs, ou du moins, le travail légal. Un très important marché noir s’y est développé depuis un temps immémorable, le plus important et vaste de toute la galaxie. Ce qui n’a, en soi, rien de très compliqué, étant donné le nombre effarant d’habitants de cette ville-monde. Tout se trouve, tout se vend, dans ce cœur battant de la galaxie, grouillant de populations diverses. Rien, pourtant, qui ne puisse intéresser les autorités, ni au temps de la République, ni aujourd’hui. Personne n’a plus les moyens d’arrêter ce nombre trop élevé de trafics et les bas-fonds de la planète sont un tel labyrinthe qu’il est devenu impossible, il y a bien longtemps, de le contrôler.

Les affaires de trafic les plus importantes ont donc leur chance maximale en ces lieux, sous les pieds mêmes de l’Empire.

Bien que la masse soit trop épaisse pour que la Force puisse vous fournir des indications fiables, il est reste possible de l’écrémer, par une solide observation. Les petits délinquants ou criminels de bas étage sont simples à repérer et ne tentent même pas de se cacher. Pourquoi le feraient-ils ? Ni patrouilles ni agents impériaux ne prennent jamais la peine de venir dans ces profondeurs. Vous avez également en vue des membres de mafia, dont deux des plus importantes. Leur attitude, pour le moment, ne porte guère à soupçon. L’un d’eux, un des sous-chefs connus de vos services, mais qu’on ne prend pas la peine d’arrêter tant qu’il ne sévit que dans ces sous-étages, prend un verre et discute avec un de ses adjoints, devant une des cantinas. L’autre, quelques mètres à peine plus loin, est en train de faire affaires avec un groupe de trafiquants de drogues. La petite racaille a peu de chance d’être mêlée au moindre trafic de grande ampleur, mais pour les mafias, qui sait ?

En l’observant, après qu’il ait terminé son affaire avec la poignée de vendeurs de drogue, vous voyez une autre silhouette encapuchonnée l’approcher. L’attitude du mafieux change du tout au tout, il se redresse, adopte une démarche plus assurée et sourit, tel un serpent, à ce nouveau venu. Tous deux se dirigent vers un immeuble proche et s’y engouffrent. Vous n’avez que très peu de temps, pour sauter sur le toit de cet immeuble et trouver où ils partent s’installer, pour ne pas les perdre. L’immeuble, comme bien d’autres, est désaffecté et sert de squat. Vos dons et la Force suffisent amplement à calmer drogués, passants ou même gardes, sur votre chemin. Vous finissez par trouver vos cibles et vous dissimuler comme il se doit.

Vous pouvez apercevoir le mafieux. Un Humain, surnommé Tenel par ses hommes, dont vous ignorez le vrai nom. Il fait partie des dirigeants de la seconde plus grande mafia de Coruscant, les Lames d’Ivoire. Une mafia existant depuis l’ancienne république, très active dans le Noyau, dont vos services ont déjà eu le plus grand mal à démêler certaines affaires. Les agents impériaux ont beau en arrêter des membres ou des dirigeants, rien n’a jamais stoppé pour de bon cette mafia. Son interlocuteur a découvert son visage, vous le reconnaissez, il s’agit de l’ex-sénateur Ur'lar, devenu conseiller de l’Empire. Un des hommes ayant le plus approuvé l’ascension de l’Empereur Palpatine au pouvoir. Un proche, encore aujourd’hui. Sa présence face à un membre d’une organisation aussi épineuse et pénible est très surprenante. Sa nervosité vous éclate aux yeux.

« Le BSI ne cesse de mettre le nez dans nos affaires ! » ragea le Conseiller, en tremblant littéralement.

« Comme s’il s’agissait d’une nouveauté, » répliqua Tenel en haussant les épaules, bien plus détendu que son interlocuteur. « Ils fourrent leur nez dans tout ce qui bouge. Depuis quand cela vous inquiète ? Le colonel Yularen savait les tenir, mais depuis sa désertion, leur corruption reprend du terrain. »

« Peu importe ce veux fou, je vous dis qu’ils ramassent de plus en plus de spécimens, avant que les essais ne soient terminés. Et les rebelles font la même chose, désormais ! Tout le réseau s’inquiète et le temps presse. L’Empereur est malade, le gars désigné comme successeur est…. Hmph. S’il arrivait un malheur, nous ne serions pas prêts, pour protéger l’Empire. Le recrutement classique de soldats est trop lent, il manque bien trop d’hommes, la pandémie a… Bref. Il nous faut de nouvelles zones d’essais, moins repérables ou accessibles. »

« Réalisez-vous, Conseiller Ur'lar, que l’ensemble des moyens techniques et logistiques ont déjà été déployés ? Entre ceux inutilisables faute d’hommes et ceux réquisitionnés pour compenser les pertes et problèmes dus aux activités climatiques changeantes… »

« Je ferais détourner certains de ces moyens, » grogna-t-il comme un ours. « Peu importe si une partie des bas-fonds meurt de faim ou de manque d’oxygène. Mon projet a le potentiel de sauver l’Empire et il passe au-dessus de tout. Ordonnez à votre réseau de s’activer, je ferai le nécessaire. »

« A votre guise… Nous attendrons néanmoins les fonds nécessaires. »

L’entrevue s’en termine ici, assez sèchement. Vous avez désormais le choix… Suivre le Conseiller, suivre ce chef de la mafia ou encore tenter d’arrêter l’un ou l’autre.

Une fois les personnalités d’intérêts clairement identifiées au milieu de la foule crasseuse et pouilleuse des bas-fonds, les suivre à travers les dédales de ruelles et les divers appartements fut un jeu d’enfant. Eviter les sans-abris passants et autres drogués puis manipuler les quelques gardes armés sur son chemin ne représentant qu’une simple formalité grâce à ses dons dans la Force, laissant derrière elle dans leurs esprits l’idée qu’elle n’était jamais passée, que rien n’était venu embêter leur routine habituelle. Une fois le mafieux et son interlocuteur masqué retrouvé, Shira se glissa dans un coin, dos à un mur, l’oreille tendu, un regard acéré le long de l’embrasure. Ce territoire étant l’un des nombreux terrains de chasse des Lames d’Ivoires, l’agente en avait préalablement déduit qu’ils devaient forcément être de mèche, ou à minima être informé, de ce qui se tramait sous leurs nez. Et comme les cafards, ils étaient impossibles à éradiquer. Ils pullulaient dans ces territoires délaissés, abandonnés et dépourvu du moindre intérêt. Des lieux parfaits pour comploter et fomenter, juste sous leurs pieds à tous. Comme elle l’avait dit à ce très cher Gilric, les bas-fonds étaient un cancer à retardement qui finiraient un jour par leur exploser à la figure. Shira n’imaginait simplement pas, à ce moment-là, à quel point elle était proche de la vérité…

Sa concentration en prit un coup lorsque son regard se posa sur la personne qui discutait avec l’homme appelé Tenel par son entourage, et Shira cligna lourdement des yeux avant de l’identifier pour de bon. Qu’est-ce qu’un type comme Ur’lar foutait ici, loin de la sécurité des niveaux supérieurs de Coruscant ? Et surtout, que tramait-il avec ces mafieux ? La nervosité du conseiller était autant visible qu’elle était palpable dans la Force. Face à lui, le fameux Tenel contrastait le tout de son air plutôt détendu. Au milieu de tout ça, Shira pouvait sentir son incompréhension laisser place à de la colère, à mesure que le duo échangeait au sujet du BSI, et de leurs implications dans leurs affaires, la mention de Yularen lui faisant même serrer doucement les poings dans l’ombre. Ce salopard de traitre était de mèche avec eux, en plus ? La réflexion glissa dans son esprit, chassée par l’aveu d’Ur’lar, quant à son implication dans l’affaire des spécimens qu’elle avait découvert plus tôt, au cœur du BSI. Sa colère se mua en profonde haine pour cet homme auquel son Maitre, l’Empereur, avait tout donné. Cet homme, qui l’avait pourtant soutenu tout au long de son ascension en au-delà.

Shira avait envie de le tuer là sur le champ, sans aucune forme de procès, mais lutta contre cette pulsion qui gagnait du terrain chez elle. Il fallait tempérer, en apprendre plus encore. Visiblement, le mafieux affirmait qu’il était difficile de faire plus, en l’état actuel… Bien, c’était une bonne chose… Mais voilà que ce traitre d’Ur’lar affirmait qu’il ferait le nécessaire pour débloquer plus de moyens. Que les rebelles aussi, étaient au courant de leurs affaires. Et tout ça, soi-disant pour protéger l’Empire… Le tout alimentant les pensées meurtrières de la jeune rousse qui rongeait son frein en silence. Seul l’Empereur pouvait guider et protéger l’Empire. Toute autre pensée déviante se devait d’être gommée, effacée, abattue.

Lorsque l’intervenue s’interrompit aussi brusquement qu’elle n’avait commencé, cependant, Shira laissa le conseiller partir sans prendre soin de le suivre. Ce n’était pas bien utile, il payerait sa traitrise plus tard. Il était une personne politique et publique d’influence, il serait facile de le faire arrêter en surface, sans prendre le risque de voir l’ensemble des bas-fonds lui tomber dessus. Une fois arrêté, il serait tout aussi facile de découvrir l’étendue du complot… En attendant, il était préférable de suivre le mafieux, de voir où Tenel allait se rendre suite à cette vive discussion. Il était clair qu’ils étaient responsables des actions ici, sur Coruscant. S’il fallait arrêter quelqu’un, ou faire le ménage, c’était par lui qu’il faudrait commencer.

Elle le laissa prendre de l’avance, restant tapie dans l’ombre un moment avant de sortir et le suivre à distance, réutilisant des mêmes techniques qu’à l’aller pour tromper la vigilance des gardes et autres passants sur son chemin. Capuche sur la tête, elle se glissa dans la foule, utilisant la Force pour suivre sa cible, en prenant le temps nécessaire, sans se hâter. Marchant en retrait, elle glissa sa main gauche sur son bras droit, pour y tapoter discrètement un message à l’intention de son Maitre, succinct, pour l’informer sur ce qui se tramait, et où elle se trouvait. Le reste, elle pouvait le gérer. Tout comme elle gérait la filature du mafieux, qui se glissait finalement à nouveau dans un complexe de bâtiments et immeubles. Elle se dépêcha de trouver une entrée annexe, le suivant à travers la Force. Tromper les gardes sur son chemin, avant d’arriver dans une succession de salles ressemblants à des laboratoires clandestins. Elle regarda aux alentours, s’ouvrant à la Force pour sonder les environs, chercher les menaces, voir comment les éviter. Une main sur son arme, prête.

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Discrétion : 8.

Plus de quarante minutes de traque et un trajet en navette, que vous devez suivre à distance, sont nécessaires, pour suivre votre cible. Il s’arrête dans un complexe encore plus profond mais bien moins miteux et mal famé que les autres. Même agréable, surprenamment, à tel niveau des bas-fonds. Un ensemble d’immeubles sympathiques, propres et bien entretenus, avec même des plantes et arbres préservés sous cloche, à différents endroits. Votre cible s’enfonce dans un des immeubles, puis se dirige vers les sous-sols. Le tout ressemble très fortement à un laboratoire tout ce qu’il y de plus ordinaire mais certainement non déclaré… Vous parvenez à suivre Tenel jusque dans des couloirs étroits, où seules quelques rares caches permettent de vous dissimuler. Votre homme s’est arrêté dans une sorte de fumoir, en compagnie d’un autre individu. Son identité vous est complètement inconnue, vous savez simplement qu’il est fiché comme « l’Œil », sans autre informations de plus.

« Alors ? » lance l’Œil tout en allumant une pipe et en tendant une à Tenel.

« Je pense pas que cet imbécile soit à la hauteur de ses ambitions. J’ai dû lui répéter que les moyens manquaient, il a répété qu’il allait en trouver ou en détourner. Il n’y a toujours rien de concret. Ce n’est qu’un arriviste, il n’a aucune des compétences nécessaires. Il est effrayé de tout et pense sauver l’Empire alors qu’il ne possède pas les bonnes ressources ou méthodes… Cette affaire va vite devenir moins intéressante que prévue. »

« Je me fie à ton jugement, sur ce point. L’Empire est plus intéressant en place, pour nos affaires, alors si ce type ne vaut pas vraiment la peine de miser dessus et aller jusqu’au bout… Dommage, il payait très bien, malgré tout. Son projet pourrait servir à d’autres et être exploité d’autres manières, cela dit. Nous allons poursuivre avec lui, en attendant de préparer un nouveau partenaire commercial. »

« Que ferons-nous d’Ur’lar, une fois cela fait ? »

« Contente-toi de dévoiler certaines de ses petites affaires et laisse l’Empire jouer avec lui, ça les défoulera. »

Ils passent ensuite sur une discussion de tout autre domaine, parlant plutôt des troubles « habituels » agitant les bas-fonds et de diverses affaires, comme s’ils discutaient des faits divers. Bien qu’il y ait sûrement plus à comprendre, vous ne possédez pas les clés ou codes de cette mafia, permettant de décrypter les conversations les plus anodines. Vous pouvez rester malgré tout, mais d’autres pistes s’ouvrent également à vous. En restant discrète et en parvenant à vous faufiler sans être vue, vous pourriez aller fouiner dans les bureaux adjacents, dans l’espoir d’y trouver des informations supplémentaires. Ou bien tenter une intrusion dans les laboratoires eux-mêmes, sachant que tout le réseau doit être étroitement surveillé, par les caméras et par les gardes.

Se glisser à l’intérieur du complexe se révéla plus compliqué que la filature elle-même, malgré sa longueur. Le lieu, situé plus profond encore, se révélait bien moins miteux que les niveaux au-dessous duquel il se trouvait, et surtout bien mieux surveillé, à défaut d’être bien gardé. Se faufiler à l’intérieur lui demanda une certaine souplesse qu’elle n’aurait sans doute pas pu bénéficier dans une autre tenue. Il devait forcément s’agir d’une des zones bien contrôlée par la mafia, où les leaders siégeaient, où s’établissaient de temps à autres. Suffisamment à l’abris des regards indiscrets, bien trop profond pour que les forces impériales ne s’y aventurent, ils n’avaient sans doute guère besoin de changer de planques. Ce qui tranchait avec leurs sous-fifres et exécutants, plus hauts dans les strates, et qui ne pouvaient pas rester plus d’un mois au même endroit sans subir une descente des milices et forces de sécurités prenant encore le risque de s’aventurer dans le dépotoir qu’étaient les bas-fonds. Elle se glissa dans le bâtiment de sa cible en sautant de balcons en balcons, profitant des ombres projetées pour éviter les regards indiscrets. Puis descendit la cage d’escalier en souplesse, pour ne pas se faire remarquer.

La Force guidant ses pas, elle laissa suffisamment de distance entre elle et le mafieux pour ne pas se faire remarquer. Elle descendit ensuite la cage d’escalier en évitant les quelques habitants qu’elle pu y croiser, les étages devant sans doute donner sur de vastes appartements et accueillir que peu de monde. Une fois au sous-sol, elle pénétra ensuite dans ce qui s’apparentait à un laboratoire à première vue non-gardé, bien qu’une simple touche de la Force suffît à infirmer cette pensée. Il y avait du monde, là-dessous, sans parler des caméras de sécurité, encore peu nombreuses à ce niveau. Une fois ces dernières contournées, elle se faufila dans un couloir étroit pour se rapprocher de sa cible, qui venait de rentrer dans une petite salle. Shira le remercia intérieurement d’en avoir laissé la porte ouverte, avant de se glisser à son tour dans une petite pièce toute proche, une sorte de débarras dont elle garda la porte entrouverte. Cet angle lui offrait une vision parfaite sur la scène, par l’intermédiaire d’un reflet sur une des vitres des bureaux adjacents. L’homme que venait rencontrer Tenel lui disait quelque chose, mais son nom ne lui revînt pas tout de suite.

Shira le savait important, néanmoins, et ses propos confirmèrent cela rapidement. Elle maugréa, en songeant à la stupidité d’Ur’lar. Elle avait pensé dans un premier temps que c’était lui qui tirait les ficelles de tout cela, « pour l’Empire » comme il le disait lui-même. La vérité était bien pire. Il n’était qu’un prétexte, qu’un outil jouant dans les mains de ces mafieux. Ils ne se cachaient même pas de vouloir s’en débarrasser, pour pouvoir utiliser ou mettre son « projet » dans les mains d’autres personnes qu’ils estimaient plus « fiables », et donc nécessairement dangereuses pour l’Empire. La haine grimpait en flèche, principalement à l’égard du traitre, mais aussi envers ces types qui manigançaient dans l’ombre. Une part d’elle avait envie de les tuer, là, maintenant, puis de faire exploser tout cet endroit. Elle devait en apprendre plus avant, cependant. Mettre un terme à ce « projet », et en déterminer les tenants et les aboutissants. Peut-être même découvrir d’autres recherches, d’autres expérimentations… Puis faire le nécessaire pour se débarrasser de ces mafieux, avant de venir personnellement péter les genoux d’Url’ar.

Elle s’éloigna donc, doucement, à pas feutrés, en faisant attention à son environnement. Il serait bête de se faire piéger à cause d’une caméra ou d’un mafieux qu’elle n’aurait pas remarqué. Il y avait un accès qui descendait encore plus bas, sans doute vers des laboratoires, mais la double porte renforcée lui donna un mauvais pressentiment. La sécurité y serait sans doute plus présente, et les risques surpassaient largement les bénéfices pour le moment. Elle pourrait peut-être revenir plus tard, avec plus d’informations et de garanties en poches. Shira continua son chemin, s’arrêtant dans plusieurs bureaux vides, marchandant du temps pour de la discrétion. Hélas, il ne semblait pas y avoir d’informations intéressantes à ce niveau. Pire, elle peina à trouver le moindre terminal d’interface utile, seulement des accès piratés à l’Holonet, ou des documents sans réelle importances. Pas de noms, transactions, rien… De quoi alimenter plus encore la frustration en elle, et ses envies de meurtre. L’espionne finit par abandonner, ne voyant pas de débouchés utiles, et ayant déjà certaines sources à exploiter. Elle revînt sur ses pas, pour voir si « l’Œil » avait terminé sa discussion avec « Tenel ».

Le découvrant seul à finir son cigare, elle tenta une dernière chose, risquée mais pouvant payer si elle y parvenait. S’ouvrant à la Force, elle tenta de toucher son esprit comme elle avait pu le faire avec les esprits faibles des gardes, sans-abris et autres exécutants qu’elle avait pu croiser sur son chemin. Elle ne fut que moyennement surprise de se retrouver face à un esprit fort, au caractère prononcé, et renonça aussitôt pour ne pas attirer son attention. Shira hésita ensuite une dernière fois, entre profiter de cette occasion pour le buter, sachant qu’il serait probablement remplacé par un autre assez rapidement, et simplement quitter les lieux. Elle opta pour la seconde solution, suivant un chemin similaire à l’aller, mais alternatif pour ne jamais repasser deux fois au même endroit. Une fois sortis du complexe d’appartements servant de façade, elle reprit la route vers les niveaux supérieurs, le regard fermé, les lèvres pincées. Elle utilisa l’intercom intégré à la manche de son haut pour demander au Bureau la localisation du Conseiller Ur’lar, en utilisant ses codes prioritaires.

Shira ne retira sa capuche, et le long manteau qu’une fois la surface atteinte, et son speeder retrouver. Une fois la position d’Ur’lar obtenue, elle prit soin d’aller lui tomber dessus sans perdre de temps. L’isoler serait assez simple s’il était en bonne compagnie. Elle fantasmait toujours à l’idée de lui péter les genoux, mais ce serait encore plus excitant s’il pouvait être tranquillement chez lui, en famille… Elle pourrait commencer par les enfants… puis sa femme…

Cet enfoiré de traitre avait beaucoup de choses à se faire pardonner…



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Explorer, récolter des informations, 15 5
Tenter de suggérer à « l’Œil » de s’isoler, 15. (Vu que le 5 du jet d’avant ne compte pas ?)