Chers collègues

Pouvoir cesser de respirer durant un temps était un avantage certain pour vous faire passer pour mort et infiltrer tranquillement des bases ennemis. C’était tout aussi utile pour sortir sur une planète à l’air toujours empoisonné sans s’encombrer d’un stupide masque ou de protections ! Sion s’entraînait souvent dehors, à présent, car il en avait assez d’entendre les idiots de formateurs râler qu’il explosait souvent les droïdes durant les entraînements. Ça se réparait alors qu’est-ce qu’il venait lui briser les… Il y avait de ces types insupportables !! Et d’autres qui l’évitaient, ce qui lui allait parfaitement bien. Juste avant de rentrer, comme il commençait à avoir faim, il attrapa avec la Force une sorte de rongeur planqué dans un trou, pour le gober comme ça. Ça suffisait à rassasier pour un temps et comme plus rien n’avait le moindre goût, il ne voyait aucune différence entre manger ça ou les trucs de la cantina.

Il rentra dans la base en dégustant tranquillement le rongeur, son sabre éteint en main. Il paraît qu’il pouvait voir, aujourd’hui, l’une des autres membres de l’unité, enfin revenue, après qu’elle se soit paumée un temps chez les Jedi. Quelle idée, ça ! Se rendre chez eux pour s’entraîner, pfft, cette belle brochette d’idéalistes essayaient toujours de vous pourrir l’esprit ! Il la trouva elle aussi dans une salle d‘entraînement, avec sur le côté un… Renard ? Tout blanc et avec plusieurs queux. Nouveau soupir. Personne n’était normal, dans cette base ! Il la regarda s’entraîner un long moment, sans rien dire, puis s’approcha juste quand elle termina, pour la toiser. C’était encore une gamine ! Toute frêle, toute pâle, qui lui arrivait à peine à hauteur du torse. C’était ça, alors, qui n’avait pas hésité à foncer dans un sortilège Sith ?! Une minuscule enfant ?

"Je suis votre nouveau collègue," déclara-t-il de son habituel ton froid, en continuant de la dévisager. "Darth Sion."

Il ne savait pas ce qu’on devait foutre pour sembler « aimable », comme disaient les autres. Lui proposer un bout de rongeur ? Il n’en restait déjà plus grand-chose, dessus, juste une bouchée ou deux pour finir. En plus, les gens normaux préféraient manger des trucs cuits, semble-t-il.

"Pourquoi avoir foncé dans un sortilège Sith seule et sans armes ? Vous êtes tarée ?"

Il avait une… tête très… Une tête de… Il faisait beaucoup plus peur que le général, pourtant déjà bien gratiné dans son genre ! Eh, eh bien… Enchanté ? C’est ce qu’elle lui répondit, peu certaine de savoir quoi ajouter après cette courte introduction. Peut-être à cause du fait qu’il tienne une petite moitié de rongeur bien entamé, encore couvert de sang… Qu’il continuait de manger ! Meetra ne lui avait pas dit ça, au Temple, qu’il gobait des proies encore vivantes pour se nourrir ! Sans compter qu’elle avait entendu dire qu’il s’amusait à s’arracher des organes ou des doigts juste comme ça, pour… Pour… Pourquoi, en fait ? Il l’avait surprise, complètement plongée dans son entraînement, elle ne s’était pas attendue à le voir débarquer comme ça ! Et encore moins en train de déguster une sorte de gros rat, comme si de rien n’était.

"Pourquoi avoir foncé dans un sortilège Sith seule et sans armes ? Vous êtes tarée ?"

"Parlez-moi sur un autre ton, pour commencer !" répliqua-t-elle, piquée au vif. "Ensuite, même si nous avions su à l’avance ce qu’était ce sortilège Sith, comme vous dites, nous aurions agi malgré tout !"

Inari était venu trottiner derrière elle et frotter son museau contre son mollet. Elle le sentit à peine, la tête relevée pour fixer ce gars droit dans les yeux. Il n’était pas question de juste se laisser marcher sur les pieds comme ça ! Même s’il était bizarre et fichait la trouille. Surtout s’ils devaient travailler ensemble ! Elle ignorait encore quel rôle il tiendra dans l’unité et quel genre de mission il pourra faire, surtout tant cabossé et avec un sens gastronomique aussi douteux, mais soit. Elle essayait surtout de ne pas se démonter, bien qu’elle sache de quoi les Sith étaient capables, s’ils s’énervaient. Celui-là, en tout cas, avait réussi à l’énerver d’emblée, elle aussi. Elle ne savait pas trop à quel point elle pouvait se permettre de l’envoyer balader… Ignorant s’il avait intégré l’armée et si oui, quel grade il avait. Ainsi que son niveau personnel de patience.

"Je suppose que vous auriez agi d’une toute autre façon, pour régler le problème ? Autre que foncer dans le tas sans réfléchir ? Car si ce n’est pas le cas, vous seriez mal placé pour juger de ce que j’en ai fait. Vous étiez un genre de soldat, à votre époque ?"

Le peu qu’on lui en avait dit ne suffisait pas pour en juger. Par contre, vu son état physique, ça annonçait déjà la couleur. Pourvu qu’il ne soit pas aussi fonceur que le général, voire pire que lui ! Sinon cette unité allait très tôt se retrouver mêlée à des problèmes incroyables et improbables.

"Parlez-moi sur un autre ton, pour commencer ! Ensuite, même si nous avions su à l’avance ce qu’était ce sortilège Sith, comme vous dites, nous aurions agi malgré tout !"

Hé hé, elle avait du répondant, finalement, cette frêle petite ! Ça lui plaisait bien ! Il lui jeta un regard neuf, tout en terminant tranquillement de mâcher et avaler le dernier bout de rongeur, avant de se frotter les mains. Les gens qui ne se laissaient pas faire, c’était toujours mieux. Surtout ici ! Tous ceux qui avaient peur pour un oui ou pour un non, ça le gonflait profondément, alors enfin tomber sur quelqu’un qui ne blêmissait pas aussitôt et qui osait l’envoyer balader, il était content, oui. En un sens, ça lui rappelait Meetra. Il avait bien envie, maintenant, de voir ce que valait cette femme en mission, si elle s’agaçait autant sur le terrain qu’ici. Si elle n’avait pas hésité à foncer dans un piège tendu par un Sith, elle ne devrait pas hésiter sur beaucoup de sujets.

"Je suppose que vous auriez agi d’une toute autre façon, pour régler le problème ? Autre que foncer dans le tas sans réfléchir ? Car si ce n’est pas le cas, vous seriez mal placé pour juger de ce que j’en ai fait. Vous étiez un genre de soldat, à votre époque ?"

"Personne ne m’a jamais demandé de réfléchir avant de foncer dans le tas, en effet," répondit-il le plus sincèrement du monde. "Je suis un soldat depuis que je suis devenu ainsi."

Avant, il ne s’en souvenait pas encore. Mécanicien, soldat, infirmier, pilote, cantinier, commissaire de bord, transporteur, tout et n’importe quoi était possible, il aurait pu tenir littéralement n’importe quel poste, à terre ou sur un vaisseau. Quelques faibles éléments lui revenaient, mais c’était encore trop peu pour affirmer qu’il avait été ceci ou cela. Pas même vers quelle spécialité il avait été dirigé au temple, bien que la couleur de son ancien sabre soit un indice. Ce n’est pas que ces images floues le perturbaient, c’est simplement qu’il avait du mal à les accrocher. Il restait toujours incapable de se reconnaître dans ce type, à la lame bleue et au regard méfiant, qui le fixait, les rares fois où il s’endormait et venait à rêver de lui. Comme si ce type était un véritable étranger ou qu’il n’avait jamais existé.

"Il paraît que les Jedi vous ont donné un début d’entraînement. Ou ils vous ont retourné la tête ? C’est une telle tribu d’idéalistes. Pourquoi vous ne portez pas votre arme, maintenant que vous êtes entrée là-dedans ?"

Elle ne portait aucun sabre et il ne comprenait pas pourquoi. Il leva brièvement le sien, qu’il tenait toujours à la main, pour souligner ce qu’il voulait dire. Mais apprendre qu’elle n’en possédait aucun… Il leva les yeux au ciel, tout à coup exaspéré contre ceux et celles qui avaient bien pu la former, là-bas. Lui apprendre à se battre avec cette arme était bien le minimum qu’ils auraient pu faire !! Ils n’étaient tout de même pas devenus rêveurs au point de croire qu’on pouvait s’en passer, en temps de guerre ?! C’était incroyable ! S’entraîner sur les bases de ces pouvoirs ne valait pas grand-chose si un entraînement avec cette arme n’était pas mené en parallèle !

"Comment ils ont pu espérer que vous vous défendiez, sans ça… ?" marmonna-t-il, avec hargne, abattu devant autant de légèreté.

C’était bien la première fois que quelqu’un lui balançait aussi spontanément qu’on s’était servi de lui comme une simple arme à jeter sur es ennemis et rien de plus… Même le général n’avait pas été aussi franc. C’est là qu’elle voyait mieux ce qu’avaient voulu dire les Jedi, en parlant des Sith un peu… Comment dire… Un peu perturbés et perturbants… Il semblait mal placé pour les traiter de tribu d’idéalistes, avec ça, s’il s’était fait lui-même manipuler pour devenir une simple arme ! Mais le balancer n’était pas la meilleure idée qui soit. Elle était prête à embrayer sur un autre sujet lorsqu’il enchaîna en demandant pourquoi elle ne portait pas son arme. Mais, si, elle… Ah, il voulait dire un sabre laser… Elle haussa les épaules, répondant qu’elle n’en possédait pas, tout simplement. Et personne ne lui en avait parlé non plus. Elle s’était toujours dit que c’était une sorte traditionnelle des Jedi et Sith, et comme elle n’était ni l’un ni l’autre, à quoi bon en discuter ? Elle ne voyait pas bien pourquoi Sion était exaspéré, encore un peu plus, par sa réponse.

"Comment ils ont pu espérer que vous vous défendiez, sans ça… ?"

"Il existe beaucoup de moyens de se défendre," soupira-t-elle légèrement. "Au corps à corps, par les blasters, les divers canons, les droïdes, les armes en tous genres, les armures aussi, les chasseurs et j’en passe. Avec ça, je suis pilote avant tout, cette arme ne me servirait pas beaucoup, une fois en vol. Et à terre, comme je vous l’ai dit, il y a des centaines d’armes différentes, qu’on peut utiliser. Pourquoi celle-ci au lieu d’une autre ? Elle peut découper à peu près n’importe quoi, mais sinon… Sérieusement, à part vous en servir pour vous taper dessus, entre Jedi et Sith, parce que c’est plus drôle avec, ça vous ait vraiment utile en combat ? Car ça vous contraint sans cesse à aller au contact direct. Vous n’allez pas renvoyer les tirs d’un bombardement orbital avec un sabre."

Au vu de tout ce qui existait aujourd’hui, Apsara voyait plus d’inconvénients que d’avantages, à utiliser ce truc. Déjà, il fallait aller au corps à corps avec, ou bien se contenter de s’en servir pour se défendre contre des tirs. Elle avait l’impression que c’était surtout utile dans leurs combats éternels entre Sith et Jedi, comme une tradition refusant de disparaître. A moins que ça ne soit une arme « obligatoire », indispensable si on voulait progresser dans l’apprentissage de la Force ou maîtriser certaines techniques… ? Mais si tout ça n’était qu’une simple question de « C’est utile pour aller taper sur ceux qui ne suivent pas la même voie que nous », alors là… Elle attrapa rapidement la bouteille d’eau sur le côté, durant ce temps, pour boire et aussi se détendre. Il l’avait surprise au beau milieu d’un entraînement et cette entrée en matière l‘avait quelque peu stressée. Sans compter qu’il était venu en finissant de gober un rat… Ce détail lui retournait encore l’estomac.

"Il existe beaucoup de moyens de se défendre. Au corps à corps, par les blasters, les divers canons, les droïdes, les armes en tous genres, les armures aussi, les chasseurs et j’en passe. Avec ça, je suis pilote avant tout, cette arme ne me servirait pas beaucoup, une fois en vol. Et à terre, comme je vous l’ai dit, il y a des centaines d’armes différentes, qu’on peut utiliser. Pourquoi celle-ci au lieu d’une autre ? Elle peut découper à peu près n’importe quoi, mais sinon… Sérieusement, à part vous en servir pour vous taper dessus, entre Jedi et Sith, parce que c’est plus drôle avec, ça vous ait vraiment utile en combat ? Car ça vous contraint sans cesse à aller au contact direct. Vous n’allez pas renvoyer les tirs d’un bombardement orbital avec un sabre."

Sion resta silencieux, sur le coup, plongeant sans y prendre garde dans un véritable abîme de perplexité. Il ne s’était… Littéralement… Jamais posé la question… Cette arme avait toujours été une véritable extension de son bras, intégrée à toute ses techniques de combat, si bien qu’il ne s’était jamais demandé, pas même une seule fois, s’il devait et pouvait combattre sans. Tous les Jedi et Sith en avaient un. Tous l’utilisaient en combat. Personne n’avait jamais remis ça en question, c’était comme ça et c’est tout ! Il y avait beaucoup d’avantages, en combat, qui contrebalançaient les quelques inconvénients. Mais c’est vrai qu’il y avait des situations où… Et qu’il ne savait pas pourquoi cette arme s’était autant imposée, devenant un symbole aussi puissant et attaché à eux tous. C’était tellement ancré que…

Il ne lui était d’ailleurs jamais venu non plus à l’esprit que d’autres utilisateurs de la Force, n’appartenant à aucun de leurs Ordres, ne se servent pas de ces armes et n’en aient possiblement jamais entendu parler, avant d’arriver dans cette base et ce temps. Les rumeurs sur ce sujet l’avaient déjà profondément perturbé. De un, qu’il existe des types maniant ces pouvoirs sans se soucier des côtés lumineux et obscur, c’était aberrant à ses yeux, de deux, qu’ils le fassent en plus sans avoir aucun lien ni connaissance de toute l’Histoire de la Force dans la galaxie connue, ça l’avait scié. Il finit enfin par bouger un peur, debout et immobile comme un cadavre depuis plusieurs minutes déjà. Elle devait déjà se demander s’il n’était pas perdu à jamais.

"C’est une arme ancestrale et la maîtriser, avec une technique de combat en particulier, fait de vous un adversaire redoutable dans de très nombreuses situations. Ses avantages sont considérables, une fois que vous êtes capable de vous en servir."

Il répondait assez rarement à quelqu’un d’une manière aussi calme, d’ailleurs. Encore une fois, elle lui rappelait Meetra, cette femme avait un certain don d’apaisement.

"Si vous vous retrouvez face à un type armé avec un sabre, qui cherche à avoir votre peau, vous défendre avec vous sauvera la vie," poursuivit-il en montrant son sabre. "Et il y en a plein, aujourd’hui. Ce n’est pas qu’une arme, c’est un symbole. Fabriquée en communion avec la Force. Une extension de soi-même. Tous les sabres sont différents. Vous ne pouvez pas débuter ce chemin et vous arrêtez comme ça, sur le côté ! Tenez, prenez ça et découpez-moi la main avec, vous verrez que ça va très vite et qu’il n’y a pas besoin de forcer."

Il lui fourra son propre sabre entre les mains, en lui disant où l’allumer. Qu’elle essaye, au moins, elle verra bien les avantages ! Ou couper une jambe, peu importe, le résultat sera le même. Tant qu’elle voyait à quel point c’était utile en combat !

Une minute passa… Puis une seconde… Elle agita légèrement la main devant lui, après avoir reposé la bouteille, pour voir si elle pouvait obtenir la moindre réaction. Ouh ouh… ? Il avait bugué ? Son cerveau était tombé en poussière à l’intérieur de sa boîte crânienne ? Il était coincé dans une vision ? Est-ce qu’elle devrait appeler un médecin et… Quoi que, un médecin ne pourra pas faire grand-chose pour soigner un mort-vivant. Mais alors, appeler qui ? Le général était toujours prisonnier de son monde de fantômes, il ne pourra rien faire ! L’agent Nerys ? Elle ne savait pas si elle se trouvait dans la base, en ce moment. Est-ce qu’elle devait tenter un truc elle-même, s’il était coincé dans une vision ? Alors qu’elle commençait tout juste à tenter de méditer, pour ça, il se réveilla tout à coup. Pour lui affirmer qu’un sabre était très utile en combat. Alors, sans doute, mais… Il allait bien ?

"Si vous vous retrouvez face à un type armé avec un sabre, qui cherche à avoir votre peau, vous défendre avec vous sauvera la vie. Et il y en a plein, aujourd’hui. Ce n’est pas qu’une arme, c’est un symbole. Fabriquée en communion avec la Force. Une extension de soi-même. Tous les sabres sont différents. Vous ne pouvez pas débuter ce chemin et vous arrêtez comme ça, sur le côté ! Tenez, prenez ça et découpez-moi la main avec, vous verrez que ça va très vite et qu’il n’y a pas besoin de forcer."

Quoi ?! Elle écaruilla les yeux, alors qu’il lui mettait vivement son sabre dans les mains et lui disait où l’allumer, avant de s’écarter un peu. Non mais ça ne va pas ! Que ça repousse ou non, ce n’était pas le sujet ! A ce compte-là, elle pourrait aussi lui trancher la tête, dans l’espoir qu’un cerveau neuf repousse avec !

"Il n’est pas question que je vous découpe en deux," répliqua-t-elle fermement en lui rendant son arme. "Même si ça repousse ! Je vous rappelle que nous faisons désormais partie de la même unité et que le principe est de s’entraider, entre collègues, certainement pas ça ! L’entraide, la coopération, se protéger les uns les uns les autres, ça vous semble peut-être abstrait, comme concepts, mais c‘est comme ça, à partir de maintenant. Vous trancher un bras, et puis quoi encore ? Vous êtes sûr d’aller bien, au moins ?"

Ce n’est pas qu’elle émettait un très sérieux doute sur sa santé mentale, mais… Bon, peut-être un petit peu. De toute façon, vu son état physique et le peu qu’il avait lâché jusqu’alors, elle ne pouvait que se demander dans quel état psychique il se trouvait réellement ! Pour lui demander ça, déjà… Il était déjà parfaitement capable de s’arracher un bras seul, comme un grand, si c’était son petit plaisir personnel.

"Vous avez toujours été comme ça ou c’est seulement depuis que vous êtes dans cet état, que ça ne vous gêne plus de vous mutiler ? Si ça vous aide à vous sentir vivant, c’est vraiment la pire manière de procéder qui soit. Vous avez le droit d’être autre chose qu’une simple arme, ici, vous le savez ? Et d’avoir des rapports parfaitement normaux avec les autres. Votre époque est loin, vous n’êtes pas obligé de répéter le même mode de vie ici. Vous pouvez en changer entièrement ou revenir à celui que vous aviez plus jeune, aussi. Que faisiez-vous, avant de finir dans cet état ?"

Il n’était pas né comme ça, alors… Il devait bien y avoir eu un moment de sa vie où il ressemblait à un Humain ordinaire, avec une vie ordinaire, ou plus ou moins ordinaire. Pas vrai ?

Roh, mais ce n’était pas grave, ça servira juste à lui montrer qu’un sabre était pratique, efficace et rapide ! Il rangea quand même l’arme à sa ceinture, avec un soupir. Si on ne pouvait même plus faire une simple démonstration ! L’entraide et tout, ouais, d’accord, mais pour le coup, il ne voyait vraiment ce que ça venait faire là-dedans ! Ce n’est pas comme si elle pouvait le tuer simplement avec ça ! Et oui, il allait parfaitement bien ! Après le Jedi douteux, c’était elle qui lui demandait s’il allait bien, c’était perturbant, personne ne lui demandait, normalement. Qu’est-ce que c’était que ces gens qui arrivaient à s’inquiéter au lieu de vouloir juste l’ignorer ou l’enfoncer ? Surtout lorsqu’elle continua… Elle aussi avait dû prendre un sale coup sur la tête, il y a quelques temps, il ne voyait aucune autre explication possible.

"Votre époque est loin, vous n’êtes pas obligé de répéter le même mode de vie ici. Vous pouvez en changer entièrement ou revenir à celui que vous aviez plus jeune, aussi. Que faisiez-vous, avant de finir dans cet état ?"

"Je ne sais pas. J’étais vivant, durant toute une partie de ma vie."

C’est en le disant qu’il réalisa enfin que ça n’avait aucun sens… Que son état actuel, entre la vie et la mort, n’avait aucun sens… Qu’il n’avait, en tant qu’être, aucun sens… Il se frotta un peu la tempe en marmonnant que ce n’était pas ça qu’il avait voulu dire. Enfin, que si, mais dans le sens… Bon, en réalité, il ne savait plus. C’était compliqué ! Il avait même tenté de méditer, une fois ou deux, comme le Jedi barbu bizarre lui avait recommandé avant de partir. La première fois n’avait rien donné. La seconde fois, il avait revu ce type, enfin, lui-même, debout face à lui, planté là à le regarder. La même vision que lorsqu’il dormait. Sion ne savait pas quoi faire de lui, pour être honnête. Il n’avait pas envie de le frapper et en même temps, il ne comprenait pas ce qu’il voulait.

"J’étais un Jedi, c’est tout ce dont je suis sûr," marmonna-t-il en grommelant. "Un chevalier Jedi. Je m’appelais Jacolev Bolhas. J’étais Humain et en vie. C’est notre propre camp qui nous a tué, avec cette déflagration. Et la haine m’a tendu la main. Je les ai traqué, par vengeance et colère, j’en ai tué. Puis c’est avec une Jedi que j’ai accepté de mourir… Et un autre qui m’a tout dit dans ce temps."

Tout cela lui donnait un mélange d’ébahissement et exaspération. Avant de croiser le barbu, il s’était dit qu’aucun autre Jedi ne pouvait être aussi idéaliste… Mais il fallait croire que si. Pourquoi lui raconter tout ça, maintenant, il ne savait pas trop. Mis à part le barbu, il n’avait jamais dévoilé son nom à qui que ce soit, dans cette base. Ça ne les regardait pas ! Elle, c’était différent, elle avait un effet apaisant. Et puis, du répondant. Il l’aimait bien, finalement. Si elle utilisait son vrai nom, ça ne le dérangerait pas comme ça, même si ça serait particulièrement étrange, au début.

"Je ne sais pas. J’étais vivant, durant toute une partie de ma vie."

"Ça semble évident, jusque là."

Elle eut franchement du mal à ravaler son sourire, pour ne pas lui donner l’impression qu’elle se moquait, il avait déjà l’air assez déboussolé et dépité comme cela, inutile d’en rajouter. Surtout avec ce qu’il rajouta ensuite… Un ancien Jedi, ça, c’était le seul point assez évident, mais pour le reste… Elle ne savait trop quoi en penser. D’un côté, elle comprenait très bien qu’avoir fini comme ça à cause d’un tir de son propre camp vous retourne la tête et vous fracasse. Et d’un autre côté, plonger à corps perdu dans la haine ne servait qu’à vous achever, au lieu de vous aider. Sans connaître grand-chose de cette époque, c’était très difficile de s’en faire une idée ou bien se la représenter. Au moins, s’il arrivait à se souvenir de son vrai nom, c’est qu’il restait bel et bien une part de lui, au fond ! Non ? Elle ne savait pas trop, déjà, pourquoi les Sith abandonnaient-ils leur vrai nom ? Si c’était pour se retrouver dans cet état ensuite, blessé mentalement ou encore la mémoire en miettes, ça ne valait pas le coup.

"Si vous parvenez à vous souvenir de votre nom, c’est un bon début," dit-elle avec un petit sourire. "Parfois, la mémoire revient grâce à de petites choses, peu à peu. Je ne vous demande pas de redevenir absolument un Jedi, par contre, vous pouvez retrouver un meilleur équilibre."

Il pourrait très bien rester un soldat, utiliser ses propres méthodes en combat, dans une guerre, ça ne gênera pas grand-monde, tant qu’il apprenait à se contenir dans les situations dites tranquilles. Mais s’il n’avait pas envie non plus d’être de nouveau Jedi, quelle importance. Qui sait ce que ça pourra donner, avec le temps ! De toute façon, c’était encore loin d’être la priorité. Avant toute chose, il devait apprendre à manger normalement, maîtriser les relations sociales et ainsi de suite. Elle lui proposa ensuite de s’asseoir, plutôt que rester là, plantés au milieu de la salle. Toute la volonté du monde ne parvenait pas encore à effacer définitivement les effets du coma et de l’empoisonnement. Normal, selon le docteur en chef, mais très agaçant. Inari, toujours peu rassuré, la suivit de près, se glissant entre ses mollets une fois qu’elle fut assise.

"Votre nom est tout ce dont vous vous souvenez ou vous avez d’autres choses ? Des flashs, des brides de souvenirs ?"

Elle se disait qu’en le faisant parler, ça allait continuer à le calmer et qu’au final, il arrivera à se comporter, disons… Comme le ferait une personne normale ? Après tout, ça semblait marcher, depuis tout à l’heure, elle voyait bien qu’il s’était un petit peu détendu.

"Si vous parvenez à vous souvenir de votre nom, c’est un bon début, Parfois, la mémoire revient grâce à de petites choses, peu à peu. Je ne vous demande pas de redevenir absolument un Jedi, par contre, vous pouvez retrouver un meilleur équilibre."

"Mouais."

Il haussa les épaules, en rangeant son sabre à la ceinture, puisqu’elle n’avait pas envie de tester une vraie arme. Puis suivit quand même, quand elle proposa d’aller s’asseoir. Retrouver un équilibre, pfft, au point où il en était, il ne voyait pas en quoi ça pourrait bien lui servir. Il ne savait même plus s’il était toujours un Sith, beaucoup trop de bouleversements en trop peu de temps ! Elle lui demanda s’il se souvenait d’autre chose, juste après, installée dos contre le mur et son renard bizarre posé contre ses jambes. Il commença par marmonner une réponse inintelligible, avant de redevenir silencieux, l’espace d’un instant. C’était toujours la même chose, en boucle, encore et encore, la nuit comme le jour. Au point de se sentir suivi par un fantôme.

"Je vois toujours la même chose," marmonna-t-il enfin en se frottant la tête. "Je me vois… Je vois celui que j’étais, plutôt. Il revient tout le temps, quand je dors ou que j’essaye de méditer. Il me fixe, debout, un sabre bleu à la main. Je ne comprends pas pourquoi. Avant, il ne parlait pas, il restait là, sans rien dire. Puis il a commencé à me parler…"

Simple illusion, mauvais tour de la Force, hallucination… Toujours est-il qu’il n’arrivait pas à s’en débarrasser ! C’était encore pire depuis que ce fantôme avait commencé à lui parler. Il en frissonnait juste à y penser, ça lui faisait horreur… Sion ne lui avait encore jamais répondu, il ne comptait pas parler à un délire ou une illusion. Surtout quand il entendait, parfois, la voix de ce fantôme près de son oreille ou dans son dos, un bref murmure, alors qu’il ne le distinguait pas. Hors de question de creuser ! Il n’arrivait pas à intégrer que ce fantôme, c’était lui-même, c’était ce qu’il avait été, dans un passé lointain. Il le repoussait comme un étranger, une tare, finalement, refusant d’interagir avec lui, même si l’illusion persistait. Ça lui faisait peur. La possibilité de souffrir d’un trouble de l’identité ne lui venait pas en tête non plus.

"Il me parle," répéta-t-il. "Il me dit que nous sommes qu’un seul être. Parfois, il parle de cet endroit. Ou du passé. Il me dit qu’il a eu très mal. Je ne sais pas, j’essaye de ne pas l’écouter et je ne lui réponds pas. Il ne veut pas partir."

"Je vois toujours la même chose. Je me vois… Je vois celui que j’étais, plutôt. Il revient tout le temps, quand je dors ou que j’essaye de méditer. Il me fixe, debout, un sabre bleu à la main. Je ne comprends pas pourquoi. Avant, il ne parlait pas, il restait là, sans rien dire. Puis il a commencé à me parler…"

"Tout le temps… ?"

Ce n’était vraiment la réponse à laquelle elle s’était attendue… Donc, si elle comprenait bien, il était hanté par lui-même ? Par le souvenir de qui il avait été ? Quand même ! Est-ce que les psychiatres de la base avaient déjà eu affaire à un cas pareil ou serait-ce une première ? Il rajouta quelques détails, sur ce que cette vision lui disait. D’accord… Hum… Que répondre à ça… C’est qu’elle n’était pas du tout psychologue… Et n’était pas certaine non plus que ce genre de trouble soit très répandu. Elle avait souvent entendu dire que la plupart des Sith étaient cinglés, mais quand même, à ce point-là ! Était-ce leur mode de vie particulier qui les rendait plus sensible à chopper ce genre de maladie mentale ou bien était-ce dû à une trop longue série de traumatismes ? Elle pataugeait complètement, en cherchant quoi dire… La psychologie de comptoir, ça n’avait jamais été son truc… Encore moins essayer d’interpréter ce type de vision… Avec ça, depuis qu’elle savait que certaines hallucinations pouvaient se produire à cause de leur paras… Enfin, de la Force, ça lui donnait encore moins confiance, quand elle entendait des trucs pareils.

"Peut-être que c’est un… Heu… Un moyen qu’à votre esprit d’exprimer ce que vous avez ressenti à l’époque et l’accepter ? D’accepter votre passé ? Après tout, oui, si ce type, c’est vous, il ne disparaîtra pas. Ça me semble plus sain de le prendre en compte."

Ça se voyait, qu’elle ramait complètement ou… ? Elle n’était pas psychologue ! Et elle imaginait déjà la réaction du psychiatre en chef de la base, lorsque Sion allait se présenter devant lui. Un zombie moitié mort, moitié vivant, pulvérisé littéralement dans sa jeunesse, qui avait passé des années comme un mort qui marche, avant de mourir une seconde fois alors qu’il était déjà mort, puis revenir par une faille dans ce temps en déclarant qu’il entendait une voix et était hanté par son lui du passé. C’était un coup à ce que le psychiatre lui-même ait besoin d’un de ses collègues, après ça. Elle ne put s’empêcher de sourire, en imaginant la scène. A côté, même le général semblait se porter comme un charme.

"Essayez de lui répondre ? Si jamais c’est une illusion de la Force… Quand vous méditez, si vous lui répondez, peut-être que ça débloquera quelque chose. On ne sait jamais. Et si ça ne fonctionne pas, vous pouvez aussi tenter d’engager une thérapie avec quelqu’un."

"Peut-être que c’est un… Heu… Un moyen qu’à votre esprit d’exprimer ce que vous avez ressenti à l’époque et l’accepter ? D’accepter votre passé ? Après tout, oui, si ce type, c’est vous, il ne disparaîtra pas. Ça me semble plus sain de le prendre en compte. Essayez de lui répondre ? Si jamais c’est une illusion de la Force… Quand vous méditez, si vous lui répondez, peut-être que ça débloquera quelque chose. On ne sait jamais. Et si ça ne fonctionne pas, vous pouvez aussi tenter d’engager une thérapie avec quelqu’un."

Une thérapie, pfft… Il se laissa tomber contre le mur derrière, croisa étroitement les bras, les jambes, ferma les yeux, arrêta de respirer par réflexe puis se laissa plonger dans ce si habituel océan de colère, de frustration intense, de douleur extrême et d’amertume rongeant son âme. Emporté par les tumultes de la Force, sans forcer. Sans tarder à voir de nouveau, face à lui, Jacolev. Sion resta d’abord immobile, comme à son habitude, en le regardant. Un petit manège qui dura quelques minutes, avant que son fantôme personnel ne bouge et vienne s’asseoir à côté de lui, en tailleur aussi, son sabre entre ses mains. Il commença ensuite à discuter, en lui disant qu’il aidait. Sion haussa les épaules et bougea enfin. Pour prendre entre ses mains la tête du jeune et la tourner vers lui.

Il l’examina avec une grande attention, les yeux plissés et une moue aux lèvres, en lui faisant tourner la tête à gauche ou à droite, vers le bas puis le haut, ses doigts déchiquetés enfoncés dans les joues encore rondes de ce gamin. Son fantôme n’essayait pas de se débattre, se tenant aussi droit qu’il le pouvait. Penché à mort sur lui, Sion lui examina aussi les yeux, d’un gris clair, très attentivement. C’est très curieux, il les avait normaux. Il se releva brusquement, saisit son homologue par les bras pour le relever aussi, puis le regarda de bas en haut, l’air soupçonneux. C’était lui, ça ?! Comme si son double en avait assez de se faire balader, il lui demanda d’une voix lourde ce qu’il attendait, au juste. Avant de faire quoi ? Sion ne comprit pas la question. Et ne relâcha pas non plus.

"Tu es moi ?"

"Tu es moi."

"Ça n’a aucun sens."

"Ce qui n’a aucun sens, c’est ce que tu es devenu."

"De quoi j’me m’occupe ?!"

"Tu n’es pas réel."

"C’est toi qui ne l’es pas, tu es une illusion !"

"Je suis vivant, tu ne l’es plus."

"C’est faux ! Je respi… Je sais comment respirer s’il le faut !"

"Tu veux me tuer ?"

"Non."

Il cligna un peu des yeux, sans savoir quoi dire de plus. Non, il n’avait pas envie de le tuer. Mais il ne savait pas quoi faire de lui non plus. Il le tenait avec force, à un point qui aurait blessé n’importe qui, dans la réalité. Mais il ne savait pas quoi en faire. A force, il ne savait plus lequel d’eux deux était la véritable fraude ! Il pencha doucement la tête, sur le côté, son double fit de même, dans une parfaite imitation. Même chose dans l’autre sens. Sion le relâcha enfin, puis face à lui, initia une série de gestes. Tous imités. Il leva la main, bien à plat, celle de son fantôme s’y colla, encore à la perfection. C’était si perturbant. L’illusion se brisa tout à coup, juste au moment où il saisissait brusquement cette main. Il se retrouva dans la même position, le souffle toujours coupé, dans la salle.

Il y avait un peu plus de monde, dont sa collègue, à s’entraîner. Sion se laissa aller à respirer, puis il regarda sa main. En y sentant comme un picotement. C’était… Une drôle d’expérience…

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9 + lumière

Et voilà qu’il recommençait à buguer… Les yeux fermés, devenu complètement immobile, bras croisés, il arrêta même de respirer ! Même si elle savait déjà qu’il pouvait faire ça, d’autres l’avaient déjà vu aller se promener dehors sans masque à oxygène, le voir en vrai était très… Comment dire… Très perturbant… Elle se pencha, sourcils froncés, pour être bien sûre, puis agita la main devant son visage, claqua des doigts, essaya de l’appeler. Le tout sans succès. Il méditait ou bien des fils s’étaient encore débranchés, dans ce qu’il lui restait de cerveau ? Même Inari vint mordiller et tirer sur le tissu du pantalon, sans plus de réactions. Ah, bon sang, personne ne lui avait appris, chez les Jedi, comment on était censé réagir avec un cadavre ambulant… Peut-être qu’il arriverait mieux à dormir dans la morgue, tiens. Bon, ben… Autant le laisser comme ça, pour l’instant. Elle retourna s’entraîner, en essayant d’oublier qu’il y avait un mort-vivant immobile dans la même pièce. Quoi de plus normal, après tout… A quel moment sa vie avait-elle dérapé à ce point, pour se retrouver dans une situation pareille…

Quelques autres collègues arrivèrent au fut et à mesure, pour s’exercer aussi. Apsara dû se résoudre, à chaque entrée, de leur expliquer brièvement la situation et leur dire de ne pas faire attention au mort-vivant assis sur son banc. Que non, il n’était pas mort… Enfin, pas entièrement mort, disons, plutôt… Il était mort à 50% ? Discuter et s’entraîner avec des gens bien vivants lui changea vite les idées, en retrouvant une ambiance bien plus ordinaire. Ce n’est que bien après que le cadavre recommença à réagir et respirer, en surprenant plus d’un. Ah tiens, son cerveau s’était reconnecté. Elle ne le poussa pas ) venir s’entraîner avec eux, de crainte qu’il ne retombe comme une lourde masse au milieu de la salle, en voulant juste méditer. Peut-être que cela ira mieux, avec le temps, qu’il allait sociabiliser… En attendant, elle espérait qu’il arrive à se comporter normalement, lorsqu’il partira pour une mission ou une autre. A moins qu’il ne parte avec le général Skywalker… Dans ce cas-là, tous les autres les accompagnant devront s’efforcer de ne plus s’étonner de rien.