Partons en quête

« Cette planète a toujours été en sale temps… Les derniers événements ont rendu cela impressionnant. »

« Il reste un groupe de survivants, ou de locaux, selon les éclaireurs, » indiqua le technicien rebelle en pointant l’écran du doigt. « Non loin de la zone de crash. Ils n’ont rien trouvé, dans le vaisseau détruit, mis à part les restes du corps du pilote… Un pillage y a été mené, la pluie corrosive a achevé le reste. »

« A quelle espèce appartiennent ces gens ? »

« Impossible encore de le savoir. »

« Ce n’est pas grave, on va aller leur dire bonjour, » glissa-t-il d’un ton léger en se redressant, puis en se tournant vers Atris. «Si vous êtes prête, maître Atris, allons-y. »

Certains rebelles s’étaient permis des remarques déplacées, à son encontre, sur le fait qu’une femme enceinte de cinq mois participe à une mission de ce type. Il n’en avait rien dit, bien entendu, la laissant les remettre à leur place. Chacun menait sa vie comme il le désirait, qui étaient-ils, pour se permettre de telles réflexions ? Durant son propre temps, cette situation était survenue, de temps à autre. Certes, arrivées à un stade avancée, ces femmes ne partaient plus en mission sur de longues semaines, afin de se reposer. Mais cette dame n’en était pas encore à ce stade, de plus, étant donné qu’il s’agissait de sa Padawan, il comprenait parfaitement qu’elle participe à cette mission. Peut-être certains Jedi de ce temps ou d’époques passées s’en insurgeaient, s’ils n’en avaient pas l’habitude, qui sait. Équipés et protégés, ils descendirent à leur tour, pour rejoindre la patrouille déjà sur place et se diriger vers le campement de base repérée.

Les lieux, souterrains, étaient « gardés » par un homme ivre, un Twi’lek, qui les salua d’un coup de son verre, en bafouillant. Mmh. En s’enfonçant dans ces tunnels, avec prudence, ils tombèrent sur un véritable capharnaüm. Une large pièce enterrée, encombrée de divers déchets en tous genres, où des humanoïdes menaient une fête endiablée. Une scène à laquelle il ne se serait certainement pas attendu, dans un tel contexte et sur un tel monde. Ils restèrent un instant sur le pas de la porte, plutôt stupéfaits. Ces êtres humanoïdes possédaient de grands yeux noirs profondes, un crâne chauve, imposant et d’une pâleur extrême. Il reconnut assez vite leur espèce, il s’agissait de Kalachis, un peuple venu du fin fond des régions inconnues, géographiquement très proche des Yuuzhan Vong. Mais les deux peuples ne s’étaient jamais croisés, à sa connaissance. Il fut encore plus surpris de les trouver ici, aussi loin de leur monde natal, en train de fêter il ne savait quoi sur un monde décharge. Il fit signe aux rebelles de baisser leurs armes, puis s’approcha d’un des fêtards.

« Alen’kpar, » dit-il doucement, avec le salut approprié.

Il possédait des bases, dans leur langue, bien qu’il ne possède pas un niveau exceptionnel. Plutôt moyen, voire faible, si cela partait dans des conversations compliquées. Au moins, cela eut le mérite d’attirer l’attention de cet être. Soûl, comme les autres, malgré tout surpris de voir débarquer autant d’étrangers d’un seul coup et parlant leur langue natale. Il rassembla ses souvenirs pour lui demander, dans leur langue, pourquoi ils se trouvaient ici, ce qu’ils pouvaient bien fêter… Ce peuple était d’ordinaire plutôt agressif, d’après ses souvenirs.

Dés : Reconnaître l’espèce, réussite. Maîtrise de leur langue, 8.

Spoiler:

Ce monde lui était complètement inconnu été était dans un état… Catastrophique. Répugnant ! Comment des personnes pouvaient-ils poursuivre leur existence ici, ne pas chercher à en partir ? Au milieu de tous les autres, le vaisseau rebelle crashé n’était qu’à peine reconnaissable, déjà désossé, rongé par les pluies acides brûlant la planète en rafale. En voyant l’importance du crash, elle se dit que son apprentie avait déjà eu de la chance de s’en sortir vivante, après un coup pareil. Du moins, ils pensaient qu’elle était vivante, puisque son corps n’avait pas été retrouvée. Il y avait intérêt à ce qu’elle soit simplement perdue, en voulant quitter ce monde, que personne ne l’ait enlevée ou… Bref, que personne n’ait eu l’audace de toucher à un seul de ses cheveux… Ils arrivèrent devant l’entrée des tunnels, repérée plus tôt, pour tomber tout d’abord sur un twi’lek ivre mort, incapable de leur parler et sans doute encore moins de noter de manière fiable leur présence. Tss… De tous les vices, celui-là était le pire, à ses yeux. Enfin, peu importe, ce type ne l’intéressait absolument pas.

Plus loin, dans les tunnels, ce fut une nouvelle scène… Complètement improbable, qui les attendit. Une fête, avec une espèce alien inconnue, du moins, pour elle et les rebelles. Nat, de son côté, semblait les connaître et pris très vite l’initiative de les saluer dans leur langue. Le type parut surtout surpris de voir quelqu’un s’adresser à lui, comme si c’était exceptionnel, poussant Atris à se demander d’où il pouvait bien venir, si c’était si loin. Il ne lui semblait pas avoir déjà vu cette espèce, ou au moins une description, dans les archives du Temple, de son temps ou même aujourd’hui. Elle avait beau fouiller sa mémoire, rien ne lui revenait. Pas plus que la langue employée par Skywalker… Lui-même était né dans la Bordure Extérieure, selon Luke, mais il avait ensuite travaillé et vécu dans les Régions Inconnues. C’est là-bas qu’il aurait pu rencontrer ce peuple-là ? Étant la dernière trace de vie détectée sur ce monde, peu importe d’où ils venaient, ils avaient intérêt à n’y être pour rien, dans la disparition de son élève…

"Vous pouvez lui demander s’il a vu Shoey, ou au moins le crash, s’il sait ce qui lui est arrivée ?"

S’il voulait rester encore un peu, discuter avec eux, de son côté, soit. Elle voulait juste avoir l’information, le plus vite possible, puis partir préparer la suite de l’expédition. Et chercher d’autres pistes. Bref, se dépêcher !

Avec indics MJ
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« Vous pouvez lui demander s’il a vu Shoey, ou au moins le crash, s’il sait ce qui lui est arrivée ? »

Il traduisit la question, rassemblant ses connaissances pour être sûr d’adopter une syntaxe correcte, ou du moins, acceptable et compréhensible. Cette demande-là était plus pressante que ses autres interrogations et ils avaient peu de temps à perdre, donc si son interlocuteur acceptait d’y répondre en premier lieu… Las, le type eut comme un moment d’hébétude, puis recula vivement, avant de cracher dans leur direction. Puis d’alerter brusquement les autres sur l’arrivée de ces intrus. Nat soupira légèrement, en levant les yeux au ciel, son sabre glissant dans sa main, alors qu’il l’activait. La lame jaune brilla dans cette grotte tamisée, tandis que ses doigts se refermaient avec habitude sur la poignée métallique, patinée par le temps. Effectivement, ce peuple-là n’avait guère changé… Si ce n’est ce temps de latence avant qu’ils n’expriment leur habituelle agressivité.

« Permettez, madame ? » demanda-t-il poliment à Atris.

Lorsqu’il était possible de l’éviter, ils laissaient les futures mères patienter en marge des combats. Une bataille qui, par ailleurs, ne fit guère long feu et ce malgré le nombre face à lui. Dès lors que l’attaque était lancée, Nat ne faisait guère de sentiments, ayant appris il y a fort longtemps qu’il valait mieux ne pas se montrer naïf, face à ce genre de peuples. Il prit malgré tout le soin d’en assommer quelques uns, ils en avaient toujours besoin. Pour ceux-là, en particulier, montrer sa propre force suffisait à imposer un certain respect, ils n’avaient cure des faibles. Le premier prisonnier conservé ne savait rien. Le second bafouilla qu’il ne dira rien puis changea très vite d’avis en ayant la pointe du sabre à quelques millimètres de son œil. Il grogna qu’ils avaient vu le vaisseau se crasher, un « espoir » pour eux, car il devait y avoir des victimes.

« Pour les dévorer ? » demanda-t-il dans leur langue natale.

« Non ! Pour libérer. Nous libérer. Livrer des victimes nous a libéré. »

« Qui a bien pu réussir à vous capturer et vendre ? » grommela Nat en haussant les sourcils, surpris.

« Les Flyx et Yahr... Alliés, ils sont devenus alliés, leur flotte est puissante. Très puissante. »

« Évite de te payer ma tête, » grogna Nat, exaspéré. « Ces peuples se haïssent depuis la nuit des temps, jamais ils ne noueraient une alliance, encore moins militaire. »

Leur prisonnier s’agita encore plus en hurlant qu’il disait la vérité. Durant ce temps, Nat se redressa un peu et traduisit cet échange en Basic, à l’attention des rebelles et de maître Atris. Il reporta ensuite son attention sur le prisonnier, le menaçant et lui ordonnant de révéler où la gamine avait pu être emmenée. La peur de ses commanditaires était visiblement très tenace, malgré ce qui s’était passé… Il laissa Atris le « convaincre » plus fortement, en fouillant dans son esprit, le contraindre à parler. Jusqu’à lui arracher la localisation d’une base, dans la Bordure Extérieure. Nat fut à la fois surpris et soulagé que cette affaire-là ne les mène pas directement dans le Chaos. Bien qu’il comptait s’y rendre, une fois cette affaire-là achevée.

Il n’acheva pas les prisonniers, il fut plutôt temps de quitter les lieux et retourner dans la navette, puis dans l’abri du vaisseau, en orbite du monde décharge. C’est là qu’ils vérifièrent les informations disponibles sur la planète visée. Une petite lune d’un monde appartenant aux Hutts, au cœur de leur territoire. Un détail qui semblait mettre mal à l’aise les rebelles les accompagnant. L’Alliance évitait toute confrontation directe avec le Cartel des Hutts et ne se rendaient pas sur les mondes leur appartenant.

« Qu’importe, nous partirons avec la navette, » déclara-t-il sans prendre la peine de tenter de les convaincre. « Il n’y a pas de temps à perdre. »

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Jet de combat : 1. Les rebelles vont-ils accompagner, 14.

Avec indics de Nat
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Cet homme était poli, tout en restant froid et distant. Atris préférait de très loin cette attitude à celle qu’avaient adopté les Rebelles, depuis leur départ, c’est pourquoi elle s’écarta tranquillement, sans un mot, alors qu’il se lançait dans le combat. Patientant sans une once d’inquiétude, puisqu’elle ne remettait pas ses compétences d’ancien maître Jedi en cause. Seule la couleur du sabre la fit légèrement tiquer, s’étant attendue à tout autre chose. Pensive, elle observa le bref combat, les bras croisés, jusqu’à ce qu’il soit temps pour eux d’interroger plus sérieusement les survivants. Dommage de devoir en arriver là, mais soit, elle n’était pas d’humeur à patienter longtemps et fut ravie de constater que Skywalker non plus, étant donné son attitude. Ces sales types avaient vu le crash, mais qu’avaient-ils faits ensuite ! Entendre qu’ils avaient été des esclaves ne parvint pas à l’émouvoir, surtout lorsque Nat leur indiqua que Shoey avait été vendue, dans l’affaire. D’autres têtes allaient voler, très bientôt.

Le temps passant et le prisonnier redevenant moins coopératif, Atris s’avança, de plus en plus exaspérée, pour user à son tour de méthodes plus persuasives. Ils n’avaient pas le temps pour la douceur et purent enfin lui arracher un nom. Parfait. Les laissant sur place et retournant sur le vaisseau, les Rebelles lancèrent une recherche, pour en apprendre plus. L’Espace Hutt, donc, très bien. Une main appuyée contre le rebord de la console, elle mémorisa la carte affichée, puis les informations disponibles sur cette fameuse Lune. Un groupe ayant à la fois la capacité de trouver des esclaves dans des régions aussi lointaines et de s’installer comme bon leur semble dans l’espace Hutt, ça ne disait rien qui vaille… Malgré tout, ce fut seulement l’idée de se confronter au cartel qui gênait leurs alliés du jour. L’Alliance évitait tout combat ou rencontre  avec lui, semble-t-il. Peu importe, oui… Ils se préparèrent pour partir seuls, avec la petite navette, laissant les rebelles récupérer ce qu’ils pouvaient encore de leur vaisseau crashé.

Direction la Bordure Médiane… Cette affaire s’étalait sensiblement… Alors qu’ils partaient, elle interrogea Nat sur ce peuple, du monde décharge, pour en savoir plus sur leurs origines et leurs méthodes. Ainsi que sur les autres, mentionnés au cours de la conversation. Les Régions Inconnues portaient très bien leur nom, tout ce qu’ils entendaient, ces derniers temps, sur eux était nouveau et étrange. C’est aussi là qu’il lui apprit y avoir beaucoup travaillé et voyagé, bien qu’il n’y était pas né et n’y avait pas grandi. Curieux choix, pour quelqu’un venant de la Bordure Extérieure. Skywalker précisa ensuite que les Régions qu’il avait arpenté à son époque étaient plus pacifiées qu’aujourd’hui, car de gros peuples agressifs avaient disparu et qu’un autre, encore pire, s’était énormément apaisé. Ce n’était évidemment pas encore des régions sûres mais il y avait eu du progrès. Enfin une vision moins alarmiste, pour l’avenir, ça changeait.

"Lequel de ces peuples pourrait potentiellement collaborer avec les Hutts ? Aviez-vous entendu parler de ce genre d’alliance, dans votre temps ?"

Le capitaine les suivit jusqu’au sas, en insistant sur le fait que ce n’était pas prudent, qu’ils devaient tous être prudents avec l’Espace Hutt et qu’il était impensable de se lancer quasiment seuls sur de tels mondes, qu’ils ne pourront sans doute pas recevoir de renforts, que c’était de la folie. Nat ne répondit rien, lui refermant le sas sous le nez, avant d’aller s’installer au poste de pilotage, avec sa consœur. Aucun d’eux deux n’affirmait que c’était une idée intelligente ou peu risquée, ils devaient le faire, rien de plus, rien de moins. La navette se détacha une fois de plus et en douceur du vaisseau, avant de partir en douceur. Juste le temps de régler les commandes, rentrer les coordonnées et filer en hyperespace. Les Hutts, un peuple qu’il n’avait eu que très rarement l’occasion de côtoyer, cela changera.

Maître Atris l’interrogea sur les peuples évoqués plus tôt, à ce moment-là. Il lui en parla dans les grandes lignes, la manière dont il les avait rencontré, leurs us et coutumes, sans pénétrer dans les détails, ainsi que leur lieu de vie. Il évoqua également le Chaos, quelques autres mondes où il avait pu travailler… Bien que ce n’était pas encore un endroit où il faisait bon vivre, par rapport aux autres espaces, il jugeait son époque plus agréable que celle-ci ou d’autres passées. Il y avait eu tellement de guerres, de conflits divers, d’échanges diplomatiques, commerciaux, militaires et on en passait. Malheureusement, le Chaos ne sera jamais réellement pacifiée et ses routes demeuraient très instables. Les guerres n’y cessaient jamais. Cela dit, les Vong avaient eu le mérite de se calmer.

« Lequel de ces peuples pourrait potentiellement collaborer avec les Hutts ? Aviez-vous entendu parler de ce genre d’alliance, dans votre temps ? »

« Aucun d’entre eux, » marmonna-t-il d’un ton sombre. « Pour résumer grossièrement, moins d’un tiers des peuples acceptent des échanges commerciaux avec l’espace inférieur, voire diplomatiques. L’Ascendance Chiss est la seule à avoir poussé plus loin en ayant également une alliance politique, avec l’Empire Fel. Mais ces régions restent instables et dangereuses, dans leur majorité, sans compter que les routes ne sont pas devenues plus stables par magie. C’est d’ailleurs bien ce qui m’interroge le plus, cette époque-ci est moins propice que la mienne à des échanges plus poussés. Les nations citées étaient encore en guerre, d’où je viens, et ce depuis leurs créations même. En étant alliés, ils ont la puissance nécessaire pour créer à leur tour un Empire. Cela pourrait bouleverser toute la géopolitique actuelle du Chaos. »

Ils auraient de quoi rivaliser avec l’Ascendance, par exemple. Et avec… Mmh… Il fut un très rapide calcul mental, concluant que l’Empire Fel ne devait pas encore être créé. Mais ce n’était qu’une question de temps, si l’amiral était déjà reparti se perdre là-bas. Plus tôt que prévu, d’ailleurs, ce n’était pas plus mal, dans un tel contexte.

« Une fois votre apprentie récupérée, je m’y rendrais, » ajouta-t-il en passant d’un geste sec en pilotage automatique. « Il y a des zones où nous n’aurons pas besoin de nous en soucier, les Chiss et les FID vont s’en démerder seuls. Je m’inquiète plus de savoir quelles autres nations commencent à développer des liens surprises. »

Mmh, tout ça la rassurait encore moins… Elle ne se souvenait plus vraiment de ce qu’était cette Ascendance, cela dit, ça n’avait pas tant d’importance que cela, à l’heure actuelle. Pas plus que l’Empire Fel, non créé dans ce temps. C’était le restant qui l’interrogeait bien plus. Les alliances et échanges, cela arrivait sans cesse, ce n’était pas le problème, seule la soudaineté de cette alliance posait question. Pour stopper une telle guerre en si peu de temps, aucun moyen ordinaire n’y suffisait, aucune diplomatie, il fallait user d’outils plus radicaux. Une fois de plus, le nom d’un potentiel responsable revint flotter en tête… Enfin, « potentiel », elle serait surtout surprise qu’il ne le soit pas, en réalité. A moins que les Régions Inconnues ne cachent un seconde monstre du même type ! Renfoncée dans le siège, une main posée contre son ventre arrondi, elle repoussa comme elle put l’envie d’aller là-bas. Pour l’enfant qu’elle portait, ça serait dangereux…

"Une fois votre apprentie récupérée, je m’y rendrais. Il y a des zones où nous n’aurons pas besoin de nous en soucier, les Chiss et les FID vont s’en démerder seuls. Je m’inquiète plus de savoir quelles autres nations commencent à développer des liens surprises."

"Seul ?" grinça-t-elle avec un soupir. "Puisque vous avez l’air d’avoir confiance en les FID, tentez de partir avec eux."

Pour le peu qu’elle avait entendu sur cet endroit, s’y rendre seul lui semblait particulièrement stupide et dangereux. Mais bref, à lui de voir. En attendant, elle se leva, lui dit qu’elle allait méditer, puis repartit vers l’arrière du vaisseau. Se calmer, s’entraîner et méditer, tout au long du trajet, n’allait pas lui faire du mal… La situation était très agaçante et elle savait devoir travailler là-dessus. Les heures suivantes furent entièrement consacrées à cela, seule dans une petite cabine, suivie de son entraînement habituel. Jusqu’à ce que son état physique ne rappelle à la réalité et force à cesser. Même si on ventre la tiraillait, elle se sentait plus apaisée. C’est là qu’une idée de prénom lui vint en tête, enfin, sans vraiment y réfléchir. Un prénom court et simple, qui pourrait convenir à une petite fille. En ressortant, pensive, elle croisa Nat, occupé à farfouiller elle ne savait quoi dans le tableau électrique. Le vaisseau était si vieux qu’il ne devrait pas avoir de mal à dénicher des trucs à réparer.

"Dans votre époque, habituellement, les Jedi ont des enfants ou ce n’est que votre famille qui continue d’en faire malgré tout ?"

Elle avait besoin de savoir qui avait brisé cette règle-là, exactement… Pourquoi ça ne choquait pas plus de monde, dans ce temps. Même sa propre apprentie n’avait quasiment rien dit, alors qu’elle venait pourtant du passé. Ce n’était absolument pas normal.

Il haussa légèrement les épaules. Il est vrai qu’aller là-bas seul n’était pas le plus simple, cependant, il ne pensait pas que les Rebelles accepteront d’envoyer la moindre escadre, alors qu’ils rechignaient déjà à se promener chez les Hutts ou sur le territoire de diverses mafias, afin de ne pas envenimer un conflit déjà trop important. S’allier aux FID pour une telle mission, il n’y avait tout simplement pas songé. Les organisations militaires avaient une logistique propre et Nat voyait mal comment s’y intégrer aussi simplement. De plus, outre le fait que leurs méthodes mutuelles les pousseraient à se gêner mutuellement, il n’avait pas non plus de raison de se plier aux ordres d’un chef pour qui il ne travaillait pas et donc n’avait aucune allégeance hiérarchique. Par ailleurs, ignorant si les FID avaient l’habitude ou non de travailler avec des Jedi ou divers sensitifs, il ne désirait pas les tester sur une affaire aussi grave que celle-ci.

Sa consœur partir sur ces entrefaites, mener ses propres affaires. Lui-même demeura un long moment à son poste, méditant sur cette histoire… Puis, afin de s’occuper les mains autant que l’esprit, se leva à son tour et fit une inspection du vaisseau. Trouvant les réparations d’urgence à effectuer, pouvant l’être sur la durée de leur voyage. Pour lui, travailler était une excellente manière de méditer, il détestait simplement rester assis ou allongé, durant ce temps. Il pensait que la jeune femme allait tenir, jusqu’à leur arrivée. A son âge, venant de cette époque, elle avait dû suivre un entraînement assez conséquent, lui permettant de résister. Les jeunes Padawans n’étaient pas fragiles, pas après tout ce qu’ils avaient suivi et vécu. Leur résistance pouvait être étonnante, une fois qu’on les confrontait à l’épreuve. Ce type d’histoire n’en était qu’une de plus.

Il travaillait sur des connecteurs électriques usés, lorsque la maître revint le rejoindre. L’air plus tiré et fatigué.Il y avait un recoin où s’asseoir, si le cœur lui en dit. Il était assis sur un tabouret en métal, des fils électriques sur les genoux, l’un d’eux dans la main, une pince dans l’autre.

« Dans votre époque, habituellement, les Jedi ont des enfants ou ce n’est que votre famille qui continue d’en faire malgré tout ? »

« Cela arrive régulièrement, » dit-il d’un ton tranquille tout en dénudant avec soin le fil. « Bien que les familles nombreuses étaient extrêmement rares, certains couples décidaient d’avoir un enfant, qu’ils élevaient au Temple. Fonder ou non n’a jamais été un sujet officiel de discussion. En refondant l’Ordre, dans ma ligne de temps, Luke avait eu un fils et les autres Jedi étaient partis du principe que ça ne devrait déranger personne. Il n’y avait pas lieu d’en parler, comme s’il s’agissait d’un sujet essentiel, car la manière de vivre et éduquer sur ces questions était radicalement différente de celle passée. »

La fin de la guerre contre cet Empire, la lente refonte de l’Ordre et l’inclusion de personnes ayant connu des parcours de vie très divers avaient eu des effets considérables, sur la façon d’aborder de telles questions. Le résultat n’avait rien d’étonnant. Il comprenait, cependant, le raidissement de sa consœur sur ce sujet et qu’elle puisse se retrouver en conflit personnel, en se retrouvant dans cet état. Le changement était toujours douloureux.

« Votre enfant n’a pas été désirée, je suppose ? »

Son attitude générale l’incitait à penser à une agression. Cela dit, il pouvait se tromper, bien entendu… Il restait simple de reconnaître les signes indiquant qu’une femme vivait mal sa grossesse, en-dehors des désagréments connus et normaux de cette dernière.

"Cela arrive régulièrement. Bien que les familles nombreuses étaient extrêmement rares, certains couples décidaient d’avoir un enfant, qu’ils élevaient au Temple. Fonder ou non n’a jamais été un sujet officiel de discussion. En refondant l’Ordre, dans ma ligne de temps, Luke avait eu un fils et les autres Jedi étaient partis du principe que ça ne devrait déranger personne. Il n’y avait pas lieu d’en parler, comme s’il s’agissait d’un sujet essentiel, car la manière de vivre et éduquer sur ces questions était radicalement différente de celle passée."

La Jedi réalisait doucement que celui à qui elle avait demandé en premier lieu s’il acceptait de s’occuper de sa fille était justement celui qui avait officiellement fait voler en éclats la règle pour laquelle Atris avait elle-même milité pour l’installer durablement, sur la question du mariage et des enfants. Très bien, très bien… La Force devait tout simplement avoir décidé de se payer sa tête… Tout va bien… Elle s’assit doucement sur une marche enfoncée dans la paroi, les jambes coupées, tout à coup. Voilà pourquoi il avait accepté si facilement… Bon sang… Il faudra au moins qu’elle s’assure que Shoey, une fois récupérée, ne soit pas trop influencée par ce genre de choses, qu’elle reste concentrée sur sa voie , prompte à réagir. Si elle suivait les idées de Luke, qu’au moins, ça ne lui monte pas à la tête et ne la perturbe pas dans son entraînement. Le danger était là ! Ils ne pouvaient plus arrêter les relations ineptes, soit, mais elle tenait à ce que ça ne dérange pas le travail à mener.

"Votre enfant n’a pas été désirée, je suppose ?"

Il frappait pile là où ça fait mal, celui-là ! Ça devait être une manie, chez certains… Elle croisa les bras, le dos appuyé contre la cloison froide derrière elle et regrettant de plus en plus fort le temps où elle avait simplement à rester concentrée sur son travail, au Temple, avec ou sans élève à côté. Ces moments-là étaient simples. Travailler ou étudier à la bibliothèque était simple. Même entraîner son apprentie actuelle était simple, à côté de tout cela, alors que la responsabilité était immense.

"Cette enfant n’a pas de père. Elle a été créée par sorcellerie Sith, une expérience de Vitiate. Je la porte mais je ne suis plus aussi certaine de ce que ferai à sa naissance. Elle s’appellera Iwa."

Dépliant les bras, elle les plaça sans y penser autour de son ventre, comme pour le protéger. Une enfant lui inspirant des sentiments très contradictoires, pour qui elle avait enfin un nom mais dont elle n’était plus sûre de rien. Ses envies très catégoriques, en début de grossesse, avaient évolué, bien malgré elle.

« Cette enfant n’a pas de père. Elle a été créée par sorcellerie Sith, une expérience de Vitiate. Je la porte mais je ne suis plus aussi certaine de ce que je ferai à sa naissance. Elle s’appellera Iwa. »

Oh non, pas encore…

Sans cesser son travail, il hocha lentement la tête, ne donnant pas de réponse immédiate. Il était difficile d’évaluer avec précision la douleur psychologique provoquée par un viol, chez qui que ce soit. Dans ce cas-là, il n’était jamais bon de parler ou réagir trop vite, cela risquait d’aggraver la situation. Même si le premier réflexe était souvent de songer à l’avortement, il n’était pas si évident qu’on voulait bien le croire de détruire la vie en soi, même au stade où ce n’était encore qu’un microscopique fœtus sans conscience. De toute manière, cette question concernait la mère et personne d’autre. Nat ne pouvait que supposer le choc psychique engendré par le viol, qu’il considérait comme l’une des pires agressions, tant elle ruinait l’intégrité physique et morale. La vie en résultant naissait sous le signe du crime, c’était déjà assez lourd à porter. Lorsqu’on y ajoutait l’infamie de ce type d’expérience, ce n’était qu’un nouveau viol, celui de la nature.

« Peut-être la Force épargnera-t-elle cette enfant, » dit-il enfin, en inclinant légèrement la tête vers elle. « Votre volonté est admirable, pour tenir ainsi, vous avez tout mon respect. »

Un respect qu’il avait pour sa propre épouse, pour maître Atris, désormais, mais qu’il n’avait, en revanche, jamais eu pour sa belle-sœur. Cette dernière, dès les premiers temps, s’était montrée égocentrique et il avait pressenti qu’elle s’éloignerait plus encore par la suite. Ce qui n’avait pas manqué d’arriver, quelques années plus tard, en abandonnant Kol et surtout, leur fils Cade, alors qu’il n’était qu’un petit garçon. Alors qu’elle avait eu la chance d’avoir une vie à son goût dès le début et avait choisi, parfaitement librement, de tomber enceinte de Cade. Elle avait vu cela comme un passe-temps, une famille, un enfant, c’était amusant, jusqu’au jour où vous estimiez que ça vous empêchait de poursuivre tranquillement votre travail.

« Avez-vous des amis avec qui partager tout cela ? »

Elle haussa légèrement les épaules, plutôt dépitée. A ses yeux, ce n’était pas de la volonté, elle se contentait de suivre le fil des événements, avec plus ou moins d’énergie pour lutter contre. Si cette enfant naissait normalement,bien sûr, cela changera certaines choses… Bien moins de stress et d’inquiétude, pour commencer, beaucoup moins d’ennuis potentiels et toute crainte écartée sur le futur, que cette enfant serve d’arme ou elle ne savait quoi. Peut-être que Shoey pourrait parfois s’en occuper, à ce moment-là, pour gagner de la confiance en elle. La petite en manquait, malgré toute sa bonne volonté, les doutes la prenaient encore rapidement. Atris jugeait ça assez logique, cela dit… Nat et les autres, à compter de la génération de Luke, n’avaient pas grandi dans un cocon et avaient dû apprendre très jeunes les problèmes… Shoey, elle, avait eu la chance de grandir protégée, elle ne découvrait que maintenant les soucis aussi graves, il était donc normal qu’elle n’ait pas encore une grande confiance. Ça viendra. Dès qu’ils l’auront récupérée, soignée et réconfortée, ils pourront poursuivre le travail là-dessus.

"Avez-vous des amis avec qui partager tout cela ?"

"Je n’aime pas en parler très longtemps, ça ne sert à rien," grimaça-t-elle. "Seulement en cas de problème ou lorsque cela a une incidence direct sur mes actions."

Lorsque la fatigue ou autres désagréments directement liés à son état l’empêchaient de mener telle ou telle tâche. Un fait qu’elle avait toujours bien du mal à accepter, bien qu’il soit impossible à nier. Trop visible et évident. Pour ce cas-ci, elle était convaincue que certains, ou certaines, allaient lui reprocher d’être partie malgré son état… Les discussions à ce sujet attendront. Pour le moment, sa seule préoccupation était de récupérer son apprentie vivante, en aussi bonne santé que possible, puis comprendre qui l’avait enlevée… Et s’expliquer avec eux. Même sans être une combattante hors-pair ou simplement habituée, ses nerfs étaient suffisamment pincés pour avoir une furieuse envie d’en découdre. Ils allaient payer pour tous les autres. Elle se fichait bien de savoir que la mort pour les sensitifs n’était plus une fatalité, à cause des failles, personne n’avait le droit de toucher à un seul cheveu de la tête d’une élève sous sa responsabilité.

"Prévenez-moi, lorsque nous serons sur le point d’arriver," ajouta-t-elle en se levant.

Le seul élément rassurant Atris était d’avoir la certitude que son élève n’était pas entre les mains d’un malade comme Plagueis. Si bien d’autres menaient des expériences étranges dans cette galaxie, ce n’était pas à la mesure de la pandémie. Restait néanmoins qu’ils pouvaient la blesser gravement et qu’il fallait donc se presser le plus possible.