Devoir de mémoire

Un de ces moments où il ne fallait plus guère se fier aux protocoles et règles, plutôt à son instinct… Il était difficile de mettre un nom sur ce qu’elle éprouvait car la scène était glaçante. D’autant plus maintenant. Elle venait à peine d’en terminer avec une rencontre des plus officielles, militaire, entre représentants FID et représentants de la Coalition. Ils avaient discuté des activités des pirates dans le secteur, du passage de vaisseaux repérés comme appartenant à la mafia, des razzias, des moyens mis en œuvre ainsi que l’avancement de ceux conçus par la Coalition. Une réunion longue, productive, professionnelle, comme elle les appréciait. Puis à la sortie du bâtiment, son attention avait été attirée par ce qui ressemblait, de loin, à une vaste place de pavés blancs, pourvus de hautes pierres alignées sur plusieurs longues rangées.

En s’y aventurant, elle avait découvert que toutes ces pierres étaient gravées des noms des victimes de la pandémie. Des listes interminables, en lettres noires, finement exécutées, avec les noms et les âges de toutes les victimes, ainsi que leurs planètes d’origine. Un mémorial. Jamais elle n’en avait vu un de cette taille, la place était immense et les noms se comptaient par milliers. Même plus, c’était impossible de le déterminer. Karyn en avait littéralement froid dans le dos, parcourue de petits frissons à peine perceptibles. Elle posa la main contre une des pierres, le regard happé par cette trop longue liste de noms. Il était encore plus glaçant de lire les âges si faibles de beaucoup de victimes. Se retrouver face à ça ravivait bien trop les souvenirs terribles de la pandémie.

A sa connaissance, l’Empire n’avait érigé aucun mémorial de cette nature. La Rébellion… Peut-être, impossible de le savoir. Le silence pesant fut bientôt interrompu et elle tourna la tête, voyant approcher le Cygne, appuyé sur sa canne. Elle l’avait pensé déjà reparti de son côté, après la réunion. Ils étaient seuls, entre ces immenses pierres dressées comme des gardiens, sous le souffle léger du vent. L’atmosphère était macabre. Karyn n’avait que rarement ressenti une telle sensation. Lorsqu’elle avait dû visiter des vaisseaux juste détruits, des épaves à l’abandon, parfois encore pleines de corps sans vie. N’importe qui d’un minimum sensible s’y sentirait mal à l’aise. Lâchant la pierre, elle recula d’un pas, l’estomac noué dans ce milieu.

« C’est respectueux de votre part d’avoir fait ériger cet endroit. »

Et malheureusement, c’était rare. Tant étaient si concentrés sur la guerre qu’ils ne prenaient pas le temps de rendre un hommage de cette nature aux morts, se disant qu’ils auront le temps plus tard de les pleurer. Sans même parler de ceux estimant que ça n’en valait la peine, que c’était des dommages collatéraux, que c’était malheureux mais pas étonnant, en guerre. Elle reporta ensuite son attention sur le chef de faction. Dire qu’elle avait entendu parler de ses « exploits » durant bien longtemps, il avait été traqué longuement, par leurs soins… Pour finir comme allié, aujourd’hui, c’était ironique.

« Comment vous en êtes-vous retrouvé à diriger la Coalition ? » demanda-t-elle finalement, dans un murmure, n’osant parler à haute voix au milieu d’un tel mémorial. « C’est le résultat de toutes vos actions passées ? »

La réunion s’était déroulée tranquillement, bien que très chargée. Alors que tout le monde sortait, Nevil aperçut Kaj consulter son pad avec un air désespéré. Un problème ? Il alla vers lui demander si tout allait bien, inquiet. Son conseiller soupira pour lui montra le message juste reçu, le jouet en bois qu’il aurait dû recevoir aujourd’hui, pour l’anniversaire de son fils aîné, allait être beaucoup retardé. Il n’avait pas le moyen de le trouver arrière, quitte à voir sur un autre monde ? Même si les délais resteraient grands, oui… Nevil ne pouvait pas trop l’aider, sur le sujet, il n’y connaissait rien, en jouets pour enfants. Il pouvait peut-être trouver autre chose, par contre ? Pas mal d’artisans proposaient de petites choses sympathiques, il y en avait sûrement qui plairaient à un petit garçon.

« C’était bien le moment, son anniversaire tombe la semaine prochaine ! Il l’attend avec impatience, c’est le premier qu’il pourra passer dehors avec tous ses petits copains de classe. »

« Va toujours faire un tour au quartier Ekat ? Tu pourras sans doute y trouver autre chose. Et ce jouet-là, ça sera à une autre occasion. »

Kaj soupira encore, puis hocha la tête, partant sans plus attendre. Nevil le regarda filer un instant, plutôt attendri. Il n’avait jamais connu ce type de soucis mais peut-être, un jour… Alors qu’il se dirigeait vers la place où attendait sa navette, il vit au loin la silhouette de la commodore, au milieu du mémorial. Elle recherchait un nom en particulier, peut-être ? Il ignorait qu’elle puisse avoir de la famille, par ici. S’approchant doucement, toujours appuyé sur sa canne, il passa sur la place, entièrement pavée de grandes dalles blanches en pierre, du même type que les pierres dressées où étaient gravés les noms. On ne dirait pas qu’elle cherchait un nom, à bien la regarder, plutôt une observation plus posée. Il est vrai qu’ils n’avaient jamais officiellement les FID ici… Cet endroit avait été bâti avant tout pour les locaux.

Il stoppa à deux mètres d’elle, la saluant de nouveau d’un bref signe de tête, bien qu’ils venaient à peine de se séparer, en sortie de réunion. Sans répondre à sa remarque, sinon par un léger mouvement de tête. Pour sa part, il jugeait normal, d’avoir un lieu où rendre hommage à toutes ces personnes. Avoir un lieu de recueillement était essentiel pour mener son deuil. Bien mieux que les vastes fosses communes, où les morts avaient dû enterrés.

« Comment vous en êtes-vous retrouvé à diriger la Coalition ? C’est le résultat de toutes vos actions passées ? »

« Oui et non ? » sourit-il faiblement. « D’aucun y verraient la suite logique, mais je n’avais pour vocation première de créer tout cela et encore moins en prendre la tête. Simplement poursuivre la protection de ces mondes et assurer un avenir tranquille, aux populations voulant être éloignées des grandes hégémonies politiques et commerciales. Ou encore militaires. Mais je n’ai jamais désiré être un chef politique pour autant. »

Il leva un bref instant les yeux vers le ciel, où on pouvait vaguement apercevoir la silhouette reconnaissable et familière du Chimaera, stationné bas en orbite de ce monde. Une position demandée pour ce type de vaisseaux afin de les rendre moins repérables d’emblée, lorsqu’ils stationnaient, aux yeux de pirates éventuels.

« Si vous avez des noms à y ajouter, commodore, n’hésitez guère à nous en faire part, » indiqua-t-il en désignant les hautes pierres d’un signe de tête. « Nous ne fermons pas la possibilité à ceux n’ayant pas vécu dans ces régions, toute personne a le droit d’être représentée. »

« Oui et non ? D’aucun y verraient la suite logique, mais je n’avais pour vocation première de créer tout cela et encore moins en prendre la tête. Simplement poursuivre la protection de ces mondes et assurer un avenir tranquille, aux populations voulant être éloignées des grandes hégémonies politiques et commerciales. Ou encore militaires. Mais je n’ai jamais désiré être un chef politique pour autant. »

« Je vois. »

On disait très souvent que c’était bien ceux qui ne voulaient pas être chefs qui devenaient les meilleurs d’entre eux. Mais elle n’en avait encore jamais eu la confirmation ou la preuve, jusque là. Peut-être était-ce enfin là une bonne illustration. En tous les cas, elle se considérait comme faisant partie de la catégorie de ceux trouvant ici la suite logique de toutes ces affaires passées. Enfin… Le passé était le passé. Elle ne gardait pas de rancune contre lui, bien qu’il ait été un puissant ennemi, il était inutile de revenir dessus. Il en fallait beaucoup, de toute manière, pour qu’elle garde de la rancœur ou de la colère contre quelqu’un. Il faudrait, au bas mot, que la personne ait commis un acte très grave contre un de ses hommes, ait trahi ou que savait-elle encore. Nightswan avait beau s’être opposé à eux des années, il n’avait pourtant rien fait qui aurait pu la mettre dans tous ses états. Pas de massacre de masse, pas d’attaque haineuse contre l’Empire… C’était même le contraire. Bien que la faute en revenait à cette sale garce de Pryce. Lorsqu’elle avait appris la vérité sous ce massacre-là, Karyn avait profondément regretté de ne pas pouvoir se venger sur cette sa… Hum. Restons polis.

« Si vous avez des noms à y ajouter, commodore, n’hésitez guère à nous en faire part. Nous ne fermons pas la possibilité à ceux n’ayant pas vécu dans ces régions, toute personne a le droit d’être représentée. »

Elle reposa le regard sur les pierres, silencieuse. Il y avait, en effet, bien deux noms qu’elle voudrait ajouter, mais… Son cœur se serra doucement, alors qu’elle remettait aussitôt et par réflexe un masque neutre sur son visage. Parler de cela ne risquait-il pas de la faire apparaître comme faible ? Face à un allié ou à un ennemi, ce ne serait pas bon. De plus, voilà désormais deux ans qu’elle tenait bon et n’avait jamais dévoilé à qui que ce soit cette douleur-là. Ce n’était pas pour craquer maintenant ! Pourtant, l’idée était… Car il n’y avait aucun lieu où elle pouvait se recueillir. Sur sa planète natale, les corps de ses parents, comme des autres victimes, avait été brûlés. Un sort à peine plus enviable que les fosses communes, à son sens.

« J’en aurais peut-être, » répondit-elle finalement, restant évasive pour conserver le contrôle. « Expliquez-moi simplement quelle est votre procédure, à qui les indiquer et où seront-ils gravés ? »

Sourire doucement, l’écouter et mémoriser ce qu’il fallait faire, conserver un air tranquille, comme si rien de tout ça ne la touchait. C’est dans ce genre de moments qu’elle ressentait plus brutalement sa propre jeunesse, le peu de temps passé avec ses parents, le manque d’expérience pour ce genre de choses. Encaisser la mort sur un champ de bataille n’avait rien à voir avec une pareille sensation. Elle n’avait pu leur dire au revoir. Elle n’avait même pas pris assez de temps avec eux, de leur vivant, tant elle s’était focalisée sur sa propre carrière. Égoïsme. Maintenant qu’il était trop tard, il ne restait que les remords.

« Savez-vous la vérité, pour Batonn ? » demanda-t-elle ensuite, changeant complètement de sujet.

Pour sa part, elle n’avait su toute l’histoire qu’assez récemment, somme toute. Et elle tenait à ce qu’il la sache aussi, si ce n’était pas déjà le cas, car il serait odieux de rester sur cela alors qu’ils étaient désormais alliés. Et puis… Au fond, elle n’avait pas envie qu’il puisse croire que le Grand Amiral était capable d’orchestrer ce genre de massacre gratuit en personne.

Certains regards et mimiques, mêmes brèves, ne trompaient pas. Nevil avait appris depuis longtemps à les repérer et également à ne pas appuyer là où ça pouvait faire mal, rester diplomate et faire mine de n’avoir rien remarqué. Il lui indiqua très simplement la démarche à suivre, pour faire ajouter les noms qu’elle désirera, sans lui demander lesquels. Ils avaient, au bureau des affaires civiles et familiales de leur jeune gouvernement, un service dédié à la gestion du mémorial, ainsi que des cimetières, aux échelles locales. Il suffisait de remplir un dossier contenant les informations nécessaires, les noms, les âges, les origines… Rien de très compliqué. Une fois la gravure faite, la personne était prévenue et pouvait découvrir l’emplacement. Il termina en lui donnant l’adresse du service, au cas où elle voudrait s’en occuper avant de quitter la planète.

« Savez-vous la vérité, pour Batonn ? »

« J’ai eu ce bonheur-là, oui, » glissa-t-il en haussant légèrement les sourcils. « Et j’avoue ne pas avoir songé, à l’époque, qu’un tel coup puisse arriver. Nous nous attendions plutôt à une attaque classique, si j’ose dire, venue d’orbite, complétée d’une frappe à terre. D’une attaque à la loyale, finalement, malgré le déséquilibre des forces en présence. Certainement pas ce type… D’infiltration. Ou plutôt devrais-je dire que je ne m’y attendais pas seulement car je savais ne pas avoir un amiral sanguinaire en face. »

Cruel rappel qu’on ne pouvait jamais tout prévoir, même en y mettant autant de soin et d’énergie. Le grain de sable, toujours, crispant toute la machine… Nevil savait très bien qu’ils allaient échouer, que c’était là un baroud d’honneur, qu’aucun de ses hommes n’acceptait de se rendre et que quitte à échouer face à la puissance impériale, autant le faire en portant fièrement les armes, jusqu’au bout. Ils s’étaient tous tenus prêt à combattre, tout en sachant très bien qu’ils n’allaient pouvoir l’emporter. Il trouvait assez amusant que la commodore tienne à défendre l’honneur de son patron, en abordant le sujet. Quelle loyauté ! Il était possible, en plus, qu’elle aussi ait été choquée par cet acte. S’en prendre à des hommes prêts à se battre était une chose mais faire exploser aussi gratuitement tous les civils restant sous le dôme…

« Je dois comprendre que vous étiez également présente, commodore ? Navré de n’avoir pu vous saluer comme il se doit plus tôt, dans ce cas. J’ai eu plus souvent à faire à votre patron et son jeune ami. Comment vont-ils, par ailleurs ? »

Même lorsqu’ils étaient ennemis, Nevil ne les avait jamais pris en haine. Il respectait Thrawn car il était un adversaire de valeur, intelligent et pragmatique. L’affronter avait été plutôt plaisant, tout comme jouer à laisser une piste d’indices pour faire cesser des trafics gênants. Quant à Vanto, il était à la fois doué et attachant. Plutôt mignon, finalement, il ne donnait pas envie de lui faire du mal.

« J’ai eu ce bonheur-là, oui. Et j’avoue ne pas avoir songé, à l’époque, qu’un tel coup puisse arriver. Nous nous attendions plutôt à une attaque classique, si j’ose dire, venue d’orbite, complétée d’une frappe à terre. D’une attaque à la loyale, finalement, malgré le déséquilibre des forces en présence. Certainement pas ce type… D’infiltration. Ou plutôt devrais-je dire que je ne m’y attendais pas seulement car je savais ne pas avoir un amiral sanguinaire en face. »

Karyn se détendit quelque peu, croisant les bras en hochant la tête. Bien, alors il savait déjà toute l’histoire, c’était une bonne chose. Elle aurait détesté l’idée que l’équipage de l’époque, tout comme l’amiral, elle y compris, puissent être vus comme de simples brutes avides de sang et de souffrance.

« Personne ne s’y attendait. »

Surtout, personne n’avait souhaité que ça se termine comme ça. Elle regrettait souvent que l’amiral ou même le colonel Yularen n’aient pas décidé de faire enfermer cette cinglée, purement et simplement, peu importe pour la politique. Ils auraient certainement su se débrouiller pour esquiver les problèmes. Enfin… Le colonel aurait réussi, l’amiral Thrawn, c’était déjà moins sûr, il n’était pas très… Hum… Il n’avait pas forcément une très grande sensibilité pour les affaires politiques, pour le dire poliment.

« Je dois comprendre que vous étiez également présente, commodore ? Navré de n’avoir pu vous saluer comme il se doit plus tôt, dans ce cas. J’ai eu plus souvent à faire à votre patron et son jeune ami. Comment vont-ils, par ailleurs ? »

Sérieusement, combien de fois les avaient-il rencontrés face à face, alors qu’ils étaient encore ennemis… ? Elle commençait à soupçonner que ça s’était produit hors des cadres et de tous les protocoles militaires et de sécurité ! D’autant plus que l’amiral avait eu la fâcheuse habitude de partir « en douce », en prévenant le vaisseau une fois qu’il était déjà loin, en embarquant à chaque fois Eli avec lui, d’ailleurs. C’était arrivé peu de temps avant l’affaire de Batonn.

« Le Grand Amiral se porte bien, » répondit-elle en essayant d’effacer de son esprit les multiples scénarios catastrophes qui auraient pu se produire, dans le cas de rencontres impromptues et hors de toutes règles de sécurité évidentes. « Il a beaucoup à faire, entre la surveillance des Régions Inconnues et les problèmes issus de ces régions ou d’ailleurs. La préparation face aux forces impériales se poursuit activement. Je n’ai pas revu le lieutenant Vanto depuis longtemps, donc je ne puis vraiment vous donner des nouvelles. Je suppose simplement qu’il va bien, nous l’aurions su, s’il était arrivé malheur. »

Est-ce que le Grand Amiral aurait osé rencontrer le Cygne face à face, dans le secret de tous, alors qu’ils étaient toujours dans des camps opposés… Elle aimerait tant affirmer non mais savait pourtant très bien que c’était possible. Et que Nightswan aurait été parfaitement fichu d’accepter, avec ça ! Bon, soit, ne faire aucun commentaires, ça ne la regardait absolument pas et tout cela appartenait au passé. Peu importe ce qui s’était dit ou fait. Ils avaient été quelques uns, sur la passerelle, à avoir discrètement parié sur la prochaine idée bizarre où Eli sera entraîné avec leur supérieur hiérarchique, la fois suivante. Un jeu stoppé lorsque leur confrère avait quitté son poste, quel dommage.

« Souhaitez-vous que nous vous fassions le message, une fois plus informés ? Nous avons des échanges réguliers avec l’Ascendance. Il vous suffira d’un peu de patience pour recevoir des nouvelles, lors de la prochaine rencontre. Ou lorsque vous passerez par la base, si vous en avez l’occasion. »

Maintenant qu’elle y songeait, c’était bien toujours eux qui venaient à la rencontre de la Coalition, que ça soit pour les rencontres régulières dans le cadre militaire ou plus ponctuelles, en ce qui concernait d’autres échanges. Les membres de cette faction n’aimaient guère rendre la pareille, dirait-on. Il se murmurait pourtant que Nightswan voyageait très souvent, parfois pour des affaires officielles, parfois pour des affaires « sous pli caché », comme disaient les rumeurs. Le Cygne n’avait pas laissé tomber son côté rebelle.

« Le Grand Amiral se porte bien. Il a beaucoup à faire, entre la surveillance des Régions Inconnues et les problèmes issus de ces régions ou d’ailleurs. La préparation face aux forces impériales se poursuit activement. Je n’ai pas revu le lieutenant Vanto depuis longtemps, donc je ne puis vraiment vous donner des nouvelles. Je suppose simplement qu’il va bien, nous l’aurions su, s’il était arrivé malheur. »

« Je n’en doute pas. »

Certaines choses ne changeaient pas, c’était amusant. Mais ce qui l’était moins, c’était bien cette guerre prenant une drôle d’allure. Enfin… Il n’était, pour ainsi dire, pas « concerné », du moins, pas officiellement, ni à grande échelle. Ses activités parallèles ne touchaient que quelques secteurs, après tout. Bien qu’il reste vigilant. Il hocha la tête, par l’affirmative, à la question que lui lança la commodore. Ce serait sympathique, en effet. Quant au temps que cela pourra prendre, ce n’était pas un souci, il était patient. Quant à « passer » par leur base, mmh, il ne voyait pas trop ce qu’il pourrait bien aller y faire. Les réunions d’importance se tenaient toutes dans l’ancienne station médicale, les plus petites sur cette planète même, parfois sur Adumar ou sur des vaisseaux. Nevil n’avait aucun travail à mener sur Nirauan, ni rien de particulier, tout simplement, à y faire. Quant aux visites de courtoisie, comme on dit, il fallait des raisons spécifiques, pour cela, dans ce genre de contexte.

« A l’occasion, effectivement, » répondit-il malgré tout pour rester poli.

Quelle occasion, ça… Enfin soit. Ils n’échangèrent ensuite que certaines banalités, liées en bonne partie à l’exercice du jour et aux suivants, déjà programmés. Nevil voyait souvent les mêmes têtes et en découvrir de nouvelles, comme elle, de temps à autres, le changeait. Toutefois, ils devaient veiller à ce que ces échanges ne se situent jamais sur les mêmes temps que ceux avec les impériaux du coin. Même si ces derniers ne l’étaient plus vraiment, ça ne servait à rien de déclencher un conflit par purs soucis de loyauté, d’une part comme de l’autre. Il la raccompagne, ensuite, la salua de quelques mots, puis l’observa partir avec le reste de la troupe, vers la navette lambda devant les ramener au destroyer. Elle aura été la première FID à remarquer le mémorial et vouloir s’y rendre. Cela changeait, également…