Arrestation

Tout s’était déroulé trop vite. Encore confus et ne sachant pas vraiment où il se trouvait, Stefan n’avait pas pu se défendre correctement, encore moins voire arriver le danger. C’est au moment où les locaux lui étaient tombés dessus en s’écriant qu’il avait réalisé ce qu’il venait de se passer. Puis qu’il avait compris, dans la foulée, avoir une prime monstrueuse sur le dos… Il ne put se débattre longtemps, emmené pieds et poings liés par les stormtroopers, avant d’être jeté dans une cellule « provisoire » de la base locale impériale. Par terre, effondré dans un coin, Stefan tenta de reprendre son souffle, la tête appuyée contre le mur derrière lui. Il observa les murs gris, baissa la tête vers les menottes si serrées, en testa la solidité, puis reporta le regard vers la porte, dévasté. L’odeur… L’odeur avait disparu, le monstre ne se trouvait pas dans les parages. La seule et unique bonne nouvelle, au milieu d’un tel marasme ! Le monstre et… Elle. Il l’avait vu proche d’elle, à lui parler, avant de s’enfuir !

Il tentait bien de repousser l’horrible réalité et pourtant, impossible de nier l’évidence, de ce qu’était, devait être, ce monstre. Ça ne pouvait être que lui, que le fou de la pandémie, que le malade qui avait déjà détruit puis empoisonné la galaxie toute entière. Preuves ou non, il en était intimement persuadé ! Et pire encore, Rey discutait avec lui en s’approchant, sans crainte ! Étaient-ils complices depuis le début ?! Mais alors… Il se frotta les yeux, de ses mains entravées, le cœur battant à mille allure en comprenant enfin ce qui l’avait poussé, de manière incontrôlable, à lui parler, vouloir l’aider. C’était un véritable enfer !! La terreur le submergea tout d’un bloc, en réalisant ce qu’il avait fait et QUI il avait aidé à s’évader. Pour qu’elle rejoigne son… Son allié ? Son maître ? Qu’est-ce qu’ils allaient faire, une nouvelle pandémie ??! Plus que la peur concernant son propre sort, il se sentit mortifié en imaginant ce que ces deux-là pourraient faire subir de plus aux populations. La maladie, la mort…

Il appela une première fois, criant vers la porte qu’ils devaient leur parler. Sans résultat. De plus en plus en colère, il continua de crier, jusqu’à enfin les agacer assez, pour qu’un officier entre, avec un trooper, sans doute pour le frapper et qu’il se taise. Stefan leur lança très vite qu’il avait vu Plagueis, qu’il était là, en pleine jungle, sur cette planète, qu’ils devaient faire très vite avant qu’il ne s’échappe ! Il y eut un moment de blanc, l’officier le regarda, avec un air méprisant, mêlé à de l’incrédulité. Il leur répéta ce qu’il avait juste fui, Plagueis, avec son apprentie, Rey, la rebelle également recherchée. Le type ne répondit rien, se contentant de sortir en vitesse de là, le laissant de nouveau seul. Ils allaient les chercher ou… ? Pourvu que oui ! Le jeune homme laissa retomber la tête contre le mur, épuisé, tout à coup. C’était bien la dernière chose qu’il pouvait réaliser pour l’Empire… Après tout ça, il s’attendait simplement à être tué. Sans doute de la manière la plus affreuse qui soit… Il ferma les yeux, l’estomac rongé de culpabilité pour sa mère. Penser à elle, un dernier réconfort, en attendant le pire.

Mourir d’une crise cardiaque dans son sommeil était une grâce qu’il n’avait cessé d’implorer, dès qu’il parvenait à fermer l’œil, durant le trajet, hélas rapide, jusqu’à la ville monde. Jamais il n’avait eu aussi peur… Entouré par deux stormtroopers, dans la navette quittant le vaisseau imposant pour s’engager dans le trafic de la capital, aucun autre sentiment ne venait supplanter tout ça. Il en avait le ventre complètement tordu, blême, avec une furieuse nausée. Rêvant plus que tout qu’il arrive il ne savait quel événement bizarre, même une faille, pour stopper ce qui arrivait et avoir une chance de s’enfuir. Mais rien. La navette fila inexorablement, alors qu’il luttait de toutes ses forces pour ne pas s’effondrer et pleurer. Tout avait été gâché, si rapidement, si… Il déglutit lorsque la navette se posa, aussitôt tiré et emmené par les gardes, à l’extérieur. Le palais était face à eux, une vision qui suffit à lui glacer le sang. Ce n’est que brièvement qu’il put observer le ciel, au moins une dernière fois, avant d’être traîné à l’intérieur. Lui donnant le sentiment d’entrer dans son tombeau.

La garde impériale prit le relais, ensuite, pour l’emmener. Stefan avançait en mode automatique, blême, croisant parfois les regards d’autres soldats, de courtisans ou employés, le long des couloirs. Malgré la situation catastrophique, il avait envie de leur crier qu’il n’était pas un rebelle, ne le sera jamais et que même s’il allait mourir ici, ça sera au moins avec cette fierté-là. C’était tout ce qu’il lui restait, de toute façon ! Il ne savait même plus s’il en voulait à cette femme, elle avait… Elle avait été une Sith… Et il avait été son jouet, ni plus ni moins. A mesure de leur avancement, de moins en moins de monde parcourait l’espace, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’eux et le bruit de leurs pas. Il pâlit encore plus en entrant dans la salle du trône, ses poings crispés et menottés devant lui, l’estomac retourné. C’était la première fois qu’il voyait le maître de l’Empire face à face. Mais il garda la tête baissée, trop effrayé, maintenant, pour oser le regarder dans les yeux. Sans pouvoir s’empêcher de se dire qu’il ne voyait toujours aucune ressemblance avec Rey.

La terreur éprouvée n’était cependant pas la même que face à Plagueis. Déjà car l’Empereur, lui, avait une apparence et une odeur ordinaires. Ensuite car il ne donnait pas l’impression aussi immédiate de danger. Et pourtant, le danger était on ne peut plus réel et pressant.

« Expliquez-vous, colonel. »

Stefan tressaillit, osant seulement lever, légèrement la tête, pour le regarder. Il ne pouvait pas lui dire comme ça que sa petite-fille était une saloperie Sith qui avait… Mais c’était la seule explication, pourtant.

« La… La prisonnière a utilisé ses pouvoirs sur moi pour… » bafouilla-t-il avant de respirer un bref coup pour se reprendre. « Elle a utilisé ses pouvoirs pour me manipuler mentalement et l’aider à quitter la prison. »

Il s’imaginait déjà la flopée d’horreurs qui allait suivre et avec quoi il allait être tué, pour avoir failli à son devoir. Tout ce qu’il pouvait espérer, c’est que sa mère soit épargnée. Elle n’avait rien fait, elle ! Si jamais l’Empire décidait malgré tout de lui faire payer…

« J’ignore comment nous sommes arrivés sur Felucia, c’était trop… Confus. Mais là-bas, nous sommes tombés sur cette infection viva… Sur Plagueis, je veux dire. Elle est allée droit vers lui, ils ont parlé. J’ignorais qu’ils étaient alliés. »

Du moins, il croyait qu’ils étaient alliés, car sinon, pourquoi ne serait-elle pas aussitôt partie en courant, elle aussi… ?

La cour impériale était habituée, maintenant, à voir l'Empereur traverser les couloirs et pièces au bras de son héritier, l'ancien moff Gars Faran. Certains appréciaient même le fait de le voir très affaibli par la maladie qui l'a frappé récemment. Nombre des discussions qui se font dans les alcôves discrètes du Grand Corridor, près des élégants arbres Ch'hala traitent de la personne qui sera la plus apte à monter sur le trône, et la cour se divise énormément sur le sujet, comme le savait très bien l'Empereur. De cela, il n'en avait cure, il se demandait plutôt leur réaction à la personne qui les accompagnait aujourd'hui, alors qu'il traversait la salle du trône vers l'estrade où siège son siège impérial, en plus bien sur des deux gardes pourpres.

Et de ce qu'il voyait, la présence du sith Vitiate à ses côtés, avec qui il semble discuter crée des remous puissant au sein de ses courtisans. Et de la colère, aussi. Le vieil homme sourit un peu, un bras posé sur celui de Gars et l'autre tenant la canne qu'il utilise pour marcher.

Pas ainsi. Vous êtes arrogant mais vous avez besoin d'eux. Oui, là vous y êtes.

Murmurait-il doucement à l'acteur clawdite. En trouver un acceptant de travailler pour lui n'avait pas été facile mais grâce à un de ses Mains et un habile discours, "faites le  et vous serez récompensé au-delà de vos rêves, refusez et votre peuple sera anéanti", l'avait convaincu. Prendre un peu de temps pour qu'il puisse imiter parfaitement la personne, grâce à des holo-enregistrement, peu nombreux mais suffisant pour copier son apparence, et le tour était joué. Cela amusait le vieil homme des interrogations qu'Il se posera en apprenant cela. Il gravit les marches jusqu'à son trône, pestant intérieurement sur son vieux corps. Vivement que cette farce-là se termine et qu'il puisse retourner à des occupations plus importantes et agréables. Il s'assit et regarda les deux "hommes".

Vous devez être fatigué, seigneur Vitiate, je vous laisse regagner vos quartiers. Dit-il à l'être d'apparence élégante qui s'inclina et commença à s'éloigner, avant de se tourner vers le plus jeune. Gars, mon garçon, j'aimerais discuter plus discrètement avec mon invité. Peux-tu faire s'écarter un peu la foule, s'il te plaît.

Il regarda ensuite la petite foule s'éloigner, plusieurs discutant avec Gars, surement dans l'intention de voir à quel point il ferait une bonne marionnette ou s'il faudra l'éliminer à la mort de l'Empereur, mais aussi probablement pour discuter du retour d'un sith à la cour. Palpatine ricana intérieurement : Gars avait bien appris sa leçon et savait ce qu'il était censé dire. Puis il vit enfin le garçon alaskan que sa garde amenait à travers la foule, assez éloignée maintenant pour que le vieil homme puisse discuter calmement avec lui. Il écouta son plaidoyer, maudissant intérieurement son vieux maître pour ses ingérences néfastes dans les affaires de l'Ordre Sith, de SON ordre. Mais ausis pour ne pas avoir fait conduire la gamine ici, sous son contrôle totale.

Vous saviez pourtant que cette femme était dangereuse, colonel et qu'il fallait être d'une grande prudence en sa compagnie. Susurra-t-il d'une voix douce mais glaciale. Vous vous êtes laissé abuser par ses pouvoirs jedi. Et vous l'avez laissé entre les mains de l'un des pires criminels de la galaxie. Vous avez laissé entre les mains de ce fou, une fille venant du futur, dôtée d'un savoir qui nous aurait été bien utile, au lieu de la faire succomber et de la pousser à nous rejoindre. Expliquez-moi, colonel Fird, comment pourriez-vous racheter une telle faute ?

Sa voix se fit moins froide, alors qu'il utilisa la Force pour effacer la panique du jeune homme, pour qu'il puisse réfléchir plus sereinemnt à ce qu'il pouvait faire. Palpatine s'amusait, intérieurement bien sur, de voir s'il pouvait transformer cette larve agenouillée entre deux de ses gardes en un outil efficace. Après tout, il avait un plan pour lui.

Réaction de la cour 5 / Obscurité

« Vous saviez pourtant que cette femme était dangereuse, colonel et qu'il fallait être d'une grande prudence en sa compagnie. Vous vous êtes laissé abuser par ses pouvoirs jedi. Et vous l'avez laissé entre les mains de l'un des pires criminels de la galaxie. Vous avez laissé entre les mains de ce fou, une fille venant du futur, dotée d'un savoir qui nous aurait été bien utile, au lieu de la faire succomber et de la pousser à nous rejoindre. Expliquez-moi, colonel Fird, comment pourriez-vous racheter une telle faute ? »

Stefan avait bien envie de répondre qu’il n’aurait pu tenter de la retourner vers le juste camp sans lui parler, de toute façon. Qu’il n’avait, en sus, aucune défense contre les pouvoirs de ce genre et qu’il aurait donc mieux fallu la garder sur Mykr, bien qu’il admettait, hélas, que cette prison aurait été une cible bien plus facile pour les rebelles que l’autre. Mais ce serait sans doute le moyen le plus rapide et efficace de perdre sa tête sur le champ. Curieusement, la panique le quitta, le laissant un peu mieux respirer puis redresser la tête, pour observer l’Empereur, l’esprit tournant à plein régime. Au fond, la colère et la fierté blessée dominaient… Il s’en voulait de s’être fait avoir et de s’être fourré dans un tel problème. Et surtout, surtout, il était en colère qu’on puisse désormais le voir comme un simple rebelle, après autant de temps passé à les combattre et avoir débarrassé Alsakan de leur présence. Cette fierté-là, personne ne pourra la lui retirer.

« Ce que j’ai toujours fait, et réussi, sur Alsakan, majesté, » déclara-t-il en tentant tant que bien mal d’étouffer autant la colère que la fierté, histoire de garder le contrôle de sa voix. « Mon travail a toujours été de débarrasser les honnêtes gens de la présence rebelle et c’est désormais le cas, sur l’un des mondes les plus peuplés et cultivés, parmi les mondes civilisés. »

Sans doute jugera-t-il que ce n’était pas assez, ou en tout cas, pas pour compenser le fiasco passé avec cette fille. Stefan le savait très bien, face à ce désastre, il ne pouvait pas proposer grand-chose qui soit à la hauteur. Pourtant, s’il était condamné, il mourra l’esprit en paix, puisqu’il n’avait pas trahi l’Empire. Quand bien même on l’accusait du contraire. Face à de telles personnes, il ne disposait d’aucun moyen… Ni face à une Jedi, ni face à un Sith. Et face à un Sith comme Plagueis, quelle autre option avait-il, en-dehors de la fuite… ? Plutôt crever ici que rester, ne serait-ce qu’une heure, entre les mains de ce fou.

« Je suis prêt à mourir pour racheter cette faute mais ça sera avec la fierté d’avoir pu contribuer à assainir l’Empire d’une part rebelle. »

Là, il avait été trop loin et le réalisa juste en achevant sa phrase. Pâlissant encore, mais toujours sans panique. Son seul regret était pour sa mère, en réalité. Il aurait voulu lui dire qu’il était désolé, pour n’avoir pu, à son tour, la protéger jusqu’au bout.

Vous savez, colonel, certains estiment que vos actes sur votre monde natal ne sont du qu'à la chance, pas à la compétence. Ils s'attendent tous à ce que vous finissiez mort, d'ailleurs.

Palpatine releva la tête, pour regarder ses courtisans, massés de l'autre côté de la salle du trône, Gavan circulant parmi eux pour les rassurer sur la santé de l'Empereur ou la présence du sith. Lui n'en avai cure de cela. La prochaine fois, il s'assurera que la cour impériale comprennent moins d'idiots, même s'il devra en conserver. Le vieux sith nota que Xizor venait discuter avec l'héritier officiel et cela le fit sourire. C'était un de ses rares pions utiles. Il rabaissa les yeux vers le jeune homme.

Vous m'offrez votre mort en payement de vos erreurs mais c'est bien peu, colonel, au regard de ce que vous m'avez fait perdre. Et si je vous demandais plus. Il baissa le ton de sa voix, qui se fit plus douce. Si je vous demandais la mort d'une autre personne, comme celle de votre père... ou bien d'un dirigeant de cette Alliance Rebelle. Seriez-vous prêt à cela, à saisir la chance non seulement d'obtenir mon pardon mais aussi de raffermir votre réputation et celle de votre famille ?