Jeu 8 Mar 2018 - 15:32 – Tiens donc, Vanto ? grinça la voix nasillarde dans le comlink. Quel mauvais vent te pousse à m’appeler ?
Un rire tout aussi grinçant et vif le secoua, pendant qu’Eli levait les yeux au ciel avec un long soupir. Therek était toujours ainsi, il ne pouvait tout simplement pas débuter la moindre conversation de façon sérieuse. Lorsqu’il parlait en basic, son accent de l’Espace Sauvage ressortait de façon si atroce que même Eli avait du mal à comprendre, c’est pourquoi il lui demanda aussitôt s’ils pouvaient plutôt parler en sy bisti, histoire de ne pas sortir de cette conversation avec un mal de crâne carabiné. Therek était un ancien camarade l’académie de Myomar, plus que ça même, un ami d’enfance issu comme lui de Lysatra. Ils avaient passé des heures ensemble, enfants, des heures ensuite à s’entraider à l’académie tout au long de leur parcours, et ce jusqu’au jour s’était retrouvé du jour au lendemain emmené loin de tout ce qu’il connaissait. La vie avait un talent certain pour vous pousser dans des voies complètement imprévues et sans crier gare.
– J’ai des recherches à faire et l’une est un peu particulière. J’ai besoin de connaître les opérations qui ont été menées par la République, dans le secteur que je vais te transmettre, dans une période située entre cinq et dix ans avant le début de la Guerre des Clones. Plus précisément, une opération où la République, avec sûrement les Jedis, ont procédé à un sauvetage. Ça te semble faisable ?
Silence, à l’autre bout, Therek marmonna un truc indéfinissable, qui n’était ni un oui, ni un non, plutôt une réflexion rapide qu’il n’était pas encore prêt à partager. Eli ne faisait pas appel à lui simplement parce qu’ils avaient des relations amicales mais surtout parce que Therek avait un talent certain pour retrouver ce genre d’informations, dans les archives ou grâce à ses relations, surtout si lesdites opérations s’étaient déroulées dans l’Espace Sauvage. Eli avait défini le secteur selon ses calculs, les endroits probables de l’attaque, puis le « trajet » que pouvait suivre une capsule de sauvetage à la dérive, la distance possible. Et enfin, les secteurs où la République se rendait autrefois. Au bout de deux ou trois minutes de silence, son ancien camarde de promotion finit par répondre que c’était possible, oui, lorsqu’on savait où chercher. Parfait. Le jeune officier aurait pu attendre d’être de retour à Lothal, cela dit, il préférait avoir le maximum de cartes en main, pour être certain de ne pas se tromper.
– Et ai-je le droit de savoir pourquoi tu cherches un truc pareil ? reprit-il, toujours en sy bisti.
– Je ne peux pas vraiment en parler, même à toi.
– Mmh, tu t’es encore fourré dans des affaires louches, hein ?
– Le « encore » n’était pas nécessaire, dans cette phrase, et ça n’a rien de louche non plus. Tu sous-entends que je passe ma vie à me fourrer dans les ennuis ?
– Du tout, je l’affirme.
Eli lâcha un petit rire nerveux, prenant ensuite du temps pour discuter plus posément avec son vieil ami et s’échanger quelques nouvelles. Therek était toujours à l’académie de Myomar, comme instructeur, la voie qu’il avait toujours voulu suivre. La petite virée à Coruscant et l’arrivée de Thrawn avaient donné de quoi alimenter les ragots pendant un bon moment, là-bas. Eli apprit ainsi qu’il y avait même eu des paris de fait sur le temps qu’allait mettre l’académie Royale Impériale à le virer, lui, le péquenaud de l’Espace Sauvage, et à virer Thrawn, l’Alien arrivé tout droit des Régions Inconnues, une double tare encore pire, à Coruscant. Charmant. Son ami d’enfance semblait toujours considérer, d’ailleurs, qu’être toujours au service de l’amiral était un problème en soi. Eli finit par interrompre sa tirade en lui demandant s’il avait des nouvelles de ses parents, sur Lysatra. Leurs deux familles étaient assez proches l’une de l’autre, peut-être avait-il pu les croiser récemment.
– Ils vont bien, de ce que j’en sais. Ne me dis pas que tu ne leur parles plus ?
– Bien sûr que si ! C’est juste que… On a un peu moins de contacts, depuis quelques temps. Ils ont toujours désapprouvé clairement ce que je fais et mon père en impute la faute à Thrawn.
– Il n’a pas tord non plus. En tout cas, c’est plutôt calme, dans le coin, tu ne devrais pas t’en faire. A part les pirates et contrebandiers habituels, évidemment.
Ils discutèrent encore quelques minutes avant de couper la conversation. Eli soupira longuement, les yeux fermés, sans trouver un moyen de faire comprendre à ses parents qu’il était heureux comme ça et qu’ils ne devraient pas s’inquiéter autant. Vœux pieu, impossible d’exiger de parents qu’ils arrêtent de se faire du souci pour leur enfant. Eli se bougea enfin pour ranger et verrouiller tous les documents qu’il avait travaillé, passant maintenant à un autre genre d’exercice qu’il avait tendance à négliger, à savoir la partie entraînement physique. Le combat à mains nues n’avait jamais été son fort et il devait le travailler. Il se changea avec rapidité puis partit pour la salle d’entraînement, l’esprit toujours occupé par ses recherches. Therek allait s’arracher, comme à son habitude, on pouvait compter sur lui pour ce genre de requêtes. D’ici quelques jours, il aura déjà des résultats, charge ensuite à Eli de fouiller là-dedans et de relier les données au reste, pour en tirer un schéma cohérent.
Une fois arrivé dans la salle, il commença par s’échauffer, tout seul dans son coin, toujours perdu dans ses pensées. Il s’interrogeait sur la République, sur la façon dont Coruscant s’agitait à cette époque, quel était alors le niveau de corruption, comment les fondements s’étaient peu à peu effondrés sur eux-mêmes, comme était survenue la Guerre des Clones, comment avait été montés les complots… Il y réfléchissait tout en s’échauffant, marmonnant parfois quelques réflexions pour lui-même, une habitude qu’il avait pris depuis les premières enquêtes sur Nightswan. Bon, bon, bon ! Il était venu ici pour s’entraîner et se vider la tête, pas pour se perdre encore des heures en réflexions. Il faillit ne pas voir qu’il n’était plus seul, près des appareils, revenant à la réalité avec un temps de retard.
– Bonsoir, Solaris, je ne faisais pas attention, navré.
Il lui décocha un sourire aimable, autant pour se rattraper que parce qu’il n’était pas du genre à prendre les gens de haut ou à trop en faire avec le protocole et toutes les relations bien encadrées que ça engendrait, ils n’étaient pas au milieu du nid de serpent qu’était Coruscant, après tout.
– Dites-moi, vous vous y connaissez bien, en combat au corps à corps ? Je cherche une personne qui pourrait m’aider à me remettre à niveau.