Echange de bon procédé [PV Veeren] - Plagueis s'il veut]

– Vous ne pensez pas que l’Ascendance pourrait…

– Non, coupa directement Veeren d’un ton las.

Son assistant parut sur le point de rétorquer quelque chose puis se tut, finalement, avec un signe moitié exaspéré, moitié fatigué de la tête. L’Aristocra n’en fit aucun cas, assise à son bureau, elle reporta le regard sur l’écran et fit signe au docteur de poursuivre son exposé. L’inquiétude se lisait très clairement dans son regard, tandis qu’il détaillait la façon dont le jeune officier avait été diagnostiqué puis placé aussitôt en quarantaine. On ignorait encore si d’autres avaient eu le temps de contracter cette maladie, sur le vaisseau de patrouille, et donc dans combien de temps le virus allait également se déclarer chez eux. Impossible de savoir combien de jours étaient nécessaires entre le moment où la maladie était contractée et le moment où les premiers symptômes survenaient. Et donc combien de personnes étaient déjà concernées, parmi les membres de la Flotte de Défense.

Elle ne pouvait pas se permettre que tous les vaisseaux de patrouille soient placés en quarantaine par mesure de sécurité, ce serait affaiblir la protection des frontières, laisser une grande porte ouverte à tous les envahisseurs possibles, ainsi qu’aux pirates, et dans le même temps, elle ne pouvait pas non plus permettre qu’un virus se propage librement chez les soldats. La Flotte était la première et la principale ligne de défense de leur peuple, si cette ligne cédait, s’en était fini de leur nation. Le vaisseau ciblé avait, lui, était placé en quarantaine, ainsi que tout son équipage par principe de sécurité, mais ça ne suffisait pas. Elle demanda à ce que l’officier en question soit transféré sur le laboratoire de Crustai pour y être examiné et qu’on trouve comment le soigner. Et sans faire de vagues, pour le moment.

Un problème n’arrivant jamais seul, ils avaient aussi reçu la visite d’un messager envoyé par Thrawn pour inviter à une rencontre en orbite de Nirauan, pour une affaire « urgente ». Lorsqu’elle avait reçu ça, Veeren avait été à deux doigts de l’envoyer bouler, plus préoccupée par cette maladie bizarre chez l’officier, puis avait finalement accepté de faire un détour pour passer sur la future base. Après tout, l’amiral en savait peut-être plus sur cette fameuse maladie, elle ne pouvait pas sortir de nulle part. Et les premiers rapports tombés faisaient état d’un virus similaire dans l’Espace Sauvage. Les prémices d’une pandémie, peut-être ? Ce ne serait pas la première, en revanche, il était rare que les maladies les affectent à ce point-là. Ils avaient la chance d’être un peuple assez résistant, c’était très étrange.

Elle coupait la communication lorsqu’on l’avertit qu’ils étaient arrivé à Nirauan et qu’ils approchaient du destroyer impérial. Le capitaine ne dévoilait rien de son agacement, dans le ton de sa voix, il avait l’habitude qu’elle voyage seule ou au mieux, avec un équipage réduit. Seul son assistant lui emboîta le pas, lorsqu’elle quitta son bureau puis descendit du vaisseau, après qu’ils se soient posés dans un hangar minuscule du destroyer. Mitth’raw’nuruodo attendait déjà, avançant lorsqu’ils mirent pieds dans le hangar. Très bien, qu’est-ce qui était si pressant ? Peut-être n’était-ce qu’une fausse impression mais elle avait la désagréable surprise de voir se multiplier les « affaires pressantes » ces derniers temps.

– Aristocra Sev'Eere'Nuruodo, c'est un plaisir de vous recevoir de nouveau à bord du chimaera. Je m'excuse de vous avoir fait venir en urgence mais j'ai un présent à offrir à l'Ascendance, comme gage de la sincérité de mes propos.

Il avait à peine parlé qu’un autre groupe entra juste après. Quatre créatures qu’elle ne reconnut pas, à l’allure guerrière, et potant de ces lézards anti-force. Puis, au milieu, un humain, l’Humain, le dément qu’elle avait vu lors du bal avant de le quitter et qui avait dérangé tout le monde sur son passage. Son air de tordu n’avait décidément pas évolué, même sa démarche n’était pas naturelle. Entravé ou non, elle restait celle d’un prédateur trop sûr de lui, ou trop enfoncé dans la folie, pour se reconnaître en mauvaise posture. Elle comprit qui il était avant que l’amiral ne rouvre la bouche, aussitôt plus sur la défensive, avec du même coup une certaine haine pour cet homme.

– Aristocra, permettez-moi de vous présenter le seigneur sith Plagueis, responsable de la mise à prix de la jeune chiss disparue et à l'origine d'une pandémie qui sévit dans l'espace sauvage.

Ce type était donc responsable aussi de cette nouvelle maladie ? Elle aurait dû s’en douter… Derrière elle, son assistant afficha un air blasé, presque résigné, lui aussi n’émettait pas un seul doute sur la folie rongeant ce Sith. Veeren avait pas mal entendu parler de lui, déjà, par la petite mais aussi le Jedi, que Formbi hébergeait chez lui – rien que ça ! – le temps de « lier connaissance ». Une situation qui avait scié tout le monde. Certains de leurs confrères ne s’en étaient toujours pas remis. Elle prit donc un instant, en silence, pour observer le Sith plus en détails, impassible.

– C’est en effet un présent qui va en soulager beaucoup, dit-elle dans leur propre langue. Au moins ne pourra-t-il plus nuire… Même si le mal est déjà fait.

Tuer les sensitifs ne servait à rien, visiblement, puisqu’ils pouvaient revenir par elle n’avait compris quelle sorte de magie bizarre, donc il fallait se contenter de les neutraliser. Si ce type était coupé de la Force, très bien, ils s’arrangeront pour qu’il ait une bonne place en prison. Une prison bien gelée, de préférence, au fin fond des Régions Inconnues. Qu’il y perde quelques membres à cause d’engelures au passage ne lui arrachera pas une larme.

– Je vais vous emprunter vos gardes le temps du transport puis vous les renvoyer ensuite. Il est à l’origine de cette maladie, donc… Il y a-t-il déjà des équipes mobilisées sur la création d’un vaccin ?

– Voici Karnbalk qui dirige cette petite unité de noghris. Lui et ces camarades veilleront à ce que le prisonnier ne vous importune pas pendant le trajet. Vous pourrez conserver les ysalamiris, et en demander d'autres si besoin, pour veiller à ce le seigneur Plagueis ne puisse se retrouver en connexion avec la Force. Il n'y a, d'ailleurs, nul besoin qu'ils soient dans la même pièce que lui.

Veeren tourna un instant le regard vers son assistant, ce dernier avait d’ores et déjà devancé sa demande, occupé à pianoter sur son datapad pour envoyer les instructions nécessaires et préparer l’arrivée à bon port du seigneur Sith. Très bien… C’était au moins un problème de réglé, même si ce n’était là qu’une part infime de leur affaire. L’Ascendance n’avait encore jamais eu de grands cas d’épidémies et elle espérait que ce en soit jamais le cas. Les gardes du prisonnier, des noghris, donc, une espèce dont elle n’avait jamais entendue parler, s’avança pour faire monter le type à bord. Elle reporta le regard sur l’amiral lorsqu’il sortit un datapad, le corps encore plus raide qu’une planche en bois. Qu’il n’y ait pour le moment aucun moyen sûr de tuer ce genre de types sans qu’ils n’aient une chance de revenir la lassait.

– Voici les données que nous avons pu trouver sur le virus. Nous sommes déjà en train de chercher un remède, ici sur le Chimaera et dans les laboratoires de l'empire. De plus, il y a les coordonnées du système d'Ondéron, où la souveraine a invité tous ceux souhaitant lutter contre ce fléau à assister à une réunion, afin de partager le savoir acquis sur et contre cette pandémie galactique.

– Ondéron, très bien, dit-elle en prenant le datapad.

Elle le confia à son assistant, pour le moment, et lui dit avec rapidité de transférer les données sur le laboratoire de Crustai, à l’équipe en place. Birtu'maur'oagi dirigeait les chercheurs du complexe scientifique et avait débuté des recherches sur un vaccin dès l’annonce de l’épidémie, plus encore depuis que les deux premiers cas avaient été signalés. Les premiers résultats n’étaient pas encourageants, pour leur peuple. Ce virus marchait visiblement très bien sur les espèces humanoïdes et avait d’autres tendances plus particulières, qui avaient le don de l’inquiéter.

– Des cas ont été révélés, au sein de la Flotte de Défense. J’ai fait boucler les frontières pour le moment, donc vous avertirez vos hommes, ils devront contourner les secteurs que nous leur indiquerons. Il semble que ce virus marche à retardement, sur les nôtres, mais en plus fort une fois incubé. Visiblement, ce Plagueis s’était servi du peu de données qu’il avait eu le temps de récupérer sur la petite Chiss venue du futur, pour « améliorer » son poison. Si vous avez besoin de laboratoires plus grands, ou vos hommes, vous pouvez vous rendre sur Crustai. Birtu'maur'oagi y dirige les recherches.

Peut-être que la recherche du vaccin ne prendra que quelques mois, si chacun et chacune acceptait de collaborer, qui sait ? Dans tous les cas, c’était à présent la priorité absolue, Veeren ne pouvait juste pas laisser un virus de ce type se glisser dans les rangs et affaiblir assez la Flotte de Défense pour que l’Ascendance s’en retrouve vulnérable.

– Une dernière chose, il y a-t-il des personnes, humains ou autres, qui ont déjà eu à avaler ce genre de poisons, de la part du cinglé ?

– Plusieurs mondes ont été fortement touché à ce jour. J'ignore à quel point la pandémie s'est étendue dans la galaxie.

Étant donné la vitesse à laquelle elle avait débuté, on pouvait en juger qu’elle allait s’étendre bien vite à de nombreuses régions, voir jusqu’à Coruscant, c’était bien possible. On avait beau réagir vite, ce genre de petite maladie concoctée en laboratoire ne pouvait pas être contrôlée comme on contrôlait une pandémie plus classique. Elle lui lança un vague regard lorsqu’il demanda à ce qu’on ne parle pas du fameux créateur de cette maladie, jusqu’à son éradication, afin de ne pas saborder l’unité dont ils avaient tous besoin. Pour le moment, seulement, en effet. Veeren se souciait plus de la fin réelle de ce problème qu’autre chose, y compris que justice soit donnée. C’était là, cependant, temporaire. Elle hocha légèrement la tête avec un un « Très bien, pour le moment », puis le salua, remontant dans son vaisseau avec son assistant. La passerelle se referma derrière eux dans un petit claquement et elle dit au pilote de décoller immédiatement. Dans le même temps, elle reçut un message d’un de ses confrères, l’informant qu’un autre cas avait été détecté.

– Formidable… On va faire un détour, pour déposer notre « ami ».

Elle rentra ensuite dans son bureau, prenant quelques minutes pour souffler, les yeux fermés. La priorité, maintenant, était d’arrêter au maximum la progression de cette maladie dans leurs rangs. Ils allaient devoir prendre des mesures…