Un merci sans fondements

Les missions s’enchaînaient les unes après les autres, toutes plus ennuyeuses que jamais, mais bon, ça rapportait bien et Cade avait de quoi se payer sa drogue. Ils étaient arrivés sur Felucia deux heures plus tôt, cette fois pour vendre des armes de contrebande à un groupe rebelle local et des pièces de vaisseaux, pour leur tas de ferraille qui ne pouvaient plus décoller. Ils étaient en train de le réparer et les chefs respectifs des deux bandes s’étaient mis à l’écart, sous une petite tente, pour négocier leurs futures affaires. Quelques uns préparaient aussi de quoi manger pour ce soir ou jouaient aux cartes ici et là, en attendant l’heure du départ. Un moment presque paisible, qui faillit tourner au vinaigre lorsqu’un des rebelles l’agressa tout à coup à cause du sabre qu’il portait à sa ceinture. Qu’est-ce qui lui prenait, à celui-là ? Il aurait pu très vite l’envoyer balader avec humeur, mais il se contint, en se contentant de s’éloigner.

S’il portait cette arme, ça ne concernait que lui, qu’est-ce que ça pouvait bien foutre aux autres ? Cade marcha plus loin du camp improvisé, roulant en chemin une cigarette maison. La première bouffée le fit tousser avant qu’il ne s’habitue, les yeux déjà rougis à cause de l’alcool et de la fatigue. Faudra peut-être qu’il pense à purger son propre corps de toutes les toxines… Ou non… Bon, bref, non, au moins il n’aura pas non plus de vision bizarre cette nuit. Histoire d’en être sûr, il rajouta une petit décoction en poudre dans la cigarette, un dérivé des bâtons de la mort qu’il fabriquait lui-même et qu’il prenait de plus en plus régulièrement. Il alluma la cigarette et en tira quelques longues bouffées, tout l’agacement accumulé toute à l’heure s’envolant comme par magie avec. Ah, bon sang, c’était bon.

Il s’était encore un peu éloigné quand il entendit un bruit de pas derrière lui et se retourna. Une gamine Chiss, enfin, une jeune, venait à sa rencontre. Quoi, encore ? Et puis, depuis quand les membres de son peuple se baladaient déjà dans la galaxie ? Normalement, faudrait attendre le temps de l’autre imbécile Moff, là, Fhelaru, ou il ne savait plus comment il s’appelait. Lorsqu’elle commença à parler, il eut d’abord du mal à comprendre, l’esprit embrouillé par la drogue, puis capta. Elle le remerciait de lui avoir sauvé la vie… Mais quand ça ? Il s’en souviendrait ! Cade éclata d’un rire un peu gras et très allumé, avant de se laisser tomber par terre, assise au pied de ce qui ressemblait à une grosse fleur géante.

"Je t’aurai soignée ? C’est ça, gamine, c’est ça. Je n’ai rien à foutre de ton peuple ou de toi. T’as fumé aussi, c’est ça ? Papa et maman seraient pas d'accord. D'où tu sors ?"

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Dés

Le pilote était encore un peu sous le choc après qu’ils aient dû faire atterrir le vaisseau en urgence, mais au moins, qu’il n’y avait eu aucun blessé et tout pouvait se réparer sur place. Ils avaient même pu avoir des pièces supplémentaires grâce au groupe de contrebandiers qu’ils étaient venus retrouver ici avant de poursuivre le voyage, la halte sera juste plus longue que prévue. Depuis toute à l’heure, Feesa, tout en aidant comme elle le pouvait pour les réparations ud vaisseau, observait d eloin un des contrebandiers, mi-perplexe, mi-intriguée. Ça ne pouvait être celui auquel elle pensait, il avait disparu à travers les failles ! Ou disparu tout court ? Après tout, il avait montré clairement à la réunion son refus net de plus se rapprocher de l’Ordre, et après, alors qu’elle partait pour les Régions Inconnues avec Nat, elle avait appris qu’il avait disparu. Sur le coup, tous avaient cru que c’était bien à cause des failles, mais ça pouvait aussi être parce qu’il en avait juste assez des Jedis et de tout le reste… Il n’avait pas du tout changé non plus, l’incitant à croire que c’était bien la même personne.

Il faillit bien, par la suite,a voir une altercation car un de leurs compagnons rebelles lui tomba dessus à cause du sabre laser accroché à sa ceinture. Le sien était caché sous sa tunique et lorsqu’elle voyait ce genre de réactions, c’était une très bonne idée. Le ton monta très vite, puis la pression retomba lorsque Cade s’éloigna assez brusquement du groupe, partant seul de son côté d’un pas vif. Feesa hésita encore tout un moment, puis se décida finalement. Le capitaine émit un vague grognement neutre en écoutant à peine, lorsqu’elle lui dit qu’elle revenait, puis fila sur la piste de cade en courant. Elle le retrouva déjà assez loin du campement, occupé à fumer une sorte de cigarette qui dégageait une odeur bizarre, et l’interpella. S’arrêtant à sa hauteur, elle commença par le saluer et lui redire merci, pour ce qu’il avait fait pour elle. Elle s’apprêtait ensuite à lui demander pourquoi il avait tout plaqué aussi brusquement lorsqu’il éclata de rire, s’effondrant assis par terre avec sa cigarette. Que… Il était soûl ou bien… ?

– Je t’aurai soignée ? C’est ça, gamine, c’est ça. Je n’ai rien à foutre de ton peuple ou de toi. T’as fumé aussi, c’est ça ? Papa et maman seraient pas d’accord. D’où tu sors ?

Qu’est-ce qui lui prenait, d’un seul coup ? C’était plutôt lui qui était mal, en fumant ce truc ! Il n’était pas censé avoir arrêté ? Il avait pourtant promis à Nat d’arrêter avec ce genre de poisons ! Ça ne pouvait rien lui apporter à part lui brouiller et lui déchirer l’esprit. Feesa s’avança et s’agenouilla devant lui, dégoûtée par l’odeur de la fumée et comprenant que c’était bien ça, c’était le même sans être le même. C’était un autre homme que la Force avait renvoyé. Mais pourquoi se mettre dans un tel état ? Pourquoi la drogue ? Elle se retint de lui arracher ce poison de la bouche et le jeter dans le premier trou venu, passant aussi sur le reste, ça se voyait qu’il n’était pas dans son état normal.

– Tu étais déjà venu, par une de ces failles, et oui, tu m’avais soignée, alors que tu étais de nouveau membre de l’Ordre Jedi. J’étais même l’élève de ton oncle, Nat, il y a encore peu de temps. Ton oncle a qui tu avais promis de faire au moins un effort et arrêter de t’empoisonner avec ça. Que fais-tu à traîner avec ces types au lieu de rechercher les autres membres de l’Ordre ? Tu es un Jedi, comme nous tous ! Même Luke pourrait t’aider, aujourd’hui, si tu as du mal à te sevrer. Réagis, un peu, tu es en train de détruire, avec ce truc.

C’est vrai, ça, les Chiss n’étaient pas censés se promener dans cette galaxie, pas plus que les Yuuzhan Vong ni aucune autre bestiole bizarre des Régions Inconnues, c’était beaucoup trop tôt. Alors elle venait d’où, miss aux yeux rouges, elle avait été exilée par les siens parce qu’elle ne suivait pas gentiment les règles ? Il l’observa de la tête aux pieds en haussant vaguement les sourcils, lorsqu’elle se laissa tomber elle aussi par terre, juste devant lui, les genoux dans la poussière. On allait s’épargner les présentations complètes, fillette… Lui-même ne donnait jamais son nom de famille, quant à elle, il savait déjà qu’elle avait un nom imprononçable, qu’il pouvait s’épargner d’entendre ! Elle avait quoi, la gamine, vingt ans ? S’il en croyait ce qu’avait lancé Menan un jour, c’était encore des mômes ou des ados, à cet âge.

"Tu étais déjà venu, par une de ces failles, et oui, tu m’avais soignée, alors que tu étais de nouveau membre de l’Ordre Jedi. J’étais même l’élève de ton oncle, Nat, il y a encore peu de temps. Ton oncle a qui tu avais promis de faire au moins un effort et arrêter de t’empoisonner avec ça. Que fais-tu à traîner avec ces types au lieu de rechercher les autres membres de l’Ordre ? Tu es un Jedi, comme nous tous ! Même Luke pourrait t’aider, aujourd’hui, si tu as du mal à te sevrer. Réagis, un peu, tu es en train de détruire, avec ce truc."

Le self-contrôle, dont il avait été si fier jusque là, eut le don de s’évanouir comme un flocon de neige sur Tatooine, alors que la colère grimpait de nouveau dans son âme. Un véritable poison, elle, contrairement à ses petites préparations maison. Très posément, calmement, presque délicatement, il ôta la cigarette de ses lèvres et la posa avec un soin infini en équilibre à côté sur un petit rocher. Puis il frappa très brutalement la gamine du plat de la main dans la poitrine, au niveau du coeur, la paume chargée d’une énergie de Force. S’il pouvait guérir, il pouvait aussi se servir de ce pouvoir à contre-courant, soit en attaquant directement les points de force et d’énergie das le corps d’une personne, au plus profond de son organisme, pour lui causer une douleur intense. Évidemment, il n’avait pas été à fond, auquel cas il l’aurait tuée.

"Je ne suis pas un Jedi, morveuse."

Il alla près d’elle, un genou à terre, reposant la main à plat contre elle près du cou et du coeur, avec un malin plaisir à en rajouter avec sa technique, dans une moindre mesure mais assez pour être certain qu’elle en souffre le plus possible. Pour le moment, comme il n’avait pas d’intérêt à ce que les autres l’entendent hurler, il posa sa main libre contre sa bouche, lui plaquant en même temps la tête en arrière contre le sol. Mmh, maintenant qu’il y pensait, il avait bien cru voir cette charmante petite tête sur un des avis de recherche. Jetant un regard autour de lui, il s’assura que le groupe rebelle n’avait rien vu ou entendu, puis appela avec son comlink un des autres contrebandiers. Lorsqu’il arriva, Cade lui marmonna de vérifier si leur jeune amie ici présente n’était pas sur les listes de recherche de l’Empire. En attendant qu’il fasse la recherche, cade s’amusait à projeter de petits éclairs dans la poitrine de la gamine, titillant le coeur.

"Wow, pour 17 000 crédits !" lança son collègue. "Mais les rebelles ? Ils vont vite s’apercevoir de sa disparition."

"On les fera dégager vite fait toute à l’heure, s’il le faut, ils sont moins nombreux et moins armés. Va chercher de quoi la faire se tenir tranquille."

Il reporta le regard sur la gamine clouée au sol, un sourire goguenard aux lèvres.

"Tu veux bien être gentille et marcher ou tu veux que je t’envoie faire une petite sieste ?"

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Dés

Elle ne savait pas vraiment quoi lui dire pour qu’il écoute, même un minimum, et lui faire comprendre qu’il y a des personnes qui pouvaient s’inquiéter pour lui. Au moins, il posa doucement sa cigarette, un soulagement pour elle. Parfait ! Maintenant, il ne… La phrase qu’elle s’apprêtait à sortir fut coupée lorsqu’il la frappa brusquement en pleine poitrine et qu’une très vive douleur lui vrilla le corps tout entier. Elle ne put même pas hurler, sur le coup, le souffle totalement coupé, retombant en arrière avec l’horrible l’impression qu’on venait lui enfoncer des échardes brûlantes dans toutes les cellules de son corps. Ce que dit cade lui resta incompréhensible, juste après, sonnée. Elle n’eut pas le temps de reprendre ses esprits qu’il était déjà revenu, ravivant sèchement la douleur en plaquant la main sur elle pour utiliser son pouvoir, l’autre main contre sa bouche, étouffant le cri qui lui avait échappé. Mobilisant toute son énergie pour ne pas s’évanouir, à cause de la douleur, elle eut aussi l’impression de revoir Plagueis, penché au-dessus d’elle, ajoutant la peur à la souffrance.

Un autre type était venu les rejoindre, faisant elle ne savait quoi à côté, impossible de tourner la tête à cause de Cade. Elle sursautait à chaque fois qu’il lui projetait quelques éclairs, l’esprit à la fois éclairci et embrouillé à cause de la douleur. Très vaguement, elle entendit l’autre contrebandier parler des rebelles et d’une somme en crédits, tâtonnant de la main contre la poussière et les feuilles, cherchant à attraper la crosse de son baster. Elle le sentait, contre sa hanche, cherchant juste à l’attraper, désorientée. Le contrebandier repartit en courant, d’un coup, tandis qu’elle croisait le regard de Cade. Pas la peine de faire semblant de vouloir répondre ça. Trouvant enfin du bout des doigts son blaster, elle le saisit maladroitement pour le prendre de son étui et tirer sur son agresseur. Un coup qui ne l’effleura même pas et passa à côté de sa tête sans le toucher, juste avant qu’elle ne perdre son arme et laisse échapper un autre hurlement étouffé, à cause de ce qu’il lui faisait. Elle voulut le mordre, se débattre, n’importe quoi. Le second contrebandier était revenu, avec deux moto-jets, et un sac entre les mains.

Ce n’était sûrement pas la première fois que ces deux-là se mettaient à ce genre d’activité, comme elle s’en rendit très vite compte. L’attaque de Cade n’en avait même pas terminé, elle en ressentait encore les effets et ça ne l’aidait pas à s’en sortir. Jugulant la panique, elle se rassura en se disant qu’ils n’avaient pas encore, ni dans l’Empire ni ailleurs, des prisons pouvant vraiment retenir des sensitifs, et que même si elle mourrait, elle ne venait pas de ce temps et ça n’aura donc aucune incidence. Ce qui ne l’empêcha bien sûr pas de tenter par tous les moyens d’échapper à ses agresseurs. Ils la traînèrent jusqu’à une petite ville plus éloignée, et une caserne, comme on venait vendre un sac sur le marché. Feesa tenait à peine debout à cause de ce que l’autre ordure lui avait fait et dû se résigner en partie lorsque les Impériaux la poussèrent en avant et l’enfermèrent dans une petite cellule. Une fois seule, elle se laissa un moment retomber par terre, appuyée contre la dure couchette, tête posée dessus et yeux fermés.

– Saloperie de Sith… murmura-t-elle à voix très basse.

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Lancer de dés