Explorations, rencontre... Tu fais quoi ici ? ( maul)

Mais Maul semblait avoir une toute autre idée en tête.

Alors qu’il la voyait s’éloigner, il attrapa aussitôt le poignet de la jeune femme pour la retenir. Un large sourire était peint sur ses traits tandis qu’il hochait lentement sa tête à la négative, comme s’il lui disait muettement qu’il n’en avait pas fini. Sans la lâcher pour ne pas la voir prendre ses jambes à son cou, il sortit de leur cachette en entraînant Rosas avec lui… et se retrouva à la vue du Rancor.

La bête ayant un odorat des plus fins malgré sa faible vision, elle les sentit aussitôt et se tourna vers eux en poussant un grondement sonore. Le Zabrak ne se laissa pas démonter et, tendant la main vers l’animal, le toucha doucement avec la Force. Le grondement initial se transforma peu à peu en grognement grave mais non-agressif.

Sans lâcher Rosas et conservant sa main tendue vers la bête en puisant dans la Force de manière constante pour le garder docile, Maul s’approcha du Rancor en compagnie de la jeune femme qu’il relâcha uniquement une fois à quelques pas de l’animal.

- Tu peux la toucher, elle ne te fera rien.

Un sourire amusé aux lèvres, il laissa lui-même sa main tendue se poser sur le cuir de la peau du Rancor qui se laissa faire.

- Tu le savais probablement déjà mais les Rancors sont natifs de cette planète. Les Sœurs de la Nuit les utilisaient comme monture durant la guerre et même avant. D'une certaine manière, ils sont sensibles à la Force.

La question le déboussola quelque peu. Il ne s’était pas attendu à ce genre de chose, encore moins à devoir rester aussi longtemps auprès d’un Rancor sauvage.

- Oui, je peux.

Ce qu’il fit, d’ailleurs. Docile, la créature resta parfaitement calme tandis que Maul venait de se hisser sur un bras puis une épaule avant de s’installer sur son dos. Il prit garde à ne pas s’écorcher sur les épines dorsales et les plaques d’os de la bête. Ses yeux se baissèrent ensuite vers la jeune femme au sol.

- Les Rancors que tu peux voir en dehors de cette planète sont souvent maltraitées par les dresseurs. Elles ne sont pas plus dangereuses que moi et défendent simplement leur territoire et elles-mêmes quand elles se sentent menacés.

L’instinct animal, en somme.

- Celle-ci est une femelle qui n’a, heureusement, pas de petit. Si cela avait été le cas, elle ne nous aurait pas laissé approcher, même avec la Force. Quant aux mâles… il aurait fallu le soumettre délibérément.

Ce qui signifiait faire appel au Côté Obscur pour obliger l’esprit de l’animal à ployer devant lui. Avec cette femelle, il avait simplement calmé ses craintes. Pas à la manière Jedi, mais plutôt à la manière des sorcière Sith.

- Tu veux monter ?

Maul la laissa faire ce qu’elle désirait faire.

De son côté, il demeura simplement à sa place sur le dos du Rancor femelle qui suivit un instant des yeux l’humaine qui lui tournait autour mais sans toutefois émettre la moindre protestation, simplement de souffler bruyamment par les naseaux. Quand il la vit ranger son carnet de croquis, il se redressa légèrement.

Il l’aida à se hisser jusqu’au sommet de l’animal et lui montra comment s’installer de manière confortable aussi bien pour le cavalier que pour ne pas gêner la monture. Il fut assez surpris qu’elle lui montre son carnet.

- Merci.

Nul doute qu’elle avait un talent certain pour mettre sur papier ce que ses yeux voyaient. Il parcourut les nombreux dessins du Rancor avant de tomber sur celui où il était représenté. Voir sa propre image en dehors d’un miroir le surprit assez, et le silence qu’il observait pouvait en témoigner. La scène qu’il avait sous les yeux semblaient sortit tout droit d’un vieil ouvrage.

- C’est très beau.

S’arrachant à la contemplation du dessin, il tourna les autres pages par curiosité pour voir s’il y avait d’autres croquis de ce genre.

Le Zabrak accepta de voir les anciens croquis, tout en lui rendant celui qu’elle avait commencé.

Son regard vif parcourut lentement les nombreux croquis. Beaucoup de paysage, de faune et de flore avec quelques objets inanimés. La retranscription des détails était assez surprenante, il reconnut sans mal certains endroits qu’il avait lui-même vu de ses propres yeux. Quand bien même il les voyait en noir et blanc actuellement.

Lorsqu’il parvint aux trois portraits, il écouta les explications de la jeune femme d’une oreille. Ses yeux jaunes mémorisaient les traits des trois individus par pur automatisme.

- Les trois hommes de ta vie, en somme.

C’était une manière de conserver un portrait des êtres chers, d’une certaine façon. Il devait bien l’avouer, c’était mieux que d’avoir un simple holo sous forme de portrait. Refermant doucement le carnet, il le lui rendit ensuite.

- Nous devrions y aller, notre amie ci-présente semble avoir faim, commenta-t-il alors que le Rancor émettait un puissant grognement et secoua légèrement sa tête, sans toutefois les désarçonner de son dos.

Maul attendit que la jeune femme soit descendue à son tour. Puis, effleurant de nouveau l’esprit du Rancor avec la Force, il retira sa propre présence non sans toutefois lui ordonner de ne pas les prendre pour cible et nourriture. L’animal s’ébroua comme sortant d’un rêve et fit aussitôt volte-face pour retourner s’enfoncer dans les marécages afin d’aller chasser.

Le Zabrak ne cacha pas sa surprise lorsqu’elle déposa un baiser sur sa joue.

Ses yeux jaunes s’écarquillèrent brièvement, avant qu’il ne fronce sourcils. Le problème du petit jeu de taquinerie qui semblait s’être instauré entre eux était qu’il était particulièrement difficile de savoir quand l’autre faisait preuve de sérieux… ou non.

Dans le cas actuel, il n’arrivait pas à mettre sur la différence entre la taquinerie et le sérieux.

- De rien, finit-il par dire.

Rosas pouvait se targuer d’être parvenue à déstabiliser un Seigneur Sith.

-  Si ça peut me permettre d’éviter de voir des curieux débarquer sur Dathomir parce que tu auras été porté disparu et sans doute terminé dans l’estomac d’une créature sauvage comme un Rancor, je veux bien te servir de guide n’importe quand, ajouta-t-il avec un sourire amusé tout en reprenant la direction du speeder qu’il avait laissé.

Son sourire disparut ensuite alors qu’il songeait qu’il n’en avait finalement pas fini avec elle. Un dernier endroit devait être vu… un endroit qui n’avait rien à voir avec la planète d’origine. Un lieu qui avait été édifié récemment mais laissé ensuite à l’abandon.

- Peut-être… mais les Sœurs de la Nuit ou un des clans de Dathomir t’auraient vu. Elles ont des yeux partout et certaines informations se revendent très chères sur le marché noir.

Il était parfaitement bien placé pour le savoir étant donné son travail actuel ainsi que les contacts de son organisation dans le milieu criminel.

Le Zabrak leva le nez vers le ciel qu’il apercevait à travers l’épais feuillage recouvrant les marécages. Sans cesser de marcher pour rejoindre le speeder, il secoua légèrement sa tête comme pour s’éclaircir les idées. Quand bien même l’endroit où il désirait se rendre était différent des autres, c’était un lieu que faisait partie de l’histoire. Au grand dam des habitants de Dathomir.

- Pas très loin, répondit-il sans être plus explicite tout en enfourchant le véhicule quand ils le retrouvèrent.

Il la laissa monter derrière lui et s’accrocher avant de démarrer et de filer rapidement. Le marécage devint de plus en plus minime à mesure qu’ils s’éloignaient dans les plaines ocre, longeant ce qui semblait être un désert fait de roches sombres. Maul ralentit l’allure alors qu’ils arrivaient en vue de ce qui ressemblait à une falaise aux arrêtes pointues. Il s’arrêta et descendit pour s’approcher du bord.

En contrebas et d’une stature aussi imposante qu’austère, un immense bâtiment aux murs lisses et agrémentés de quelques cavités ressemblant à des fenêtres s’y trouvaient. Ledit bâtiment était entouré par une cours et un immense mur d’enceinte. Les barbelés et systèmes d’alarme tout autour rappelait étrangement…

- Une prison impériale, expliqua Maul à haute voix. Dathomir a toujours été une planète d’exil. D’abord la Jedi Allya qui a appris à utiliser la Force aux exilés présents, puis d’autres criminels et marginaux dont les crimes ont été si cruels que la galaxie a préféré les oublier ici. La prison a été abandonnée depuis un assaut des Sœurs de la Nuit… Maintenant, c’est un lieu fantôme où errent les âmes torturées.

Même à bonne distance qu’ils étaient, il pouvait ressentir la pression des murs qui lui rappelait la prison Stygeon où il avait été enfermé et torturé par Sidious et Dooku avant que les mandaloriens qu'il gouvernait à l'époque ne viennent le délivrer.

- Ne va pas croire que l'Empire ne s'est jamais intéressé à Dathomir. Ils veulent juste ne plus en entendre parler depuis lors.

Maul resta un moment à contempler la prison sans vraiment la voir, s’abandonnant à des souvenirs peu agréable. Il ne répondit pas à la jeune femme mais, de son point de vue personnel, il doutait fortement que l’Empire ne revienne pas réclamer ce lieu oublié pour y envoyer de nouveau ses prisonniers. Et, de nouveau, les Sœurs de la Nuit assiègeraient la prison.

Il sortit cependant de ses pensées en entendant l’orage qui venait de gronder. Son regard se leva vers le ciel où le vent soufflait fortement et les nuages se rassemblaient en un tourbillon noir. Il reporta son attention sur Rosas qui ne semblait pas rassurer.

- Je vais te ramener à ton vaisseau.

C’était la première chose qui lui venait à l’esprit. Au moins y serait-elle en sécurité alors que l’orage gronderait autour sans l’atteindre.

Abandonnant la prison derrière lui, le Zabrak remonta sur son speeder. Il enclencha le système de navigation pour repérer la zone où se trouvait ledit vaisseau qu’il avait gardé enregistré quand il était allé voir quel sorte de touriste était venu sur cette planète. Une fois qu’il fut certain que la jeune humaine était solidement accrochée à lui, il fila à travers le paysage sombre de Dathomir.

Dans le ciel, les éclairs déchiraient les nuages noirs et le tonnerre ne cessait de se manifester. S’il avait espéré rejoindre le vaisseau de Rosas avant la tombée de la pluie, ce ne fut pas le cas : le faible crachin devint des trombes d’eau fort peu agréables dès qu’il s’arrêta devant l’entrée du vaisseau.

Lui qui avait pensé retourner au Temple où se trouvait les locaux de l’Aube Écarlate fut assez surpris lorsque Rosas l’entraîna avec elle à l’intérieur de son vaisseau. Il esquiva un montant de métal qu’il manqua de percuter de son front et se baissa pour entre dans le compartiment avant de se redresser.

Maul observa lentement ce nouvel environnement. L’endroit était plus grand qu’il ne laissait paraître de l’extérieur bien que petit par rapport aux vaisseaux dont il avait l’habitude. Cela dit, ce genre d’aménagement devait parfaitement convenir pour une seule personne. Et puisque la jeune femme voyageait seule, ce n’était pas bien difficile pour être.

- Merci, dit-il en prenant la serviette qu’elle lui tendait.

Il retira sa veste ainsi que ses gants puis le vêtement sur son dos, se retrouvant donc torse-nu pour se sécher correctement. Contrairement à la dernière fois, il ne portait pas de pantalon sur ses jambes synthétiques rattachées à sa taille. Pour lui qui avait l’habitude, cela lui importait peu de se retrouver dans une « tenue » aussi simple.

- Les tempêtes sont assez rares mais quand elles éclatent, elles ne pardonnent pas, dit-il tout en frictionnant ses bras pour retirer l’eau et la poussière qui s’y était accrochés. Ça va aller ? ajouta-t-il en voyant le visage de la maîtresse des lieux.

Il s’abstint volontiers de commenter le fait que le « ailleurs » aurait été mieux. Sachant que le « ailleurs » correspondait à ses propres quartiers et donc le syndicat par extension. Mais bon, mieux valait ne pas faire la fine bouche à ce sujet. Il était déjà ravi de ne pas rester dehors, quand bien même un peu d’exercice ne l’aurait pas dérangé.

Une fois séché, il laissa la serviette reposer autour de ses épaules. Principalement pour lui tenir chaud, alors qu’il prenait place sur le canapé en face de la jeune femme.

Ses yeux observèrent lentement les lieux, en particulier la décoration et les dessins qui s’y trouvaient accrochés. L’endroit lui rappelait un tantinet la cabine de Sabine, cette jeune mandalorienne adepte de l’art en bombe aérosol qui avait fait de sa pièce sa galerie d’art.

- Tu n’as pas ton propre vaisseau ?

Il trouvait cela étrange mais pas étonnant ensuite, se rappelant qu’elle lui avait dit avoir écoulé beaucoup de ses revenus dans ses voyages. Acheter un vaisseau revenait à un certain investissement.

Le Zabrak baissa ses yeux vers sa radio autour de son poignet qui venait de biper de manière régulière.

- Excuses-moi, dit-il auprès de la jeune femme en se levant pour répondre.
- Mon seigneur, résonna une voix masculine à moitié coupée par les interférences dues à l’orage, devons-nous envoyé des hommes vous récupérer ?
- Non, restez à l’intérieur. Je suis dans le vaisseau qui s’est posé ce midi. J’y reste jusqu’à ce que l’orage passe.
- À vos ordres.

La communication s’interrompit et Maul soupira. Le vaisseau n’était pas suffisamment grand pour qu’il ait pu s’isoler, la conversation devait sans doute être parvenue aux oreilles de Rosas. Il retourna s’asseoir sur le canapé.

Le Zabrak ne semblait pas être dérangé par la présence de l’orage. Au contraire, il observa un moment la pluie battre violemment au-dehors et les arbres plier leurs branches pour résister au vent. Il s’arracha à sa contemplation pour se pencher et prendre la tasse où se trouvait la boisson, remerciant la jeune femme, pour ensuite en prendre une gorgée. Le liquide chaud fut agréable.

La foudre s’abattit violemment à quelques kilomètres d’eux, causant la chute d’un des arbres. Le bruit de porcelaine qui se brise lui fit baisser les yeux sur la tasse détruite au sol du vaisseau. Il se leva et alla reposa la sienne sur une zone à non-risque avant de se diriger droit vers Rosas.

- Donne.

Sa voix sonna plus comme un ordre que comme une recommandation. Tendant sa main, il attendit qu’elle lui donne la sienne qu’il observa un instant. L’eau avait lavé la plaie… mais pas désinfecté. Plaçant sa main libre au-dessus de celle blessée de la jeune archéologue, il usa de la Force pour retirer les débris infimes qui s’étaient glissés sous les plis de la peau.

En ancien apprenti Sith fidèle à ses principes, il récupéra une solution désinfectante qu’il avait dans une capsule à sa ceinture et versa l’espèce de gel de couleur vert translucide sur la plaie.

- Bande-la et garde ça pendant une heure environ ou plus, cela dépend de toi. Détends-toi, l’orage ne t’atteindra pas et la foudre non plus.

Le Zabrak l’écouta en silence, essayant de visualiser la scène alors qu’elle lui en faisait part. Il peinait à comprendre, ayant été formé et enduré pour n’avoir peur de rien. Seulement ressentir et se nourrir de sa colère et de tous ses sentiments qui animaient l’esprit.

Il reporta un instant son attention sur l’extérieur alors que la foudre s’abattait à plusieurs kilomètres de là. Du coin de l’œil, il perçut les mouvements de Rosas et, surtout… sa peur grandir. Quand bien même il était prompt à se servir de la peur que ses ennemis ressentaient pour décupler sa propre force… la situation n’était pas la même actuellement.

- Viens, finit-il par dire en lui faisant signe de la rejoindre.

Il s’écarta légèrement pour lui faire de sa place et ouvrit un de ses bras pour l’inviter à se glisser contre lui. Au moins se sentirait-elle un peu plus en sécurité dans une étreinte qui se voulait rassurante, quand bien même le Zabrak n’avait pas l’apparence ni le caractère pour être – justement – rassurant.

Une fois qu’elle se fut correctement installée, il referma son bras sur ses épaules. Sentir une chaleur humaine n’était pas désagréable, lui qui était habitué à la froideur du Temple de Mère Talzin. Et puis, mine de rien, cela lui permettait de se réchauffer et donc de sécher plus vite aussi même s’il dégageait naturellement de la chaleur.

Il écouta ses remerciements, bien qu’il ne put s’empêcher d’avoir un léger rire amusé.

- C’est le but d’un guide de faire des rencontres et connaître les lieux, non ?

Quand bien même son attitude avait été, avant tout, profondément égoïste. Après tout, il ne tenait pas à la voir s’égarer vers le Temple de Mère Talzin et encore moins qu’elle découvre ses réelles activités. Quand bien même elle n’appartenait ni à l’Empire ni aux Rebelles, mieux valait éviter que cela s’ébruite jusqu’à nouvel ordre.

Et puis, à force de côtoyer le Côté Obscur sous les traits du Zabrak… qui sait ? Peut-être y aurait-il une petite chance pour l’y faire sombrer de manière imperceptible.