Au cœur de la nuit

Le soir venu, Feesa s’était à moitié écroulée sur son lit, encore toute habillée, avec pour seule idée de dormir quelques heures durant sans plus bouger un seul orteil, mais le sommeil n’avait pas daigné venir… Elle s’était relevée pour prendre une douche, manger un peu, et s’était recouchée, mais non, pas moyen. Blottie entre les draps, trop fatiguée pour réussir à s’endormir, elle fixait désespérément le plafond en cherchant le sommeil. Et plus elle appelait ce dernier, plus il s’éloignait… Trop de sujets à défiler dans la tête, peut-être… Voilà deux jours qu’ils avaient rejoint la base mouvante de la rébellion, leur Flotte quoi, son mentor avait juste dit qu’il devait essayer de comprendre un point pour une « affaire de famille ». Précision qui avait aussitôt dissuadé la jeune femme d’en apprendre plus, c’était bien le genre d’affaires dont il ne fallait pas se mêler. Ils avaient passé des heures à s’entraîner, puis il était reparti de son côté. Feesa soupira puis se releva, attrapant au hasard un pantalon et une tunique au fond de son sac, avant de prendre ses chaussures. Sur la couchette d’à côté, Skeeto, lui, dormait à poings fermés. Elle eut une moue un peu envieuse, puis quitta la chambre sans faire de bruit.

C’était assez bizarre, d’être ici, elle avait d’abord crut qu’ils rejoindraient le temps, mais bon. Ils avaient pu attendre, chez son oncle, que Lorana et Thrass soient prêts, eux aussi, avant de repartir tous ensemble. Quitter l’Ascendance avait été un peu… Elle ne saurait pas comment le décrire. Etrange et joyeux à la fois, savoir qu’elle pourra découvrir autre chose la mettait toujours de bonne humeur, même s’il y avait la tristesse de partir loin des siens. En résumé, ça la rendait plutôt nerveuse, même si elle n’imaginait pas revenir en arrière. Dans les couloirs de la mini-station, on lui jetait parfois des regards bizarres, sans doute dus à son apparence, auxquels elle ne prêta pas une grande attention. Elle ne savait même pas où aller, déambulant un peu hasard, pour s’occuper le corps à défaut de l’esprit, ça sera toujours mieux que passer des heures à se retourner dans un lit. Après dix minutes à tourner en rond, elle arriva dans une petite bibliothèque, vide bien sûr, ah, quoi que… Thrass était là, seul, que pouvait-il bien chercher, surtout à cette heure ? Feesa s’approcha tout en le saluant, dans leur langue maternelle, jetant un regard curieux à la section où il se trouvait. Les langues parlées dans la galaxie, d’accord… C’est vrai qu’il parlait seulement leurs langues natales et le Sy Bisti.

– Vous allez apprendre le Basic seul, juste avec ça ?

Peu pratique, selon elle, mieux valait avoir quelqu’un avec qui le parler, ne serait-ce que pour s’entraîner, et c’était aussi moins ennuyeux. Pour sa part, elle avait appris à parler en écoutant puis répétant après ses amis humains, en plus du support d’un livre ou deux. Ce n’était pas si compliqué à apprendre, mais bon, ça demandait un peu de temps. Feesa s’assit sur un petit banc non loin du rayonnage, près des ordinateurs, encore plus somnolente que toute à l’heure mais toujours incapable de s’endormir pour de bon.

– Vous allez rester chez les Rebelles, maintenant ? Ou essayer de devenir Jedi ?

C’était la première fois de sa vie que Thrass quittait les territoires de l’ascendance pour s‘aventurer dans les « régions connues ». Jusqu’alors, il ne s’était pas vraiment demandé à quoi les autres régions de l’Espace pouvaient bien ressembler, qui y habitait et comment, ayant une idée par rapport à ce qu’il avait pu lire, sans aller plus loin. C’était très… et bien, assez perturbant. A leur arrivée, avec la Flotte Rebelle, il avait vite senti que ça n’allait finalement pas être le meilleur endroit possible où rester, en tout cas pas durant très longtemps… Beaucoup se méfiaient de Lorana car elle était une jedi et de lui car il était étranger et avait une apparence passant difficilement inaperçue. Il ne parlait même pas le Basic, un handicap de plus qu’il devait s’efforcer de combler au plus vite.

C’est pour cela qu’il était ici, cette nuit, pendant que Lorana dormait. Etant sa fatigue, en ce moment, il ne voulait pas la déranger ou la fatiguer encore plus en lui demandant de lui apprendre le Basic. Il pouvait se débrouiller, dans un premier temps… En plus de chercher un livre intéressant sur le sujet, il avait aussi regardé ce qu’on pouvait trouver sur la grossesse des femmes humaines, peu convaincu que ça se passe exactement comme celles des femmes de son peuple. Il ne savait pas vraiment comme c’était censé marcher, sa seule connaissance liée à ça étant les souvenirs qu’il gardait de sa propre mère, lorsqu’elle était enceinte de Thrawn. Il se souvenait qu’elle dormait parfois assez mal, de la fatigue, des sautes d’humeur… C’était comme ça chez toutes les femmes ? Ou bien cela différait, chaque cas était particulier ? Difficile à dire…

Il prit un autre guide au hasard, le feuilletant vaguement, sans vraiment chercher, regardant plus ce qui se faisait. Rien ne vaudra le parler avec une personne s’y connaissant bien, de toute façon. Au même moment, un bruit de pas lui fit relever la tête, Feesa entra dans la pièce à son tour et le salua, dans leur propre langue. Il le lui rendit, tout en pensant qu’elle serait mieux dans son lit, cette tête fatiguée le prouvait à elle seule. Il lui sourit doucement, résistant à l’envie grandissante de lui dire qu’elle devrait retourner se coucher. Si elle avait été beaucoup plus petite, il lui aurait d’abord demandé si elle avait fait un cauchemar.

"Vous allez apprendre le Basic seul, juste avec ça ?"

"Non, ce n’est que pour le début. Je l’apprendrai en le parlant."

De toute manière, il lui faudra du temps pour s’habituer, s’adapter… Sans avoir jamais quitté les siens, il était très perturbant de vivre d’un seul coup entouré d’humains et de membres d’autres espèces, et il n’avait pas non plus le caractère le plus ferme et sûr de lui qui soit. Avec un peu de temps, ce sera sans doute plus facile. Et sérieusement, jeune fille, file donc au lit ! Elle devait être à deux doigts d tomber par terre. Il lui lança un regard en biais pour s’assurer qu’elle n’allait pas rater le banc et bien s’asseoir, avant de ranger les quelques documents qu’il avait pris.

"Vous allez rester chez les Rebelles, maintenant ? Ou essayer de devenir Jedi ?"

"Honnêtement, je ne suis encore sûr de rien. Je connais très mal cette galaxie, il faut d’abord une phase d’adaptation, apprendre le Basic, comprendre ce qui se passe, se mettre… à jour, entre guillemets. Et sans connaître d’autres membres de l’Ordre Jedi, c’est difficile de se faire une bonne idée. Ton prof n’est pas très causant, sur le sujet."

Il verra bien si les autres Jedis étaient plus prolixes. Et surtout, comme allaient-ils réagir en découvrant la grossesse de Lorana. Nat, lui, semblait s’en foutre d’une façon royale, ou plutôt, il réagissait du style « C’est votre vie, vous en faites ce que vous voulez ». Une réaction somme toute normale pour une personne n’étant pas amie ou intime avec vous, mais ce qui interrogeait le plus Thrass, c’était le stress ressenti chez Lorana quand elle avait vaguement évoqué la réaction des siens. Il rangea le dernier livre puis vint s’asseoir à côté de Feesa, la trouvant encore plus nerveuse que lui, ça se sentait à sa posture, il pouvait le voir.

"Et toi, tu es vraiment sûre de toi ? Je te sens perdue."

– Honnêtement, je ne suis encore sûr de rien. Je connais très mal cette galaxie, il faut d’abord une phase d’adaptation, apprendre le Basic, comprendre ce qui se passe, se mettre… à jour, entre guillemets. Et sans connaître d’autres membres de l’Ordre Jedi, c’est difficile de se faire une bonne idée. Ton prof n’est pas très causant, sur le sujet.

Pas très causant tout court. Feesa replia ses jambes et posa les pieds contre les rebords du banc, entourant ensuite ses genoux avec ses bras et posant la tête dessus. Voilà, légère position fœtale tout en restant assise, pas forcément très confortable mais qui lui convenait tout à fait pour le moment. Elle ferma les yeux un petit instant, puis les rouvrit, ou plutôt les entrouvrit, quand l’ancien Administrateur vint s’asseoir juste à côté d’elle. Elle l’avait dérangé, en fait, en lui parlant ? Désolée… Elle allait y aller, retourner dans la cabine, essayer de s’endormir, d’arrêter de penser à tout et n’importe quoi. Enfin bon, après tout, une nuit blanche, ce n’était pas la mort. Du moment qu’elle faisait attention à ne pas réveiller ou déranger les autres.

– Et toi, tu es vraiment sûre de toi ? Je te sens perdue.

Non, non, ça allait très bien. Elle secoua la tête, puis posa ensuite le front contre ses genoux, en refermant les yeux. C’était juste un peu bizarre d’être ici, c’est tout, même si elle avait l’habitude de côtoyer des humains, elle l’avait toujours fait sur Nirauan ou alors que des membres de son peuple se trouvaient à proximité. Alors qu’ici, et ça devait être le cas pour Thrass aussi, c’était le grand saut dans le vide, sans savoir ce qui pourra arriver maintenant. Elle s’était fixée certains objectifs, et maintenant… Et bien, maintenant, c’était de savoir ce qui allait arriver. Même la mission du Vol vers l’Infini n’avait pas suffi à provoquer le « déclic » qui allait la renvoyer chez elle, retrouver sa vie, sa famille, ses amis. Oui, elle avait bien retrouvé son oncle, ici, mais il n’était pas le même homme qu’elle avait connu. Même avec sa mère, il restait une sorte de distance qu’elle ne pouvait pas écarter comme ça, malgré toute sa volonté. En résumé, elle était en recherche, toujours, de repères, de symboles à quoi s‘accrocher, ce qui expliquait en partie son souhait de ne pas rester confinée dans l’Ascendance.

– C’était à la fois bien… et étrange, d’être dans l’Ascendance. Nirauan a changé, Csilla aussi, mon est n’est… pas du tout le même que celui que j’ai connu. J’ai l’impression d’être incapable de vraiment connaître ma propre mère ou m’approcher d’elle, et je ne comprends toujours pourquoi je serai sensible à la Force, alors qu’elle ne l’est pas.

Ou alors elle se posait trop de questions, tout bêtement. Mmh… Après un long moment à ne plus rien dire du tout, elle se mordilla un peu les lèvres, gardant la tête penchée comme il faut contre ses genoux pour que Thrass ne la voit pas pleurer doucement. Par bonheur, ses cheveux, assez longs, formaient deux petites cascades sur les côtés de son visage, le cachant en partie. Joie d’être une fille, pour cela.

– Pourquoi la Force fait ça ?

Et ça, maintenant, c’était la posture qui voulait dire « Je ne vais pas très bien mais il est hors de question que je l’avoue à qui que ce soit ». Les enfants et les ados étaient convaincus que leurs aînés ne pouvaient pas l’interpréter, alors que si, bien sûr, ils étaient passés par là bien avant eux. Thrass s’appuya un peu le dos contre le rebord de la table, derrière eux, attendant patiemment que Feesa reprenne la parole. C’était comme ça qu’il faisait, avec son jeune frère quand il n’était pas bien, juste rester à côté de lui et attendre qu’il se lance, qu’il trouve ses mots. Lorsqu’il était tout petit, ça n’avait jamais demandé d’être patient, tout au plus quelques minutes. C’était même plus rapide encore lorsque la personne était fatiguée, comme Feesa aujourd’hui, la réflexion avant de parler se tassait un peu, au profit des sentiments.

"C’était à la fois bien… et étrange, d’être dans l’Ascendance. Nirauan a changé, Csilla aussi, mon oncle n’est… pas du tout le même que celui que j’ai connu. J’ai l’impression d’être incapable de vraiment connaître ma propre mère ou m’approcher d’elle, et je ne comprends toujours pourquoi je serai sensible à la Force, alors qu’elle ne l’est pas."

Ah, pour ça… Tous les sensitifs issus devaient se poser le même genre de questions. Même lorsqu’on avait connu certaines personnes de ce temps, il suffisait de se renseigner sur leur évolution et ce qu’elles avaient vécu. Or, cette évolution n’était jamais très compliquée à appréhender. Là où ça coinçait, pour la petite, c’est que son oncle était effectivement très différent, impossible de trouver des points de comparaison ou des repères. Quant à sa mère, et bien… Il ne savait pas vraiment quoi lui dire. Lorsqu’on avait passé sa vie à se forger une image mentale de la personne disparue, confronter cette image à la réalité était une épreuve très délicate, il pouvait le comprendre. Feesa ne pleurait tout de même pas, si ? Il pencha un peu la tête pour vérifier, sa posture le lui cachait, pourtant, il avait vraiment l’impression que c’était le cas.

"Pourquoi la Force fait ça ?"

Très bonne question… Tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était des hypothèses, sans les amener à grand-chose. Thrass posa une main sur l’épaule de la jeune fille, massant doucement dans l’espoir d’au moins la réconforter un petit peu.

"On peut supposer que c’est comme une deuxième chance offerte, pour accomplir ce que nous aurions pu manquer lors de notre précédent passage dans cet univers. Pour vivre d’une autre façon, revoir ou rencontrer, pour certains, des personnes que nous aimons. Viens là."

Il ne supportait pas de voir les enfants et les jeunes pleurer, à cet âge, il ne faudrait pas avoir de problèmes ou le moins possible. Il la fit venir contre lui et la serra doucement dans ses bras. Allez, du calme… Elle était fatiguée et avait les nerfs en boule, ça se comprenait, mais ça passera, c’était juste un coup de mou, tout le monde en avait. Thrass laissa d’abord s’écouler un autre temps sans rien dire, pour lui laisser l’occasion de pleurer encore si ça la soulageait ou si ça l’aidait, se contentant de la serrer dans ses bras pendant ce temps. Ce n’était pas bien important s’ils ne se connaissaient qu’à peine, il restait le seul membre de son peuple à être ici, pour le moment, et l’un des rares à pouvoir comprendre ce qu’elle vivait.

"C’est normal, que tu te sentes perdue. Mais avec le temps, tu pourras vraiment te rapprocher de ta maman, c’est certain. Tu n’avais pas conservé de souvenirs d’elle ?"

– On peut supposer que c’est comme une deuxième chance offerte, pour accomplir ce que nous aurions pu manquer lors de notre précédent passage dans cet univers. Pour vivre d’une autre façon, revoir ou rencontrer, pour certains, des personnes que nous aimons. Viens là.

Mmh ? Elle redressa un chouïa la tête, ayant juste senti qu’il lui avait posé une main sur l’épaule toute à l’heure, surprise en voyant qu’il lui tendait les bras. Surprise mais pas vraiment en état de réfléchir, ni essayer de comprendre pourquoi il agissait ainsi, donc elle alla s’y blottir sans se poser de questions, refermant les yeux aussi sec en essayant de ne plus pleurer. Elle aurait dû plus réagir que ça, après, il n’était pas un de ses proches, un ami ou un membre de la famille, mais peu importe, là, tout de suite. Être dans les bras de quelqu’un, simplement, ça la réconfortait. Il s’écoula un moment de silence, encore une ou deux larmes coulèrent, puis elle se calma. La tête posée contre son épaule, les yeux toujours clos, s’endormir comme ça aurait été pas mal, mais elle ne pouvait quand même pas faire ça. Toute petite, elle avait alors l’art de s’endormir dans les bras de son oncle. C’était presque magique, il suffisait qu’il la garde comme ça dans ses bras en la câlinant un peu et elle tombait toujours dans le sommeil, tôt ou tard. La sensation de sécurité, couplée au réconfort procuré, avait toujours eu un effet très apaisant sur elle.

– C’est normal, que tu te sentes perdue. Mais avec le temps, tu pourras vraiment te rapprocher de ta maman, c’est certain. Tu n’avais pas conservé de souvenirs d’elle ?

– Deux ou trois… J’étais très petite. Je me souviens de sa voix. Je me souviens aussi d’une autre voix, avec la sienne, un homme je crois, je ne sais pas trop. Mes premiers vrais souvenirs sont avec tonton.

Elle se remit un peu mieux, baissant aussi sa garde. Tant pis si on les voyait ou si on leur disait quelque chose, après tout. A cette heure, personne ne se baladait dans ce secteur de la station, on trouvait surtout du monde sur les passerelles de commandement, au pilotage ou dans les hangars, à s’occuper du matériel, des départs et arrivées, rester parés au cas où un combat se déclenchait. Elle dû somnoler un peu, l’espace d’un instant, réveillée par un bruit lointain qui la fit rouvrir les yeux, avec un léger sursaut. Être ici restait quand même bizarre, malgré tout, elle avait l’habitude d’être entourée d’Humains mais il y avait toujours aussi eu beaucoup de membres de son peuple. Dans cette base en mouvement, il n’y avait que Thrass et les Rebelles.

– Comment peut-on faire, si on peut revoir des proches, mais qu’ils sont… différents ? Vous croyez que c’est vraiment possible de se rapprocher d’eux ? Comment peut-on s’y prendre ?

Thrass savait maintenant que la petite avait perdu ses deux parents très jeune, trop jeunes pour vraiment se souvenir d’eux sinon par de vagues souvenirs lointains et indéfinissables. Ça expliquait aussi le lien qu’il l’unissait visiblement à son oncle, dans l’époque d’où elle venait. Il était la dernière figure familiale qui lui restait, ça devait rendre encore plus compliqué de le voir si changé, aujourd’hui. Il sourit faiblement lorsqu’elle se blottit un peu mieux contre lui, la serrant dans ses bras puis posant une main contre sa tête, sur les cheveux, attendri en la voyant somnoler légèrement. Il avait bien vu qu’elle était fatiguée, toute à l’heure, ça expliquait aussi pourquoi elle s’était laissée faire aussi facilement. Pour sa part, le sommeil lui échappait aussi, il avait l’esprit encore trop en ébullition pour seulement s’imaginer s’endormir.

"Comment peut-on faire, si on peut revoir des proches, mais qu’ils sont… différents ? Vous croyez que c’est vraiment possible de se rapprocher d’eux ? Comment peut-on s’y prendre ?"

"Lorsque tu connais déjà une personne, tu peux d’abord appréhender les changements, chez elle. En discutant, en voyant la façon dont elle se comporte envers toi, envers les autres, envers elle-même. Ton oncle a un caractère très différent, sans doute, mais tu verras que tu retrouveras quand même des comportements identiques. La protection dont il fait preuve envers toi, par exemple. Elle est la même aujourd’hui qu’elle le sera dans vingt ans. Les liens familiaux n’ont pas vocation à être brisés. Ça se voit qu’il tient à toi, même si tu es arrivée comme ça d’une faille."

Même s’ils étaient exilés, elle pourra toujours communiquer avec lui, le revoir dans des endroits plus neutres que l’Ascendance, qu’est-ce qui les empêchait ? Dans ce monde bouleversé, il était, après tout, le seul repère solide et sûr qu’elle avait, le seul membre de leur peuple qu’elle avait vraiment connu et qui était proche d’elle, celui qui l’avait élevée. Thrass l’ajouta, qu’ils pouvaient toujours se voir, qu’ils devaient, même, continuer à se voir, ils n’avaient rien de plus précieux que la famille. Peu importe la distance ou même qu’ils soient dans des camps opposés, la famille ne devait jamais se briser ou être perdue. Il considérait ça comme un châtiment bien pire que la mort, voir une personne proche de vous vous tourner le dos.

"Quant à tes parents, même si tu pars de zéro, tu peux apprendre aussi à les connaître et créer un lien avec eux. Ta maman aussi tient à toi, tu le vois bien, n’est-ce pas ? Tu as été adoptée par ton oncle, crois-moi, c’est vraiment une chance pour toi de connaître ceux qui t’ont mise au monde. Même si nous ne sommes que de passage, en quelque sorte, dans cet univers, connaître ses origines reste très important."

Indispensable, même. Il baissa un peu la main pour lui frotter le dos, puis la remettre à sa position initiale. Dans la même situation, s’il revoyait d’un coup ses parents, il leur sauterait aussitôt dans les bras. Les perdre tous les deux avait été très dur.

"De quoi as-tu peur ? D’être rejetée ?"

– Lorsque tu connais déjà une personne, tu peux d’abord appréhender les changements, chez elle. En discutant, en voyant la façon dont elle se comporte envers toi, envers les autres, envers elle-même. Ton oncle a un caractère très différent, sans doute, mais tu verras que tu retrouveras quand même des comportements identiques. La protection dont il fait preuve envers toi, par exemple. Elle est la même aujourd’hui qu’elle le sera dans vingt ans. Les liens familiaux n’ont pas vocation à être brisés. Ça se voit qu’il tient à toi, même si tu es arrivée comme ça d’une faille.

Mmh… Oui… Ce n’était pas faux. Feesa renifla un peu, la tête bien reposée contre son oncle, les yeux fermés. Et il avait aussi raison sur la suite, ça ne l’empêchera pas de le revoir… En plus, qui sait, peut-être allait-il peu à peu changé, très bientôt, pour devenir l’homme qu’elle avait connu ? C’était possible, après tout, s’il voyait que la galaxie changeait peu à peu… N’est-ce pas ? Elle rouvrit légèrement les yeux puis leva une main pour l’accrocher du bout des doigts contre un pan de la veste de Thrass, très doucement, comme par peur de se faire repousser. C’était… très étrange, et en même temps agréable, elle n’avait plus l’habitude des câlins comme ça. Ici, elle craignait d’en faire à sa propre mère et encore plus à son oncle. D’où elle venait, par contre, il suffisait de lever une petite moue vers son oncle pour qu’il lui en fasse un aussitôt, c’était quasiment magique. Quand redeviendra-t-il normal ? Ou plutôt, non, mauvaise question, quand changera-t-il assez, quand aura-t-il un esprit plus ouvert, quand sera-t-il plus détendu ? Quand sera-t-il l’homme toujours ouvert à la discussion, qui souriait facilement, et qui prenait le temps d’écouter ?

– Quant à tes parents, même si tu pars de zéro, tu peux apprendre aussi à les connaître et créer un lien avec eux. Ta maman aussi tient à toi, tu le vois bien, n’est-ce pas ? Tu as été adoptée par ton oncle, crois-moi, c’est vraiment une chance pour toi de connaître ceux qui t’ont mise au monde. Même si nous ne sommes que de passage, en quelque sorte, dans cet univers, connaître ses origines reste très important.

– Mes parents…

Elle ne connaissait même pas son père. Enfin, elle avait parfois des doutes, des interrogations… Et comme pour sa mère, la peur lui tordait le ventre à l’idée de mettre un nom et un visage de plus sur ces fameuses origines et se confronter à la réalité. Sa réponse n’avait été qu’un bref murmure, elle n’était même pas certaine que Thrass l’ait entendu, parlant plus pour elle-même. C’était important, oui, mais… Elle ne savait pas trop. Valait-il mieux rester dans l’optique « Tu es orpheline et il faut bien vivre avec » ou dans celle « Essayer de découvrir la vérité tant qu’on le peut » ?

– De quoi as-tu peur ? D’être rejetée ?

– De ça, du reste, aussi… D’être déçue ou de décevoir. De… de « gâcher » une image mentale, que je m’étais faite, de… Je ne sais pas… De ne pas être reconnue, de voir de l’indifférence ou du rejet. De ne pas réussir à comprendre.

Un long soupir lui échappa. Elle n’avait aucune idée de la façon dont expliquer ça clairement ! Des centaines de fois, surtout enfant, elle avait essayé d’imaginer à quoi ressemblait vraiment son père, n’ayant aucune photo ni souvenir, rien du tout, elle s’était répété plein de débuts de conversations, et si elle se trouvait face à lui, ici et maintenant, elle ne saurait même pas quoi lui dire. Ça avait un peu plus facile avec sa mère juste parce que son oncle lui en avait parlé souvent, qu’elle avait eu des photos, qu’elle avait appris à la connaître au fil de récits.

– C’est peut-être mieux, de ne pas savoir. Tu ne… Vous ne croyez pas ? Vous avez bien connu vos parents ?

"De ça, du reste, aussi… D’être déçue ou de décevoir. De… de « gâcher » une image mentale, que je m’étais faite, de… Je ne sais pas… De ne pas être reconnue, de voir de l’indifférence ou du rejet. De ne pas réussir à comprendre."

Comment un parent pourrait-il bien rejeter son enfant, dans leur société, y compris dans des circonstances aussi particulières ? Franchement… Après, il ne pouvait pas se mettre à sa place, sur ce terrain-là, il avait traversé la douleur provoquée par la perte de leurs parents, mais il les avait bien connu, il était assez vieux, quand ils étaient morts, pour se souvenir précisément d’eux, être capable de les décrire, de faire remonter pas mal de souvenir. A seize ans, dix-sept ans, quand on entrait dans la vie adulte, la mémoire était bien faite. A même pas quatre ans, ou à peine, comme Feesa aurait-elle pu conserver grand-chose ? Il ignorait complètement ce que pouvait produire, sur la psyché d’un enfant, grandir sans cette image rassurante, sans la présence de ceux vous ayant mis au monde. Il resserra fortement son étreinte sur elle en l’entendant soupirer aussi fort, sans trouver les mots pouvant vraiment la rassurer.

"C’est peut-être mieux, de ne pas savoir. Tu ne… Vous ne croyez pas ? Vous avez bien connu vos parents ?"

"Tu peux me tutoyer, si tu veux. Ensuite, non, bien sûr que non, ce n’est pas mieux ! Comment peux-tu juste imaginer ça ? Tu ne peux passer ta vie entière comme ça, sans trouver de réponses. A ta place, j’aurai cherché jusqu’à enfin avoir un semblant de réponse."

Incroyable, en arriver à penser que ça puisse être mieux ! Mais certainement pas ! Bien au contraire, c’est ce qui était le pire, de ne pas savoir ! Même si la réponse pouvait effrayer ou ne pas nous plaire, c’était la réalité malgré tout, et cette réalité-là, on ne peut juste pas l’écarter d’un revers de main, point final. Thrass était certain que dans le temps où elle venait, Formbi connaissait la vérité… Impossible qu’il ignore qui avait pu se rapprocher assez de sa si chère sœur et l’aimer, la mettre enceinte, pas alors qu’il était aussi protecteur envers elle, pas alors qu’il surveillait même qui elle fréquentait. Une vérité qu’il n’avait pas jugée bonne à révéler à sa propre nièce… Pourquoi ? Pourquoi lui infliger cette peine-là ? Qu’avait-il eu à craindre, à cacher, de quoi avait-il eu peur ?

"Tu sais déjà, toi aussi, que tu vas passer ta vie à t’interroger. Même si la réalité peut te faire peur, elle vaut plus chère que l’incertitude, tu as une chance unique de trouver, de comprendre. Tu peux aussi avoir de l’aide, pour chercher."

Et pour lui, afin de comprendre, il fallait trouver la raison, ou les raisons, qui auraient convaincu le Formbi du futur à ne rien dévoiler, alors même qu’il s‘agissait des origines de sa propre nièce. Quand on connaissait l’attachement qu’il avait pour sa famille, c’était un choix tout à fait stupéfiant. Thrass déposa la joue contre le sommet du crâne de la petite, l’embrassant dans les cheveux pour la consoler. Il ne parvenait pas à comprendre le choix de Formbi, c’était surréel, inquiétant… Peut-être devrait-il en parler à Thrawn, il aura sans doute plus d’idées pour expliquer ça.

"Je pourrai demander à mon frère s’il a des idées, qui justifieraient que ton oncle n’ait rien dit, à ton époque. Je suis sûr qu’il savait la vérité, pourtant."

Bah, après tout, qu’est-ce qui l’empêchait d’abandonner, hein ? Elle lâcha une légère moue, à cette petite tirade, pensant bien qu’on pouvait passer toute une vie sans savoir. Avec le temps, après tout, ça devait être facile de ne plus y penser, pas vrai ? On menait sa vie, sa carrière, on se mariait soi-même, on avait ses propres enfants, bref, on existait, sans s’attarder sur le passé ! Non ? Elle haussa vaguement les épaules, autant que faire se peut, car il la serrait plus fort contre lui, à présent, comme s’il craignait qu’elle ne s’effondre tout d’un bloc. Chercher, sans être sûr de trouver, ou en ayant peur, justement, de trouver, ce n’était pas forcément très sain. Lorsqu’elle avait son oncle près d’elle, elle se posait moins de questions, bien évidemment, car il était là pour combler en partie le vide. Mais ici, dans cette époque… C’est comme s’il n’existait plus, qu’il n’était « pas là », pas le « vrai » Formbi. Le vide ressenti avait repris sa place, pleinement et entièrement, et même l’amour de son oncle et sa mère ici en devenaient lointain, dans ce gouffre. Ils étaient pourtant là, au bord du précipice, et elle n’arrivait même pas à leur saisir la main, s’accrocher à eux avant de basculer.

– Tu sais déjà, toi aussi, que tu vas passer ta vie à t’interroger. Même si la réalité peut te faire peur, elle vaut plus chère que l’incertitude, tu as une chance unique de trouver, de comprendre. Tu peux aussi avoir de l’aide, pour chercher.

Elle ne savait pas… Et qui pourrait l’aider ? Elle n’allait quand même pas demander platement à sa mère si elle fréquentait quelqu’un, peut-être ne connaissait-elle pas encore celui qu’elle épousera ou dont elle aura un enfant. Lorsqu’un mariage était arrangé, on pouvait rencontrer pas mal de personnes avant que ne soit choisie celle la mieux placée pour partager votre vie. Et qui prouvera que cet homme sera bien son père ? Les remariages, ça existait, comme les rares unions par amour ou les naissances hors-mariage. Elle sourit maladroitement quand Thrass l’embrassa dans les cheveux en la serrant contre lui, touchée par son geste.

– Je pourrai demander à mon frère s’il a des idées, qui justifieraient que ton oncle n’ait rien dit, à ton époque. Je suis sûr qu’il savait la vérité, pourtant.

– Quoi ? Mais non ! Non, non, non !

Sur le coup, elle s’était redressée tout d’un bloc, la fatigue en partie évaporée par le sursaut. Il ne pouvait quand même pas demander ça à un amiral impérial ! Et puis, rien ne prouvait que son oncle, dans son temps, ait vraiment su l’identité de son père et qu’il ait choisi de ne rien lui dire, il n’y avait aucune raison valable à cela !

– Tu… ne… Vous ne… Tu ne peux pas lui demander ça ! C’est ridicule, ça ne concerne personne et ce n’est pas non plus important. Formbi ne savait peut-être réellement pas qui était mon père, pourquoi me l’aurait-il caché ? Il était la dernière famille qu’il me restait, il m’avait absolument tout raconté sur ma mère, il n’y a rien qui justifie qu’il ait pu me cacher la vérité sur son mari. Ou amant, je ne sais pas, peu importe. C’est juste une histoire de famille, pas la peine d’y mêler qui que ce soit.

Très bien, elle s’était un peu emballée, on allait redescendre tout de suite. Et se rasseoir correctement car elle avait bien manqué de tomber du banc dans la secousse. L’idée même de mêler quelqu’un d’autre à une recherche très personnelle, comme celle-ci, lui était ridicule, à ses yeux, et à quoi bon ? C’était sa famille, voilà tout, il n’y avait pas besoin que… Surtout aller poser la question à un amiral de l’Empire, ça serait le comble. Mais malgré ses protestations, le doute restait là, l’idée que son oncle ait vraiment voulu lui cacher cette vérité, quand bien même ça n’avait aucun sens. Aurait-il voulu effacer à jamais son père de sa mémoire ? Pourquoi ? Il serait arrivé quelque chose entre eux ? Le détestait-il ? Qu’est-ce qui pourrait bien justifier de cacher la vérité ?

– Il n’y a pas de raison logique qu’il ait pu tout me cacher. De quoi aurait-il eu peur ?

Oh là, du calme, enfin, qu’avait-il dit de si terrible ? Ce n’était qu’une simple suggestion. Il tendit à moitié la main pour la rattraper lorsque son sursaut très brusque faillit la faire basculer sur le côté et tomber par terre, ce qui ne lui aurait de toute façon pas fait grand mal mais il y avait mieux, pour bien se réveiller. Non, non, non, n’est-ce pas, serait-ce si dramatique que ça, de demander de l’aide, ou tout bêtement, de savoir si d’autres avaient des idées sur le sujet ? Il ne lui demandait même pas d’aller trouver Thrawn pour mandater une enquête, ce serait un simple message pour savoir s’il avait des hypothèses ou idées, vite écrit, vite adressé, et vite répondu. La fouge soudaine de l’adolescente faillit le faire rire, il trouvait ça adorable, même s’il ne l’avouera absolument jamais, surtout pas à elle.

"Tu… ne… Vous ne… Tu ne peux pas lui demander ça ! C’est ridicule, ça ne concerne personne et ce n’est pas non plus important. Formbi ne savait peut-être réellement pas qui était mon père, pourquoi me l’aurait-il caché ? Il était la dernière famille qu’il me restait, il m’avait absolument tout raconté sur ma mère, il n’y a rien qui justifie qu’il ait pu me cacher la vérité sur son mari. Ou amant, je ne sais pas, peu importe. C’est juste une histoire de famille, pas la peine d’y mêler qui que ce soit."

Au fond, oui, mais ça restait très bizarre. Il secoua un peu la tête, pendant qu’elle se rasseyait, la couvant d’un regard un peu triste. Pas de raison logique, en effet, mais ça restait anormal. La question lui arracha une légère grimace. Formbi et la peur… En fait, on savait déjà la peur principale de cet homme, depuis longtemps. Il avait peur de perdre sa famille, peur d’être seul, peur de voir mourir ceux à qui il tenait le plus, et cette peur avait été encore plus violemment accentuée lorsque, coup sur coup, il avait perdu sa mère, son père, puis avait appris peu de temps après que sa jeune sœur était atteinte par la même maladie que leur mère. Il était terrifié en voyant partir autour de lui ses proches sans pouvoir agir et les aider. Feesa n’était pas malade mais elle avait une mentalité quelque peu… différente. Avait-il eu peur de la voir exilée, même sans connaître son lien avec la Force, et donc aurait tout fait pour la « contenir », quitte à lui cacher des choses ?

"Pour commencer, respire, mon petit frère ne va pas te dévorer, tu sais ? Ce n’était qu’une proposition. Ensuite… Je vois bien une raison au comportement de ton oncle, mais je ne suis sûr de rien. Il aurait pu avoir peur que tu veuilles quitter l’Ascendance pour en apprendre plus sur ton père et qu’il te perdrait, de cette façon."

Il n’avait aucune preuve, bien évidemment, pour affirmer que cet homme était loin, mais… Enfin, s’il avait vécu dans l’Ascendance, d’autres se souviendraient de lui et la fillette en aurait entendu parler, tôt ou tard. Le fait que Formbi ait pu ne rien dire et être sûr que personne ne pourra le faire « prouvait », en soi, que son beau-frère était loin.

"En-dehors de ça, il va bien falloir que tu choisisses pour de bon un chemin à suivre. Une fois les bases apprises, pour la Force, que comptes-tu faire, poursuivre dans cette voie ? Ou bien comptes-tu retrouver une part de ta vie sur Nirauan, si tu le peux ?"

– Pour commencer, respire, mon petit frère ne va pas te dévorer, tu sais ? Ce n’était qu’une proposition. Ensuite… Je vois bien une raison au comportement de ton oncle, mais je ne suis sûr de rien. Il aurait pu avoir peur que tu veuilles quitter l’Ascendance pour en apprendre plus sur ton père et qu’il te perdrait, de cette façon.

La jeune femme n’était pas très convaincue par cette idée, même si elle avait voulu en apprendre plus, ce n’était pour ça qu’elle en aurait abandonnée son oncle, bien au contraire. Elle fit donc une légère moue, en haussant vaguement les épaules. Oui, c’était bizarre, mais après… Posera-t-il vraiment la question franchement, si elle rentrait un jour ? Pas certain. En tout cas, pas sans être un peu plus sûre des raisons qui pourraient se cacher derrière tout ça. Elle s’appuya le dos contre le rebord de la table, une main contre elle, jambe repliée contre le bord du banc, l’autre occupée à entortiller une mèche de cheveux autour de ses doigts. Au fond, elle ne devrait juste pas se poser de questions. Après tout, ce n’était même pas leur temps ni leurs affaires, ils étaient là « en passage », ils ne devraient même pas exister. Elle n’était même pas censée être née ! Ou… Quoi que… Son estomac la remua sacrément lorsqu’elle réalisa, peu à peu, que si, elle était censée être conçue dans les prochains mois, à moins que la chronologie des événements, dans la vie de sa mère, ne soit profondément bouleversée. L’idée que sa mère puisse être enceinte d’elle alors qu’elle était encore ici lui tourna un peu la tête.

– En-dehors de ça, il va bien falloir que tu choisisses pour de bon un chemin à suivre. Une fois les bases apprises, pour la Force, que comptes-tu faire, poursuivre dans cette voie ? Ou bien comptes-tu retrouver une part de ta vie sur Nirauan, si tu le peux ?

– Ton frère m’a déjà proposé ça, travailler sur Nirauan, je n’y ai pas vraiment réfléchi. Ce serait retrouver un lien avec ma vie, mais bon, ça reste différent tout de même. La base commence à peine à sortir de terre, il ne s’est pas écoulé certains événements, la coopération entre notre peuple et les humains est encore très faible. On ne peut même pas savoir si la coopération va vraiment se nouer, dans cette époque.

Ça restait une option… Assez vaguement, encore. Comme pour tout le reste, il s’agissait de trouver une place dans une époque où vous n’étiez pas censé en avoir une, quoi qu’il arrive. Quant à poursuivre plus loin que l’apprentissage des bases, c’était une option aussi… Si Nat voulait bien, pourquoi pas ? Pour le moment, elle n’y avait pas beaucoup pensé et il n’était pas question de le faire ce soir, trop fatiguée pour réfléchir et en ressortir autre chose que des idioties.

– Je ferai mieux d’aller dormir, pour le moment, marmonna-t-elle. Je ne crois qu’on va rester longtemps avec les rebelles, ils n’ont pas l’air d’apprécier mon prof. Et toi, tu resteras ici avec Lorana ?

"Ton frère m’a déjà proposé ça, travailler sur Nirauan, je n’y ai pas vraiment réfléchi. Ce serait retrouver un lien avec ma vie, mais bon, ça reste différent tout de même. La base commence à peine à sortir de terre, il ne s’est pas écoulé certains événements, la coopération entre notre peuple et les humains est encore très faible. On ne peut même pas savoir si la coopération va vraiment se nouer, dans cette époque."

Tiens, il ne savait pas qu’elle avait déjà croisé son frère, en-dehors de la mission avec le Vol vers l’Infini. Mais elle n’avait pas tord, pour le moment, ils ne pouvaient pas faire beaucoup d’hypothèses sur ce que sera le futur, d’autant plus que ces failles avaient sûrement déjà dû changer beaucoup de choses. Il était même possible que la coopération ne se fasse effectivement pas et que Nirauan reste une base en grande partie humaine, avec juste quelques membres de leur peuple en « supplément ». Allez savoir. Et puis, faire de vrais projets d’avenir sans crainte quand on venait d’une faille ou de la mort… Il ne risquait pas dans son propre cas non plus, n’espérant qu’une chose, que leur futur enfant vienne au monde sans encombre et n’ait pas à souffrir de tout ça, des failles, de la Fore ou d’il ne savait quoi encore.

"Je ferai mieux d’aller dormir, pour le moment, marmonna-t-elle. Je ne crois pas qu’on va rester longtemps avec les rebelles, ils n’ont pas l’air d’apprécier mon prof. Et toi, tu resteras ici avec Lorana ?"

"Pour le moment, oui. Au moins le temps de rencontrer les rebelles, s’habituer à ce qui se passe, découvrir l’Ordre Jedi… Et encore autre chose."

C’était un long programme qui l’attendait, il le savait déjà, et s’y était préparé. Il posa la main sur l’épaule de la jeune fille pour l’inciter à se lever et à le suivre, il allait la raccompagner jusqu’à la petite cabine où elle dormait, puis rejoindre Lorana. On y va, allez. Il parla peu, sur le trajet après être sorti de la bibliothèque, réfléchissant toujours au problème de famille de la jeune femme. Peut-être ne sauront-ils jamais ce qui était arrivé, peut-être que si, pour le moment, il n’avait rien qui puisse étayer solidement une des théories. Il se contenta donc de souhaiter bonne nuit à Feesa avant qu’elle ne disparaisse derrière la porte, puis partit retrouver la mère de son futur bébé. Les prochains jours, ou semaines, seront très chargés, pour eux tous. D’abord débuter par apprendre le Basic lui facilitera la vie. Ensuite… Et bien, il verra…