Négociations d'un accord

La tactique utilisée pour calmer la nervosité était toujours la même, depuis des années, cela dit, il avait eu l’habitude de l’utiliser en situation de combat, pendant la Guerre des Clones, pas en partant vers une « simple mission diplomatique ». Pour le coup, Nuru aurait très largement préféré se retrouver avec d’autres Rebelles sur une mission ou une autre, ou bien accompagner son mentor il ne savait où, tout plutôt que d’être maintenant dans ce vaisseau, en route vers les Régions Inconnues. Il tâchait de ne pas le montrer, cependant, ça faisait partie de leurs devoirs… Le voyage ne sera même pas aussi long qu’on pouvait l’espérer, puisqu’ils partaient depuis le Temple dans l’Espace Sauvage. Ça ne durera pas deux mois, ou même juste un mois entier, hélas. Plutôt deux bonnes semaines, ou à peine plus, il n’était pas certain. Luke se chargeait du pilotage, c’était son domaine.

Une bonne partie du voyage avait été consacré aux cours de langue donnés par Thrass. Pour Luke, il s’agissait des premières bases pour communiquer, pour Nuru, il s’agissait de réapprendre sa propre langue natale, se remémorer les mots, expressions et règles la régissant. Tout n’était pas oublié, ça lui revenait peu à peu, il avait par contre un peu de mal à se la réapproprier. C’était sa langue maternelle mais il ne pouvait pas la considérer comme telle, même si c’était complètement stupide. Dans son esprit, c’était comme si le Basic était la langue qu’on lui avait parlé dès la naissance. Par-dessus tout, il n’avait pas non plus réintégré la culture et la mentalité rattaché à tout ça. Elevé par des Humains, en grande majorité, il pensait comme eux, un détail qui avait déjà énervé Veeren lors de leur première rencontre.

Néanmoins, plus il passait du temps avec Thrass à travailler sur ça et à tâcher de se souvenir, apprendre le cas échéant, plus les mots lui revenaient, comme la façon de prononcer. Faire l’effort de s’y plonger était plus ardu que la manier, il s’en rendait bien compte. Sur la fin du voyage, il s’efforçait de tenir des discussions entières avec Thrass, en Cheunh, pour s’entraîner. Une fois sur place, et bien… Il verra… Même si ce n’était techniquement pas la première fois de sa vie qu’il allait sur Csilla, il ne pouvait plus se souvenir de rien. Assis sur le siège du copilote, près de Luke et Thrass, il pinça un peu les lèvres lorsque le vaisseau quitta l’hyperespace, arrivant en vue d’un croiseur imposant et d’autres vaisseaux plus petits. Pas envie d’être là… Il aurait voulu être n’importe où sauf là.

– Tu dois bien connaître toutes les procédures et manières de se présenter, Thrass, non ? Tu peux gérer ça ?

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Se souvenir du Cheunh : 3

Il serait douteux que les négociations se fassent sur Csilla, plutôt sur une planète aux frontières de l’Ascendance ou à bord d’un destroyer, ce sera à voir. Thrass n’avait pas eu de nouvelles, en revanche, il pensait bien que Feesa et lui avaient été exilés tous les deux, sans autre forme de procès. Peut-être même Nuru, si le Conseil était assez agacé au moment de leur décision. Inutile de s’attendre à un quelconque miracle, les Chiss détestaient la Force et le Conseil entier ne devait pas voir d’un bon œil la moindre négociation avec l’Ordre Jedi. Veeren était de ceux les plus ouverts d’esprit, néanmoins, il faudra bien que tous admettent l’idée qu’il existait des terrains où l’Ascendance ne pouvait pas tout contrôler, quoi qu’il arrive. Se préparer aux futures attaques Siths sera essentiel, pour eux, comme pour les Rebelles. Il s’agissait de le faire intégrer, à présent.

Dans tous les cas, en ce qui concernait l’Ascendance, si des discussions de ce type se tenaient jusqu’au bout, ce sera déjà très bien et un grand pas de fait, il n’en attendait pas beaucoup plus. Légèrement penché en avant, quand ils sortirent d’hyperespace, il ne put s’empêcher de lâcher un petit soupir discret de contentement, face à ces étoiles si familières. Même s’il n’était pas parti depuis des années, tout cela lui avait manqué, il trouvait d’autant plus dommage de ne plus pouvoir y vivre en paix. Y vivre en paix avec Lorana et leur bébé… Bon, ce n’était pas le bon moment pour y penser. D’autant plus qu’ils allaient très vite devoir composer avec le comité d’accueil. Se faire démolir en plein vol par son propre peuple serait légèrement ironique et il n’avait pas envie de se faire tuer dans un vaisseau comme ça une seconde fois.

Avant qu’il ne reparte avec Lorana, Veeren lui avait fourni les codes à donner à la Flotte de Défense, lorsqu’ils pourront revenir et tenir ces fameuses négociations. Il les donna à Luke pour qu’il puisse les transmettre, alors que certaines navettes volaient déjà en leur direction. Bien, en toute logique, ils étaient prêts. Ils avaient leurs arguments, les idées, Nuru s’était réapproprié sa langue maternelle, assez bien en tout cas, et il avait pu profiter du voyage pour en apprendre les bases à Luke. Thrass resta un moment à observer le croiseur, pensif. Arriver comme un étranger vers son propre peuple, c’était une expérience dont il se serait bien passé. Et pourtant, il devait en passer par là, maintenant.

– Tu dois bien connaître toutes les procédures et manières de se présenter, Thrass, non ? Tu peux gérer ça ?

– Oui, ne t’inquiète pas.

Il signala en même temps à Luke que les procédures, cérémonials et autres affaires du style pouvaient toutes être… Un peu longues. Comment lui dire ça… Le protocole était très précis et détaillé, le suivre prenait du temps, pour tout réaliser dans les règles. Souriant à Luke, il ajouta de ne pas trop s’en faire, il était Humain et personne ne lui en voudra s’il ne suivait pas vraiment tout, il n’était pas censé connaître comment ça fonctionnait. Pour sa part, c’était effectivement un terrain familier, il avait déjà vécu ce genre de situation des centaines de fois, malgré son jeune âge. Ils furent escortés jusqu’au croiseur, les deux autres ne pouvaient pas le réaliser mais même cette formation faisait partie intégrante du protocole à suivre. Thrass leur donna quelques dernières consignes avant qu’ils ne débarquent et ne doivent se lancer.

Nuru pouvait passer à peu près inaperçu, si on exceptait le sabre laser qu’il portait à la ceinture. Luke, par contre, n’était peut-être pas très à l’aise. Et ceux qui avaient déjà croisé la route de Nat tiquèrent, sur le vaisseau, en entendant son nom. C’était imperceptible pour un regard humain ou une personne qui n’y prêtait aucune attention mais Thrass était habitué à guetter et repérer de tels signes. Nuru devait s’occuper d’une part de la traduction, autant que possible du moins, mais tout n’était pas une obligation. C’est au cours du déroulé protocolaire que, entendant qu’ils allaient bien mener cette affaire sur Csilla, Thrass ne put cacher sa surprise. Il s’attendait tant à ce qu’ils soient purement et simplement exilés qu’il eut d’abord un peu de mal à y croire. Le Conseil était donc… légèrement plus ouvert qu’il ne l’avait cru. Mais les discussions avaient dues être âpres.

Cette nouvelle lui avait ôté un sacré poids des épaules et il marcha d’un pas plus léger, en suivant la petite troupe. Savoir qu’on pouvait rentrer chez soi sans risques, que votre propre peuple ne vous chassait pas, c’était un sentiment indescriptible. Au fond, il voudrait aussi que sa future femme puisse accoucher ici, elle y serait en parfaite sécurité. Pour le moment, l’idée était de la faire accoucher au Temple, avec un médecin rebelle, et s’ils pouvaient au moins, avant, trouver une femme qui accepte de lui expliquer les « joies » de la grossesse, à quoi elle devait s’attendre et tout, ce serait parfait. En cours de route, vers Csilla, il tâcha de préparer toujours Luke et Nuru, à la suite des événements. Ils devaient se sentir un peu assommés. Mais ça débutait bien, dans tous les cas.

Ah là là, les rumeurs et les ragots allaient toujours si bon train et si joyeusement, peu importe la société dans laquelle où se trouvait et peu importe également si celle-ci était d’un style discipliné ou très enflammé. Cela dit, Veeren doutait sincèrement que leur confrère allait apprécier cette publicité gratuite sur son mariage, dans le journal, alors même que les invitations officielles n’étaient pas lancées. Sa réputation personnelle avait dû, avant tout le reste, inciter les journalistes à parler de l’évènement, tant il semblait improbable à tous qu’il se marie un jour. Par ailleurs, les récents remous, notamment avec sa nièce, avaient beaucoup contribué à cristalliser ce type de rumeurs et ce qui allait autour. Pour sa part, Veeren était profondément amusée, en lisant l’article, surtout par le ton parfois dramatique employé, dans les envolées lyriques du journaliste.

Peut-être que fonder une famille adoucira un peu leur confrère, qui sait. On pouvait l’espérer. Laissant l’article de côté, Veeren reprit son travail. Elle y était plongée depuis deux heures seulement lorsqu’on l’avertit que la petite délégation Jedi s’était finalement présentée et qu’on allait les conduire ici. Ils avaient été plus rapides que prévu… L’Aristocra ne s’était pas attendue à les revoir avant encore un bon mois, au bas mot, mais soit, tant mieux, après tout, ça leur permettra de ne pas trop faire traîner les choses. Elle demanda à ce que le jeune Bres’ogu’aynik soit prévenu, lui aussi, il devra bien les rencontrer, s’il devait repartir avec eux. Pour le moment, il se trouvait encore sur Nirauan, occupé à sensibiliser les Chiss partis là-bas contre la menace Sith.

En attendant que leurs invités arrivent au Parlement, Veeren poursuivit ses tâches quotidiennes, légèrement frustrée, en revanche, d’aller moins rapidement que d’ordinaire. Ce n’était pas faute de volonté, ces derniers jours, sa fille bougeait de plus en plus, dans son ventre, bien plus que ne l’avaient fait ses trois grands frères. S’en devenait très inconfortable et douloureux, au point que l’Aristocra veuille ardemment accoucher un peu plus tôt que prévu. Mais ce ne serait pas bon pour la petite… Ne restait plus qu’à supporter, serrer les dents, et essayer de trouver des positions plus agréables. Peut-être que si elle se reposait un peu plus chez elle, ça irait un peu mieux… Hum, à réfléchir. De toute manière, elle en était à un peu plus de sept mois, il n’était pas encore temps de rester chez elle à ne plus faire grand-chose.

L’arrivée du petit groupe Jedi eu le mérite de repousser au loin les petits tracas liés à la grossesse. Pour une fois, Veeren ne les accueillit pas un uniforme, pour la simple et bonne raison qu’elle ne rentrait plus dedans, mais en robe simple, comme elle en portait chez elle. Revoir Thrass lui fit plaisir, il était dommage qu’il ne soit plus des leurs continuellement, il avait de sacrées compétences pour être arrivé à ce poste aussi jeune, c’était tellement dommage que tout soit arrivé ainsi. Elle salua aussi Nuru, soulagée de le retrouver en un seul morceau. Si seulement elle avait su, il y a des années, elle l’aurait… Enfin bref. Une main sur l’épaule du jeune garçon, elle lui sourit un peu, lui souhaitant un bon retour sur son monde natal. Elle devra lui redonner son vrai nom, tant qu’il était ici. Enfin, elle tendit la main à Skywalker, poliment.

– Bienvenue sur Csilla, dit-elle en Basic. J’espère que vous aurez moins de difficultés à traiter avec nous que votre descendant.

Elle espérait surtout qu’il serait moins pénible, mais ça, inutile de le rajouter. Il devait déjà l’avoir compris. Elle les invita à venir s’asseoir, autant par courtoisie que c’était, en ce moment, moins pénible pour elle que rester debout, même quelques minutes. Les échanges pouvaient se faire en Sy Bisti et en Basic, tant qu’ils se laissaient du temps pour la traduction.

– Pour commencer, Thrass, l’exil n’a pas été prononcé contre vous, ni contre la jeune Feesa. Cela s’est joué de très peu, néanmoins, vous êtes libre de revenir ici comme bon vous semble, y compris avec votre femme.

Il n’était peut-être pas encore marié, cela dit, mais soit, c’était tout comme à ses yeux. Elle reporta ensuite le regard sur le jeune humain, pour un autre « problème » plus spécifique. S’adresser à lui pour ça li semblait parfaitement logique, après tout, il s’agissait de son temps et il était sûrement chargé aussi de faire évoluer cet Ordre.

– Nous avons eu, il y a quelques temps, un nouvel arrivé de ces failles, de notre peuple. Son époque remonte à cinq millénaires. Il souhaiterait vous rencontrer et voir s’il pourrait éventuellement repartir ensuite avec vous.

La petite secousse habituelle fit trembler le vaisseau lorsqu’ils quittèrent l’hyperespace. Face à eux, le comité d’accueil était composé d’un croiseur et quelques autres bâtiments plus petits, avec des chasseurs. Il tendit la main pour récupérer les codes que Thrass lui glissa, puis les fit transmettre, gardant un œil sur les chasseurs qui approchaient. Au cas où. Même si Thrass certifiait qu’ils ne les attaqueront pas comme ça, il restait sur ses gardes. Pour lui, c’était un territoire parfaitement inconnu, il n’était absolument jamais venu dans ces régions de la galaxie. Thrass leur expliqua avec rapidité, pendant qu’ils suivaient le trajet indiqué pour rejoindre le croiseur, les procédures auxquelles s’attendre et tout le cérémonial qui les entouraient. Ça semblait… très long, non ? Il était très peu habitué aux cérémonials, peu importe qui les menaient et pourquoi, ce genre de chose l’assommait un peu, surtout quand c’était parti pour durer. Mais ne pas trop s’en faire, comme disait Thrass, très bien. De toute manière, s’il fallait en passer par là, soit.

Thrass gérait l’affaire, lui-même restait légèrement en retrait, se contentant de faire ou s’arrêter là où Nuru le lui soufflait, à mesure qu’il lui traduisait ce qu’il pouvait. En effet, c’était tout un protocole qui avait débuté et qui promettait déjà d’être long. Comme Nuru ne pouvait pas non plus sans cesse toute lui traduire, il fit signe de laisser tomber, il se contentera du plus important, sinon, ce n’était pas bien grave encore. Il comprenait parfois quelques mots, ici et là, grâce aux leçons de langue de Thrass, mais sans plus. Une partie de son esprit était concentré sur le cérémonial en cours, l’autre était occupée à se demander comment avaient réagi les Rebelles et si Lorana était parvenue à arrondir légèrement les angles. Même s’il comprenait pourquoi il ferait mieux de ne pas se présenter lui-même, pour le moment, face aux Rebelles, ne pas savoir ce qu’il en était restait plutôt frustrant, comme être sans aucunes nouvelles de sa sœur. Pourvu que Han ne fasse aucune connerie ! Heureusement, Chewie était toujours avec lui, il pourra l’empêcher d’entreprendre quoi que ce soit de stupide ou suicidaire… Peut-être.

Après un long, très, très, très long moment, ils finirent enfin par rejoindre un autre vaisseau, avec leur « escorte », pour partir vers le lieu des négociations. Csilla, donc, de ce qu’il entendit, très bien… C’était bien leur monde capitale, non ? Sur le trajet, il écouta Thrass leur murmurer à quoi ils pouvaient s’attendre, ensuite, en silence, commençant déjà à se demander dans quoi il s’était encore fourré et pourquoi, surtout, il s’était laissé entraîner là-dedans. D’eux tous, Thrass restait quand même le mieux placé pour s’occuper de toute cette histoire. Il connaissait les lieux, son peuple, leur langue, pas Luke. Pas non plus l’habitude des Chiss, les seuls qu’il avait déjà croisé, avant le dernier conseil Jedi, étaient Thrawn et Nuru. Quoi que… Ah, non, Nuru, c’était même après, donc il n’avait croisé que Thrawn. Une seule personne, ce n’était certainement pas assez pour apprendre à connaître tout un peuple. Pour le reste, se balader avec le frère d’un amiral impérial ne le gênait pas le moins du monde. Il serait, après tout, très mal placé pour râler sur ce sujet.

Leur arrivée à Csilla le distrait un peu et il se souvint à ce moment-là de ce qu’on lui avait dit, les villes n’étaient sur mais sous la planète glacée. Ça, ce serait pas mal, pour les rebelles, être protégés de cette façon, pour les futures bases. C’était à moitié le cas sur Yavin, en restant généreux. Quant à leur capitale en elle-même… Très honnêtement, Luke s’était attendu à une sorte de caserne géante, d’après ce qu’il avait observé jusqu’ici, mais ça n’avait rien à voir. La ville était belle, plutôt, d’un style élancé et fin. Au moins, ici, personne n’allait le reconnaître ou le juger, ce sera très bien. Nat était déjà venu ici, d’accord, mais il n’avait pas dû avoir le temps de faire des remous, Luke était tranquille de ce côté-là. Non pas qu’il n’ait pas confiance en les capacités de son descendant à rester calme et serein, mais, hum, comment dire… Pas d’excuse, sur ce coup-là… Justement, Nat était son descendant, c’était bien pour ça qu’on pouvait se méfier.

On les emmena ensuite au Parlement, dans les derniers étages. Une femme qu’il se souvenait d’avoir vu, au bloc médical de la station, pendant la pandémie, mais dont il ne se souvenait plus du nom, jusqu’à ce qu’on lui rappelle. Grande, l’air aussi accueillant que tous ceux croisés jusqu’ici, vêtue d’une longue robe et enceinte jusqu’au fond des yeux. Elle avait l’air ravie de voir Nuru, en tout cas, c’était adorable. Luke serra la main qu’elle lui tendit, prêt à se présenter poliment et dans les formes, avant qu’elle ne lui coupe l’herbe sous le pied.

– Bienvenue sur Csilla. J’espère que vous aurez moins de difficultés à traiter avec nous que votre descendant.

C’était la façon diplomatique de souligner à quel point Nat avait pu les emmerder… ? Il préféra encore ne rien répondre et s‘asseoir avec eux, tranquillement, pinçant juste légèrement les lèvres en s’installant. Bon, après tout, ce n’était qu’une personne, les autres avaient sûrement déjà oublié le passage un peu houleux de son descendant. Ces chères failles… Nuru lui fit la traduction de ce qui se dit tout d’abord, une très bonne nouvelle pour Thrass et Lorana. Luke ne pouvait pas imaginer la douleur qu’il y avait à se faire éjecter de son propre peuple de cette façon, à devenir indésirable. Il croisa ensuite le regard de l’Aristocra, éprouvant tout à coup ce même sentiment de gêne que face à l’amiral. Les yeux rouges, comme ça, ça n’aidait pas.

– Nous avons eu, il y a quelques temps, un nouvel arrivé de ces failles, de notre peuple. Son époque remonte à cinq millénaires. Il souhaiterait vous rencontrer et voir s’il pourrait éventuellement repartir ensuite avec vous.

– Bien sûr, il n’y a pas de problèmes là-dessus.

Cinq millénaires… Luke n’osait même pas imaginer la claque monumentale qu’il avait dû prendre en découvrant les écarts culturels, sociétales, technologiques et tout ce qui s’ensuit. Il devait encore être très perdu, en plus de ça, on ne se remettait pas comme ça d’un changement aussi gros. Bref, pour le moment, ils n’en étaient pas encore à ça. Pour ce qui était de la diplomatie, Luke était tout sauf très à l’aise, même briefé par Thrass, il agissait plus au feeling qu’en se servant de sa tête.

– Les membres de l’Ordre sont d’accord pour en venir avec une coopération avec vous, maintenant, tout dépend de ce que vous comptez faire et comment, j’ai cru comprendre que toute les familles n’avaient pas la même vision des choses, sur la Force et les rapports avec le reste de la galaxie.

Tout en observant la ville défiler sous leurs yeux, Nuru essayait de se remémorer le moindre souvenir, même un petit, quelque chose lui rappelant les quatre premières années de sa vie, passées ici. Rien ne lui revenait, mis à part de brefs flashs, des sons et des voix. Plutôt silencieux, durant les cérémonies puis sur le trajet, il essayait surtout de ne pas faire trop de bruit ou se faire remarquer, cachant tant bien que mal qu’il était très mal à l’aise. Jeté au beau milieu de son peuple, c’était la présence de Luke qu’il trouvait très réconfortante et rassurante. Exactement comme il trouvait celle de Soontir rassurante. Il était tout de même curieux, cela dit, curieux de voir à quoi ressemblait Csilla, et les villes sous les glaces, comment on pouvait vivre de cette façon. C’était quand même assez beau… Il s’y perdit un instant, durant le survol de la ville, assis dans un coin du vaisseau.

Retour à la réalité, cependant, à leur arrivée au Parlement. Nuru s’attendait à revoir Veeren en uniforme, impeccable, comme d’habitude, mais deux détails le surprirent beaucoup. Le premier, elle portait une robe, le second, elle était enceinte. Visiblement à un stade avancé. Difficile de déterminer lequel des deux détails était le plus perturbant. Il leva la tête vers elle lorsqu’elle s’approcha, posant une main sur son épaule en lui souhaitant bon retour sur son monde natal. Merci ? Ne sachant pas vraiment quoi répondre, il préféra conserver le silence, retenant juste un bref sourire à la remarque sur le précédent passage de maître Skywalker. Thrass leur avait donné un bout de l’Histoire, le Jedi un peu aigri avait marqué ceux qu’il avait croisé, avec son caractère. Venir exprès ici pour tenir tête, en face, à un des Aristocras, ce n’était pas mal.

Après ces quelques salutations, ils s’assirent tous au bureau, face à leur hôte. Nuru se demandait combien de familles étaient vraiment pour leur venue ici… Que Veeren le veuille ne l’étonnait pas des masses, elle était déjà habituée à ne pas agir comme tout le monde et plus encore à ne pas agir de la manière dont on l’attendait d’elle. Voyager seule partout, comme elle en avait l’habitude, n’était sûrement pas au goût de tous, pour commencer. Le regard de Nuru accrocha un bref moment l’emblème de la famille Nuruodo cousu sur un tissu très léger, accroché au mur et qui flottait dans un petit courant d’air, rattrapé par une sensation de déjà-vu. La scène, comme un flash, l’avait saisi. Il cligna des yeux, l’impression partait doucement.

– Pour commencer, Thrass, l’exil n’a pas été prononcé contre vous, ni contre la jeune Feesa. Cela s’est joué de très peu, néanmoins, vous êtes libre de revenir ici comme bon vous semble, y compris avec votre femme.

Oh ? On allait de surprise en surprise…. Logique, puisqu’ils avaient été conduits ici, mais illogique si on prenait en compte la mentalité de l’Ascendance. Veeren parla ensuite d’une autre personne venue à son tour des failles, de… cinq millénaires ? Punaise… Le pauvre, le choc temporel qu’il avait dû prendre dans les dents, c’était horrible ! La différence entre les technologies, mentalités et sociétés allait être phénoménale, comme était-il censé tout rattraper ? Ne serait-ce qu’en trente ou cinquante ans, il y avait déjà des bouleversements importants, donc en cinq millénaires, Nuru avait presque peur d’imaginer ce qu’il avait bien pu ressentir à son arrivée. Un Chiss de plus venu des failles, preuve que même si la Force était rejetée, des sensitifs, il y en avait, on ne pouvait pas les oublier éternellement. Petite vengeance, dans le fond. Il pensait à Larin qui avait été obligée de cacher ses dons, chez elle.

Puisqu’ils étaient là, Nuru voudrait d’ailleurs se rendre à l’endroit où Larin avait été enterrée, pour un dernier au revoir. Lorsqu’elle avait quitté ce monde, son corps avait été rapatrié auprès de sa famille, Nuru n’avait pu savoir qu’en sortant lui-même de la station médicale qu’elle était décédée. Il voudrait pouvoir lui dire un dernier au revoir, souhaiter qu’elle soit maintenant en paix dans la Force. Elle l’avait aidé, sur Coruscant, avant de rentrer parmi les siens, dans l’Ascendance. Lorsqu’il en aura l’occasion, il interrogera Veeren là-dessus.

– Les membres de l’Ordre sont d’accord pour en venir avec une coopération avec vous, maintenant, tout dépend de ce que vous comptez faire et comment, j’ai cru comprendre que toutes les familles n’avaient pas la même vision des choses, sur la Force et les rapports avec le reste de la galaxie.

Sûr. En soi, que cette rencontre puisse avoir lieu était déjà un petit miracle. Il n’avait pu s’empêcher d’approuver, d’un petit signe de tête.

– Vous parlez au nom de votre propre Clan ou au nom de l’Ascendance, par ailleurs ?

Revoir le Parlement était un peu étrange, tout de même, il se souvenait encore du chemin jusqu’à son bureau et aurait pu s’y rendre les yeux fermés. En chemin, certains regards ne lui avaient pas échappé, ils n’étaient pas les bienvenus pour tous, mais cela, il le savait déjà. Mine de rien, ces failles avaient déjà bouleversé la vie de l’Ascendance, au moins pour plusieurs de ses membres, et obligé les autres à considérer le reste de la galaxie autrement que comme un vague voisin lointain dont il ne valait guère la peine de se soucier. La pandémie avait été un rappel brutal que même une armée bien préparée peut elle aussi être touchée par ce genre d’ennemis invisibles. Si la population civile n’avait pas été frappée, la Flotte de Défense, elle, avait subi une volée. Si la maladie était arrivée en pleine période de crise, les conséquences auraient pu être bien plus dramatiques.

Enfin, tout cela appartenait au passé, dorénavant… Un passé certes récent et encore douloureux, mais un passé qui s’atténuera dans les mémoires avec le temps. On pourrait trouver ironique qu’il pense et prépare l’avenir, lui qui était pourtant censé être mort depuis une trentaine d’années, c’était pourtant son seul objectif, s’assurer que l’avenir soit moins sombre, autant le sien que celui des autres. A leur arrivée dans son bureau, Veeren se leva pour les accueillir, en robe, pour une fois, ça changeait, mais ce ne devait être qu’à cause de sa grossesse. C’était son… troisième ou quatrième enfant, il ne se souvenait plus, elle l’avait dit à un moment, durant le voyage. Il sourit faiblement lorsqu’elle salua Nuru, sentant qu’elle était contente de le revoir. Si ça pouvait aider un peu le jeune à être plus à l’aise… Tout comme Luke, d’ailleurs.

– Bienvenue sur Csilla. J’espère que vous aurez moins de difficultés à traiter avec nous que votre descendant.

Ah. Hum, désolé, Luke, même ici, il ne pourra déjà plus passer complètement incognito, en tout cas, pas avec ceux qui avaient déjà croisé la route de Nat. Ce qui incluait… Le Conseil des Familles au grand complet, une petite partie de l’équipage durant le Vol vers l’Infini, l’amirale Ar'alani et quelques autres. Ce n’était déjà pas mal. Une fois assis, Veeren commença par lui confirmer qu’ils n’avaient donc pas été exilés, ni Feesa ni lui, et même s’il s’en était douté comme on les avait conduits ici, Thrass était tout de même très surpris de la décision du Conseil. Ils avaient sans doute voté, pour décider ça, la question était donc comment Veeren avait-elle pu avoir assez d’allié, et donc assez de poids, pour votre contre un exil ? Mis à part le chef du Clan Mitth, il n’en voyait aucun autre qui ait pu soutenir ça. Leurs autres chefs n’aimaient pas les sensitifs, ce n’était pas un secret.

– Nous avons eu, il y a quelques temps, un nouvel arrivé de ces failles, de notre peuple. Son époque remonte à cinq millénaires. Il souhaiterait vous rencontrer et voir s’il pourrait éventuellement repartir ensuite avec vous.

– Bien sûr, il n’y a pas de problèmes là-dessus.

Un saut d’une telle ampleur temporelle était impressionnant mais ce n’est pas ça qui fit réagir Thrass en premier lieu. S’il se souvenait bien de ses cours, c’était il y a environ cinq millénaires que Csilla avait subi la catastrophe écologique, qui l’avait fait plonger dans l’ère glaciaire, à peu de choses près. Cet homme avait-il donc connu la planète avant qu’elle ne soit rongée par les glaces, pendant les changements climatiques ou bien juste alors qu’elle était déjà glacée ? Ce qui sous-entendait qu’il avait peut-être vécu la reconstruction des villes sous terre. Sensitif ou pas, les Historiens de l’Ascendance étaient sûrement fascinés et devaient déjà l’avoir bombardé de questions. Et même sans tout cela, avoir une parole en directe d’un ascendant était très précieux, ne serait-ce que pour combler les vides historiques qu’on pouvait avoir parfois.

Le point moins agréable est qu’il devait avoir un mal fou à s’intégrer, la différence n’était tout de même pas négligeable, loin de là. Thrass imaginait ce qu’il avait dû ressentir face à la montagne de changements entre son temps et celui-ci, et dans quel état il devait être aujourd’hui. A sa place, il aurait un mal fou à accepter un tel saut et plus encore à comprendre correctement une époque si éloignée. Et ce sans même parler encore des différences technologiques ou sociétales. Thrass espérait pour lui qu’il était bien entouré, à l’heure actuelle, avec des personnes capables de comprendre ce qu’il traversait comme situation.

– Les membres de l’Ordre sont d’accord pour en venir avec une coopération avec vous, maintenant, tout dépend de ce que vous comptez faire et comment, j’ai cru comprendre que toutes les familles n’avaient pas la même vision des choses, sur la Force et les rapports avec le reste de la galaxie.

– Vous parlez au nom de votre propre Clan ou au nom de l’Ascendance, par ailleurs ?

Très bonne question, Nuru, et pour avoir déjà parlé un peu de tout cela avec Veeren au cours du précédent voyage, il connaissait déjà la réponse. Si le Conseil n’était pas forcément contre tout cela, la majorité ne l’approuvait pas réellement et laissait Veeren, ainsi que son Clan, s’occuper des choses. Autrement dit, c’était aux Nuruodo de gérer le problème et eux aussi qui en assumeront les conséquences si jamais il devait y avoir un problème. Il attendit que l’Aristocra réponde là-dessus, s’amusant un instant à imaginer les discussions qu’elle avait pu avoir avec ses confrères sur le sujet. Mettre toutes les Familles d’accord, sur ce genre de sujet n’avait jamais été une tâche aisée. La tendance était plutôt conservatrice et l’Ascendance n’avait jamais apprécié se mêler de ce qui se passait chez les autres, de toute manière. On ne vous fera jamais rien si vous nous fichez la paix.

– L’Ordre Sith va probablement se reformer, lui aussi. Je comprends bien que l’Ascendance ne soit pas prête à se mêler à une autre faction, cependant, dans cet échange de principes, il serait bien de « signaler » les sensitifs prêts à se former, même un peu. Sans les faire rentrer dans l’Ordre s’ils ne veulent pas, mais s’assurer qu’ils aient une petite formation, de quoi leur permettre de faire face au cas où un Sith, ou un autre cinglé, en vienne à attaquer l’Ascendance. Et ces personnes pourraient elles aussi servir de relais.

Pour le moment, leur tout jeune ami du passé se trouvait encore sur Nirauan, il faudra soit le faire venir ici, soit le récupérer au passage. Veeren était plus partisane de le laisser là-bas autant que possible, ce sera mieux pour éviter tout incident. Il avait beaucoup de mal encore à se faire à cette époque et cela s’était déjà remarqué, sur Csilla, or, ce n’était guère le moment de trop attirer l’attention sur ce genre de sujet. S’il revenait, tant qu’il prenait garde à ses propos et actes, cette fois-ci… Elle reporta son attention sur le tout jeune homme, hochant la tête lorsqu’il souligna que toutes les Familles n’avaient pas la même vision des choses sur le sujet. C’était exact. Le Conseil avait accepté que cette rencontre se fasse mais cela ne voulait pas dire pour autant que tous étaient prêt à s’impliquer. Très loin de là.

Il y avait en réalité une sorte de consensus. Le Clan Nuruodo était chargé de la protection de leur peuple tout entier, le défendre contre n’importe quel type de menace et identifier celles qui pourraient le devenir. A ce titre, ils pouvaient user d’environ tous les moyens qu’ils voulaient, tant, bien sûr, que cela respectait les lois des leurs. En ce qui concernait les Jedis, on les laissait donc faire, avec une certaine appréhension pour certains et un rejet pour d’autres, mais ils avaient tout de même carte blanche. A partir du moment où ils n’envoyaient pas l’Ascendance toute entière dans un conflit dont personne ne voulait. Tel était le « contrat ». Elle répondit donc posément à Nuru sur ce point, qu’ils soient au clair là-dessus. L’Honneur de son Clan était engagé, dans cette affaire, par ailleurs, la réussite d’une telle coopération pourrait être très productive, pour eux comme pour l’Ascendance.

– L’Ordre Sith va probablement se reformer, lui aussi. Je comprends bien que l’Ascendance ne soit pas prête à se mêler à une autre faction, cependant, dans cet échange de principes, il serait bien de « signaler » les sensitifs prêts à se former, même un peu. Sans les faire rentrer dans l’Ordre s’ils ne veulent pas, mais s’assurer qu’ils aient une petite formation, de quoi leur permettre de faire face au cas où un Sith, ou un autre cinglé, en vienne à attaquer l’Ascendance. Et ces personnes pourraient elles aussi servir de relais.

Ce serait alors une sorte de mini-Ordre interne ? Car comment les former ? Ou bien on les envoyait tous en « stage » auprès d’un Jedi ou au temple, auquel cas ce serait comme s’ils entraient malgré tout dans l’Ordre, ou bien un seul partait pour ensuite revenir et former ceux qui le voudront sur place. L’idée n’était pas idiote mais son application allait être sujet à débat.

– Ce n’est pas idiot, cela dit, ce ne sera pas aussi simple. Comment les former, où, et sous la responsabilité de quel Clan. S’ils intègrent ou non la Flotte de Défense. Cela fait parti des points que nous pouvons discuter avec les amiraux.

Le « marché » de base était plutôt simple, quoi que rentrant dans des cases précises. De leur côté, ce dont ils avaient principalement besoin, c’était d’informations, pour ne plus se retrouver pris de court face à d’autres problèmes déclenchés par des sensitifs, de quelque nature que ce soit, et savoir comment les gérer. Ainsi que les moyens de se défendre contre eux, recevoir de l’aide en cas de besoin, par exemple si un Sith fou se mettait à attaquer ou autre chose. En échange, ils proposaient aux Jedis de leur fournir les ressources dont ils auront besoin, au niveau matériel ou autre, ainsi que de leur offrir, au cas où leur Temple était découvert et/ou détruit, une base où s’abriter, dans les Régions Inconnues, sous la protection de son Clan. Ils pouvaient bien sûr modeler tout ça, y ajouter des points comme l’idée de Thrass, tout était sujet à débat.

Ce fut donc, tout d’abord, ce qu’elle présenta et proposa aux trois visiteurs assis face à elle. Thrass n’était peut-être pas encore un Jedi, mais il allait épouser une des leurs, sans doute dans peu de temps, et était sensitif, Veeren ne doutait pas qu’il se forme pour de bon, tôt ou tard.

– Nous ne nous engagerons pas ouvertement dans votre conflit contre l’Empire, je vous le redis. Cet accord doit bien entendu rester un secret, y compris pour vos autres alliés, pour les Rebelles. Notre devoir reste avant tout de préserver les nôtres, pas de les jeter dans une guerre ne les concernant pas. Comprenez-vous bien cela ?

– Vous parlez au nom de votre propre Clan ou au nom de l’Ascendance, par ailleurs ?

Juste le sien, non ? Selon ce qu’avait déjà expliqué Thrass… L’Aristocra le leur confirma juste après, précisant qu’elle avait tout de même l’accord du Conseil pour mener les choses mais que ça restait à son clan d’endosser la responsabilité de l’affaire et de la mener. Luke se demanda quelles conséquences pourraient arriver si jamais quelque chose tournait mal, il ne savait pas quelles étaient les tensions politiques internes ici mais il devait forcément y en avoir, qu’elles soient faibles ou fortes. Ils ne vivaient pas dans une galaxie toute belle, toute rose et toute gentille, où tout le monde était d’accord avec tout le monde, dans une société. Pas que Luke ait vraiment envie de se soucier de ça, mais bon, ce type de tensions avait un tel don pour affecter n’importe quel projet qu’il serait idiot de ne pas s’en préoccuper, ne serait-ce qu’un peu. Leur interlocutrice ne s’attarda cependant pas sur le sujet, n’entra pas non plus dans les détails. Ils n’en étaient qu’au début, rien n’était encore fait… Le jeune homme lança un vague regard vers la fenêtre, et la grande ville, en espérant qu’ils n’allaient pas se créer encore plus d’ennuis suite à des malentendus ou mauvaises compréhensions, vis-à-vis de la Force ou de l’Ordre.

– L’Ordre Sith va probablement se reformer, lui aussi. Je comprends bien que l’Ascendance ne soit pas prête à se mêler à une autre faction, cependant, dans cet échange de principes, il serait bien de « signaler » les sensitifs prêts à se former, même un peu. Sans les faire rentrer dans l’Ordre s’ils ne veulent pas, mais s’assurer qu’ils aient une petite formation, de quoi leur permettre de faire face au cas où un Sith, ou un autre cinglé, en vienne à attaquer l’Ascendance. Et ces personnes pourraient elles aussi servir de relais.

– Ce n’est pas idiot, cela dit, ce ne sera pas aussi simple. Comment les former, où, et sous la responsabilité de quel Clan. S’ils intègrent ou non la Flotte de Défense. Cela fait parti des points que nous pouvons discuter avec les amiraux.

On pouvait trouver des compromis… Si Nuru, ou même Thrass une fois formé, revenait ici pour en former un ou deux autres à leur tour, qui ensuite partageraient ce qu’ils ont appris, ça pouvait fonctionner aussi, quoi que ce sera plus long. Et ça évitera de les faire intégrer l’Ordre, s’ils ne le voulaient pas. En ce qui concernait les Clans et les responsabilités de chacun, ça, c’était leur affaire, il ne comptait pas s’en mêler. Il écouta plutôt l’Aristocra avec attention, lorsqu’elle passa au cœur de leur affaire et la raison de leur présence ici. Des informations, des moyens de défense et de l’aide en cas de besoin, face aux Siths, en échange, des ressources matérielles ou autres, un abri sûr en cas d’attaque du Temple sous la protection de leur clan. Le marché était bon, mais il serait vraiment plus simple d’intégrer des idées comme celles de Thrass. Si l’Aristocra pouvait en parler aux siens, prendre la température, elle pourra ensuite leur faire parvenir un message, qu’ils revoient comment s’organiser ?

– Nous ne nous engagerons pas ouvertement dans votre conflit contre l’Empire, je vous le redis. Cet accord doit bien entendu rester un secret, y compris pour vos autres alliés, pour les Rebelles. Notre devoir reste avant tout de préserver les nôtres, pas de les jeter dans une guerre ne les concernant pas. Comprenez-vous bien cela ?

– Bien entendu.

Ça commençait à faire plusieurs points dont ils ne pouvaient pas parler aux Rebelles. La dernière fois qu’ils avaient découvert un de leurs secrets par accident, ça s’était quand même très mal terminé – Merci Tarkin… – Luke espérait que ça se passera moins mal la prochaine fois. Se redressant un peu, il commença par dire à Veeren qu’ils ne comptaient de toute manière pas impliquer les Rebelles dans toutes les affaires de l’Ordre, pour la simple et bonne raison qu’ils ne comprenaient pas certaines d’entre elles, qu’il y avait aussi une encore trop grande part de la Rébellion qui ne voulait pas comprendre. Ceux qui étaient furieux à cause de la bataille d’Alderaan et de la trahison de Leia, autrement dit. Ils considéraient la Force comme un problème de plus et il était difficile de leur en vouloir. Il passa ensuite sur du plus « concret », comment ils imaginaient les choses, de leur côté. Un accord de ce type incluait des communications assez régulières et les systèmes habituels étaient peu répandu, dans ces régions, les messages mettaient du temps avant d’être transmis. Tout comme voyager soi-même était long.

– Il est aussi possible de se fixer des « rendez-vous » réguliers. Ou aussi réguliers que possible. Désigner une personne de notre côté et une du vôtre, pour suivre plus spécifiquement ces échanges.

"Ce n’est pas idiot, cela dit, ce ne sera pas aussi simple. Comment les former, où, et sous la responsabilité de quel Clan. S’ils intègrent ou non la Flotte de Défense. Cela fait parti des points que nous pouvons discuter avec les amiraux."

Des discussions qui s’annonçaient très délicates. En plus de cela, il faudra aussi que le Conseil entier accepte pareil proposition, car il y avait un gouffre entre accepter un lien officieux avec l’Ordre Jedi et accepter que des membres de leur peuple s’entraînent à l’usage de la Force. Pour le moment, l’échange serait des informations, des données et des méthodes, contre des ressources, une protection en cas de besoin, sous la houlette des Nuruodo. Cela pouvait sembler peu, mais au regard de la mentalité des Chiss et de leurs convictions, cette avancée était déjà très conséquente. Thrass imaginait très bien de quelle manière Veeren avait dû batailler pour faire accepter cela à ses confrères, le temps que ça avait dû prendre, et les réserves que beaucoup devaient avoir. Une telle affaire, aux yeux de beaucoup d’Aristocras, devait simplement représenter un danger pur et simple pour l’équilibre de leur société.

"Nous ne nous engagerons pas ouvertement dans votre conflit contre l’Empire, je vous le redis. Cet accord doit bien entendu rester un secret, y compris pour vos autres alliés, pour les Rebelles. Notre devoir reste avant tout de préserver les nôtres, pas de les jeter dans une guerre ne les concernant pas. Comprenez-vous bien cela ?"

"Bien entendu."

C’était littéralement le premier point dont Thrass avait averti son jeune confrère, durant le voyage les ayant amené ici. Luke enchaîna ensuite sur les Rebelles, ajoutant qu’il y avait autre chose dont ils ne pouvaient pas les avertir et qu’il n’était de toute façon pas bon de les impliquer dans les affaires de l’Ordre, étant donné les tensions actuelles. Veeren comprendra ça facilement, après tout, la politiques, les affaires internes et les querelles n’étaient pas une nouveauté pour elle, ça fonctionnait comme ça pour n’importe quel pays ou faction. Une fois ça posé, le jeune humain demanda comment ils envisageaient les choses. Proposant que chaque camp ait un interlocuteur désigné, pour faciliter les échanges, et que ces derniers soient le plus réguliers possible. Au moins du côté jedi, trouver ledit interlocuteur n’allait pas être difficile.

"Du côté de l’Ordre, c’est simple. Il faut une personne ayant déjà entamé le travail et qui ne risque pas de disparaître du jour au lendemain au travers d’une faille. Donc toi, Luke."

La logique même voulait que ce soit lui qui s’occupe de ça. Thrass se voyait extrêmement mal proposer à Ezra de s’en charger, étant donné qu’il montrait déjà très clairement ne pas pouvoir voir leur peuple en peinture… Sans compter qu’il n’était pas non plus prêt à rentrer complètement dans le rôle qu’on attendait de lui.

"Pour l’Ascendance, il doit déjà y avoir une ou deux personnes qui ont affaire à des sensitifs, comme Feesa ou le jeune homme qui est arrivé il y a peu. Et qui pourraient travailler sur ce projet."

Parfait. Puisqu’ils étaient d’accord sur quelques bases essentielles, ils allaient pouvoir passer dans le vif du sujet. Veeren comprenait tout à fait que les Jedis ne veuillent pas mêler les Rebelles à toutes leurs affaires, la coopération avait ses limites, surtout lorsque cela concernait des sujets très sensibles. A présent, de quelle façon s’y prendre, en effet. Elle avait réfléchi à plusieurs options, pour contourner certains problèmes techniques, comme le manque d’antennes-relais pour les communications, entre autres. Une volonté affichée de leur part, tout cela participait à leur isolement. Il fallait effectivement des personnes désignées spécifiquement pour tenir ces rôles, et comme le souligna Thrass, elle songeait aussi que ce jeune humain ici présent était tout désigné pour le faire. Il n’allait pas disparaître dans une faille, après tout, et puisqu’il était ici, autant poursuivre le travail avec lui plutôt qu’avec un autre, de nouveau.

– Pour l’Ascendance, il doit déjà y avoir une ou deux personnes qui ont affaire à des sensitifs, comme Feesa ou le jeune homme qui est arrivé il y a peu. Et qui pourraient travailler sur ce projet.

– Très peu, à vrai dire. Il y a au moins une personne à avoir croisé Sogua sans le rejeter aussitôt. Quant à Feesa, elle passe plus de temps sur Nirauan, avec des humains, je ne pense pas qu’elle se sente très à l’aise sur Csilla.

Bien évidemment, Sogua n’avait pas pu s’empêcher de se faire remarquer, même involontairement, avant de repartir sur Nirauan, mais c’était de bon ton, ainsi, Veeren avait pu au moins se faire une petite idée de qui pourrait convenir, dans l’affaire les occupant. Elle pourra peut-être, par ailleurs, la faire rencontrer leurs invités durant le mariage. A voir sur place. En attendant, l’Aristocra tenait à leur faire rencontrer les personnes déjà impliquées, pour régler la mise en place de toute l’affaire. Elle avait confié une partie de cela à l’amiral Ar’alani, car elle était l’une de ceux comprenant le mieux les menaces extérieures potentielles et y étant sensibilisée. Cependant, l’amirale ne pourra revenir que d’ici quelques jours, étant actuellement en mission. D’ici là, ils pouvaient commencer par familiariser leur visiteur avec leur peuple, il était d’ailleurs invité au mariage, puis prévoir un temps d’échange d’ici trois ou quatre jours avec les responsables.

Elle voudrait aussi que le jeune homme puisse rencontrer le Conseil des Familles, au moins une fois, car même s’il ne comptait pas participer activement dans la gestion de cet échange, ses confrères devaient au moins savoir qui, du côté des Jedis, allait s’en occuper. Les réunir pour ça sera cependant un peu plus délicat que de rencontrer les amiraux… A moins qu’ils n’acceptent juste pour s’en débarrasser vite faite et faire en sorte que le jeune humain vide les lieux le plus tôt possible. Veeren retint un faible sourire à cette idée, puis dit ensuite aux trois visiteurs où ils allaient être hébergés, le temps de leur séjour sur Csilla, et décrit dans les grandes lignes ce qui était prévu pour les prochains jours. Il s’agissait maintenant d’être efficaces.