Mariage en Haute Société

Csilla, Mariage de Chaf’orm’bintrano et Wren’ami’adelle

La capitale de Csilla s’éveille pour un jour particulier. Une grande cérémonie va bientôt débuter, ce matin, pour le mariage que plus personne ne s’attendait à voir. Les grands moyens ont été déployés, pour cette fête, qui doit marquer les esprits, et de nombreux curieux, non invités, espèrent apercevoir en chemin celle qui a enfin su prendre la place au bras de l’Aristocra de la Famille Chaf.

Cette union doit également contribuer à resserrer les liens entre deux Familles rivales de longue date, les Csapla et les Chaf. Toute la Haute Société a été conviée, ainsi, bien sûr, que les familles proches, les amis et des notables. La salle Eva accueillera le repas puis la fête qui s’ensuivra, seule assez grande, pour un mariage en intérieur, pour y accueillir tous les invités.

PNJ Wren’ami’adelle

Il y avait un stress certain… Un léger affolement en pensant au nombre d’invités, au nombre hallucinant de règles à suivre à la lettre pour un mariage de ce standing, la crainte de commettre des erreurs devant tout le monde, et aussi, bien que ce soit plus basique et presque ridicule, une petite peur quant à ce nouveau tournant dans sa vie. Et puis, la longueur de cette robe… Debout sur une légère estrade ronde surélevée, Namia était entourée par l’organisateur du mariage et un tailleur, qui s’occupaient de l’aider à s’habiller et surtout arrangeaient la tenue dans les moindres détails, pour correspondre au protocole. Il était encore très tôt, elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit, et cette phase de préparation ne l’aidait pas à se détendre.

Lors de son premier mariage, il n’y avait certainement pas eu autant d’angoisse et encore moins autant de détails à régler, c’était alors si simple… Une fois bien habillée, sans qu’elle n’ose regarder le résultat dans le miroir, on la fit passer dans un fauteuil pour être cette fois coiffée et maquillée. Là encore, ils y mettaient un soin plus infini, comme si elle se préparait pour un événement exceptionnel qui allait changer l’avenir de Csilla. La coiffeuse lui dit de pencher légèrement la tête en avant, après lui avoir mis une large serviette sur les épaules et le dos pour protéger la robe, se lançant dans une coiffure que Namia sera incapable de réaliser toute seule. Le temps qu’elle se fasse, elle regarda enfin sa tenue, tout en appliquant de petits exercices de respiration, contre la nervosité.

A la sortie de cette préparation, son père l’attendait, lui aussi mis sur son trente-et-un. Et accompagné par l’Aristocra de leur Famille, Beclu'doz'csapla. Le côté officiel des choses, toujours… Elle se retint à la toute dernière seconde demander à haute voix ce qu’il fichait ici, souriant poliment à la place en le saluant. Mariage politique. Même le trajet jusqu’à la salle de cérémonie était codifié, là où elle devait retrouver Formbi. Vivement que tout cela se termine… Elle avait envie de calme, qu’ils puissent se retrouver tous les deux sans avoir à suivre à la virgule près un protocole bien établi, vieux de plusieurs millénaires. Elle s’accrochait fermement au bras de son père, comme par crainte de chuter, pour se rassurer, au moins le temps de rejoindre son futur époux. Puis il faudra procéder à l’accueil de tous les invités puis…

"Ne sois pas si raide," lui chuchota tout à coup son père très bas. "Tiens-toi droite et ne nous fait pas honte."

En temps normal, Namia se serait contentée d’hocher simplement la tête en s’exécutant, cette fois-ci, sans comprendre pourquoi, elle eut d’un seul coup une brusque envie de hurler et l’envoyer balader. Se retenir fut ardu, elle devait être bien trop nerveuse. Soufflant discrètement, elle en fut d’autant plus soulagée en rejoignant Formbi, et lui prenant son bras à lui une fois à ses côtés, car lui, au moins, ne lui fera aucune réflexion de ce genre, elle en était certaine. Et ce fut bien ça qui la détendit vraiment. A présent, l’accueil de tous leurs invités…

On y était. Un jour qu’il n’aurait pas cru vivre un jour et dont il était certain qu’une très grande majorité de personnes, par ici, ne pensaient pas non plus vivre un jour. Namia était véritablement magnifique… Il lui tendit son bras, lorsqu’elle arriva à sa hauteur, posant une main sur celle qu’elle avait contre la manche de sa tenue. Ce devait être assez stressant, pour elle, tous les regards ainsi posé sur elle… Pour sa part, Formbi n’avait jamais prêté la moindre importance à la manière dont il était considéré, la seule chose qu’il ne tolérait pas, c’était qu’on crache sur ses proches. Les invités arrivaient peu à peu, ils devaient les accueillir à l’entrée de la salle, avant que la cérémonie du mariage en elle-même ne débute. Une part, elle aussi, assez longue de toute l’affaire. Habitué aux très longs cérémonials, il suivit toute la première étape de l’accueil sans broncher ou faire mine de s’impatienter. Cela faisait parti du jeu.

Le premier « hall » de la salle Eva avait été transformé pour accueillir la cérémonie officielle. Formbi avait beaucoup plus le sentiment d’assister à une réunion politique, en bonne et due forme, qu’à son propre mariage. Il avait déjà vu ses confrères et sa consœur se marier, pourtant, il savait très bien la façon dont ça devait se dérouler. Mitth’san’suazee était en charge du déroulement de la cérémonie et des signatures des contrats. Dans la salle, toute une assemblée, qui ne riait vraiment pas, sur son trente-un-ans, aussi droite et formelle que si elle observait un défilé militaire. Sentant Namia trembler légèrement, il la rassura d’un bref souffle avant d’entrer, en lui recommandant de ne pas regarder les invités. Elle n’avait rien à se reprocher, rien à craindre, elle était là car elle devait y être. Et il la protégera si jamais quelqu’un se permettait la moindre réflexion à son encontre.

Sans vouloir être méchant, la présence d’un seul Humain au milieu de tous les Chiss présents attirait tout autant son lots de regards que la mariée elle-même. Lui et Thrass, ainsi que le petit Nuru, avaient été conviés par pur effet diplomatique, une invitation dont beaucoup se seraient passé. Les trois restaient auprès de Sev’eere’nuruodo et des membres de son clan, là encore, pour contrôler la situation dès l’amont. Sage décision. Ils remontèrent l’allée jusqu’à arriver devant Mitth’san’suazee. La véritable cérémonie commença, tout d’abord par l’énoncé des textes du mariage, une litanie rituelle et formelle, elle aussi bien longue, qui précédait toute union. Un rappel des devoirs du couple, de l’importance de la Famille et de la protection de leur peuple, au-delà des intérêts personnels. Thsans parlait doucement, d’une voix rendue légèrement éraillée par l’âge et plus grave.

Formbi lança un rapide et discret coup d’œil aux innombrables fleurs blanches mises en cascade au-dessous et autour d’eux, envahi par cette odeur. Il voyait aussi sa jeune sœur, du coin de l’œil. Une part de son esprit était toujours fixé sur son inquiétude pour elle… Impassible, il se concentra sur ce que disait Thsans, puis débuta le premier pour les échanges de rites et les vœux. Là encore, un cérémonial précédait l’échange de bague, à suivre à la lettre. Face à sa fiancée, il lui tenait les deux mains, écoutant le maître de cérémonie puis déclarant ses vœux. Ces échanges étaient très anciens et ne reflétaient plus aussi bien la réalité actuelle de leur société, où les femmes avaient une place égale aux côtés des hommes. Ces paroles sonnaient vieux jeu, pourtant, il était tout à fait hors de question de les modifier, d’une quelque façon que ce soit.

Il était surtout très concentré, pour ne commettre aucun impair, si concentré qu’il en oubliait presque de profiter de cet instant et réaliser qu’il était en train de se marier. Ces vœux, il les avait appris par cœur avant le mariage, comme il apprenait les lois de l’Ascendance, et il ne lui vint qu’ensuite à l’esprit qu’il pourrait se montrer plus détendu. Ce n’était pas un discours officiel mais un mariage. Il y parvint, un peu, en se recentrant sur l’instant présent plutôt que sur les règles à suivre. Ce fut au tour de Namia de parler et il lui sourit, doucement, juste pour elle, pour l’encourager et lui assurer qu’elle n’avait aucune raison de craindre quoi que ce soit. Elle était parfaite. Leurs témoins respectifs leur donnèrent ensuite les bagues. Il cacha sa nervosité en passant celle de Namia à son doigt. Saura-t-il vraiment bien s‘occuper d’elle…

"Tu es parfaite," murmura-t-il pour qu’elle seul l’entende.

Il voulait la voir sourire… La voir moins nerveuse, plus heureuse. Il voulait qu’elle oublie tous les regards posés sur elle et comprenne qu’il était là et ne laissera personne la blesser ou la rabaisser, pour quelque sujet que ce soit.

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Les dés

Se replonger dans tout le protocole et règles à suivre était assez amusant. C’était une ambiance que Thrass avait toujours apprécié, et heureusement pour lui, sinon ce métier aurait été parfaitement insupportable. Dommage, cependant, que ça se fasse dans de telles circonstances. Exil ou non, ils n’étaient pas les bienvenus et ça se ressentait, la sensation d’être devenu un étranger aux yeux de son propre peuple était extrêmement désagréable. Il lança un bref regard à Veeren, à proximité, sans lui en parler mais sachant qu’elle comprenait ce qu’ils devaient ressentir là-dessus. Ils étaient tous trois entourés, « gardés », en quelque sorte, par le Clan Nuruodo, et ce n’était guère plus mal, en un sens. Thrass savait que Luke allait très bien s’en sortir, il avait déjà l’habitude des regards un peu lourds ou de ne pas se sentir le bienvenu, même si c’était triste à dire. Tout allait très bien se dérouler.

Il s’inquiétait déjà un peu plus pour le petit, petit qui allait bientôt avoir seize ans d’ailleurs, et lui posa une main sur l’épaule, serrant un peu pour qu’il sache qu’il était là, avec lui. C’était plus fort que lui, l’ex-Administrateur aimait beaucoup les enfants et ne pouvait pas s’empêcher d’aller au-devant d’eux s’il voyait qu’ils allaient moins bien ou avaient peur. S’ils n’étaient là, ce n’était que pour le côté diplomatique, Formbi ne les aurait pas invité par bonté de cœur. Ce mariage… Thrass avait été très surpris, voire choqué, d’apprendre que le chef du clan Chaf se mariait, et mieux encore, qu’il se mariait avec une femme du Clan Csapla, alors que leurs deux Familles n’étaient officieusement pas du tout en bons termes. Connaissant Formbi, il ne l’épousait pas pour des raisons politiques, cela dit, malgré lui, cette union allait prendre un tour politique très certain et serré.

Avant même les vœux, la cérémonie débutait par un long rappel des devoirs d’un couple, de la famille, d’un individu au sein de leur société, le tout dirigé par Mitth’san’suazee. Dans le public, tout le monde était debout, tout comme les époux, en silence et suivant les rites avec attention. Personne ne souriait, le tout avait presque des allures de cérémonie militaire rondement menée. Thrass se demanda comment ça se déroulait, chez les humains, pour le mariage, si c’était aussi long et si formel, ou bien plus détendu. Il avait bien sûr l’intention d’épouser Lorana, cela dit, devait-il passer par un mariage Chiss ou par un mariage Humain ? Elle trouverait sans doute cela bien trop long et contraignant, trop formel. Lui-même était parfaitement habitué et à l’aise, mais ce n’était pas le cas de tous.

Les vœux en eux-mêmes, tout aussi longs, étaient en revanche beaucoup moins d’actualité. A mesure que la société avait évolué, au travers des siècles, les femmes avaient pris une place aussi forte que les hommes, dans la construction de la société et son évolution. Il n’était plus jamais de question, aujourd’hui, de refuser un poste à une personne en fonction de son sexe. Mais autrefois, alors que les leurs éprouvaient beaucoup plus de difficultés à avoir des enfants, difficultés surmontées aujourd’hui grâce aux progrès médicaux, on laissait moins facilement les femmes accéder à beaucoup de postes et encore moins s’engager dans l’armée, voire travailler tout court lorsqu’elles étaient enceintes. Enfin, ces vœux restaient une tradition, on ne pensait guère à les modifier, même s’ils ne représentaient plus la réalité de l’Ascendance.

Thrass n’aimait pas beaucoup l’Aristocra, inutile de le nier, mais il fut tout de même ému de le voir passer la bague au doigt de sa nouvelle épouse. Ça restait toujours de beaux moments, voir ainsi un homme et une femme former officiellement un nouveau foyer. Les témoins, auprès des nouveaux mariés, devaient aussi signer les documents officiels, tout comme les mariés, puis enchaîner sur cette nouvelle partie de la cérémonie. Aucun accro, du début à la fin, l’ex-Administrateur soupçonnait même Formbi d’avoir apprit par cœur le déroulé de la cérémonie et les vœux à prononcer.

Que fichait-il ici, au juste ?

Autant Luke comprenait le travail de diplomatie, les relations sociales et tout le bazar qui va avec, autant il comprenait mal qu’on le jette lui aussi là-dedans alors que Thrass était là et que c’était son domaine. Se retrouver au milieu d’un mariage… Il n’avait pas imaginé cette possibilité-là en arrivant à la rencontre des Chiss, c’était tellement bizarre et incongru qu’il avait encore un peu de mal à y croire. D’autant plus qu’en étant le seul et unique Humain de l’assemblée, il faisait vraiment tâche dans le décor. Il avait déjà un vu un deux mariages, sur Tatooine, avec des amis de son oncle et sa tante. L’ambiance était radicalement différente. Entre la musique, la fête, l’alcool, même la cérémonie qui se faisait avec des sourires, des félicitations criées depuis le public, tout le monde de bonne humeur et frappant des mains pour saluer l’arrivée de la mariée. C’était vraiment des fêtes, on s’habillait bien pour la forme mais le but réel était de s’amuser, boire à la santé des mariés et en profiter pour que tout le monde puisse se lâcher un bon coup, le temps d’une journée, oublier complètement les soucis quotidiens et faire en sorte que cette journée reste gravée dans la mémoire de tous. Une vraie fête, quoi.

Ce mariage-là, l’ambiance était à l’extrême opposée… Silence parfait dans l’assistance, tout le monde debout, bien droit, aucun sourire, on se croirait plutôt à un défilé militaire qu’à un mariage. Ou bien un enterrement. C’était malpoli de sourire ou…. ? Il ne jugeait pas ces coutumes, ce n’était pas son peuple après tout, par contre, il voudrait bien comprendre pourquoi ça se déroulait ainsi. Le côté sérieux et formel, en tout cas pour le moment, supplantait très largement le côté festif d’un mariage. Au point que Luke commence à se demander si ce peuple était réellement capable de s’amuser… Le maître de cérémonie était un Chiss assez vieux que Thrass lui avait désigné comme le chef de la Famille Mitth, son propre clan. Il y en avait neuf en tout, de ce qu’on lui avait dit, normalement, les Aristocras étaient donc des sortes de présidents, chacun pour sa famille. Luke ne comprenait pas un seul mot de ce qui disait, mis à part deux ou trois à la volée, et n’osait pas demander de se faire traduire, comprenant simplement qu’il devait s’agir des vœux, ça commençait aussi par ça, dans les mariages Humains. Plus ou moins.

Le marié avait l’air concentré du chirurgien préparant une intervention très importante, c’était amusant. Le jeune homme baissa légèrement la tête, le temps de retenir un petit sourire, puis la releva, les regardant échanger paroles et alliances. C’est à ce moment qu’il repéra Feesa, non loin des mariés, un peu surpris et dans le même temps soulagé. Ils avaient su en cours de route qu’elle avait disparu, mais si elle était là, c’est qu’elle avait pu rejoindre son peuple en sécurité. Tant mieux, il avait craint le pire, comme l’imaginer de nouveau coincée chez les Siths. A voir après si elle comptait rentrer directement avec eux ou rester près de son peuple le temps de reprendre des forces, tout dépendait de ce qu’elle avait pu vivre avant de revenir ici, il faudra qu’il lui en parle. En attendant, il se concentra sur le cours de la cérémonie, on dirait bien qu’ils étaient passés à une parte juridique encore plus formelle que le reste. Au secours ! La patience, ce n’était pas son point fort, et ce n’était rien de le dire. Pour s’occuper, il détailla un peu mieux le décor, les fleurs tombant en cascade, puis laissa son esprit dériver sur divers sujets, sur sa sœur…

Il s’était écoulé une véritable éternité lorsque cette partie-là de la cérémonie toucha à sa fin. Luke ne savait pas combien de temps ça avait duré, deux heures, peut-être, voire plus, mais il était vraiment soulagé que ce soit terminé. Cette fois-ci, en revanche, le public se mit à applaudir et il les imita avec un léger temps de retard, un peu surprit. Qu’il y avait-il maintenant, encore plus de protocole et d’étiquette ? Oui ? Ah, oui, évidemment. C’est vrai que si tout le monde se rendait simplement à la salle des fêtes pour le repas, ce serait beaucoup trop simple. C’était comme ça à chaque mariage ou bien le protocole était-il simplement plus long car c’était un Aristocra, qui se mariait ? Il faillit poser la question à Thrass puis se retint, au cas où certains à proximité comprenaient le Basic, ce ne serait pas très poli de demander ça. Se rendre ici n’avait pas été prévu, le temps d’attendre ce jour, et continuer ensuite leur mission, ils allaient devoir rester plusieurs jours de plus par rapport à ce qu’ils avaient pensé. Lorana avait-elle pu annoncer doucement aux Rebelles qu’une de leurs leaders s’entraînait en secret avec l’ennemi ?

Il y pensa tout en suivant Thrass dans la salle, cette fois, tout le monde s’asseyait aux tables dressées. Depuis le début, ils étaient comme « entourés » par les mêmes personnes, qui ne les lâchaient pas d’une semelle, malgré les mouvements de foule. L’Aristocra enceinte qu’ils avaient rencontré tout d’abord était toujours à proximité, ainsi que plusieurs personnes de sa famille, et le tout formait une sorte de cocon les encerclant, comme une garde. Aucun risque de se perdre, pour le moment. Ni, visiblement, aucun risque d’avoir le moindre contact avec des membres de ce peuple qui pourraient ne pas apprécier la présence de Jedis sur leur territoire. Au moins, et ça sonna comme un miracle aux yeux de Luke, l’ambiance générale se fit moins formelle une fois tout le monde installé et le repas débuté. Magnifique, ils étaient capables de se détendre !

– Ça se passe toujours de cette façon ? demanda-t-il enfin en Basic. Ou bien cela change en fonction du statut social ?

Le moment était magique et Ewime avait envie de pleurer, ne se retenant qu’à très grande peine en regardant son frère passer la bague au doigt de Namia. Voir ça, assister à ça, c’était… Magnifique, très beau, très émouvant. Même si elle se posait toujours beaucoup de questions sur le pourquoi de ce mariage – ce qui était assez horrible à avouer – elle était on ne peut plus heureuse que son frère vive ce moment, qu’il puisse fonder son propre foyer. Il méritait amplement, lui aussi, de vivre ça, d’avoir droit à ce bonheur, elle en était très émue. Debout au premier rang de l’assemblée, les mains jointes contre elle, serrées sur un collier, elle les observait, un large sourire aux lèvres et les larmes aux yeux. L’échange des vœux était très solennelle, tout comme le fut la suite, pour la signature des textes et l’engagement des témoins. Ils étaient mariés. Elle sourit de plus belle, pour eux deux, leur souhaitant tout le bonheur du monde et espérant qu’eux aussi pourront bientôt avoir des enfants. Ils étaient si mignons, ainsi, main dans la main !

Alors que tout le monde se mettait finalement à applaudir, Ewime en profita très vite pour effacer les traces de larmes au coin de ses yeux, puis appuyer, sans avoir l’air, le bras contre sa poitrine. Elle avait mal, depuis ce matin, enfin depuis hier soir plutôt, sa poitrine était plus gonflée et douloureuse. Ce n’était pas si douloureux, juste gênant, et un peu bizarre, elle n’avait jamais eu mal là. Enfin, tant pis, elle ne comptait pas voir un médecin pour de toutes petites choses de ce genre, elle avait dû faire un faux mouvement ou autre chose, peu importe. Sa priorité fut plutôt de féliciter chaudement son frère et sa nouvelle belle-sœur, ravie pour eux deux. Ils devaient profiter de quelques jours, ensuite, juste entre eux, pour se retrouver et se reposer. Elle embrassa Namia sur la joue avec un sourire encore lus large, recommençant un peu à pleurer, presque. Désolée, elle était juste très émue, c’était à la fois très improbable et magnifique. Laissant les autres les féliciter, avant la suite, elle recula pour retrouver sa fille, dans la foule, et lui dire de la suivre, surtout, elle devait manger à la même table qu’elle.

Rejoindre la salle pour le repas suivait là aussi un protocole très précis, quasi chronométré, tout était réglé suivant les traditions ancestrales du mariage. D’ordinaire, Ewime trouvait toujours cela un peu long, mais aujourd’hui, elle ne voyait pas le temps passer, juste heureuse d’assister à tout cela. Une fois tout le monde installé à table, le repas put commencer, avec les premiers pas apportés par les serveurs. Il y avait beaucoup de monde, ce n‘était pas tous les jours qu’un Aristocra se mariait et il y avait forcément bien des personnes à inviter. A leur table, les mariés, les parents de Namia, elle-même avec sa fille et les frères et sœurs de la mariée, ainsi que le chef du Clan Csapla, plus pour la forme et l’étiquette qu’autre chose. Un peu dommage, d’ailleurs, Beclu'doz'csapla n’appréciait pas du tout Formbi et ce dernier le lui rendait très bien, quand bien même tous deux restaient très polis et formels, entre eux. Ce mariage servira également à renforcer quelques peu les liens entre les deux familles.

« Toutes mes félicitations à tous les deux, » redit-elle alors que les plats étaient installés devant eux.

Les invités, eux aussi, commençaient à se détendre, le niveau des conversations grimpait. Le premier plat d’entrée était une soupe de légumes assez raffinée, très chaude, et claire. L’odeur prit néanmoins de court la jeune femme, car si elle aimait bien cela d’habitude, elle eut cette fois un brusque haut-le-cœur, qui passa par bonheur inaperçu. Une main contre sa bouche, l’espace d’un instant, elle prit la cuillère pour manger mais la nausée ne partait pas. A la place, elle but de longues gorgées d’eau et commença par manger un peu de pain, allant avec le plat, le temps que la nausée passe. Au bout de quelques minutes, elle passa effectivement, comme si de rien n’était, et Ewime put manger presque normalement. C’était sa poitrine qui continuait à lui faire un peu mal, maintenant. Elle avait dû attraper froid. Bref, peu importe, ce n’était pas grave. Ils étaient là pour faire la fête, après tout.

Il y avait à espérer que cette union commence à adoucir le caractère un peu houleux de leur cher confrère, mais c’était déjà une première étape de faite ! Qui sait, fonder un foyer, avoir sans doute des enfants, allait peut-être le détendre profondément ? Il n’allait pas tout de même pas rester éternellement grincheux avec une femme à la maison, tout de même. Veeren, au bras de son mari pour supporter de rester debout si longtemps malgré la fatigue lui pesant, était un peu émue, tout de même, elle s’était souvent dit qu’il était quasiment impossible que leur confrère épouse qui que ce soit un jour. Elle ne savait pas vraiment ce qui l’avait poussé, mais soit, peut importe, l’important était que lui aussi puisse fonder son propre foyer. Et qu’il y ait une femme qui ne soit pas repoussée par son caractère de cochon.

Aller s’asseoir dans la salle fut un soulagement, même si elle n’en montra rien, profitant de ce répit pour passer une main contre son ventre, appuyant légèrement, comme si cela allait faire comprendre à sa fille qu’elle bougeait un peu trop. Cette enfant était décidément très active, dans son ventre, là où ses trois frères ne bougeaient quasiment pas, au point que leur mère angoisse qu’il n’arrive quelque chose, qu’ils soient malades ou elle ne savait quoi encore. En y repensant, elle avait dû tant fatiguer son médecin en lui demandant si souvent s’il était sûr que ses enfants n’avaient rien, s’il était normal qu’elle ne les sente pas bouger et ainsi de suite. La faire paniquer était très ardu, en temps normal, mais il suffisait que cela concerne un de ses enfants pour que son sang-froid habituel soit renvoyé baladé au loin. Et ça devait être le cas pour beaucoup de mères, dans l’Ascendance. Et dans la galaxie.

Au moins, son mari était beaucoup plus serein qu’elle. Il vint lui prendre la main pour la ramener sur la table, la serrant dans la sienne avec un sourire, en lui chuchotant de ne pas angoisser, que tout allait très bien se dérouler. Même si c’était gentil, Veeren ne put s’empêcher d’être un peu agacée. C’était elle qui le portait, cet enfant, et elle qui allait le mettre au monde, s’inquiéter était parfaitement légitime ! Ces messieurs avaient le beau rôle, dans cette affaire ! Elle hocha néanmoins la tête en inspirant un bon coup, consciente qu’elle avait aussi une nette tendance à s’énerver un peu vite, ces derniers mois. La valse des serveurs se mit en place au même moment, déposant devant chacun la première entrée, alors que la musique était elle aussi lancée, fond sonore qui ne gênait pas le niveau montant des conversations.

– Ça se passe toujours de cette façon ? Ou bien cela change en fonction du statut social ?

– Le protocole à suivre est plus long dans le cadre des mariages à un plus haut niveau social, si c’est ça que vous voulez dire. Ensuite, comparé aux mariages Humains, la cérémonie sera toujours plus longue, grand mariage ou non.

Elle avait lu à la Bibliothèque la façon dont les rites maritaux des autres peuples se déroulaient, en terme de protocole, longueur et étiquette, elle n’avait pas encore vu plus long que chez eux. Luke était « mal tombé », si on pouvait parler ainsi, le mariage d’un Aristocra incluait obligatoirement une cérémonie durant plus de trois heures, ça faisait partie de l’étiquette. Ils étaient habitué, pas lui, voilà tout. Après ce repas, il y aura le bal, ce sera l’occasion pour eux de bouger un peu et montrer qu’ils n’étaient pas des ennemis.

C’était idiot de l’avouer, pourtant, il se sentait un peu sonné. Réellement. Comme intégrant doucement la réalité et s’y faisant, peu à peu, alors qu’il avait pourtant eu du temps pour s’y préparer. Il avait même presque l’impression que c’était une autre personne qui se tournait vers le public et recevait les félicitations. Sa petite sœur était à moitié en larmes, oh, allons ! Il lui sourit et l’embrassa sur le front, avant qu’elle n’aille féliciter Namia, se tournant ensuite, beaucoup plus formellement, vers la suite des invités. Tout cela en veillant à ne jamais s’écarter de son épouse à plus de cinq centimètres, plus pour la rassurer que pour respecter le protocole, d’ailleurs. Elle s’était très bien comportée et il n’y avait aucune raison que cela ne se passe plus mal à compter de maintenant. Il remerciait ceux venant leur adresser leurs vœux, pus ou moins formellement selon la personne, toujours un peu assommé.

Lors du repas, il s’assit bien sûr à côté de sa nouvelle femme, et des parents de cette dernière, ainsi que ses frères et ses sœurs. Sa propre petite sœur était auprès d’eux, avec Feesa, et encore, le maître des Csapla prit place à son tour, une présence dont Formbi aurait voulu se passer, plus particulièrement pour son mariage, mais soit, rendons honneur à l’étiquette. Il sourit néanmoins à Ewime lorsque les félicita à nouveau, soulagé qu’elle et Feesa aient pu être là, elles étaient la dernière famille de sang qui lui restait, il aurait détesté vivre ce jour sans qu’elles ne puissent y assister. Et qui sait, peut-être qu’ici, sa sœur se rapprochera d’un homme tout à fait normal et sain pour elle… Il n’y croyait plus qu’à moitié mais ça ne l’empêchait pas d’espérer ! Après tout, il y avait beaucoup de jeunes hommes bien, ici.

Leur organisateur de mariage avait prévu les choses en grand, pour le repas, et tout le monde semblait content du premier, de ce que l’Aristocra pouvait jauger, dans la salle. Bien, tant mieux. Un seul Humain au milieu de l’assemblée, quand même, c’était un peu étrange… Même si celui-là était calme, contrairement à son si charmant descendant. Formbi s’assurait que Namia commençait à se détendre un peu, mais il la trouvait plus tendue que toute à l’heure, beaucoup plus tendue, et il finit par en comprendre la raison en captant certains regards échangés entre ses parents, et parfois avec  Beclu'doz'csapla. Il ignorait où était le problème mais trouvait agaçant qu’ils la rendent nerveuse, d’autant plus qu’elle s’était conduite à la perfection. Trop tôt encore pour la tirer de cette table et l’emmener danser avec lui, loin de leur influence.

– Et bien, mes plus sincères félicitations, glissa son confrère avec un sourire sonnant faux. Peu de personnes s’attendaient à cela.

On le lui aura fait comprendre. Formbi répondit presque machinalement, tout en continuant à déjeuner, un peu gêné par la tenue qu’il avait dû enfiler pour l’occasion. Tant qu’ils étaient à table, il ne pouvait pas faire grand-chose contre les regards ou sous-entendus, encore moins leur faire quitter la table, ou la quitter lui-même avec sa femme. Prenant son mal en patience, il tâcha alors de plus parler à Namia qu’aux autres, sans leur donner pour autant l’impression de les ignorer, pour qu’elle sache bien qu’il ne prenait pas part à ce petit jeu et tenait à ce qu’elle reste détendue. Pas évident… Au moins, elle n’aura plus à vivre ça ensuite, c’était ce qui comptait. Dommage, il aurait préféré un repas plus simple, avec juste la famille proche, dans le sens « qui ne vous angoissait pas », ça aurait été parfait.

Le bruit des conversations avait grimpé dans la salle à mesure que le temps filait et que chacun et chacune rentrait dans l’ambiance de la fête en elle-même. Le repas en lui-même durait au moins deux ou trois heures, puis il y avait le bal, que Namia et lui devaient ouvrir. Ah, la danse, un exercice auquel il était pourtant habitué, mais qu’il n’aimait pas fait en public. Cela dit, c’était la tradition. Dans tous les mariages, la danse, le bal, étaient pour ainsi dire une des traditions les plus importantes. C’était une occasion de rapprocher toutes les familles, se mélanger et s’unir, s’amuser et en profiter pour resserrer les liens. Tout le monde devait s’y mettre, même les plus jeunes, on ne venait pas à un bal, surtout à un mariage pour rester assis dans son coin sur une chaise. Même s’il n’aimait pas danser devant tant de monde, il fut heureux que le moment arrive car cela allait éloigner sa femme des médisants.

L’organisation était méthodique, presque militaire. Peu de temps fut nécessaire avant que la salle de réception ne devienne une salle de spectacle et de danse. L’orchestre se mit en place alors que les dernières tables, et plats, étaient enlevés, laissant place nette pour la suite. Des rangées de chaises pour les invités entre deux danses, quelques tables restantes pour les boissons, une large piste, l’orchestre. Il se mit en place avec Namia, puis commença doucement la valse d’entrée de bal avec elle. Ce n’était que dans ces moments qu’on comprenait l’importance des leçons de danse qu’on vous faisait ingurgiter, enfant, souvent par pure obligation. Mais ça n’avait plus d’importance… Ce qui comptait est qu’elle puisse se sentir bien.

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Eh bien… Au moins, maintenant, son oncle n’allait plus jamais rester seul. Peut-être même aura-t-il des enfants cette année ou l’année prochaine. L’idée était toujours très bizarre, même si elle savait, pourtant, que son oncle était parfaitement capable de s’occuper d’un bébé. Il s’était bien occupé d’elle-même et elle avait déjà vu pas mal de photos ou d’holos où il jouait avec elle, toute petite, ou lui donnait le biberon. Des moments où il était parfaitement détendu, comme il ne l’était que très peu en public, encore moins aujourd’hui. Ça devait pour ça, qu’il s’était marié, parce qu’au fond, ne pas avoir ses propres enfants lui manquait vraiment. C’était la seule raison logique qui lui venait, en tout cas. Bah, tant qu’il était heureux, autant dans ce temps que dans un autre, c’était tout ce qui comptait.

Feesa avait déjà vécu quelques repas très officiels, qu’elle trouvait plutôt assommant, et celui-ci en était bien un, même pour le propre mariage de son oncle. La nouvelle belle-famille de Formbi était tirée à quatre épingles et très formelle, pour ne rien arranger, quant à leur chef de famille, elle ne le connaissait que très peu, difficile de déterminer qui il était vraiment. Mais ce qui l’inquiétait le plus, c’était quand même sa mère… La jeune fille vit très clairement qu’elle eut la nausée, le repas à peine débuté, même si personne d’autre autour de la table n’y prêta la moindre attention. Même pas Formbi, mais à sa décharge, il était déjà bien assez occupé à foudroyer le chef des Csapla du regard, alors que ce dernier jetait des regards lords en direction de Namia. Belle ambiance.

Tout le long du repas, Feesa jeta de fréquents coups d’œils vers sa mère, pour s’assurer que ça allait, n’osant pas le demander platement en milieu de repas, et elle ne voudra de toute façon sûrement pas inquiéter Formbi. Pas maintenant. Elle était peut-être simplement tombée malade… Elle avait des nausées, assez fréquemment, depuis toute à l’heure, et elle serrait parfois ses bras contre sa poitrine, comme si elle avait mal. Pour ce dernier symptôme, Feesa ne voyait absolument quelle maladie serait susceptible de le provoquer. Et puis, c’était stupide à avouer, mais n’ayant jamais eu de mère ou de tante auprès d’elle, elle ignorait par conséquent tout des maladies ou « problèmes » strictement liés aux femmes. Cela dit, sa mère traînait une maladie héréditaire, également, c’était peut-être à cause de ça aussi.

Une fois le repas achevé, la configuration de la salle fut changée en peu de temps pour laisser de la place à l’orchestre et à la marge piste de danse, pour le bal. Feesa en profita pour essayer de voir sa mère et demander en chuchotant si elle se sentait bien, assez inquiète. Le lancement du bal, dans le même temps, fut assurée par son oncle et sa nouvelle tante, sur une musique classique mais assez connue. Ah oui, danser… Il faudra bien danser, le protocole l’exigeait. Elle attendit un peu, que d’autres se lancent, puis se décida à son tour… Avant de s’apercevoir très vite qu’elle faisait littéralement fuir tous les jeunes hommes de son âge, alors même que c’était un exercice déjà habituel, pour elle, dans son temps. Un constat qui la laissa à moitié choquée, lorsqu’un des hommes de l’assemblée finit par avouer, en chuchotant, que c’était parce qu’elle était une Jedi.

– Apprentie, corrigea-t-elle avec humeur.

– Navré, mais… C’est ainsi.

Ce n’était peut-être qu’un détail, mais sur le coup, Feesa trouva ça très humiliant, c’était la première fois qu’elle ressentait si fortement le rejet, uniquement lié au maniement de la Force, de la part de son propre peuple. Contournant la piste, elle finit par se rapprocher plus du coin où bavardaient quelques membres du Clan Nuruodo, ceux qui « escortaient » Luke, Thrass et Nuru. Au moins, ici, c’était une façon de se sentir un peu moins rejetée…

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Trouver un cavalier : 16

HJ : Une minute de silence pour Thrass, qui lui a dû subir tout ça en vrai, en plus des sautes d’humeur.

Le repas se déroula presque sans accro… Mis à part les nausées qui ne voulaient plus la laisser en paix. C’était l’odeur de la nourriture présentée devant eux, alors qu’elle aimait ça, pourtant ! Mais rien à faire, sa seule envie était de courir aux toilettes et vomir. Ewime faisait de son mieux pour ne rien laisser paraître, se forçant quand même à manger et participer tout de même aux discussions. C’était le mariage de son frère, hors de question de le gâcher ! Elle n’avait qu’à respirer un grand coup et faire passer ça, tout ira bien. Surtout. Ne pas. Vomir. Elle but beaucoup d’eau, mangea à peu près correctement, participant de moins en moins aux conversations au fil du repas, trop occupée à se retenir. Heureusement que son frère était concentré sur sa femme, elle ne voulait pas l’angoisser pour rien du tout. Même si ça commençait à l’inquiéter elle-même. Elle vit arriver la fin du repas avec un grand bonheur, soulagée, et en même temps inquiète. Elle avait dû attraper un microbe ou elle ne savait quoi. Elle resta d’abord assise, puis dû se relever quand la piste fut préparée, un bras discrètement contre le ventre.

Ewime ne resta, au lancement du bal, que le temps de regarder un peu son frère et sa belle-sœur, rassurer sa fille en lui disant que oui, tout allait très bien, puis se faufiler le plus discrètement possible dans la foule. Une fois hors de la salle, elle courut jusqu’aux toilettes, tomba à genoux devant, puis vomit tout ce qu’elle avait réussi à avaler depuis le début du repas. Puis vomit encore de la bile, alors qu’elle n’avait plus rien dans l’estomac, nauséeuse. Restant assise à côté des toilettes, Ewime toussa longuement, puis se laissa aller contre le mur, les yeux fermés. Ah, bon sang… Comme si c’était le bon jour pour ça… Un haut-le-cœur la secoua de nouveau et elle replongea la tête dans les toilettes, pour encore de la bile. Une sueur l’avait prise, sur le coup, elle crû à une évolution de sa maladie héréditaire, mais jamais ça ne lui avait fait ça… Un virus un peu costaud, peut-être. Elle ne pouvait pas déranger son frère… Pas à son mariage, tout de même, non, il ne devait rien savoir. Elle tenta d’appeler Thrawn, mais il devait être trop loin pour que le message puisse arriver.

La panique commençait à la gagner, ça ne lui était jamais arrivée, elle avait peur… Après un moment passée assise par terre, avec un léger mal de tête commençant à poindre, elle finit par se décider à appeler Veeren. Désolée, désolée, elle ne voulait pas que Formbi s’inquiète… Et elle commençait vraiment à avoir peur. Lorsque l’Aristocra arriva, Ewi était de nouveau occupée à rendre de la bile. Le mal de tête était déjà reparti, par contre, elle se sentait encore nauséeuse. Avec son aide, et celui de son mari, venu en renforts, elle se releva, puis les suivit sans rien dire, même lorsqu’ils annoncèrent qu’ils l’emmenaient à l’hôpital. Formbi ne s’était aperçu de rien, n’est-ce pas ? C’était le plus important ! On lui donna un sac, pour la route, jusqu’à l’hôpital. Prendre l’air lui fit déjà beaucoup de bien, comme être entourée, ça forçait la diminution de la panique. A présent, elle avait envie de pleurer, sans aucune raison valable, ce qui l’agaçait en même temps. Allez, on se reprend, elle devait bien retourner au mariage, pour faire comme si de rien n’était. Tout ira très bien.

« Merci, Veeren, » souffla-t-elle lorsqu’ils arrivèrent.

Un infirmier l’accueillit, à l’entrée des urgences, puis la fit entrer dans une petite salle de soin. Ewime décrit comme elle put ce qu’elle ressentait depuis quelques jours. Des douleurs, plus ou moins fortes, à la poitrine, des nausées, surtout aujourd’hui, le cœur soulevé par des odeurs de nourriture qu’elle aimait pourtant… Elle fondit d’un coup en larmes au milieu de sa phrase, incapable de s’en empêcher, puis bafouillant des excuses à l’infirmier. Désolée ! Ce n’était pas son habitude… Il lui tendit un mouchoir puis lui fit passer les premiers contrôles médicaux, ainsi qu’une prise de sang. En attendant les résultats, elle retourna dans la salle d’attente avec son sac, reniflant en allant remercier Veeren et son mari.

« C’est bon, je vais me débrouiller, je reviendrais toute à l’heure au mariage. Merci beaucoup. »

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https://coeur-et-force.forumactif.com/t309p150-les-lancers-de-des#16967

Assister à un mariage conduisait forcément à penser aux autres mariages à venir. Et notamment celui de Thrass. Il souhaitait épouser sa jeune humaine avant la naissance du bébé, bien sûr, c’était une évidence. Quant à voir comment organiser ça s’il comptait avoir leurs deux familles auprès d’eux… Le problème était bien qu’une partie de la famille était dans le camp Rebelle/Jedi et que l’autre partie était dans le camp Empire, de quoi poser un problème dès le départ. Sans oublier Thsans qui lui aussi tenait à ce que ce mariage se fasse, ne serait-ce que parce que ça l’amusait, comme il l’avait déjà souligné, et surtout parce qu’il voulait que l’Ascendance se rouvre un peu plus aux autres. Quoi de mieux que cette union et l’arrivée d’un enfant métis, sans doute le premier métis de toute leur Histoire, pour ça, pour cette ouverture ? C’était en tout cas ce que le vieil Aristocra songeait.

La perspective de cette naissance, du métissage, ne plaisait pas à tout le monde, très loin de là, mieux valait que ce mariage se fasse hors de l’Ascendance, aussi pour que Thrawn puisse venir. Le mieux, selon elle, serait de le faire dans un vaisseau, tout simplement, où ils pourront contrôler la sécurité et s’assurer qu’aucun dérapage ne puisse survenir. Et c’est qu’elle proposa à Thrass, tout en déjeunant, voir ce que lui en pensait. Tout cela allait être assez rapide, finalement, même si Lorana en était au début de sa grossesse. Si on voulait les marier avant le terme, en plus du temps pour tout organiser, il faudrait s’y prendre dans les deux ou trois mois qui viennent. Par contre, même si ça passait à la manière de leur peuple, il ne faudra pas trop en faire, pas avec une mariée enceinte, ça la fatiguerait trop.

Son mari suggéra de faire ça à la façon des Humains, sinon, ce sera moins long et moins contraignant, physiquement, pour la mariée. Veeren hocha a tête, tout en réfléchissant à comment ils pourraient faire ça. Ils en discutèrent, au fil du repas, avant que la fin n’arrive et que le bal se prépare. La salle fut rapidement transformée, puis le bal lancé par les nouveaux mariés. C’était presque étrange de voir Formbi se détendre, en dansant avec Namia, seuls, sur cette piste… Pour lui, la prochaine étape sera d’avoir des enfants. Là encore, ça fera drôle à bien des personnes. Petit à petit, de plus en plus de couples se lancèrent, au son de l’orchestre, rejoignant les mariés dans la valse. Veeren les observa un moment, d’abord assise, puis se releva, attrapant Luke par l’épaule au passage pour le tirer plus vers le bord de la piste.

– Tout le monde doit danser, durant les mariages, c’est la tradition, glissa-t-elle à voix basse. Même vous. On ne va pas créer un petit incident diplomatique, n’est-ce pas ? Allez-y. Et détendez-vous un peu, vous donnez l’impression d’être prêt à marcher sur une mine.

D’ailleurs, elle voyait que Feesa n’avait pas de cavalier, encore, il pouvait débuter avec elle ? Elle lui indiqua la jeune fille d’un léger signe du menton, avant de le relâcher. Au même instant, son comlink sonna, puis la voix angoissée d’Ewime résonna. Qu’est-ce que… Veeren et son mari se glissèrent dans la foule, pour aller la rejoindre. Elle s’était blessée ?! Non, elle… Ils la retrouvèrent par terre, dans les toilettes, à vomir tout ce qu’elle pouvait. Que s’était-il passé, elle se portait encore bien, il y à peine un quart d’heure ! Un virus, peut-être ? Un simple mot qui avait tendance à l’effrayer, depuis la pandémie soudaine, c’est pour ça qu’elle se décida vite emmener la jeune femme à l’hôpital. Ils l’aidèrent à se relever, puis la conduisirent, tous les deux, vers l’extérieur.

A l’hôpital, pendant qu’ils faisaient passer quelques premiers examens à leur nouvelle patiente, Veeren s’assit dans la salle d’attente avec son mari, un léger soupir aux lèvres. Elle se méfiait peut-être un peu trop vite mais mieux valait être prudent. Les deux mains posées contre son ventre, sa fille ne bougeant pas, pour une fois, elle ferma les yeux, attendant. Ewime vint les rejoindre quelques temps après. En larmes. Ce qui surprit beaucoup l’Aristocra car il était très rare de voir une personne, quelle qu’elle soit, pleurer en public ou en-dehors du cercle familial proche.

– C’est bon, je vais me débrouiller, je reviendrais toute à l’heure au mariage. Merci beaucoup.

– Il n’est pas question que vous attendiez toute seule ici.

Elle tourna le regard vers son mari, échangeant rapidement quelques mots avec lui, puis il repartit à la cérémonie, alors que Veeren faisait asseoir sa jeune consœur à côté. Allez, allez, du calme… Ils allaient très vite revenir avec des nouvelles, savoir ce qu’elle avait. En attendant, elles allaient rester là, mais toutes les deux, et Ewime pouvait aller aux toilettes si elle avait de nouveau envie de vomir. Pour lui changer les idées et faire diminuer son stress, Veeren tâcha de lui parler, et la faire parler, de sujets plus innocents, tout du long. Son travail, entre autres, ce qu’elle faisait à Nirauan et avec quoi elle s’occupait, dans ses moments de détente. Environ une heure plus tard, un médecin arriva, tout sourire, avec un petit dossier entre les mains. Ah, s’il souriait, c’est que ce ne devait qu’un bête virus, rien de dangereux.

– Vous n’êtes pas du tout malade, madame, vous êtes enceinte.

Oh… Veeren écarquilla légèrement les yeux, comprenant d’un coup mieux les sautes d’humeur étranges de leur jeune compatriote. Très bien… Heureusement que Formbi n’était pas là. Elle se mit en retrait le temps que Ewime puisse parler au médecin, et soit rassurée plus encore, les regardant de loin. Elle avait une nette idée de qui était le père… Et il fallait que la nouvelle tombe aujourd’hui. Bien, et maintenant ? Elle était bien placée pour savoir à quel point les premières semaines pouvaient être stressantes et épuisantes, fallait-il tout de même qu’elle retourne au mariage, dans cet état de nerfs ? D’abord, se calmer un peu… Elle allait être un peu sous le choc, mais c’était normal. Lorsqu’elle le put, Veeren l’amena d’abord dans le hall, pour lui faire boire quelque chose et lui donner d’autres mouchoirs.

– Tenez… Soufflez, un peu, tout va bien se passer. On repartira lorsque vous vous sentirez un peu mieux.

– Le protocole à suivre est plus long dans le cadre des mariages à un plus haut niveau social, si c’est ça que vous voulez dire. Ensuite, comparé aux mariages Humains, la cérémonie sera toujours plus longue, grand mariage ou non.

Ils devaient être habitués, sans doute. Bah, chacun sa culture, ça ne le concernait pas et il ne risquait pas non plus d’assister de nouveau à un mariage Chiss, de sa vie toute entière. La conversation dériva ensuite sur un autre mariage, cette fois la préparation de celui de Thrass et Lorana. Il avait déjà pu la demander en mariage ? Rapide… Mais qu’elle soit déjà enceinte était tout aussi rapide, cela dit. Luke ne participa quasiment pas sur le sujet, il ne connaissait pas vraiment Lorana… Elle allait plutôt très facilement et simplement vers les autres, en revanche, dès qu’on tentait d’aller vers elle, d’un seul coup, elle se repliait tant sur elle-même qu’il en devenait impossible de l’approcher. Il ne savait pas vraiment d’où ça venait et se voyait mal lui poser la question comme ça, de but en blanc, aucune chance qu’elle ne réponde. De toute manière, il ne pensait pas que Lorana invite tous les Jedis en mariage, elle voudra sûrement rester en famille.

Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il se souvint que Thrawn faisait partie de ladite famille et baissa la tête le temps de retenir un petit rire, imaginant maintenant parfaitement bien l’ambiance si on réunissait un amiral impérial, des Chiss et les amis Jedis et rebelles de Lorana dans une même pièce. La pauvre… Ce sera sûrement très bizarre, pour elle. Il se reprit et suivit de nouveau le fil de la conversation, qui tourna beaucoup autour de ça jusqu’à la fin du repas. La salle fut ensuite débarrassée, pour mettre en place le bal et laisser la place à l’orchestre. De son côté, Luke tâchait de ne rester dans les jambes de personne, se contentant d’observer tout ce beau monde, ainsi que le début de la valse par les mariés. C’était quand même très formel, cette affaire, même s’il avait senti que tout le monde se détendait au cours du repas. Si le repas avait été si long à cause du statut social des mariés, qu’en sera-t-il du bal ?

Ils dansèrent seuls plusieurs minutes, avant que peu à peu, d’autres couples se forment puis aillent les rejoindre sur la piste. L’orchestre avait entamé une longue valse, parfois sur un rythme plus rapide, un air apparemment bien connu. Luke allait s’écarter un peu quand une main s’abattit sur son épaule, le surprenant un peu. L’Aristocra Veeren… Donc, oui ? Il n’aimait pas trop son petit sourire, il n’avait pourtant rien fait de mal, sauf s’il ne l’avait pas réalisé.

– Tout le monde doit danser, durant les mariages, c’est la tradition, glissa-t-elle à voix basse. Même vous. On ne va pas créer un petit incident diplomatique, n’est-ce pas ? Allez-y. Et détendez-vous un peu, vous donnez l’impression d’être prêt à marcher sur une mine.

Danser, lui ?! Mais… Ce n’était pas une très bonne idée… Elle lui indiqua Feesa, un peu plus loin, d’un signe du menton, avant de le relâcher et repartir. Il ne savait pas danser… Enfin, il savait faire quelques pas, mais de là à danser vraiment dans un bal, sur un air complètement inconnu, c’était autre chose. Créer un incident diplomatique simplement pour ça… ? Hésitant un instant, il finit par se décider, sentant déjà que ça n’allait pas être terrible, puis invita Feesa à danser. Il aurait cru qu’elle aurait demandé directement à quelqu’un de son peuple, d’ailleurs, au lieu d’attendre dans un coin, peut-être qu’elle n’aimait pas beaucoup ça non plus. Et les regards, allant avec… Il les sentit avec force à peine deux secondes après avoir posé le pied sur la piste avec Feesa. Autant lassé qu’agacé, il s’efforça de ne pas y prêter attention. Ils ne voyaient jamais d’étranger, après tout, c’était normal, pas de quoi s’en énerver. D’autant plus qu’il n’était pas là pour se créer de nouveaux ennemis, il en avait déjà une assez belle brochette dans le reste de la galaxie.

Comme il fallait s’y attendre, il ne parvint pas à danser correctement, même s’il limita plus ou moins les dégâts, ne marchant jamais sur les pieds de sa partenaire. Très concentré, tout d’abord, il essaya après de se détendre, ne pas être trop raide ou tendu avec Feesa. Définitivement, c’était plus facile de piloter dans les canyons que de se retrouver plongé au milieu d’un tel événement. Pas qu’il était associable, mais… Bon… Disons qu’il n’était pas fait pour se balader dans ce type de fête.

– Tu vas bien ? murmura-t-il à Feesa tout en dansant. Tu sembles un peu troublée.

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Dés (capacités de danseur) : 12

Bizarre, sa mère avait disparu de vue… Elle était peut-être partie se rafraîchir un peu, si elle ne se sentait pas bien. Feesa retourna son attention vers Luke, lorsqu’il l’invita à danser, surprise mais aussi touchée. Elle ne pensait pas qu’il se lancerait. Et une fois sur la piste, elle remarqua très vite qu’il n’était pas très l’aise, pour danser. Un effort appréciable, en tout cas ! Beaucoup continuaient de leur jeter des regards assez lourds, alors que d’autres se détournaient, plus ou moins subtilement, et elle préférait encore ça. Elle s’inquiétait un peu pour sa mère, mais si vraiment elle ne se sentait pas bien, elle l’aurait signalé, pour recevoir de l’aide. Ou Formbi l’aurait vu. Elle lui lança un regard de biais, pour vérifier s’il avait l’air inquiet, lui aussi, mais non, ça semblait aller. Ou bien il était trop concentré sur sa femme pour avoir remarqué le reste.

– Tu vas bien ? Tu sembles un peu troublée.

– Ça va, sourit-elle ne reportant le regard sur son cavalier du jour. Je me demandais où était ma mère, elle était un peu malade pendant le repas. Ça doit aller mieux, si elle ne nous a rien dit.

Il était gentil de s’en inquiéter. Durant tout un moment, elle continua de danser sans rien dire, s’amusant même un peu à plus guider Luke avec les bons pas de danse, en constatant que non, définitivement, il n’avait dû avoir aucun cours sur le sujet. C’était un peu bizarre, quand même, entre l’homme de quarante ans, sûr de lui, qu’elle avait rencontré et celui de vingt ans, de cette époque, qui rentrait peu à peu dans le rôle qui sera le sien pour tout le reste de son existence. Elle avait parfaitement confiance et savait qu’il saura y faire, devenir un grand maître Jedi. D’ailleurs, songeant à ça, elle devra aussi l’avertir, pour Cade, mais pas ici, au milieu de la danse. Même s’ils parlaient en Basic, ce n’était pas le bon moment. A la place, elle le guida comme elle put, tout en se concentrant pour ne pas elle-même se prendre les pieds dans sa robe, bien trop longue à son goût. Au final, c’était sa mère qui avait choisi pour elle, en oubliant que sa fille n’était pas habituée à porter ça. Les voiles couvrant même les chevilles, c’était tout sauf pratique.

A la fin de cette valse, elle revint sur le côté de la piste avec Luke, soulagée. Une autre danse, plus dynamique, avait débutée, il y avait encore plus de personnes à danser. Elle tendit un verre à Luke et s’en servit un pour elle, avant de s’asseoir. Porter des talons, c’était sûrement très joli et féminin, mais ça faisait aussi mal aux pieds. Bah, au moins, elle gagnait quelques centimètres avec… Sans être une naine, elle n’était quand même pas très grande. Même sa mère avait deux ou trois centimètres de plus qu’elle, c’était frustrant. A voix basse, et en Basic, elle se pencha légèrement vers Luke et lui raconta ce qui s’était passé, pour Cade. Désolée, ça lui faisait encore un membre de plus de sa famille à tomber dans le côté obscur, mais il devait savoir… Quant à où pouvait bien se trouver l’ex-Jedi en ce moment, ça, elle n’en avait aucune idée, espérant juste qu’il n’avait pas rejoint les autres Siths.

– Je pensais finir sur Coruscant, mais mon… Enfin, l’amiral Thrawn m’a récupéré au vol et emmené sur Nirauan.

Coupure nette avant de reprendre, juste à temps. Oui, c’était stupide, surtout avec Luke qui avait pourtant à subir bien pire, mais bon. Bref.

– Tu penses qu’il pourrai revenir à la raison ?

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Dés

« Il n’est pas question que vous attendiez toute seule ici. »

La jeune femme songea une seconde à riposter, puis laissa tomber avant même d’avoir ouvert la bouche, à ce moment trop lasse pour se lancer dans cette discussion. A la place, elle remercia une nouvelle l’époux de l’Aristocra avant qu’il ne reparte, puis s’assit près de Veeren dans la salle salle d’attente. Comme si cette dernière s’était mise en tête de lui changer les idées à tout prix, elle lança une toute autre conversation, la poussant à parler de son travail, sur Nirauan, de ses activités et loisirs… Au bout d’une dizaine de minutes, Ewime finit par mieux se prêter au jeu, même si elle devait fréquemment s’interrompre à cause d’une nausée ou vomir de la bile. C’était tout de même mieux que toute à l’heure, au mariage, où elle avait vraiment cru qu’elle allait bêtement s’évanouir sur place… Lorsque le médecin revint, tout sourire, au bout d’une heure, Ewime s’était beaucoup calmé, les nausées étaient toujours là mais moins fortes. Après tout, elle ne devait qu’avoir simplement attrapé un petit virus. Elle se leva pour aller à la rencontre du docteur, rassurée en voyant l’air qu’il affichait, ça ne devait rien être de grave.

« Vous n’êtes pas du tout malade, madame, vous êtes enceinte. »

Le mot lui fit l’effet d’une claque en plein visage, suivie aussitôt d’une vague de culpabilité car ce n’était pas vraiment la réaction première qu’on s’attendrait à avoir. Le souffle bloqué une seconde, elle se reprit puis dévisagea le médecin, avant de lui demander à voix basse s’il plaisantait. S’écartant avec elle, il lui montra les résultats des examens précédents et de la prise de sang, surtout. Il souriait toujours à pleines dents, visiblement ravi de lui annoncer cette nouvelle, tandis qu’elle restait plantée sur place à fixer les résultats de ses analyses. Seconde remarque idiote, et pourtant qui vint si vite, se demander comme c’était possible, à haute voix. Le docteur eut un autre sourire, cette fois celui compréhensif de médecin qui entendait souvent cette question, et lui rappela gentiment qu’elle avait simplement dû avoir des rapports avec un homme récemment. Pardon, pour le moment, la logique allait attendre cinq minutes avant de reprendre sa place légitime dans son cerveau. La jeune femme baissa la tête sur son ventre, comme s’il allait tout d’un coup grossir. Elle portait sa fille, Feesa… ou… un autre bébé ?

« C’est une fille ? »

« Il est bien trop tôt pour le dire, madame… Nous le saurons d’ici quelques mois, si vous souhaitez apprendre le sexe du bébé avant sa naissance. C’est vraiment très récent, il faut donc être prudent et suivre le cas. Les premiers gros examens, si je puis dire, se font à partir du second ou troisième mois de grossesse. Certaines femmes préfèrent ne rien dire dès le début. »

Ne rien dire… Ewime se voyait très mal ne pas en parler, et attendre, d’ici quelques mois, de voir Thrawn revenir avec un ventre cette fois bien gonflé et lui annoncer qu’elle accouchera d’ici trois à quatre mois. Serrant les résultats d’analyse contre elle, elle prit machinalement un rendez-vous de contrôle avec le gynécologue de l’hôpital, sur les conseils du docteur, avant de repartir d’un pas légèrement chancelant. L’information peinait encore à grimper jusqu’au cerveau, accompagnée par une question autrement plus grave. Si ce bébé était vraiment sa fille, comme tout ça allait-il se passer ? Pouvait-il y avait « deux fois » la même fille dans un seul temps ? Et si ce n’était pas elle, ça voudrait dire que Feesa aurait eu un frère ou une sœur plus âgé mais qui n’aurait pas survécu, comme elle ne l’avait jamais connu ? Ou bien étaient-ils dans un temps si différent de celui de Feesa qu’elle en naîtra jamais ici, que ce sera un autre enfant ? Tant de questions qui finirent par supplanter les nausées, laissant un léger malaise à la place. Veeren dû le sentir car elle lui donna aussitôt d’autres mouchoirs et de quoi boire.

« Tenez… Soufflez, un peu, tout va bien se passer. On repartira lorsque vous vous sentirez un peu mieux. »

Trop de questions, pas de réponses. Et elle doutait même que qui que ce soit puisse répondre à ces questions en particulier. Comment pourrait-elle se sentir mieux ?! Elle but, malgré tout, en s’appliquant à respirer calmement et lentement. Ça ne servait à rien d’angoisser ! En plus, Formbi le verrait aussitôt… Ewime était déjà presque sûre de la réaction qu’il aura. Il ne songera sans doute pas à la Force, aux failles, il songera plutôt que Thrawn avait effectivement osé la toucher et ça le mettra en colère. Jolie ambiance. Ce n’était pas du tout le bon jour.

« Je dois d’abord passer chez moi avant de retourner au mariage, murmura-t-elle. Je dois envoyer un message au père de bébé. »

L’Aristocra avait déjà dû deviner de qui il s’agissait, mais elles n’étaient pas seules, dans ce hall, Ewime préférait ne pas être si directe ici. En sus, elle aura un peu de temps supplémentaire pour se reprendre complètement. Veeren n’était pas obligée de l’accompagner, si elle voulait repartir… ça ira, maintenant. Elle avait toujours des nausées, mais tenait debout et s’était en partie calmée. Peut-être parce qu’elle ne réalisait pas encore complètement non plus… En chemin, elle réfléchit à ce qu’elle devait dire, ce n’était pas le plus judicieux de se poser aussitôt trop de questions… Dont son compagnon n’aura pas plus la réponse que les autres. Une fois chez elle, elle réfléchit encore un moment, puis se contenta finalement du plus simple. Après un salut, au début du message, elle écrivit qu’elle sentie mal pendant le repas, puis que Veeren et son mari l’avaient conduite à l’hôpital.

« Ils m’ont examinée, le médecin m’a dit que je ne suis pas malade mais que j’attends un bébé. Rappelle-moi lorsque tu le pourras. Je t’aime. »

Elle fit envoyer le message ensuite, soupirant par avance en sachant que ça pourra prendre du temps avant qu’il ne le reçoive, du moins s’il avait déjà quitté Nirauan. Bien, maintenant, retourner au mariage de son frère. Et tâcher de faire bonne figure.

Peu à peu, après leur ouverture de bal, d’autres couples se joignirent à la piste, pour une longue valse. Formbi gardait les yeux sur sa femme, une main sur sa taille, l’autre serrant celle de son épouse, sans vraiment se préoccuper de ce qui se passait autour d’eux. Pour une fois, il avait vraiment envie de danser, d’ordinaire, il n’aimait guère passer trop de temps sur cette activité. Écouter les orchestres lui plaisait bien mieux. Une fois cette première danse achevée, il enchaîna sur la seconde avec sa femme, souriant, maintenant, complètement détendu. La cérémonie était faite, le repas passé, tout le monde s’amusait, tout se déroulait très bien, il n’y avait aucun accro. Honnêtement, il l’avait craint, il craignait toujours qu’un problème ou un autre vienne perturber le bon déroulé des choses, dans ce type de cérémonies.

Namia, elle aussi, souriait à présent plus et s’était détendue, comme il l’avait espéré, en quittant la table. Il ignorait de quelle façon exactement sa famille l’avait traitée jusque là, elle était très traditionaliste et avait, semble-t-il, la crainte de les contredire ou leur faire de la peine. Du moins, c’est qu’il avait ressenti et observé, il restait à définir ce qu’il en était vraiment. Ils en parleront mais plus tard… Pour le moment, tout ce qui comptait était de passer un agréable moment. Ils dansèrent au milieu des autres couples en douceur, avant de quitter la piste pour se rafraîchir un peu et boire un verre. Formbi chercha machinalement sa famille du regard, trouvant Feesa plus loin, occupée à discuter avec le Jedi humain, puis fronça légèrement les sourcils en constatant l’absence de sa petite sœur. Ni sur la piste, ni sur le côté.

Elle avait dû s’éclipser pour des besoins naturels, et il ne s’inquiéta donc pas immédiatement. Puis les minutes défilèrent, et elle ne réapparaissait toujours pas. Sans briser le fil de la discussion autour d’eux, il se renseigna avec ceux qu’ils croisèrent, et une personne finit par lui répondre qu’elle avait vu sa sœur quitter le bal, plus tôt, en compagnie de Sev’eere’nuruodo et de son époux. D’habitude, il n’en fallait déjà que très peu pour que Formbi s’angoisse pour un membre de sa famille. Alors apprendre ça le fit violemment frémir. Que lui était-il arrivé ?! Reportant au loin le regard sur Feesa, constatant qu’elle n’avait pas l’air spécialement inquiète, il se demanda si ce n’était rien de grave ou si sa nièce n’était en fait pas au courant. Il décida ne pas aller la trouver pour le moment, sa nièce était bien assez secouée, ces derniers temps.

– Peut-être est-elle malade ou qu’elle avait besoin de prendre l’air, murmura sa femme.

Formbi lui sourit, pour la rassurer, mais ça ne le calmait. Oui, justement, Ewime était malade… Même si le traitement qu’elle prenait tous les ours la soutenait beaucoup et qu’elle pouvait vivre presque normalement, elle avait parfois des « crises », des moments où même avec le traitement, la maladie prenait le dessus. Des moments où elle perdait le sens de l’équilibre, où elle était perdu, agitée, ne reconnaissait plus qui ou quoi l’entourait, avec de forts troubles émotionnels. Si c’était une de ces crises et qu’elle ne lui avait rien dit avant de partir… Jugulant son angoisse, il se força à attendre. Il ne pouvait pas quitter son propre mariage comme ça et Veeren devait avoir la situation en main. Pourvu qu’elle aille à peu près bien…

– Ça va. Je me demandais où était ma mère, elle était un peu malade pendant le repas. Ça doit aller mieux, si elle ne nous a rien dit.

D’accord… Il hocha doucement la tête, se concentrant de nouveau sur où il mettait les pieds et comment, pour ne pas se cogner contre qui que ce soit ou lui faire mal à elle, involontairement. Lorsque cette danse prit fin, et qu’ils purent enfin quitter la piste, il fut infiniment soulagé, espérant que ça suffisait aux Chiss, pour le protocole, une danse, c’était déjà bien, non ? Feesa prit deux verres, au passage, d’une sorte de… liquide à moitié vert avec une odeur forte, qui vous montait à la tête, et qu’il n’osa pas goûter dans l’immédiat, une fois assis près de Feesa. Qu’est-ce que c’était que ce truc ? Il allait le lui demander lorsque la jeune femme reprit la conversation, toujours en basic, mais cette fois sur un sujet radicalement différent… Luke grimaça et soupira longuement, en écoutant son récit, à la fois blasé et désespéré. Ça faisait combien, là… ? Vader, Leia, Caedus, enfin Jacen, et maintenant Cade ?! Ils faisaient un concours pour déterminer lequel sombrera le plus profondément dans la folie ?! C’était pas vrai… Bon… Bon, du calme, ce n’était pas si grave, après tout, on allait dire que c’était… Non, pas dans les gènes, mauvais argument.

– Je pensais finir sur Coruscant, mais mon… Enfin, l’amiral Thrawn m’a récupéré au vol et emmené sur Nirauan.

Son ? Son quoi ? Pourquoi avait-elle arrêté si brusquement avant de reprendre ? Il y avait un problème entre elle et Thrawn aussi, pendant qu’on y était ? Au moins, l’amiral n’était ni un Sith, ni cinglé, lui. Luke soupira encore, avant de boire une gorgée de ce truc non identifié. C’était fort, à vous brûler la gorge, avec un goût bizarre. Ou bien c’était lui qui ne tenait pas l’alcool et n’en buvait jamais d’habitude. Fallait bien ça pour faire passer le goût de cette charmante nouvelle familiale… Luke savait déjà que son descendant se droguait à coup de bâtons de la mort, mais qu’il revienne en tant qu’apprenti Sith, c’était le coup de grâce. Il n’y avait donc personne de normal, dans le tas ?! A moins que ce soit lui qui ne soit pas normal, en réalité. Il fit un effort et un vague sourire à Feesa. Elle pouvait remercier Thrawn de ne pas l’avoir éjectée droit sur Coruscant. Quant à Cade, impossible de savoir où il pouvait bien s’adonner à ses vices en ce moment. Ce ne serait pas étonnant de le retrouver dans une ruelle de Nar Shaddaa, complètement défoncé.

– Tu penses qu’il pourrai revenir à la raison ?

– Bien sûr ! Tout le monde le peut. Dans un sens, tu as de la chance, au moins l’amiral a pu te récupérer avant que ça ne devienne plus grave encore. Ne t’en fais pas du reste, il y a toujours des moyens de ramener les gens à de meilleurs sentiments, même si ça prend du temps. Cade n’a pas été élevé comme un Sith depuis sa plus tendre enfance, tout n’est pas perdu, pour lui. Ni pour personne.

Sauf peut-être l’Empereur… Et Plagueis. Les deux seuls, finalement, en qui Luke ne fondait aucun espoir, il n’était pas assez naïf pour ça. On pourrait lui dire que c’était pareil dans le cas de Vader, mais il voulait croire que même son père pouvait se racheter. C’était différent, même s’ils avaient commis des horreurs, ça restait sa famille, il ne pouvait pas s’en couper si facilement.

– Tu comptes bien poursuivre ta formation quand même, même si tu n’as plus de maître pour le moment ? Ou tu vas finalement rester auprès de ta famille ?

L’ambiance s’était considérablement détendue, après une cérémonie et un repas très formel. Quand bien même il y avait quelques « accrocs ». Si pouvait qualifier ça ainsi, en tout cas. Nyvan venait de revenir, sans sa femme et sans Ewime non plus, se contentant dans un premier temps de dire qu’elles arriveront toute à l’heure, dans un un peu plus d’une heure, sans doute, car Ewime était l’hôpital. Elle devait passer un examen et attendre les résultats. Un mot inquiétant… En discutant avec Nyvan, il avait juste ajouté qu’elle s’était sentie mal durant la cérémonie, quoi qu’elle traînait fatigue et douleurs depuis deux ou trois jours, et qu’elle avait eu beaucoup de nausées. Il n’en dit pas plus, quoi que son air pensif parlait pour lui. Fatigue, nausées, vomissements… Ce n’étaient pas les symptômes habituels de la maladie dont souffrait la jeune femme, pourtant.

Personne n’avait dû avertir Formbi… Ou personne n’osait aller lui dire que sa sœur était à l’hôpital, il serait bien capable d’aller la retrouver avec Namia, même si Veeren devait parfaitement gérer la situation. Thrass, de son côté, ne savait pas vraiment quoi en penser. Il n’était pas médecin et ne pouvait pas deviner d’un claquement de doigt de quelle maladie souffrait la jeune femme. En attendant d’avoir plus de nouvelles, il discuta et but un verre avec les autres, dansant aussi un peu. Cette histoire continuait de lui trotter dans la tête, dans un coin, malgré tout. Il aimait bien Ewime, la trouvant très gentille et agréable, et il savait aussi qu’elle ne laissait pas son petit frère indifférent. Il était même, depuis assez récemment, convaincu que c’était bien lui, le père inconnu de la petite Feesa.

Penser à ça lui donna un léger temps d’arrêt, alors qu’il se demandait si justement, ce n’était pas ça… Si Ewime n’avait pas fini par tomber enceinte…. Mais si c’était le cas… Il n’y allait pas y avoir un très gros problème ? Comment cela allait-il se passer si elle était enceinte de sa fille alors que cette dernière se trouvait là en même temps, issue d’une autre époque ou pas ? Ou bien ce temps était différent et ce bébé ne sera pas Feesa ? Ah, bon sang, on en revenait aux problèmes parfaitement insolubles et aux questions sans réponse… Il grimaça un peu, regardant sa nièce de loin, occupée à discuter avec Luke. Un bref soupir lui échappa, il ignorait comment ça allait se passer et si ce sera d’une bonne façon pour tout le monde. L’anxiété l’avait gagné, car si Ewime était vraiment enceinte, il ne voyait pas comment se réjouir immédiatement de la nouvelle.

"Chaf’orm’bintrano commence à s’agiter," murmura un de ses anciens collègues, à côté de lui. "Il faudrait lui dire que…"

"Patientons encore un peu, sa sœur va sans doute revenir."

Et effectivement, encore plus tard, elle finit par revenir au mariage, discrètement, accompagnée par Veeren. Thrass vit aussitôt son état de nerfs assez élevé, des traces de larmes effacées à la va-vite aussi. Il s’approcha d’elle, avec Nyvan, et lui donna un verre sans alcool, ainsi que quelque chose à manger, pour qu’elle se remette un peu, avant toute chose. Formbi ne pourra pas lui parler tranquillement au cours du mariage, elle avait un peu de temps devant elle pour se remettre.

"Que vous arrive-t-il ? Vous avez besoin qu’on aille dire pour vous à votre frère que vous devez rentrer vous reposer ?"

De l’eau froide sur le visage, respirer un grand coup, se reprendre. Une fois le message envoyé, la jeune femme s’enferma cinq minutes dans la salle de bain, le temps de reprendre ses esprits, se rafraîchir, puis enfin être prête à retourner au mariage. Veeren était adorable de l’attendre, en tout cas, elle-même devait être fatiguée, avec une grossesse si avancée, mais elle prenait le temps, c’était rassurant d’avoir quelqu’un près de soi qui s’y connaissait bien. Ewime était un peu plus calme au retour, même si elle avait toujours des nausées, elle ne paniquait plus. C’était normal, il fallait juste… Et bien… Se détendre et faire avec ? En revenant à la salle, elle s’efforça de faire bonne figure, de sourire à ceux qu’elle croisait, jetant au passage un regard vers son frère, plus loin, pour s’assurer qu’il ne s’inquiète pas trop. Ils devront discuter, tous les deux, plus tard… Même dans quelques jours, ce n’était pas urgent. Dans l’immédiat, elle retrouva les autres, et remercia Thrass lorsqu’il lui tendit quelque chose à boire et à manger. Et bien, il allait être de nouveau tonton dans quelques mois… La jeune femme aurait quand même voulu que Thrawn soit là, en cet instant, elle tâchait de ne pas trop le montrer.

« Que vous arrive-t-il ? Vous avez besoin qu’on aille dire pour vous à votre frère que vous devez rentrer vous reposer ? »

« Non, non, ce n’est pas la peine, je me sens très bien. Je suis juste… »

Elle n’osait pas le dire à voix haute en plein milieu du mariage, surtout si des oreilles indiscrètes pouvaient les entendre au passage, et elle se contenta donc de murmurer à Thrass qu’elle allait vivre la même chose que Lorana. Qu’il ne s’inquiète pas, tout allait très bien, elle se posait énormément de questions, mais tout allait très bien. Pour le moment, mieux valait ne pas y songer. Ils étaient au beau milieu du mariage de son frère, tout le monde s’amusait, dansait, elle n’allait pas lui gâcher la fête. Ils en parleront dans… quelques jours. Quoi qu’il faudra qu’elle lui en parle avant de rentrer sur Nirauan. Ou après ? D’ici un mois… Un mois ou deux… Voire trois… Ou quatre… Non, tout de même, il fallait au minimum qu’elle en lui parle avant que ce ne soit trop voyant pour le cacher et qu’il lui fasse une crise. Avec un peu de chance, il prendra parfaitement bien la nouvelle ! Après tout, ce bébé, ce sera aussi sa nièce ou son neveu, il aimait sa famille, il ne devrait trop rien dire. Puisqu’il avait accepter facilement Feesa, pourquoi ne pas accepter son petit frère ou sa petite sœur ? Quoi que c’était très différent, avec Feesa.

Bon, soit, arrêter de se poser des questions. Ça ne voyait pas, très loin de là, et ils étaient là pour s’amuser. Où était sa fille, d’ailleurs ? Ewime la chercha un moment du regard, sur la piste, avant de finalement la voir assise à peine deux ou trois mètres plus loin, occupée à discuter avec Luke. Il est vrai que ça devait être peu agréable, Feesa ne connaissait personne ici à part les membres de sa famille, ce n’était pas son temps, quant à Luke, il ne connaissait personne tout court. Elle ne voyait pas Nuru non plus, s‘était-il éclipsé ? Comme pour Luke, il ne connaissait personne, mais lui au moins pouvait se glisser dans la foule beaucoup plus facilement, il ne dénotait pas dedans.Histoire de penser à autre chose et faire bonne figure, elle s’obligea à aller danser elle aussi un peu, une fois son verre terminé, et à discuter avec les uns et les autres. Malgré tout, elle essayait quand même un peu d’éviter son frère, parfaitement conscience qu’il verrait en moins de dix secondes qu’elle n’était pas tout à fait dans son état normal. C’était aussi pour lui qu’elle l’esquivait, qu’il puisse profiter tranquillement de ce jour avec sa femme.

– Bien sûr ! Tout le monde le peut. Dans un sens, tu as de la chance, au moins l’amiral a pu te récupérer avant que ça ne devienne plus grave encore. Ne t’en fais pas du reste, il y a toujours des moyens de ramener les gens à de meilleurs sentiments, même si ça prend du temps. Cade n’a pas été élevé comme un Sith depuis sa plus tendre enfance, tout n’est pas perdu, pour lui. Ni pour personne.

Oui… Feesa hocha doucement la tête, à moitié convaincue, quand bien même elle avait une grande confiance en Luke. De toute manière, ils ne pouvaient pas dire maintenant ce qu’il allait en être, ou non, et elle n’avait aucune idée de la façon dont tout ça pouvait bien évoluer. Bon sang, que son époque lui manquait… En interceptant certains regards, plus ou moins discrets, en sentant à quel point ils n’étaient pas les bienvenus ici, elle se sentait étrangère au sein de son propre peuple. Malgré tout, ici, c’était une sorte de bulle… Un cocon dont elle savait pourtant qu’il était déjà percé mais qui lui rappelait tout de même la vie qu’elle avait perdu, en arrivant dans ce temps. En observant tout ce beau monde, danser, boire, discuter et s’amuser, elle ressentait un mélange de nostalgie et d’envie de battre en retraite, c’était un peu bizarre. Il manquait un… Elle ne savait pas, un sentiment particulier, quelque chose, pour que cette scène soit sincèrement familière.

– Tu comptes bien poursuivre ta formation quand même, même si tu n’as plus de maître pour le moment ? Ou tu vas finalement rester auprès de ta famille ?

– Non, enfin, je dois régler un ou deux détails, puis je compte reprendre ma formation. Avec qui, je ne sais pas encore.

Elle adressa un sourire à Luke, avant d’enfin revoir sa mère, plus loin, occupée à discuter avec Thrass et Sev’eere’nuruodo. Elle allait mieux ? Car elle tirait une tête un peu étrange… En plein mariage, quand on était la petite sœur du marié, difficile de partir pour de bon pour aller se reposer. Ni le bon moment pour parler de tout ça. Feesa déposa son verre sur un coin de la table et se releva souplement, bien décidée à ne pas se laisser abattre. Cette époque jouait avec ses nerfs, mais avec un peu de patience, tout passera, elle s’y fera, en plus, il y avait bien pire ! Luke avait bien plus de problèmes avec sa famille qu’elle n’en aura jamais avec la sienne. Surtout maintenant que Cade avait lui aussi rejoint le Côté Obscur. Elle changea complètement de sujet, expliquant plutôt à Luke quelques coutumes rattachées au mariage chez les Chiss, pour qu’il puisse tout comprendre et ne pas être perdu, au milieu de tout ça. Il avait dû trouver la cérémonie tellement longue et profondément ennuyeuse. Elle aussi, il fallait bien l’avouer, elle n’était pas très fan de tout ça, surtout si ça durait aussi longtemps.

– On peut dire que 90% des mariages sont arrangés, dans l’Ascendance, glissa-t-elle tout en s’écartant un peu pour ne pas gêner le passage des serveurs. Ce mariage-là est plus politique, mais soit, tant qu’ils sont heureux.

Ce n’était pas un sujet auquel elle avait déjà beaucoup pensé, encore trop jeune pour réfléchir sérieusement au mariage, pour elle-même, à un avenir au sein d’un couple, voire être enceinte, fonder une famille.

– Tu pourrais essayer de rencontrer, ici, quelques personnes qui ne pas forcément contre une ouverture, même mince, de l’Ascendance. C’est bien toi qui jouera les liens, pour l’Ordre, non ?

Ce qu’elle trouverait très naturel, pour sa part, et ce serait en sus un élément familier de plus qui viendrait se glisser dans le décor. Un pas de plus vers le monde qu’elle avait connu, depuis sa naissance…

Allez, allez, un peu de calme, elle était sous le choc, mais ça passera… Veeren lui frotta un peu le dos, attendant qu’elle termine de boire et reprenne son souffle.Ils penseront aux divers soucis et ce qui s’ensuit plus tard, l’heure n’était pas à ça, elle n’avait qu’à accepter la nouvelle et tâcher de se vider la tête, avant de rentrer au mariage. Là… Tout ira bien ? Si elle voulait d’abord passer chez elle pour envoyer un message à Thrawn, très bien… Elles quittèrent l’hôpital quelques instants plus tard, Veeren restait près d’elle, au cas où, elle n’allait pas la laisser repartir toute seule. Une fois fait, et le message parti, il fut temps de retourner au mariage. Si la sœur du marié disparaissait trop longtemps, les rumeurs allaient encore aller bon train, sans compter que Formbi serait bien capable de partir à sa recherche.

En arrivant dans la salle, Nyvan et Thrass vinrent à leur rencontre, inquiets tous les deux. Veeren sourit à son mari pour le rassurer, chuchotant rapidement ce qui était arrivé à l’hôpital, en prenant bien garde à ce que personne ne les écoute. Formbi était plus loin, avec sa femme et un de leurs confrères, il avait bien dû remarquer leur manège, amis heureusement, il ne fit pas mine de venir aussitôt à leur rencontre. Très bien, mieux valait continuer à agir comme si tout était parfaitement normal. Personne d’autre ne leur prêtait attention. L’Aristocra profita de cette accalmie pour se reposer un peu, elle aussi, une main contre son ventre gonflé. Marcher sans même pouvoir apercevoir ses pieds n’était pas pour la rassurer, elle avait l’impression d’être une baleine obèse. Ça commençait à vraiment la gêner, dans ses mouvements et plus encore dans son travail quotidien.

Enfin, tant qu’elle pouvait travailler, c’était tout ce qu’elle demandait. Ewime semblait s’être bien reprise, même si elle avait toujours un air un peu étrange. Tiens, d’ailleurs, maintenant qu’elle y songeait… Ce mariage était aussi l’occasion de faire progresser un peu leurs affaires, même de façon plus ou moins informelle. L’Aristocra chercha un long moment du regard, dans la foule, celle à qui elle avait songé, ou plutôt, cherchant d’abord Nilat’ase'sabosen, bien plus repérable. Elle finit par le retrouver à quelques mètres de là, allant à sa rencontre, et trouvant comme de juste sa fille. Ils s’étaient déjà salué depuis un moment, tôt ce matin. Au passage, elle nota avec un certain amusement que Formbi esquivait sa nouvelle belle-famille avec pas mal d’habileté. Ce n’était plus maintenant qu’on allait le changer.

– Vous me cherchiez ?

– A vrai dire, je cherchais votre fille.

Ils avaient beaucoup de diplomates, mais parmi eux, peu ayant déjà eu un contact direct avec un des sensitifs de l’Ascendance… Et encore moins ayant l’esprit assez ouvert pour imaginer travailler sur ce type de projet. Une réunion devait se faire assez vite, avec les personnes concernées, et Veeren aimerait qu’il ait déjà avec eux la personne désignée pour représenter l’Ascendance. Elle posa donc son regard rouge sur Nitra’zil’sabosen, dans une posture cependant beaucoup moins rigide que d’ordinaire, à cause de sa grossesse avancée.

– Vous avez dû apercevoir nos quelques visiteurs étrangers…

Quoi que Thrass était tout sauf un étranger. Quand bien même il était censé être mort depuis bien longtemps, il restait encore le plus jeune Administrateur qu’ils aient eu de leur Histoire, d’aussi loin que remontent leurs archives. Ce fait-là était connu de ceux et celles empruntant les voies politiques et de la diplomatie. Quant aux autres… Feesa n’était pas censée être née et Nuru était surtout connu comme le « gamin perdu à la petite enfance et élevé très loin ». Nuru qui s’était éclipsé, d’ailleurs… Luke, lui, restait le parfait étranger, aux yeux d’une majeure partie de la foule. Son nom de famille en avait néanmoins fait tiquer pas mal, c’était assez drôle.

– Nous allons mettre en place un système d’échanges, quoi que léger, dont nous devons discuter très bientôt, avec toutes les personnes concernées. J’avais songé à vous, pour en faire parti, et avant d’aller plus loin, j’aurai souhaité que vous puissiez déjà rencontrer nos visiteurs.

Se présenter de manière moins… formelle, disons… Elle savait très bien que leur jeune ami humain ignorait encore tout de leurs nombreux protocoles et il n’était pas non plus nécessaire de mettre trop de décorum.

Il avait pensé que Feesa rentrerait aussi directement avec eux, mais soit, si elle avait encore quelques affaires à régler ici, elle les rejoindra plus tard, ce n’est pas comme si elle était complètement perdue, pas avec sa famille dans le coin. Il lui rendit son sourire, alors qu’elle se levait. Elle ne voulait pas encore danser, si… ? Il voulait bien faire des efforts, mais la danse, définitivement, ce n’était pas son domaine. Par bonheur, elle ne fit pas mine de retourner vers la piste ni lui demander de le faire. A la place, elle prit plutôt le temps de lui expliquer certaines traditions du mariage, lui permettant de comprendre eu passage quelques points qu’il avait trouvé bizarre, pendant la cérémonie. Pas que ça risquait de lui servir plus tard, mais il était curieux. Se levant à son tour, il observa un instant les mariés du regard, trouvant quand même quelques ressemblances avec les mariages humains.

– On peut dire que 90% des mariages sont arrangés, dans l’Ascendance, glissa-t-elle tout en s’écartant un peu pour ne pas gêner le passage des serveurs. Ce mariage-là est plus politique, mais soit, tant qu’ils sont heureux.

– Je comprends pourquoi, d’après ce que tu m’as dit sur l’importance de la famille, l’équilibre de la société et tout le reste… Si ça permet de ne pas avoir des familles déchirées, c’est très bien comme ça. Même si, personnellement, je vois mal comment on peut arriver à aimer une personne qu’on n’a pas choisi soi-même.

Mariage arrangé ne voulait pas dire mariage forcé, bien évidemment, mais pour Luke, la nuance restait quand même assez mince. Ce n’était pas sa culture, il ne pouvait pas la comprendre aussi facilement, surtout en aussi peu de temps. Feesa lui dit ensuite qu’il pourrait profiter de ce mariage pour rencontrer quelques personnes favorables à une ouverture de l’Ascendance. C’est qui fera le « lien », oui… Avec qui, du côté des Chiss, il l’ignorait encore. Il laissa donc Feesa prendre les devants et le guider, au milieu de la foule, car il ne saurait dire vers qui se tourner. Avec ça, les yeux rouges ne le mettaient pas forcément très à l’aise. En allant un peu plus loin dans la salle, il fut d’un coup interrompu par l’Aristocra Veeren, accompagnée par une autre femme qu’il ne connaissait pas. Oui ? Luke les salua toutes les deux, même s’il avait déjà parlé à Veeren. Il avait pu apprendre quelques mots de Sy Bisti, bonjour et au revoir en Cheunh, mais espérait néanmoins que cette femme sache parler le Basic. Il voulait bien apprendre leur langue, s’il le fallait, par contre, il faudra lui laisser du temps. Par contre, il serait incapable de prononcer correctement le nom de cette femme.

– Ravi de vous rencontrer. Je m’appelle Luke Skywalker.

Elle avait un autre nom, ou un surnom, elle aussi, qu’elle accepterait qu’il utilise, par bonheur ? Sinon, il risquait d’écorcher le sien, en s’amusant à le dire en entier. Pour sa part, il préférait qu’on l’appelle par son prénom, tout simplement. C’était d’ailleurs un peu bizarre, certains avaient souri en entendant son nom, comme s’il y avait une sorte de blague derrière. Il avait dû rater un épisode.

– Avez-vous aussi une façon plus « simple » de vous appeler ? Je ne voudrai pas écorcher sans cesse votre nom.