Errance au palais [PV Shira]

Il commençait à être tard, maintenant. Cade s’était installé sur un des plus balcons, pas loin du toit, du palais impérial. Une petite flasque en main, même s’il n’avait encore commencé à boire, il regardait les lignes de vaisseaux, par centaines, défiler au-dessus de la ville. C’était… paisible… Cette planète avait toujours été synonyme de problèmes, de violence et de guerre, pour lui, c’était la toute première fois qu’il la voyait sous un jour plus serein, et ça malgré la situation. Ils étaient dans un Empire Sith ou pas loin, quand même. Y avait pas grand-chose à en sauver, ici, c’était ça le problème. Cade souffla sur une mèche folle qui venait lui retomber sur les yeux, puis se perdit un long moment dans la contemplation de Coruscant. Il but un peu, juste une gorgée, puis bougea un peu, marcha sur le balcon. C’était presque trop calme, en réalité.

Il pourrait peut-être boire vraiment, ou bien se faire une de ses « décoctions » spéciales, puis fumer jusqu’à s’en évanouir, là, dans un coin. Il resterait là, personne n’allait s’en inquiéter de toute façon, puis demain matin, en se réveillant, il aura passé une nuit de plus sans rêves, sans visions, sans problèmes. Ce serait… sympa. Ouais, sympa… Sauf qu’il n’avait plus rien à fumer, tout était resté dans son sac, dans le vaisseau des rebelles, avant qu’il ne tombe sur le robot mal-cuit. Une contrariété très agaçante. A la place, il finit plutôt par se bouger, descendre de son perchoir puis de quelques niveaux. Pas d’idées bien précises en tête, s’il ne pouvait pas juste tout oublier… Il pourrait aussi s’entraîner dans les bas-fonds de l’académie.

Il pourrait aussi de tenter de voir l’arrière-arrière-etc. grande-tante pour savoir ce qui lui était passé dans le crâne, pour en arriver là. Quelle était sa croix, à elle, finalement ! Ils avaient tous leur petit truc pour sombrer, dans la famille, mais souvent, c’était l’amour et la famille. C’était presque tout le temps ça, pour tout le monde, et c’était aussi par la famille que venait toujours les problèmes. C’était aussi pour ça que Cade ne voulait ni se marier, ni avoir des gamins, à quoi ça servirait de perpétuer ça, encore et encore ? Sa propre mère avait choisi sa carrière d’impériale plutôt que son fils de sept piges, ça montrait déjà tout l’intérêt qu’elle lui avait porté depuis le début. Une forte grimace de dégoût lui tordit la bouche, en repensant à ça. Qu’est-ce que ça valait, une mère comme ça ?

Il finit par s’arrêter encore, plusieurs niveaux plus bas, sur un autre balcon, plus petit mais plus tranquille aussi. En regardant en bas, l’idée lui vint qu’il pourrait sauter, aussi. C’était sacrément haut, entraîné ou pas, personne ne survivrait à ça. S’il mourrait, là, comme ça, il disparaîtrait de ce temps et ne courrait plus aucun risque d’y revenir, pas vrai ? Puis même s’il disparaissait du sien du même coup, ça ne sera pas une grosse perte. Il avait déjà tout perdu, sa famille, ses deux amis, restait que les siths et ce n’était pas eux qui allaient le pleurer. Alors qu’il fixait le vide, il fut averti que quelqu’un approchait, et il tourna juste la tête. Une silhouette, plus loin, mais qu’il pouvait déjà reconnaître.

"Salut la rouquine," lança-t-il en la détaillant, de son coin.

Il la trouvait d’ailleurs nettement plus sexy dans cet uniforme, jolie poitrine. Une vue sans doute plus agréable que le vide s’ouvrant non loin, où il n’avait pas abandonné l‘idée de sauter. Bah, Cade n’avait rien contre les femme sou contre les relations, qu’elles soient longues ou courtes. Il n’avait rien non plus contre les personnes qui buvaient un coup avec lui ou même contre ceux qu’il affrontait, au sabre ou à mains nues. La compagnie ne le dérangeait pas, sauf celle de sa famille.

"Tu travailles tard le soir, maintenant, ça va te stresser."

Tout était allé très vite suite à son retour officiel de mission aux côtés du Seigneur Vader. D’abord l’écriture de son rapport pour le BRI, qui était là une des tâches qu’elle rechignait le plus mais pourtant impérieusement nécessaire pour maintenir sa couverture d’espionne pour le compte des renseignements militaires. Puis il y avait eu la semaine des festivités de l’Empire sur Coruscant. Elle n’avait pas été conviée au bal de son Maitre pour qu’elle puisse maintenir plus facilement son anonymat en dehors des services où elle exerçait et des quelques personnes qu’elle connaissait. Shira avait donc participé à la veille mise en place par le BRI pour assurer la sécurité des cérémonies dans la capitale, profitant de ses quelques moments de repos en compagnie de Darvani à faire la tournée des bars, son amie lui racontant ses déboires loin du Centre Impérial. Revoir Myrette avait été agréable. Et enfin il y avait eu cette étrange réaffectation dont elle ne comprenait pas encore aujourd’hui toutes les raisons, et la mission qui lui avait été assigné par son nouveau supérieur. Mission qui allait l’éloigner de Vader. Nul doute que son second Maitre n’allait pas apprécier la situation si la mission venait à s’éterniser. Et il le lui reprocherait, arguant de cesser de l’insulter avec ses excuses. Soit, elle s’en accommoderait, comme toujours.

Sa navette en provenance du quartier général du renseignement toucha le sol en durabéton d’un des quais du Palais Impérial avec peu de douceur, la tirant de ses pensées morose pour la rappeler au devoir. Son regard émeraude glissa vers les cinq autres officiers du BRI passager du véhicule, principalement subalterne. Shira avait ignoré leur conversation futile, désireuse de ne pas s’immiscer dans une discussion dont elle n’avait pas forcément le droit d’en connaître. Elle se déharnacha de son fauteuil avant d’épousseter son uniforme noir et serré dans un geste réflexe avant de quitter en file indienne l’intérieur climatisé de la navette pour l’air libre de Coruscant. La nuit était déjà tombée sur la capitale depuis quelque temps déjà, l’espionne ayant passé sa journée à préparer sa future excursion.

S’étant finalement rapproché du groupe de subalterne qui avait voyagé avec elle après avoir été interpellée par l’un d’entre eux, Shira se contenta avec soulagement d’échanger quelques platitudes. C’était à la fois un exercice ennuyant et relaxant, la rouquine n’ayant plus à penser à un moyen de faire cohabiter ses nombreuses prérogatives et loyautés pendant quelques instants. Cette pression permanente, mêlée à une forte anxiété commençait à sérieusement peser sur ses nerfs. Devoir jouet la comédie a longueur de temps était usant et nul doute que la rouquine aurait fait une actrice de théâtre remarquable en d’autres circonstances. Son groupe finit par grimper les niveaux du Palais avec le temps, la rouquine se contentant de suivre la cadence pour se rendre à la section des archives à laquelle le BRI avait accès en ce lieu. Elle n’avait aucune raison réelle d’y aller si ce n’est de paraître comme une agente normale du Bureau du Renseignement Impérial, impliquée dans son travail au sein de la Section des Opérations, et non comme un membre de la Rectification et Main mortelle de l’Empereur lui-même. Cela impliquait parfois de perdre son temps pour mieux se fondre dans le moule. Se sociabiliser diraient certains. Noyer le poisson dirait d’autres. Peut-être qu’au final Vader la ferait demander cette nuit aussi, comme il le faisait bien souvent depuis des années maintenant, pour l’entrainer ?

Au sein du Palais, c’était improbable. Mais c’était toujours mieux d’espérer cela que d’écouter plus longtemps encore les souvenirs mensongers que le lieutenant Darnack et du capitaine Verril essayaient actuellement de lui insuffler. Fort heureusement pour elle, ou malheureusement peut-être, une voix résonna dans la grande salle vide dans laquelle elle s’aventurait. Inutile de chercher parmi son groupe, l’interjection la désignait clairement et il ne fut guère difficile pour la rouquine de reconnaître cette voix. S’arrêtant net, ses bottes claquant contre le sol de marbre, Shira fut prise d’une certaine angoisse lorsqu’elle pivota d’un quart pour découvrir de son regard émeraude qu’il s’agissait bien du blondinet qu’elle avait coincé il y a peu avec l’aide de son Maitre.

« Cade Skywalker. » lâcha-t-elle froidement, non sans une légère pointe de surprise dans sa voix.

Son esprit était déjà à l’affût. Devait-elle s’inquiéter de le voir ici, libre, en face d’elle ? Ou devait-elle voir cela comme une opportunité de le questionner ?  Le petit groupe d’espions qui l’accompagnait s’était aussi arrêté, interloqué, mais elle les chassa vivement d’un signe de la main appuyé de quelques paroles pour signaler qu’elle les rejoindrait plus tard. Elle n’y comptait pas, évidemment. Son intérêt s’était déjà recentré sur le descendant Skywalker, la raison de sa présence ici, et sur le potentiel contenu de son entrevue avec l’Empereur. Shira n’appréciait déjà pas de savoir l’aldéranienne comme apprentie de son premier et unique réel Maitre, il ne faudrait pas que celui-ci n’ait décidé d’en ajouter un autre à sa collection…

Par pur réflexe la rouquine avait déjà posé une main sur son holster bien qu’elle doutait de la réelle utilité de son arme. Le mouvement restait néanmoins rassurant alors qu’elle s’avançait finalement dans sa direction, lentement, maintenant que les autres curieux avaient repris leur route. Son regard perçant détaillant Skywalker et son attitude. Shira haussa finalement un sourcil. Était-il réellement en train de… Oui, bien sûr que c’était ce qu’il faisait…

« Toujours en vie à ce que je vois. Et libre qui plus est. J’en déduis que Sa Majesté vous a trouvé une utilité. »

Information intéressante. Potentiellement croustillante. Un sourire s’étira sur les lèvres de l’espionna à la remarque piquante du blond. Il ne perdait décidément pas une seconde. Stressé, elle ? SI seulement il savait… Shira n’arrêtait pas de surveiller ses arrières, en permanence. Elle avait passé l’étape du stress au travail depuis longtemps maintenant. Pourtant, en cet instant, elle devait l’admettre. Elle ne savait pas ce que pouvait bien lui vouloir Skywalker. Et ça, oui, ça la stressait. Mais ils étaient dans le Palais Impérial. Il ne se passerait rien de grave ici, si ? Elle devait se détendre…

« Stressée, moi ? Allons, blondinet, c’est toi qui passes ta soirée à te noyer dans l’alcool. » retomba-t-elle sur ses pattes après un bref passage du regard sur la flasque qu’il avait en main.

"Toujours en vie à ce que je vois. Et libre qui plus est. J’en déduis que Sa Majesté vous a trouvé une utilité."

Question de point de vue. Il continuait de la détailler, sans quitter sa position, un petit sourire ironique au coin des lèvres. C’est fou ce qu’elle était tendue, cette fille, au garde-à-vous en permanence ! Il l’avait déjà remarqué lors de leur premier échange, elle vrillait complètement. C’était aussi pour ça qu’il avait voulu savoir si elle fumait un peu. Bah, après, elle n’était visiblement pas aussi chiante et pénible que son arrière-arrière-etc. grand-mère, qui elle remportait la palme de la pénibilité en position argent, juste derrière Luke. Cade glissa la main dans sa poche, fouillant un instant, avant de se rappeler qu’il n’avait rien sous la main. Rah… Tant pis. L’alcool l’amusait moins, même si c’était toujours ça de pris pour passer le temps. Au Palais, de toute manière, il n’y avait pas grand-chose d’autre pour passer le temps, à part bosser ou s’entraîner.

"Stressée, moi ? Allons, blondinet, c’est toi qui passes ta soirée à te noyer dans l’alcool."

"Cette flasque serait déjà vide si c’était le cas. Te fatigue pas, je sais bien ce que c’est d’avoir un type comme Palpatine comme patron."

Après, jusqu’à quel point il était son patron, ça, il l’ignorait, même s’il avait un ou deux doutes. Cade descendit souplement de son perchoir, pour s’installer par terre, contre le mur. Il avait perdu son sourire, la détaillant cette fois non plus avec une certaine lubricité mais plutôt une grosse interrogation. Il savait bien que le vieux avait eu plusieurs jouets comme Mara, mais est-ce que cette fille en faisait partie ? Elle bossait en tête à tête avec Vader, après tout… Et c’était pas le genre du demi-robot de s’encombrer de partenaires lorsqu’il partait en mission, il avait toujours agi seul. Mais pourtant, Cade n’avait jamais entendu parler d’une quelconque rouquine lieutenant dans le tas. Celle qui avait « marqué », c’était Mara, et une autre femme, aussi. Une demie-robot aussi, ironie de l’Histoire. Rien à voir avec cette fille.

"Ton Empereur m’a effectivement trouvé une certaine utilité, si on peut dire. Sois pas jalouse, par contre, je ne fais pas partie de ses jouets préférés, il aime juste faire sa petite collection personnelle."

Et détends-toi un peu, miss rousse… Cade secoua un peu la tête, sans la lâcher du regard. Au moins, avec Talon, on pouvait être sûr et certain d’avoir quelqu’un de très détendu et confiant face à soi.

"J’imagine que tes collègues ignorent que tu passes du temps avec Vader. Tu devrais te méfier, c’est un coup à finir dans le même état."

Tendue, Shira l’était clairement. Elle se retrouvait seule avec un individu largement capable de la maitriser voire même de la tuer et elle n’avait que ses mains et un blaster peu utile pour s’interposer si jamais Skywalker décidait de passer à l’action pour elle ne savait quelle raison. Elle n’avait presque aucune connaissance sur ce dernier à l’exception des quelques notes qu’elle avait pu lire et étudier et la rousse n’était pas du genre à accorder sa confiance à n’importe qui. Alors à un inconnu identifié comme un Skywalker, qui avait agi aux côtés des Jedis par le passé même s’il ne s’agissait pas de la même personne, qui avait attaqué un de ses maitres et attirait l’intérêt du second, il était clairement question d’une méfiance jalouse et paranoïaque. Qu’avait-il pu dire avec l’Empereur ? Qu’est-ce que Sa Majesté lui avait bien proposé ? Elle était sa Main, tout comme Vader était son bras armé. Il ne pouvait pas y avoir d’autres personnes, n’est-ce pas ? Pourtant Skywalker avait laissé supposer le contraire lors de leur petite discussion à bord de la navette de son vieil ancêtre lointain.

Leurs regards s’échangèrent, lui la détaillant clairement pour des raisons purement masculines, elle le scrutant à la recherche du moindre indice sur ses réelles intentions. La rouquine ne décelait absolument aucun signe d’agressivité chez Skywalker mais ce n’était pas comme s’il avait besoin de signaler quoique ce soit pour agir. Même s’il ne cherchait pas l’affrontement et semblait plutôt détendu, Shira ne lâchait pas l’affaire. Cade Skywalker venait du futur, il avait rencontré l’Empereur récemment, il devait forcément savoir des choses que beaucoup de gens ignoraient dans cette époque. Des choses qu’elle-même ignorait. Elle devait donc savoir. Savoir signifiait pouvoir, influence.

« Qu’est-ce qui me prouve qu’elle ne l’est pas déjà, vide ? » dit-elle d’un ton plus détendu et moins distant.

Shira finit par sourire, sa main se retirant de sa position rigide, à l’affût. Rester aussi stoïque risquait d’attirer plus d’attention néfaste pour elle qu’autre chose. Et Skywalker ne souhaitant visiblement pas la couper en deux suite à leur dernière rencontre, la rousse pouvait se permettre de se détendre. Juste un peu.

« Et je croyais que tu refusais tout ce qui s’apparentais à l’Empereur, de près ou de loin. Qu’est-ce que tu y connais dans ce cas ? Je suis curieuse, dis-moi tout. »

Toujours avec ce même sourire, en faisant quelques pas pour finir de rejoindre Skywalker sur le balcon. Se détendre un peu, oui mais pas trop. L’espionne n’avait pas manqué de voir la lueur disparaître dans le regard intéressé de son interlocuteur du soir. Alors, on a fini de mater, mister blondinet ? On apprécie la vue des femmes en uniforme ? Il ne serait pas le premier dans cet Empire après tout, même si d’après lui ce n’était pas vraiment le sien. Shira avait l’habitude…. Mais il était interloqué, il se posait trop de questions et ce depuis leur première et unique rencontre jusqu’alors. Était-ce parce qu’il savait qui elle était réellement, dans le futur ? Non, cela ne devait pas arriver. Jamais. Le regard émeraude de la rousse glissa aussitôt vers le balcon pendant un bref instant, son esprit envisageant la possibilité d’une glissade malencontreuse menant à un résultat malheureux. Non, ce n’était pas envisageable. Pas encore, tout du moins. Elle était trop curieuse pour cela. Son métier, sa raison d’être et son propre intérêt lui dictait d’attendre, de ne pas gaspiller une occasion qui ne se représenterait peut-être jamais : il venait du futur, il avait forcément des secrets. Allez blondinet, donnes m’en quelques-uns. S’il te plait ?


« Quelle utilité, très cher ? Je croyais t’avoir entendu dire que l’Empire ne t’intéressais pas.» rétorqua-t-elle aussitôt à son affirmation, ne pouvant pas ne pas répondre de la sorte à une perche aussi bien tendue par Skywalker, inclinant la tête légèrement de côté tout en faisant un pas de plus vers lui.

C’était comme si lui-même cherchait à la sonder, à lui rendre la pareille… Oui, c’était forcément ça. Méthode d’approche classique visant à obtenir une réaction espérée de la part de sa cible… Il continuait de douter, donc. Elle devait lui chasser cette idée de la tête. Peut-être jouer sur le physique… il avait l’air de toujours apprécier la vue après tout… C’était assez clair, il semblait savoir pour la Main de l’Empereur, d’une manière ou d’une autre. Ou bien n’était-ce là que de simples doutes sans réel fondements ? Autre chose ? Il ne cessait d’insister, de pousser cette idée. Non, il devait probablement au moins avoir déjà quelques éléments ou indices, et Shira avait peur de le savoir la vérité, elle aussi…

Non, c’était impossible. Il n’aurait pas fait ça. Pas lui. Pas à elle. Il était tout pour elle… Absolument tout. La rouquine secoua soudainement la tête, se penchant en avant, son uniforme craquant légèrement avec le mouvement. Avait-elle bien entendu ? Non, tu dois te tromper, Shira…

« Ses jouets préférés ? Quelle collection ? lâcha-t-elle d’abord, les mots lui échappant des lèvres, répétant les propos du blondinet avec surprise, avant de se reprendre tant bien que mal dans un bref bégayement.   « Qui ça, tu parles des Grands Moffs ? Ou du Grand Amiral venant des confins de la galaxie connue ? Il semble beaucoup l’apprécier, celui-là. »

Elle glissa sur le côté, tournant avec une grâce non feinte pour apposer son dos contre le mur du balcon, prenant appui contre et croisant les jambes. Sa curiosité était à son paroxysme, il en avait déjà trop dit. Son regard émeraude finit par se figer dans celui de Skywalker.

« Ou bien est-ce Organa ? Tu viens du futur, tu dois bien pouvoir me dire de qui il s’agit, non ? »

Evoquer le nom de la nouvelle apprentie de son maitre lui brula la gorge. Elle qui avait toujours eu l’habitude de se sentir seule, la savoir graviter aussi proche de l’Empereur l’inquiétait vraiment. Qu’avait-elle de plus qu’elle, finalement ? Mais Shira, malgré toutes ces pensées négatives était restée courtoise, calme, sereine en apparence. Les habitudes, le théâtre était tellement imprégné en elle que ce genre de choses se faisaient naturellement. Ce n’était pas comme il y a quelques instants, ou elle avait manqué de s’étrangler en l’entendant parler de ces fameux « jouets », de cette « collection ».

Probablement qu’il ne répondrait pas à toutes ces questions, certainement pas avec honnêteté en tout cas. Elle s’attendait à le voir réagir comme dans la navette la dernière fois, c’est à dire façon grande gueule mais une certaine lâcheté. Croisant les bras devant elle, prenant une assise un peu plus décontractée, la rouquine ne se laissait pas trop aller pour autant. Il y avait des yeux et des oreilles partout au Palais… et elle était en uniforme. Elle devait rester professionnelle.

Redressant quelque peu la tête, un sourire cette fois-ci de satisfaction sur les lèvres à la dernière remarque du blondinet, Shira haussa légèrement les épaules avant de finalement se séparer du rebord du balcon pour venir ferme l’embrasure qui donnait sur l’intérieur du Palais.

« Et pour ta gouverne, non. Ma mission auprès du Seigneur Vader était officielle et documentée. Tout comme le rapport que j’ai fait par la suite une fois rentrée ici, sur Coruscant, à ma hiérarchie. »

C’était partiellement vrai. Oui, le BRI savait qu’elle travaillait avec Vader puisqu’elle avait pour couverture le rôle d’agent de liaison auprès de lui, lorsque le bras armé de l’Empereur se saisissait des services du Bureau. Et oui, elle avait bien fait un rapport à sa hiérarchie. Cependant, évidemment, cela n’expliquait pas pourquoi ledit agent de liaison se trouvait sur le terrain aux côtés de Vader, en duo uniquement, pour arrêter quelques rebelles dans un spatioport. La rouquine avait embelli la scène dans ledit rapport, mais Skywalker lui savait ce qui s’était réellement passé là-bas. Et ça, ça ne jouait pas forcément en sa faveur. En revanche, cela jouait tout de même en faveur de l’espionne, qui n’a en réalité ce rôle d’agent de liaison au sein du BRI pour couvrir son réel rôle au sein du service, celui d’assassin aux ordres directs de l’Ubiqtorat. Rôle qui lui-même permettait de couvrir son rôle réel, celui d’apprentie de Vader. Qui lui aussi… Bref, un véritable millefeuille administratif dont la moitié des couches étaient si classifiées que personne dans l’administration ne pourrait jamais prouver quoi que ce soit sans aide extérieure...

« Je suis toujours en vie. J’imagine donc qu’il apprécie mes compétences. Du moins, c’est ce que j’aime à penser. Ça expliquerait pourquoi il me redemande lorsqu’il a besoin de l’aide du BRI… »

Noyer le poisson… Enfin… quoi que le blondinet mignon, amusant mais menaçant soit vraiment, quoi…

Une petite gorgée de plus prise dans la flasque, maintenant assis par terre et jambes repliées contre lui, dans une posture semi-détendue. Le regard fixé sur elle et très attentif, non plus pour la mater comme toute à l’heure, mais pour observer ce qui se dégageait d’elle. Nerveuse, de plus en plus, et à chaque nouveau petit sous-entendu, elle se tendait encore plus et réagissait, à voix haute, plus vivement. Dérapages incontrôlés et questions nouvelles alors qu’elle tentait de se reprendre un peu. On voyait bien là la fille parfaitement conditionnée par des années de service et de loyauté forcée, qui perdait ses moyens dès que quelques miettes de sa foi si solide commençait à se déverser. Il connaissait très bien ce sentiment-là, c’était toujours un peu chaud pour se rattraper, derrière, une fois que ça commençait à vaciller.

Si d’un côté, il en avait à moitié pité, d’un autre, ça le faisait pas mal ricaner. Il pensait de plus en plus qu’elle était effectivement un de ces braves petits toutous qui avait gravité, plus ou moins près, du vieux pruneau dans cette époque, et comme Mara durant toute une période, elle se croyait unique au monde. Mais il ignorait toujours ce qui aurait bien pu lui arriver, dans ce cas-là, dans le futur, car l’Histoire ne l’avait pas retenue, pas plus que leurs propres souvenirs de famille. Dans le même temps, à part Mara et la fille moitié-robot… Il joua un instant avec la bouteille, en la faisant tourner entre ses doigts, sans plus lâcher du regard la rouquine. Tendu et jalouse, beau palmarès, ma grande.

Elle ne tenait même pas en place, en plus de ça. Quelques pas en avant, puis en arrière, passant du balcon à l’embrasure de la porte, alors qu’il la suivait des yeux à mesure, un peu plus amusé. Une mission « officielle » avec Vader, ouais, elle avait enjolivé la vérité sur combien de pages, avant de donner le tout aux petits chiens du BRI ? Mais après tout… Elle voulait des informations et tentait de lui tirer les vers du nez, depuis toute à l’heure. Lui-même n’avait rien à gagner, rien à perdre, et serait ravi de faire chier l’Empereur s’il le pouvait. Que risquait-il ? Mourir ne le gênait pas. Et cet Empire avait déjà prouvé qu’il était incapable d’inventer pire que l’Étreinte de la Douleur des Vong ou les autres idées de génie de Darth Krayth.

"Je suis toujours en vie. J’imagine donc qu’il apprécie mes compétences. Du moins, c’est ce que j’aime à penser. Ça expliquerait pourquoi il me redemande lorsqu’il a besoin de l’aide du BRI…"

Bof, être toujours en vie n’était pas un signe si évident que ça, avec le vieux. Il lui adressa un nouveau sourire, cette fois mélange entre amusement, pitié et un peu d’ironie. Au fond, Cade était quand même super admiratif du travail génial de conditionnement, cet Empire savait s’y prendre, lorsqu’il s’y mettait ! Il leva donc un bref instant sa flasque à la santé de la demoiselle, lâchant un petit rire.

"Je vais jouer ton jeu, ma grande, ça t’évitera d’autres nœuds au cerveau. Ce que je crois maintenant que tu es, c’est un petit jouet de l’Empereur. Un soldat conditionné, formé, à l’esprit ravagé pour ne laisser dedans que la volonté impériale, si bien formaté."

Il conclut cette phrase avec un nouveau geste en direction de son uniforme. Ça, c’était pour la partie visible…

"J’ai connu une femme comme toi. Une autre rouquine, pour l’anecdote. Formatée, conditionnée, envoyée en missions sous de multiples identités, prête à tout. Son seul échec est d’avoir fini par épouser l’homme qu’elle aurait dû tuer. Cette Femme était une Main de l’Empereur, du vieux, Palpatine. La fonction te parle ? C’est une sorte de métier, qu’ont plusieurs personnes dans cet Empire, mais les pauvres ne savent même pas qu’ils ont des collègues. C’est bien triste, tu ne trouves pas ? Ce sont des petits chiens de garde, somme toute…"

Il était là, assis contre le rebord plein du balcon à la regarder distraitement, sa flasque à la main, à se saouler inutilement puisque de toute manière il allait très rapidement évacuer l’alcool à l’aide de la Force. Shira pour sa part ne le quittait pas des yeux mais ne le fixait pas avec agressivité. Non, elle était toujours aussi curieuse, toujours aussi désireuse de connaître les arcanes du futur, de comprendre ce qui était arrivé à l’Empire pour que celui-ci chute, et potentiellement voir s’il y avait un moyen de le sauver. D’un autre côté, la rouquine savait aussi que vu tous les changements qu’avaient dû provoquer les failles, le futur d’où venait Skywalker était probablement déjà obsolète. Mais il y avait forcément toujours des points de convergence, des nœuds qui eux ne changeraient pas, restaient constants, et offrait une cohérence à cet univers et au temps. A condition, bien sûr, qu’il y ait une quelconque cohérence. Shira ne s’intéressait pas beaucoup au quotidien à toutes ces philosophies étranges de la Force mais maintenant qu’elle avait un voyageur du temps face à elle, elle ne pouvait pas ignorer quelques concepts. Elle jeta un instant son regard vers l’horizon, en pleine réflexion, avant de replonger son regard sur le blondinet, le détaillant un peu plus. Elle ne se doutait pas du tout de ce qu’il s’apprêtait à lui dire. Ou plutôt, pas de cette manière. Autant dire que la surprise fut totale, bien qu’elle ne fut pas totalement prise au dépouruvu.

Puisque soudainement, comme déclenché par des mots de codes distillé sans le savoir par son interlocuteur, son conditionnement reprend le dessus, chassant à la fois ses doutes et son inquiétude lorsque l’on venait s’approcher un peu trop dangereusement de sa véritable identité. Elle est peut-être la Main de l’Empereur, son assassin dévoué, mais à cet instant elle n’est rien d’autre que la jeune lieutenant Brie, récemment sortit de l’académie et membre secret de la Rectification. Une doublure qu’elle connaissait si bien qu’elle avait parfois du mal à distinguer le faux-semblant de la réalité. Une ancienne cadette compétente, intelligente, parfois blagueuse mais encore insouciante et impétueuse. Son sourire s’élargissant d’abord, désormais moqueur et non tentateur alors qu’elle secoue doucement la main de dédain. Elle, conditionnée ? Formatée à l’esprit ravagée ? Non. Elle s’était engagée à respecter les codes et servir les idéaux de l’Empire, tout comme d’autres, traitres et terroristes, avaient décidés de suivre des voies stupides et sans issues. Si Skywalker comptait sincèrement la déstabiliser avec ces quelques insultes, il ignorait alors vraiment tout de ce qu’elle avait vraiment enduré pendant sa longue formation à l’Académie, ou même au sein du COMPORN.

« Oui bien sûr, c’est évident. Si formatée et ravagée que j’arrive encore parfaitement à penser par moi-même. Ça ne prend pas, Skywalker. » lâcha-t-elle aussitôt, avec le même dédain que dans son dernier geste, avant qu’il n’ait le temps de reprendre par une tirade qui elle, par contre, allait laisser des traces.

Car si elle joue un rôle, la rouquine se rappelle aussi très bien qui elle est réellement en cet instant. Une jeune femme préparée à affronter toutes les situations, des plus classiques aux plus hasardeuses. Capable d’arborer bien des masques, bien des identités sans jamais laisser paraître ce qu’elle est réellement. Entrainée à masquer discrètement sa véritable nature à son entourage, et ce même aux quelques êtres sensitifs qu’elle ait rencontrée au cours de sa déjà longue mais éternelle formation. Pourtant, rien n’avait préparé Shira Brie à ce que Skywalker s’apprêtait à lui dire, si ce ne sont ses Maitres eux-mêmes, pour la simple raison que c’était à ses yeux impossible. Que ça allait à l’encontre de tout ce qu’elle savait. De toutes ses convictions. L’entendre de Palpatine lors d’un test était une chose. Y faire face dans la réalité était tout autre.

Son sourire s’effaça aussi soudainement qu’il s’était élargi alors que l’espionne encaissait le raz-de-marée. Son ventre se noua fortement. Son visage se para de surprise. Mais elle resta pourtant stoïque, son subconscient sur-conditionné prenant l’ascendant pour ne pas laisser la surprise dévoiler sa véritable nature. Shira ne pouvait plus nier l’évidence que Cade Skywalker savait pour le rôle des Mains de l’Empereur. Il venait de le lui jeter à la figure. Mais était-ce vraiment surprenant venant de quelqu’un débarquant d’un futur où l’Empire telle qu’elle le connaissait avait disparu ? N’était-il pas normal que certains secrets d’un ordre disparu à son époque aient finis par être découverts ? Le conditionnement de son esprit, œuvre de Palpatine lui-même, venait pacifier la rage et la peur naissante chez elle, comme une coquille qui venait la protéger tout en la gardant enfermée.

La rouquine restait ainsi dans le déni. Le blondinet était sans doute en train de mentir, probablement parce qu’il avait entendu parler du rôle de la Main, son rôle, mais qu’il en ignorait l’identité. L’espionne avait sans doute fautée quelque part pour que Skywalker tente un pareil coup de Sabacc mais c’était, à cet instant, sans importance. Elle était unique. Il ne pouvait y en avoir d’autre. Il le lui avait dit. Il le lui avait promis. L’Empereur était rapidement devenu comme un deuxième père pour elle après sa famille adoptive. Si ce n’est plus, après tout ce temps passé avec lui dans sa jeunesse. Même s’il lui cachait énormément de choses, elle l’avait suffisamment côtoyé pour en être convaincue. Pourtant, elle ne détectait aucun subterfuge chez le blondinet. Elle pourrait probablement le sonder mais utiliser la Force, là, maintenant, ne ferait que confirmer ce qu’il soupçonne déjà. Elle ne pouvait pas être cette Main qu’il cherchait à démasquer. Palpatine l’avait entrainé à réagir à ce genre d’attaque vicieuse qui frappait en plein cœur.

« … Je n’en ai jamais entendu parler… » fut les seules paroles qui s’échappèrent de ses lèvres arrondies par la surprise, par pur automatisme, cela semblant la seule chose à dire. Signe supplémentaire de son conditionnement.

Nier. Une fois de plus. Pour gagner le temps nécessaire pour qu’elle puisse reprendre ses esprits. Comme elle l’avait toujours fait lorsque Palpatine et Vader avait éprouvé sa loyauté par des cas de figures similaires. Shira était encore partiellement tétanisée par ces révélations tandis qu’elle se replongeait dans sa doublure. Son ventre se dénouait, lentement. Son inquiétude, elle, avait déjà disparu. Sa tête s’inclinait légèrement sur le côté. La jeune lieutenant qu’elle jouait, espionne et agente de la Rectification, ne masquait en rien sa surprise, totale et particulièrement sincère, à la manière d’une bleue qui venait de s’être fait mené par le bout du nez et qui se rendait compte trop tard de son ignorance et de sa naïveté. Elle donnait ainsi l’impression d’être prise pour quelqu’un d’autre, de n’être qu’un simple numéro placé au cœur d’une matrice qui la dépassait tant en taille qu’en influence : l’Empire.

Déglutissant lentement, Shira remerciait sincèrement intérieurement Skywalker de ne pas avoir poussé un peu plus son investigation, et de lui avoir au lieu de ça tendue une perche lui permettant de retomber sur ses pattes sans en avoir trop montré. Au mieux n’avait-elle fait que confirmé ses premiers propos, à savoir qu’il avait à faire à une pauvre jeune officier purement formatée par le système au point de ne pas avoir conscience des réalités, au pire avait-elle attiser encore un peu plus sa curiosité.

« C’est une sacrée révélation que tu me fais, Cade… Je comprends pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant, dans la navette du Seigneur Vader. C’est un sacré secret… Si seulement c’est vrai, bien entendu. Tu as des preuves de ce que tu avances ? » rebondit-elle enfin, se penchant de nouveau légèrement en avant, de nouveau entièrement dans le rôle de l’ignorante et insouciante lieutenant Brie qu’elle n’avait jamais vraiment quitté. Celui d’une espionne qui ne rechignait jamais à grapillé la moindre information lorsque celle-ci était à portée de main. « Après, de là à dire que ça me surprend ou que ça m’attriste, pas vraiment. C’est le principe même d’un service de renseignement comme le BRI. D’avoir une forme de redondance mutuellement secrète. Ca permet de garder le contrôle tout en semant le doute et la méfiance chez l’adversaire. Une forme de segmentation parfaitement étanche pour qui a le droit d’en connaître. »

Elle hocha les épaules doucement, comme si tout cela était au final normal. C’est ça. Docile. Ignorante. Dans le rôle. Actrice. Même si au fond d’elle, le doute s’installait. Lentement mais surement. Venant ronger sa patience et attiser furtivement sa rage.

« Mais reprenons. Si tu as connu cette personne, tu dois donc également connaître son identité ? Ca pourrait nous être utile de la connaître, pour ne pas mettre en danger ses couvertures si le BRI venait par mégarde à croiser son chemin.

Un nouveau sourire malicieux s’afficha sur ses lèvres, se forçant un peu pour masquer maladroitement sa frustration, qu’elle laissait volontairement filtrer dans l’espoir que ça tromperait le blondinet. La rouquine donnait plus l’impression d’être une jeune officier agacée d’avoir été laissée sur le carreau parce qu’elle n’était qu’un rouage de la machine plutôt qu’une personne située au cœur du complot qu’il venait de pointer du doigt. Dans la pure ignorance de la réalité. Dans le déni constant et aveugle. Dévouée à l’Empire. Dévouée à l’Empereur, son véritable Maitre.

Ses sentiments vis à vis de cette fille continuaient de jouer aux montagnes russes. L’amusement de la faire tourner en rond, pour cette situation et pour cette loyauté ridicule envers son bien-aimé empereur, face également à la jalousie et la tension qui la rongeaient, passant à la pitié pour ce qu’elle était devenue et la façon dont elle avait été conditionnée, puis allant toujours vers un certain plaisir à l’observer. Il ne savait pas trop ce qui était le plus fort entre l’amusement et la pitié, les deux se mélangeaient étrangement dans son esprit, tandis qu’il la détaillait. Surtout que la réaction de la rouquine, et cette première réponse à peine lâchée sans s’étrangler, ne faisait que confirmer que c’était vrai. Oh, évidemment, il restait une chance qu’il se trompe, mais ladite chance maigrissait à mesure que les secondes de silence filaient.

Cela dit, il ne chercha quand même pas à immédiatement enfoncé le clou. Un fond de remords, peut-être ? Ou manque d’envie de frapper quelqu’un qui était déjà tombé aussi bas, parce que c’était bien ça, elle était tombée très bas, elle aussi. Comme Mara, comme lui, comme Vader, en un sens. Cade ne savait même pas si sa grand-mère lointaine était déjà fichée comme rebelle, mais ça l’étonnerait, c’était trop tôt. Quoi que… Ouais, avec toutes ces failles, dur de juger, mais elle n’avait pas d’avis de recherche sa tête rousse, dans tous les cas. Il attendit donc, gardant un œil sur la rouquine numéro deux en se demandant si elle n’allait pas finir par lui faire un arrêt cardiaque. Il pourrait la sauver, de toute façon, il avait déjà soigné pire que ça.

Mieux, il était capable de voir, en chacun et chacune, les fils de vie et de Force. Des milliers de petits filaments brillants, reliés tous entre eux en intersections brillantes, où circulait la Force et l’énergie vitale de chacune des personnes. Ces filaments étaient parfois corrompus ou tordus, signe de blessures ou de maladies. C’est en agissant sur eux qu’il était capable de soigner, ou détruire, une personne. C’est qu’il surveillait actuellement, mais contrairement à ce qu’il cru, la rouquine se remit lentement, avant la crise, et il écarta la pensée qu’elle ne s’effondre sur place. Bien jouée, ma grande, elle avait un bon sang-froid, pour se reprendre aussi vite ! Ou un très bon conditionnement, plutôt. Une fois de plus, il admira le superbe travail de Palpatine, quel homme de talent pour la manipulation.

L’amusement reprit la première place de la course, devant la pitié, alors qu’il l’écoutait reprendre peu à peu le contrôle sur sa voix et son attitude. Il ne réagit pas plus à la mini-tirade sur les principes des fanatiques qu’elle servait à mi-temps. Ça devait être sacrément chiant, quand même… Mara, elle, n’avait pas eu à jongler entre des dizaines de service ou de loyauté. Quoi qu’il aurait peut-être fallu qu’elle le fasse, car son conditionnement n’avait visiblement pas été si parfait que d’autres. Bah, de toute façon, Cade ignorait le nombre véritable de Mains ayant existé. C’était parfois dur de faire la différence entre les Mains et entre les types formés au côté obscur, sans être Siths, et affreusement conditionnés eux aussi, qui avaient servi de relais de pouvoir au vieux.

"Mais reprenons. Si tu as connu cette personne, tu dois donc également connaître son identité ? Ça pourrait nous être utile de la connaître, pour ne pas mettre en danger ses couvertures si le BRI venait par mégarde à croiser son chemin."

"M’étonnerait, ça, ton vieux ne veut pas que ses Mains se croisent et fait tout pour. Il aime saisir des enfants, des petites filles rousses, jeunes, malléables, tuer la famille restante, leur faire croire qu’ils sont si uniques et proches de lui, pour mieux les formater. Avec toi, visiblement, ça a très bien marché. Ma grand-mère lointaine en était une autre, de Main. Elle s’appelait… S’appelle, plutôt, Mara. Ça la fout mal, d’épouser la cible qu’on est censé assassiner."

Il s’en voudrait, après tout, de la laisser croire que Palpatine se souciait vraiment de quelqu’un, au point d’en faire son unique bras droit ou peu importe comment il nommait ça, ce serait cruel. Il soupira légèrement, après avoir avalé une petite lampée d’alcool.

"Je te le dis pour te rendre service, les gens sur-conditionnés me font pitié. Vader aussi est au courant, si tu te poses la question. Tu veux un peu d'alcool, pour digérer ?"

Il devenait vraiment agaçant, à la titiller de la sorte. Son conditionnement l’empêchait de réagir de façon violente parce que la situation n’avait encore dérapé à un point où la seule manière de garder le secret sur sa nature aurait été de tuer son interlocuteur mais ne l’empêchait pas de ressentir une grande frustration et un léger doute. Malgré sa connaissance flagrante de sons statut Shira continuait de croire dur comme fer qu’il lui mentait. Ou plus exactement, son conditionnement le lui suggérait plus que fortement. Chose qu’elle ignorait, évidemment, ce dernier se mêlant parfaitement à sa propre personnalité, à ses croyances, à ses convictions. Même s’il venait du futur, la rouquine ne pouvait pas croire les quelques propos d’un blondinet alors qu’elle avait plus de quinze ans de certitudes qui lui criait le contraire. Pourtant, quelque chose clochait puisqu’elle ne sentait pas de réelle tromperie de la part de Skywalker. Il semblait… étonnamment sincère. Mais plus il fouillerait, et plus il risquait d’avoir une confirmation de sa part.

Il avait dit que l’autre rouquine, si seulement elle existait, s’appelait Mara. Dans ce cas, il ne devrait pas être compliqué de trouver son identité si elle fréquentait aussi régulièrement le palais qu’elle, et ce depuis si longtemps… Le complexe était vaste, mais le recoupement serait assez rapide, à condition que l’Empereur la laisse faire. La rouquine savait ce dont il était capable. Il était déjà apparu par le passé après qu’il ait senti quelque chose chez elle, ou tout simplement pour lui demander de faire quelque chose. Et il pouvait faire bien pire encore.  

En somme, la solution la plus simple au problème qu’elle faisait restait encore de le tuer, là, tout de suite, mais il n’en sortirait rien de bon. Que ferait-elle s’il revenait à nouveau et qu’il se souvenait encore plus ? Qu’il venait révéler à vérité à d’autres ? Peut-être qu’après tout le plus simple serait de le garder au plus près d’elle ? Ou du moins d’avoir toujours une oreille attentive à ce qu’il pourrait dire d’elle ? Impensable ! C’était un Skywalker, visiblement un Sith et Vader ne semblait nullement l’apprécier… Mais ça restait une option viable, au cas où…

En attendant elle devait tenter de paraître celle qu’elle avait toujours affirmé être, cette lieutenant Brie du BRI, jeune et ultra-compétente et mystérieuse mais cependant insouciante et quelque peu perturbable. Un rôle qu’elle maitrisait à la perfection depuis plus de dix ans, une nouvelle identité qui s’ajoutait au millefeuille qui la constituait : à la fois Main de l’Empereur, agent de la Rectification, lieutenant du Bureau des Opérations, parfois mercenaire, quelques fois danseuse, et bien d’autres… Elle avait bien trop appris ces rôles pour les oublier, et les mettre en application n’était rien d’autre qu’une formalité. Toujours souriante, elle semblait avoir reprit ses émotions. Elle en avait déjà beaucoup trop montré et devait réagir au mieux. Elle devait montrer qu’elle réagissait comme tout le monde le ferait si confronter à une telle révélation.

Elle haussa légèrement les épaules, comme si, finalement, tout cela lui passait bien au-dessus de la tête. Comme si elle n’était en rien concernée, et qu’au fond, elle s’en moquait, s’en amusait, même :

« Je ne sais pas si je dois être flattée ou contrariée que tu me prennes pour une de ces Mains… Bras, ou que sais-je d’autres, si seulement elles existent et que tu ne fais cela seulement pour t’amuser, Skywalker. »

Son regard émeraude se fit plus perçant, une fois de plus à la recherche du moindre indice non-verbal qui pourrait corroborer la thèse qu’il puisse tout inventer et lui mentir, puisque tout mensonge était basé sur une part de vérité. Tout ce que la rouquine pouvait faire de mieux à cet instant était de nier en bloc, tout en cherchant un moyen de lui faire accepter qu’elle ne puisse pas être ce dont il était convaincu qu’elle soit. Intérieurement, elle s’en voulait profondément d’avoir peut-être commis un impair, mais elle ne devait rien laisser paraître. Mais tout cela était en réalité la faute de Vader, non ? C’était lui qui avait provoqué la rencontre avec son descendant…

Un vent chassa cette aussitôt cette pensée impie de son esprit. La rousse devait jouer le jeu, comme au cours d’une pièce de théâtre. Elle devait garder ce secret, quitte à en dévoiler un autre d’une moindre importance et qui, à court terme, ne changerait pas grande chose pour elle. La voilà sa sortie, car elle possédait le contre-feu parfait. Shira pivota doucement sur sa droite, se penchant légèrement pour laisser reposer ses coudes sur le rebord du balcon.

« Tu restes perspicace et si ça peut satisfaire car curiosité alors soit. Je ne suis pas qu’un simple agent de liaison, sur ce point tu as raison. C’est ma couverture pour cacher ma véritable nature au sein des Bureaux. » lâcha-t-elle d’abord plutôt froidement.

Cela lui faisait mal de l’admettre. Elle ne devrait pas, mais c’était le meilleur moyen de faire taire Skywalker, car le rôle qu’elle avait réellement au sein du BRI était si semblable à celui qu’il lui décrivait et qu’elle exerçait réellement dans le plus grand des secret qu’il serait facile de s’y méprendre et de croire qu’elle puisse dire la vérité. C’était crédible.

Mais même là, Shira savait qu’elle ne ferait que gagner du temps, puisque venant du futur et avec les éléments qu’il apprenait la concernant, Skywalker pourrait très probablement avec le temps obtenir la certitude que son jugement était le bon. Mais peut-être qu’entre-temps les failles se seront refermées, lui offrant l’opportunité de s’en débarrasser avant qu’il ne puisse trop le répéter...

Poussant un long soupir mêlé d’exaspération et de frustration, la rouquine se résigna. Ce n’était pas grave, même si ce secret était l’un des mieux gardés à la fois par elle et par l’institution elle-même :

« Je travaille en réalité directement pour l’Ubiqtorat. Je suis un agent de la Rectification, tu en as déjà entendu parler ? » dit-elle en pivotant légèrement de côté, gardant la pose, le genou d’une jambe pliée reposant contre le rebord. « Le Bureau m’envoie sur des tâches que personnes d’autres peuvent réaliser. Nous poursuivions une cible avec le Seigneur Vader lorsque l’on t’a trouvé. Ton intervention lui a permis de s’échapper. Ça explique notre présence à ce moment-là, ma tenue, tout. »

Haussant légèrement les épaules et soufflant à nouveau, la rouquine se sépara du balcon tandis que Skywalker venait hypocritement lui proposer sa flasque d’alcool, comme s’il n’avait jamais rien dit qui ait pu la choquer, la perturber, ou même l’insulter après l’avoir piégée. Comme s’ils avaient toujours été amis. Comme si tout ceci était normal, après tout… Foutaises ! Il ne se rendait pas compte de ce qu’il venait de provoquer. Shira elle-même n’en avait pas pleinement conscience.

Se contenant d’écarter les bras dans une posture un peu plus agressive malgré sa modeste taille, Shira répondit sans le moindre ménagement, froidement, non sans une pointe d’agacement :

« Satisfait ? Garde donc ta flasque, blondinet. Ce que tu penses de moi m’importe peu, pour être honnête. Sur ce point au moins nous sommes d’accord.  Je ne suis pas dans les petits papiers de l’Empereur, ou même du Seigneur Vader. C’est clair ? »

Elle avait au moins réussi à comprendre vite un point, la rouquine, que tout ça l’amusait vraiment beaucoup. Il ne mentait pas, mais ça, elle ne réussira pas à le capter tant qu’elle restera aussi conditionnée et bâillonnée. Par contre, ouais, ça l’amusait tellement de lui révéler tout ça ! C’était jouissif, lui qui cherchait toujours un moyen d’emmerder les Siths, en l’occurrence Palpatine, même lorsqu’il était occupé à « coopérer » avec eux. Cette douce sensation d’être une épine dans le pied, c’était aussi une drogue, pour lui, une adrénaline indescriptible, surtout ici ! Avec Vader-le-robot-cinglé dans le coin, sa grand-mère lointaine névrosée quelque part dans la galaxie, son ancêtre tout aussi névrosé et à fond sur le côté lumineux, ce serait une honte qu’il ne fasse pas honneur à son nom et ne soit pas lui aussi un emmerdeur, n’est-ce pas ?

Après, ouais, fallait bien admettre que cette fille était une cible facile et que ça n’avancera pas à grand-chose qu’il joue avec ses nerfs, pas comme s’il s’en prenait directement à Mara. Elle lui avait pourri la vie en s’accrochant à Luke, il n’avait pas des masses de remords à pourrir la sienne, s’il en avait l’occasion. Exactement comme pour Luke, qu’il avait fini par détester. Quant à cette fille, elle était un jouet de plus sur la liste de courses de Palpatine, une cible de plus, un embrigadement de plus, un bon agent qui tendait gentiment la patte lorsqu’on lui ordonnait et qui ne savait encore rien faire d’autre. Quelle tristesse. Et dans le même temps, quel amusement de la voir se démener à justifier ce qu’elle affirmait être, alors que ses fils de vie et de Force, en elle, étaient toujours aussi tordus. Assez pour que ça lui saute aux yeux même sans avoir besoin de se concentrer pour les voir.

Krayth n’avait jamais été fichu de percevoir les points de Force, comme d’autres, d’ailleurs. Son don pour la médecine n’était pas naturel, de toute façon, et lorsqu’il poussait trop loin, il était chaque fois plus rongé par le côté obscur. Au point que son ancien maître ait voulu lui interdire à jamais de s’en servir de nouveau. Fallait savoir ce qu’ils voulaient… Les Siths qu’il avait croisé considéraient ça comme un truc de Jedi mais les Jedis, eux, jugeaient que ça plongeait tout droit dans le côté obscur ! Alors que faire, ma bonne dame ? Cette chère anomalie de pouvoir le condamnait à balancer éternellement entre lumière et obscurité ? Finalement, cette fille n’était pas si mal, autant conditionnée, on ne lui demandait pas de choisir ou de penser par elle-même. Mais est-ce que ça en valait la peine pour autant ? Pas sûr.

"Satisfait ? Garde donc ta flasque, blondinet. Ce que tu penses de moi m’importe peu, pour être honnête. Sur ce point au moins nous sommes d’accord. Je ne suis pas dans les petits papiers de l’Empereur, ou même du Seigneur Vader. C’est clair ?"

"Sûrement pas, tu es juste conditionnée, rien de plus. Salut tes maîtres de ma part, surtout."

Il lui adressa un petit sourire ironique et un petit geste de la main, comme pour lui dire au revoir, car elle s’était déjà à moitié engouffrée dans la sortie. Il comprenait tout à fait qu’elle ait besoin de solitude et d’aller passer ses nerfs sur quelque chose, maintenant ! Bon vent, la miss, et essaye de mettre un peu d’ordre dans tes fils de Force avant qu’un autre s’en charge.

Il était toujours là, assis dans son coin à vider sa flasque d’alcool comme un vulgaire ivrogne inutile et qui, visiblement, n’apporterait rien de bon à cet Empire. Qui ne ferait que mettre des bâtons dans les roues de ceux dont il ne saurait apprécier la compagnie au lieu de travailler pour un bien commun. En somme, quelqu’un à faire enfermer au plus vite avant qu’il ne devienne un véritable poison pour tout le monde. Voilà ce que pensais Shira Brie à cet instant de l’homme qui se faisait appeler Cade Skywalker, soi-disant descendant de la lignée du Seigneur Vader, individu que la rousse servait et respectait. Autant dire qu’en plus d’être profondément agacée par son caractère médisant, l’espionne et Main était profondément déçue. Mais c’était bien le sentiment d’agacement et de colère qui bouillonnait le plus actuellement chez elle. Une colère tournée contre Skywalker mais aussi contre elle-même, parce qu’elle n’avait clairement pas été à la hauteur de la rencontre. Qu’est-ce qu’elle lui avait réellement fait pour mériter d’en prendre la tronche de la sorte ? Ce n’était pas elle qui avait planté un sabre-laser dans le torse du blondinet, ni elle qui l’avait torturé ensuite. Non, elle n’avait fait que parler là où elle aurait pu profiter de leur prise pour se défouler. Alors pourquoi s’acharnait-il de la sorte contre elle, alors qu’il n’avait aucune réelle preuve concrète de ce qu’il avançait ? Certes il venait du futur, et alors ? Oui, peut-être avait-il entendu parler des Mains par l’intermédiaire de quelqu’un puisqu’il affirmait que dans son futur l’Empire avait finit par chuter, pensée inconcevable pour elle et qui la confortait dans l’idée que ce qu’il avait pu dire au sujet d’elle et de cette Mara n’était qu’un tissu de mensonge basé sur une vulgaire information qu’il aurait pu récolter dans son temps.

Pourtant Shira ne pouvait s’empêcher de se poser la question malgré tout : et si ce qu’il disait, au final, était vrai et que cette Mara existait ? Cette pensée venait aussitôt s’écraser stupidement contre un mur de principes et de faits qu’elle ne pouvait pas nier, car son respect et sa loyauté envers l’Empereur était totale, et lui n’aurait jamais pu lui cacher et lui mentir sur une chose pareille. Pas quelqu’un qu’elle considérait comme un second père. Imaginer une telle chose ne lui venait pas à l’esprit. C’était inconcevable, donc impensable. Toujours debout face à lui, les jambes légèrement écartées et les poings presque sur les hanches, la lieutenant du BRI masquait toujours la personnalité normalement froide et imperturbable d’une Main qui bouillonnait pourtant. Ce qu’elle ignorait cependant, c’était cette faculté qu’avait Skywalker à sonder au plus profond de son lien avec la Force, malgré un entrainement et un conditionnement puissant par l’Empereur lui-même sur ce sujet-là, et qui pour la quasi-totalité des sensitifs la faisait paraître comme pas assez sensible pour être entrainée, et donc indigne d’un quelconque intérêt de la sorte. Mais il continuait tout de même sur sa lancée, s’enfonçant un peu plus dans la faille que Shira pensait avoir refermée en lui donnant du grain à moudre. L’histoire de la Rectification n’était pas vérifiable mais avait l’avantage de tenir la route et de justifier une très grande partie de ce qu’il avait pu voir lors de son arrestation : la proximité d’une agente impériale avec le seigneur Vader, l’accoutrement et le besoin de discrétion, car ces agents là agissaient toujours dans l’ombre, pour des missions de très haute importance que seule la Directrice Isard et son Ubiqtorat pouvait ordonner.

A ce point, Shira ne savait plus dire s’il s’agissait là d’un immense bluff ou s’il disposait effectivement d’éléments en mesure d’éroder ses croyances. Mais elle en avait assez entendu et la dernière remarque particulièrement arrogante et suffisante de Skywalker suffit à la convaincre qu’effectivement il était peut-être temps de laisser ce serpent se saouler dans son coin. Les joues rouges de honte et de colère face à une telle suffisance, la rouquine se plongea une nouvelle fois pleinement dans le rôle de la jeune espionne sortie de l’école, désireuse de faire un coup d’éclat mais qui venait de finir ridiculisée.

« Oui c’est ça Skywalker, bon vent. Peut-être que tes délires et toi vous feriez mieux de finir de vous saouler avant de sauter ! Je suis certaine que l’Empire vous en serait reconnaissant. »

Et sur ces paroles presque honteusement vociférées, la rousse fit volte-face pour quitter le balcone t cet étage tout entier. Elle était en rogne, mais elle allait devoir continuer à le cacher. Elle devait rester Shira Brie, lieutenant du BRI. Mais elle savait que, même si les apparences suffiraient à tromper le monde, elle allait se remémorer ce qui venait de se passer, avec les conséquences que cela allait impliquer…

[PS : Fin du RP pour toi Cade ou tu veux quand même essayer de l’empêcher de partir ?]