Adossé au mur de la pièce qui servait aux services de renseignements et de traitements des données de l’organisation, Maul lisait les nombreuses données qui s’affichaient en continue sur l’écran de son datapad. Ses iris jaune parcouraient rapidement les lignes et survolaient les clichés tandis qu’il prêtait une oreille attentive à ce que lui disait un de ses hommes.

- Mon seigneur, ce groupuscule commence à prendre un peu trop d’ampleur. D’après nos informations, il n’est pas affilié aux rebelles mais pas non plus pro-empire : c’est un indépendant. Leur part de marché sur l’épice est encore minime mais…

- Mais ? insista Maul devant l’hésitation à continuer de l’humain qu’il dévisagea par-dessus son datapad.

- Mais ils se tournent vers l’épice pure en plus de celle de synthèse, finit par terminer l’homme après avoir réussi difficilement à déglutir.

Le Zabrak laissa retomber le datapad qu’il avait arrêté sur le fichier des indépendants qu’ils leur arrivaient parfois d’employer pour exécuter des contrats sensibles. Un de ces jours, il leur faudrait recruter leurs propres assassins personnels. Mais pour l’heure, le syndicat avait assez avec les petits prétentieux qui cherchaient à se faire entendre.  Surtout depuis qu’il s’était « absenté » depuis environ trois ans. Sans le capitaine pour manœuvrer le navire, ce dernier avait été au bord de la mutinerie. C’était aussi son travail de faire savoir à tous qu’il était de retour et ne comptait pas laisser sa place.

Ce groupuscule, il allait devoir s’en occuper. Pour faire passer un message.

- Très bien. Contacter cette humaine… Sky. Je la rencontrerai personnellement pour ce contrat, ajouta-t-il en omettant volontairement qu’il se mêlerait aussi à ce contrat pour que le message passe correctement auprès des autres groupes un peu trop tête brûlée.

- Bien sûr, mon seigneur. Devons-nous la faire venir sur Dathomir ?

- Non, donnez-lui les coordonnées de Korriban. Je la verrai dans la taverne de Dreshdae, déclara-t-il après avoir réfléchi un moment à peser le pour et le contre. Exécution.

L’homme exécuta un bref salut façon militaire et s’éloigna aussitôt vers son poste. Maul resta encore un moment parmi ces hommes et femmes à régler les soucis d’urgence avant de prendre congé. L’avantage de Korriban était que la planète se trouvait dans la bordure extérieure et suffisamment éloignée de Dathomir. De quoi dissuader les curieux de se mêler de cette histoire.

Il partit pour Korriban quelques jours plus tard. L’endroit était imprégné du Côté Obscur, pulsant comme un cœur parmi les myriades de veines et d’artères. Il n’eut aucun mal à trouver Dreshdae ainsi que la taverne dite « The drunk side » faisant office de cantina. Il s'installa dans une alcôve du bar, dos au mur. Il ordonna à la serveuse présente de lui conduire une femme qui se présenterait sous le nom de « Sky » lorsque le moment serait venu.

Pour l’heure, ses yeux jaunes observèrent dans les moindres détails les autres personnes présentes. Des humains, wookies, espèces étranges et effrayantes... de quoi donner l'impression d'être dans un zoo. Au moins n'y avait-il aucun mal à passer inaperçu.

Pourquoi j'étais venue ici de nouveau ? Ah oui, on m'avais demander pour un contrat... C'était tellement étrange après toutes ses années sans un contrat, de replonger dans le milieu. Je n'étais plus revenue sur Korriban depuis pas loin d'une année maintenant, cela me faisait un peu étrange.

Le voyage avait été calme et tranquille, il m'avait permis de réfléchir au pourquoi du comment quelqu'un faisait appel à mes services après tout ce temps. Chandrilla avait été si agréable, si reposante que je comptais bien y retourner une fois ma mission terminée, après tout, il n'avait que là bas que je me sentais bien.

Je n'avais rien dit à mon oncle, préférant garder cette partie de là pour moi, ne sachant pas comment aborder le sujet avec lui. Cette planète serait un bon entraînement aussi pour maintenir un certain équilibre, car il fallait rester maître de soit sans basculer plus d'un coté ou de l'autre de la force.

Arriver au Spatioport, je pris la peine d'observer un moment les alentours et de voir vraiment combien cette planète était des plus sombres, c'était vraiment un changement radicale en tout point.

Inspirant un grand coup, je plaçais un masque d'indifférence sur le visage et pris la direction de la cantina comme on m'avais fait la commission.

Du moment que je n'avais pas besoin de faire un crochet par l'académie Sith, je pouvais parfaitement être ici, prendre mon contrat et repartir l'exécuter sans soucis, mais pour l'heure, je devais retrouver mon interlocuteur à la cantina du coin.

Arrivée sur place, je demandais à une serveuse de me conduire à mon rdv en espérant qu'il soit présent et m'installa alors face à une silhouette légèrement masqué par l'ombre de la salle. Je posais la convocation sur la table pour prouver que j'étais la bonne personne

Sky-Larek pour vous servir déclarais-je poliment tout en observant l'homme en face de moi.

Je voyais des yeux jaunes profond, signe que c'était un utilisateur du coté obscur, car je sentais son affiliation qui n'était pas dissimulé

Quand bien même il avait commandé un verre – qu’il n’avait pas touché – pour faire bonnes mesures, le Zabrak n’avait pas eu longtemps à attendre. Sa mémoire avait parfaitement retenu la photo qui accompagnait souvent les dossiers des candidats et autres employés occasionnels que l’Aube Écarlate conservait. Dans le cas actuel, une femme proche de la trentaine aux cheveux bois de rose et aux yeux clairs. Il s’en souvenait très bien.

Aussi n’esquissa-t-il pas le moindre geste quand, de sa place, il vit celle qu’il attendait se présenter à la cantina. La serveuse qu’il avait commissionnée la conduisit à sa table sans poser la moindre question et repartit aussi sec. Les yeux jaunes cerclé de rouge du Sith ne daignèrent pas se poser sur la convocation que son interlocutrice avait placé entre eux. Il n’en avait pas besoin.

Il émanait d’elle un imbroglio mêlant à la fois le Côté Lumineux et Obscur de la Force. Pas une Jedi… mais pas tout à fait une Sith non plus. Il avait ressenti cela de manière moindre envers une seule autre personne il y a des décennies en l’individu de Jinn mais la sensation était légèrement différente : le vieux maître Jedi qu’il avait tué était avant tout un partisan du côté Lumineux malgré ses tons tirant vers le gris.

Maul mit cela dans un coin de son esprit. Il ne s’était pas déplacé en personne pour débattre de la Force.

- Ravi de vous voir, miss Sky.

L’humanoïde détacha sa silhouette du mur contre lequel il s’était adossé, laissant ainsi apparaître une partie de son visage sous les lumières de la cantina. Son capuchon qu’il avait conservé sur sa tête dissimulait les cornes propres à son espèce ainsi que la partie supérieure de son visage, mais les tatouages noirs et rouges courant sur sa peau le long de son nez, sa bouche et son menton ainsi que la partie visible de son cou étaient clairement sous le regard de quiconque les observait.

- Je représente un syndicat pour lequel vous avez déjà travaillé par le passé. Nous voudrions de nouveau faire appel à vos… talents contre ceci.

Maul glissa un bloc de données vers la jeune femme sans la lâcher du regard, observant la moindre de ses réactions.

Bloc de données qui contenait toutes les informations concernant le groupuscule concerné par le contrat : sa mainmise sur une partie du commerce d’épices et d’esclaves, le fait qu’ils avaient profité de l’épidémie ayant ravagé la galaxie pour faire une partie de leur business en vendant de faux traitements… bref, des petites frappes qu’il fallait faire taire au plus vite avant que leurs activités ne prennent davantage d’ampleur.

- Il y aura cependant une petite subtilité pour ce contrat.

Pour des exécutants aimant travailler en solo, cela ne risquait pas de lui plaire.

La question de la précision le laissa un moment silencieux. Pourquoi aurait-elle nécessairement besoin de savoir ? Peut-être faisait-elle partie de ces indépendants qui ont absolument envie de connaître tous les détails de leurs employeurs, ne serait-ce que pour protéger leurs arrières au cas où. Si c’était le cas, c’était tout à son honneur mais manque de chance… Maul ne tenait pas à divulguer des informations sur l’Aube Écarlate. Pas après sa longue absence alors qu’il y avait encore des risques.

- Sachez seulement que nous sommes affiliés à aucun cartel ou autre en particulier. Ni les Hutts, ni pro-Empire ou pour les rebelles ou toutes autres organisations annexes… nous sommes à part.

Ce qui ne pouvait donc pas les empêcher de passer des accords avec telle ou telle faction sans se soucier des conséquences. Quant à sa réponse, c’était tout ce que la jeune femme aurait pour le moment.

Un certain amusement passa brièvement dans ses iris jaunes lorsqu’elle lui fit ouvertement face, affrontant directement son regard. Bien, il ne pouvait qu’apprécier cela. Au moins était-elle franche et directe, quitte à ne pas prendre de gants. Ce qui tombait bien car le Zabrak n’était pas décidé à se montrer conciliant.

- Je vous accompagnerai personnellement pour y participer. C’est non négociable.

Le pavé était jeté dans la mare, plus de retour possible en arrière.

Tant de questions… Maul songea un instant pour lui-même qu’il avait perdu plus qu’il ne songeait en s’absentant aussi longtemps : il ne se souvenait pas que les futurs employés ou employés occasionnels posaient autant de questions. Cela étant, il avait souvent mandaté d’autres personnes à sa place pour ce travail. Voilà donc ce que ses hommes devaient faire à chaque entretien ? Il en regretterait presque de ne pas avoir envoyé un de ses lieutenants.

- Simplement parce que vous êtes fiable et efficace dans votre domaine, très chère. Votre dernier contrat avec nous a été une réussite. En quoi cela serait-il différent aujourd’hui ?

Tout en répondant à sa question, il la toucha légèrement avec la Force… et ce qu’il ressentit aurait pu lui faire arquer l’arcade sourcilière s’il ne conservait pas un visage neutre face à son interlocutrice. Un maelstrom d’énergie, ni trop pure ni trop obscur. Peut-être tendant légèrement vers l’obscurité mais ce n’était pas une certitude. Puis, il y avait autre chose… de plus profond, de caché. Comme si elle cherchait à dissimuler un détail la concernant.

Il ne chercha pas à en savoir davantage.

Un grognement résonna dans la gorge du Zabrak, visant en particulier la remarque de l’humaine. Étant donné qu’il l’avait mise devant le fait accompli, c’était du donnant-donnant tout à faire légitime. De cela, il ne pouvait lui en tenir rigueur. Surtout qu’il ne pouvait pas se permettre de retourner sur Dathomir et de rechercher quelqu’un d’autre pour exécuter ce contrat. Il devait être réalisé dans les plus brefs délais.

- Très bien.

Maul rejeta le capuchon qui dissimulait encore le reste de son visage et se pencha vers la jeune femme pour être parfaitement visible dans la lumière de la taverne. Les faisceaux lumineux de l’endroit faisaient miroiter la colère qui irradiait ses yeux jaunes cerclés de rouge et ressortir les tatouages de sa peau ainsi que la pointe de ses cornes. Son avant-bras gauche se posa sur le rebord de la table. Il fit glisser vers elle une sorte de carte représentant deux cercles de couleurs différentes qui se chevauchaient. Pas de texte, rien… juste ce symbole.

- Je représente l’organisation Aube Écarlate. Je vous passe les détails sur nos activités, vous n’avez pas besoin de toutes les connaître puisque l’on fait temporairement appel à vous. Sachez seulement que nous opérons sur diverses branches. Autre chose ou nous pouvons reprendre ce qui concerne votre contrat ?

Le Zabrak passa outre le regard noir que lui décocha son interlocutrice. On arrivait enfin à la partie intéressante – et utile – de l’entretien : le déroulement de la mission. D’un certain côté, il fut ravi de constater qu’elle ne chercha pas à en savoir davantage sur le compte du syndicat. Au moins était-ce une épine de moins à retirer du pied.

Maul sortit un petit holo-projecteur qu’il déposa sur la table entre eux. Sans préambule, il appuya sur le bouton d’alimentation. Une planète de la taille de son poing apparut dans ses nuances bleutées dues à la projection holographique. Planète qui tourna lentement sur elle-même tandis qu’il parlait.

- Nous devons nous rendre sur Nar Shadaa, la lune des contrebandiers. C’est là-bas que se trouvent la base du groupuscule en question, ainsi que son centre d’opération.

Il appuya sur l’une des zones de la planète de l’holo-projecteur. Aussitôt, la surface grossit et un point bleu scintilla à intervalles réguliers.

- Ils se trouvent dans le secteur industriel et donnent un versement régulier au Cartel des Hutts pour louer un bâtiment.

Le Zabrak appuya sur le bouton d’alimentation pour éteindre l’holo-projection et fit disparaître  le petit appareil dans les pans de ses vêtements.

- Le but est simple : détruire ce groupuscule qui commence à marcher un peu trop sur nos plates-bandes. Faire en sorte qu’ils ne recommencent pas. Pour rien au monde. Plus qu’un avertissement, c’est une profonde mise en garde. Si vous désirez rafler de la marchandise au passage, cela vous regarde.

Il ne s’y rendait pas pour cela et même les crédits qui pouvaient se trouver là-bas lui était égal.

- Des questions ?

Le Zabrak inclina légèrement sa tête aux propos de l’humaine. La pandémie était un problème sans véritablement en être un. Ses hommes – et femmes – travaillaient en ce moment-même d’arrache pied pour permettre la pleine réussite de cette mission. Les prémices étaient simplement de prendre une navette parmi d’autres citoyens de la galaxie pour se rendre sur la lune des contrebandiers. Falsifier des données d’enregistrement pour des touristes était le moins compliqué et le système le plus sûr.

Il balaya d’un geste de la main la remarque ironique, comme s’il chassait un insecte. Il ne tenait pas à entrer dans ce genre de petit jeu. À la place, il préféra répondre à ses questions et se concentrer dessus.

- Nous partons dans deux jours. Je vous recontacterai pour vous fournir le lieu et l’heure où nous embarquerons, ainsi que tout ce dont nous aurons besoin à ce sujet.

Identité d’emprunt, papiers adéquats et compagnie… Bref, tout l’attirail pour éviter de créer des remous.

- Vous êtes libres de prendre ce que vous trouverez : épices, crédits… peu importe, cela m’est égal. Tout ce que nous voulons est mettre un terme à leurs agissements. En revanche, je me réserve les données.

S’il récupérait quelque part du marché ainsi que des noms, il ne s’en priverait pas.