Le Cristal est le cœur de la Lame... La Lame, l'extension de la Main... [Partie I - Solo]

Agenouillée au milieu de ses appartements secrets du Palais de Darth Vader, au cœur du Centre Impérial, Shira se laisser guider dans la Force pour faire appel à ses souvenirs récents. Peu vêtue et détendue, elle restait immobile pour ne pas froisser sa concentration. Il y a peu, son Maître, l’Empereur, l’avait chargé d’une mission très personnelle et particulière censée marquer une étape dans la formation qu’il, avec Vader sous sa tutelle, lui avait donné depuis sa plus tendre enfance. Il l’avait même fait venir à ses côtés, au cœur du Palais Impérial, aux pieds du trône d’où il dominait la galaxie et y faisait régner sa loi. Il ne l’avait plus fait depuis bien longtemps, se contentant du lien distant mais efficace qu’elle avait avec lui pour lui transmettre ses instructions et conseils. Ou encore pour venir à son chevet, comme cela avait été le cas lorsqu’elle avait futilement été flouée par Cade Skywalker. La rouquine avait vraiment été stupide ce jour-là de laisser une part de doute s’immiscer en elle, surtout de la part d’un homme instable qui n’avait cessé de la railler depuis le premier instant. Elle ne l’avait pas revu depuis mais sa présence ne lui manquait pas. En fait, Shira n’avait strictement plus rien à faire du blondinet. Elle ne ressentait même plus de haine à son égard. Ni même de curiosité. Il était sans importance. Dépourvu du moindre intérêt. Inutile. Son Maître le lui avait fait comprendre il y a quelque temps mais ce n’était que depuis peu qu’elle avait fait table rase de cet instant. Et de cet homme. Non, son attention était tout ailleurs. D’abord sur sa formation secrète, dont elle ne pouvait parler à personne. Ensuite, à la nécessité de démasquer les traîtres et les ennemis de son Maître par l’intermédiaire du BRI, ou bien de sa propre initiative. Et enfin, c’était le cas en cet instant, sa propre quête personnelle.

Shira se souvenait de son arrivée par un des accès secondaires qui reliaient directement la tour du Seigneur Vader et le cœur du Palais Impérial. Là, elle avait évité les gardes et le personnel qui était autorisé à circuler dans les zones les plus restreintes en utilisant les passages secrets que l’Empereur avait bien voulu lui montrer. Puis elle s’était avancée devant son Maître. Elle avait fait preuve de déférence avant de faire son rapport. Shira inclina légèrement la tête. Ce n’était pas le moment qu’elle recherchait. C’était plus loin. Bien plus loin. Après que son Maître lui ait demandé se redresser et de s’approcher. Là encore, c’était assez rare de sa part et Shira s’était sentie honorée. Ce qu’elle recherchait précisément, c’était ce moment précis où il avait évoqué la suite de sa formation, en plus de déjà être sa Main. Seule et Unique. Et le fait que la prochaine étape serait la conception d’un sabre-laser. Son sabre-laser. Pour la mener à un niveau suffisant pour faire face aux menaces croissantes et de plus en plus dangereuses qui venaient lorgner sur l’Empire avec une faim vorace. C’était un désir qu’elle avait eu depuis quelques années déjà, sans jamais l’avoir verbalement exprimé à son Maître par crainte de son courroux. Là, presque à ses côtés, il lui avait expliqué ce qu’elle avait à savoir sur le sabre-laser. Bien qu’elle l’ait déjà manié au cours de ses entraînements, et ce récemment encore, elle ignorait presque tout de cette arme captivante et puissante face à laquelle elle avait dû développer des parades atypiques dans l’optique de devoir un jour y faire face en situation réelle. En se reposant d’abord sur ses compétentes physiques et martiales puis sur la Force dans un deuxième temps.

Son Maître s’était ensuite longuement attardé sur l’élément crucial du sabre-laser, le cristal, et le fait que sa fabrication était un processus complexe qui nécessiterait une concentration totale. La rousse souffla longuement en se focalisant sur cet instant de son souvenir en particulier. Il lui avait dit que ces cristaux étaient fabriqués à l’aide d’une machine appelée « compresseur géologique » dont le but était de reproduire les processus géologiques qui créent des cristaux. Que de fait, les matières premières à partir desquelles le cristal était façonné étaient facilement accessibles et essentiellement à forte concentration en carbone. Désormais, Shira se remémorait clairement ses propos. Son Maître avait insisté sur le fait que minéraux bruts devraient être placés dans la machine et laissés pendant une période allant de vingt-quatre heures à quatre jours. Une période pendant laquelle elle devrait méditer et faire appel à la Force pour concevoir le cristal. En guidant sa formation et en augmentant sa puissance. Que ce niveau de contrôle sur le processus de formation lui permettrait de créer un cristal qui lui serait propre. Une extension de sa volonté. De son désir d’asservir la nature, et par extension, la Force pour atteindre ses objectifs. Dans ce cas, le cristal de son arme. Shira avait été émerveillée par cette explication la première fois, et c’était bien pour cela qu’elle avait ressenti le besoin de se remémorer cet instant. Pour être certain de n’avoir pas oublié la moindre information concernant ce processus complexe.

Le discours de l’Empereur ne s’était cependant pas arrêté là. Il avait ensuite expliqué comment elle devrait assembler cette arme. Une fois encore, en pliant la Force à sa volonté, au cours d’une méditation où elle viendrait imbriquer les pièces entre elles, à la manière d’un puzzle. Cependant cette étape n’inquiétait pas vraiment Shira. Du moins, pas autant que les autres. Si elle arrivait jusqu’à ce stade, alors ce serait probablement un jeu d’enfant le moment venu. Non, ce qui l’inquiétait plus à l’heure actuelle était la conception des pièces séparément. La rouquine secoua légèrement la tête et écarta ses mains pour étirer ses bras et sortir doucement de sa transe mémorielle. Elle se releva ensuite pour s’approcher de l’écran où le plan d’exemple que son Maître lui avait fait transmettre était affiché. Oui, forger ces pièces allaient poser problème. Shira n’avait aucune compétence en conception de la sorte et ce ne serait pas de sitôt qu’elle pourrait être en mesure de créer la bobine de puissance inerte ou les anneaux de stabilisation magnétique nécessaires au fonctionnement du sabre-laser.

Non, elle allait avoir besoin d’aide sur ce point. Elle le savait. Ou alors s’emparer d’un sabre au nez et à la barbe de l’académie de Declann pour y récupérer des pièces… Shira secoua la tête et se servit un verre de brandy corellien qu’elle vida d’une traite pour faire passer cette idée folle et stupide. Mais qu’elle garderait en dernier recours. Elle avait une bien meilleure idée, en fait. Quelqu’un ferait ce travail pour elle, en contrepartie des plans.

Quelqu’un qui ne poserait pas trop de questions…

« Myrette… »

La musique était forte et rythmée et la foule se déhanchait joyeusement sur la piste de danses éclairées par des projecteurs multicolores. Non loin, le bar était assailli par un groupe de personnes désireuses de consommer, se saouler puis se trémousser à leur tour sur la piste pour oublier leur journée. Shira observait tout cela depuis un coin du club, assise dans un fauteuil confortable, ses doigts tapotant tranquillement son verre de brandy cassandran. D’un simple mouvement du regard, elle analysait sans but la gestuelle de chacun, dans le seul but de faire passer le temps en attendant son amie. Myrette était bien arrivée sur Coruscant il y a peu. Elle s’était renseignée sur son voyage depuis l’Attaintor, plus pour s’assurer qu’il ne lui arriverait rien sur le trajet que pour la surveiller. Shira avait donné rendez-vous dans ce club en connaissance de cause. Davani et elle s’y étaient souvent réfugiées lors de leurs années à l’Institut de Pilotage pour profiter de leurs soirées et y débourser la solde qu’elles percevaient. De quoi faire ressurgir certains souvenirs chez la seule personne qu’elle pourrait considérer comme une amie. Tout comme chez elle. La musique à ses oreilles était presque comme une invitation à se lancer, comme par le passé, dans une danse endiablée. Une opportunité de relâcher cette pression qui n’avait cessé de s’accumuler au cours des derniers mois. Oh Shira finirait par se laisser tenter mais elle avait encore une dernière affaire à traiter. La rousse finit par se saisir plus fermement de son verre pour le porter à ses lèvres et goûter au breuvage sucrée et exquis qu’elle avait commandé.

Myrette finit par apparaître au milieu de la foule, un sourire aux lèvres. Shira ne lui avait pas dit où elle se trouverait mais son ancienne camarade de chambrée n’avait pas besoin d’être guidée. L’espionne et Main s’était installée à leur ancienne table habituelle, au fond de la salle et légèrement surélevée pour pouvoir observer l’intégralité de la boite de nuit. Shira l’observa alors qu’elle s’approchait. Elle n’avait pas beaucoup changé depuis toutes ces années, et encore moins depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu, peu après le Jour de l’Empire. Toujours aussi fougueuse et pleine d’entrain. Elle partageait le même caractère que la fausse Shira Brie, celle que l’espionne arborait au quotidien en dehors des hautes sphères impériales, en tant que simple citoyenne et officier de l’Armée. C’était sans doute pour cela qu’elles s’étaient bien entendu à l’académie. Malgré le fait que Shira avait fini par tout doucement se refermer sur elle-même à l’époque, par nécessité en tant que future agente des renseignements mais aussi de façon inconsciente, rongée par les entrainements secrets à répétitions auprès de Darth Vader. L’espionne se leva avec un large sourire lorsque Myrette arriva à sa hauteur, pour lui faire la bise et l’inviter à s’asseoir. C’était une sorte de tradition, de se retrouver en cet endroit. Même après que leurs chemins ne se soient séparés. Pour une espionne, ce n’était vraiment pas terrible de revenir régulièrement au même endroit, pour des occasions similaires et répétitives. Une faiblesse, dans le cordon de sécurité que Shira maintenait autour de sa vie au quotidien. Personne ici, cependant, ne viendrait la soupçonner d’être une agente de l’Empire. Personne, à part Davani.

« Shira, ça me fait plaisir de te revoir. »

« Moi aussi Myrette. Même lieu, même heure. Comme d’habitude. Comment va la famille ? »

Shira lui offrit un sourire sincère, avant de pousser dans sa direction le second verre qu’elle avait commandé en avance, pour elle. Un Starfire ‘skee. Comme elle en avait toujours l’habitude, pour commencer la soirée. Shira aurait été une bien mauvaise espionne pour ne pas remarquer un tel pattern. Myrette lui répondit avec un sourire, amusée par la réplique de son amie rouquine.

« Ils vont bien, merci. Je pu leur rendre visite pour les festivités, peu après que l’on se soient vues. »

« Super. Ta mère pense toujours que je suis snob ? »

« Tu le sais très bien ! »

La remarque, lancée sur un ton amusé, laissa place à un esclaffement soutenu par les deux jeunes femmes, Davani en tête, après avoir manqué de s’étouffer de rire avec sa boisson. Shira secoua la tête, avant de prendre à son tour un peu de sa boisson. Bien évidemment qu’Haryette n’allait pas changer d’avis à son sujet. C’était bien dommage mais compréhensible. La famille de Davani n’était pas issue d’un monde aussi développé que Coruscant et les actions passées de Shira, à l’Académie, n’avait fait que renforcer ce sentiment chez elle. Nils en revanche avait toujours apprécié sa présence, accusant même parfois sa femme, avec amusement, de ne pas faire d’efforts.

« Tu te souviens ? Quand on était encore à l’Académie ? »

« L’Académie ? Je me souviens que j’étais obligée de te trainer jusqu’à chez toi tellement tu étais saoule ! »

Nouveaux éclats de rire.  

« Rhooo Shira, tu sais très bien qu’il en faut bien plus que ça pour me terrasser ! »

Oui. Elle le savait. Mais la saouler n’était pas le but premier de leur entrevue…

« Oui. Je me rappelle très bien. Tu en a surpris plus d’un, à l’Académie. Je parie qu’ils se demandent encore comment tu fais pour avaler tout ça. »

Les éclats de rire durèrent quelques instants, le temps nécessaire pour vider chacune leur verre et se jeter un regard pétillant d’amusement. Cette Shira-là n’était plus la vraie Shira, cependant. Seulement un artefact de son passé, de ce qu’elle avait été il y a quelques années, durant leur séjour commun à l’académie. Elle avait désormais bien changé, mais les souvenirs, eux, étaient toujours là, prêt à être utilisé pour faire semblant, et croire, que malgré la distance, l’éloignement, elle était toujours la même. L’espionne était toujours dans son rôle, même dans ces moments, et elle ne pouvait et ne souhaitait pas révéler à Davani ce qu’elle était devenue. Elle ne comprendrait pas de toute façon, qu’elle devait rester en permanence une actrice de théâtre pour se protéger et protéger l’Empire. Elle ne comprendrait pas que celle qu’elle pensait connaître, était en réalité une toute autre personne. Une personne qui n’hésiterait pas à la tuer de sang-froid, si on le lui ordonnait. Qu’elle reste dans l’ignorance était préférable, et Shira ferait tout pour lui éviter les ennuis, à elle aussi.

« Je pense que ce n’est pas la seule question qui doit encore leur trotter dans la tête, à ces pervers… »

La remarque, lâchée avec une légère amertume, ramena Shira un peu plus loin dans leur passé commun, sur Coruscant d’abord, puis sur Carida. L’Empire était profondément paternaliste. Elle n’avait jamais eu de problème avec cela et n’en aurait probablement jamais. A ses yeux, tout ceci était normal. Que les femmes soient éloignées des postes de pouvoir, à l’exception de celles capable de montrer aux hommes qu’ils avaient tort de les laisser de côté. C’était une étrange façon de voir les choses, mais Shira se sentait à sa place. Cette soi-disant supériorité, cependant, se devait de s’arrêter là, ce que beaucoup de cadets, et même de nombreux officiers, semblaient oublier, au point de se risquer à aller sur des terrains dangereux, et immoraux. Les quatre guignols du baraquement quatorze, sur Carida, devaient probablement encore s’en souvenir. Du moins, pour ceux qu’elle n’avait pas tuer de ses propres mains après avoir découvert ce qu’ils avaient fait à Myrette. Et c’était pour ça que, pendant quelques temps, Shira avait laissé croire qu’elle et Davani était ensemble. Pour la protéger, du mieux qu’elle le pouvait. Et de ce qu’elle en voyait, sa comparse s’en était plutôt bien tiré.

« Probablement, ouaip ! » rétorqua Shira, en masquant la colère que de tels souvenirs venaient provoquer chez elle.

Son regard glissa sur le côté un instant, cherchant à se figer sur quelque chose ou quelqu’un pour faire passer la pilule amère. Shira sentit alors la main de Myrette s’enrouler autour de son poignet pour l’agripper, forçant l’espionne à tourner la tête pour la regarder, elle et son sourire espiègle.

« Allez viens, j’ai envie de danser ! »

Danser. S’amuser. Se détendre. Prendre du plaisir. Oui, c’était une bonne idée. Shira n’avait pas eu beaucoup de loisirs ces derniers mois mais elle n’était pas du genre à se divertir. L’ancienne Shira cependant, celle que Myrette pensait encore connaître, l’était. Sa main droite s’apposa sur celle de Myrette, et Shira se tourna légèrement pour lui faire comprendre quelle avait quelque chose à lui dire, le temps que son regard émeraude vienne se figer dans celui de son amie. Hochant doucement la tête, acceptant l’idée de se laisser aller, elle n’oubliait pas cependant la raison première de son invitation. Il était temps d’avancer ses pions.

« Avant ça… Je voulais te demander une faveur… »

Le mot fit réagir Myrette, qui se redressa d’un air surpris, avant de retirer sa main, son regard glissant sur son verre vide. Puis elle secoua la tête, soudainement inquiète.

« … Une faveur ? Ce n’est pas ton genre… Il y a un problème ? »

Oui, l’inquiétude était lisible sur son visage. Inutile de faire appel à la Force pour s’en rendre compte. Pourtant, elle n’avait aucune raison de se mettre dans cet état. Shira secoua à son tour la tête, en agitant la main comme pour chasser toutes ces mauvaises ondes qui émanaient de son ancienne partenaire. Cela eut l’effet escompté, du moins en partie.

« Rien de tout ça. Enfin, rien de grave. J’aurais simplement besoin de tes doigts de fée pour me concevoir quelques bricoles. Discrètement. »

« Discrètement ? C’est pour le boulot ? Depuis quand tu as besoin de moi pour ça… Je ne veux pas avoir d’ennuis, tu le sais bien… »

Shira esquissa un sourire amical, du genre qu’elle faisait très rarement, avant de revenir poser sa main sur celle de son amie. Jamais elle ne viendrait l’immiscer dans son travail, tout simplement parce que c’était interdit et risqué. A moins, bien sûr, que le BRI, Vader ou l’Empereur n’en viennent à la soupçonner de quoi que ce soit. Dans ce cas-là, cette amitié, si l’on pouvait réellement appelait cela comme ça, s’évaporerait aussitôt.

« Myrette… Tu sais très bien que je ne te mettrais jamais en danger. J’ai juste besoin que tu me fabrique ces pièces, rien de plus. Le reste, j’en fais mon affaire, d’accord ? Et puis si je t’en dis plus, je devrais te tuer… »

Sa voix, d’abord réconfortante, n’avait pas manqué de se faire plus enjouée au moins de plaisanter, pour provoquer un nouveau rire, étouffé celui-ci, chez Davani, qui secoua une nouvelle fois la tête alors que son visage retrouvait ses couleurs.

« … Ok, tu sais bien que tu peux compter sur moi. Mais en échange, je veux que tu viennes avec moi sur Beheboth dans un mois. J’ai besoin d’une distraction, chez mes parents ! »

Shira hocha la tête vigoureusement, en venant tapoter la main de Myrette pour marquer son accord. Elle lui donnerait les schémas des pièces plus tard, celles qu’elle ne pourrait jamais concevoir elle-même. Pour les autres, elle apprendrait. Elle s’en savait capable, elle avait toujours été capable d’assimiler les choses rapidement. Et puis ça ne devrait pas être si difficile. De plus, cela protègera Myrette, de ne pas avoir le plan d’ensemble. D’ignorer pourquoi elle l’aiderait. Tapant d’un coup sec sur la table, Shira se releva, attrapant la main de Myrette pour la sortir de leur banquette et la contraindre à se lever…

« Allez, viens ma belle, on va s’éclater ce soir ! »

La soirée avait été longue pour les deux danseuses. Très longue. Après la tournée des bars et autres clubs des hauteurs de la capitale, c’était chez elle, dans son appartement de fonction du BRI, que Shira avait accueilli Myrette, au milieu de la nuit. Avec cette promesse, de sa part, de concevoir les pièces qu’elle lui avait demandé. La mission était donc accomplie, et ce en profitant de la vie. Ce n’était pas dans les habitudes de la rouquine, ses missions requérant ordinairement d’être discrète et non de faire la fête. La journée suivante avait été longue, bien que tout aussi distrayante. Myrette lui avait compté plus en détail certaines de ses missions avec les Copperheads, son escadron de chasse, dans la Bordure Extérieure. Avec la récente désertion d’une partie de la septième flotte, certains moffs avaient demandé un renforcement de la sécurité dans leurs régions, au cas où des actions venaient à être menées par les rebelles ou les récents traitres. Pour Shira, la trahison du Grand Amiral à la peau bleue n’était pas surprenant. Mettre un alien à cette position était risquée, et Thrawn avait montré à tous le vrai visage de son peuple, et de la plupart des non-humains en général. Ils étaient fourbes et prompts à vous planter un couteau dans le dos à la moindre occasion. Ils étaient rancuniers et n’avaient aucun respect, ni même aucune considération pour ce que les humains et proche-humains leur avaient apporté au cours de l’existence de la République, puis de l’Empire. A savoir la civilisation, l’hyperpropulsion, la culture, l’ascendance technologique. Tout ce qui était nécessaire pour survivre en dehors d’une pauvre tribu paumée en plein désert. Elle les haïssait d’autant plus que c’était eux, qui s’étaient soulevé contre ce gouvernement central qui leur offrait protection et travail. Ils étaient pathétiques.

Pour sa part, elle n’avait rien dit à Myrette sur ses états de service au BRI, et Davani comprenait très bien pourquoi. Ce qu’elle lui avait dit hier, dans le club, était vrai. C’est pourquoi la rouquine s’était contentée de dire que tout allait bien, avant de se perdre en ragots sur la vie à Coruscant, l’état d’esprit général de la population, ce genre de choses. Puis son amie était repartie, rappelée par l’Empire pour faire son devoir, comme le devrait tout citoyen. Bientôt, elle lui ferait parvenir les pièces qu’elle lui avait demandé de confectionner pour elle. Myrette était comme ça, toujours prête à lui rendre service. C’était sans doute à cause de ce qui s’était passé sur Carida, quand elle avait déchargé son arme dans la face d’un des types qui avait tenté de profiter d’elle, à l’époque. Bref... Enfin seule, elle avait pu retourner discrètement dans le Centre Impérial, dans la tour de son mentor Darth Vader, pour s’enfermer dans ses appartements avec le désir et l’envie d’accomplir la quête que leur maitre à tous lui avait personnellement donné. Elle était fière de pouvoir enfin concevoir son propre sabre-laser, mais elle avait aussi envie d’aller plus loin. Quand elle pouvait enfin s’ouvrir à la Force, dans ces locaux, elle ressentait ce besoin d’approfondir ce qu’elle savait, de poursuivre sur cette pente si prometteuse et qui lui murmurait, chaque jour, de s’aventurer un peu plus loin sur le chemin emprunté par ses maitres. Car c’était la bonne chose à faire, de les imiter. Elle en était persuadée. Convaincue. C’était ce qu’ils désiraient d’elle. C’était ce qu’elle voulait. Elle avait donc commencé à faire des recherches sur son terminal privé, beaucoup moins restreint que les accès qu’elle pourrait avoir au BRI et surtout, non surveillé. En savoir plus sur le Côté Obscur lui semblait une évidence, tout comme sur leur incarnation physique qu’étaient les Sith. Elle se sentait si puissante, si forte, lorsqu’elle se servait des quelques techniques que Vader et l’Empereur avait bien voulu lui enseigner. Complètement dévouée à cette tâche, elle perdit la notion du temps, et tandis que la nuit était tombée depuis déjà bien longtemps, finit par s’assoupir sur son bureau, devant des noms de mondes oubliés tels Korriban, Nflogai, ou encore Ziost…

Ce fut la lumière éclatante du soleil de Coruscant perçant au travers des rideaux de son salon qui la tirèrent de son sommeil, assise dans son fauteuil, la tête avachie sur le bureau. Ce fut avec un léger mal de tête qu’elle se leva, l’esprit encore troublé par une nuit passée dans une position inconfortable, pour aller prendre une douche qui s’annonçait salvatrice. Elle se dénuda une fois dans la salle de bain, pour se glisser sous la douche. L’odeur du savon ne tarda pas à se répandre dans la pièce et le jet d’eau, froide, l’aida à se ressaisir. Elle n’aurait pas dû veiller aussi tard, mais l’objectif qu’elle s’était fixé était plus important que tout, et représentait une étape de sa vie qu’elle était pressée d’atteindre. Shira enfila donc une robe de chambre d’un tissu léger et fin en sortant de la salle de bain, pour se diriger aussitôt vers le bureau et l’écran holographique qui contenaient les informations figées de la veille. Son regard glissa une nouvelle fois sur ces noms de planète de la Caldera Stygienne sensé être surveillé par les forces impériales. Si elles étaient aussi surveillées que Korriban, s’y rendre serait un jeu d’enfant. Elle éviterait le monde rouge, cependant. Il y avait trop de sensitifs capables de la détecter. Non, il lui fallait un monde tranquille, oublié de tous et sans trop savoir pourquoi, Ziost était celui qui l’attirait le plus.

Il lui faudrait encore trouver le moyen de s’y rendre, cette région étant entourée de peu de roues hyperspatiales. Trouver un vaisseau, en revanche serait assez simple. Expliquer son absence, en revanche, le serait moins. La rouquine repoussa son fauteuil pour se diriger vers le meuble de la cuisine, sa main fouillant dans un panier de fruit pour se saisir d’une pomme almakienne qu’elle croqua à pleine dent en revenant se positionner, debout, devant son écran.

Oui, ce serait Ziost…