Le soleil d’Alderaan, qui avait jusque-là illuminé la grande place qui avait vu l’intronisation de Leia Organa comme Monarque de la planète éponyme et de sa lune Delaya, venait désormais flirter avec les sommets enneigés des montagnes de la chaîne des Triplecornes, éclairant les cieux d’une lumière nouvelle réfléchie par les neiges immaculées et éternelles et qui venait rebondir en un reflet sur le lac d’Aldera qui encerclait à la fois la capitale et son palais juché sur la grande ile qui trônait en son centre. Delaya, justement, avait pointé le bout de son nez dans le ciel depuis plusieurs heures déjà, éclairant une partie des cieux de sa lumière bien moins éclatante mais tout de même persistante, lumière qui, dans quelques heures, seraient la seule à éclairer la scène. C’était ce paysage que Takara observait depuis une des longues coursives dallées qui s’étendaient le long des somptueux jardins du palais, plongée dans une réflexion longue et complexe après ce qui s’était produit au cours du couronnement, lorsque cette jeune fille avait décidé de faire une entrée fracassante au milieu d’une cérémonie qui se voulait pourtant simple, sobre et bien préparée. Par chance, son intuition avait été la bonne. Les rebelles n’avaient pas fait de vagues, probablement du fait de la présence impériale plus que parce que la personne qui était intronisée avait fut un moment l’une de leur plus fervente partisane. La rousse se doutait d’ailleurs qu’elle puisse l’être toujours. C’était en tout cas ce qu’elle avait compris lorsqu’elle avait passé ce pacte avec Leia il y a de ça plusieurs semaines. Elle lui avait dit vouloir agir et Takara n’avait pas cherché à l’en dissuader, d’abord parce que c’était là un levier à utiliser dans le cadre de la formation qu’elle était sensée lui dispenser mais également parce que cela servait un intérêt qu’elle avait en commun avec elle, à savoir, à terme, se débarrasser de l’Empereur dont les méthodes se voulaient un peu trop extrêmes, même pour elle. Pour ce faire, il faudrait bien évidemment faire attention à qui prendrait sa place le moment voulu, et ça, la rousse y veillerait. Pour elle, Leia était la personne mettre en avant. Elle avait fait partie de la Rébellion et avait désormais la bénédiction de l’Empereur et était donc, à ses yeux, le choix logique pour sa succession.

Ce n’était cependant pas la raison principale de sa réflexion. La jeune fille de tout à l’heure, en revanche, l’était. Takara estimait avoir bien réagi en quittant la scène en mimant une demande intrinsèque de Leia au préalable, puis en faisant le choix de prendre la gamine avec elle pour l’éloigner de la scène. L’efficacité de ces décisions clés ne pouvaient d’ailleurs pas être remise en cause puisque la cérémonie s’était ensuite très bien déroulée et Leia avait ensuite pu participer à la suite du programme de la journée sans interruption supplémentaire. Il y avait bien eu quelques contusions chez quelques badauds venus assister à l’intronisation, ainsi que chez les gardes, mais rien de plus. C’était plus tard que Vaylin avait finit par lâcher prise, et c’était donc plus tard que la rouquine avait finit encastrée dans un mur, surprise par le déchainement soudain et sans préavis du pouvoir incontrôlé et peut-être incontrôlable de cette gamine blonde. Ce n’était qu’à cet instant, au moment de tomber dans l’inconscience, qu’elle avait prit conscience du danger que représentait la progéniture de Vitiate, alias Valkorion, alias Tenebrae ; Ce n’était qu’à cet instant qu’elle avait réalisé que le peau rouge ne lui avait pas menti des semaines plus tôt, sur Coruscant. Peau rouge qui lui avait sans aucun doute sauvé la vie, à elle qui exécrait son espèce meurtrière et sanguinaire.

La Force avait définitivement un humour particulier, ce n’était plus à prouver.

Elle n’admettra évidemment jamais être redevable à cet individu, ce serait renier l’entièreté de l’histoire de son peuple qui s’était battu pour survivre contre les fanatiques de son espèce. Plus encore, ce serait renier son amour propre ainsi que sa fierté, laquelle avait déjà bien souffert en ce jour. Fort heureusement, pour tous à l’exception du peau rouge, c’était la suivante de la reine qui avait été propulsée contre un mur par une gamine de douze ans et non la Sith. Il y avait peut-être une chance pour que l’information ne s’ébruite pas trop parmi ses semblables. Takara trouverait gênant, en effet, de devoir se justifier de ce petit contre-temps devant l’Empereur. Elle appréhendait déjà sa discussion avec Leia, raison véritable de sa présence en cet endroit, à quelques mètres des portes qui donnaient sur un des escaliers secondaires qui menaient dans les étages et jusqu’aux appartement des suivantes et de la Reine. Elle savait qu’elle ne pourrait pas échapper à la question. Elle allait devoir s’expliquer, et lui dire en détail ce qui s’était passé après qu’elle l’ait quitté sur la grande place. Nul doute d’ailleurs que l’information de ses blessures et de son passage au centre médical avait également dû lui parvenir. Takara, à ce sujet, n’oubliait pas qu’elle était censée y retourner. Elle n’en avait juste pas envie, et ce malgré la légère douleur encore présente au creux de son abdomen. Le choc avait sans doute dû toucher le sternum, ce qui expliquait que malgré les soins prodigués, une légère pointe de douleur ait persisté.

Cela avait été le cadet de ses soucis jusqu’alors, et le resterait peut-être pendant encore un moment. La rouquine avait voulu savoir ce que la gamine avait à leur dire, et voir comment elle réagirait lorsque viendrait le moment où le peau rouge et elle allait devoir lui réexpliquer la vérité quant à sa situation, vérité qui l’avait envoyé, elle, droit dans un mur. Le fait que la petite tête blonde soit, à son avis, la fille de l’être le plus dangereux et méprisable que la galaxie ait connue était un problème lorsque l’on savait que la Force pouvait à tout moment recracher n’importe qui dans les pieds. Par chance, d’après ce que Scourge avait pu lui dire, ce fameux Vitiate avait disparu de ce temps mais rien n’empêchait son retour, ce qui impliquait que des précautions devraient être prises concernant la gamine, la tuer n’étant, évidemment, pas une solution… Bref, de toute manière, cette question n’était désormais plus de son ressort. Poussant un léger soupir et retenant un léger rictus de douleur, elle jeta un dernier coup d’œil aux sommets enneigés des Tricornes avant de se détourner de ce paysage aussi splendide que paisible. Franchissant la double porte épaisse et vitrée qui menait à l’intérieur du palais, Takara s’enfonça ensuite dans le couloir au rythme du claquement de ses talons sur le sol, prenant à gauche à première intersection et franchit une nouvelle porte qui donnait sur l’escalier secondaire mais s’arrêta un bref instant aux pieds de ces derniers pour observer brièvement son reflet dans un miroir. Si le maquillage qu’elle devait porter au quotidien depuis son arrivée ne l’avait pas vraiment dépaysé, elle trouvait encore étrange de devoir porter une robe aussi immaculée et raffinée tout en étant affublée de talons aussi fins et hauts, alors qu’elle avait toujours eu le privilège de pouvoir porter des tenues sombres ou rougeâtre tout au long de sa vie d’alors, plus adaptée à sa condition de guerrière que de princesse. Là encore, la Force savait se montrer ironique quand elle le voulait, en la renvoyant ainsi indirectement à sa véritable condition. Evidemment ce n’était pas elle la reine, ou même la princesse pour tout ces gens, et pourtant en tant que « simple suivante » elle se retrouvait à porter un accoutrement plus imposant que tout ce que ses parents avaient pu avoir sur les épaules. Au moins, sa coiffure restait à peu près similaire à son habitude, le style en plus.

Les claquements de ses talons sur les marches en marbre signalèrent son ascension et elle offrit un sourire poli et évidemment discrètement forcé au petit personnel qu’elle rencontra en arrivant au premier puis au second étage, avant de finalement atteindre celui réservé à la reine et ses suivantes. Il n’était pas déjà donc pas surprenant d’y voir la rousse au quotidien, mais cette fois-là plus que les autres, la présence de Takara ne serait pas une surprise pour ceux qui auraient pu entendre qu’elle avait finit contre un mur plus tôt dans la journée. La reine voudrait savoir comment elle allait et la rouquine comptait bien sur cette excuse lorsqu’elle se présenta dans la porte des appartements privés de cette dernière. Elle surprit une autre suivante qui en sortait justement et l’interpella d’un léger signe de la main et d’un nouveau sourire, pour lui demander si la reine était disponible. Cette dernière lui répondit tout aussi poliment que c’était le cas et qu’elle était désormais seule avant de reprendre sa route, visiblement pressée. Le sourire de Takara persista quelques secondes de plus, cette fois-ci sincère, avant de s’effacer lorsqu’elle frappa à la porte, jouant son rôle malgré tout avec prudence, même si ce n’était à priori pas nécessaire.

« Votre Majesté ? » demanda-t-elle alors, toujours dans son rôle, et ce malgré l’envie d’entrer sans plus attendre, son appréhension d'alors s'effaçant irrémédiablement pour laisser place à l'impatience

Ce ne fut cependant que lorsqu’elle entendit la réponse qu’elle se risqua à pousser la porte et faire son entrée dans les appartements de Leia, son regard partant à sa recherche et celle d’une tierce personne éventuelle. Ne voyant personne, elle se retourna pour fermer la porte derrière elle, avant de grimacer légèrement alors que la pointe de douleur revînt la piquer pendant quelques brèves secondes. Elle était néanmoins moins vive que ces dernières heures, ce qui devait être bon signe. Takara souffla alors pour reprendre contenance et s’avança doucement dans l’antichambre, le bruit de ses chaussures étant suffisant pour annoncer sa présence. Ce ne fut que lorsqu’elle vit Leia qu’elle lui jeta un regard entendu.

Pour savoir si elles étaient définitivement bien seules.

Eh bien, cette journée aura été extrêmement bien remplie. Beaucoup trop. Debout près des portes vitrées, donnant sur le balcon, la toute nouvelle reine se frotta longuement les yeux pour en chasser la fatigue et l’inquiétude, profitant d’être enfin plus tranquille pour ne plus avoir à retenir en permanence ses véritables émotions. Derrière elle, Mira, la plus âgée de ses suivantes, terminait de ranger la robe de cérémonie et quelques autres accessoires, discrète et silencieuse. Une petite blonde qui venait juste d’avoir trente ans et qui servait dans ce palais depuis bientôt dix ans, maintenant. Elle était appréciable car elle ne disait pas grand-chose, ne prenait jamais partie pour personne, et se contentait d’exécuter son travail sans rien attendre d’autre. Il fallait plus de personnes comme elle, dans ce genre d’endroits, qui se contentaient de mener leurs tâches à bien et ne se mêlaient pas du reste, gardant pour elle réflexions et sentiments. C’était un véritable gage d’efficacité. Même si elle en restera pas suivante encore longtemps, hélas, car elle avait déjà manifesté son désir d’arrêter bientôt. Elle voudrait aller travailler avec son fiancé, en ville, concrétiser leur projet de famille et d’enfants.

Les envies, projets et pensées de Leia étaient tout autre, très éloignés de ce tout ce qui se rapportait, de près ou de loin, à une vie qu’on pourrait qualifier de normale. Dans le fond, pour être tout à fait honnête, elle aurait préféré que ce soit bel et bien les Rebelles qui aient tenté d’attaquer, durant la cérémonie. Cette arrivée impromptue avait été un rappel brûlant que plus personne ne pouvait être à l’abri de quoi que ce soit, par la faute de ces failles, que tous les sensitifs pouvaient être jetés absolument n’importe où, à n’importe quel moment, et perturber la vie de chacun sans crier gare. Qu’ils pouvaient, à tout moment, se retrouver confrontés sans préparation à un être dangereux au possible. Un Sith on ne peut plus destructeur, comme l’avait été Plagueis, par exemple, tout était possible. Jusqu’alors, c’était la pire option qu’elle ait pu envisager, cependant, jamais Leia n’aurait supposé qu’une enfant puisse montrer un tel pouvoir. Un pouvoir naturel ou avait-elle été manipulée par le biais d’expérience ? Ça, la jeune femme l’ignorait encore. Si la première option s’annonçait juste…. Qui, cela dit, tenterait de manipuler de la sorte un enfant de cet âge, et dans quel but ?

Ce qui étonnait le plus Leia, au-delà de ce pouvoir, restait quand même l’âge de la gamine en question. Une enfant, une simple enfant, même possédant un grand pouvoir, était obligatoirement bien moins entraîné que deux Siths adultes et en pleine forme ! Scourge était vieux, si elle avait bien compris, et il avait pourtant dû faire avaler des litres de calmant à la fillette pour la maintenir calme, la traiter comme si elle était une sith très dangereuse et mortelle, alors même qu’on parlait d’une fillette de douze ans… Takara, c’était même pire, elle avait été envoyée au tapis, purement et simplement. Par une enfant. Même pas une adolescente, une enfant. Une famine. Haute comme trois pommes, aussi grosse que son petit doigt, qui venait juste de débarquer par une faille dans un temps qu’elle ne risquait pas de connaître. C’était incompréhensible ! Comment deux personnes bien entraînées avaient pu avoir du mal à maîtriser une fillette ? Derrière elle, la voix de Mira s’éleva soudainement, indiquant qu’elle avait terminé et lui souhaita une belle soirée. Leia lui rendit le salut, se retournant brièvement, avant que sa suivante ne sorte.

Comme si Takara avait attendu derrière la porte, elle se manifesta à peine quelques secondes plus tard. Leia aurait pensé qu’elle serait plutôt revenue à l’infirmerie, ce qui aurait été bien plus prudent et raisonnable. Se prendre un mur à cette vitesse et avec cette force ne pouvait faire du bien à personne, dans cette galaxie, surtout lorsqu’on ne portait rien d’autre qu’une simple robe, pour amortir le choc. Lorsqu’elle vint la rejoindre, dans la pièce, Leia lui confirma d’un signe de tête qu’elles étaient seules, un peu agacée de la voir quand même debout alors qu’elle n’était pas entièrement remise.

– Assis-toi…

Le ton ne souffrait pas de protestation, franchement, cette discussion aurait pu attendre qu’elle soit mieux soignée. Mais soit… La Sith devrait pourtant savoir qu’une blessure mal gérée pouvait très vite tourner au cauchemar et avoir des conséquences bien lourdes par la suite. Avant de s’asseoir elle aussi, elle versa dans des tasses un thé bien chaud que Mira avait laissé, puis donna une des tasses à Takara. C’était un thé qu’ils faisaient pousser sur la planète, au pied des montagnes, et qui avait des vertus apaisantes.

– Vader et son équipage viennent de repartir en emmenant l’enfant, commença-t-elle par dire une fois installée. Le calme est revenu, dans la cité et ailleurs, même si une présence militaire serrée a été laissée en orbite de la planète et dans les alentours du palais.

Petit soupir, ce n’était pas une situation qu’elle appréciait beaucoup, enfin, il lui faudra faire avec. Son regard se porta ensuite de nouveau sur Takara, évaluant d’un coup d’œil son teint plus pâle et la posture plus crispée. Ce n’était quand même pas possible…

– Comment une fillette d’à peine douze ans a-t-elle réussi à te mettre dans cet état ? D’où sort-elle ? Même si elle possède un grand pouvoir, tu restes la plus entraînée. Comment peut-elle être si dangereuse à cet âge ?

Le visage de Takara s’ouvrit d’abord légèrement lorsque Leia lui confirma qu’elles étaient seules et que personne ne pouvait être en mesure de les entendre ou de commenter ce qui pourrait l’être. Le regard de la rousse glissa en effet habilement de haut en bas pour observer la reine qu’était son élève, plus dans une volonté d’analyse purement professionnelle et méthodique que pour profiter de la vue qui lui était offerte. La sith n’avait de toute façon pas la tête à ça, cette journée ayant été bien trop contrariante et épuisante mentalement pour n’avoir ne serait-ce qu’une once de de pensée déplacée, même si Takara se sentait soulagée de constater qu’effectivement, et conformément à ce qui lui avait été rapporté, Leia se portait bien et n’avait pas été mise en danger ; non pas qu’elle eut craint grand-chose avec la présence de Vader à ses côtés, comme quoi malgré les apparences et son agacement, Takara était attentive à son bien-être. Evidemment, Leia était parfaitement capable de se débrouiller seule dans la plupart des situations, mais celle-ci était justement loin d’être ordinaire. La sith ne remarqua l’attitude agacée de Leia que lorsque celle-ci brisa le silence d’une demande faite sur un ton qui se voulait sec et indiscutable. Son regard, aussi, qui se confronta à celui de la rousse qui, sourcils froncés, venait encaisser la demande avec un soupir agacé et un air crispé, refoulant au fond de son esprit la réplique assassine et totalement injustifiée qui avait à cet instant manqué de s’échapper de ses lèvres. Elle n’était pas dans le meilleur des états pour s’entendre donner un sermon, l’agacement étant sans doute l’émotion la plus perceptible si Leia s’était donné la peine de s’y intéresser. Surtout que dans un lieu clos et privé comme celui-ci Takara n’était plus la servante docile et attentionnée sensée se conformer aux demandes de sa reine, mais bien à la fois l’égale de cette dernière sur le plan sentimental doublée de sa professeure, si bien que l’impression qui dominait chez elle à cet instant précis était clairement lisible sur ses lèvres et les traits soudainement plus fermes de son visage.

L’envie de lui dire que tout allait bien était grande, et ce même si Takara avait pleinement conscience que ce n’était pas tout à fait le cas. Elle se sentait beaucoup mieux physiquement mais savait avoir besoin d’encore un peu de repos mais sa fierté et son égo lui dictait tout autre chose et l’incitait au contraire à faire face. La sith se plia néanmoins à l’exigence pour ne pas déclencher une discussion puérile qui risquait à n’en pas douter de mal tourner et s’installa doucement dans le riche et large sofa qui venait quelque peu cercler la table basse du petit salon qui juxtaposait l’antichambre par laquelle elle était arrivée. La rousse prit méthodiquement soin que la robe qu’elle portait plus de force que de gré ne venait pas se plier ou se chiffonner, avant d’envisager pendant un instant de se déchausser de ses fins talons qui, même si peu pratiques ne la dérangeaient pas d’ordinaire, venait de part la posture qu’elle était ainsi forcée d’adopter, provoquer cette douleur légère mais piquante qui la tiraillait depuis son réveil lorsqu’elle se tenait debout. Elle se ravisa néanmoins en se rappelant que ce n’était pas raisonnable d’être éventuellement découverte ainsi dans les appartements de la reine, dans un non-respect de la bienséance et du protocole… Ah le protocole, elle avait là aussi envie de se débarrasser de cette contrainte qu’elle avait pourtant volontairement accepté quelque temps plus tôt sur Coruscant pour renforcer la couverture justifiant sa présence aux côtés de celle qu’elle était censée protéger et entrainer.

Elle poussa un nouveau soupir, cette fois-ci pour évacuer tout le stress et la frustration accumulée jusque-là tandis que Leia venait servir le thé que Mira, la suivante que la rousse avait vu sortir, avait probablement fait en son absence, dans un inversement des règles protocolaires qui aurait sans doute fait bondir tout le palais. Un geste que Takara apprécia, si bien qu’elle accepta la tasse avec un air plus détendu bien que légèrement crispé par les légères pointes de douleurs qui venait irrégulièrement titiller son abdomen. La sith regarda ensuite Leia s’installer non loin d’elle et tenta alors de se préparer au sermon qu’elle pensait qui allait lui être donné, à savoir qu’elle n’aurait jamais dû prendre ces risques, qu’elle aurait dû se reposer bien gentiment pendant que le peau rouge s’occupait de l’enfant, enfant qui était pourtant extrêmement dangereuse et qui pouvait saccager sans le savoir tout ce qu’elles espéraient accomplir ici… Mais non, Leia fit le choix d’une toute approche, et d’un tout autre discours qui soulagea le léger haut le cœur qui était venu saisir la sith jusqu’aux tripes à l’idée de répondre à ce genre de reproche sans parvenir à contrôler son flux de parole. Néanmoins, si le sujet ne venait pas toucher à son amour propre, il venait mettre en valeur d’autres problèmes que Takara n’avait hélas pu éviter et qui pourrait, peut-être, leur porter préjudice à l’avenir.

« Je sais. » répondit-elle sèchement, non sans amertume en contemplant le thé fumant.« J’étais avec Scourge lorsqu’il a reçu l’ordre de faire transférer la gamine sur Coruscant, pour que Palpatine puisse l’étudier. J’imagine que cet imbécile à dû rapporter son arrivée malgré sa connaissance du sujet. Je le pensais plus intelligent. »

Evidemment, elle ne pensa pas à l’hypothèse tout aussi possible que Vader soit l’instigateur de tout ce chamboulement, très probablement aveuglée par l’aversion qu’elle portait pour le peuple donc le sith qui lui avait pourtant probablement sauver la vie. Son esprit était tellement focalisé sur le sang-pur qu’elle estimait responsable que la rousse ne réagit pas à l’évocation de la présence militaire impériale renforcée qui risquait là aussi de contrarier sur le court et moyen terme la prise de pouvoir et d’autorité de Leia, et donc accessoirement, peut-être, ralentir leurs plans communs. Cela pouvait attendre, de toute façon. Le sort de la fillette était plus inquiétant et les questions de Leia, plus gênantes. Takara lui jeta un regard vague avant de se pencher légèrement en avant pour se saisir de sa tasse fumante pour la porter à ses lèvres et tenter de ravaler son égo et sa fierté en même temps qu’une gorgée de thé. Il ne fallait pas que cette affaire ne vienne remettre en doute sa position d’enseignante et de guide vis-à-vis de Leia. Takara avait aussi peur, au plus profond d’elle, que cela ne puisse affecter le reste de leur relation, bien qu’elle fût trop fière pour ne serait-ce que l’admettre. Elle déglutit une nouvelle fois puis resta silencieuse le temps de poser sa tasse et de refouler par la Force une nouvelle complainte de son corps, encore un peu. Puis elle se tourna finalement vers Leia, une jambe croisée par-dessus l’autre.

« Tu te souviens de son arrivée sur la place, je t’ai dis que je m’occupais de la situation et Scourge m’a emboité le pas parce qu’il a dit reconnaitre la signature de la fillette dans la Force, une fillette venant de son époque et dont il m’avait conté le futur, à peu près au même moment que notre propre première véritable entrevue. » La rousse marqua une pause, nul doute que l’évocation temporelle de leur première rencontre privée à toutes les deux permettrait à Leia de recontextualiser à quel moment Takara avait pu discuter avec le sang pur.« Lorsque nous sommes arrivés à hauteur de l’incident, les gardes étaient déjà parvenus à maitriser la situation mais Scourge m’a confirmé son identité. Elle s’appelle Vaylin, et était terrifiée. Il n’aurait pas fait bon ménage de la laisser déchainer son pouvoir jusqu’alors supposé au milieu de la foule, au milieu de ton moment, de ton couronnement. »

Elle marqua une pause après avoir bien appuyé sur ses derniers mots. Oui, Takara n’avait pas fait ça pour la foule en réalité, mais pour Leia. Elle avait pris ce risque pour elle, et pour leurs projets, et uniquement pour cela, dans un mouvement purement égoïste pour les autres, car dans d’autres circonstances elle aurait très certainement agi différemment.

« Pour cela il fallait l’éloigner, et le seul moyen de l’exfiltrer sans heurts et sans détourner plus encore l’attention de la foule loin de ton instant était encore de la rassurer, de l’apaiser, et accessoirement, de la prendre dans mes bras pour l’éloigner. Elle a semblé accepter ma présence et j’ai baissé ma garde. Je n’aurais pas dû. Une fois à la préfecture, je l’ai gardé dans mes bras pour continuer de la rassurer mais lorsque nous avons évoqué qui elle était et où elle était désormais… Elle a perdu le contrôle de son pouvoir et l’a déchainé sur la première personne qui se trouvait devant elle, et étant dans mes bras, ce fut moi. »

Elle finit son résumé avec une nouvelle pointe d’amertume et une nouvelle gorgée de thé pour tenter d’oublier que c’était sa faute si elle avait fini dans cet état. Sans s’en rendre compte, sa main libre s’était portée à sa poitrine, comme pour signaler inconsciemment à quiconque regarderait que c’était là qu’elle avait été profondément atteinte par cet évènement. Que c’était là que les dégâts avaient été causés. La finalité était que Takara n’aurait jamais dû baisser sa garde, même devant une enfant qui semblait alors inoffensive et effrayée. Ça et le fait qu’elle n’avait peut-être pas totalement prit Scourge au sérieux au sujet de ce Vitiate, de ses enfants, et de leurs pouvoirs. Désormais, toute cette histoire était marquée au fer rouge à la fois sur son corps et dans les profondeurs de sa mémoire. Elle n’oublierait pas.

« Je n’ai tout simplement pas pu réagir. Voilà comment elle m’a eu. Ce n’était pas une question d’expérience, seulement de contexte. » Elle grimaça. Oui, nul doute que les choses se seraient passé différemment si elle n’avait pas tenu Vaylin dans ses bras.

C’était évident. Ce n’était qu’une enfant, avec un potentiel inimaginable, certes, mais une enfant tout de même. Et dire qu’elle avait pensé pendant un instant qu’il était possible de l’entrainer… Ah, qu’elle avait été sotte de penser une telle chose. Désormais tout ceci n’était plus de son ressort, mais c’était bien là tout le problème.

« Pour répondre à ta dernière question, le pouvoir et la puissance que possède cette fille ne serait pas anodin. D’après Scourge, elle serait la fille d’un puissant sith qui a dévasté la galaxie il y a des millénaires de cela, de son vivant, et qui a pendant un temps été présent dans ce temps avant d’être, selon ses dires, renvoyé dans son époque. Il m’a beaucoup parlé de lui et semblait vraiment le craindre. J’ignore si ce nom te parle, ou plutôt ces noms puisqu’il qu’il en avait soit-disant plusieurs.

Apparemment, de ce que j'ai retenu, il se ferait parfois appeler Tenebrae, Valkorion, ou encore Vitiate…

A cette heure, et après une telle journée, peu devraient se montrer ou demander une entrevue, c’était un très bon point et qui la soulageait assez. Les autres suivantes n’avaient pas plus de raison de venir désormais, elles étaient seules et tranquilles. Sa tasse en main, elle écouta Takara reparler tout d’abord des circonstances de l’incident, du nom de la fillette que lui avait rapidement donné Vader lors du bal, du fait que Scourge également connaissait cette enfant. A vrai dire, ce qui impressionnait surtout Leia, c’était bien qu’un tel pouvoir puisse être déchaîné, involontairement mais tout de même, par une enfant aussi jeune. Ne jamais se fier aux apparences, n’est-ce pas… Voilà bien la leçon du jour, pour tout le monde. Ne jamais croire à l’innocence présumée d’une personne, même une fillette haute comme trois pommes et si frêle, car rien ne pouvait jamais leur garantir ce qui se cachait dessous. S’il fallait même se méfier des gamins, désormais ! Si la jeune femme comprenait très bien ce qu’avait voulu Takara sur le moment, elle ne comprenait en revanche pas pourquoi elle n’avait pas senti le pouvoir de la petite, prêt à exploser. Peut-être ne l’avait-elle pas pu ? Si tout avait été bien trop soudain. Ou bien peut-être n’était-ce que parce qu’elle avait baissé son attention, comme elle le disait.

Au vu de sa posture et de ses gestes, Leia songea qu’elle aussi n’était pas près d’oublier cette histoire et que la prochaine fois se passera bien différemment… A présent, cette fillette était en route pour Coruscant, peut-être même déjà arrivée. Leia n’était pas certaine qu’envoyer une enfant, avec ce potentiel monstrueux, dans les bras de Palpatine soit une si belle idée. Il serait capable d’en faire une arme affolante. Ou bien de l’enfermer quelque part car elle était trop incontrôlable ? Elle hocha doucement la tête lorsque sa compagne conclut cette première explication, se retenant de souligner qu’elle aurait dû se reposer avant de venir ici. Pas envie d’enclencher le moindre débat ou dispute ce soir, c’est bon, la journée avait été assez longue pour tout le monde. A la place, elle prit un instant pour respirer doucement l’odeur, assez forte, du thé, à la fois pour s’apaiser et s’éclaircir les idées. Un couronnement tout à fait charmant, vraiment, elle aurait encore préféré que ce soit les Rebelles qui viennent mettre la zone.

– Pour répondre à ta dernière question, le pouvoir et la puissance que possède cette fille ne serait pas anodin. D’après Scourge, elle serait la fille d’un puissant sith qui a dévasté la galaxie il y a des millénaires de cela, de son vivant, et qui a pendant un temps été présent dans ce temps avant d’être, selon ses dires, renvoyé dans son époque. Il m’a beaucoup parlé de lui et semblait vraiment le craindre. J’ignore si ce nom te parle, ou plutôt ces noms puisqu’il qu’il en avait soit-disant plusieurs. Apparemment, de ce que j'ai retenu, il se ferait parfois appeler Tenebrae, Valkorion, ou encore Vitiate…

Leia prit un instant pour y réfléchir, fouiller dans sa mémoire afin de se rappeler si un de ces noms avait déjà été prononcé devant elle. Elle avait côtoyé ou croisé peu de Siths… Palpatine, bien sûr, Takara, Vader, Scourge peu de temps, Lunariss une fois ou deux, et d’autres vu seulement durant la réunion, mais ce type ne s’y trouvait pas. Plagueis, bien sûr, mais elle ne voulait pas repenser à ce cinglé. Durant le conclave de la pandémie, il y avait quelques types installés proches de l’Empire, qu’elle ne connaissait pas, donc elle serait incapable de dire si ce type en avait fait partie ou non. Et si c’était le cas, il n’avait pas lâché un seul mot et ne s’était pas présenté. Elle finit donc par secouer légèrement la tête, en signe de négation. Aucun de ces noms ne lui était familier.

– Un Sith qui inquiète Scourge, j’imagine que ça ne doit pas être n’importe qui. Un destructeur de galaxie, donc, comme si nous n’avions pas déjà eu notre dose avec le cinglé des virus et pandémies.

Comme à chaque fois, une vive et habituelle pointe de haine et de dégoût perçait en elle dès qu’elle repensait à ce malade mental. La question était, maintenant, pouvait-on faire pire que la peste ? Allaient-ils avoir la joie du choléra ? Elle reposa sa tasse sur la table entre elle, devant les canapés, la gorge un peu trop serrée pour continuer à boire, puis se réinstalla plus confortablement. Il faudrait vraiment que les Siths adoptent le même point de vue que les Jedis au sujet de la famille, du mariage et des enfants. Cessez de martyriser cette pauvre galaxie pour rien.

– Qui est ce type, exactement, et qu’a-t-il fait ? Il a lui aussi voulu détruire des mondes à coups de virus ou avec des guerres ?

Il était certain, en effet, que Takara n’oublierait pas cet incident. Une vive pointe d’agacement et de haine perça en elle à la simple pensée de cet évènement. Elle s’était faite avoir une fois, chose qui ne se reproduirait pas. Cette petite gamine n’aura pas l’occasion d’ouvrir la bouche la prochaine fois qu’elle la croisera, si elle la recroise ne serait-ce qu’un jour. La sith espérait juste que Leia ne chercherait pas à surenchérir sur le sujet, Takara ayant eu assez de temps pour se poser elle-même la question et la retourner dans son esprit. Elle avait failli pendant quelques secondes et en avait payé le prix. Point final. Sa compagne n’en fit rien, à son grand soulagement, et Takara prit une nouvelle gorgée dans sa tasse avant de poser de nouveau celle-ci sur la table. En voyant Alderaan la première fois, la rousse avait pensé qu’elle pourrait peut-être avoir la paix pour travailler sur ces projets. Le retour à la réalité était difficile à digérer, à croire qu’elle avait un don pour attirer les monstruosités. Dreypa d’abord, et maintenant cette fille haute comme trois pommes auréolées d’un passé destructeur. Voir Leia agiter légèrement la tête en négation à son interrogation était au moins encourageant, car il y aurait moins de chance que cette abomination vienne leur rendre visite de cette façon si celle-ci était encore dans ce temps. Quoique vu ce qui s’était passé avec sa fille…

Takara agita légèrement la tête et se mordit la lèvre inférieure pour rapidement chasser cette pensée. Il n’était plus de ce temps, de toute façon.

« J’ai l’impression en effet que les destructeurs étaient légions dans le passé. Bien avant l’époque d’où je viens moi-même. »

La nouvelle série de questions de Leia était attendue et Takara lui offrit un léger sourire en retour. Par sympathie tout d’abord, puis par pur instinct lorsqu’elle sentit l’agitation passagère de sa compagne, dont elle surveillait toujours l’aura en permanence, du moins lorsque cela lui était possible. La rousse étendit ses jambes pour se détendre les genoux, cette entrevue risquant de durer plus longtemps qu’elle ne l’avait prévu. Son regard émeraude glissa vers un des meubles où était posé une horloge et avisa l’heure bien avancée. Il était fort peu probable que quelqu’un ne vienne les déranger désormais. A cette réalisation Takara prit le soin de se déchausser de ses escarpins, libérant chaque pied avec l’assistance de l’autre, avant de poser sur le sol ses talons libérés de leurs entraves. La rousse prit alors le soin de se mettre plus à l’aise dans le sofa et tira délicatement sur l’extrémité de sa robe blanche pour la rajuster.

« Encore une fois, ce que je sais ne provient que de Scourge, après que j’ai piqué sa curiosité lors de la dernière réunion. Nous avons eu une longue discussion au sujet de cet individu, de sa famille et de son époque. Les archives impériales sont en contrepartie bien pauvres en renseignement, bien que je comprenne l’intérêt de l’Empereur à vouloir enterrer le passé à jamais. »

Takara attrapa sa tasse d’une main, avec bien moins de tact et de protocole que la dernière fois et trempa une nouvelle fois ses lèvres dans le thé pour s’hydrater.

« Te le décrire me sera bien difficile. Je ne l’ai jamais croisé, ni vu de mes propres yeux. Ce doit néanmoins être quelqu’un de difficile à rater, que ce soit par son aura, ou même son attitude. »

La rousse reposa finalement à nouveau la tasse et passa une main distraite dans sa chevelure, puis se racla la gorge. Leia avait demandé à savoir et Takara ne comptait pas lui cacher la moindre chose, bien que ce certaines parties de Scourge étaient désormais un peu confuses dans sa mémoire. Plagueis avait tenté de s’en prendre à la galaxie avec une arme aux résultats bien trop aléatoire, mais possiblement redoutable. Dreypa avait tenté de s’approprié Kesh et la Galaxie à l’aide de bête monstrueuses et du Côté Obscur de la Force. Vitiate était bien pire encore.

« Scourge s’est plutôt attardé sur ce qu’il a fait pour devenir celui que certains ont connu. Il m’a dit que l’histoire de Tenebrae commence bien des siècles plus tôt, et qu’il a hérité d’une véritable puissance dès sa naissance un peu à la manière de sa fille Vaylin. Lui, cependant, parvînt à dompter cette énergie pour la mettre à son profit. D’individu insignifiant sur un monde reculé, il a rapidement gagné en influence et à atteindre un certain rang. Le récit devient alors un peu flou mais Tenebrae, qui se faisait désormais appeler Vitiate, parvint à la suite de l’échec des Sith dans leur guerre contre la galaxie, à attirer les survivants sur son monde et, à l’aide d’un rituel obscur, à prendre entièrement le contrôle de leurs esprits. Il performa alors un nouveau rituel plus abominable encore, dont le seul but aurait été de lui faire transcender sa plus grande peur, celle de la mort. A l’aide de ce rituel, il aurait absorbé toute vie sur la planète, et je dis bien toute, pour son seul profit et ainsi atteindre une forme d’immortalité. »

La rousse s’attarda au mieux sur les détails, notamment le fait que le rituel de Vitiate n’incluait pas une poignée de Sith mais une masse considérable, ce qui en disait long sur ses capacités de contrôle mentale et la puissance brute qu’il était capable de réquisitionner pour atteindre ses objectifs. Takara, en comparaison, ne connaissait personne dans la Tribu capable d’un tel pouvoir… Elle doutait d’ailleurs d’être capable de résister à pareil contrôle, et ce même avec la méthode dont Scourge lui avait parlé pour se protéger de Tenebrae. Prenant sa respiration, la rousse enchaina sur les complots dont lui parla Scourge et la manière dont les Sith se préparaient en secret à la guerre pendant des siècles. Le fait que Scourge, aussi, avait été immortel, don offert par Vitiate lui-même et qui en disait long là encore sur ses capacités.

« Comme d’autres avant lui, Vitiate a construit la puissance de son Empire des Sith dans le secret, loin du regard de la galaxie. Puis lorsqu’il estima être prêt, a jeté ses pions à la conquête de celle-ci. Sur ce point, il n’est pas bien différent des autres, si ce n’est qu’il était mieux préparé à une telle entreprise. Comme tout bon Sith qui se respecte, il cacha le véritable but de cette invasion, et de la grande guerre qui s’en suivit. Officiellement, il était probablement question d’asservissement et de domination. Officieusement, il était bien plus obscur. »

Bien plus obscur en effet. Si Vitiate venait à réapparaitre, elle devrait lui cacher l’existence de la Tribu ou il serait bien capable de partir à leur recherche, les asservir et les utiliser à son propre compte. Takara ne pourrait pas se le permettre, ni même se le pardonner. Kesh ne pouvait pas suivre le même destin funeste que Medriaas ou Ziost.

« Scourge a fait allusion à une volonté de faire subir à la galaxie le même sort qu’il a réservé à son monde natal. La mort de toute vie pour sa propre essence. Scourge et des Jedi parvinrent à s’interposer une première fois, avant de découvrir que Vitiate n’est pas qu’un individu. C’est… »

C’était une chose, quelque chose d’indescriptible et d’incompréhensible pour le commun des mortels. Takara s’interrompit un instant pour chercher les bons mots, se mordant de nouveau la lèvre inférieure en signe de réflexion.

« C’est plus comme une entité capable de s’approprier le corps d’autrui, de se l’approprier et d’y laisser son essence. Si bien que le seul moyen de le tuer serait de tuer tous les corps qu’il a lui-même possédé. J’imagine que dans son temps, ils y sont parvenus. Vitiate n’est donc pas qu’un destructeur. C’est un dévoreur. Une entité que la galaxie ne peut se permettre de voir exister. Plus que ces rituels, c’est sa capacité à s’insinuer, plier et supprimer l’esprit d’autrui, en masse, qui m’inquiète le plus. Qui sait ce que cet individu pourrait faire, en ces temps troublés… Scourge m’a appris une technique, bien que j’ignore si elle sera vraiment efficace. Celle-là même que nous avons travaillé toutes les deux. »

Leia avait progressé sur ce chemin sur Coruscant, avant leur départ pour Alderaan. Takara n’avait pas encore pu continuer l’entrainement de sa compagne et élève depuis, puisqu’elles étaient arrivées à Aldéra depuis peu. Cette capacité, parmi d’autres, lui serait bien utile contre n’importe qui, y compris Takara elle-même. C’était sans doute pourquoi la sith réfléchissait encore à un moyen de garder, peut-être, une porte dérobée. Les habitudes ont la vie dure, dirons sans doute certains, mais la rousse restait une sith, après tout…

Sans s’en rendre compte, le discours de Takara s’était fait plus détaché et son ton monotone, comme si toutes ces choses n’étaient au final que peu surprenantes de la part de ce genre de personnes. Comme si cela avait toujours fait partie de sa vie.

« Toujours selon Scourge, son histoire ne se résume pas uniquement à cette guerre, qui n’était en réalité rien d’autre qu’une expérience pour lui. Ils retrouvèrent sa trace dans les régions inconnues, à la tête d’un nouvel Empire appelé Zakel, et sous une nouvelle identité : Valkorion. Avec des enfants, également. Trois, pour être exact. »

Elle prit le temps de lui dire ce que Scourge lui avait décrit, n’ayant là encore pas vécu les évènements elle-même. Takara lui parla aussi de cette femme dont Scourge lui avait parlé sans jamais lui donner son nom, probablement pour la protéger. Une soit-disante Jedi capable de défaire Valkorion, et que Scourge avait attendu pendant des siècles, tissant la toile de son complot en silence. Puis elle essaya d’expliquer au mieux ce qu’elle savait du sort des enfants, en commençant par Arcann, puis Thexan, et enfin Vaylin…

« Arcann puis Vaylin tentèrent de s’approprier la galaxie, en régnant de façon destructrice. Tout comme leur père, en soi. Juste de manière différente. Plus… primitive, si l’on peut dire. »

La question revenait, habituelle, persistante… Était-ce vraiment le Côté Obscur qui corrompait les gens à un tel point ou ces personnes étaient-elles déjà perdues depuis longtemps et l’obscurité n’était alors qu’une arme supplémentaire mise entre les mains ? Pour le dire d’une autre façon, le mal était-il déjà ancré chez une personne dès sa naissance, était-il irrémédiablement lié à son destin, ou bien n’était-ce là qu’une chose se développant comme une maladie, plus tard, dans la vie d’un individu ? D’où venait le mal, somme toute… ? Pourquoi certains en étaient-ils plus emplis que d’autre ? Pour elle, ce n’était pas juste une histoire d’éducation, elle en était après tout la preuve vivante, comme tant d’autres à travers la galaxie. Ce qui le faisait penser, dans ce cas, que le destin, ou la Force, jouait un rôle là-dedans. Une pensée qui n’était pas très rassurante. Pendant que Takara se mettait plus à l’aise, Leia restait plongée dans cette réflexion, sans fin et sans réponse. Elle pensait à son père, à son frère. Elle-même tournée vers le côté obscur, son jumeau résolument attaché à la lumière, leur père déchiré et troublé entre les deux. Avaient-ils tous été « condamnés » avant même leur naissance ?

La reprise de parole de sa compagne la fit sortir de cette réflexion, un repris qui commença assez douteusement, d’ailleurs. Si les informations qu’elle possédait ne venaient que de Scourge, étaient-elles vraiment fiables ? Non pas que Leia ait quoi que ce soit contre le Sith personnellement, cependant, elle ne savait rien de lui et ne pouvait donc lui accorder la moindre confiance tant que ce sera le cas. Déjà qu’elle avait du mal à donner toute sa confiance à ceux qu’elle connaissait bien… Une légère bile amère lui remonta en bouche à cette pensée, qu’elle ravala avec peine. Elle s’attendait à entendre le récit sur un nouvel être complètement ravagé et avide destruction, de mort de souffrances, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle ne fut pas déçue. Imaginer qu’une personne puisse naître avec une telle réserve de pouvoir et de puissance, c’était terrifiant, il n’y avait pas d’autre mot. Comme si la Force décidait soudainement de cracher à la gueule de la galaxie en leur lançant ça dans les jambes, à tous, puis en s’extasiant ensuite avec le spectacle. Concevoir, et surtout accepter, qu’un seul homme puisse déployer une telle puissance était presque impossible. Et comment résister à ce type de puissance brute ?

Guerres, complots, préparations secrètes, conquêtes… Tout cela sonnait très familièrement à ses oreilles, les Siths de cet acabit, puissants et dangereux, étaient bien tous les mêmes. Ils cherchaient la domination, le pouvoir, le contrôle ! Le seul qu’elle avait vu déroger à cette règle, pour le moment, était Plagueis. Il n’avait pas cherché la domination mais l’annihilation, c’était très différent et ça le rendait, à ses yeux, plus dangereux et malsain que ne pouvait l’être Palpatine. Au moins, ce dernier ne cherchait pas à exterminer toute vie dans la galaxie mais à asseoir son contrôle dessus. Ce qui était… Mieux ? Alors que ce Vitiate, visiblement, entrait dans la catégorie des Siths nihilistes. Ô joie. Elle eut des sueurs froides en s’imaginant, tout à coup, une collaboration entre Vitiate, possédant un si grand pouvoir et une puissance absolue, et Plagueis, avec ses idées et son génie destructeur. Deux nihilistes de ce genre collaborant ensemble et cette fois, la galaxie aurait été complètement perdue, sans l’ombre d’un doute… Merci à la Force que ça n’ait pas eu lieu, mieux valait que des Siths de ce genre ne puissent jamais se rencontrer, même par accident.

– C’est plus comme une entité capable de s’approprier le corps d’autrui, de se l’approprier et d’y laisser son essence. Si bien que le seul moyen de le tuer serait de tuer tous les corps qu’il a lui-même possédé. J’imagine que dans son temps, ils y sont parvenus. Vitiate n’est donc pas qu’un destructeur. C’est un dévoreur. Une entité que la galaxie ne peut se permettre de voir exister. Plus que ces rituels, c’est sa capacité à s’insinuer, plier et supprimer l’esprit d’autrui, en masse, qui m’inquiète le plus. Qui sait ce que cet individu pourrait faire, en ces temps troublés… Scourge m’a appris une technique, bien que j’ignore si elle sera vraiment efficace. Celle-là même que nous avons travaillé toutes les deux.

Mmh… Leia laissa échapper un air incrédule, très peu convaincue que ce genre de travail ait la moindre efficacité contre un type comme Vitiate. Contre un Sith moins, disons, moins versé dans cette « science », peut-être, mais contre lui ? Elle reprit enfin sa tasse de thé, un peu refroidie, pour boire un peu et faire passer l’appréhension lui serrant la gorge, depuis le début de cette explication. Takara poursuivait, de son côté, paraissant d’un coup, presque blasée. La nouvelle et jeune reine ne pouvait pas lui jeter la pierre à ce sujet, elle-même ne trouvait rien de bien étonnant à tout cela, même si elle se sentait effrayée par avance à l’idée de devoir un jour faire fac à ce type d’individu. Vitiate ou un autre. Des nihilistes. Et donc, des Jedis avaient enfin pu abattre le monstre ? Et qu’est-ce qui pouvait bien leur garantir qu’il n’était pas toujours présent dans ce temps, occupé quelque part à monter ses machinations ? Sa fille était là, après tout… Quant à ses deux frères, leurs sorts respectifs ne la surprirent qu’à peine. Les enfants d’un tel seigneur Sith ne pouvaient évidemment pas espérer avoir une vie normale ou tranquille.

– Arcann puis Vaylin tentèrent de s’approprier la galaxie, en régnant de façon destructrice. Tout comme leur père, en soi. Juste de manière différente. Plus… primitive, si l’on peut dire.

Charmant. Donc un père destructeur, une mère dont… on ne savait absolument rien, ni qui elle était, ni par quel miracle elle avait pu donner trois enfants à ce monstre, ni ce qu’elle était devenue, l’un des jumeaux mort jeune, l’autre devenu cinglé, et une fille débordante de pouvoir comme son très cher papa, et ce qui était bien pire, qu’elle ne contrôlait absolument pas. Leia termina rapidement le contenu de sa tasse de thé, puis fit doucement tourner la tasse entre ses mains.

– Je comprends mieux… Avec un père comme celui-là, un enfant grandit soit en devenant complètement névrosé, soit en devenant taré, il ne peut pas y avoir d’autres options.

Petit soupir… Ce n’était pas de la peur qu’elle éprouvait, vis-à-vis de ces gamins, mais plutôt une profonde pitié. Une âme charitable aurait pu les enlever dès leur naissance, si cela avait été possible. Au lieu de ça, elle imaginait très bien leur père les élever en parfaites petites armes, ne servant que ses propres intérêts, voire en prenant un fort contrôle mental sur eux en cours de route.

– Sans vouloir remettre en cause la qualité de ton entraînement, je me demande si ça suffira vraiment à résister. Contre un Sith plus ordinaire, bien sûr, mais contre ça ? Et ce Vitiate a sûrement dû appliquer son contrôle mental sur ses propres enfants. Si jamais il est toujours dans cette galaxie, quelque part, et qu’il entend parler de ce qui s’est passé ici, il peut très bien revenir et récupérer sa gamine. Pour en faire une arme… Il n’aurait jamais fallu qu’elle soit envoyée sur Coruscant. Mais la garder ici, nous ne pouvions pas non plus.

Un autre soupir lui échappa, agacé, celui-ci. En réalité, ce qui aurait été bien, ça aurait de refiler la mioche aux Jedis… Et ce n’était pas possible non plus…

– Celui qui est mort le premier, là, Thexan, il était aussi siphonné que son frère et sa sœur, je suppose ? Ou bien, comme pour mon frère, il y en a au moins un des trois qui ne succombe pas au côté obscur ?

Takara ne sembla pas ciller aux propos de sa compagne, si ce n’est peut-être un léger froncement de sourcils, et ce parce que la sith prenait la remarque concernant la qualité de son entrainement comme un reproche, même si ce n’avait pas été la volonté de Leia. Son agacement en cette soirée était avéré, bien qu’elle eût réussi jusque-là à plutôt bien le cacher aux autres, exception faite de Scourge et de la gamine. La sith n’y pouvait rien si certaines personnes avaient été bénies d’un pouvoir immense par la Force dans les temps passés, et elle n’y pouvait rien non plus si ces gens pourtant morts faisaient de nouveau surface dans cette époque. C’était comme ça et elles devraient faire avec, quitte à trouver des astuces pour se prémunir de ces nouveaux dangers. Takara devrait sans doute réfléchir à des moyens non létaux désormais, chose qui lui avait rarement été demandé par le passé, si ce n’est pour l’arrestation de Parlan, il y a de ça fort longtemps maintenant. De moyens non-létaux mais néanmoins restrictifs, au cas où la situation venait de nouveau à l’exiger puisqu’à ses yeux, les drogues utilisées pour calmer Vaylin n’étaient pas assez sécurisants. Elle n’avait cependant pas la moindre piste pour le moment.

Pour le reste, la recette n’était pas compliquée. La protection de l’esprit nécessitait une grande discipline et une introspection régulière pour transformer les barrières de son mental en forteresse imprenable. La Sith avait bien résisté aux invitations de Dreypa à l’époque et n’avait pas de raison de remettre en cause ses capacités. Il en était tout autre de sa compagne, qui savait s’agiter rapidement. Takara n’avait de cesse de remarquer certaines sautes d’humeurs, peut-être plus facilement que n’importe qui après le temps passé à étudier et surveiller l’esprit de Leia, sans jamais toutefois se risquer à s’y frotter en dehors des exercices. Il y avait encore du travail, mais les progrès étaient tout de même notables.

« Rien n’est jamais garanti. L’entrainement doit être répété, encore et encore pour que le principe devienne une routine, automatique. Comme je te l’ai déjà expliqué, la détermination et le mental y sont pour beaucoup dans la capacité à bloqué une telle intrusion. Un roc sans failles ne saura être déstabilisé là où une pierre effritée se désagrégera sous l’effet de la vague. La moindre émotion, la moindre instabilité est une faille prête à être exploitée. »

Sa langue claqua faiblement, elle n’avait pas besoin d’en dire plus pour que Leia comprenne où elle voulait en venir. Rien ne disait d’ailleurs que Vitiate était de retour, si bien que la seule personne qu’elle estimait capable d’un tel pouvoir était l’Empereur lui-même, et ce dernier n’avait pas usé de ces capacités sur Leia. Les autres pourraient sans doute la sonder, tenter d’influencer son jugement en jouant sur ses peurs et ses émotions. Sa compagne devait donc à la fois apprendre à bloquer ces actions lorsque c’était possible, et masquer ses failles au cas où la menace parvenait tout de même à s’insinuer dans son esprit.

Concernant la gamine, la question était encore plus simple. La situation actuelle, cependant, l’était beaucoup moins.

« Cette fille est déjà une arme, qui si nous la laissons se développer, gagnera encore en puissance. S’il n’y avait pas de risques qu’elle puisse revenir pire encore, j’aurais déjà réglé ce problème. »

La froideur qui venait tinter ses propos ne laissait que peu de place à l’interprétation. Elle s’en serait débarrassé, purement et simplement. Que ce soit en la transperçant, en l’égorgeant, la méthode n’avait pas d’importance. Takara se serait libéré de ce fardeau et de ses dangers potentiels. Des risques aussi grands, seuls les abrutis et les naïfs seraient prêts à les prendre. La rousse n’était pas de ce bord mais plutôt méthodique et pragmatique. Si une menace pareille pouvait être éliminée par un moyen, alors il était plus que probable que ce moyen soit moins coûteux que de laisser la menace se développer. Hélas, cette solution facile et appréciable n’était pas disponible dans son arsenal, la faute à ces failles et la volonté impénétrable de la Force sur ce sujet. Si elles avaient eu leurs bons côtés, comme sa présence et Leia, elles venaient également poser de sérieux problèmes. Tuer n’étant pas possible, Takara aurait tout de même préférer garder la gamine près d’elle, où elle aurait pu la surveiller et éventuellement contrecarrer la moindre évolution néfaste. Désormais hors de portée, la menace que représentait Vaylin était tout simplement hors de tout contrôle. Bien sûr, il y avait en effet le risque de voir le père débarquer pour récupérer la gamine, ce qui n’était pas franchement mieux mais vu qu’elles ignoraient si oui ou non Vitiate était toujours présent dans cette époque, cette situation apparaissait comme la moins pire de toutes aux yeux de la Sith. Bref, ce qui était fait était fait, il faudrait faire avec désormais.

Concernant Thexan, Takara ne pouvait pas s’avancer autant qu’elle l’avait fait pour son frère ou sa sœur, bien que la logique voudrait qu’il ait un comportement similaire. Un soupir s’échappa de ses lèvres. Elle allait déjà devoir s’occuper de s’assurer que les rebelles ne soient pas trop influents au Palais et ne tentent rien d’insensés à leurs encontre. Leia ne les avait pas quittés de la meilleure des façons après tout. La rousse ne voulait pas rajouter encore d’autres noms à la liste déjà trop longues de prétendants et autres menaces à surveiller et/ou éliminer.

« Thexan est celui dont j’en sais le moins, si ce n’est qu’il est mort avant les deux autres mais étant donné le caractère de son frère et de sa sœur, la méfiance reste de mise. »

La prudence était mère de sûreté dans cette situation. Tout cela ne reposait que sur le récit de Scourge, bien que Takara ne doutait pas de sa bonne foi à ce sujet. Elle n’avait décelé aucun mensonge chez le peau rouge et le peu d’expérience qu’elle avait eu avec un sith de ces temps perdus ne pouvait que la conforter sur la question. Dreypa était un fou qui était à l’origine de la branche des Sith qui avaient mené à l’existence de Vitiate et à la culture dans laquelle il a baigné étant enfant. Une culture que le peuple de la rousse avait oubliée en arrivant sur Kesh, leur permettant de survivre et de prospérer sur ce monde oublié. Nul doute d’ailleurs que la Tribu devait encore exister si les écrits de son père avaient perduré.

« Quoi qu’il en soit, il faut considérer ces enfants pour ce qu’ils sont. Une menace, tout autant que leur père, si celui-ci est encore de ce temps. Peu importe leur âge, peu importe leur comportement. Hélas, seule la Force sait désormais ce qu’il adviendra d’eux. »

Il n’y avait aucune pitié dans ces derniers propos. Takara avait grandit avec l’idée que c’était elle qui devait forger son destin. C’était elle qui avait décidé quels enseignements suivre ou laisser de côté. Même manipulés, ces enfants restaient ce qu’ils étaient : un danger à ne pas prendre à la légère, et à écarter dès que possible.

C’était beaucoup d’informations en une seule fois. Pour ce genre d’affaires, elle avait l’habitude de garder l’essentiel en tête et de noter, le soir même tant que c’était encore frais, les grandes lignes ou petits détails, afin de pouvoir y réfléchir à tête reposée. Il y avait là tout un monde, tout un univers, dont jamais elle n’aurait pu soupçonner l’existence, lorsqu’elle se trouvait parmi les Rebelles. Des pouvoirs inimaginables. Et terrifiants. Machinalement, elle se gardait déjà, mentalement, dans un coin les plus gros points noirs ayant retenu son attention. Quand bien même il n’y avait pas de réelle chance qu’elle croise ce Sith un jour, en admettant, bien sûr, qu’il soit toujours dans cette époque. Ce qui l’amena à se demander si les Jedis en savaient tout autant, et si oui, comment ils se préparaient, quelles armes existaient, contre les intrusions mentales ou les attaques puissantes. Il devait bien y avoir des… Des sortes d’artefacts, des objets, quelque chose, non ? Ou bien encore, une sorte de prison spéciale, ce genre de choses ? En supposant bien sûr qu’on réussisse à capturer le vieux loup pour le jeter dedans.

Quand au troisième de la fratrie, ce Thexan, sa compagne ne savait donc rien sur lui, mis à part qu’il avait dû mourir plutôt jeune. De quoi, ça… Tué sur un champ de bataille, sans doute, voire tué par son propre père, ce qui ne la surprendrait pas pour un sou. Il était terrible de se dire que de simples gamins pouvaient être eux aussi des armes monstrueuses, pouvant dévaster tout ce qui les entourait sur un simple coup de colère. La Force n’était pas héréditaire, pourtant, en tout cas pas qu’elle sache, pourtant, ces gosses avaient hérité du pouvoir et de la folie de leur père ! La gamine, en tout cas, Leia ne pourrait pas dire ce qu’il en était des deux autres. Elle ferma les yeux durant un instant, coude contre le canapé et main contre son front. Tout cela la dépassait, elle devait bien l’admettre. Des hommes accumulant assez de pouvoir pour dévaster des planètes toutes entières, vivre durant des siècles, des millénaires, dont le nom était associé au plus obscur des pouvoirs. Ça dépassait tout ce que vous pouviez concevoir.

Elle rouvrit les yeux, sans bouger, pour regarder Takara, toujours silencieuse. Elle avait été frappée et blessée par une force insoupçonnée, tout cela car on ne se méfiait pas aussitôt d’enfants faisait à peine la moitié de votre taille, alors qui sait ce que cette fillette deviendra, dans ce temps une fois adulte ? Bon sang… Mais Leia ne comprenait pas… Ou bien ses connaissances étaient très déviées, ou incomplètes, c’était possible aussi.

– La Force n’est pas censée être héréditaire mais apparaître au hasard chez n’importe qui, si je ne me trompe pas. Or, dans ce cas, il est très clair que ses gamins a hérité de son père. Il y a une part d’hérédité malgré tout ? De quelle nature ? Ou n’est-ce qu’un cas particulier ?

Un sourire léger et sincère embellît le visage de Takara lorsqu’elle échangea son regard avec celui de Leia. La voir, ce soir et désormais en temps que reine, était la première chose positive que la sith tirait de cette journée pour le moins compliquée, pour ne pas dire catastrophique. Tout avait pourtant si bien commencé. Sa compagne était alors des plus ravissantes dans cette robe, sur cette estrade et devant la foule et malgré les quelques inquiétudes qu’elle avait pu ressentir dans son entourage. Takara avait même pu lire autre chose que de la froideur chez le Seigneur Vader, son père, et ce sans même avoir chercher à toucher l’esprit de l’apprenti de l’Empereur. Et voilà que la Force avait décidé de leur jouer un mauvais tour en projetant la gamine au milieu de la foule, en créant un début de panique que seuls les gardes et elle furent en mesure d’étouffer, en arrêtant d’abord Vaylin puis en la déplaçant loin du lieu de la cérémonie. Takara pensait alors avoir évité le pire et, ignorant les mises en garde de Scourge, avait baissé sa garde face à cette enfant pétrifiée et apeurée… Ah ça, la sith ne commettrait pas cette erreur une nouvelle fois. Son dos, et son plexus, continuait encore à cet instant de lui rappeler sa rencontre avec un des murs de la préfecture, puis son inconscience, et enfin, le fait que c’était ce vulgaire peau rouge qui lui avait peut-être bien sauver la vie ! Cette simple idée, le fait qu’il puisse le lui rappeler la mettait profondément mal à l’aise. Nul doute que l’information, maintenant, irait se répandre comme une traînée de poudre dans le cercle fermé des siths présents dans ce temps. Et ce n’était pas tout. Après cette affaire, voilà que la gamine, en plus d’être un véritable danger sur pattes, lui avait échappé des mains, filant vers Coruscant et l’Empereur, alimentant par cette occasion, peut-être, l’arsenal mit à sa disposition. Au final, il me manquait plus que le père revienne dans cette époque pour récupérer sa fille et la coupe serait pleine…

Takara poussa un long soupir pour évacuer par la même occasion cette boule de haine et de frustration qui noyautait depuis tout ce temps en elle. La sith n’aurait pas été contre un bon verre d’alcool pour nettoyer définitivement ce sentiment. Au lieu de ça, seule une tasse de thé reposait de nouveau au creux de ses mains. Temps pis, elle ferait avec. Elle en vida le fond d’une traite avant de la reposer doucement sur la table et de s’enfoncer un peu plus dans le coussin confortable. La sith préférait oublier tout cela et se concentrer sur les quelques émotions positives qui lui restait et donc l’unique point commun se trouvait en sa compagne. Refocalisant son esprit sur Leia, Takara pouvait sentir son incompréhension peu de temps avant qu’elle ne pose finalement sa question. En première réponse, la sith releva doucement le menton en silence tout en baissant légèrement les yeux vers le sol et finit ce léger mouvement par un petit hochement de tête. La Force était-elle héréditaire ? C’était une interrogation qui pouvait obtenir plusieurs réponses de sa part. La première, innée, était particulièrement biaisée, incorrecte, mais servait les intérêts de son peuple depuis plus de mille ans : dire que la Force était héréditaire parmi les humains, siths, pour garder leur posture de divinité vis-à-vis des autochtones keshiris. La vérité était bien moins séculaire : les keshiris développant une affinité avec la force étaient massacrés et les humains non-sensitifs éliminés dès la naissance dans ce qui n’était ni plus ni moins qu’une politique eugénique des plus extrêmes. La seconde réponse était bien différente et basée sur les faits : la Force choisissait bien souvent au hasard ceux qu’elle jugeait digne de partager un lien étroit avec elle, et ce malgré quelques biais : les individus vivant dans un endroit profondément imprégné de la Force, comme Kesh, avaient plus de chance de donner naissance à un enfant partageant cette affinité avec la Force. Il en était à priori de même pour les parents eux-mêmes sensitifs, bien que les études à ce sujet restassent discutables au sein de la Tribu. Il en était probablement de même ici.

La jeune sith déglutit légèrement et se rapprocha un peu de Leia, avant de lui tendre la main pour que sa compagne la saisisse, éventuellement.

« C’est un sujet assez hasardeux, et les réponses peuvent varier selon les situations. »

Devait-elle évoquer la manière dont son peuple gérait cette situation ? Ce ne serait probablement pas plus glauque que de discuter de Vitiate et de sa gestion familiale, après tout. Quoi que… peut-être pas de cette manière…

« Certaines personnes, ou peuples, trouveraient par exemple un intérêt certains à dire que la Force est héréditaire  et à prendre des mesures strictes pour s’en assurer et asseoir leur dominance sur d’autres. » commença-t-elle, marquant une légère pause avant de définitivement choisir de ne pas évoquer le sujet de son peuple plus ouvertement.

Même s’il était clair qu’elle disait cela d’expérience.

« Le fait est que ce n’est pas le cas. Des parents partageant une affinité particulière avec la Force ne garantit pas nécessairement une descendance avec les mêmes dons. Il existe néanmoins des facteurs aggravants notables, comme le fait de vivre dans un lieu où une forte présence de la Force est avérée. Ou bien d’avoir des parents sensitifs, bien que ce dernier point reste discutable. J’imagine que le fait que ton frère et toi ayez tous les deux hérité de ce lien par votre père peut aller dans ce sens… »

Le lourd silence hésitant qui suivit sa question la surprit un peu, elle s’était attendue à de très clairs « Oui » ou « Non », simplement, sans même besoin d’une réponse plus poussée. Après tout, dans le premier cas, elle n’aurait qu’à digérer toute seule de son côté les malheureuses implications et conséquences allant avec, et dans le second cas, elle aurait été plutôt soulagée, car cela un bref espoir. Donc en quoi était-ce si hasardeux… ? Elle baissa le regard vers la main que lui tendait Takara, la prenant après un court instant d’hésitation, car craignant ce qui allait encore leur tomber dessus cette fois. Pour une planète censée être calme et pacifique, il s’était tout de même passé beaucoup de choses, ces derniers temps, et Leia ne pouvait pas s’empêcher d’appréhender la suite. Le seul point, au final, qui ne la stressait pas était les Rebelles. Ils n’attaqueront pas Alderaan dans les règles, pas alors que la planète était désarmée. En revanche, ce que pouvaient faire les Siths ou ce que pouvait décider Coruscant à n‘importe quel instant… Si elle pouvait gérer un problème politique sans grandes difficultés, elle ne pourrait faire face à une force militaire s’en prenant aux citoyens de ce monde. Elle ne pourrait pas les protéger.

– Certaines personnes, ou peuples, trouveraient par exemple un intérêt certains à dire que la Force est héréditaire et à prendre des mesures strictes pour s’en assurer et asseoir leur dominance sur d’autres. Le fait est que ce n’est pas le cas. Des parents partageant une affinité particulière avec la Force ne garantit pas nécessairement une descendance avec les mêmes dons. Il existe néanmoins des facteurs aggravants notables, comme le fait de vivre dans un lieu où une forte présence de la Force est avérée. Ou bien d’avoir des parents sensitifs, bien que ce dernier point reste discutable. J’imagine que le fait que ton frère et toi ayez tous les deux hérité de ce lien par votre père peut aller dans ce sens…

Leia plissa légèrement les yeux, puis les lèvres, toujours silencieuse. Plus à cause du début de l’explication que par la fin. Elle imaginait parfaitement par quels types de moyens une société pouvait s’assurer que la Force soit perçue comme héréditaire et s’en servir ensuite pour imposer… Disons… Certaines « règles ». Les intérêts à faire cela et les mesures à prendre pour s’assurer que ça le reste. Elle ne demanda pas, cependant, quelle société sa compagne avait connu, versant dans ces pratiques, ni où elles se trouvaient. Savoir ça lui serait inutile et elle ne voulait guère perdre de temps à discuter les pratiques de barbares, dans elle ne savait quel trou de la galaxie. A ses yeux, ça serait d’un niveau équivalent à l’Empire de Palpatine. Aucune importance, donc. Elle se contenta donc de hocher la tête, après un long moment de réflexion et de silence, pour lui signifier qu’elle avait compris. Plus que jamais, la toute jeune reine voyait la Force comme une sorte de maladie, frappant plus ou moins au hasard, serrant certains plus encore que d’autres dans cette malédiction infinie.

– La petite Vaylin alimente à elle seule l’idée que l’hérédité puisse jouer dans le processus. Mis à part son père, seuls de très rares individus ont dû disposer d’un tel pouvoir, dans toute l’Histoire de la galaxie.

Ce qui n’était pas plus mal, bien évidemment. Leia soupira un peu, puis se leva, marchant un peu pour se dégourdir les jambes. Ce sujet n’était effectivement pas si simple, et comme elle venait de le dire, le sujet de la fillette blonde l’incitait à pencher pour la théorie « L’hérédité peut faciliter », bien que ce soit pas absolu et encore moins très fiable.

– On en reparlera à une autre occasion, peut-être, d’ici là… Prends ton temps pour te reposer et remettre de tes blessures. De mon côté, je vais avoir de quoi beaucoup m’occuper, les prochains jours, pour la reprise en main du gouvernement et des affaires courantes. Si tout va bien, nous ne devrions plus avoir de trop grosses mauvaises surprises, à moins qu’un autre bébé Sith ne débarque, évidemment.

Elle revint vers elle pour un baiser de bonne nuit, et lui souhaitant à nouveau un bon repos. Tout allait bien, maintenant, elle était en sécurité dans ce palais et pouvait se détendre…

Takara plissa doucement les yeux et se mordilla intérieurement la lèvre inférieure en constatant le silence et les réactions non-verbales de son amante. Il n’y avait nullement besoin d’explorer l’esprit de la toute nouvelle reine pour constater son rejet, pour ne pas dire son aversion, des pratiques qu’elle avait tout juste abordé, sans les expliciter clairement. Cela n’avait pas été nécessaire, Leia l’avait parfaitement compris. La rousse n’avait pas envie d’interrompre ses pensées, ni même de se lancer dans un débat stérile. La journée avait été assez longue et son exaspération bien trop grande pour se permettre une discussion enflammée sur un sujet qui lui importait tant. Elle ne voulait pas voir remit en question un mode de vie qui avait été le sien pendant tant d’années et qui lui semblait légitime et nécessaire. Elle ne changerait pas d’avis sur la question et ce serait à Leia de s’adapter, de changer. C‘était une nécessité, désormais, et elle finirait bien par le réaliser. Ses actions l’avaient isolé des rebelles et des jedis. Ses seuls soutiens désormais consistaient en les autres siths, à condition que l’on puisse réellement les considérer comme tels. Il lui faudrait donc évoluer si elle souhaitait continuer d’exister. C’était ce qu’elle lui avait dit vouloir faire, sur Coruscant. Evoluer. Travailler ensemble à bâtir quelque chose de nouveau. Il était évidemment trop tôt pour juger quoique ce soit, cela ne faisait que quelques semaines, mais Takara doutait déjà de la réelle volonté de son élève et amante. Il leur faudrait probablement en reparler bientôt, ne serait-ce que pour se rassurer qu’elles partageassent toujours les mêmes objectifs.

Pour le moment, et pour les quelques jours ou semaines à venir, la rousse se contenterait de profiter de son nouveau statut, et de sa proximité avec un réel poste de pouvoir qu’elle avait convoité pendants des années sur Kesh. Elle n’était pas réellement au pouvoir, bien sûr, mais c’était presque tout comme. Takara n’avait jamais réellement voulu être au cœur de toutes les attentions, bien qu’elle ait toujours pensé y être prédestinée. Elle était la fille du Grand Lord, dirigeant des siths de son temps, et de son monde, et même si son père avait fait inscrire dans leur texte que la succession n’était pas héréditaire avant de toujours l’éloigner des postes de pouvoir, elle avait fini par comprendre qu’il avait toujours envisagé de faire d’elle la future dirigeante de leur Tribu, et ce en manipulant les membres du conseil qu’il administrait. Bref, tout cela appartenait au passé désormais. Takara devait tout recommencer tout en continuant de s’acclimater à cette nouvelle époque et y adapter ses ambitions. Leia faisait partie de sa vision. Elle le lui avait dit dès le premier jour. Pour le reste, chacun avait sa propre vision de la Force, et il faudra bien que son amante se confesse sur ce qu’elle pensait réellement de ce don qui lui avait été donné. De la supériorité qu’il était censé lui conférer. Là encore, Takara ne souhaitait pas vraiment aborder plus ce sujet maintenant. Elle choisirait une meilleure occasion.

« J’en connais effectivement peu, et pour leur majorité que de nom. La Force est en vérité en chacun de nous, partout, mais à des niveaux différents. C’est ce qui rend la théorie de l’hérédité intéressante, mais également contradictoire. De plus, nous ne savons pas si un individu comme Vitiate a eu des enfants non-sensitifs par le passé. Nul doute qu’il les aurait aussitôt fait disparaitre, si tel était le cas. »

Comme son peuple, en quelque sorte, mais pour bien d’autres raisons. Là où son peuple ne pouvait pas faire autrement pour continuer à asseoir sa position et survivre, lui devait avoir des motivations plus personnelles que Takara espérait ne jamais connaître. Cette rencontre avec la progéniture de Vitiate avait néanmoins eu un deux effets positifs, celui de relancer l’intérêt de Takara pour les failles et celui de trouver une solution au problème des sensitifs indésirables. Déjà, des idées commençaient à germer. Des idées qu’il faudrait approfondir, avec ou sans l’appui de Leia. La rousse la regarda d’ailleurs se lever pour marcher un peu, et elle-même profita du moment pour se redresser quelque peu pour faire travailler un peu son squelette et ses muscles encore tendus après le récent incident. Elle comprit également aux propos de son amante qu’il était temps de se séparer, pour ce soir, et se pencha un peu en avant pour venir se chausser de nouveau des escarpins qu’elle avait laissé de côté, le tout en maugréant intérieurement que ses bottes étaient plus confortables. C’était mieux que de s’agacer d’entendre encore une fois Leia lui dire de prendre soin d’elle et de se reposer. Elle allait très bien, merci !

« Ne t’en fais pas pour cela, je vais déjà beaucoup mieux. » répondit-elle simplement tout en se levant, avant de faire un pas dans la direction de Leia, qui revenait déjà vers elle, pour échanger un bref baiser de bonne nuit.

Il était vrai qu’elles allaient toutes les deux avoir fort à faire dans les jours qui venaient. Takara allait devoir continuer à s’intégrer et commencer à en apprendre plus sur les autres suivantes, et les personnalités du Palais. Le reste viendrait de lui-même. Cependant, ces distractions ne devaient pas les éloigner de leurs véritables objectifs…

« Il nous faudra aussi réfléchir à un moyen de poursuivre ta formation en toute discrétion, Leia.En attendant, reposes-toi bien également. Tu l’as mérité. »

Un sourire pour terminer, avant de s’éloigner doucement, et de se retourner au pas de la porte des appartements de la reine.

« Bonne nuit, votre Majesté. » ponctua-t-elle finalement, d’un léger clin d’œil.


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Fin.