Du haut de son trône, l’Empereur regardait d’un air fermé ses vizirs s’éloigner vers l’antichambre de son auditorium. Son Grand Vizir n’avait eu que de bien pauvres nouvelles à lui rapporter. Il ne s’était pas attendu à autre chose de cette réunion. La situation dans l’Espace Sauvage était toujours compliquée et teintée de la désertion de Mitth'raw'nuruodo, dont les dégâts causés par ses récentes révélations étaient encore difficiles à évaluer. S’il savait que les propos du traître ne seraient pas considérées autrement que comme de vulgaires élucubrations d’un alien pathétique par ses citoyens des mondes du Noyau et de sa périphérie, tant intérieure qu’extérieure, il savait également que sa parole finirait par faire échos chez les habitants des mondes plus distants des Bordures et autres territoires sauvages de son Empire, lesquelles avaient toujours été enclines à voir tout pouvoir central comme responsable de leur quotidien misérable. Un quotidien qu’il avait su habilement utiliser à l’époque pour semer la discorde menant à la création de l’Alliance Séparatiste, dans les mois précédant la Guerre des Clones. Sa plus grande réussite, dont il devrait peut-être s’inspirer pour briser cette pathétique rébellion et le nouveau joueur qui s’était avancé sur l’échiquier galactique. Mh… peut-être que cette chère Isard, si encline à lui plaire, pourrait se pencher sur le sujet, pendant qu’il réfléchissait à un moyen de régler le problème posé par ce Grand Amiral insolent et sa suite de petits chiots, notamment Vanto. Leur proximité avec les Chiss étaient un problème et l’Empereur n’était pas dupe. S’il n’avait aucun intérêt à étendre son influence aussi loin dans les Régions Inconnues, il n’ignorait pas non plus que le peuple de Mitth'raw'nuruodo finirait par assister ce dernier, d’une manière ou d’une autre. Ses ennemis étaient déjà assez nombreux, tant à l’extérieur que dans ses propres rangs. Les rangs de son Empire avaient toujours été un terreau utile à la misérable Rébellion, même avant l’apparition des failles. Ces dernières avaient cependant amené son lot de prétendants aussi ridicules que déterminés. Si les jedis se reformaient de leur côté, ils ne seraient jamais aussi nuisibles que ces siths qui refusaient d’évoluer et de reconsidérer leur position au sein d’un Empire qui n’était pas le leur et qui ne leur appartiendrait jamais.

L’Empereur partageait l’avis de Vitiate sur ce sujet mais ne voyait pas d’un bon œil de donner plus de responsabilités à des pions purement ingérables. Il avait fait l’erreur d’offrir trop de liberté à Plagueis et n’était pas prêt à commettre cette erreur une seconde fois. Bien qu’il serait peut-être contraint de le refaire à la venir, en fonction des circonstances. L’Empereur n’avait pas fermé la porte à l’idée de commencer à organiser le futur dans l’ombre, comme il l’avait fait pour prendre le pouvoir des décennies plus tôt, avec l’aide naïve de son maître de l’époque. En vérité, il œuvrait déjà en ce sens depuis le jour où il avait proclamé officiellement la naissance de l’Empire. Des forteresses avaient été établies dans les mondes reculés dans les profondeurs du Noyau, peuplés de serviteurs fanatiquement dévoués, comme il l’avait fait sur Byss lorsqu’il l’avait enveloppé dans le Côté Obscur par l’intermédiaire d’un rituel qui n’avait rien à envié à ceux du passé. L’Empereur avait d’autant plus accélérer ces projets et l’élaboration de cette théocratie secrète à l’abri des regards indiscrets lorsque les failles lui avaient appris le futur que l’Histoire était censée lui réserver d’ici quelques années. Vader lui-même en ignorait l’existence, ce qui n’était sans doute pas une mauvaise chose au vu du rôle qu’il était supposé jouer dans cette partie de l’histoire. Ces différentes pensées firent tourner l’attention de l’Empereur vers l’une des portes discrètes de l’antichambre de la salle du trône, masquées par les silhouettes de sa Garde Rouge, auxquelles il ordonna de quitter la pièce d’un vague geste de la main, comme il avait l’habitude de le faire lorsque la discrétion était de mise. Puis, d’un autre geste plus précis de la main, il libéra le verrou de ladite porte, laquelle chuinta sur le côté pour s’ouvrir sur un étroit et obscur corridor.

« Shira. Entre, mon enfant. »

Shira rouvrit lentement les yeux et tira sur la ceinture de sa combinaison avant de franchir la porte qui la séparait de l’antichambre aux murs courbés et menant au cœur de la salle du trône de son Maître. Le regard rivé vers les escaliers menant à l’estrade où siégeait l’Empereur, la rousse ne releva pas les yeux plus haut que la quatrième marche, s’arrêtant aux pieds de celles-ci pour se courber et poser un genou à terre en signe de déférence et de soumission. Elle ne prit pas la parole, ayant appris depuis bien longtemps que ce n’était pas à elle d’engager la conversation. Que ce soit pour s’exprimer sur ce qu’elle avait pu entendre depuis sa cachette ou pour transmettre un éventuel rapport, son Maître avait toujours été celui à initier le dialogue, tout comme c’était lui qui la convoquait et non elle qui demandait audience. Il lui demandait rarement son avis cependant, et lorsque c’était le cas, la rousse était d’accord avec sa vision. De toute manière, comment, en dehors des exercices visant à tester son esprit, un être aussi omnipotent que son Maître pourrait-il avoir tort ? L’esprit de la rouquine était de toute manière focalisée sur un tout autre sujet, à savoir la raison de sa convocation, comme bien souvent inconnue. Il y avait pourtant plusieurs sujets possibles, à commencer par le rapport qu’elle lui avait fait sur l’exécution de la tâche qu’il lui avait personnellement confié il y a plusieurs semaines de cela, ou bien peut-être pour évoquer la mission que la Directrice Isard lui avait demandé d’accomplir pour le compte de l’Ubiqtorat, et par extension de l’Empire. Il n’y avait chez elle aucun stress, aucune animosité, si ce n’est le désir et l’appréhension de plaire et de satisfaire la personne qu’elle considérait plus que quiconque comme une figure paternelle qui avait fait d’elle la personne qu’elle était aujourd’hui, et pleinement ignorante de tout ce que cela lui avait coûté.

« Comment s’est déroulée la mission que je t’ai confié, ma Main ? »

La rousse haussa légèrement un sourcil, comme à chaque fois où son Maître venait poser une question à laquelle il avait déjà la réponse, ce qui générait comme souvent chez elle un torrent d’interrogations, de la plus futile à la plus anxieuse.

« Elle a été accomplie selon vos désirs, mon Maître… » répondit-elle en baissant le regard, et par conséquent la tête très légèrement pour donne un coup d’œil en biais à l’arme toute récente qui pendait à une boucle de sa ceinture sur la largeur de sa cuisse.

« Montre-moi, mon enfant. Relève-toi et montre-moi ta réussite. »

Shira n’était pas la première de ses Mains à fabriquer son propre sabre-laser, tout comme elle n’était pas la seule à avoir l’honneur de telles entrevues avec lui. Les élus n’étaient cependant pas très nombreux, au petit nombre de deux : sa sœur, et elle, toutes les deux ignorantes de l’existence de l’autre, fruits d’une expérience mort-née, tant le temps lui avait manqué à une époque rythmée par la traque des derniers Jedi et l’établissement de son Empire. Il serait désormais impossible de connaître les conclusions de cette expérimentation à cause de Skywalker et des Jedi ; A cause de Mara, cet outil supposé parfait taillé par ses soins, formé et formaté pour accomplir sa volonté et qui, pourtant, avait abandonné tout ce qu’il lui avait offert, tout ce qu’il avait fait d’elle pour suivre le blondinet naïf et rejeton de Vader. Tout ça à cause de ce gamin pathétique. Quel écœurement… Formater un esprit avec soin durant si longtemps pour voir son travail gâché ainsi… Oh, il était fort probable que la Force l’ait déjà vomi de nouveau dans ce temps, et si elle ne l’avait pas encore fait alors cela ne saurait tarder. Une chose était cependant certaine, le lien qu’il avait tissé jusque dans son esprit ne s’était pas ravivé, ce qui excluait le retour d’une version plus jeune de son ancienne rouquine préférée. Peut-être aurait-il dû agir autrement lorsqu’il avait découvert le pot au rose, à ce mariage… Peut-être n’aurait-il pas dû se laisser emporter par sa colère soudaine envers sa Main et attendre un moment plus propice pour la faire revenir sur Coruscant, où il aurait pu effectuer sereinement les ajustements nécessaires… Le blondinet n’avait même pas mordu à l’hameçon… Bah ! Ce qui était fait était fait, et ce n’étaient pas les Mains qui allaient lui manquer et la rouquine n’était pas la première à disparaître. Il lui faudrait simplement se méfier des secrets qu’elle pouvait éventuellement révéler…

Il lui restait encore tout un éventail de pions qu’il pouvait déployer contre ses ennemis, tant intérieur qu’extérieur, tous possédants des atouts divers. Quest, par exemple, avait toujours été efficace pour espionner et faire pression sur ses adversaires politique du temps de la République, puis du Sénat Impérial. Golin, méthodique et soigné, était parfait pour rechercher les derniers artefacts siths et jedis qu’il n’était pas encore parvenu à retrouver. Droga, son pion le plus loyal, bien plus dévoué encore que Shira mais dont les compétences, moins variées, le rendait de moins en moins exploitable. L’Empereur le gardait sur Byss ou ses autres retraites secrètes, dans l’éventualité d’une tragédie similaire à celle que l’Histoire avait été sensé lui réserver si les failles n’avaient pas décidé de bouleverser le futur et son Empire avec. Il lui faudrait d’ailleurs avoir une longue discussion avec Cronal à ce sujet. Ses soi-disant prophètes n’étaient toujours pas parvenus à prévoir les arrivées par les failles, ce qui était déjà un problème en soi, mais ne l’avaient pas non plus informé du destin censé être le sien. A quoi servaient-ils s’ils n’étaient même pas capables de prédire ou non la mort de leur Empereur ?

A moins, bien sûr, qu’ils aient volontairement tenté de lui cacher cette information… Peut-être devrait-il se débarrasser de cette Main et de sa bande d’incapable…

Dans un autre registre, Roganda, bien que de moins en moins fiable elle aussi, restait un atout séducteur dans sa manche qu’il pourrait sortir le cas échéant. Restait ensuite ses deux atouts les moins fiables, bien que dévoués. Arden Lyn était un électron libre à qui il avait fait la promesse de ramener son époux en échange de ses services, promesse que l’Empereur ne comptait évidemment pas tenir. Il soupçonnait Lyn d’en avoir conscience, et Vader était déjà venu le mettre en garde de ses velléités. Dommage, les enseignements qu’elle avait donné à ses autres Mains, à leurs insu le plus total, s’était avéré très utiles. Kogo, en revanche, ne méritait plus la moindre de ses attentions. Ses échecs à répétition commençaient à sérieusement l’agacer. Bientôt, Vader serait libre de l’éliminer, et il ne serait peut-être pas le seul. Il avait, après tout, l’impression de gouverner un Empire d’incapables, à commencer par cette gouverneure qui, il y a cinq années de cela, lui avait pourtant promis d’étouffer la pathétique cellule rebelle de Bridger mais qui, encore aujourd’hui, provoquait plus de remous qu’Ackbar et toute la vermine rebelle réunis !

A tous ces gens s’ajoutait heureusement cette chère Shira…

Le regard déstabilisant de l’Empereur se porta plus lourdement sur elle. La jeune rousse revenait pourtant de loin… Il l’avait délaissé des années plutôt, lorsqu’il avait perdu l’appétit pour sa petite expérience, sans pour autant fermer la porte qu’il avait ouverte dans son esprit alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. La rouquine n’aurait plus jamais dû se tenir ici à nouveau, et pourtant voici qu’elle se présentait à lui en ayant une fois de plus accompli sa volonté, parfaitement docile et soumise à ses moindres désirs. Là où la cadette aurait dû briller, l’ainée aurait dû disparaître dans les tréfonds de son Empire. Vader avait changé une première fois son futur lorsqu’il avait tenté de former en secret son propre apprenti tout en préparant un coup contre lui. Il avait alors vu en elle un moyen de surveiller un peu mieux son apprenti. Les choses auraient dû en rester là, Shira servant de vulgaire espionne pour son compte jusqu’au jour où Vader tenterait à nouveau quelque chose contre lui, la rouquine devenant alors l’instrument de son courroux.

Mais les failles, ces maudites failles, avaient à jamais changé son avenir du moment où Krayt avait dévoilé à l’Empereur son futur funeste. Dire que c’était elle qui aurait dû infiltrer la Rébellion pour décrédibiliser Skywalker en lieu et place de sa sœur, quitte à en mourir…

Que c’était ironique…

Shira n’avait pas perdu de temps à se relever tant elle avait attendu ce moment avec impatience au cours des dernières semaines. Un souhait brûlant qui s’était fait plus vivace à l’instant où son Maître l’avait finalement appelé, mu par une fierté immense et un désir de plaire des plus incommensurable. Tout ce qu’elle avait accompli, Shira l’avait fait pour elle, oui, mais surtout pour lui. Pour montrer à sa figure paternelle qu’elle était toujours parfaitement capable d’accomplir ses objectifs. Le sabre qu’elle attrapa au creux de sa main droite en était le dernier exemple, réalisé par ses soins de bout en bout, en suivant les instructions dictées par son Maître. L’arme était à ses yeux parfaite. Les derniers réglages qu’elle avait pratiqué sur les différents éléments internes en avait stabilisé la lame et elle pouvait ressentir les pulsations du cristal mis à contribution à chaque fois qu’elle l’activait. Ce qu’elle fit une fois debout aux pieds des marches, son regard croisant un instant celui de son Empereur avant que la lame rougeoyante ne vienne obscurcir une partie de son champ de vision, vrombissante puis bourdonnante sous ses yeux désormais perdus dans la contemplation du flux d’énergie. Elle avait attendu tant d’années et avait tenu tant d’armes similaires pendant sa formation sans jamais avoir pu détenir le sien. Voilà qui était chose faite à présent, bien qu’elle eût conscience que son usage serait strictement limité et encadré. Elle se sentait également plus en confiance, plus certaine d’elle-même et de ses capacités depuis son retour de Ziost. Elle se sentait plus forte et plus libérée. Doucement, elle abaissa sa lame sur le côté, dans le prolongement de son bras et releva le regard vers son Maître.

« Excellent... Tu as bien œuvré. Tâche désormais d’être digne de ce présent… »

« Oui, mon Maitre. »

Le visage contrit de l’Empereur se para d’un sourire. Oui, Shira avait bien œuvré. Il y avait veillé. Bien sûr, il n’était pas ignorant que sa Main avait utiliser les services d’autrui pour faire fabriquer certains composants de son sabre-laser mais son enfant avait assez intelligente pour rendre ce travail inidentifiable. Mara avait été la seule de ses Mains avant elle à avoir eut le privilège de forger sa propre arme et à un âge plutôt précoce et il était celui qui lui avait donné le cristal nécessaire à la finition de son œuvre. C’était peut-être là l’une des erreurs qu’il avait commise la cadette rousse et qu’il avait corrigé avec sa loyale de sœur. En envoyant Shira sur Ziost, dans un des antres du Côté Obscur, il avait confronté son esprit à ses appels et ses murmures. En la laissant se plonger en méditation pour apposer son esprit sur son cristal, il avait laissé la noirceur de cette planète imprégner son âme plus profondément que lui ou Vader ne l’avaient fait par le passé. Attiser encore un peu plus sa fierté et ses ambitions. La tenter à se plonger un peu plus dans le Côté Obscur sans jamais faire d’elle une véritable Sith, toujours loyale et ignorante. Ignorante de n’être qu’un pion de plus sur son échiquier, mais un pion remarquable. A la différence des autres Mains, sa Shira était polyvalente et plus affûté, une arme pouvant être ou brutale ou pernicieuse, violente ou subtile. De l’acabit de cette faible traître de Mara, bien que moins expérimentée mais dépourvues des impuretés de sa cadette. Cet attrait pour la noirceur devrait la guider et son voyage ne faisait que commencer…  

« Tes trouvailles sur Ziost me seront utiles. J’aurais d’ailleurs une nouvelle mission à te confier le moment venu. »

Légèrement penché un avant, l’Empereur se laissa retomber doucement au fond de son fauteuil. Il venait de sentir l’arrivée de la seconde invitée dans le grand hall des plaignants, où d’ordinaire s’agglutinaient ceux désireux d’obtenir une entrevue avec lui, tout au long de la journée. Gouverneurs, Grands Amiraux, Moffs et autres directeurs ne bénéficiaient pas des privilèges d’une entrée secrète derrière une porte dérobée. Celle qui approchait avait néanmoins toute sa confiance tant sa loyauté lui était acquise. Là où Shira ici présente le voyait comme une figure paternelle à plaire et vénérer, elle, le voyait tout simplement comme un dieu. Bientôt le trio serait réuni et seulement alors pourra-t-il passer au véritable ordre du jour, comme il l’avait prévu depuis le début. Étendant sa volonté vers les esprits de sa Garde Rouge, l’Empereur implanta sa volonté de la voir se présenter à lui malgré son entrevue en cours, pour qu’il s’éloigne du chemin et laisse sa nouvelle invitée entrer dans l’antichambre de son trône. Shira ne réagit pour sa part que lorsque la grande et lourde porte de l’antichambre glissa sur le côté mais fut prompt à rétracter la lame sang de son sabre-laser qu’elle ramena aussitôt à sa place à sa ceinture, le long de sa cuisse gauche. La rouquine était déjà prête à disparaître, anticipant une demande de son Maître qui ne vînt pas.

« Reste, Shira. »

La Main resta pantoise, surprise par la demande de son Empereur, qui lui avait toujours demandé de rester discrète quant à sa véritable nature, quitte à en mourir si nécessaire. La panique s’empara d’elle un instant, tant le risque d’être découverte avait jusque-là rimé avec la mort. La tranquillité de son Maître, cependant, restait une accroche suffisante à laquelle se rattacher pour garder son calme et la rouquine resta en place, si ce n’est pour un léger décalage sur le côté gauche de l’escalier, dans une piètre tentative de masquer son flanc gauche où était accroché son sabre à la vue du nouvel arrivant. La silhouette de cette dernière franchissant la porte lui suffit à l’identifier, et la prise de parole de son Maître confirma qu’elle avait vu juste.

« Approchez, Grande Inquisitrice. Nous savons plusieurs sujets dont nous devons discuter. »

Au moins deux, pour être un plus exact. L’Empereur écarta les bras pour les poser sur les accoudoirs de son fauteuil et attendit que cette chère Rivensong se soit un peu plus avancé pour reprendre la parole tout en tournant légèrement la tête en direction de sa Main, debout en bas des marches menant à son estrade, officiellement venue pour discuter de sa réalisation, officieusement pour plus. Bien plus…

« Je présume que les présentations ne sont pas nécessaires... »

Il était curieux de voir comment chacune allait réagir, avant de passer aux choses sérieuses…

Jusqu’alors légèrement penché en avant, l’Empereur se laissa doucement retomber contre le dossier de son trône, le regard rivé sur sa Grande Inquisitrice qui, le genou plié et la tête baissée, venait confirmer l’excellent travail qu’il avait pratiqué pour façonner la dévotion que lui portait ses pions les plus précieux. Il n’avait évidemment pas le même contrôle sur Rivensong que sur Shira, mais ce dernier était suffisant pour s’assurer de sa loyauté dans une période où une cinquième colonne de fidèles se devait de veiller dans l’ombre au moment où les voyageurs du temps viendraient se retourner contre lui pour attenter à sa vie, ou a ses réalisations. Il avait déjà pu commencer à dessiner le contour des trahisons à venir en fonction des tâches qu’il avait confié à chacun de ses prétendus alliés siths, bien souvent parallèles à celles confiées à ses dévoués subordonnés. La traque confiée au Seigneur Scourge n’était qu’une pâle copie de l’une de celle que l’Inquisitorius menait depuis la constitution de son Empire. Celle confiée au Seigneur Grodjirah se confondait à celle menée par le Grand Amiral Declann. Tous, au final, devaient lui rendre des comptes. Les résultats attendus de chacun étaient les mêmes et il était évident que certains péchaient plus que d’autres. Par manque de moyen, peut-être, ou bien par pure volonté de lui nuire, à lui, le seul et unique Seigneur Noir des Sith. L’Empereur avait cependant d’autres chiens kaths à fouetter, ses ennemis intérieurs n’étaient pas encore prêts à se dresser contre lui, il s’occuperait donc de cette situation plus tard. Ce qui se tramait majoritairement dans l’Espace Sauvage mais également dans quelques mondes plus intégrés à son Empire était bien plus inquiétant et leurs conséquences à court terme pourraient se révéler bien plus préoccupantes si rien n’était fait pour les contrecarrer. Le Grand Moff Tarkin continuait de s’agiter dans la Bordure Extérieure, prêt à se servir de la station de combat pour réduire à un silence définitif ces quelques insectes insignifiants…

« Oui. J’ai été informé de cette affaire. » répondit-il calmement, non sans une certaine trace d’amusement dans sa voix. Il se pencha alors doucement en avant, les deux mains bien ancrées sur les accoudoirs de son trône. «  Qu’avez-vous donc pensé des compétences du lieutenant Brie, Grande Inquisitrice ? »

Shira avait regardé l’arrivée de la Grande Inquisitrice non sans un certain malaise, celui de se savoir ici, en présence de son Maitre, alors qu’une autre personne extérieure à leur relation si particulière se retrouvait dans une situation où il serait facile d’établir que la rouquine travaillait depuis le début pour le compte de l’Empereur, ou, dans une moindre mesure, qu’il l’avait personnellement convoqué et que, donc, il portait un certain intérêt à son égard. Il y avait évidemment bien d’autres raisons pour justifier sa présence en ces lieux mais d’aucunes n’étaient suffisantes pour venir éclater la bulle de paranoïa qui enveloppait l’esprit de la Main de l’Empereur en cet instant si particulier. La rouquine n’avait pas répondu verbalement à la salutation de celle qui avait reprit sa formation au sabre-laser en cours de route sous l’impulsion de Vader, préférant simplement hocher fortement la tête en signe de réponse pour laisser le privilège de la conversation à son Maitre et Empereur pour le moment. La situation restait, pour elle, une bien étrange première. Stoïque, ne sachant que faire, elle tenta de ne pas cacher sa surprise lorsque l’Empereur répondit aussitôt à la Grande Inquisitrice qu’il était déjà conscient que le Seigneur Vader lui avait demandé de s’occuper de sa formation à elle, à sa place, pendant quelques temps. Shira n’en avait jamais parlé à l’Empereur, pensant que ce n’était pas là un réel problème, mais elle avait bien senti sa présence, légère, lors de ces sessions, tel un observateur se renseignant sur les activités de sa Main avec discrétion pour les autres. Quelque peu déstabilisée par la situation, Shira ne parvînt pas à se retenir de glisser son regard vers la métisse encore agenouillée devant l’Empereur dans un signe très léger de culpabilité. Une culpabilité qui laissa place à une forme d’inquiétude, celle d’avoir pu commettre une erreur lors de ces exercices, celle d’avoir pu décevoir une figure paternelle, sa figure paternelle. Son Père. Il n’avait rien dit cependant, ce qui signifiait que ce n’était peut-être pas bien grave…

Un coup d’œil porté vers le haut de l’estrade, au sommet des escaliers, suffit à ramener Shira dans une inquiétude un peu plus grande. Le visage de l’Empereur s’était en effet assombri, tout comme son aura, plus froide, plus glaçante. Il avait même fini par se lever pour s’avancer d’un ou deux pas, sans pour autant entamer de descendre l’escalier qui le séparait de ses pions. Son attention n’était cependant pas tournée vers sa Main, qui resta donc debout, toujours sur le côté, un peu en retrait, mais bien toujours vers son Inquisitrice, sensée traquer la vermine Jedi et la garder à sa disposition dans les prisons de Prakith. Des prisons qui restaient désespérément vides alors qu’il sentait que la Lumière continuait de se renforcer jour après jour. Les Jedi restaient encore marginaux, certes, mais avec le temps il pourrait constituer une réelle menace. Cela ne devait pas se produire. En aucune façon.  Shira avait déjà permis de repérer plusieurs individus sensibles à la Force, et ce sans réellement les chercher. Pourquoi dans ce cas son Inquisitorius restait-il à la traine dans cette tâche ? Était-ce là aussi un manque de volonté ? De la trahison ? Non, bien sûr que non. Il ne connaissait que trop bien l’esprit de sa Grande Inquisitrice, ainsi que sa dévotion. C’était autre chose. De l’incompétence, peut-être ? Si tel était le cas, il devrait probablement changer son sabre de main concernant Shira. Vader avait accompli sa tâche comme il l’avait prévu jusqu’à présent concernant la rouquine, et cela même en sachant, peut-être, qu’elle n’était en rien acquise à sa cause. Il n’était cependant pas le formateur approprié concernant ce qu’il avait prévu pour sa Main. Pour cela il lui fallait quelqu’un d’autre…

« J’aimerais également connaître l’avancée de la mission confiée à l’Inquisitorius. Ou en est votre traque, Nhézya Rivensong ? Combien de Jedi poursuivez-vous ? »

Il avait bien évidemment lu ses rapports, ainsi que ceux de ses potentiels informateurs au sein de l’organisation. Il ne faisait cela que pour se délecter de la réaction de ses atouts une fois ceux-ci confronté à une forme d’incertitude. Ce n’était pas elle qui était à remettre en cause, évidemment. Mais ses subordonnés ? Peut-être faudrait-il s’en débarrasser et tout reprendre à zéro…

« Vous n’êtes pas sans savoir que Shira ici présente en a déjà repéré plusieurs… Qu’en est-il de leurs cas, Grande Inquisitrice ? »

Shira resta interdite, le bras gauche toujours le long du corps pour envelopper et cacher bien inutilement le sabre attaché à sa ceinture, le droit plié dans son dos, en attente. Cette discussion à laquelle elle assistait ne la concernait pas vraiment mais la rousse gardait une oreille attentive à ce qui s’y disait. Son Maitre ne lui avait pas demandé de rester sans raison, et peut-être voulait-il justement qu’elle reste informée de certains sujets qui jusque-là ne concernait que lui et la Grande Inquisitrice. Elle ne s’était pas attendue à avoir à assister à un éventuel rapport de l’Inquisitorius, bien que cela pouvait s’expliquer du fait qu’elle avait permis de repérer plusieurs sensitifs, probablement à leur profit. Elle fut d’autant plus désemparée de se voir mise sur le devant de la scène par son Maitre, et se crispa légèrement en entendant la réponse de la Grande Inquisitrice à ses interrogations. Elle se garda de jeter le moindre regard vers cette dernière et ravala au mieux sa bile pour ne pas lui laisser transparaître son agacement et sa peur. Son maitre la sentirait aisément, lui. Il avait l’habitude, et était au courant de tout. Elle, ne pouvait pas tour savoir. Elle n’avait pas le droit, et elle lui avait montré ce qu’elle pouvait lui dévoiler. Il était bien vrai, cependant, que sa maitrise de la Force était plutôt brute et encore imprécise. La rouquine se découvrait encore, malgré ses compétences pourtant avancées dans certains domaines comme la persuasion, l’analyse ou encore l’altération. Pour le reste, elle se savait loin d’être au niveau attendu pour, si besoin, faire face à un de ces traitres de Jedi un soit peu expérimenté. Il en était de même pour le sabre-laser, une arme qu’elle affectionnait pourtant beaucoup mais dont elle n’avait eu aucunement l’usage, ni même possédé jusqu’à maintenant. Elle était, en revanche, experte avec les autres types d’armes.

« Je crains dans ce cas qu’elle ne vous ait habilement caché certains de ses autres talents, Grande Inquisitrice... » rétorqua l’Empereur, toujours debout, le dos courbé, et un air malicieusement malsain sur le visage.

Il connaissait parfaitement Shira, mieux qu’il ne l’aurait dû, d’ailleurs. Il l’avait secrètement rappelé à lui dès les premiers signes d’apparition des failles pour rouvrir les portes de l’esprit de la rousse, laissées fermées depuis des années, pour le remodeler d’abord de la même manière qu’il ne l’avait fait pour sa sœur, avant d’aller encore plus loin dans son formatage et son conditionnement. Conditionnement qu’il avait d’autant plus accentué dès lors que Mara était morte sur ce vaisseau Chiss, au milieu de la vermine rebelle et jedi. Il savait précisément où en était son entrainement, où en était ses compétences. Elle n’était rien de plus qu’une extension de sa volonté et il la menait par le bout du nez à son insu et se glissait si nécessaire dans son esprit, et ce sans lui laisser le moindre souvenir de son passage. Son lien avec sa Main était ironiquement bien plus profond que celui qu’il avait tissé avec la traitresse pathétique qu’il avait longtemps considéré comme sa préférée, d’autant plus que Shira n’aurait jamais dû revenir dans ses petits papiers…

« A moins que tes récentes occupations ne t’aient alanguie, ma Main… » dit-il justement à son attention, avec un air désormais bien plus grave et accentué par les rides épaisses qui couvraient son visage meurtri des années plus tôt.

Il savait que la menace la ferait réagir la rouquine et cette dernière n’avait pas tardé à y mordre à pleine dent, mais toujours avec cette retenue qu’il lui connaissait, bien que Shira fût à ses yeux bien plus prompt à se laisser balloter par ses émotions que certaines considéraient négatives. Il y avait lui-même veillé, pour lui faciliter les choses. Shira avait effectivement baissé le regard à l’instant même où le terme de « Main » avait été lancé, son échine alors parcourue d’un frisson glacial. Elle ne s’était pas attendue à se retrouver soudainement mise sous le feu des projecteurs, et par de fausses accusations de surcroit ! Il avait toujours dis que cela devait rester un secret. Que personne ne devait savoir. Alors pourquoi ? Pourquoi le lui dire, à elle ? La rouquine se racla péniblement la gorge avant de répondre, avec déférence, que tout ceci n’était qu’un simple malentendu, et qu’elle n’avait fait qu’agir comme son maitre et le seigneur Vader le lui avait demandé.

« Non, votre Majesté. Je ne le permettrais pas. Je n’ai fait qu’agir selon mes instructions. »

L’Empereur répondit à ces explications avec un bref sourire maladif et un léger hochement de tête avant d’émettre un « Bien. Bien… » pour signifier l’acception de sa maigre explication. Il n’avait pas besoin de lui en demander plus, puisqu’il savait qu’elle disait la vérité. Il trouvait simplement une certaine satisfaction à entendre ses pions lui transmettre des informations dont il avait déjà connaissance. Il en rayonnait une forme d’omniscience dont seuls son intérêt et son autosatisfaction savait s’en gorger. Il avait ensuite commencé à écouter les explications de Grande Inquisitrice, toujours prosternée devant lui, à sa place, place dans laquelle il aurait pu laisser Shira si elle n’avait eu au préalable une audience avec lui et qu’il n’avait pas trouver distrayant de l’afficher debout durant tout ce temps pour jauger les réactions de son autre pion dévouée. Bref, l’état de l’Inquisitorius n’était pas surprenant. La plupart des jedi compétents avaient été massacré lors de l’Ordre 66, comme attendu, et les plus chanceux traqués et éliminés dans leur extrême majorité. N’avait survécu dans l’Inquisitorius que ceux qui avaient été jugé digne par Vader de devenir des pions à leur service et rien de plus, avec une intelligence et des compétences limitées, à l’exception de Rivensong, qui avait su, comme quelques-uns d’entre eux, se détacher du lot au fil des années et former une colonne vertébrale qu’il avait jusque-là penser solide. Une colonne vertébrale qui avait ensuite retravailler l’institution et éclairci ses rangs de cette ivraie maladive. Il n’aurait peut-être pas dû demander cela à l’époque, auquel cas il aurait toujours à sa disposition une armée de sensitifs dévoués à sa cause et au bien commun de l’Empire, et non à leur seuls desseins personnels…

Les failles avaient tout simplement rebattu les cartes et éloigné l’Empereur de sa zone de confort… Maudites failles et maudite Force ! La situation glissait lentement mais n’était pas encore véritablement hors de contrôle. Il y avait toujours eu des désertions dans les rangs et il y en aurait encore. Cela permettait de trier ses véritables partisans et ceux trop faibles pour être digne de le suivre dans la transformation de l’Empire qu’il avait secrètement amorcé peu après sa création, sur les cendres de la pathétique république. Cette dernière venait pourtant toujours le hanter tel un cancer. L’évocation des quelques évènements passés lui demandèrent un instant de réflexion. Anakin n’avait eu que peu de véritables amis pendant la guerre, et tous s’étaient montré particulièrement actifs peu après l’Ordre 66. Un seul, pourtant, avait occupé l’esprit de Vader pendant quelque temps. Un seul avait tenté d’organiser un attentat contre sa personne. Un seul, avait été en mesure d’attirer son attention…

« Jax Pavan » persifla-t-il, amère, quitte à interrompre sa Grande Inquisitrice dans ses justifications. Certains nuisibles étaient décidément increvables… « Le Jedi est finalement sortit de sa cachette… Bien qu’il n’ait jamais été autre chose qu’une simple nuisance… »

Shira n’avait jamais entendu ce nom, mais le catalogua aussitôt comme une cible supplémentaire à traquer si nécessaire, et à maitriser si possible. Une cible qui avait osé tenter de s’en prendre à la vie de son maitre. Une cible qui ne méritait don plus de vivre, au même titre que Kenobi, et quelques autres, mais qu’elle ne pouvait pas tuer, de risque de le faire revenir. Il faudrait donc l’enfermer le cas échéant, ou le corrompre, si possible. C’était là le travail de la personne encore à genoux non loin d’elle, une personne à qui la rouquine jeta un bref regard pour jauger sa réaction. C’est cet instant que l’Empereur choisit pour continuer de réagir aux propos de Rivensong :

« Sous-entendez-vous que le seigneur Vader ferait preuve de laxisme envers les traitres Jedi après toutes ces années, Rivensong ? Je devrais peut-être me méfier de vous également dans ce cas. Vous étiez Jedi. Vous pourriez peut-être encore posséder une once de sympathie pour ces traitres. Pour Kenobi. Pour ce Jax Pavan… »

La Main de l’Empereur fronça aussitôt les sourcils, dans un réflexe mu par une soudaine poussée de méfiance paranoïaque, les voyants passant soudainement à l’orange dans son esprit. La rousse savait déjà que sa professeure temporaire était une alien. Apprendre qu’elle était aussi une ancienne traitresse jedi n’améliorait pas son pedigree. Shira se tourna légèrement pour faire pleinement face à la kiffar et croisa les bras sous sa poitrine, dans une posture plus observatrice, la découvrant sous un jour nouveau. Le fait, cependant, que son maitre semblât lui faire confiance allait suffire à atténuer sa méfiance, voire à la dissiper totalement si besoin, un peu comme pour Vader, la différence étant le Seigneur avait bâti cette confiance relative avec le temps. Ce n’était pas son cas, à elle, bien qu’elle tînt clairement un rôle important à côté de son maitre. Maitre qui sembla pourtant ne pas s’attarder sur cette révélation fausse accusatrice. L’Empereur avait effectivement pleinement confiance en celle qui le considérait comme un dieu, son dieu. Il l’empêcha d’ailleurs de répondre en levant la main un peu plus haut. Il n’avait pas besoin de vraiment toucher son esprit pour cela. Son aura suffisait, ainsi que son regard perçant figé sur elle, à condition qu’elle puisse véritablement le voir pour le moment, ainsi agenouillée aux pieds des marches.

« Il vous faudra accélérer la cadence. Nos ennemis se font de plus en plus nombreux. Jedi… Affiliés… Prétendus siths… Personne ne doit sortir de votre vigilance. Personne. Pas même Vader… »

Oh, il savait bien que sa Grande Inquisitrice avait déjà un œil sur ces gens-là, son apprenti compris. Shira le savait tout aussi bien, il le lui avait ordonné, à elle aussi, de veiller sur ses activités lorsque cela lui était possible. Vader devait bien le savoir, il n’était pas stupide. Seulement, borné. Il fallait tout de même bousculer les choses et vérifier l’intégrité de tout ceux à son service et mettre en lumière leur éventuelles traitrises. Puis les exploiter, pour ensuite les faire tomber. La récréation avait assez duré.

« Relevez-vous, Rivensong. » Il joignit le geste à la parole, puis attendit qu’elle se soit exécuter pour continuer, cette fois-ci sur un ton plus lourd. « Cette absence de résultats est décevante. Vous et Shira ferez passer le message à vos inquisiteurs... »

Shira haussa un sourcil. Ce n’était pas dans les habitudes de son maitre de l’envoyer ainsi se mêler des affaires des autres. Il l’avait toujours gardé à l’écart, pour la préserver avait-elle toujours pensé. Elle n’allait pas s’en plaindre, cependant. Bien au contraire, c’était une forme d’excitation qui naissait en elle, celle de pouvoir enfin servir véritablement à quelque chose pour son maitre, en dehors des couvertures du BRI et des rapports de surveillance de Vader et consort. La rouquine porta son regard vers la Grande Inquisitrice, pour jauger sa réaction à cette annonce et les conséquences qu’elle impliquait. Shira n’y voyait aucun problème. L’ordre émanait de son maitre et ne souffrait d’aucune contestation. I avait parler, des inquisiteurs tomberaient. Le reste n’avait aucune importance. Mais pour elle ? Il valait mieux qu’il en soit de même…

« Ce sera fait, vôtre Majesté. »

L’Empereur tourna la tête dans sa direction. Il y comptait bien. C’était nécessaire pour envisager la suite. Et puis, il n’avait jamais douté de la dévotion de la rouquine.

« Puis vous changerez vos priorités. Shira vous donnera les informations que le seigneur Vader a omis de vous transmettre pour la traque des nouveaux arrivants. Skywalker reste toujours une priorité. Vous mettrez également l’accent sur la recherche de Vanto, Jinzler et Bridger. Ils sont autant de clés pouvant nous mener plus rapidement au traitre Chiss et au reste des jedis. »

La rousse ne pipa mot, ne sachant pas clairement si cela s’adressait uniquement à Rivensong ou bien si elle était tout autant concernée. Cette incertitude ne serait de toute façon que temporaire. En temps voulu, son maitre se montrerait très clair. Elle allait déjà informer la Grande Inquisitrice sur les sensitifs qu’elle avait vu sur Dantooine, et lui transmettrait une copie des rapports qu’elle avait pu accéder au BRI, bien que ceux-là, elle devait déjà les avoir. Il y avait, par exemple, cette femme sur Corellia. Ou bien encore des signalements sur plusieurs mondes de la Bordure Extérieure, ainsi que dans l’Espace Sauvage.

« Lorsque ce sera fait, vous m’accompagnerez dans le système Beshqek. Toutes les deux. »

Shira tourna la tête vers son maitre, un air interloqué peint sur son visage. Elle n’avait jamais entendu parler du système Beshqek auparavant, et elle pensait pourtant être dans les petits papiers de l’Empereur ! C’était probablement un secret, un secret bien gardé et qu’il semblait enclin à partager également avec elle. De quoi flatter son égo, et raviver la flamme de l’autosatisfaction. Et ce n’était rien, en comparaison de ce que son maitre s’apprêtait à lui dire :

« Le temps est venu pour ma Main méritante de faire son entrée dans notre Ordre. Sous ta tutelle, Nhézya. A moins, bien sûr, que tu ne me déçoive une fois de plus… »

Shira resta sans voix, le visage tourné vers son maitre, lèvres entrouvertes par la surprise. Celle-là, elle ne l’avait vraiment pas vu venir. Elle n’en comprenait pas encore la signification, mais cet aspect là ne l’intéressait pas pour le moment. Ce qui l’intéressait, ce qui la satisfaisait, c’était de savoir que son maitre, cette figure paternelle, ce père, voyait en elle son potentiel et semblait désireux de le récompenser. Le reste n’avait soudainement plus aucune importance… Pas même la menace lancée à la Grande Inquisitrice. Cela ne la concernait pas. Pas le moins du monde…

L’Empereur, lui, ne plaisantait pas. Ca n’avait jamais été dans ce genre. Du moins, pas de cette façon…

Recevoir ce genre d’éloges de l’Empereur n’était pas chose courante. D’ordinaire, son maitre trouvait toujours un moyen de relativiser le travail accompli, le plus souvent en lui rappelant qu’elle n’y serait pas parvenue sans ses conseils et autres directives. Le fait qu’il n’avait pas souvent fait appel à elle ces dernières années pour accomplir une mission particulière en dehors de la surveillance de Vader et d’Isard avait également son importance. Shira avait été habituée depuis longtemps déjà de se contenter de cet état de fait tout en considérant que si l’Empereur n’était courroucé par son travail, c’était que ce dernier lui était à minima satisfaisant. La rouquine ignorait bien évidemment que son maitre lui rendait depuis quelque temps bien plus souvent visite qu’il n’y paraissait ; que ce soit dans son esprit soumis à sa volonté ou bien encore dans son sommeil, d’ailleurs souvent induit par l’Empereur lui-même, pour à la fois y parfaire son autorité et pousser de nouveaux objectifs à la Main qu’il n’avait jamais pensé avoir à son service. Il y avait là quelque chose de volontairement retord et malsain à appliquer ainsi sa volonté à quelqu’un aussi proche de la préférée déchue qui avait osé le trahir. Une douce vengeance qui se mangeait tiède, et sans demander l’avis de la jeune rouquine.  Shira lui était de toute façon dévouée, et ce n’était pas un blondinet qui lui ferait lui tourner le dos. Il faudrait bien plus pour cela. Sur ce point, seule la vérité pourrait peut-être y parvenir, et dans ce cas, quel en serait le prix ? Bien grand, très probablement…

Pendant que l’Empereur se perdait intérieurement dans ces pensées machiavéliques, Shira essayait de ne pas appréhender ce qui lui serait réserver sur cette planète. C’était en effet la première fois que son maitre précisait qu’il ferait le déplacement avec elle loin du Palais Impérial. C’était aussi la première fois qu’il autorisait quelqu’un à la former en sa présence. D’ordinaire, il se contentait de faire les présentations s’il l’estimait nécessaire, ce qui n’était arrivé qu’une fois lorsqu’elle était très jeune et avant qu’il ne prenne ses distances pour la mettre à l’épreuve, ou bien passait-il plus généralement par un intermédiaire comme sa garde pourpre ou encore Vader dans une moindre mesure. La rousse pouvait ainsi aisément se perdre en conjecture. Son maitre, cependant, avait très clairement en tête ce qu’il voulait voir être accompli avec sa petite Main. Rivensong l’avait probablement compris, puisqu’elle était elle-même passé par Byss des années auparavant. Les méthodes là-bas n’avaient guère changer. Byss, en revanche, avait commencé à doucement évoluer vers l’objectif qu’il s’y était fixé.

« Shira, j’exige de ta part la plus grande discipline. En mon absence, considère que les paroles de Rivensong ont autant de valeur que les miennes. Me suis-je bien fais comprendre ? »

« Oui, mon Maître. » dit-elle en relevant le regard dans sa direction, tout en se gardant cette fois-ci de le dévisager.

Le ton de sa voix était équivoque. Elle obéirait, et comprenait parfaitement où il voulait en venir. Il lui avait déjà demandé ça concernant Vader au moment de l’apparition des failles, avec le bémol d’en profiter pour surveiller ses faits et gestes. Il allait néanmoins devenir compliquer de devoir concilier s présence auprès de Vader, auprès du BRI et auprès de Rivensong. Fort heureusement, Vader était d’un naturel très solitaire lui aussi et ne requerrait que très rarement sa présence. Peut-être qu’il se méfiait d’elle depuis quelque temps, ce ne pas impossible. Il faut dire que leur relation avait nettement changé avec l’apparition des failles et la convocation surprise de l’Empereur, pour la rétablir comme sa Main. Sidious, cependant, y avait également pensé. Aussi se rattrapa-t-il assez rapidement :

« Une dernière chose. La mission qui t’était jusque-là assignée est suspendue jusqu’à nouvel ordre. »

« Il sera fait selon vos désirs, comme toujours. »

Il n’avait pas précisé quelle mission mais Shira avait bien compris qu’il n’était plus question de surveiller Vader directement. Ce qui signifiait ne plus avoir à faire de rapports, et donc de ne plus essayer de le suivre lorsque le bras droit de l’Empereur ne la convoquait pas. Dans les faits néanmoins, les choses n’allaient pas vraiment changer : puisque son maitre avait demandé à Rivensong de surveiller Vader et que la rouquine allait devoir faire côtoyer plus régulièrement la Grande Inquisitrice, la surveillance de Vader resterait de mise, juste sous une autre forme.

« Quand à vous Rivensong, je compte sur vous pour ne faire preuve d’aucune clémence envers elle. » lâcha-t-il fermement à l’intention de la Grande Inquisitrice.

La rouquine s’autorisa à croiser les bras sous sa poitrine en constatant que la discussion commençait à se recentrer sur les prérogatives de la grande inquisitrice, et jeta son regard interrogateur vers cette dernière. Elle n’était pas convaincue que celle-ci accepterait de la voir ainsi s’immiscer dans ses affaires malgré l’injonction claire de son maitre, et cela même si elle l’acceptait ici-même, en sa présence. Personne n’apprécierait de voir un chien de garde surveiller ses moindres faits et gestes dans son pré-carré. L’idée même, alors, de voir ce chien de garde agir dans ce dit pré-carré était légitimement insupportable. Shira aussi n’apprécierait pas se voir assigner un larbin pour accomplir sa mission. Il ne fut donc pas surprenant pour elle de voir Nhézya Rivensong s’offusquer au travers d’une demande de prise de parole néanmoins posée et dénuée de la moindre interjection. C’était louable, car elle-même ne s’était parfois pas aussi bien retenue. L’Empereur sembla lui aussi noter les manières de sa grande inquisitrice. Il n’avait pas besoin de rentrer dans l’esprit de ses deux pions pour connaître leurs réactions, ou leurs trains de pensée. Il ne les connaissait que trop bien, Shira encore plus que Nhézya. Oh non, tout ceci était prévisible. Un pion ne voulait pas d’un autre pion sur ses plates-bandes, or c’était pourtant dans ces conditions que les pions s’élevaient ou périssaient. Le principe de compétition était une méthode qui fonctionnait partout, du simple sbire au pion subtil qu’est un Moff ou un Grand Amiral. Ce n’était néanmoins pas le sujet aujourd’hui. Il n’avait aucune envie de voir les deux femmes s’opposer, bien au contraire. Aussi Palpatine se redressa-t-il pour se pencher en avant, et de son regard perçant, fustigea sa Grande Inquisitrice.

« Je t’écoute, Nhézya. Qu’est-ce donc qui te perturbe ? »

Il serait fait selon sa volonté et ses désirs.

Oui.

Exactement.

Il était le maitre de ces lieux, le maitre de la galaxie, qu’il avait façonné dans l’ombre pour parvenir à ses fins, en faisant usage sur le grand échiquier galactique de pions bien souvent moins malléables que celles présentes devant lui. Il n’y avait point d’inquiétude concernant cet état de fait chez l’Empereur. Il savait que des deux, Rivensong était celle qui avait le plus de probabilités, bien qu’extrêmement faibles, de désobéir. C’était aussi pour cela qu’il avait décidé de lâcher sa Main dans le dos de la Grande Inquisitrice. Pour lui rappeler sa présence permanente à ses côtés dans l’action qu’elle était sensée accomplir. Sa Shira ne serait pas seulement l’élève de la Grande Inquisitrice pour les mois à venir, elle serait également sa garantie. Celle qui rapporterait sans la moindre hésitation le moindre signe de dérapage chez celle en qui il avait accordé une bien maigre confiance pour gérer les affaires de l’Inquisitorius sans avoir les mains totalement liées par le seigneur Vader. Il n’était pas question que sa Main devienne une pure inquisitrice, ni que Rivensong ne devienne définitivement sa maitresse. La Grande Inquisitrice n’avait pour objectif que de reprendre le rôle que bien d’autres avaient endosser avant elle pour former correctement sa Shira dans des domaines bien particuliers, comme ce fut le cas pour sa garde royale, Arden Lyn, et bien d’autres. Seul le Seigneur Vader pouvait se vanter d’être sortit du lot, pour avoir prit Shira Brie comme son apprentie secrète après que l’Empereur s’en soit délaissé quelques années plus tôt. Il l’avait formé dans son dos, avant que la situation galactique ne fasse éclater la vérité au grand jour lorsque Palpatine décida de la rappeler à lui.

Bien évidemment, l’Empereur avait fait mine de ne rien savoir, et fait de Shira son espionne drapée dans la cape de Vader. Celle sensée lui rapporter ses moindres faits et gestes lorsque cela lui était possible. Celle sensée le prévenir si jamais son apprenti décidait un jour de se retourner à nouveau contre lui. Il n’avait pas été le premier et ne serait certainement pas le dernier. La vermine chercherait toujours à renverser l’autorité, sans jamais comprendre pourquoi elle échouait. Désormais, l’ivraie possédait également bien d’autres formes : les jedis et siths venus d’autres temps ; les Chiss, et bien entendu la Rébellion. Ah, la Rébellion… Cet outil qu’il aurait pu utiliser pour asseoir encore un peu plus sa dominance dans la galaxie et qui lui avait malgré tout échappé des mains. Il serait intéressant pourtant de pouvoir en reprendre le contrôle, pour rétablir une recette qui avait si bien marché au cours de la Guerre des Clones, cette époque où rien ne lui échappait ; où l’échiquier galactique était entièrement en sa possession. L’Empereur se pencha légèrement en avant, son attention portée presque exclusivement sur sa Grande Inquisitrice, un faux air malsain de surprise se dessinant sur les traits de son visage ridé et meurtri. Oooh… Rivensong croyait-elle sincèrement que lui, le dirigeant tout puissant de l’Empire, l’être omniscient qui avait orchestré la chute de la République et la Guerre des Clones était incapable de masquer ses actes aux ridicules insectes du BRI et du BSI ? Au reste de l’Empire ? Brave petite, elle restait au final bien aussi naïve que sa rouquine… Evidemment, elle ne pouvait pas savoir. C’était son plus grand chef d’œuvre.

« Soyez assurée, Grande Inquisitrice, que personne, que ce soit au BRI, au BSI ou dans le reste de l’Empire n’en apprendra jamais rien. » dit-il, une pointe d’amusement discernable au creux de sa voix.

C’était à la fois une consigne et un avertissement. Ce serait également un bon test pour sa rouquine. Il ferait évidemment le nécessaire si besoin, pour étouffer cette affaire qui, normalement, ne devrait de toute façon pas faire grand bruit, car réglée en interne et à l’abris des regards les plus indiscrets. Pour le reste, sa Main saurait à quoi s’en tenir. Rivensong aussi.

Shira avait bien évidemment compris ce que cela signifiait, que si les sensitifs étaient effectivement intouchables si l’on souhait éviter de les voir revenir sous une autre forme plus tard, il n’en était rien des autres, lesquels seraient éliminés sans la moindre hésitation au moindre soupçon. Elle les tuerait de ses propres mains, et sous les yeux de la Grande Inquisitrice si nécessaire. Les paroles de l’Empereur étaient venues se graver au fond de son esprit et elle ferait le nécessaire pour qu’il n’y ait pas le moindre témoin de cette affaire, que Rivensong le veuille ou non.

Il lui restait désormais à préciser certaines modalités, alors qu’une nouvelle idée venait germer dans au creux de son esprit. Il se redressa un peu, de quoi lui donner l’impulsion suffisante pour se lever de son fauteuil et s’approcher à petit pas du haut des escaliers. Lorsqu’il reprit sa parole, son intonation n’était déjà plus la même.

« N’oubliez pas. Vos inquisiteurs ne peuvent mourir, Rivensong. Il est hors de question de rajouter leurs noms à la liste déjà bien trop longue de nuisibles. »

Il avait déjà fort à faire avec les revenants jedis, et les relents du passage de son ancien maitre, Plagueis. Ils avaient insufflé un vent de révolte dans toute la galaxie, au point de retourner certains de ses atouts, des plus fiables aux plus imprévisibles. Il devait aussi faire avec les nouveaux siths. Le comportement de la plupart depuis la dernière réunion organisée sur Coruscant ne le surprenait pas. Seuls quelques-uns faisaient ce qui leur avait été demandé. Il y avait le seigneur Grodjirah, qui continuait de tenir son académie sur Korriban malgré qu’il ait fait éclipser ce monde ancestral désormais inutile pour Coruscant. A défaut de lui être inutile, chose qu’il appréciait particulièrement, il avait au moins l’avantage d’être discipliné. Il y avait aussi Hilts, qui s’occupait d’Organa sur Alderaan… Il ne pouvait pas en dire de même des autres. La twi’lek n’avait rien tenté pour accomplir sa tâche. Le sang-pur lui avait été pratiquement inutile au début, et semblait à peine commencer à faire quelque chose maintenant qu’il l’avait envoyé dans les pattes d’Isard. Et puis il y avait Vitiate, cet être indigne de la moindre confiance et capable du pire, comme le fut Plagueis. Pour les autres, qu’il n’avait pas encore rencontré, il était encore trop tôt pour les évaluer. L’Empereur n’avait cependant guère d’espoir de parvenir à en faire quelque chose qui lui serait bien utile. A eux, de toute façon, de lui prouver le contraire…

Doucement, il se mit à descendre une à une les marches qui le séparait de ses invitées, tandis que sur sa droite sa Main commençait déjà à s’écarter de quelques pas pour lui offrir plus de place. Il s’arrêta à leur hauteur, sans pourtant tourner le regard dans aucune de leur direction.

« Faites ce qu’il y à faire pour tirer d’eux quelque chose d’utile, Grande Inquisitrice. Vous en sélectionnerez ensuite quelques-uns et les ferez transférer sur un de nos vaisseaux prisons. Ils nous accompagneront jusqu’à Byss. »

Où il s’occuperait personnellement d’eux pour continuer les expérimentations qu’il avait commencé à orchestrer sur cette planète depuis la proclamation de son Ordre Nouveau. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas eu le temps de retourner se charger de cette œuvre qui lui laissait toujours un petit goût d’inachevé.  Ce ne fut qu’en arrivant sur la fin de ses propos qu’il tourna légèrement de côté vers Rivensong, qui en profita pour changer de discours pour aborder un sujet auquel, l’Empereur devait l’admettre, il ne s’était pas attendu. Le sourire sévère qui avait accompagné ses précédentes paroles avait disparu, remplacer par un trait contrit. Palpatine avait bien senti que quelque chose tiraillait la Grande Inquisitrice, à défaut de réellement la contrarier.

Aucune ride de son visage de cilla à la révélation que lui fit Rivensong. La surprise, pourtant, était bien réelle, ainsi que l’incompréhension. D’abord parce qu’il n’avait pas sentit la moindre perturbation qui pourrait signaler l’arriver d’un proche dans cette temporalité, mais surtout parce qu’il n’avait jamais envisagé de réelle descendance, que ce soit dans un avenir proche comme lointain. Il ne comptait tout simplement pas mourir, et encore moins céder son Empire et tout ses accomplissements. Pas même à Vader. Alors des enfants, et des petits enfants… Il ne comprenait pas l’intérêt qu’avait eu quelqu’un comme Vitiate par exemple, à par peut-être par pure curiosité scientifique. Il préférait les atouts loyaux et dévoués, des pions façonnés et soumis à sa volonté ; dépourvu de ce genre de cupidité. Il avait bien fait des expériences, s’était entouré de concubines… mais une descendance ? Jamais !

« Oui, je suis au courant. Je me demandais simplement quand vous vous décideriez à me le dire, Rivensong… » lâcha-t-il platement, comme s’il s’agissait là d’une vérité indiscutable.

C’était un mensonge éhonté, bien évidemment, mais il ne pouvait pas se permettre de montrer à la Grande Inquisitrice que l’être omniscient qu’elle vénérait avait pu passer à côté d’une telle révélation. C’était encore plus le cas concernant sa Main. Il restait néanmoins curieux de savoir qui osait clamer être de son sang, et si cela était le cas, si cette personne était seulement digne de porter ainsi son nom. Ce serait également le moyen de connaître de quelle manière cette personne avait vu le jour, pour s’assurer que cela n’arrive pas à l’avenir le cas échéant. En attendant… En attendant, il se contenterait d’étudier à distance cette nouvelle venue, cette Rey en s’ouvrant pleinement à la Force avant de se risquer à quoi que ce soit avec un potentiel électron libre de cet acabit dans son temps.

« Vous la ferez mener ici, à Coruscant. »

« Est-ce bien judicieux, Mon seigneur ?! » s’exclama soudainement Shira, qui n’avait pas su de toute façon cacher sa surprise et son étonnement depuis le moment où la Grande Inquisitrice avait évoqué ce sujet.

La main que leva aussitôt l’Empereur dans sa direction sans même se retourner la stoppa aussitôt dans son élan, la rouquine reconnaissante aisément là l’injonction vouée à la réduire au silence. Elle déglutit péniblement et reprit la place qu’elle avait à peine quitté d’un demi pas, et ce sans demander son reste en connaissance de cause. La Main connaissait sa place, et l’opinion de son maitre était, est, et restera à jamais absolue. Cela ne l’empêchait pas d’être à la fois inquiète et contrariée par cette situation, un peu comme elle l’avait pu l’être le jour où l’Empereur avait fait de la traitresse Organa son apprentie. S’entourer ainsi d’éléments instables et peu fiables, comme cela avait déjà été le cas avec les siths venus du passé et du futur, lui semblait être un pari risqué. C’était la première fois, néanmoins, qu’elle osait émettre son désaccord de manière aussi prononcée.

« C’est à moi, et moi seul d’en juger. Vous avez vos instructions, ce sera tout. »

Le regard de la rouquine chuta lourdement vers le sol, avant que la Main ne se baisse à nouveau pour poser un bref genou au sol. Elle acceptait comme toujours la volonté de son Empereur. Sa pensée, ses convictions, tout cela n'avait aucune importance.

« Ce sera fait, Maitre. Nous vous informerons lorsque l’affaire aura été traitée. »

Oui. Du balais. Il avait une nouvelle menace potentielle à étudier sous toutes les coutures pour savoir s’il pourrait en faire un outil ou non. Ces deux pions n’étaient désormais rien de plus qu’une distraction…



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Lancés de dés :

- Palpatine avait-t-il senti l’arrivée de Rey dans cette époque ? >>> Non.