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Des enjeux politiques
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Il était plutôt rare que ses parents lui écrivent par lettre papier, au lieu de passer en message par ordinateurs interposés. D’une part parce que son père préférait largement écrire sur son petit ordinateur portable, d’autre part parce qu’il estimait qu’envoyer une lettre simple était beaucoup trop long. Et pourtant, cette fois, elle avait reçu une longue manuscrite de pas moins de douze pages… Ce n’était pas la longueur qui l’étonnait, ses deux parents aimaient partir dans de grandes envolées lyriques lorsqu’ils s’y mettaient, mais plutôt le ton employé. Ils n’avaient pas l’habitude d’employer ce genre de termes… Installée dans un confortable fauteuil, dans leur résidence, elle relut une fois de plus la longue missive, tout en se demandant de quelle façon ils en étaient arrivés là, si c’était seuls, suite à son départ précipité de l’autre jour, ou s’ils avaient été influencé par l’Aristocra Csapla suite à ce même départ, un peu plus encore.

Ses parents avaient fait tout ce qui avait été en leur possible pour qu’elle se remarie, depuis toutes ces années, et aujourd’hui, eux aussi prenaient le partie qu’elle divorce avec rapidité. Elle soupira légèrement, baissant le regard vers son ventre, en y apposant la main. Sa famille ne se souciait pas des implications et conséquences, tant politiques que sociales, qu’un divorce produirait. D’autant plus sans raison officielle. Sans compter qu’elle n’avait pas l’intention de se laisser faire aussi aisément. Pensive, elle finit par appeler son époux, élevant légèrement la voix pour qu’il l’entende, dans la pièce d’à côté. Ils venaient tout juste de finir de dîner et le soir tombait un peu plus à chaque instant. Lorsqu’il vint la rejoindre, elle lui tendit la lettre afin qu’il puisse lire à son tour, en lui disant qu’elle venait juste de prendre connaissance de la missive, c’était arrivé ce matin même.

Le temps qu’il lise, elle en profita pour se détendre quelque peu. Son éducation, ainsi que la force de l’habitude, lui faisaient prendre sans cesse des postures très droites, parfois peu confortables, qu’elle soit assise ou debout. Or, certaines de ces tenues étaient très inconfortables, lorsqu’on était enceinte, elle le réalisait à présent. Tout comme les vêtements… De même, avec son éducation et les valeurs de sa classe sociale, elle avait toujours dû veiller au regard des autres et donc au choix de ses vêtements. Paraître négligé serait inadmissible. Pourtant, à la maison et depuis son mariage, elle avait pu commencer à adopter des tenues plus souples et souvent plus commodes. Après avoir constaté que si Formbi faisait très attention à ça quand il se trouvait à l’extérieur, il semblait bien s’en moquer une fois chez lui. Namia avait donc peu à peu, chez eux, à adopter des robes moins longues, découvrant les chevilles somme toute, et même parfois à ne pas prendre soin de bien coiffer ses cheveux, les laisser simplement détachés dans son dos.

"Beclu'doz'csapla a dû leur exposer plus en détails son point de vue, suite à mon départ. Ils ont peur, je peux le concevoir, mais cela reste une attitude tout à fait déplacée. Être parent ne signifie pas tout pouvoir se permettre, bien loin de là. De plus, un divorce ne ferait qu’empirer la situation, pour toi comme pour moi. Sans oublier les nombreux problèmes politiques que cela pourrait engendrer. L’affaiblissement de ta position. Mon cousin est prêt à user de nombreuses méthodes, mais la tentative d’intimidation reste une des plus répugnantes."
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Sam 8 Mai 2021 - 20:58
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Essayer de s’en prendre à sa femme et leur enfant, c’était bas, extraordinairement bas, une tactique aussi ignoble que dégradante. Formbi soupira légèrement, en lisant la fameuse lettre, en travers. Il n’avait pas la moindre envie de s’attarder sur ce type de détails, c’était trop aberrant. Cela dit, ça ne l’étonnait qu’à moitié. Il avait toujours eu le sentiment que sa belle-famille avait poussé ce mariage pour le prestige social, plus que tout, et désormais, elle le regrettait car ce prestige s’effritait, d’après leur cousin. Il n’avait finalement vu que très peu de fois ses beaux-parents, n’avait jamais été invité chez eux et la seule fois où il les avaient invité chez lui, avant le mariage, ils avaient poliment refusé. Pour quel motif, ça, il ne s’en souvenait plus très bien, mais ça n’avait plus d’importance. C’était juste ridicule… Il baissa la lettre avec un petit haussement de sourcils, sur les remarques culpabilisantes de la fin, puis la plia, avant de la jeter sur la table basse. Ridicule, oui.

– Beclu'doz'csapla a dû leur exposer plus en détails son point de vue, suite à mon départ. Ils ont peur, je peux le concevoir, mais cela reste une attitude tout à fait déplacée. Être parent ne signifie pas tout pouvoir se permettre, bien loin de là. De plus, un divorce ne ferait qu’empirer la situation, pour toi comme pour moi. Sans oublier les nombreux problèmes politiques que cela pourrait engendrer. L’affaiblissement de ta position. Mon cousin est prêt à user de nombreuses méthodes, mais la tentative d’intimidation reste une des plus répugnantes.

– Il fallait s’y attendre, je pensais bien qu’il allait tenter quelque chose de ce goût-là, même sans utiliser directement tes parents ou l’un de tes frères. Il n’osera pas s’en prendre physiquement à toi trop tôt, et de toute manière, tu es protégée durant tes déplacements, maintenant. Mais en ce qui concerne ce type de problème, le bal est ouvert depuis le début. Il y aura d’autres tentatives, avant que ça ne devienne plus grave. Tu ne dois plus te rendre à la capitale, dorénavant. Ta grossesse fournit une bonne excuse, si l’on peut dire les choses ainsi.

Formbi avait trouvé des personnes de confiance pour préserver ses proches, sauf pour Ewime qui était déjà à l’abri, hors de l’Ascendance. Lui-même avait également une personne avec lui, maintenant, qui veillait à son intégrité physique. Le fait était qu’il ne pouvait pas se permettre de ne plus remettre les pieds sur Csilla et au parlement, il n’avait pas le choix, et il était donc contraint non seulement de se faire protéger mais aussi de faire très attention à tout ce qu’il pouvait boire, manger ou toucher. Parlant de ça, il se releva pour aller leur chercher de quoi boire, à tous les deux, sans alcool évidemment. La soirée venait juste de débuter, ils avaient déjeuné un peu plus tôt. Il emmena deux verres et une bouteille, fraîche, d’un assemblage de fruits pressés, produit à quelques kilomètres de là. Déjà, enfant, c’était ce qu’il buvait le soir, avec ses parents, avant qu’ils ne disparaissent tous les deux. En se rasseyant, il se dit à tout que l’espérance de vie dans sa famille avait tendance à être assez courte… Et pas toujours pour les mêmes raisons.

Ne plus être seul, le soir, changeait la vie d’une manière bien plus radicale qu’il ne l’avait longtemps pensé. Auparavant, le soir, il continuait de travailler une heure ou deux, dans son bureau à la maison, ou dans sa maison de Csaplar, avant de lire un peu puis se coucher. Les soirs de déprime, il buvait un verre, jouait de la musique, puis allait dormir tôt. Sa maison était une antre dédié au travail, où seuls quelques rares romans venaient disputer la place aux dossiers en cours. Les seuls éléments personnels étaient quelques photos de famille, rangées dans des albums. A l’arrivée de Namia dans sa vie, les dossiers administratifs avaient peu à peu cédé du terrain face à des objets de décoration, des souvenirs, des photos maintenant encadrées et affichées sur les meubles, quelques plantes ci et là. Il passait ses soirées avec elle, plutôt qu’avec son travail, et même les récents problèmes ne pouvaient pas entacher ce bonheur-là. Elle avait comblé un vide dans son existence, dont il n’avait même jamais été conscient jusqu’alors.

Surtout, elle faisait front avec lui et c’était un des points faisant qu’il s’était plus attaché à elle qu’il n’osait l’avouer. Elle était de bon conseil, intelligente et combative, elle savait réfléchir au-delà du prisme des traditions et règles sociales. Elle… l’apaisait… Elle était comme la digue retenant un torrent tumultueux. Capable de se tenir sans crainte face à la tempête en approche. Une femme comme il avait toujours cru qu’il n’en intéresserait jamais. Après avoir servi les deux verres, il lui tendit le sien, se penchant un peu en avant pour l’atteindre, comme elle était assise dans le fauteuil inclinable.

– Les rumeurs ont aussi bien débuté dans notre propre Clan, il n’y a pas à dire, ton cousin sait s’y prendre, dans ce genre d’affaires. La moitié de mes affaires du moment consiste à faire taire les ragots les plus odieux et à rassurer le restant. Je m’étais jamais vraiment soucié de l’image véhiculée, avant tout cela…

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Des enjeux politiques 8bem
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Mar 11 Mai 2021 - 15:00
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"Il fallait s’y attendre, je pensais bien qu’il allait tenter quelque chose de ce goût-là, même sans utiliser directement tes parents ou l’un de tes frères. Il n’osera pas s’en prendre physiquement à toi trop tôt, et de toute manière, tu es protégée durant tes déplacements, maintenant. Mais en ce qui concerne ce type de problème, le bal est ouvert depuis le début. Il y aura d’autres tentatives, avant que ça ne devienne plus grave. Tu ne dois plus te rendre à la capitale, dorénavant. Ta grossesse fournit une bonne excuse, si l’on peut dire les choses ainsi."

"Je le comprends très bien, ne t’en fais pas."

Elle ne tenait pas à ce qu’il s’inquiète en plus pour elle, alors qu’il aura déjà bien assez à se soucier une fois forcé de revenir sur Csilla lui-même. Prendre garde à tout ce qu’il pouvait manger, toucher ou boire… Même prendre garde à ses déplacements, car un « accident » était si vite arrivé. Comme l’avait menacé son cousin, lors de leur rapide conversation sur Csilla. Elle soupira un peu à cette pensée, pendant qu’il allait leur chercher deux verres et du jus de fruit, produit localement si elle avait bien compris, et les remplissaient. Elle le remercia quand il lui donna le sien, avec un bref regard de passage vers la lettre repliée, négligemment jetée contre la table basse. Faudra-t-il vraiment y répondre ? Elle devra d’abord réfléchir, ne sachant pas très bien quoi penser de la réaction de ses parents. De toute manière, une réaction à chaud n’était jamais la solution. D’ici une journée, ou deux, elle y repensera.

"Les rumeurs ont aussi bien débuté dans notre propre Clan, il n’y a pas à dire, ton cousin sait s’y prendre, dans ce genre d’affaires. La moitié de mes affaires du moment consiste à faire taire les ragots les plus odieux et à rassurer le restant. Je m’étais jamais vraiment soucié de l’image véhiculée, avant tout cela…"

"Il faut reconnaître que ça lui a facilité la tâche. Le fait que tu ne sois pas soucié avant cela de ton image. A ton poste, les écarts de comportement passent moins. C’est à la fois un point fort et un point faible, un chef de Clan doit être capable de dresser la tête face à toutes les adversités, et dans le même temps, il doit rentrer dans le moule. J’ai aussi pas mal des rumeurs odieuses que tu évoques, je doute que certaines d’entre elles soient vraiment prises au sérieux. Pas encore, en tout cas. J’imagine que mon cousin est tout à fait capable de monter de faux dossiers d’accusation."

Contre Formbi lui-même ou contre l’un de ses proches, toutes les possibilités étaient ouvertes. Il pouvait aussi s’en prendre à Favan. Ce serait la cible facile, en quelque sorte, il était déjà connu qu’il était l’un des seuls amis proches de Formbi, si ce n’est le seul, finalement. Depuis leur mariage, Namia n’avait pas entendu son mari parler d’un autre ami proche et n’en avait pas rencontré non plus. Favan habitait non loin d’ici, pour sa part, il vivait dans l’une des premières maisons de la ville toute proche, avec son épouse. Elle but deux petites gorgées de son verre, tout en imaginant ce que le pauvre risquait de subir, comme fausses accusations, ça pouvait aller particulièrement loin.

"Tu dois soigner les apparences plus que tout, dès lors que tu seras à la capitale, en plus de prendre garde à tout le reste. Et ne pas donner de raisons supplémentaires de mal de te considérer."

Elle lui sourit doucement, en ajoutant que même s’il pouvait avoir du mal à certaines occasions, elle était là pour le soutenir et l’aider. Puis lui dit qu’il pouvait aussi compter sur Favan, ses amis au sein du Conseil… Bien qu’elle soit peu certaine qu’on puisse utiliser le terme amis pour ces derniers. Là-dessus, son époux lui faisait de la peine. Il ne montrait jamais son vrai caractère en public, ce qui faisait que les gens le jugeaient mal, il s’énervait vite donc il repoussait encore plus les autres, et elle avait le très fort sentiment qu’il jugeait ça normal, que la solitude était comme un compagnon de route parfaitement habituel, qu’il perdait son temps à chercher mieux. Il y avait malgré tout quelques petits progrès, depuis leur mariage, bien que ça ne soit pas la panacée.

"Sais-tu d’où vient la rumeur qui circule contre ta famille ? Tes parents ? Ils ne sont pas décédés de mort naturelle ?"
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Lun 24 Mai 2021 - 19:31
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Lui aurait facilité la tâche de ses détracteurs ? Voyons, si peu ! Il lâcha un sourire un peu cynique, mais au fond, savait bien que sa femme avait raison. Il avait déjà eu des problèmes à cause de ça, évidemment, par contre, comment aurait-il pu s’imaginer que ça aille si loin ? Il écouta son épouse en silence, dans un premier temps, son verre à la main. La voir ainsi, confortablement installée elle aussi, le ventre bien rond, il l’imaginait dans la même posture, d’ici quelques mois, avec leur fils dans les bras, occupé à téter sa maman. Un rêve pour le moment, qu’il comptait bien voir se réaliser un jour, qu’importe tous les coups montés que lui jettera son adversaire au visage. Il lui assura qu’il travaillera plus sur son image et les apparences, bien entendu, lorsqu’il sera de nouveau au Parlement ou ailleurs dans la capitale. Il ne pouvait même pas se dire que tout ira bien, il n’en savait rien. Tout ou presque pouvait arriver. Pour ses proches, pour lui. Pire encore, pour ce bébé à naître.

– Sais-tu d’où vient la rumeur qui circule contre ta famille ? Tes parents ? Ils ne sont pas décédés de mort naturelle ?

– Non.

Un simple mot, dur à prononcer. La famille, encore et toujours sa corde la plus sensible… Il but pour tenter de se redonner un peu de contenance, pourtant, ça ne servait déjà plus à grand-chose. Les longues années passées ne lui avaient toujours pas permis de faire son deuil. Tout s’était enchaîné trop vite, il n’avait pas non plus été demandé de l’aide à un spécialiste et personne ne lui en avait jamais proposé. Seule la musique l’avait aidé à adoucir sa peine, et au fil des années, il s’était simplement contenté de tout enfermer dans un coin de son esprit et ne plus jamais laisser quoi que ce soit ressortir quand il était en public. Il se racla un peu la gorge, cherchant ses mots, pour une fois, et comment les énoncer sans s’effondrer, tout simplement. Il devait bien tenir. Et puis, ça faisait si longtemps ! Il se sentait ridicule d’en être encore malade, après tant d’années.

– Notre père est décédé quelques semaines avant la naissance de ma petite sœur. Nous n’avons pas très bien su les circonstances, il était en mission diplomatique dans une colonie, la situation a dérapé, et selon la version officielle, il a reçu un tir qui ne lui était pas destiné. J’avais vingt-cinq ans et Ewime ne l’a donc jamais connu. Puis, lorsque ma petite sœur a eu onze ans, ses premiers ennuis de santé se sont déclarées. Et ceux de notre mère se sont aggravées à la même époque. Elle a été hospitalisée assez vite… puis en est décédée deux mois plus tard…

Il dû faire une pause pour se racler de nouveau la gorge, boire de longues gorgées de son verre, et surtout, retenir de toutes ses forces la moindre larme. Jamais il ne parlait de leurs parents, d’ordinaire…

– J’étais déjà assez âgé pour m’occuper convenablement de ma petite sœur après ça. Et je travaillais déjà en politique, à ce moment-là, j’étais Administrateur du Clan. Il a fallut longtemps avant que le santé de ma petite sœur ne soit stabilisée, les médecins ont d’abord eu du mal à comprendre ce qui lui arrivait, avant qu’il ne soit bien posé que c’était une maladie héréditaire, passée par notre mère. Aujourd’hui, par bonheur, l’enfant qu’elle porte semble épargné. Même Feesa se portait comme un charme, elle aussi. Je ne comprends pas très bien, si ça saute une génération parfois, ou… Enfin, je ne sais pas.

Sa nièce avait peut-être tout simplement eu beaucoup de chance. Formbi prit une minute pour fermer les yeux et respirer lentement, profondément, jusqu’à se calmer.

– Je ne sais pas d’où est née la rumeur mais c’est juste ridicule, marmonna-t-il, toujours les yeux fermés. C’est juste… La maladie, un manque de chance, des accidents…

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Sam 29 Mai 2021 - 20:33
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La question initiale était sans doute idiote, les parents de son époux n’avaient évidemment pas pu décéder de façon naturelle à un tel âge. Mais elle ignorait ce qui s’était passé exactement. C’était un sujet délicat pour son mari, cela se voyait d’emblée, à sa manière de se tenir, chercher ses mots… Lutter contre les larmes, à la seule évocation du sujet, elle pouvait le voir. Ça ne pouvait pas l’étonner. Il pouvait être dur sur bon nombre de sujets, en balayer d’autres là où il aurait dû plus s’en soucier, cependant, dès que cela touchait au sujet si délicat qu’était la famille, il avait du mal à conserver son sang-froid ou sa contenance. Ils n’avaient pas encore abordé tout cela de front, car Namia ne s’était pas sentie si vite en droit de lui demander ce qui était arrivé exactement. Autant par crainte de le blesser par que crainte, finalement, de ce qu’elle pourrait entendre.

Des craintes qui se légitimèrent, lorsqu’il débuta son récit. Cette version officielle, sur le décès de son père était très… troublante. Même si une mission diplomatique avait très mal tournée, que des peuples extérieurs s’étaient invités et que le tout avait viré en bataille rangée, elle trouvait étrange qu’un tir perdu ait pu se produire. L’auteur de ce tir aurait été traduit en justice, que ce soit un accident ou pas. Or, rien de ce genre n’était arrivé. Était-il sûr que cette version de l’histoire soit la bonne… ? Qu’il ne s’était pas passé autre chose, de complètement différent ? Troublée, elle faillit poser immédiatement la question, puis se retint, tandis qu’il poursuivait son récit. Namia s’attendait à ce que ça soit un accident qui ait ensuite emporté sa mère, mais non, ce fut la maladie. La même maladie se déclarant chez la jeune sœur de son époux, à la même période que le décès de leur mère.

Il lui faisait mal de l’admettre mais les rumeurs s’alignant sur ces décès très troubles prenaient plus de légitimité. Elle ne pensait évidemment pas que Formbi soit impliqué, d’une manière ou d’une autre, en revanche, elle peinait à croire que ça soit un simple accident pour son père et même une simple maladie pour sa mère. Le timing était trop beau, pour sa mère et sa sœur… Surtout, si c’était une maladie génétique héréditaire, comme Ewime l’avait déjà affirmé, pourquoi Formbi n’était-il pas lui aussi malade ? Même la petite Feesa, qu’elle avait pu voir avant qu’elle ne disparaisse de nouveau par les failles, lui avait semblé se porter comme un charme. Par ailleurs, Ewime était très suivie, médicalement parlant, et leur avait confirmé que pour le moment, le bébé qu’elle portait ne souffrait d’aucune maladie ou malformation. Cette affaire était tout de même étrange.

"J’étais déjà assez âgé pour m’occuper convenablement de ma petite sœur après ça. Et je travaillais déjà en politique, à ce moment-là, j’étais Administrateur du Clan. Il a fallut longtemps avant que le santé de ma petite sœur ne soit stabilisée, les médecins ont d’abord eu du mal à comprendre ce qui lui arrivait, avant qu’il ne soit bien posé que c’était une maladie héréditaire, passée par notre mère. Aujourd’hui, par bonheur, l’enfant qu’elle porte semble épargné. Même Feesa se portait comme un charme, elle aussi. Je ne comprends pas très bien, si ça saute une génération parfois, ou… Enfin, je ne sais pas."

Namia lui envoyé un regard désolé, qu’il ne vit pas car il avait fermé les yeux, un peu prostré dans son siège. Il pointait du doigt ce qu’elle avait songé la minute auparavant. Ce qui était aussi étrange, c’est que les grands-parents de son époux, eux, étaient bel et bien décédés d’une manière parfaitement naturelle, sans maladie aucune. Un problème héréditaire n’aurait-il pas pu être diagnostiqué plus tôt ? D’autant plus qu’Ewime faisait peine à voir, lorsqu’elle n’était pas correctement soignée.

"Je ne sais pas d’où est née la rumeur mais c’est juste ridicule. C’est juste… La maladie, un manque de chance, des accidents…"

Mmh… Comment lui faire part de ses soupçons sans qu’il ne s’afflige, ne s’énerve ou le prenne trop mal ? La future mère posa son verre sur la table basse et vint derrière lui, pour lui masser un peu les épaules. Elle ne savait pas par où commencer… Et puis, ça faisait tout de même très théorie du complot ! Peut-être que le décès de son père était un véritable accident. Peut-être que celui de sa mère était bien dû à une maladie héréditaire que personne n’aurait décelé plus tôt alors même que ses effets étaient on ne peut plus voyant. Peut-être que Formbi et Feesa avaient tous les deux eut simplement beaucoup de chance. Surtout, comment expliquer tout ça, si on partait du principe qu’il y avait plus qu’une simple malchance ?

"La malchance ne peut tout de même pas tout expliquer, dans ce que tu viens de me raconter."

Elle se pencha pour lui poser une main contre le front, lui faire redresser un peu la tête et pouvoir ainsi l’embrasser dans les cheveux. Elle savait très bien que c’était exactement le genre de conversation pouvant lui faire perdre complètement son sang-froid et le plonger dans un état de nervosité sans pareille, ce qu’elle aimerait bien éviter autant que possible. Ce n’était pas bon du tout pour lui.

"Maintenant que ta jeune sœur vit sur Nirauan, il serait bon qu’elle repasse une batterie d’examens plus… Comment dire… Comme si on ignorait complètement de quoi elle souffre, dans un environnement indépendant."
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Dim 6 Juin 2021 - 11:46
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Il se détendit à peine quand sa femme se leva et vint se mettre debout derrière lui, pour lui masser doucement les épaules et le haut du dos. Ce n’était pas contre elle, navré, il n’aimait juste pas discuter du passé et faire remonter tout cela à la surface. La mort brutale de son père avait été dure à accepter. Puis le décès de sa mère… Il était resté jusqu’au bout à lui tenir la main, à l’hôpital, en voyant son état se dégrader jour après jour, malgré les traitements qu’on lui administrait. A l’époque, il s’était alors interdit de s’effondrer, de pleurer ou d’en être malade, car il devait s’occuper de sa petite sœur. Elle aussi avait développé la même maladie et il avait été hors de question de faiblir alors qu’elle avait tant besoin de lui. Il s’était accroché pour elle, finalement, pour ne pas la perdre elle aussi. Elle n’était qu’une enfant, à cette époque.

– La malchance ne peut tout de même pas tout expliquer, dans ce que tu viens de me raconter.

– Ça ne peut rien être d’autre.

Il ne pouvait pas croire à l’accident pour sa mère car elle en suivait aucun traitement particulier, impossible donc qu’elle ait pu subir des conséquences malheureuses d’un médicament ou d’un autre ! Il rouvrit les yeux lorsque sa femme l’embrassa dans les cheveux, levant une main pour la poser sur celle lui tenant toujours l’épaule. Heureusement, Ewime était bien suivie, aujourd’hui, elle pouvait mener une vie normale tant qu’elle suivait bien son traitement. Ce dernier ne pouvait pas la soigner, il ne faisait que combattre les effets de la maladie, mais c’était déjà ça de gagné. Tant qu’elle prenait garde et ne s’épuisait pas trop, dans sa vie quotidienne, tout allait bien. Ce qui continuait à hautement l’angoisser, c’était son futur accouchement. Il savait que c’était à ce moment-là que Feesa avait perdu sa maman, dans sa ligne de temps. Sa nièce avait accepté de révéler dans un murmure que ce jour-là, il avait fallu choisir entre sauver sa mère ou la sauver elle.

Étant donné les circonstances, Formbi se doutait que ce n’était pas Thrawn qui avait dû prendre cette décision, face aux docteurs, dire qui sauver, entre la mère ou son bébé. Ce qui faisait qu’il ne restait que lui. Une des plus grandes terreurs de sa vie était de se retrouver confronter un jour à une décision aussi grave. Pas pour le choix, il était évident qu’il demandera à sauver l’enfant, mais pour les implications. Il devra demander à laisser mourir sa propre sœur. Volontairement. C’était une scène qu’il refusait d’imaginer… Cette crainte-là, il ne l’avait pas pour Namia, car elle était en bonne santé et n’avait aucun problème, depuis le début de sa grossesse. Sa sœur était différente puisqu’il savait, avec Feesa, que ça pouvait très bien arriver. Il en avait tellement peur.

– Maintenant que ta jeune sœur vit sur Nirauan, il serait bon qu’elle repasse une batterie d’examens plus… Comment dire… Comme si on ignorait complètement de quoi elle souffre, dans un environnement indépendant.

– On le sait déjà, de quoi elle souffre, répondit-il en tournant la tête pour regarder sa femme. Elle avait passé déjà toute une batterie d’examens à l’hôpital de la capitale, en même temps que notre mère, c’est là justement qu’elle a eu ses premiers traitements. En ce moment, ça se passe bien, ils font effet et elle n’a pas de gros problèmes au quotidien. Il n’y a pas un réel besoin de changer ses médicaments, ça fonctionne bien. Elle subit déjà tant d’examens médicaux de suivi et contrôle, encore plus depuis qu’elle est enceinte, elle est bien surveillée, ne t’inquiète pas pour ça.

Il lui sourit pour la rassurer. S’il s’angoissait énormément pour le jour de l’accouchement, il ne s’inquiétait par contre pas pour le traitement médical actuel de sa petite sœur. Tant qu’elle le suivait correctement, tout se passait bien.

– Elle n’est pas dans un environnement malsain non plus, personne ne va la juger là-bas car elle est enceinte sans être mariée. Thrawn s’occupe d’elle et j’imagine qu’il s’assure qu’elle ne garde pas de séquelles psychologiques de l’attaque. Ne t’en fais pas. Tu ne dois pas trop t’inquiéter ou stresser, toi non plus, tu le sais, n’est-ce pas ?

Elle était mignonne de s’en faire pour Ewime, cependant, étant enceinte elle aussi, il n’était pas question qu’il la laisse s’en faire au même niveau que lui-même. Il la tira donc doucement par le poignet pour l’inciter à venir près de lui et la faire asseoir sur ses genoux. Là, il la serra dans ses bras, la massant à son tour pour la détendre.

– Allez… Laissons le passé où il se trouve, nous avons déjà assez à penser pour le futur.

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Dim 20 Juin 2021 - 10:14
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Formbi… Elle essaya vraiment de lui rendre son sourire, en écoutant sa réponse, mais elle n’était pas très convaincue pour autant. Il avait peut-être raison mais… Enfin… Elle ne savait pas trop, toute cette histoire lui laissait un goût étrange, une sensation amère… Il lui était difficile de savoir exactement quoi en penser, de quoi elle pouvait être sûre et de quoi elle pouvait douter. Pour elle, le timing était bien trop non, la coïncidence beaucoup trop grosse. Et dans le même temps, la confiance de son mari en un simple accident la troublait aussi. Peut-être se faisait-elle des films ? Il était vrai que sa jeune belle-sœur se portait bien, tant qu’elle suivait son traitement. Et qu’elle vivait aussi dans un environnement qui n’était pas mauvais pour elle. Enfin, Ewime n’avait jamais vu son mari mais Formbi semblait avoir confiance pour prendre soin de sa petite sœur.

Elle se laissa faire quand son mari la tira doucement pour la faire asseoir sur ses genoux, avec un faible sourire. Ce n’est pas qu’elle se stressait trop… N’ayant aucun problème de santé particulier, ni de problèmes depuis le début de sa grossesse, porter son enfant ne l’avait donc jamais angoissée. Elle ne craignait pas non plus son accouchement. Formbi n’avait donc pas de raison de s’en faire pour leur bébé à naître ni pour elle, tout se déroulait très bien, aucun des examens passés n’avait révélé le moindre souci. C’était bien différent pour sa situation, à lui, celle de leur famille… Ses doutes ne la quittaient pas, même si elle s’efforçait de ne pas trop se montrer alarmiste. Il restait possible que ça ne soit qu’un accident et que des coïncidences. Très troublants, certes, mais… Des coïncidences malgré tout… Formbi semblait si convaincu qu’il n’y avait rien d’alarmant. Et il avait déjà tant d’autres problèmes à penser, ces derniers temps, qu’elle culpabilisait de penser à autre chose encore.

"Allez… Laissons le passé où il se trouve, nous avons déjà assez à penser pour le futur."

Le passé pouvait parfois cacher des secrets pouvant empoisonner l’avenir… Elle s’efforça de sourire, en se répétant intérieurement que son mari avait assez de soucis à gérer en ce moment, assez de projets à suivre, il n’était pas nécessaire qu’elle insiste trop sans avoir aucune preuve. Rien d’autre que des doutes et des présomptions. Ce n’était pas suffisant pour poursuivre le sujet… Mais comment balayer ces doutes et être tout à fait tranquille ? Si Formbi ne demandait pas à sa sœur de repasser des examens sur Nirauan… Elle-même ne se sentait pas le droit de le faire, de la contacter sans avertir Formbi et l’inciter à se lancer, sans être sûre que ça change quoi que ce soit. Elle risquait surtout de lui causer beaucoup de stress supplémentaire, alors qu’elle aussi était enceinte et plus fragile. Devait-elle attendre la naissance du bébé puis seulement lui en parler ?

Dans tous les cas, sans avoir rien de tangible et concret, elle ne pouvait faire grand-chose de plus. Aussi décida-t-elle, pour le moment, d’effectivement laisser le passé où il était. Elle câlina longuement son mari et l’embrassa, profitant autant de ce moment à deux qu’essayant de lui remonter le moral, lui faire penser lui aussi à tout autre chose. Elle changea de sujet, ils reparlèrent un moment de ses parents, à elle, puis elle le lança plutôt sur son travail. Un sujet qu’il adorait également et dont elle savait qu’il le tiendra longtemps. Son travail et sa famille, deux pôles très importants dans sa vie. Lors des moments plus délicats, elle avait apprit à écarter l’un et le lancer sur l’autre, afin d’être sûre qu’il garde son équilibre et se sente bien. D’autant plus qu’il avait de quoi faire. Depuis le début des problèmes avec le Clan Csapla, une multitude de petits soucis se multipliaient, sur Svarchi. Rien de très grave, pour le moment en tout cas, mais cela restait très dérangeant et désagréable.

"J’aimerai aussi que tu prennes de temps en temps des petits moments pour toi. Autres que ceux que l’on passe tous les deux, les soirs où tu es à la maison. Pour te détendre un peu. Ce n’est pas bon de rester trop longtemps focalisé sur la liste des soucis à régler, un à un, tu le sais, n’est-ce pas ? Tu dois rester dans un bon équilibre, si tu veux tenir dans la durée."

Elle craignait qu’il… craque, finalement. Car elle savait qu’au fond, son équilibre était très précaire. Namia avait remarqué dès leur rencontre que lorsqu’il agissait ou prenait une décision, il le faisait car son clan en avait besoin, car sa sœur en avait besoin, car elle-même, ensuite, en avait besoin, car son meilleur ami en avait besoin… Jamais il ne disait « J’en ai envie ou besoin ». Comme s’il vivait au travers des autres mais plus pour lui-même. Peut-être ne s’en rendait-il même pas compte. S’il était complètement seul, elle n’était même pas certaine qu’il poursuivrait sa vie. Cette idée l’angoissait. Dans le temps d’où venait la petite Feesa, qu’aurait-il fait, si sa petite nièce était partie en même temps que sa maman ? Là encore, une question dont elle n’avait pas envie de découvrir la réponse.

"Tu me promets de faire un effort et de ne plus trop te noyer dans ton travail ? D’apprendre à trouver des petits moments pour respirer et ne penser qu’à toi ?"
Invité
Dim 27 Juin 2021 - 10:45
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Il n’avait pas la moindre envie de trop repenser à un passé douloureux, qu’il aimerait oublier encore moins de réfléchi à des théories du complot complètement farfelues. Avoir dû assister à l’enterrement de son père puis celui de sa mère, à peine quelques années plus tard, avait déjà été assez bien douloureux. Bien qu’il n’en ait jamais parlé à qui que ce soit, pas même à sa petite sœur, ces deux passages lui avaient donné énormément de cauchemars et l’avaient rendu très malade. Même aujourd’hui, il ne s’en était pas encore parfaitement remis. Ces pertes n’avaient fait que renforcer, au fil des années, sa peur de perdre sa sœur de la même manière. Heureusement, sa femme glissa sur d’autres sujets, ils en virent à parler de son travail. Un sujet conséquent et ce n’était pas peu dire. Ces derniers temps, il avait eu beaucoup à faire… Son cher adversaire prenait de plus en plus un malin plaisir à lui pourrir la vie et celle de son Clan.

– J’aimerai aussi que tu prennes de temps en temps des petits moments pour toi. Autres que ceux que l’on passe tous les deux, les soirs où tu es à la maison. Pour te détendre un peu. Ce n’est pas bon de rester trop longtemps focalisé sur la liste des soucis à régler, un à un, tu le sais, n’est-ce pas ? Tu dois rester dans un bon équilibre, si tu veux tenir dans la durée.

– Hum, oui, évidemment.

C’était le fait de travailler longuement qui lui donnait son équilibre, justement ! Même lorsque les soucis s’accumulaient, plus ou moins graves, au moins avait-il l’esprit parfaitement bien occupé. Lorsqu’il n’avait le temps de ne penser à rien d’autre qu’à son travail, lors d’une journée, c’était qu’il s’agissait d’une très bonne journée. Il détestait se retrouver avec des temps morts ou des blancs, il avait horreur de n’avoir rien à faire ! Maintenant qu’il était marié, il prenait quelques soirées dans la semaine pour les passer uniquement avec elle, sans travailler, c’était déjà un effort considérable ! Il voulait tenter de rassurer sa femme, mais bon, de là à réellement faire des pauses en plein milieu de la journée alors qu’il avait du travail, allons donc. Ce serait comme s’il s’arrêtait de travailler pendant son déjeuner, ça ne se faisait pas. Quelle idée.

– Tu me promets de faire un effort et de ne plus trop te noyer dans ton travail ? D’apprendre à trouver des petits moments pour respirer et ne penser qu’à toi ?

– J’essaierai.

Il ne pouvait pas lui faire une promesse qu’il savait déjà ne pas être capable de tenir. Le travail était son second oxygène et moteur, en plus de sa famille. Le priver de cela le ferait mourir, purement et simplement. Peut-être changera-t-il plus vite ses habitudes une fois son fils né. En attendant, il ne comptait pas et ne pouvait pas lever le pied. Surtout en ce moment ! Mais il essaiera, au moins un peu, très bien. D’ici là, il tendit le bras pour reprendre leurs verres abandonnés, lui redonner le sien, boire avec elle en la serrant dans ses bras. Une fois fini, il tenta une nouvelle fois de poser les mains contre le ventre de son épouse, dans l’espoir de sentir leur fils bouger. Des instants rares, hélas. Il était peu à la maison et lorsqu’il s’y trouvait, le soir, son bébé ne se manifestait pas beaucoup. C’était sans doute normal, à ce stade de la grossesse. A moins que leur futur enfant ne soit tout simplement pas du genre à faire du saut périlleux dans le ventre de sa mère.

Ils avaient longuement discuté de quel prénom donner à leur bébé et s’étaient fixés sur quatre de leurs choix. La décision finale revenait à son épouse, elle la prendra le jour même de l’accouchement, si elle ne décidait pas en amont. Pour le reste, tout était prêt. La chambre d’enfant attendait sagement d’accueillir son futur petit propriétaire, les affaires de bébé étaient toutes soigneusement rangées, les biberons prêts à être utilisés… Ils avaient débattu un moment sur l’allaitement puis s’étaient dit qu’en rester aux biberons était aussi une manière, pour lui, de s’investir plus avant dans son rôle de père. Être apte à nourrir lui aussi son bébé dès les premiers mois de sa vie était très important, à ses yeux. Au bout d’un long moment, il laissa une nouvelle fois de côté l’idée de sentir son enfant bouger, le petit bout devait déjà être endormi. Formbi avait tant hâte de l’avoir enfin dans ses bras.

– Je ne m‘étais jamais soucié de l’idée d’être père un jour avant de te rencontrer. C’est un miracle. Savoir qu’il grandit doucement dans ton ventre.

Finalement, le désir de paternité n’avait éclos en lui que lorsqu’il avait appris que son épouse était tombée enceinte. Que lorsqu’il avait comprit que lui aussi avait le droit à cela, finalement. Réaliser qu’il pouvait être un père avait éveillé en lui l’envie profonde de cajoler son bébé. Il était comme un enfant émerveillé face à une belle découverte, en découvrant qu’il avait le droit d’éduquer un bébé et de l’aimer autant qu’il le pouvait.

– Si la vie nous le permet, j’aimerai que cet enfant ait, un jour, un frère ou une sœur.

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Dim 4 Juil 2021 - 19:10
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