C’était comme un jeu de piste… De lieu en lieu, de planète en planète, il avait suivi la trace, sans même se presser… Pourquoi se presser ? Il savait, il ressentait, qu’il n’y avait pas lieu de courir ou quoi que ce soit d’autre, il pressentait qu’il allait trouver ce qu’il recherchait, celui qu’il poursuivait, sans avoir besoin de déployer les grands moyens. Car celui qu’il traquait ne fuyait pas. Bien au contraire… Il se laissait suivre, il s’amusait à l’attirer d’un endroit à l’autre, les éloignant tous les deux du centre impérial, pour des mondes de plus en plus éloignés. Voilà qui en aurait agacé plus d’un, mais pas lui. Il se laissait guider dans ce jeu par la Force, par son propre instinct, par une grande curiosité, également. Par, dans le fond, un certain besoin de réponses…

Son adversaire devait le savoir, ou du moins le deviner. Après tout, deux se connaissaient très bien. Peu importe le temps qui pouvait passer, les choix faits, ils pouvaient se comprendre, se jauger et pressentir ce que l’autre allait faire. Il y a ainsi des liens qu’on ne peut pas réellement briser. Sur la passerelle, face à la volée blanche de l’hyperespace, il observait et attendait sans bouger, indifférent à ce qui se déroulait dans son dos. Une attitude passive, très calme, distante, qui en déstabilisait certains sur la passerelle de commandement et qui augmentait leur stress. Le calme avant la tempête, craignaient certains officiers. Pourtant, Vader ne leur prêtait aucune attention, ne se souciait même pas de leur présence. Comme s’il était complètement seul.

Et quelque part, c’était le cas. Il était seul avec lui-même. Avec la Force. Cette piste qu’il suivait depuis longtemps déjà ne le concernait que lui, et lui seul. Qu’importe que les soldats à bord pensent traquer une cellule rebelle ou que savait-il encore. Ils traversaient la Bordure Extérieure. Certaines planètes étaient très agitées et en pleine révolte, ces derniers temps, l’Empire avait envoyé des troupes supplémentaires ici et là. Certaines de ces forces supplémentaires avaient demandé des renforts, des messages ayant laissé le seigneur Sith complètement indifférent. Le Grand Moff Tarkin se fera certainement un très grand plaisir d’aller les « assister » dès qu’il en aura le temps, après tout. Le Sith ne comptait pas lui enlever ce petit jeu-là.

Leur vaisseau quitta l’hyperespace en parvenant en orbite de Nar Shaddaa. La planète idéale pour un certain genre de la population galactique mais aussi pour des rencontres assez atypiques. Il contempla la surface de la planète durant un moment, se demandant si enfin, il allait y obtenir des réponses. La piste l’avait mené jusqu’ici. Il se tourna enfin vers l’officier de bord, raide comme un grand fantôme noir.

– Je descends seul.

– Mais, Seigneur…

– Attendez mes ordres.

Le temps ne souffrait aucune réplique, encore moins la moindre protestation. L’officier le sentit et n’en dit guère plus, hochant simplement la tête. Sur la passerelle, personne n’osa non plus émettre le moindre mot, tandis qu’il la quittait. Dans ces instants-là, tous savaient très bien qu’un silence d’or était la meilleure attitude à adopter. Vader n’avait rien d’un officier ordinaire et ne se fatiguait d’ailleurs jamais à faire semblant. A quoi bon ? Il ne rendait de comptes qu’à l’Empereur. Toute autre personne, peu importe son grade, sa fonction ou ce qu’elle pouvait accomplir, était une simple miette dérangeante, dont il n’avait que faire. Actuellement, plus personne, dans cet Empire, ne lui inspirait le moindre respect. Ni impérial, ni le moindre Sith.

Il pilota son appareil vers la planète, sans escorte aucune, oubliant déjà le vaisseau et ceux se trouvant à bord pour se focaliser uniquement sur la piste à suivre. Sur les réponses qu’il désirait. Et cette personne pouvait lui en fournir. Bien que l’Empereur et d’autres verraient ça comme une trahison pure et simple – comme si c’était inhabituel ou étonnant – Vader savait que cet homme ne mentira pas. Il savait que cette rencontre était voulue depuis longtemps. Il se posa dans la zone voulue, appréciait cette planète, car même loin de son centre le plus agité, il était très facile de trouver de multiples endroits ou s’installer sans s’épuiser avec les spatioports. Pour des appareils légers, bien sûr, ou encore des chasseurs. Une fois dehors, il n’eut pas à aller très loin. Sa cible était plus loin. Accompagnée par… un enfant. Curieux.

– Voilà bien longtemps que nous ne nous sommes plus faits face.

L’enfant était tout jeune. Son aura lui rappelait quelqu’un, cependant… Sur le moment, Vader ne sut pas dire qui, il était néanmoins tout à fait certain que ça lui était familier. Ce gamin était lié, d’une manière ou d’une autre, à quelqu’un qu’il avait déjà rencontré. Il reporta le regard sur le Jedi, sans faire mine d’avancer ou attaquer pour le moment.

– Je veux des réponses, Kenobi. Je veux savoir ce qui s’est passé exactement, ce jour-là. Elle n’était pas morte, avant notre affrontement, je le sais, je l’avais ressenti.

Ils étaient installés dans un coin sous les ombres, sur un petit muret de pierre, en attendant l’arrivée de leur « invité ». En douceur et à voix basse, Obi-Wan parlait avec son jeune Padawan, avec plus de précisions et de détails, des événements qui les avaient conduits ici, avec un Empire dans cet état, et la façon dont leur invité y avait participé. Il avait déjà donné les grandes lignes il y a un moment, les détails, il les ajoutait à mesure, afin de ne pas noyer le jeune garçon sous les informations et lui donner le temps de tout assimiler. Surtout pour une personne venue de si loin et qui avait tant d’Histoire à rattraper. Enfin… Il était déjà bien impliqué dans ce type de problématiques et pouvait facilement les comprendre. Le maître Jedi n’était pas spécialement inquiet, pour la suite des événements. Il connaissait leur invité et savait pouvoir le combattre tout en protégeant l’enfant. Par ailleurs, il pressentait aussi que le Sith n’était pas dans un très bon état d’esprit, il ne voudra sans doute pas combattre immédiatement. Pas après avoir pris la peine de suivre le petit jeu qui les avaient conduit sur cette planète.

Son ancien apprenti avait, en tout cas, apprit la patience, pour avoir accepté de jouer le jeu et s’être laissé entraîner de cette façon tout le long de la voie. A moins, autre option très probable, qu’il ne soit juste si perturbé et instable qu’il se moque bien, dorénavant, de se soucier d’abord des règles édictées par Sidious. Ça n’étonnerait qu’à moitié Obi-Wan, il était très bien placé pour savoir à quel point Anakin pouvait vite se perdre dans ses sentiments et combien il se laissait guider par eux plutôt que par la raison et la logique. Il donna ses consignes au petit garçon, lui demandant de rester près de lui, et si jamais Vader se décidait finalement à attaquer, de courir aussitôt se mettre à l’abri. Bien qu’il ait de très bonnes bases en combats, Obi-Wan ne comptait pas le jeter à l’assaut d’un seigneur Sith. Thexan était déjà prêt pour se défendre contre pas mal de sortes d’adversaires différents, mais pas celui-ci. Il lui demanda aussi de rester détendu. La situation pouvait certes paraître étrange, mais dans le fond, il n’y avait pas de raisons de vraiment s’en faire ou paniquer.

Ils passèrent environ une heure, sur ce petit muret, avant que leur invité ne se présente. Thexan juste à côté de lui, un peu en retrait, Obi-Wan s’avança sur ce toit pour accueillir le nouveau venu. Ils étaient un peu à l’écart de tout, dans cette partie de la ville. Entourés principalement d’entrepôts et de vieux bâtiments d’habitation, où quelques rares navettes passaient parfois, se dirigeant vers des centres plus animés. Un endroit idéal, où un très grand nombres d’affaires louches se menaient et où chacun veillait à ne pas s’en mêler. Un lieu parfait, où de très nombreuses petites rues et passages permettaient de disparaître dans la nature en cas de besoin.

– Voilà bien longtemps que nous ne nous sommes plus faits face.

– En effet, je suppose que ça a dû te manquer.

Le maître Jedi aurait aimé savoir quel visage se cachait sous ce masque, désormais. Il ne l’avait plus jamais revu à découvert depuis leur duel sur Mustafar et ignorait quelles blessures, exactement, lui avaient été occasionnées à la figure ce jour-là. Ce n’était pas par curiosité malsaine mais parce qu’il voulait voir son regard, face à face. Anakin avait toujours beaucoup plus exprimé par le regard ce qu’il ne savait pas dire avec des mots, pour Obi-Wan, cela avait toujours été utile pour tâcher de comprendre ce qui lui passait par la tête. Avec ce masque, c’était encore plus difficile.

– Je veux des réponses, Kenobi. Je veux savoir ce qui s’est passé exactement, ce jour-là. Elle n’était pas morte, avant notre affrontement, je le sais, je l’avais ressenti.

Certes, mais se faire étrangler, en plus du choc moral, et alors qu’elle était enceinte jusqu’au fond des yeux, ça n’aidait pas non plus à conserver une très bonne santé. Il se retint de répondre ça, histoire de ne pas partir aussitôt sur un combat. Entre repenser à cette scène et repenser aux moments où il avait vu Thrass prendre aussi soin de sa femme, il y avait un gouffre absolument terrifiant. Obi-Wan se demandait sincèrement, aujourd’hui, si Padmé n’avait pas été la seule, dans le couple, à être heureuse de porter ses enfants.

– Padmé n’est pas morte sur Mustafar, en effet. Après notre combat, je l’ai conduite dans une station médicale. Elle est décédée lors de son accouchement, elle ne pouvait plus vivre après ce qui s’était passé. Tout en restant néanmoins convaincue qu’il restait encore du bon en toi, une conviction que partage toujours ton fils, au passage. Et puisqu’on parle de ça, il faudra bien que tu expliques pourquoi tu avais si peur de la perdre alors que sa grossesse se passait bien, pourquoi tu ne m’as juste pas parlé d’elle et votre couple avant, pourquoi tu as préféré écouter Sidious.

Le jeune garçon appuya le bout du talon contre le muret, jambe repliée contre lui, puis posa la tête contre son genou, silencieux, écoutant son maître ajouter d’autres fragments et précisions au fil de toute cette histoire. Si le fond en lui-même n’était pas bien compliqué, les répercussions, elles, l’étaient déjà bien plus. Il comprenait, mais… Comment dire cela… C’était affreux, en fait, tout simplement, il se sentait… dégoûté. Ça lui donnait le même sentiment de peur, de rejet et de dégoût que celui qu’il avait eu pendant le cours de maître Surik, au temple, quand elle avait parlé de son père et des actes qu’il avait commis. Ce qu’il ne comprenait toujours pas, même maintenant qu’il avait plus d’exemples, c’est comment on pouvait se laissait dévorer comme ça par un côté ou l’autre de la Force. Enfin, bon, pour papa, il comprenait à peu près, l’attrait du pouvoir, tout ça… Pour vader, là, par contre, il avait plus de mal à suivre.

S’il avait bien suivi l’histoire, cet homme avait écouté Sidious pour sauver sa femme, mais elle était morte, alors pourquoi l’avait-il rejoint pour de bon quand même après ? et puis, son maître lui avait dit que cette femme était morte de chagrin, mais elle venait juste d’avoir deux enfants et elle s’était laissée mourir quand même ? C’était quel genre de mère, ça ? La sienne lui avait toujours dit qu’un enfant passe évidemment avant l’amour conjugal, c’était une évidence même, la question ne se posait pas. Mais la mère de maître Luke, elle s’était laissée mourir, alors… Ou bien ce n’était valable que chez certaines mères et pas d’autres ? Mais pourquoi ? Et qu’est-ce qui faisait la différence, comment on pouvait le savoir à l’avance ? Thexan ne voyait plus son père d’un très bon œil, mais il aimait profondément sa mère, c’était ce qui le réconfortait. Par contre, maintenant, il trouvait que maître Luke n’avait ni un bon père, ni une bonne mère. C’était triste.

Il releva la tête vers son mentor et hocha la tête, à ses consignes, pour lui signifier qu’il avait bien compris et qu’il sera sur ses gardes. Il ne comptait pas lui désobéir dans un moment pareil, bien évidemment. Ni désobéir tout court, d’ailleurs. Il avait confiance. Quelques temps après, leur solitude fut rompue par l’arrivée du Sith. Thexan se leva doucement, restant un peu en arrière et derrière son maître. Le nouveau venu était grand, plus qu’il ne se l’était imaginé, et avait une respiration lourde et chaotique. Son maître, lui, était parfaitement détendu, de posture comme de ton de la voix. En revanche, le jeune garçon ne put s’empêcher d’être assez surpris que la première question du grand type noir porte sur sa femme. C’était lui qui lui avait fait du mal, même si elle n’était pas une bonne mère à ses yeux maintenant, il peinait à croire que son mari ait vraiment aidé, dans le couple, à ce que ça se passe bien.

Pourtant, l’amour chez les Siths, ça existait… Il suffisait de regarder Vitiate. Si même lui avait réussi à aimer sincèrement maman, alors n’importe qui était capable d’aimer aussi.

– Padmé n’est pas morte sur Mustafar, en effet. Après notre combat, je l’ai conduite dans une station médicale. Elle est décédée lors de son accouchement, elle ne pouvait plus vivre après ce qui s’était passé. Tout en restant néanmoins convaincue qu’il restait encore du bon en toi, une conviction que partage toujours ton fils, au passage. Et puisqu’on parle de ça, il faudra bien que tu expliques pourquoi tu avais si peur de la perdre alors que sa grossesse se passait bien, pourquoi tu ne m’as juste pas parlé d’elle et votre couple avant, pourquoi tu as préféré écouter Sidious.

Ah oui, il y avait ça aussi… Quand une personne n’allait pas bien, il fallait aller voir un médecin, non, au lieu de vieux messieurs louches ? Il hocha la tête avec vigueur sans pouvoir s’en empêcher, tant il était d’accord avec ça. Il glissa ensuite rapidement la tête pour regarder bien en face le Sith, une petite moue aux lèvres.

– Et pourquoi vous avez rejoint le côté obscur quand même alors que votre maître n’a pas été capable de sauver votre femme ?

Il ne pouvait pas imaginer quels avaient été les derniers instants de la vie de sa femme ni imaginer ce qu’elle avait pu ressentir à ce moment-là. Il ne pouvait pas imaginer ce qu’elle avait réellement pu penser, et dans le même temps, ne pouvait pourtant pas penser que Kenobi mentait, alors qu’l lui racontait cela. S’il y a bien une chose n laquelle il avait toujours foi, même après toutes ces années, c’était la sincérité de son ancien maître, sur des sujets aussi graves. A ce moment-là, Vader était comme une immense statue, complètement immobile, ne laissant voir qu’il était toujours vivant que par sa lourde respiration, mécanique. Sans son masque, Kenobi aurait pu voir son regard déjà rempli de larmes, dévasté, le seul signe sincère de ses émotions à l’heure actuelle, puisque rien d’autre ne pouvait transparaître dans son attitude, pas même dans le son de sa voix. Le regard était le dernier élément à ne pas mentir et il demeurait caché pour tous.

Il ne faisait aucun effort non plus pour contrôler le flot tortueux de ses émotions, se laissant submerger vague par vague, secoué, presque frappé, si habitué à tout cela qu’il ne réalisait même plus la violence de l’attaque. Palpatine lui avait menti. Sur ça et d’autres choses. A quel point s‘était-il fait manipuler ? Pourquoi sa femme était-elle restée si confiante jusqu’à la fin après ce qu’il lui avait pourtant fait subir ? Pourquoi leur fils avait-il cette même confiance ? Pourquoi leur fille, au contraire, avait-elle choisi de réaliser la même erreur que lui ? Toute sa descendance sera-t-elle condamnée de la même manière par la Force ? Ses enfants… Nat… Cade, aussi… Les Fel, qui étaient aussi ses descendants malgré tout, quoi que plus éloignés… Il aurait fallu que ni Luke ni Leia n’aient le moindre lien avec la Force. Ou mieux encore, il aurait fallu que lui et Padmé n’aient pas d’enfants, tout court.

Non, vraiment, ils n’auraient jamais dû naître… Il avait été bien, en couple avec Padmé, ils avaient eu une vie stable, et tous les problèmes avaient réellement commencé dès le moment où elle était tombée enceinte ! Il s’en souvenait encore. Le choc, l’incrédulité… Toutes les questions… Il n’avait pas eu envie d’être père et n’avait pas réussi à vraiment s’impliquer dans cette grossesse, ne voyant alors que Padmé et pas les bébés qu’elle portait. Et aujourd’hui ? Aujourd’hui, une fille qui répétait ses erreurs et un fils qui s’obstinait à croire qu’on pouvait encore l’aider, alors que dans cet état… Ils étaient aussi idiots l’un que l’autre ! Et toutes leurs descendances avec !

– Et puisqu’on parle de ça, il faudra bien que tu expliques pourquoi tu avais si peur de la perdre alors que sa grossesse se passait bien, pourquoi tu ne m’as juste pas parlé d’elle et votre couple avant, pourquoi tu as préféré écouter Sidious.

– Et pourquoi vous avez rejoint le côté obscur quand même alors que votre maître n’a pas été capable de sauver votre femme ?

Oh, très bonne question du morveux, lui aussi, comme son cher maître. Vader n’avait toujours pas bougé d’un centimètre, partagé entre la colère contre lui-même, la colère contre Sidious et la colère contre ses rejetons. Il avait envie de vomir, maintenant. Ou mieux, aller retrouver ses gamins et les secouer en leur demandant en hurlant pourquoi ils étaient comme ça, tous les deux. Pourquoi ils ne pouvaient pas juste se contenter de rester dans un coin, de ne pas participer aux problèmes de cette galaxie et de ne pas en rajouter en plus, de juste vivre leurs vies sur un monde paumé et sans se faire remarquer.

– Penses-tu vraiment que j’aurai pu t’en parler, Kenobi ? A toi ou à n’importe quel Jedi ? Comment aurais-tu pu comprendre ? Ou qu’aurais-tu pu faire ?! La seule femme que tu as vraiment aimée, tu n’as pas pu la protéger, toi non plus !

Ils n’en avaient jamais parlé ouvertement, mais ça, ça, Vader était capable de le voir et comprendre ce qui se tramait. Comment son ancien maître pourrait-il lui donner la moindre leçon sur le sujet alors que lui aussi avait échoué ?!

– Je sais que Sidious a menti sur beaucoup de choses, reprit-il, la voix dégoulinante de haine. Je l’ai écouté et je n’ai pas été le seul. Tout le monde a été manipulé, autrefois. Tu devais être un des rares à te méfier de lui, à cette époque. Et maintenant ? Comment penses-tu que tout puisse s’arranger ?

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Ressenti pour les rejetons : Obscur

– Et pourquoi vous avez rejoint le côté obscur quand même alors que votre maître n’a pas été capable de sauver votre femme ?

Eh oui, Thexan… C’était une question que lui-même s’était également beaucoup posé, dans les moments où il avait été le plus exaspéré, durant son exil. Et il n’avait trouvé aucune réponse, si ce n’est que Anakin était déjà bien trop perdu et rendu trop loin pour penser faire marche arrière, alors qu’il en était encore temps. Anakin qui, en ce moment, exultait surtout une colère noire et particulièrement profonde. Contre qui elle était dirigée, cependant, difficile de l’affirmer… Obi-Wan avait la curieuse sensation que ce n’était pas contre eux deux, ce qu’il trouvait assez surprenant pour être honnête. Il était comme un volcan sur le point d’entrer en éruption violente, s’agitant et bouillonnant. Obi-Wan fit un très léger signe de main, vers son apprenti, pour lui faire signe de se tenir prêt à courir en cas de besoin. Son autre main était prête à se saisir de son sabre au cas où. Cela dit, le volcan noir face à eux, s’il était toujours on ne peut plus agité, n’avait pas l’air de vouloir bouger maintenant. Par la Force, avait-il donc appris à se contenir quelque peu ? Décidément, tout pouvait arriver, de nos jours, dans cette galaxie.

– Penses-tu vraiment que j’aurai pu t’en parler, Kenobi ? A toi ou à n’importe quel Jedi ? Comment aurais-tu pu comprendre ? Ou qu’aurais-tu pu faire ?! La seule femme que tu as vraiment aimée, tu n’as pas pu la protéger, toi non plus !

Espoir semi-déçu, certes, mais tout de même simplement à moitié. Obi-Wan ne releva pas cette charmante pique, plutôt blasé parce qu’il avait entendu juste avant. Bien qu’il ait effectivement appris à un peu se contenir, il n’avait en revanche toujours pas compris que oui, se confier aux autres, à ceux devant veiller sur vous, était effectivement une bien meilleure solution que de s’adresser à des types contre qui on vous avait pourtant mis en garde. Ani… Obi-Wan soupira légèrement, en secouant la tête. C’était incroyable de réaliser à quel point il était toujours aussi profondément manipulable, que ce soit aujourd’hui ou il y a vingt ans, ses idées n’avaient pas évolué d’un millimètre ! Qu’avait-il fait, depuis tout ce temps ? S’était-il contenté de se laisser s‘enfoncer sans résister dans la voie obscure, en se laissant flotter et en regrettant le passé, rien de plus ? Sans même essayer, ne serait-ce qu’une seule fois, de se raccrocher à quoi que ce soit, tenter de faire demi-tour ?

– Je sais que Sidious a menti sur beaucoup de choses, reprit-il, la voix dégoulinante de haine. Je l’ai écouté et je n’ai pas été le seul. Tout le monde a été manipulé, autrefois. Tu devais être un des rares à te méfier de lui, à cette époque. Et maintenant ? Comment penses-tu que tout puisse s’arranger ?

– Tu es loin d’avoir été le seul à l’écouter, oui. Ce n’est plus important.

Le ton se voulait rassurant. Obi-Wan était sincère, il n’était plus en colère vis-à-vis de ça. Le temps avait passé, d’autres problèmes étaient survenus, et il avait changé d’opinion sur pas mal de choses. Donc laissons ce point-là dans le passé, merci, c’était acté et terminé. Le maître Jedi n’était pas du genre à rester coincé dans le passé ou vouloir y revenir par tous les moyens, très loin de là, l’avenir l’intéressait beaucoup plus.

– Je ne te reproche d’avoir aimé Padmé, ce n’est pas un sentiment qui se contrôle ou se choisit, quand bien même on peut décider de s’en détourner ou ne pas aller très loin. Mais oui, tu aurais pu m’en parler. Le simple fait de ne pas le cacher, même si peu de personnes étaient au courant, t’aurait beaucoup aidé. Tu n’aurais pas eu à porter seul tes doutes ou tes peurs, tu aurais pu avoir du soutien, et donc tu n’aurais pas été aussi manipulable. Je ne serai pas allé voir maître Yoda pour tout lui révéler, si c’est ce à quoi tu penses. Je n’ai pas eu non plus un maître suivant forcément toutes les règles du jeu à la lettre. Souviens-toi de Qui-Gon.

Bon, soit, en cet instant, il ne donnait sans doute pas le meilleur exemple qui soit au jeune Thexan, navré. Pourtant, c’était comme ça. Si Qui-Gon lui avait bien appris une chose, c’est ce qu’il fallait parfois savoir désobéir au Code Jedi, lorsqu’on estimait prendre la bonne décision, pour le bien de tous.

– Maintenant, comment tout peut s’arranger, ce sera très long, inutile de le nier. Les plus récents problèmes ont été causés indirectement par Sidious, mais il y porte tout de même sa part de responsabilité. Combattre ses ennemis est une chose, commettre des génocides si énormes en est une autre. Sith ou non, qui peut accepter des horreurs comme cette pandémie ? Ou d’autres massacres comment en ont orchestré des Siths par le passé ?

Le jeune garçon leva un regard à la fois curieux et perplexe vers son maître, alors que lui semblait plutôt blasé ou lassé. Il avait vraiment été amoureux… ? De tous les Jedis vu au Temple, ou à qui il avait parlé, il n’y en avait que deux dont Thexan n’arrivait pas à s’imaginer en couple avec qui que ce soit, et ces deux Jedis, c’était maître Kenobi et maître Surik. C’était trop étrange, trop bizarre, trop… Ils avaient l’air tous les deux si accrochés à leurs principes d’avant le nouveau monde et forgés par eux qu’il lui semblait inconcevable qu’ils puissent aimer quelqu’un, enfin, plutôt, de pouvoir être en couple. Comme quoi, il ne devrait pas se fier aux apparences. De toute façon, il trouvait normal que les Jedis se marient et qu’ils aient des enfants aussi. Et moins normal quand une femme enceinte devait participer quand même à des entraînements, ça devait beaucoup la fatiguer et son bébé aussi.

– Je sais que Sidious a menti sur beaucoup de choses. Je l’ai écouté et je n’ai pas été le seul. Tout le monde a été manipulé, autrefois. Tu devais être un des rares à te méfier de lui, à cette époque. Et maintenant ? Comment penses-tu que tout puisse s’arranger ?

– Tu es loin d’avoir été le seul à l’écouter, oui. Ce n’est plus important.

Demandait-il ça car il pensait abandonner le côté obscur ? Thexan se surprit à l’espérer, et la seconde suivante, se sentit stupide de l’avoir seulement pensé. Comme ça, si facilement, c’était un peu trop optimiste… En plus, tout chez lui transpirait la haine ! La posture, son ton, sa voix, surtout, il était comme, comme, heu… Une sorte d’arme enragée qui se contenait à très grande-peine et prête à les attaquer. Son maître lui avait signe toute à l’heure d’être prêt à courir, au cas où, et ce sera sans beaucoup d’hésitation… Face à un soldat ou il ne savait quoi, Thexan pouvait combattre, mais contre un adversaire pareil, il préférait fuir à toutes jambes. Ce serait la même chose contre son père, il n’était pas assez cinglé pour l’avoir l’affronter face à face, surtout seul, et c’est bien pour ça qu’il réfléchissait à d’autres moyens, à ce qui permettra d’éviter tout combat direct. Contre Vitiate, le un contre un, ce n’était pas spécialement la meilleure idée du siècle.

Ce qui était difficile, avec le colérique en face, c’est qu’on ne pouvait pas voir ni son visage ni ses yeux et donc on ne pouvait pas tenter de lire ce qu’il ressentait vraiment quand on lui parlait. Ça rendait Thexan très mal à l’aise, il détestait ne pas voir au moins le regard de son interlocuteur, quitte à n’y lire que haine ou froideur. Pour se rassurer, il se rapprocha quand même d’un petit pas, derrière son maître. Maître qui annonçait très tranquillement et très platement qu’il n’aurait pas été parler de toute cette histoire aux autres Jedis, alors que selon les règles qu’ils suivaient à leur époque, c’était une violation claire de leurs lois. D’accord. Il était tombé sur un mentor suivant les règles mais n’hésitant pas à les griller lorsqu’il estimait que c’était nécessaire ? C’était… Bon… En soi, c’était toujours mieux que certains autres Jedis aujourd’hui qui ne les suivaient plus du tout, après tout. Ou qui ne les avaient jamais suivies tout court.

– Maintenant, comment tout peut s’arranger, ce sera très long, inutile de le nier. Les plus récents problèmes ont été causés indirectement par Sidious, mais il y porte tout de même sa part de responsabilité. Combattre ses ennemis est une chose, commettre des génocides si énormes en est une autre. Sith ou non, qui peut accepter des horreurs comme cette pandémie ? Ou d’autres massacres comment en ont orchestré des Siths par le passé ?

Il devait bien accepter que le côté obscur pouvait vous rendre complètement fou, si on n’y prenait pas garde… Thexan lâcha une petite moue, relevant un regard cette fois un peu triste vers l’armure noire qui respirait très fort. Il voulait savoir ce qu’il allait répondre à ça, s’il acceptait de répondre en tout cas, car ça montrera s’il était prêt à dire oui aux génocides.

Il n’avait pas changé, bon sang de… Vader serrait compulsivement le poing, à la fois pour calmer sa colère et pour garder la raison, la sérénité d’esprit. A peu près… Pour une fois… Mais il y avait des personnes, dans cette galaxie, qui avaient le don de vous ronger les nerfs par leur seule présence ! Kenobi faisait indéniablement partie de cette courte liste, qu’il fasse grand-chose ou pas. Par bonheur, les gens de cette liste étaient aussi ceux, aujourd’hui, qu’il avait une chance vraiment infiniment petite de rencontrer face à face. Pour ne pas dire aucune chance. C’était au moins une petite consolation.

– Je ne te reproche d’avoir aimé Padmé, ce n’est pas un sentiment qui se contrôle ou se choisit, quand bien même on peut décider de s’en détourner ou ne pas aller très loin. Mais oui, tu aurais pu m’en parler. Le simple fait de ne pas le cacher, même si peu de personnes étaient au courant, t’aurait beaucoup aidé. Tu n’aurais pas eu à porter seul tes doutes ou tes peurs, tu aurais pu avoir du soutien, et donc tu n’aurais pas été aussi manipulable. Je ne serai pas allé voir maître Yoda pour tout lui révéler, si c’est ce à quoi tu penses. Je n’ai pas eu non plus un maître suivant forcément toutes les règles du jeu à la lettre. Souviens-toi de Qui-Gon.

Il avait… raison… Par la Force, c’est fou ce qu’il était affreusement douloureux de devoir s’avouer ça. Assez douloureux pour en troubler sa colère et la laisser s’atténuer un peu… Même aujourd’hui, Qui-Gon était un de ceux dont il regrettait le plus la mort, parce qu’il avait été, après sa mère, la seconde personne à avoir voulu pour lui une vie meilleure et lui donner une chance. Même aujourd’hui, s’il revenait par ces failles, Vader ne voudrait pas lui faire de mal, Jedi ou non. Curieusement, repenser à Qui-Gon l’apaisa, plus qu’il ne l’aurait cru, parvint à apporter peu à peu plus de peu dans son cœur… Il avait été, comme Obi-Wan d’ailleurs, la preuve que tous les Jedis de la république n’étaient pas aussi coincés et stricts sur le Code, sur leur manière de vivre, et celle d’aimer. Comment les choses se seraient-elles passées, s’il avait été plutôt entraîné par Qui-Gon ?

Le temps qui s’était écoulé, depuis leur duel, avec son ancien maître, lui avait permis de réfléchir à pas mal de chose. En vingt ans, les regrets s’étaient accumulés, la douleur aussi, la déception, la haine, beaucoup de sentiments très négatifs et douloureux. Pour vivre, suivre les ordres et la loi de l’Empire aveuglément était un bon moyen de ne pas se laisser submerger. Il se moquait bien de savoir si ses actes étaient mauvais, il se contentait de suivre la Loi édictée. Mais ça ne l’empêchait pas pour autant d’être ravagé par le remords. Agir comme un simple robot obéissant et respectueux envers son maître n’était qu’une manière de survivre. C’était plus facile, il n’y avait pas besoin de réfléchir, pas besoin de faire des plans, simplement de se laisser porter par le cours de l’action…

– Maintenant, comment tout peut s’arranger, ce sera très long, inutile de le nier. Les plus récents problèmes ont été causés indirectement par Sidious, mais il y porte tout de même sa part de responsabilité. Combattre ses ennemis est une chose, commettre des génocides si énormes en est une autre. Sith ou non, qui peut accepter des horreurs comme cette pandémie ? Ou d’autres massacres comment en ont orchestré des Siths par le passé ?

… et son ancien maître lui demandait très précisément l’inverse, à l’heure actuelle, de réfléchir plutôt que de se laisser emporter par le flot des événements. En des circonstances ordinaires, Vader l’aurait attaqué sans se poser la moindre question. Aujourd’hui, il ne savait plus ce qui était le mieux à faire. Traquer et abattre ses adversaires, Jedi ou pas d’ailleurs, ne lui posait absolument aucun problème de conscience, c’était ça, la guerre ! Mais voir des populations civiles, entières, disparaître de cette manière, c’était… Qu’il soit ou non plongé dans le côté obscur, il avait des limites. On pouvait être rongé par les sombres voies de la Force sans pour autant cautionner des génocides comme celui commis par Plagueis. Sidious, lui, avait en partie cautionné cela. Ce n’était peut-être pas ce qu’il avait désiré au départ mais le résultat était là !

– Bien peu de personnes, dans toute cette galaxie, cautionnent la pandémie et ses conséquences.

Personne, à vrai dire, sauf, sans doute, l’empereur du passé qui avait fait un bref passage sur Coruscant, puis sur Alderaan, avant de repartir au loin. Mis à part ce sale type, effectivement, il ne devait pas y avoir un seul autre vivant dans toute la galaxie qui puisse admirer la pandémie ou se réjouir qu’elle ait eu lieu. Vader, d’ailleurs, se réjouissait intérieurement de ne pas avoir eu l’occasion de rencontrer face à face cet être infect, il en avait assez entendu parler pour comprendre que ce n’était pas le genre qu’on désirait voir débarquer dans son salon.

– Cette pandémie appartient au passé, dorénavant. Comme le Sith qui l’a créée. Une bonne partie de la population galactique ne prend au sérieux la vidéo qui a circulé, la parole de déserteurs vaut peu et il est facile de faire dire ce qu’on veut à des « témoins ».

C’était assez ironique, car les Siths, comme les Jedis sans doute, eux pouvaient croire en une fraction de seconde à tout ce qui s’était dit là-dedans. D’une part car la triste réputation de Darth Plagueis n’était plus à prouver, d’autre part car il était évident que seul un esprit comme le sien était capable de ça. Exactement comme le Seigneur Vitiate, quel Sith irait remettre en cause qu’il puisse massacrer une planète toute entière simplement par avidité de pouvoir ?

– Plagueis a disparu, mais un autre taré est toujours en liberté, quelque part. Vitiate. Tu ne veux pas de nouveaux massacres de masses, Kenobi ? La plupart d’entre nous non plus. Je ne cherche aucune alliance avec des Jedis mais les menaces comme celle-ci… sont une priorité à éliminer.

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Dés : 5 et Lumière

– Bien peu de personnes, dans toute cette galaxie, cautionnent la pandémie et ses conséquences.

– Je veux bien te croire.

Sans aucun problème, même, Obi-Wan savait quel était le genre de personne se réjouissant d’une telle boucherie, et ces personnes, même parmi les Siths, n’étaient pas les bienvenues. En revanche, pour ce qui était de ses causes, et comme le souligna d’ailleurs Vader moins d’une minute plus tard, peu y croyaient. Ça, on ne pouvait pas le nier, la propagande impériale était une machine redoutablement efficace, grâce à elle, le nombre de désertions restait encore faible, à l’échelle de l’Empire. Ceux ayant décidé de déserter étaient avant tout ceux dont la confiance en le gouvernement était déjà affaiblie depuis longtemps, et pour qui ces nouvelles révélations n’avaient été que le coup de grâce. Pour bien d’autres, entre les doutes légitimes et la peur des représailles, il était normal qu’ils ne croient pas en ce qui se disait. Si on ajoutait à ça la méfiance installée depuis des années contre les non-humains… Thrawn ne pouvait pas être crédible, pour beaucoup. Eli non plus, car il était maintenant de notoriété publique qu’il était proche du Chiss. Seul Yularen était très crédible, cependant, c’était aussi contre lui que la propagande s’était le plus attaqué.

Les Siths n’avaient de toute façon pas tant d’intérêt à ce que la vérité éclate comme telle… Peu d’entre eux, présents dans cette époque quand la maladie se répandaient, avaient été vus participant à la lutte contre la pandémie. Soit Vader et la jeune fille aux cheveux blancs. Les autres s’étaient cachés on ne sait où, par instinct de survie ou simplement par manque d’envie d’aller combattre le désastre que leur confrère avait causé. Ça n’avait pas étonné le Jedi, cela dit. Certains Siths, comme cette fille, pouvaient y voir un intérêt, d’autres, comme Vader, n’avaient juste pas le choix, mais les autres, il ne fallait sans doute pas trop en demander. Il était un peu blasé, en repensant à cette période, à vrai dire… Mais ce qui le fatiguait plus, c’était bien que les Siths tentaient toujours d’écarter et oublier cette affaire, plutôt que contribuer eux aussi à ce que la vérité se sache. S’ils n’étaient pas d’accords eux non plus avec ce qui était arrivé, pourquoi vouloir simplement tout oublier ?

– Plagueis a disparu, mais un autre taré est toujours en liberté, quelque part. Vitiate. Tu ne veux pas de nouveaux massacres de masses, Kenobi ? La plupart d’entre nous non plus. Je ne cherche aucune alliance avec des Jedis mais les menaces comme celle-ci… sont une priorité à éliminer.

Il était revenu ?! Obi-Wan sentit Thexan réagir, près de lui, mais l’enfant ne dit rien, heureusement. Il lui posa doucement une main sur l’épaule, serrant un peu pour le réconforter. Là, tout ira bien, il ne retombera pas dans les griffes de son père dans ce temps, c’était une promesse.

– Aux dernières nouvelles, il était reparti on ne sait où dès le début de la pandémie, après son petit passage au conclave. J’ignorais qu’il était de retour dans les parages. Merci pour l’information.

Il conclut cette phrase avec un petit hochement de tête, l’air sombre. Ce n’était pas un nom qu’il aimait entendre au présent, pas plus que celui de Plagueis. Il en connaissait certains, dans l’Ordre, qui n’allaient pas être ravis non plus de savoir que ce cinglé avait décidé de quitter sa retraite dans le lointain pour revenir dans les parages. Et pour y faire quoi… ? Il n’avait encore rien tenté, du moins pas ouvertement contre Palpatine, cela, ils le savaient. Mais alors, qu’attendait-il et que préparait-il, surtout ? Après ce qu’il avait appris sur ce type, Obi-Wan ne pouvait juste pas croire qu’il se contentait de vadrouiller à droite et à gauche en faisant du tourisme, il avait forcément déjà dû cibler certaines personnes, mis en place des plans. Ou s’il n’avait encore effectivement rien fait, ça ne saura tarder.

– Alliance ou non, si tu considères cette menace comme sincèrement importante, il nous faut un moyen de rester tous informés sur les manœuvres de cet homme, autant que possible. Nous avons des moyens de communiquer sans que tout le monde ne le sache. Je peux même rester ton seul interlocuteur si ça te rassure. Tu n’es pas obligé de toujours rester complètement seul en permanence…

Qu’ils soient bien d’accord, Vader ne lui avait pas révélé ça par pure bonté d’âme ou il ne savait quelle absurdité, mais par sens des priorités. Rien de plus. Vitiate représentait à ses yeux une menace égale à celle qu’avait représenté Plagueis avant qu’il ne disparaisse la Force seule sait où. Tous les moyens devaient être mis en œuvre pour le surveiller puis stopper le moindre de ses plans, et si pour ça, il devait aussi laisser des Jedis ou des Rebelles participer, et bien soit ! Comme au « glorieux » temps de la pandémie, somme toute, où ces alliances contre-nature étaient tout simplement devenues une parfaite obligation. Au moins, reconnaissons à ce type d’ennemis leur faculté sidérable à fédérer des factions si différentes contre eux, unies comme un seul bloc. Avant la pandémie, jamais Vader n’aurait cru qu’une menace pouvait être assez importante pour réaliser un tel miracle. Ça avait été une horreur… Sentir tous ces morts, une vraie horreur.

– Alliance ou non, si tu considères cette menace comme sincèrement importante, il nous faut un moyen de rester tous informés sur les manœuvres de cet homme, autant que possible. Nous avons des moyens de communiquer sans que tout le monde ne le sache. Je peux même rester ton seul interlocuteur si ça te rassure. Tu n’es pas obligé de toujours rester complètement seul en permanence…

De… Vader lâcha un petit rire cynique, à moitié étonné seulement que son ancien maître ose lui lâcher une remarque pareille. Toujours avec ses grands principes et discours, toujours à tenter, même quand il savait très bien qu’il n’avait pourtant aucun espoir ! Si un seul Jedi avait vraiment été corrompu profondément par les idées de l’ordre déchu, c’était bel et bien lui et personne d’autre. Pathétique. Il n’avait jamais rien remis en question, donc, concernant les égarements du passé ? Il ne s’était jamais posé aucune question ? N’avait jamais eu le moindre doute ?

– Rester en contact avec toi, ou n’importe quel Jedi, ne fait pas partie de ma liste des priorités, Kenobi, ne mélange pas tout. J’estime que certaines menaces valent la peine de mettre de côté certains différents, ceci étant, ça ne veut pas dire que je m’engagerai de nouveau sur ton chemin. Jamais. Il est trop tard.

Qu’il s’estime déjà heureux qu’ils aient pu se parler sans que ça ne finisse en combat rangé… De toute manière, cette petite conversation était maintenant terminée. Vader rompit enfin sa posture très rigide et glacée, pour reculer, puis finalement faire demi-tour, laissant là le maître Jedi et son jeune apprenti. L’Ordre pourra se débrouiller aussi contre Vitiate, sa surveillance, il n’en avait aucun doute, tout comme lui-même et d’autres de l’Empire resteront sur leurs gardes. Ce qui l’inquiétait, plus personnellement, c’était la visite « de courtoise » faite par le vieux Siths sur Alderaan… Qu’avait-il été faire là-bas, exactement, pourquoi maintenant, qu’avait-il l’intention de faire à Leia ? Vader ne croyait pas une seule seconde à la simple politesse, il y avait obligatoirement quelque chose derrière. Un danger planait sur la tête de sa fille, il en était plus que certain.