Une légère odeur de menthe, puis des brins d’herbe vinrent lui chatouiller le nez. Atton grogna très légèrement et se retourna sur le dos, encore dans un demi-sommeil, puis il sentit de l’herbe sous lui. Il ne se souvenait même pas de s’être endormi dans un coin, en se baladant un peu près du temple, tiens… Fallait-il être fatigué, pour en arriver là. Puis un bruit improbable agita tout à coup le lointain, comme des… tirs ? Il rouvrit les yeux et se releva d’un bloc, le cœur battant, croyant que le temple était attaqué. Mais au lieu de la clairière tranquille où il avait l’habitude de venir se reposer et méditer, il se retrouva sur une berge herbeuse, face à un grand lac, et des montagnes à l’horizon. Bouche bée, il leva alors la tête et vite des chasseurs, d’un type vaguement familier, fendant le ciel et apparemment en plein exercice de vol et tirs.

Toute envie de sommeil envolé, Atton resta un moment bouche bée, il observa la valse aérienne des chasseurs, et finit par reconnaître les modèles, il en avait vu durant la guerre, c’était des Aureks, de bons appareils. Mais… Où était-il… ? Où était passé le temple ?! Pourquoi se réveillait-il ici ? Il ne reconnaissait même pas cet endroit, il n’était jamais venu ici, c’était certain ! Son sabre était accroché à sa ceinture, il portait sa tenue habituelle, et ne donnait pas l’impression d’avoir beaucoup voyagé ou… Levant une main, Atton la passa lentement dans ses cheveux à la recherche d’une bosse ou d’une contusion, pensant avoir juste pris un sale coup et donc perdu le souvenir de ces derniers jours. Sauf qu’il ne trouva rien du tout. Il ne sentait pas de danger immédiat, dans les environs, aussi ne perdait-il pas son calme.

Après une vingtaine de secondes à fouiller ses poches, il remit la main sur son comlink et tenta d’abord de contacter les autres Jedis. Silence radio. Même pas un petit grésillement, rien. Ils devaient être trop loin pour capter son appel. Génial ! Bon, peu importe, au moins, il n’était pas tombé sur un monde très hostile et les gars là-haut pourront peut-être l’aider, ils devaient avoir un camp d’entraînement, une base ou quelque chose, avec un centre de communications à plus longue distance, non ? Atton ne s’expliquait pas comment il était arrivé ici, mais enfin, bon, il avait quand même dû recevoir un sale coup dans la tronche et point ! Il se mit debout puis en route, essayant de voir, depuis cette berge, une base d’où viendrait ces appareils. Il n’y avait clairement rien, de l’autre côté de la rive, et il n’avait pas l’impression d’une grosse activité, tout court.

Heureusement, un gugus se baladant complètement seul sur les berges d’un lac, vide de toute trace d’habitant ou de civilisation, finit par attirer l’attention de certains pilotes en exercice. Deux appareils s’étaient détachés de la formation et le survolaient, à bonne distance. Il leur fit un petit signe, soulagé en voyant qu’un des deux allait finir par se poser non loin de là. Bien, il allait peut-être en savoir un peu plus sur ce qui avait pu se passer ! Il en entendait déjà certains le charrier, à son retour au temple, se moquer qu’il ne cessait de s’attirer toutes sortes d’ennuis. Le pilote qui sortit de l’appareil était plus jeune que lui, semble-t-il, un petit blond. Atton le salua d’un signe de main, en arrivant à sa hauteur, avec un petit soupir.

"Salut mon gars. Je ne veux pas perturber vos exercices longtemps, vous pouvez juste me dire où je suis ? J’étais encore au temple, avant ma sieste et là… Je ne sais pas trop ce qui s’est passé, je dois contacter les miens. Vous avez une base, près d’ici, où je pourrai demander de l’aide ? Je m’appelle Atton Rand, au fait. Et vous ?"

Cette petite planète de la Bordure n’était plus habitée depuis des lustres, car elle n’offrait que trop peu de ressources et était en plus très excentrée, les routes pour s’y rendre chaotiques, et de fréquentes tempêtes orbitales venaient en plus la perturber, malgré son calme apparent. Les rebelles venaient ici pour des entraînements assez régulièrement, l’Empire n’était jamais venu ici depuis sa création. Comme ce matin. Ils étaient une petite vingtaine à s‘exercer au-dessus d’un grand lac, après avoir mené les vérifications habituelles, pour s’assurer d’être seuls et tranquilles. Ils tournoyaient avec une certaine rapidité sua-dessus du lac, parfois un contre un, puis deux contre un autre groupe, et ainsi de suite, en essayant d’imiter toutes les situations possibles, dans un combat réel. Luke avait fini par s’habituer à ces appareils anciens, même s’il continuait d’afficher une certaine préférence pour le X-Wing. Les Aureks restaient tout de même très maniables et fiables en combat, mais moins rapides ou sensibles. En tout cas, il était obligé d’être un peu plus posé en les pilotant.

Il s’était aussi habitué à la vie et l’ambiance sur le Poséidon lui-même. Travailler avec des personnes qui ne vous accusaient pas de tout et n’importe quoi en permanence, c’était agréable. En revanche, ça l’avait conforté sur le fait qu’il ne sera jamais vraiment un militaire et qu’il ne s’habituera pas non plus à cette vie. Pour des missions ou des passages, ça allait, mais à trop long terme, il ne pourrait clairement pas. La vie cadrée d’un soldat, dans ce type d’univers… Non, vraiment, non. De toute manière, ils devront bientôt se réunir à nouveau, entre Jedis, au Temple. Il avait eu vent, par Kanan, du retour de C’Baoth, une mauvaise nouvelle de plus à ajouter au tableau. Ils devront aussi faire le point des missions des uns et des autres, sur les planètes de la Bordure Extérieure et de l’Espace Sauvage où de graves révoltes avaient éclatées. Il y avait aussi Lorana et Thrass, partis il y a peu dans les Régions Inconnues, pour on ne savait quel nouvelle demande Formbi. Même si bon, venant de sa part, peu de chance que le couple revienne avec une affaire qui concerne directement l’Ordre Jedi.

Au beau milieu d’un nouvel exercice, Luke fut soudain secoué par un brusque frisson, alors que la sensation – devenue très familière – d’une déchirure perçante dans la Force se fit ressentir. Il ferma les yeux, lâchant un bref instant les commandes de son appareil qui fit un brusque écart, puis reprit le contrôle la seconde suivante. Ce fut comme une plaie sanglante, qui se referma ensuite avec plus de douceur, jusqu’à disparaître complètement. Il rouvrit les yeux, alors qu’un des hommes du groupe appelait à la radio pour demander ce qui se passait. Le jeune homme répondit qu’il y avait eu une arrivée, se détachant un peu du groupe pour survoler les alentours. Ric suivit en marmonnant quelle arrivée, qu’il ne comprenait rien. Luke commençait juste à lui préciser, pour les failles, quand il vit effectivement un homme, sur les berges, plus loin. Un homme qui leur fit signe. Voilà.

– Eh, attend ! Tu ne vas pas te poser ?

– Bien sûr que si. On ne va pas le laisser tout seul, quand même, il va vite être complètement paumé. Et il n’y a pas d’autre passage que nous, sur cette planète.

– C’est peut-être un Sith !

– Ce n’est pas ce que je ressens.

Le pilote, pas convaincu du tout, commença à s’agacer et Luke coupa cette communication, d’un petit geste, avant de manœuvrer pour se poser sur la berge. Ça va, hein, il avait déjà eu sa dose des gens voulant lui imposer ce qu’il devait faire ou non, dans toutes les circonstances possibles, et ça le fatiguait beaucoup trop pour qu’il continue à tous les écouter. Une fois à terre, il enleva son casque, tira sur le harnais puis sortit de l’appareil. L’homme qui s’approcha portait, lui aussi, un sabre à la ceinture, une tenue qui faisait plutôt penser à un pirate ou un contrebandier, et un air assez ouvert. Il devait avoir le même âge que Jax, ou à peu, près, de visu.

– Salut mon gars. Je ne veux pas perturber vos exercices longtemps, vous pouvez juste me dire où je suis ? J’étais encore au temple, avant ma sieste et là… Je ne sais pas trop ce qui s’est passé, je dois contacter les miens. Vous avez une base, près d’ici, où je pourrai demander de l’aide ? Je m’appelle Atton Rand, au fait. Et vous ?

Un Jedi, s’il ne mentait pas et ne dissimulait pas sa véritable nature. En tout cas, Luke ne sentait aucun danger particulier ou de mauvais pressentiment. Ce qui le perturbait le plus, c’est que ce type semblait trouver ces chasseurs parfaitement normaux, il devait venir d’un temps où il s’agissait du modèle habituel et en service.

– Luke Skywalker, répondit-il avec un petit sourire. Vous vous trouvez sur Deyes, dans la Bordure Extérieure, pour information. Vous ne souvenez pas de comment vous êtes arrivé ici, donc ? D’où venez-vous, exactement ?

Il tentait d’abord d’en savoir un peu, en gardant une distance assez raisonnable entre eux, quand bien même il ne croyait pas à une attaque soudaine. Le nom de cet homme, si c’était bien le bon, ne lui disait rien du tout… Il n’en avait jamais entendu parler et ce n’était pas un nom donné dans une des conversations de passage, au Temple.

"Luke Skywalker. Vous vous trouvez sur Deyes, dans la Bordure Extérieure, pour information. Vous ne souvenez pas de comment vous êtes arrivé ici, donc ? D’où venez-vous, exactement ?"

Deyes. Atton ne connaissait même pas cette planète. Il grimaça, perplexe, puis marmonna que ça ne lui disait rien, il n’était jamais venu ici, et il ne savait pas que cette planète existait, tout court. Aurait-il pu l’avoir oublié à cause du choc, s’il avait été assommé par il ne savait quel ennemi puis laissé ici, pour une raison ou une autre ? Il se frotta encore un peu la nuque, puis l’arrière du crâne, en regardant le jeune, puis les appareils en vol, avec la curieuse impression que le deuxième chasser, qui s’était séparé du reste du groupe, était prêt à lui tirer dessus. Faut se détendre, les gars, la guerre était finie depuis des années, maintenant ! Et Revan n’était même plus dans les parages pour foutre le bordel ! D’ailleurs, le petits gars ne portait même pas l’uniforme des républicains. Il ne portait pas d’uniforme tout court, en fait. Et il avait un… Oh.

"Tu es un Jedi ?" souffla-t-il, passant sans y penser au tutoiement.

Ravi, ils ‘avança d’un bloc, avec un large sourire. Ça voulait dire encore un petit jeune qui avait échappé à la guerre et ses massacres et qui pouvait participer à la reconstruction de l’Ordre ! Atton en oublia momentanément ses premières préoccupations et ce qu’il foutait ici, tant il était content de croiser un petit jeune comme ça. Avec ses amis, il cherchait les gens comme lui depuis des mois, à travers toute la galaxie, pour les inviter au temple puis les inciter à rejoindre officiellement l’Ordre Jedi. Ils voulaient trouver le maximum de personnes possibles, pour transmettre leur enseignement, repartir sur de nouvelles bases et faire en sorte que la culture de l’Ordre ne disparaisse plus jamais de cette façon. Ils avaient pourtant déjà interroger les officiers de la Flotte, mais on leur avait dit qu’il n’y avait pas de jeunes sensitifs, formés ou pas, dans leurs rangs. On ne pouvait vraiment pas avoir confiance !

"Comment se fait-il que tu ne sois jamais venu au Temple ? Tu es pourtant déjà formé, non, si tu portes cette arme ? On fait tout ce qu’on peut pour rassembler le plus du monde possible, et tu sais, les choses ont changé, par rapport aux histoires qu’on peut encore entendre. Bon, tu es sans doute trop jeune pour avoir connu ces problèmes. Bref. Écoute, je ne sais pas du tout comment j’ai pu atterrir ici, il y a dû avoir une attaque, je suppose, ou… Je ne sais quoi. Il faut que je retrouve les autres. D’ailleurs, faudra que tes collègues se détendent un coup, je rêve ou ce mec me vise pour de bon, depuis toute à l’heure ?"

Il leva le nez pour observer à nouveau le chasseur, qui volait de plus en plus près au-dessus d’eux, clairement agressif. Atton se retint de lui renvoyer un geste grossier, il détestait les gens qui le prenaient dans son viseur, les gars agressifs ou qui avaient la gâchette un peu trop vive, il en avait déjà trop croisé, dans toute sa vie.

"Viens avec moi au temple," proposa-t-il dans la foulée au petit blond. "Je peux parler à tes chefs d’abord, si tu veux, je sais que certains Républicains peuvent être très coincés dans l’armée. On essaye de tous se réunir, de rebâtir l’Ordre tous ensemble. Tout le monde peut être un atout, là-dedans. Et en plus, Revan le fou n’est plus dans les parages pour tout détruire. Je sais bien qu’il a fait rédemption, mais bon, on ne sait jamais."

Pas la réaction à laquelle il s’attendait. Du tout. Luke eut même un léger mouvement de recul quand ce type s’avança d’un bond avec un très large sourire et une joie soudaine, comme si tomber sur un autre Jedi était la meilleure nouvelle de toute son existence. Il avait presque envie de lui dire calme-toi, mon vieux, des Jedis, il y e n a beaucoup, et dans toutes les époques, finalement, ça n’a rien d’exceptionnel !

– Comment se fait-il que tu ne sois jamais venu au Temple ? Tu es pourtant déjà formé, non, si tu portes cette arme ? On fait tout ce qu’on peut pour rassembler le plus du monde possible, et tu sais, les choses ont changé, par rapport aux histoires qu’on peut encore entendre. Bon, tu es sans doute trop jeune pour avoir connu ces problèmes. Bref. Écoute, je ne sais pas du tout comment j’ai pu atterrir ici, il y a dû avoir une attaque, je suppose, ou… Je ne sais quoi. Il faut que je retrouve les autres. D’ailleurs, faudra que tes collègues se détendent un coup, je rêve ou ce mec me vise pour de bon, depuis toute à l’heure ?

– Heu…

Il n’eut pas le temps de réfléchir, ni même de répondre, comme Rand enchaîna presque aussitôt, après un rapide regard vers le chasseur piloté par Ric, et le noya presque sous son débit de paroles. C’était quoi cette inversion complète des rôles, d’un seul coup, ce n’était pas lui qui venait de se retrouver perdue sur une planète tout aussi perdue de la Bordure ! D’accord, alors, dans l’ordre… Encore une personne venant de la même époque que Meetra, donc, ça faisait vraiment beaucoup, à croire que ce temps était le plus martyrisé par les failles de la Force. Luke lui fit un petit sourire et un signe de main, en commençant par lui dire que le pilote n’allait pas lui tirer dessus, ni volontairement, ni par accident, ils étaient assez entraînés pour ne pas en arriver là. Bon, ils pouvaient s’asseoir un peu pour discuter plus posément, sinon ? Il le lui proposa, tout en faisant un signe à Ric pour qu’il aille rejoindre les autres, c’est bon, personne ne risquait rien ici. Bon, par où commencer ? Ce n’était pas la première fois qu’il accueillait une personne venue d’une faille mais c’était toujours une galère pour trouver les mots juste et convaincre que ce n’était juste une grosse blague.

– Alors… je n’ai pas besoin que vous parliez à mes chefs, je ne fais pas parti de l’armée, ce n’est qu’un passage de quelques temps. Bref. Vous n’avez rien ressenti, en arrivant sur cette planète, ça arrive, mais depuis quelques temps, la Force est très malade. Elle se déchire, sur elle-même, ça dure depuis des mois.

Il prit une légère inspiration avant d’enchaîner, sans aller toutefois directement dans le vif du sujet, tournant un peu autour du pot, avant d’attaquer plus frontalement les choses. Même en sachant plus que bien que ce n’était pas n’importe quoi, lorsqu’il racontait, il en arrivait à douter lui-même et trouver que c’était de la folie. Et pourtant, il le vivait chaque jour ! A côtoyer des personnes qui devraient mortes depuis très longtemps. Il fit néanmoins de son mieux pour ne pas l’embrouiller, rester le plus clair possible, et faire un rapide résumé de la situation de la galaxie, depuis le temps dont il estimait que ce type venait. Peu de chance que Atton le croit du premier coup, de toute façon, c’était juste un premier débrief histoire de le mettre dans l’ambiance, il lui faudra sûrement des preuves plus tangibles après ça. Avec un peu de chance, il comprendra assez vite que Luke ne lui mentait pas ou ne tentait pas simplement de se payer sa tronche.

– Je sais que ça peut paraître dingue, mais ce n’est pas une blague.

Une fois installé dans l’herbe, Atton en profita pour s’étirer un peu et allonger les jambes, puis il se concentra pour écouter ce qu’avait à expliquer le pilote. La Force malade, ça commençait vraiment très mal… Il n’avait jamais entendu dire que c’était possible, ou bien, c’était une manière de dire qu’un Sith avait travaillé dessus pour provoquer une catastrophe ? Non ? La suite de l’explication lui arracha d’abord un froncement de sourcil perplexe, puis perdu, avant qu’il ne passe par diverses autres émotions, et enfin, à l’incrédulité. Ouh là ! Non mais… Wow. Juste… Wow ! Comment ce petit gars arrivait à balancer tout ça avec un air aussi sérieux ? Il y croyait vraiment ? Genre vraiment, pour de bon, sincèrement ? C’était du grand n’importe quoi ! Atton l’écouta jusqu’au bout puis finit par ne plus pouvoir se retenir et hurla de rire, en tombant à la renverse dans l’herbe derrière lui. Si fort et longtemps qu’il faillit s’étrangler à la fin et dû se retourner sur le côté le temps de reprendre son souffle, en toussant.

"Comment tu fais pour rester si sérieux en disant tout ça ?"

Tant secoué par son fou rire qu’on aurait dit une hyène en pleine crise d’hystérie. Il mit encore trois bonnes minutes avant de se calmer suffisamment pour être capable de respirer sans s’étouffer, puis se redressa d’un coup. Une minute ! Peut-être que ce petit-là était resté prisonnier très longtemps et qu’il avait été torturé ? Ou qu’on avait joué avec son esprit, quand il était plus jeune, en pleine guerre ? Atton perdit d’un coup son sourire, à cette pensée, et posa vivement une main sur le front du petit blondinet pour vérifier s’il avait de la température, puis il le prit par les épaules, en se penchant sur lui, à genoux dans l’herbe.

"Tu as été capturé puis torturé durant la guerre, c’est ça ? Quelqu’un t’as fait du mal ? Quel âge avais-tu, quand c’est arrivé, tu t’en souviens ? Tu es resté prisonnier longtemps ? S’en prendre à un gamin de ton âge, c’est… Mais ne t’en fais pas, on peut sûrement t’aider, ça va très bien se passer. Fais-nous confiance."

Il lui souriait, pour le motiver, et aussi lui donner confiance, justement. Rah là là, ce n’était pourtant pas lui qui était le mieux placer pour ce genre de trucs, paraît qu’il était trop « insupportable » pour ça. Mais avec d’autre, ça passera mieux. Il le tira avec lui pour le remettre debout, puis passa un bras au-dessus des épaules du petit en lançant d’un ton qu’il espérait assez convaincant qu’aucun problème n’était irréversible, que tout le monde pouvait aller mieux, dans cette galaxie. Même les cas les plus désespérés. Il était bien placé pour le savoir.

"Y a une infirmerie, sur le vaisseau où tu travailles ? Peut-être que ça serait bien, que tu te reposes un peu."

Une des réactions qu’il attendait, même s’il avait espéré autre chose… Luke soupira bien fort, pas assez pour que le nouveau venu puisse l’entendre tant il se tordait de rire. Patiemment, il se contenta d’attendre que ce type reprenne son souffle et réussisse à se calmer. Au bout de plusieurs minutes, il réussit à articuler une brève phrase, puis toussa longtemps en voulant reprendre son souffle, secoué par des éclats de rire presque nerveux, les larmes aux yeux. Non, toujours pas fini ? Luke leva un peu les yeux au ciel et soupira encore, tapotant du bout des doigts contre son genou, en attendant qu’Atton se calme. Puis, d’un coup, il cessa brusquement de rire et se redressa d’un bon, avant de venir lui poser une main sur le front puis de le saisir par les épaules en se penchant, l’air très inquiet. Quoi… ? Pourquoi avait-il l’air si catastrophé, maintenant ?! Et puis, il ne pouvait avoir des réactions un peu mesurées, comme tout le monde, au lieu de passer comme ça d’un extrême à l’autre, en moins de cinq secondes ?

– Tu as été capturé puis torturé durant la guerre, c’est ça ? Quelqu’un t’as fait du mal ? Quel âge avais-tu, quand c’est arrivé, tu t’en souviens ? Tu es resté prisonnier longtemps ? S’en prendre à un gamin de ton âge, c’est… Mais ne t’en fais pas, on peut sûrement t’aider, ça va très bien se passer. Fais-nous confiance.

– Quoi ? Je n’ai…

Pas le temps de finir sa phrase, l’autre se leva d’un coup et le tira avec lui. Puis le tint encore par les épaules en lançant que tout pouvait s’arranger et qu’il ne devait pas s’en faire. Au secours… Pourquoi était-ce lui qui était tombé sur ce type ? S’il venait de l’époque de Revan, peut-être connaissait-il aussi Meetra, par chance. Par grande chance, d’ailleurs, il y avait bien plus de Jedis à son époque que dans celle-ci, ce serait un miracle qu’ils aient pu se croise pour qu’il se souvienne d’elle, s’il l’avait vu au moins une fois, mais si c’était le cas, ça serait déjà ça de gagné. Peut-être qu’en voyant quelqu’un qu’il connaissait, il arrivera mieux à accepter la situation et à la comprendre. Ce sera toujours bien mieux que Revan, vu tout l’amour qu’il avait l’air de lui porter. De toute façon, Luke ignorait où il pouvait bien être rendu aujourd’hui. Ils en sauront plus si une ville explosait quelque part. En attendant, jouer le jeu de ce type, pour le faire rentrer sur le vaisseau avec lui, puis le mettre devant le fait accompli. Le vaisseau de l’amirale était peut-être ancien, mais il y avait dedans des éléments rénovés qui n’appartenaient qu’à cette époque.

Il contacta d’abord le vaisseau, pour qu’on leur envoie une navette, apprenant au passage que les autres pilotes avaient déjà informé l’équipage de la situation. Merci, les gars. Au moins, Atton n’allait pas faire trop de difficulté à suivre. Luke remonta dans son chasseur, à l’arrivée des autres, puis suivit la navette, jusqu’au vaisseau. Dans le hangar, rien ne risquait de choquer le nouveau venu, de toute façon, les chasseurs encore entreposés ici n’avaient rien à voir avec ceux de cette époque. Il alla le récupérer à la sortie de la navette, puis commença par l’emmener dans une petite salle de repos, où les pilotes avaient l’habitude de se retrouver pour se détendre et discuter, lors des voyages en hyperespace. Ici, quelques écrans avaient été ajoutés, ils y seront tranquilles, il y avait peu de passage, et Atton pourra voir, grâce aux petits détails, que ce vaisseau n’était pas complètement identique à tout ce qu’il avait pu connaître dans son temps.

– Alors, je peux prouver que ce n’est pas une blague, et que non, je n’ai pas perdu la tête en étant torturé ou je ne sais quoi. Vous n’êtes pas le premier à qui ça arrive. Est-ce que le nom de Meetra Surik vous dit quelque chose ?

Le temps que la navette arrive, Atton alla rapidement vérifier encore une fois s’il n’avait laissé rien d’autre derrière lui. C’était tout bonnement incroyable, de se réveiller sur une planète inconnue sans avoir la moindre idée du pourquoi du comment ! Il rejoignit la navette et les deux hommes qui en sortaient, avec un « Salut ! » qui n’obtint qu’une faible réponse. Pfiou, c’est pas vrai, pourquoi fallait-il toujours qu’il tombe sur ce genre de pince-fesse, dans ce type de situations, des soldats coincés comme jamais. Il avait vraiment le sentiment d’être surveillé de près, comme quelqu’un de peu recommandable, voire dangereux, c’était plutôt désagréable. Il ne leur avait rien fait de mal, à ces types. Heureusement, le trajet fut très court et ils arrivèrent vite dans le hangar de leur vaisseau, où il retrouva le pilote blond. Il lui emboîta le pas avec une certaine légèreté, soulagé car ici, ça sera plus facile pour lui de contacter le temple et ses compagnons.

Le petit ne semblait pas vouloir aller à l’infirmerie tout de suite, allons bon. A la place, il l’emmena dans une sorte de salon ou petit réfectoire. Atton ne prêta pas une grande attention à la déco, pas venu ici pour tout détailler, et de toute manière, il connaissait déjà très bien ce type de vaisseaux. Il s’inquiétait plutôt pour le petit, là ! Qu’est-ce que les autres sales types avaient bien pu lui faire subir… ? Et avec ça, quand on sortait de là-dedans, c’était toujours long pour recouvrer tous ses esprits et revenir à la normale. Il était bien placé pour le savoir, vu ce que lui-même avait fait subir à ses victimes par le passé… Il s’assit dans un des fauteuils avec un léger soupir, en fixant le blondinet. C’était bizarre, au fait, qu’il ne porte pas son uniforme, depuis quand la marine républicaine était-elle aussi coulante avec ça ?

– Alors, je peux prouver que ce n’est pas une blague, et que non, je n’ai pas perdu la tête en étant torturé ou je ne sais quoi. Vous n’êtes pas le premier à qui ça arrive. Est-ce que le nom de Meetra Surik vous dit quelque chose ?

– Tu l’as vue ?!

Il se releva d’un bond, complètement choqué. Elle était revenue, ça y est ?! Mais où ? Et quand ? Et pourquoi ne l’avait-elle jamais recontacté, alors ? Atton s’était redressé d’un bond, dans son fauteuil, puis se laissa retomber tout aussi soudainement contre le dossier, en perdant son sourire. Elle était revenue dans les parages… et ne voulait pas le contacter, alors ? Son cœur se serra douloureusement à cette pensée, tandis qu’il tentait de cacher son désarroi soudain au petit. Et puis, comment pourrait-il le lui expliquer ? Techniquement, il n’y avait rien, entre Meetra et lui, elle lui avait clairement dit non, donc… Il se racla la gorge pour faire passer un peu le malaise grandissant, puis tira le petit par le poignet pour qu’il s’assoit aussi, dans le fauteuil d’à côté.

– Excuse-moi, c’est juste que je ne l’ai plus revue depuis si longtemps et… Bon, bref. On est amis, tu sais, alors oui, je la connais bien. C’est elle qui t’a récupéré de ta prison, c’est ça ? Tu étais enfermé quelque part dans les Régions Inconnues ou je ne sais où ? Où est Meetra, maintenant ? Qu’est-ce qui vous ait arrivé ?

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Dés :
Remarquer les différences : Échec

Sacré réaction, il avait été marié avec Meetra ou quoi ? Elle leur avait déjà dit que non, pourtant, s’il avait bonne mémoire. En tout cas, ce type passa si soudainement de la joie soudaine à l’abattement profond que Luke ne sut plus très bien comment réagir, soudain inquiet pour lui. Il avait espéré qu’il connaisse Meetra, oui, mais pas qu’il réagisse de cette façon, passant d’un extrême à l’autre en moins de trente secondes. Atton le tira tout à coup pour qu’il s’assoit aussi, avec une drôle d’expression, il devait tenter de cacher sa tristesse. Très bien, puisqu’il connaissait visiblement bien la maître Jedi, autant faire en sorte de le lui refiler. Elle, au moins, il devrait la croire, si elle lui ré-expliquait le problème des failles. De son côté, c’était fichu, le nouveau venu était déjà bien trop convaincu que Luke avait été torturé et emprisonné quelque part… Il avait quand même un peu de remords, quelque part, à refiler cette pile sur pattes à Meetra. Mais bon, elle devait déjà avoir l’habitude, de toute façon, non ?

– Excuse-moi, c’est juste que je ne l’ai plus revue depuis si longtemps et… Bon, bref. On est amis, tu sais, alors oui, je la connais bien. C’est elle qui t’a récupéré de ta prison, c’est ça ? Tu étais enfermé quelque part dans les Régions Inconnues ou je ne sais où ? Où est Meetra, maintenant ? Qu’est-ce qui vous ait arrivé ?

Amis ? Juste amis ? Luke ne put empêcher de lui renvoyer un regard lourd d’incrédulité quand il précisa « amis », croyant plutôt que cet homme ressentait beaucoup plus que ça vis-à-vis de Meetra. Évidemment, il n’était pas un expert absolu dans les relations amoureuses, sauf là, tout de même, ça crevait les yeux. Bref, en attendant, jouer son jeu, ce sera bien plus simple que de lui répéter encore et encore le problème avec la Force, les failles et tout le reste.

– J’étais déjà libre quand j’ai rencontré Meetra, elle est revenue il y a… Deux ans, environ, peut-être un peu moins. En ce moment, elle règle un problème avec d’autres Jedis, contre un gouverneur tyrannique dans la Bordure Extérieure. Tu peux lui adresser un message, j’ai un moyen de la contacter. Puis de la rencontrer, plus tard.

Il lui dit de le suivre, ravalant son envie d’encore essayer de la convaincre. Au moins, il pouvait se consoler en se disant que la maître Jedi y parviendra normalement beaucoup plus facilement. Il l’emmena jusqu’au poste radio, expliqua au passage aux personnes en poste sur place ce qu’ils devaient faire, puis laissa ensuite Atton s’occuper de préparer son message. Parfait. En attendant qu’il finisse, Luke en profita pour s’éloigner un peu, rassurer ceux qui étaient venus voir comment ça se passait et si ce nouveau venu n’allait créer aucun ennui. Ils étaient quelques uns à e,n parler dans le couloir, apparemment, peu d’entre eux étaient très rassurés, avec cet inconnu à bord, même s’il n’avait pour le moment rien fait d’agressif ou quoi que ce soit d’autre. Pourtant, il venait de la même époque qu’eux… Enfin, à peu près, de la même période, disons. Il allait l’emmener avec lui au temple pour lui faire rencontrer les autres, l’équipage de Julia n’avait pas à trop s’en soucier. Il faudra qu’il aille prévenir l’amirale, qu’il devait partir, en emmenant le nerveux avec lui.

Laissant les autres, il retourna voir si Atton avait fini, de son côté. Et s’il s’était un peu calmé, surtout. Ils allaient devoir faire un petit voyage… Avec la hâte, pour Luke, de laisser quelqu’un d’autre tout expliquer à cette tête de bois.

– Terminé, ça va mieux ? Tu veux revoir Meetra, maintenant ?

"J’étais déjà libre quand j’ai rencontré Meetra, elle est revenue il y a… Deux ans, environ, peut-être un peu moins. En ce moment, elle règle un problème avec d’autres Jedis, contre un gouverneur tyrannique dans la Bordure Extérieure. Tu peux lui adresser un message, j’ai un moyen de la contacter. Puis de la rencontrer, plus tard."

Deux ans ?! Deux ans ! Elle était revenue depuis deux ans et elle, elle n’avait pas… Jamais… Le cœur de plus en plus serré et lourd, il hocha la tête et suivit le petit, les mains dans les poches, dans les coursives du vaisseau. Pour le coup, il en avait complètement oublié sa situation personnelle, à savoir comment il avait bien arriver sur cette petite planète et pourquoi, comment se faisait-il qu’il ne se souvenait de rien, et ainsi de suite. Deux ans… Pourquoi ne l’avait-elle jamais recontacté… ? Ce n’est pas comme si elle n’avait aucun moyen de le faire ! Que s’était-il bien passé pour qu’ils en arrivent là ? Pourquoi… Il s’arrêta derrière le petit à la salle des communications, puis murmura un merci reconnaissant quand le blondinet le laissa seul. Là, il se permit de relâcher un très profond et immense soupir, avant de s’installer pour enregistrer son message. Il enclencha le démarrage, un message à la fois vocal et visuel. Son image, qu’il voyait aussi en s’enregistrant, lui sembla de meilleure qualité, par rapport à ce dont il avait l’habitude… Ce vaisseau était bien équipé.

"Bonjour, Meetra. Avant tout, j’espère que tu vas bien, que ton voyage s’est bien passé et que tu n’as eu de gros ennuis. Comme je viens juste d’apprendre que tu es de retour, j’ai voulu t’envoyer ce message. Je viens de rencontrer un petit blond, Luke Skywalker, sur une planète perdue. Il m’a récupéré, je ne comprends pas trop comment je suis arrivé là mais peu importe. Je…"

Il s’interrompit encore, s’efforçant de ne pas montrer, à l’image, qu’il était blessé qu’elle ne l’ait jamais recontacté. Car il savait qu’elle ne lui devait rien, somme toute, elle n’avait pas à lui dire où elle se baladait, pour qui, pour quoi ou rien. Alors souris, sois détendu, respire un bon coup.

"J’espère… pouvoir te revoir malgré tout, si tu le veux bien. Je comprends bien que tu sois occupée ou que tu ne veuilles… Enfin… Tu me manques, en fait, c’est tout. Ça longtemps que tu es partie, je m’étais mis en tête que tu ne reviendrais plus jamais, que c’était fini, et ne pas savoir ce qui étais devenue a été douloureux. Même si tu ne souhaites pas qu’on se revoit un jour, envoie juste un message, rien que ça, s’il te plaît. Je t’embrasse."

Il glissa le doigt sur le bouton pour couper la communication, puis envoyer le message. Avant de soupirer très fort, à nouveau, s’affalant dans le siège et le visage fourré dans ses mains. DEUX ANS !! Bordel de… Il avait fait quelque chose de mal ? Et si oui, quoi ? Ou avait-il merdé, au juste ?! Avant qu’elle ne parte, ils s’étaient parlé et… Il ne lui avait pourtant rien dit de blessant, pas vrai ? Ou alors, elle avait rencontré quelqu’un qui lui plaisait beaucoup et n’avait plus envie de le recroiser lui. La jalousie vient très vite s’ajouter à l’incompréhension… Pas le temps de trop y penser, en revanche, car le petit était déjà de retour. Tiens, s’il pouvait lui expliquer ce qui se passait vraiment dans la tête des femmes, ça l’arrangerait bien… Les vraies femmes, hein, évidemment ! Pas les vieilles sorcières aigries et grincheuses. Il ne visait personne, bien entendu.

"Terminé, ça va mieux ? Tu veux revoir Meetra, maintenant ?"

Atton hocha juste la tête pour approuver, sans rien dire, surtout pas sa peur qu’elle ne veuille plus le revoir. Il suivit à nouveau son guide du moment, un peu abattu mais en essayant de ne pas trop le montrer.