Elia Bedgkem, Intendante

L’agence précédemment contactée pour s’occuper de l’organisation du mariage royal avait été très vite remerciée, suite à une remarque désobligeante de sa direction sur le fait que leur reine souhaite épouser une femme. Le palais avait donc fait appel à une autre agence pour se charger du travail et soutenir les préparatifs, proposer des idées, créer un dossier et le soumettre à sa majesté pour validation. Lorsqu’on était bien entouré, les préparatifs pouvaient être rapides, de plus, Alderaan avait toujours su faire preuve de réactivité pour l’organisation de ses fêtes. Tout n’était qu’affaire d’étiquette, de protocole, de règles et de procédures, à suivre à la lettre, bien entendu. Ni les éternels imprévus arrivant au hasard des jours ni le manque de coopération de la part de la future princesse consort ne pouvaient avoir raison de la détermination de l’intendante du palais royal. D’autant plus pour un événement aussi important que l’était celui-ci ! Nul doute qu’après le mariage, il faudra vite procéder à la cérémonie officielle d’adoption et donc la déclaration officielle du futur héritier au trône.

Elia mettait du cœur à l’ouvrage car malgré ce que les mauvaises langues pouvaient hurler, leur reine était parfaitement légitime. Qu’importe son père biologique, elle était bel et bien, avant toute chose, une Organa. Fille de ce monde, fille adoptive de Bail Organa et officialisée dès son arrivée comme fille d’Alderaan et future reine. Ce qui faisait d’elle la souveraine parfaitement légitime, d’un point de vue légal comme moral. Une reine officialisant aujourd’hui sa princesse consort, ce qui était aussi légitime que le reste. Pour l’intendante, il n’en fallait guère plus pour offrir sa loyauté. D’autant plus que leur monde était résolument pacifique et neutre dans les conflits opposants les diverses factions de la galaxie. Le mariage approchait, une troupe entière était déjà occupée à préparer sa majesté. Une autre équipe se chargeait de la princesse comme il se doit. Il lui avait d’abord été préparée un bain chaud aux plantes et au lilas, à la fois pour la détente de l’esprit et pour ses vertus médicales. A présent, elle était entre les mains de l’équipe beauté, comme on l’appelait, devant la préparer pour la cérémonie.

Elia pénétra dans la salle des préparatifs. La robe de mariée que devait porter la princesse était posée sur un mannequin de bois, d’un rouge puissant, comme il se doit. La future promise de leur reine avait été, quant à elle, allongée sur le dos, sur un fauteuil de massage. Toujours en peignoir pour le moment. Une personne s’occupait de lui masser, polir, préparer la main, puis faire tailler et vernir avec un grand soin les ongles de la main droite. Une autre personne était chargée de faire de même avec la main gauche. Deux autres personnes se chargeaient des deux pieds et des chevilles. Une cinquième personne était derrière à laver, sécher, puis coiffer les cheveux roux de la promise de sa majesté. Une sixième personne s’occupait du visage, les soins de la peau et le maquillage ensuite. L’intendante demanda tout d’abord si la précédente équipe avait réalisé le travail épilatoire correctement puis où ils en étaient. Ce fut le coiffeur qui indiqua qu’ils avaient bientôt terminé. Il restera ensuite à faire enfiler la robe, des chaussures à talons plats, cette fois, puis parfaire les derniers détails.

« Très bien. Veuillez prendre un très grand soin au maquillage, la princesse doit être à son avantage, face au peuple et aux invités. »

Elia avait fait venir un tailleur, pour qu’il prenne toutes les mensurations de la future mariée avec une grande minutie, afin de coudre sur mesure la robe qu’elle allait porter. Ils s’assuraient ainsi que celle-ci descente bien droite, que rien ne choque au niveau de la poitrine et que cela reste en ordre. Elle notait à mesure les avancées sur son datapad et vérifiait régulièrement qu’on ne lui signalait aucun nouvel imprévu.

« Avez-vous prévu des rajouts de bon ton au cas où les cheveux ne sont pas assez longs pour le chignon traditionnel ? Oui ? Très bien. N’oubliez pas les bijoux. »

Les bracelets, bagues et autres bijoux avaient eux aussi étaient faits sur mesure pour parfaitement s’adapter à la forme du corps et aux courbes de la jeune femme. C’était très important.

« Ah oui, ne forcez pas sur le parfum, il ne s’agit pas de faire tousser durant le mariage. Princesse, vous m’entendez ? Si jamais vous tremblez un peu, à cause de la pression ou autre chose, nous pouvons vous donner un petit calmant. Afin que rien ne se remarque face aux caméras. »

Le mariage du couple royal, une tradition très importante dans le cœur des Alderaaniens, qui n’acceptaient pas que le roi ou la reine vive en simple concubinage. Une tradition importante pour assurer sa mainmise et renforcer sa place dans la lignée des souverains de la planète. Une journée politique avant tout, bien que pour beaucoup, ce soit une fête en hommage à l’amour. Il y en avait, bien entendu, ceci étant, nul besoin d’un contrat pour l’exprimer. La fête en elle-même était faite pour servir le pouvoir, placer officiellement Takara dans une position où elle ne devra plus se préoccuper de biens nombreux petits soucis et questions d’apparence, tout en renforçant la légitimité de leur position. Une fête codifiée, remplie de rituels précis, dispensés à ce genre d’occasion depuis des millénaires, sur cette planète. Elle n’était pas la première reine à épouser une femme, cependant, seuls deux autres cas avaient été recensées dans toute l’Histoire de leur monde, elle se devait bien de l’admettre. Les deux datant d’il y a plusieurs siècles. Un nouveau pas commun, somme toute, mais qui devrait être accepté plutôt facilement par la population, plutôt ouverte d’esprit dans son ensemble.

Le rouge était la couleur dominante du mariage, le blanc sa couleur secondaire. Takara et elle seront en rouge. Des robes simples, que certains venus d’autres mondes pourraient même qualifier de simpliste, les ignorants. Leia ferma les yeux le temps que son assistante termine le maquillage sur son visage. La séance de pouponnage durait longtemps, avant la cérémonie en elle-même. Le lever se faisait dès l’aube, après un bon repas et un long bain chaud, c’était parti pour plus de trois heures de soins. Soin de la peau et du visage, des mains, manucure, maquillage… Tout y passait. Coiffure également, bien sûr. Lorsque le moment fut venu d’enfiler la robe, elle fut entourée par une seconde équipe, qui se chargea des derniers ajustements. Puis on vint terminer la coiffure et y ajouter la couronne. Leia se laissait faire tranquillement, entourée par ces professionnels habilités, habituée également à ce qu’on la prépare de cette manière. Elle avait connu bien des bals et réceptions, durant sa jeunesse, avant la pause faite au sein de la Rébellion, bien sûr.

Sa robe rouge, cachant même les pieds, avec les épaules dégagées. Face au miroir, elle se composa une attitude adéquate, un sourire de circonstances à la fois pour son peuple et pour les caméras, alors même qu’elle était en réalité très concentrée. La détente, réelle, ne viendra que ce soir, une fois en paix et à l’abri des regards avec sa femme. Comme toujours, par ailleurs. Parée et maquillée ainsi, elle ne se reconnaissait qu’à peine. Pour elle, qui avait toujours préférée la simplicité, ce n’était pas forcément très agréable. Ses serviteurs l’escortèrent ensuite jusqu’à rez-de-chaussée, dans une pièce, décorée de fleurs et entièrement blanche, du sol au plafond, d’où elle partira avec Takara rejoindre l’autel. A l’extérieur, la sortie se faisant par des baies vitrées, une grande allée immaculée, avec de chaque côté des chaises elles aussi blanches pour les invités, menait jusqu’à l’autel et au dais. Aussi clairs et blancs que tout le reste. Seuls les pétales rouges au sol dans l’allée donnaient une touche de couleur. Très vives, elles ressemblaient presque à des taches de sang, lorsqu’on y songeait… Bien qu’elles soient là pour symboliser l’amour et la passion.

– Majesté, votre compagne va vous rejoindre.

L’instant suivant, il fit entrer Takara en douceur puis les laissa toutes les deux seules, pour le moment. Il fallait que les invités s’installent tranquillement à leurs places prévues, avant qu’elles-mêmes n’arrivent. En attendant, deux longs et fins rideaux blancs avaient été lâchés devant les baies vitrées et l’ouverture, pour les dissimuler. Elle tendit la main vers la jeune rousse pour l’attirer vers elle.

– Tu es magnifique. Survivre à tous les préparatifs n’était pas si difficile, n’est-ce pas ?

« Je vous interdit de m’approcher avec quoi que ce soit ! »

La voix forte avait fusé de la table, où la sith résistait à la tentation de lui broyer la nuque depuis trop longtemps.  Faites ceci, faites cela. Surtout ne faites pas ça. Ne bougez pas. Oh, vous êtes stressée, vous feriez mieux de vous détendre ! Cette peste blonde virevoltait autour d’elle depuis tôt dans la matinée, telle un gros bourdon excité, qui passait le plus clair de son temps à lui rappeler ô combien cet évènement était important. Merci, ça, elle le savait très bien. C’était SON évènement. Mais bon, si elle s’inquiétait tant que cela, qu’elle prenne plutôt le calmant, elle en avait définitivement plus besoin qu’elle ! Franchement, Takara se demandait en quoi tout cela était vraiment nécessaire. Ce n’était pas comme si ses orteils allaient être visibles par tous, une fois cachés par la longue robe rouge qui l’attendait ! Oui, bien sûr, elle savait que l’intégralité du peuple d’Alderaan allait se réunir pour ce moment unique, qu’il fallait porter une attention très particulière au protocole, mais tout de même !

Takara se consolait tant bien que mal en se disant que Leia devait sans doute subir la même torture, à devoir rester stoïque, en laissant faire ce petit personnel en croisant les doigts qu’ils ne foutraient pas tout en l’air ! Evidemment, sa femme serait parfaite, comme toujours. Elle avait l’habitude depuis longtemps, elle, de ce genre d’attention. La sith espérait juste que ça ne serait pas comme ça tous les jours désormais, ou bien il ne tarderait pas y avoir un bain de sang. Heureusement, la furie blonde était réapparue alors que l’équipe de maquilleuses finissait leur travail ; qui sait ce dont elle aurait été capable autrement !

Se redressant, la jeune rousse s’était aussitôt empressée de se contempler dans un des nombreux miroirs disposés dans la pièce, pour observer d’abord les traits subtils, et ceux plus appuyés, du maquillage appliqué, puis pour s’arrêter sur sa chevelure, coiffée comme prévu. Comme si elle avait besoin du moindre rajout ! Son chignon était élégant, soigné, parfait. Au moins avaient-elles bien fait leur travail, à défaut de l’avoir profondément agacé depuis le début de la journée. Fort heureusement, en voyant à nouveau cette longue et magnifique robe rouge, elle savait que cette torture arrivait à son terme. Elle laissa donc une autre équipe s’affairer autour d’elle, se gardant bien de leur dire qu’elle était parfaitement capable, du moins pour la première partie, de se débrouiller seule. Il paraît que cela ne se fait pas, voyez-vous ! La rousse se fendit d’un unique regard assassin en direction de l’intendante, avant de se focaliser sur sa propre réflexion, dans le grand miroir devant laquelle elle était habillée. Le rouge, voilà qui tranchait franchement avec le blanc traditionnel dont elle avait été coutumière depuis son arrivée.

Ce n’était pas pour lui déplaire. Takara avait toujours apprécié cette couleur, qui avait été, avec le noir, celle de la garde sith sur son monde. Elle serra les dents en sentant la robe se refermer autour de sa taille, maintenue en place par un habile corsetage dans son dos, alors que le ruban que l’une des assistantes venait de nouer à cette hauteur n’était là que pour le décorum. Puis vinrent les bijoux, tours raffinés, certains discrets, d’autres pas du tout, comme ce collier qu’on vint déposer autour de son cou. Puis, bien sûr, le bouquet final. En se regardant une fois de plus dans le miroir, la sith peinait à se reconnaître. C’était magnifique, et gênant à la fois. Autour d’elle, la furie était de retour, l’observant sous toutes les coutures, se permettant quelques commentaires à l’intention de l’équipe d’assistantes. Takara ne daigna pas lui offrir le luxe d’un regard de plus. Elle n’avait pas besoin d’être irritée et énervée alors qu’elle parvenait tout juste à se détendre, en se laissant doucement porter vers les évènements à venir.

Lorsque l’intendante estima que tout était « parfait », elle fut guidée à travers la pièce, vers la sortie et le couloir adjacent, sous escorte. La blonde ne semblait prête à la quitter de sitôt… Les serviteurs la guidèrent jusqu’au rez-de-chaussée, où, on lui avait dit, elle était supposée retrouver Leia, avant la cérémonie. La jeune rousse pressa le pas, désireuse de mettre définitivement un terme à ces préparatifs qui avaient manqué de la rendre folle, comme s’il s’agissait là d’un ultime teste pour s’assurer de sa volonté à franchir le pas. En approchant de la pièce, elle vit un des intendants pousser la porte, probablement pour l’annoncer, comme les serviteurs le faisaient assez régulièrement. L’instant suivant, c’était elle qui franchissait la porte, les serviteurs qui l’entourant envolés telle une volée d’oiseaux.

Le visage de Takara ne se para finalement d’un large sourire qu’en découvrant Leia au milieu de la pièce blanche, mais richement décorée de fleurs. La sith se tourna un bref instant, pour voir l’intendante disparaître derrière la porte, refermée derrière elle, pour leur laisser enfin un peu d’intimité. Voilà une bonne idée. Son sourire s’étendit un peu plus, en entendant les compliments de Leia, vers qui elle s’avança doucement, le plat de ses talons glissant presque sans bruits sur le sol.

« Que dire, si ce n’est la même chose. Tu es resplendissante. » dit-elle, en attrapant la main de sa future femme, pour venir presque se coller à elle. La rousse rougit quelque peu. « Elle est toujours en vie, si c'est ce que tu veux savoir. Mais oublions cette torture, d’accord ? »

Son sourire redoubla, alors qu’elle baissait la tête vers elle. Takara n’avait pas envie de discuter de ça maintenant. C’était futile, inutile, et parfaitement gênant. Cette intendante n’était rien d’autre, au final, qu’un visage de plus qu’elle oublierait rapidement. Sans importance, et ne faisant que son travail. Le plus important était là, devant elle, entre ses mains. Elle avait envie de l’embrasser, mais ce n’était pas le moment. Tout restait encore à venir…

« Et toi ? Tu n’es pas trop stressée ? »

Torture, quel grand mot ! Ce n’était que quelques heures de préparatifs, le tout pour un jour important, cela en valait la peine, n’est-ce pas ? D’autant plus que nombre de personnes allaient les juger sur leur seul apparence, d’où l’importance cruciale d’en prendre bien plus de soin que nécessaire. Pour un temps encore, elles étaient seules et tranquilles, à l’abri de toute regard indiscret… Elles pouvaient apercevoir les silhouettes des invités se dessiner de l’autre côté de la baie vitrée, derrière les rideaux blancs longs et fins, brodés d’or. Le brouhaha léger de la foule augmentait peu à peu, tandis que chacun prenait place. Comme une immense pièce de théâtre, où elles allaient tenir le rôle principal. Les suites politiques allaient être intéressantes, Leia pourra débloquer certains projets plus rapidement, lorsque cette part de la tradition sera remplie. Même si elle ne se mariait pas pour cela, initialement, il restait très important d’y songer.

– Et toi ? Tu n’es pas trop stressée ?

– Du tout. Je sais parfaitement ce que je désire et comment l’obtenir. Ce mariage n’est pas simplement pour nous, il va nous servir à progresser dans certaines affaires et assurer un meilleur maintien de notre nouveau régime.

Elle lui serra la main avec un sourire se voulant encourageant. Elles n’avaient plus à attendre bien longtemps, maintenant, les invités terminaient de se placer et il allait l’heure pour elle d’y aller. Encore cinq ou six minutes s’écoulèrent, avant que le Chambellan du palais et des serviteurs ne viennent à leur tour dans la pièce. Il demanda d’abord si elles étaient prêtes, puis les rideaux blancs furent tirés, la baie ouverte. Tous les regards se retournèrent unanimement vers elles, tandis qu’elles s’engageaient sur l’allée principale, blanche et parsemée de pétales rouges. Leia conservait la tête et le regard parfaitement droit, l’expression tranquille, au bras de celle qui allait officiellement devenir sa femme. La présence de Vader dans la foule ne pouvait se manquer, y compris lorsqu’on ne prêtait pas forcément attention aux invités. Si imposant… Et surtout, entièrement en noir, tranchant avec violence au milieu de tous ces habits colorés et plus encore des décorations d’un rouge éclatant.

Elles arrivèrent sous une grande dais blanche, elle aussi parsemée de roses rouges et de lierre, où avait été accrochés des rubans rouges. Le maître de cérémonie les y attendaient, un livre épais en main. Debout devant lui, les deux femmes avaient surtout à écouter, dans un premier temps, tout comme le public dans leur dos. Le maître de cérémonie commença par réciter les paroles rituelles précédant toute union royale, durant une bonne dizaine de minutes. Durant ce temps, Leia se contenta d’admirer les décorations et surtout le paysage, derrière toute l’installation, les magnifiques montagnes d’Alderaan, au toit enneigé. C’est après cette entrée en matière que le maître passe, sur un ton tout aussi formel, voire plus, aux lois de leur peuple sur les obligations et devoirs maritaux, pour les couples royaux. Bien sûr différents des droits et devoirs émis pour le peuple lors des mariages. Son livre pesait sûrement un âne mort mais il le tenait toujours bien droit comme s’il ne le ressentait pas.

Une partie concernait les droits et devoirs de la nouvelle princesse consort, donc de Takara, en particulier. Là encore, c’était assez long, vingt nouvelles bonnes minutes simplement pour déclamer les conditions d’une union royale sous le regard de la Loi. Autant les unions « simples » avaient une cérémonie assez courte, autant les unions royales avaient des cérémonies durant quasiment deux heures. Le tout debout sans cesse, sans bouger d’un pouce, en attendant l’échange des bagues et l’apposition de la couronne du consort sur la tête de sa compagne. Patience, désormais, ce n’était qu’un temps. Suite à tout cela, la véritable fête allait débuter.

Quelques mois plus tôt, Takara aurait sans doute mal pris d’entendre que leur union n’était pas que pour elles, mais pour le bien de ce qu’elles avaient prévu de bâtir ici, sur Alderaan, avant de tourner leur regard vers l’extérieur. Aujourd’hui, des choses que mêmes ses parents n’étaient pas parvenus à lui faire entendre lui semblaient bien normales. Elle comprenait, aussi, bien mieux que tout autre la nécessité de prendre son temps, et d’avancer petit pas après petit pas, plutôt que de faire preuve de trop de précipitation, ce qui lui avait beaucoup trop coûté sur Kesh. Au contraire, Leia et elles avaient tout le temps devant elles. La sith, qui bien plus jeune n’osait même pas mettre un pied dans le protocole ne se sentait pas stressée à l’idée de s’offrir à la vue de tous avec sa compagne, pour un évènement aussi solennel, et qui, finalement, comptait beaucoup pour elle qu’elle aurait pu le penser. C’était plutôt l’idée de devoir perdre trois heures de sa journée pour ce qui lui semblait encore un peu n’être que des banalités qui l’agaçait, accompagné du fait qu’elle n’avait pas nécessairement son mot à dire alors qu’elle allait tout de même épouser la femme la plus puissante de cette planète.

« Je sais que cela aurait été plus facile, sans doute, si nous avions pu révéler une partie de mes origines, mais les plus réfractaires finiront par s’y faire. C’est dans l’ordre des choses. »

Takara avait conscience qu’admettre qu’elle descendait d’une lignée royale, sur son monde d’origine, aurait peut-être pu réduire au silence les voix qui s’étaient indignés de la tenue d’un tel mariage, mais cela aurait également nécessité qu’elle admette publiquement le reste, ce qui aurait sans doute fait plus de mal que de bien en cet instant. Si la sith n’avait rien à se reprocher dans cette époque, il lui semblait encore trop tôt pour que la population fasse fi de son passé et ne se contente que du bienfait de ses actions depuis son arrivée sur Alderaan. La jeune rousse se retrouva tout de même à retourner le sourire de sa compagne, dont la présence lui semblait toujours aussi apaisante et relaxante, tout en terminant une énième observation de la robe rouge qu’elle portait en ce jour, et qui lui semblait trancher vivement avec ce qu’elle avait l’habitude de porter au quotidien. C’était difficile de l’admettre, mais cette intendante dont elle avait rêvé elle ne savait plus combien de fois d’étrangler, avait fait un superbe travail, à la hauteur de l’évènement. Mais pas question de le lui dire en face, bien évidemment.

Le chambellan du palais fit justement son irruption à cet instant, suivi de près par une corolle de serviteurs dévoués, pour leur demander si elles étaient prêtes après leur avoir dit que l’ensemble des invités étaient bien arrivé, et que le maitre de cérémonie était prêt. Takara se contenta de baisser la tête en signe d’approbation, laissant à Leia le soin de répondre pour elles-deux, non sans avoir une profonde impression de déjà-vu, après les multiples répétitions qu’elle avait dû endurer pour s’assurer qu’elle connaissait parfaitement le protocole, son rôle, et la manière dont elle devrait se comporter pour l’évènement. Elle offrit son bras à Leia, comme prévu, et comme cela ne la dérangeait pas de faire, après s’être tournée vers les portes de la baie, derrière laquelle pouvait se voir la foule réunie, au-delà des invités triés sur le volet, et dont tous les regards se tournèrent vers elles à leur apparition.

Takara n’avait pas peur de toute cette foule, et ne ressentait pas la moindre anxiété, à la différence de la fois où elle avait dû s’exprimer, lors des manifestations. C’était un peu comme si Leia lui offrait une bulle de sureté, et qu’à ses bras, rien ne pouvait lui arriver. Le dos bien droit, le pas lent et solennel, le regard rivé directement sur l’horizon, elle s’avança avec Leia le long de l’allée principale, couverte de petites fleurs rouge, avant que ses yeux ne tombent, l’espace d’un bref instant, sur la silhouette de Vader, si facilement discernable au milieu de ce tableau multicoloré qui s’offrait à sa vue, et où le rouge éclatant prédominait pourtant. La sith avait encore en travers de la gorge sa visite récente, et surprise, au palais, et bien qu’il puisse incessamment devenir son beau-père, sa présence aujourd’hui n’était pour elle qu’un amer rappel des propos qu’il leur avait tenu ce jour-là.

Mais son attention fut rapidement réorientée sur la cérémonie, et rien qu’elle seule, son regard se portant un instant sur le maitre de cérémonie une fois qu’elles furent arrivées sous la grande dais blanche parsemée de lierres et de rubans rouges, pour rappeler la couleur dominante de ce moment à ceux qui ne l’aurait pas encore compris. Là, et alors que le maitre débutait le récital des paroles rituelles précédant l’union royale, elle eut une très brève pensée parasite, pour remercier intérieurement le serviteur qui lui avait apporté ses chaussures pratiquement plates. Elle avait encore entendu le discours en entier la veille, à la demande de l’intendante, qui craignait qu’elle ait pu oublier des morceaux d’un moment aussi important pour elle. Tsss, qu’elle imbécile celle-là…

Si son regard se porta un long moment sur l’horizon, ne laissant pas son regard basculer vers le sol et la foule présente, elle fit mine de porter de nouveau pleinement son attention sur le maitre de cérémonie lorsque celui-ci, son grand livre en main, entama la partie de son monologue consacré à ses droits et devoirs en tant que princesse consort. C’était long ; Très long ; Trop long, surtout lorsque vous connaissiez déjà le déroulement de la cérémonie sur le bout des doigts, si bien que Takara se laissa bercer un temps par ses pensées, à se demander si ses parents avaient du passer autant de temps pour formaliser leur union, après toutes les péripéties qu’ils avaient vécues pour sauver son peuple de l’autodestruction.

Takara cligna brièvement des yeux lorsque le maitre des cérémonies arriva sur la fin de sa dernière phrase la concernant, signe que la cérémonie allait passer à l’étape suivante, celle des droits et devoir du couple royal envers le peuple, avant de laisser place à la partie de la cérémonie dont le peuple, justement, était probablement le plus impatient d’assister.

Et elle de participer...

Son esprit voletait d’un sujet à l’autre, alors que l’interminable discours défilait, du ton fort et assuré du maître de cérémonie. Un maître tenant le livre de lois, pourtant bien lourd, sans ciller une seule fois. Sans même le regarder ou le lire, d’ailleurs, ce qui lui fit s’interroger un bref instant sur son utilité. Sans doute le simple décorum. Elle songeait à beaucoup de choses… Au déroulé de la cérémonie, avec une certaine impatience, à la suite de ces journées, s’annonçant pleine de nombreuses formalités, à la soirée puis la nuit bien plus attrayantes, puis aux responsabilités et devoirs l’attendant dès demain. Des préoccupations plus ou moins légères, qu’elle laissa couler dans un recoin de son esprit pour le moment. Pour une fois, elle n’avait pas à se charger l’esprit de trop de détails, pas alors qu’elles avaient cette journée, uniquement pour elles. Le flot de paroles ne l’intéressait pas tant que ça, c’était un discours qu’elle connaissait très bien, comme sa compagne, il n’était nécessaire que pour la tradition.

Une fois les longues paroles rituelles déclamées, le maître de cérémonie s’interrompit un bref instant, le temps de boire le verre d’eau que son assistant lui apporta, puis il passa à une parie bien plus formelle et rigoureuse. Dans le mariage royal d’Alderaan, ce qui concernait la partie de l’échange des vœux n’avait jamais grand-chose de romantique, pour la simple et bonne raison que les devoirs politiques, attachés au mariage, prenaient bien entendu le pas sur tout le reste. C’était à cela qu’en était le maître de cérémonie, des devoirs envers le peuple d’Alderaan. Les rappels d’interdiction de toute forme de violence ou d’oppression y était présent, comme il se doit, un discours très habituel et dont ils avaient déjà prouvé qu’il continuait à s’appliquer. Un nouveau temps qui lui sembla interminable, avant qu’ils ne parviennent enfin à la partie l’intéressant le plus. Elle se mit face à Takara, alors qu’un nouvel assistant approchait et vint nouer, autour de son poignet droit puis du poignet gauche de Takara, un ruban blanc immaculé.

Le vieil homme leur fit ensuite prendre, avec les deux mains liées par le ruban, une coupe par le pied, remplie de vin, avant de leur faire prononcer, à chacune, les paroles rituelles. Fidélité, loyauté, soutien en toutes circonstances… Une fois que toutes les deux prononcèrent ce qu’il convenait, elles durent boire une gorgée chacune, le ruban était assez long pour le faire sans tirer le bras de l’autre. Les assistants apportèrent les alliances, déposées sur des coussins. Des bagues d’argent, surmontées d’un fin diamant, comme le voulait la coutume. La coupe avait entre-temps était emmenée plus loin, dans une parfaite discrétion. Évidemment, tout avait été soigneusement répété, encore et encore, jusqu’à la nausée. Lorsqu’elles eurent échangé leurs bagues et prononcé leurs vœux, le maître de cérémonie dénoua le ruban, pour le couper en deux et attacher de nouveau chacune des deux parties à leurs poignets, nouant avec un style particulier. Ce n’est qu’à cet instant qu’il les déclara mariées. La foule applaudit au moment où Leia s’avançait vers sa femme pour l’embrasser, les joues légèrement plus rouges.

‒ C’est l’heure du bal des salutations et félicitations, murmura-t-elle très bas pour sa compagne.

Elles devaient remonter l’allée, puis entrer avec leurs invités dans la grande salle prévue pour le service du vin d’honneur. Leia serra la main de sa femme dans la sienne, avant qu’elle ne doive lui présenter son bras.

Faisant jusqu’alors pratiquement uniquement face à la foule, Takara pivota d’environ un quart sur sa gauche au moment où le maitre de cérémonie fit doucement claquer l’imposant livre qu’il avait entre les mains, pour faire face à Leia, et ne put s’empêcher d’esquisser un fin sourire en fixant son visage. Elle leva machinalement la main gauche à l’horizontale devant elle, comme on le lui avait enseigné à le faire au cours des nombreuses répétitions. Mais son regard ne quitta pas Leia. Le dos droit, la tête haute en toute circonstance, et malgré le toucher peu délicat de l’assistant qui venait nouer le ruban blanc autour de son poignet, définitivement bien plus stressé qu’elle par le moment. De biais, et sachant que la foule ne pourrait le noter, la sith laissa ses yeux bifurquer dans sa direction une brève seconde le moment où il osa lever le regard vers elle, ayant terminé, histoire de lui faire comprendre que tout allait bien, et qu’il n’avait intérêt à leur ruiner ce moment après les avoir forcés toutes les deux à répéter encore et encore cet instant jusqu’à l’écœurement. Le voir baisser aussitôt le regard dans ce si bref instant avait quelque chose de satisfaisant, et c’est parfaitement confiant que Takara avait reporté son attention sur Leia en attendant que le maitre de cérémonie ne revienne avec la coupe remplie de vin.

Un vin qui fort heureusement, pensa-t-elle non sans sourire, n’aurait pas le même effet sur Leia que celui qu’elle avait pu consommer sur Coruscant. Elles avaient pu le vérifier au cours des répétitions. Ce n’était pas que la sith n’avait pas apprécié ce qui s’était déroulé par la suite, bien au contraire, mais ce n’était juste pas le moment. En parlant de moment, justement, Takara ne perdit pas de temps, sachant parfaitement que c’était à elle de prendre la parole la première, ce qu’elle fit d’une voix forte et emplie d’une conviction profonde, pour prononcer ses vœux de fidélité, de soutient et de loyauté, et ce quels que puissent être les circonstances. Puis, le moment venu, elle porta ses lèvres à la coupe, pour en boire une petite gorgée, avant que Leia n’en fasse de même, comme le demandait la tradition. Une tradition qui ne se pratiquait pas sur son monde natal, où l’on lui préférait d’autres rituels. Pour Takara, sa présence aujourd’hui aux côtés de sa femme était la preuve de sa volonté d’acculturation, ainsi que de sa fidélité. C’était aussi le terme de la première étape, celle de parvenir à se faire accepter, pour ensuite pouvoir travailler sur ce qui devait désormais être accompli pour l’avenir.

Son regard s’était une nouvelle fois détaché de celui de Leia lorsque deux autres assistants s’étaient approchés avec les bagues, pour pouvoir se saisir délicatement de celle destinée à Leia. Puis, pour la lui passer au doigt, dans la droite lignée du protocole de la cérémonie, l’ayant laissé en faire de même au préalable, pour ensuite attendre que le ruban ne soit coupé, pour qu’une partie soit renoué à son poignet d’une manière qu’elle trouvait encore aujourd’hui bien étrange, trop sophistiquée.

La voix du maitre de cérémonie la fit sortir de cette très brève contemplation, ses mots résonnant en écho dans son esprit au moment où il les déclarait officiellement mariées, cette fois-ci pour de vrai ; cette fois-ci pour de bon. Takara cligna des yeux, temps suffisant pour sentir Leia s’approcher, puis ses lèvres épouser les siennes. Ses joues se rougirent sur le coup malgré le maquillage, et elle eut du mal à résister à la tentation de répondre coup pour coup, malgré le contexte, y trouvant sans doute une maigre échappatoire à tout ceci, le temps d’un instant. Takara parvint tout de même à rapidement reprendre le contrôle de ses émotions et ferma les yeux un instant, suffisant pour entendre le murmure de Leia, et pour hocher la tête en signe de réponse, au milieu des longs, très longs applaudissements de la foule présente pour l’occasion. Et des invités, aussi, a l’exception, peut-être, de quelques cas particuliers.  

Takara ne jeta pas le moindre regard vers leurs rangs, ne souhaitant pas croiser la silhouette de Vader, qui ne devait être venu que pour mieux les scruter, les épier. Elle n’aimait pas le savoir ici. Il était une gêne. Et pourtant elle allait sans doute devoir le supporter pour le reste de la journée, à moins qu’il ne finisse par se lasser de toutes ces choses et ne décide, enfin, de servir à quelque chose loin d’Alderaan.

Au moins la journée avançait-elle. C’était déjà ça. Serrant un bref instant les mains de sa femme, Takara finit par s’en libérer, se tournant un instant vers la foule avant de finalement sa main autour du bras de sa compagne, pour venir remonter l’allée menant à la grande salle.

« J’espère que personne ne fera d’esclandre. Surtout certains invités. C’était vraiment nécessaire de les convier ? » lui demanda-t-elle, à voix basse, en profitant de ce bref instant de solitude entre elles.

N'aurait-il pas été plus simple de les snober ? De leur faire comprendre que leur comportement avait déplu ?

‒ J’espère que personne ne fera d’esclandre. Surtout certains invités. C’était vraiment nécessaire de les convier ?

‒ Pour le moment, nous n’avons pas le choix, le statut-quo doit être préservé quoi qu‘il en coûte.

Jusqu’à ce qu’elles soient prêtes, que la planète soit prête, que leur peuple soit prêt. D’ici là, la jeune reine pouvait accepter et tolérer bien des choses, y compris les alliances les plus toxiques ou d’afficher une loyauté sans failles envers l’Empereur, car ils n’avaient pas le choix. Les donneurs de leçons habituels pouvaient bien se montrer aussi méprisants qu’ils le souhaitaient, tous oubliaient un peu vite la situation géographique de cette planète ainsi que son désarmement. Peu importe ce qui pouvait se passer sur Coruscant, les décisions politiques ou militaires, les actes du gouvernement central et tout ce qui s’ensuit, ils étaient contraints de tout accepter. Un seul faux pas et leur planète sombrera dans la même ruine que Chandrila. Dans la même surveillance resserrée que Corellia. Jusqu’à en finir avec la désolation qu’avait connu Onderon. Voire, pire encore, être simplement détruits comme l’avait été Manaan. Takara pouvait le regretter mais elle aussi savait qu’il s’agissait là d’un passage obligé. Tant que toutes les conventions de façade étaient respectées, cela se passera bien.

Donc bien sûr qu’elle salua son père avec un sourire, comme avec n’importe qui, tout comme elle salua l’homme qui avait servi de gouverneur pour leur planète avant qu’elle ne s’installe sur le trône. Elle salua les dignitaires, les représentants des grandes familles d’Alderaan, les politiciens, ses conseillers, les chefs des grandes entreprises, les artistes respectés et respectables, les oligarques et les suivants et suivantes de son palais. Certains avec un sourire bien plus sincère que d’autres, ceux et celles dont elle ne doutait pas de la loyauté. Les personnes faisant passer l’intérêt d’Alderaan avant toute chose et qui ne voyaient aucun mal à ce changement de pouvoir tant que cela permettait à leur peuple de demeurer en sécurité. Durant cette valse de félicitations et d’un mot pour chacun, la fête s’était quelque peu déployée, pour le vin d’honneur. Les serveurs, en tenue noire et blanche, filaient avec des plateaux surchargés entre les nombreux invités. Il y avait toujours eu bien peu de droïdes, sur cette planète, les habitants préféraient le contact humain, même pour les tâches de service.

Le Doyen de ses conseilleurs, l’ancien Evick, eut presque les larmes aux yeux, en venant à son tour les saluer. Il était touchant… Il l’avait vu arriver au palais tout bébé et avait du mal à dissimuler son émotion, aujourd’hui. Même s’il avait eut beaucoup de mal à accepter qu’elle délaisse les rebelles pour l’Empire, il avait fini par comprendre et accepter son choix, au prix de nombreuses discussions et de réflexion. Leia en avait d’ailleurs déjà parlé à sa femme, jugeant pour sa part qu’établir leur pouvoir ici devait passer par rallier à leur cause les frileux par la discussion plutôt que par la violence. Cet homme en était un exemple. Bien qu’il avait eu besoin de temps, il était aujourd’hui apaisé et désormais loyal comme il l’avait été envers Bail Organa. Il eut même un sourire poli envers Takara, alors qu’il était resté plutôt distant jusque là. Peut-être qu’avec encore un peu plus de temps, il parviendra à se détendre complètement vis à vis d’elle. Une fois qu’il fut reparti, elle profita de ce moment de répit pour souffler, puis tendit un verre à sa compagne. Prenant un sans alcool pour elle.

‒ Evick travaille au palais depuis un peu plus de quarante ans, maintenant, précisa-t-elle pour sa compagne, en regardant le doyen discuter avec un autre conseiller. C’est lui qui m’avait appris en cachette à manier de petites armes, quand j’étais petite, lorsque mon père adoptif ne voulait pas encore que je le fasse. Il finira par t’apprécier, toi aussi, avec le temps. Lorsqu’il aura pu constater que tu tiens toi aussi à la sécurité d’Alderaan.

Elle adressa un sourire à sa compagne, se boulant encourageante. C’était parfois encore un peu tendu ou compliqué, néanmoins, cela viendra. A leur place, Tarkin et d’autres auraient réglé le problème de ceux doutant à coup de bombes et de blasters… Enfin. Elle termina son verre, d’une gorgée, avant de le redonner à un serveur passant à proximité.

Takara comprenait, bien évidemment, le besoin de maintenir les apparences le plus longtemps possible, le temps que leurs plans avancent et se mettent en place. C’étaient le genre d’actions qui prenaient du temps, mais qui finiraient par payer le moment venu. La rousse n’aimait simplement pas que l’on tienne des opinions ou des propos à l’encontre de Leia, ou d’elle-même, et encore plus de devoir accepter la présence de ces petites natures qui n’étaient pas capable de s’adapter, vivant encore dans un fantasme dépassé et sans avenir. En attendant cependant qu’Alderaan soit prête, et elles aussi, elle se forcerait à se montrer avenante, et à sourire, quelles que soient les circonstances. C’était une nécessité, elle l’avait bien compris. Elle s’attelait d’ailleurs à parfaire les apparences, et à adapter ses habitudes depuis son arrivée aux côtés de Leia. Toutes les actions qu’elle avait entreprises, ou presque, avaient été dans leurs intérêts communs, ceux de préparer Alderaan à ce qui pourrait advenir dans un futur proche comme lointain, en tenant du mieux que possible compte des éventuelles actions des impériaux, mais aussi des rebelles. Bien sûr, il restait de nombreuses zones d’ombre, mais leurs travaux avançaient bien, et c’était là tout ce qui comptait vraiment.

Mais aujourd’hui, tout cela n’avait que peu d’importances. Ce jour était le leur, et personne n’allait pouvoir leur retirer cela. Le protocole était ce qu’il était, strict et parfois intrusif, mais il permettait de s’assurer que rien ne viendrait se glisser dans les rouages bien huilées de cette cérémonie, leur cérémonie. C’est pourquoi Takara imita sa femme, parfaitement imperturbable, avec un sourire aux lèvres en saluant Vader d’abord, non sans une certaine hypocrisie étant donné les circonstances de leur dernière entrevue, puis les différents politiciens, fussent-ils impériaux ou locaux. Elle suivit le fil, laissant Leia briller en passant derrière elle. Si ses sentiments envers certains étaient feints, l’émotion, elle, était réelle. C’était leur jour, et tout se déroulerait pour le mieux par la suite, maintenant que toutes ces choses étaient officialisées. La nouvelle consort salua finalement les serviteurs du palais, ainsi que les suivantes, et plus particulièrement Isobel, avec un sourire plus sincère. La sith avait bien aimé son comportement, et son attitude. Plus encore, elle avait apprécié sa franchise, et sa rigueur, des éléments importants, et nécessaires pour assurer une transition efficace. Leia avait déjà donné son accord sur certaines choses, à son sujet, mais il y avait un temps pour toutes ces choses…

Il y avait beaucoup d’invités mais la salle préparée pour l’occasion était bien vaste. Takara n’aimait peut-être pas le caractère de l’Intendante, mais elle ne pouvait pas nier que jusqu’à présent, tout semblait parfaitement préparé, et adapté. Alors que la fête se lançait tranquillement, la rousse échangea brièvement avec le gouverneur militaire, avec qui elle avait déjà pu longuement discourir au cours des réunions hebdomadaires exigées par ce dernier. Takara le trouvait beaucoup trop impliqué dans son travail, au point de parfois se montrer paranoïaque, par peur de décevoir sa hiérarchie. Puis suivant sa compagne dans le bal des félicitations, jusqu’à retourner un sourire aimable au Doyen, que Leia appréciait beaucoup. Elle avait longuement discuté avec lui, comme avec d’autres, pour les rallier à sa cause. Pour sa part, Takara n’avait pas nécessairement une bonne opinion de ces gens-là, et les surveillaient encore un peu, de loin, comme elle le pouvait, incertaine qu’elle était de pouvoir réellement leur faire confiance. Ce qui s’était passé lors des manifestations, le passage de Skywalker grâce à l’aide indubitable de serviteurs du Palais lui restait encore en travers de la gorge.

Takara ne se montra pas moins poli envers le Doyen que les autres. Ce qu’elle pensait réellement ne devait pas mettre à mal cette façade qu’elle s’évertuait à bâtir et maintenir depuis tout ce temps. Leia savait bien ce qu’elle pensait, elle, et c’était, finalement, tout ce qui lui importait vraiment. Le regardant finalement s’éloigner, elle porta finalement à ses lèvres le verre offert à sa femme, tout en écoutant les propos de Leia au sujet de cet homme. Takara estimait avoir fait beaucoup d’efforts, et elle n’avait pas besoin de rappeler à sa femme que beaucoup à leur place se serait simplement contenté de se débarrasser de tout le personnel ayant travaillé pour les anciens occupants du palais. Elle-même, se demandait encore parfois si tout ces efforts en valaient vraiment la peine. Takara regarda Leia vider son verre, avant de boire une nouvelle gorgée du sien.

« Nous verrons bien. Tu es bien plus habile que moi pour gérer et organiser ce genre de choses. Tous ici apprécie ce que tu as accomplis depuis ton retour. »

C’était un fait. Elle, en comparaison, n’avait fait que s’assurer que les choses allaient selon leurs plans. Les discussions avec le gouverneur militaire, ses entrevues quotidiennes, ce n’étaient pas cela qui avait un véritable impact sur le quotidien d’Alderaan. Cela la frustrait quelque peu, mais c’était ce que faisait sa femme, qui comptait vraiment aux yeux de son peuple.