« Vous savez qu’il m’est possible de connaître votre état d’esprit. Il va falloir que vous en parliez à un moment. »

La remarque, lancée à l’intention de sa première suivante confortablement installée face à elle à l’arrière du speeder, ne fit pas lever la tête de la consort de la tablette qu’elle était en train de lire. Depuis les évènements qu’elle et Leia avait provoqué à l’insu de tous au Palais, Isobel s’était montrée particulièrement réservée, et parfois même bougonne. Elle n’avait, bien sûr, rien fait jusqu’à présent pour l’aider, préférant la laisser dans sa tourmente, à se remettre en question. Isobel était bien plus influençable ainsi, ce dont elle avait eu l’occasion de constater à plusieurs reprises. Takara ne comprenait pas pourquoi sa suivante faisait tout un plat de cette affaire, il lui suffisait de passer à autre chose en laissant ce déchet de fiancé au passé, mais elle n’allait pas trop s’en plaindre. Leia, comme elle-même, avait besoin de pions utiles, parfaitement loyaux car embrigadés ou formés soi-même. Des personnes à qui déléguer les tâches les plus annexes, pour pouvoir se concentrer sur les affaires les plus urgentes, comme importantes. Elle avait beaucoup apprécié ce qu’elle avait pu faire à ces quelques esprits faibles, au Palais, et ressentait un attrait nouveau et palpitant pour ces choses nouvelles.

Isobel allait leur être d’une grande aide dans cette entreprise, c’est pourquoi il était nécessaire, finalement, de venir appuyer sur sa plaie béante. Elle l’avait laissé mariner assez longtemps, il était temps qu’elle se ressaisisse.

« Arrêtez donc de trop réfléchir à ce qu’il s’est passé. Il était déjà sous influence, et à peut-être même tenté de se servir de vous, à votre insu, pour nous atteindre toutes. » lâcha-t-elle platement.

Elle releva ensuite le regard de la tablette après en avoir parcouru les dernières lignes, pour observer sa suivante, avant de poser distraitement l’appareil sur le fauteuil, à sa droite. Son regard glissa ensuite sur le côté, afin de constater que le paysage avait rapidement changé, et que le petit convoi s’enfonçait déjà dans la zone historique de la capitale. Il était temps de finir de se préparer, elles allaient bientôt arriver à destination : un musée de plus, au cœur même des festivités de la Geshla, moyen pour elle d’affiner son image auprès du peuple en montrant qu’en tant qu’étrangère, elle ne dénigrait pas leur culture, mais cherchait au contraire à en faire la sienne. C’était aussi une façon de satisfaire la promesse qu’elle avait faite à Isobel de l’accompagner dans ses sorties culturelles, pour l’aider à parfaire la gestion de ses émotions, et par extension, de l’influence qu’elles avaient sur la Force.

« Qui plus est, votre entrainement n’était pas assez avancé pour que vous puissiez sentir, ou deviner ce qu’il avait réellement en tête, et ce qui allait se passer. »

Une façon de dire qu’avec un peu plus de maitrise elle aurait peut-être pu voir le coup venir, et que désormais, elle aurait plus de temps pour s’acquitter de cette tâche. Takara décroisa aussitôt les jambes et reposa ses pieds couverts d’une soie fine sur le sol tapissé du speeder le temps de se saisir de ses chaussures, posées aux pieds de la causeuse. Des talons formels, d’une hauteur correcte. Puis elle se regarda dans un petit miroir, avant de laisser Isobel vérifier, au besoin, que son maquillage un peu plus appuyé qu’au quotidien au Palais, était toujours parfait.

Le speeder s’arrêta au même moment devant les marches qui menaient à l’entrée d’une grande structure moderne qui s’élevait vers le ciel à la manière d’une spire effilée, perdue au milieu des autres. Une petite foule s’était déjà agglutinée autour des véhicules, dans un respect qui forçait l’admiration. Doucement, la sécurité se mit en place, et d’autres serviteurs se déplacèrent pour venir ouvrir les portes du speeder. La consort eut un dernier regard pour sa suivante et prit une grande inspiration avant de finalement faire le premier pas et se hisser hors du véhicule avec un grand sourire, en faisant attention à ne pas accrocher sa robe, assez simpliste, et d’une couleur vive qui rappelait le thème de son mariage. Elle s’arrêta presque aussitôt, pour tourner sur elle-même et saluer la foule qui avait fait le déplacement, laissant par la même occasion le temps à Isobel de la rejoindre, tandis que du haut des marches descendait déjà le conservateur en chef en charge des œuvres présentées et conservées au sein de son musée. Il eut un regard vers Isobel, compréhensif mais aussi chaleureux, avant de s’arrêter au pied de l’escalier et réaliser une révérence.

« Votre Altesse Royale, c’est un honneur et un plaisir de vous savoir entre nos murs aujourd’hui. J’ose espérer que vous trouverez votre visite à votre convenance. »

Takara observa brièvement Isobel, avant de tourner la tête vers le doyen, et lui répondre avec un nouveau sourire. Bien qu’elle ne connaissait que très peu l’homme, il s’agissait d’une formalité nécessaire. Il était différent de ceux dont elle avait l’habitude. Assez jeune pour son poste, probablement.

« Nous vous remercions pour cet accueil, monsieur Stanhyns. Sachez que nous sommes parfaitement informées du travail remarquable que vous et vos conservateurs accomplissez au quotidien. »

Elle eut un nouveau regard pour Isobel, qui y était pour beaucoup. D’un signe de la main, le conservateur les invita à le suivre et Takara grimpa doucement les marches, jusqu’à ce que le trio finisse par passer les portes du musée, pour s’arrêter dans un couloir très large et au plafond très haut qui donnait non loin sur une grande voute intérieure. Là, monsieur Stanhyns se proposa pour leur faire la visite, comme il avait sans doute appris à le faire lorsqu’une personnalité se présentait dans son établissement. Il ne se faisait normalement pas, pas pure politesse, de refuser une telle offre ; c’était presque une forme de codification qui faisait partie intégrante du protocole ; mais Takara n’était pas venu pour être accompagnée tout au long de sa visite par un élément gênant. Le musée avait déjà été vidée de la majorité de ses visiteurs rien que pour elle. C’était l’occasion de pouvoir s’entretenir avec sa suivante tout en profitant de l’art raffiné d’Alderaan, et des collections d’artistes venus d’ailleurs. Isobel allait être aux anges, probablement.

C’est pourquoi elle déclina poliment l’offre, expliquant que Miss Mackay ici présente était parfaitement qualifiée pour cette tâche, et que ce ne serait que lui faire honneur que de la laisser la guider entre ces murs. Le doyen sembla quelque peu effarouché, mais elle ponctua sa réponse par la promesse d’une entrevue à la fin de la visite, pour discuter de la direction artistique et des festivités en cours dans la capitale.

Ce n’est qu’alors qu’elle invita Isobel à la guider d’un geste de la main.

La pluie légère du matin avait laissé place à un soleil doux, peu chaud, un air rafraîchi. Un temps, finalement, correspondant plus ou moins à son humeur. Isobel conservait le regard rivé vers l’extérieur et le paysage défilant à l’allure du speeder. Une moitié de son esprit était consacrée aux tâches du jour et ses devoirs, l’autre moitié à ses problèmes personnels et au désastre qui avait secoué le Palais en son absence. Si c’était bien la Force qui « dirigeait » l’univers, alors cette dernière avait un sens de l’humour particulièrement douteux, pour que toute cette histoire se soit déroulée alors qu’elle bien loin du Palais ! Depuis, de nombreuses questions hantaient son esprit. Aurait-elle pu empêcher cela ? Pourquoi n’avait-elle rien vu plus tôt ? Pourquoi n’avait-elle pas pressenti ce qui se tramait ? Comment avait-elle pu tomber amoureuse d’un pareil homme ? Comment avait-il pu déraper à un tel point ? Était-elle devenue complètement folle pour ne pas avoir, tout simplement, piqué une crise de nerfs en apprenant cela ? Se payait-il sa tête depuis le début ? Ou avait-il été manipulé par les rebelles infiltrés dans le Palais ? Devait-elle avaler sa bague de fiançailles et s’étouffer avec ou bien se contenter de la jeter aux ordures ?

La remarque que lâcha tout à coup l’épouse de la reine ne servit qu’à la frustrer davantage. Elle connaissait son « état d’esprit », très bien, voilà qui lui faisait une belle jambe ! Et ça n’avait aucune foutue importance car ce qui comptait, dans tout ça, c’était bel et bien qu’Isobel, elle, n’avait pu connaître le véritable état d’esprit de son propre fiancé ! Ils se connaissaient depuis longtemps, ils s’étaient fiancés il y a deux ans, ils auraient dû se marier dans à peine quelques mois et pourtant… Comment tout avait pu s’achever ainsi ?! A son retour, elle n’avait trouvé que Sucre Roux dans le canapé. Elle lui avait laissé le chaton puis avait retourné l’appartement, dans l’espoir de trouver une lettre, un message holographique, quelque chose, n’importe quoi, qu’il aurait pu lui laisser avant son coup de sang. Pour expliquer son geste ou… Mais elle n’avait rien trouvé. C’était un ultime doigt d’honneur, quelque part, il n’avait pas jugé bon d’enregistrer ne serait-ce que trois mots d’explication, préférant partir avec tous ses secrets. Elle s’en sentait encore plus trahie et déboussolée.

"Arrêtez donc de trop réfléchir à ce qu’il s’est passé. Il était déjà sous influence, et à peut-être même tenté de se servir de vous, à votre insu, pour nous atteindre toutes. Qui plus est, votre entrainement n’était pas assez avancé pour que vous puissiez sentir, ou deviner ce qu’il avait réellement en tête, et ce qui allait se passer."

Peut-être, peut-être pas, toujours est-il qu’en tant que sa future épouse, elle aurait dû s’apercevoir que ça clochait à un tel point ! Qu’est-ce que la Force pouvait bien venir faire dans cette histoire ! Elle dû se mordiller l’intérieur des joues nerveusement le temps de retenir une réplique et surtout le temps des derniers petits préparatifs avant que le speeder ne stoppe à destination. Isobel retint un soupir, laissant la reine sortir, saluer la foule, avant de descendre elle-même et suivre le mouvement. Au moins, se rendre à un musée allait être plus agréable que poursuivre les tâches habituelles au Palais tout en ne cessant de ressasser tout cela. Elle avait, en sus, le sentiment que son altesse ne cessait de lui jeter des regards en coin, comme si elle attendait quelque chose d’elle. Pourtant, tout était prêt ! La visite avait été programmée à l’avance, le musée privatisé en très bonne partie, les personnels et la sécurité mis au courant, les apparences maintenues… Elle ne voyait pas ce qui pourrait manquer à l’affaire. Aurait-elle oublié quelque chose d’important… ? Son stress monta d’un petit cran, alors qu’elle listait mentalement, pour la énième fois, tous les préparatifs nécessaires avant ce type de visite.

"Votre Altesse Royale, c’est un honneur et un plaisir de vous savoir entre nos murs aujourd’hui. J’ose espérer que vous trouverez votre visite à votre convenance."

"Nous vous remercions pour cet accueil, monsieur Stanhyns. Sachez que nous sommes parfaitement informées du travail remarquable que vous et vos conservateurs accomplissez au quotidien."

Oh, peut-être regrettait-elle simplement le temps où elle pouvait se rendre dans ce genre d’endroits en se passant de tout le protocole ? C’était possible… Isobel laissa retomber une part de pression, en suivant à l’intérieur du musée. C’était un lieu qu’elle avait toujours beaucoup aimé, où elle se rendait régulièrement. Comme beaucoup d’autres musées de la ville, par ailleurs, où elle passait une bonne partie de son temps libre. L’idée lui vint, en levant le regard vers le plafond décoré, que le petit Waljan pourrait peut-être apprécier une visite dans de tels endroits, plutôt que devoir se contenter de la morosité de l’orphelinat. Elle pourrait l’emmener ici et… En aurait-elle seulement le droit ? Même si le voyage entre les deux planètes était court, cela représentait tout de même quatre heures avec l’aller-retour. Dans une journée, c’était beaucoup, il faudrait qu’elle soit en congé, qu’elle puisse voir le petit garçon ce même jour et qu’elle soit en plus certaine que sa présence ne sera pas requise au Palais en urgence, pour elle ne savait quelle affaire. Même sur une journée de travail, elle n’aura pas ces quatre heures de temps pour le voyage et encore moins pour avoir assez de temps avec le petit garçon.

La soudaine réaction effarouchée du conservateur l’arracha à ses pensées et elle reprit le fil de la conversation avec un temps de retard. Que se passait-il ? Voyant le signe de la reine, elle finit par comprendre qu’elle avait, à présent, achevé sa conversation avec le doyen et qu’il était temps d’y aller. Ah, très bien. La première salle où elles entrèrent était une galerie d’œuvres réalistes. Des tableaux, dont la plupart étaient très grands, représentant des scènes de vie d’Alderaan, des périodes ayant marqué son Histoire. Une galerie toujours impressionnante, dévoilant aussi bien les scènes les plus terribles du passé de leur planète que celles de douceur.

"Un étage plus haut est dédié à la royauté et au fil de succession. Il faudra prochainement que vous posiez avec un peintre, lorsque la famille sera au complet."

Autrement dit, lorsque héritière du trône il y aura. C’était la tradition, le nouveau couple royal devait poser pour un tableau avec l’héritier ou l’héritière légitime de la couronne. Même avec les problèmes de la planète, le portrait de la Reine Organa et du Vice-Roi, avec la princesse Leia, n’avait évidemment pas été ôté de cet étage. Peu importe ce qui s’était produit sur la fin, cela faisait partie de leur Histoire et il n’était pas question de l’effacer d’un simple revers de main. Son cœur se déchira un peu plus lorsqu’elle réalisa alors que seule, elle ne pourrait pas s’occuper d’un enfant, quand bien même le désir était né. Les personnes qu’elle avait rencontrées avaient raison, c’était une aventure qu’on devait mener à deux.

"En termes de sécurité, le Palais risque malheureusement de manquer de moyens contre les… Disons… Les personnes comme le père de la reine, ou encore son frère, il reste la possibilité que l’un des deux attaque sans que vous ne puissiez être là. Comment pourrons-nous protéger l’enfant ?"

Oh, Isobel pouvait faire la tête, ou même ressentir un sentiment d’amertume à ses propos, la reine consort n’en avait cure. Elle finirait par revenir d’elle-même dans le rang, à un moment ou à un autre. Au final, il n’y avait pas eu mort d’hommes, et son ancien fiancé ne serait pas le dernier à la trahir. Elle ferait bien mieux, au contraire, de s’habituer à ce genre de comportement à l’avenir, pour pouvoir au mieux le circonscrire. S’il y avait bien une raison qui justifiait sa formation orthodoxe, c’était bien celle-ci, à savoir de pouvoir accorder une plus grande confiance à une personne qui saurait s’assurer que l’ordre et l’efficacité régnait dans leur entourage, à Leia et elle-même. Tout comme, finalement, Takara se moquait de savoir ce qu’Isobel pouvait bien ressentir, du moment que cela n’impactait pas sa stabilité mentale, et son travail des plus efficaces. Elle ne s’était enquérait de la situation que pour mieux cerner l’état d’esprit de sa suivante, tout en appuyant un peu plus sur la plaie béante. Il lui fallait seulement faire attention de ne pas trop la froisser, de sorte qu’elle ne cesse pas de boire ses paroles lorsque c’était nécessaire.

Alors que le conservateur finissait de les saluer, Takara jeta un nouveau regard léger en direction de sa suivante, visiblement bien distraite en ce jour. Elle eut un léger sourire en y pensant, tant la situation paraissait improbable : Isobel Mackay, inattentive dans son travail, qui l‘aurait cru ? Pour beaucoup, cela était impensable, tant elle semblait s’acquitter de ses tâches sans la moindre hésitation, sans le moindre écart. Pour la première et dernière fois de la visite, la sith ne fit aucun commentaire, et se contenta de la laisser l’accompagner et la guider vers la première salle, longue et large, et au plafond haut. Elle espérait bien qu’Isobel se retrouve un peu plus apaisée dans un environnement qu’elle savait apprécier. C’était, du moins, ce qu’elle lui avait avoué, il y a quelque temps. Pour sa part, la reine consort porta finalement son regard, attentif, sur les premières œuvres qui s’offraient à elle, majestueuses tant en taille quand réalisme, un style qu’elle appréciait bien plus que les autres, tant il se montrait rigoureux.

Elle prit soin de les observer longuement, l’un après l’autre, tout en faisant mentalement les liens avec ce qu’elle avait sérieusement appris de l’histoire d’Alderaan. Bien qu’elle ne soit jamais sentie aussi concernée que n’avait pu l’être son père sur son monde, elle trouvait tout de même un attrait fascinant pour ce genre de capture du temps, telle une photographie réalisée à la main d’un moment bien particulier du passé. Cela permettait de mettre un véritable contexte historique aux récits.

« Un étage plus haut est dédié à la royauté et au fil de succession. Il faudra prochainement que vous posiez avec un peintre, lorsque la famille sera au complet. »

Takara laissa son regard couler d’une des grandes peintures vers Isobel, à ses côtés, avant d’opiner doucement de la tête et de se tourner pour observer une autre œuvre. Bien sûr, qu’il faudrait s’assurer de cela le moment venu. Un moment qui viendrait probablement plus vite que prévu, si la réunion à laquelle l’Empereur les avait convoquée Leia et elle venait à bien se dérouler. De la liste qu’Isobel avait pu leur fournir, le couple royal avait déjà restreint leurs choix. Il ne restait qu’à laisser croire à l’Intendance que leurs propositions auraient une quelconque signifiance…

« Cela devrait se faire assez rapidement, si notre prochain déplacement sur Coruscant se passe bien. Vous avez fait de l’excellent travail malgré les circonstances, si bien qu’envoyer l’Intendance prospecter officiellement les orphelinats ne sera qu’une pure formalité. »

Elle s’écarta à nouveau, cette fois-ci pour prendre un peu de recul vis-à-vis de l’œuvre qu’elle observait. Il s’agissait d’une représentation des premiers colons venus de Coruscant, il y a de ça plus de vingt millénaires, et de l’arrivée d’un des nombreux vaisseaux-arches venu renforcer l’implantation des premiers arrivants au cœur des vallées verdoyantes et aux sommets enneigés d’Alderaan.

« En termes de sécurité, le Palais risque malheureusement de manquer de moyens contre les… Disons… Les personnes comme le père de la reine, ou encore son frère, il reste la possibilité que l’un des deux attaques sans que vous ne puissiez être là. Comment pourrons-nous protéger l’enfant ? »

La reine consort laissa son regard retomber sur sa suivante tandis qu’elle pondérait ses propos. Il était vrai que l’arrivée et l’annonce de la nouvelle héritière allait amener son lot de nouveaux risques. Jusqu’à présent, elle ne s’était pas trop penchée sur ces possibilités, les rapports au sujet de la résistance organisée par Bail Organa et son frère ne signalant que très peu d’activité.

« C’est pourquoi il est nécessaire de renforcer les compétences de la garde, et d’adapter leurs entrainements aux nouvelles menaces. Il faudra bien sûr resserrer la sécurité autour de l’héritière, cela va de soi. »

Les rebelles n’avaient rien tenté depuis l’accession de Leia sur le trône, en dehors de quelques brefs coups d’éclats, comme cela avait été le cas avec ce Jedi. L’attaque sur le Chambellan ne comptait pas vraiment à ses yeux, pour des raisons évidentes.

« Bail Organa n’a jusqu’à présent rien tenter contre la famille Royale, ou contre le peuple d’Alderaan. C’est contre l’Empire qu’il se bat, et il craint sans doute que toute action contre lui, sa fille ou moi-même puisse entrainer des représailles sévères contre la planète tout entière. »

Cela ne voulait pas dire que tout allait se dérouler pour le mieux par la suite. La destruction de l’Etoile de la Mort allait provoquer des remous à moyen-terme, et galvaniser le moral de certains rebelles, qui pourraient se sentir pousser des ailes et venir commettre l’irréparable. Ceux-là étaient bien pathétiques de croire que leur combat allait changer quoi que ce soit. C’était avec du temps, que l’on tissait de grandes choses, et non en se chamaillant tels de vulgaires enfants… Takara soupire, alors que le regard qu’elle portait vers Isobel se fit plus insistant.

« Hélas, bien que la destruction de l’Etoile de la Mort retire l’épée de Damoclès qui reposait jusqu’alors sur chaque monde à portée de frappe de l’Empire, cela pourrait bien être le prémices à de nouvelles actions sur notre sol. Il va réellement falloir faire le nécessaire pour les trouver, désormais, et les mettre hors-jeu tout en évitant, si possible, que l’irréparable ne se produise. »

"C’est pourquoi il est nécessaire de renforcer les compétences de la garde, et d’adapter leurs entrainements aux nouvelles menaces. Il faudra bien sûr resserrer la sécurité autour de l’héritière, cela va de soi."

Oui, oui, mais comment, c’était bien ça sa principale question. Comment pouvaient combattre des soldats ordinaires, même avec un entraînement amélioré, face à des personnes armées d’un sable laser ou pouvant assommer ou projeter une personne contre un mur sans même avoir besoin de la toucher ? Comment protéger l’enfant alors que leurs ennemis avaient la capacité de briser des portes facilement ou de littéralement les découper avec leurs armes ? Isobel fronça un peu les sourcils, pensive et peu rassurée, sur cet avenir, tout en observant une des peintures représentant justement une très ancienne scène de combat, de leur monde. Les ennemis ordinaires pouvaient commettre des atrocités sans la moindre peine, alors qu’en sera-t-il d’ennemis, sans plus de scrupules, possédant des pouvoirs surnaturels ? Des ennemis qui rencontreront encore moins de résistance car leur monde était désarmé et pacifique. Cette question la troublait depuis un certain temps et les réponses apportées n’étaient pas vraiment satisfaisantes. Encore depuis que les menaces pouvaient éclater au sein même du personnel du Palais. Elle se sentait impuissante et ce sentiment exécrable renforçait sa colère, vis-à-vis de ceux et celles pouvant représenter une menace.

"Bail Organa n’a jusqu’à présent rien tenter contre la famille Royale, ou contre le peuple d’Alderaan. C’est contre l’Empire qu’il se bat, et il craint sans doute que toute action contre lui, sa fille ou moi-même puisse entrainer des représailles sévères contre la planète tout entière. Hélas, bien que la destruction de l’Etoile de la Mort retire l’épée de Damoclès qui reposait jusqu’alors sur chaque monde à portée de frappe de l’Empire, cela pourrait bien être la prémices à de nouvelles actions sur notre sol. Il va réellement falloir faire le nécessaire pour les trouver, désormais, et les mettre hors-jeu tout en évitant, si possible, que l’irréparable ne se produise."

Isobel hocha doucement la tête, encore plongée dans ses réflexions. Il est vrai que dans le cas de l’Étoile Noire, l’action des Rebelles leur avait ôté une sérieuse épine du pied. Bien que leur planète soit un monde impérial et officiellement un des alliés solides de Coruscant, la présence de cette super-arme n’avait jamais été appréciée été encore moins considérée comme un gage de sécurité. D’autant plus que l’Empire n’avait guère besoin de ça, pour se montrer destructeur. Elle inspira légèrement, bien consciente qu’il ne fallait pas réagir ou réfléchir avec les émotions mais plutôt avec la raison, se montrer pragmatique. Autant elle était d’accord sur le fait que les actions rebelles devaient être éliminées à jamais de cette planète, autant elle n’était pas partisane d’y mêler franchement le peuple ou tout du moins, l’opinion publique. Bail Organa ne souhaitait pas enfoncer cette planète dans les ennuis, c’était tout à son honneur, néanmoins, il n’était pas admissible qu’il ne se contente pas de disparaître du paysage et les laisser en paix. Son entêtement à s’accrocher devenait préjudiciable, alors que la reine avait déjà été assez bonne pour leur laisser le temps de partir.

"Mais rien ne doit filtrer auprès de la population. Si sa mort devait être apprise, d’autres viendraient se venger et pourront en profiter pour enflammer les esprits de beaucoup. De tous ceux qui ne comptent pas se révolter pour le moment mais qui pourraient franchir le pas, en considérant que s’en prendre à leur ancien vice-roi est une trahison pure et simple. D’autant plus qu’il n’a effectivement jamais rien tenté contre le nouveau pouvoir. Je doute moi aussi qu’il veuille s’en prendre à sa fille."

Peut-être espérait-il qu’elle revienne « à la raison », selon ses propres principes, qui pourrait le savoir. Mais les motivations de l’ancien vice-roi ne l’intéressaient pas. Tout en parlant, elle s’était approchée d’un des plus grands tableaux, représentant une scène de récoltes, aux pieds des montagnes. A quelques kilomètres seulement de la capitale, ces montagnes étaient parfaitement visibles depuis le Palais lui-même.

"Les rumeurs veulent que les rebelles se cachent dans les anciennes mines ou les grottes de la chaîne de Svala."

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« Mais rien ne doit filtrer auprès de la population. Si sa mort devait être apprise, d’autres viendraient se venger et pourront en profiter pour enflammer les esprits de beaucoup. De tous ceux qui ne comptent pas se révolter pour le moment mais qui pourraient franchir le pas, en considérant que s’en prendre à leur ancien vice-roi est une trahison pure et simple. D’autant plus qu’il n’a effectivement jamais rien tenté contre le nouveau pouvoir. Je doute moi aussi qu’il veuille s’en prendre à sa fille. »

C’était une évidence, et la raison pour laquelle elle n’avait pas cherché à régler son compte à Bail Organa plus tôt. Pas nécessairement pour Alderaan elle-même dans un premier temps, mais simplement pour Leia. Tout comme elle avait signifié qu’il ne fallait pas toucher à son frère, à l’époque. Son point de vue s’était élargi avec le temps, bien sûr. Il était impossible de contrôler la population comme ce pouvait être le cas sur son monde natal, du moins pas dans l’immédiat. Changer de telles mentalités prendrait du temps. En attendant, prendre Bail Organa vivant était la seule option permettant d’éviter l’embrasement des esprits. Le laisser tranquille restait toujours une option, mais elle ne croyait pas beaucoup en l’idée qu’il puisse se tenir à l’écart éternellement sans faire d’histoires. Elle en savait suffisamment désormais sur sa personnalité pour savoir qu’il n’avait cessé de lutter, et ce tout au long de sa vie. Il reviendrait sur le devant de la scène un jour, elle en était persuadée, et elle ne pouvait pas le permettre.

« C’est une analyse que je partage… C’est pourquoi nous devons tout faire pour l’attraper vivant et le garder enfermé sur Alderaan. Le remettre aux autorités impériales n’arrangerait pas les choses. »

Ensuite, elles pourront travailler à faire de sa présence un danger, et un fardeau de plus pour la population. Alors seulement pourraient-elles le faire disparaître à jamais, sans courir le risque d’une insurrection. Transformer les esprits d’abord. Orienter l’opinion en son sens. Tromper la masse… Plus elle passait de temps à observer et étudier le comportement de cette époque, et plus elle comprenait les décisions de son père. Il était peut-être temps, d’ailleurs, d’essayer d’appliquer la même méthode avec Isobel que celle qu’il avait utilisé sur l’ensemble de la Tribu, de son temps : maintenant que le problème principal était réglé, il allait falloir lui donner un os suffisamment gros à ronger, pour qu’elle focalise son attention et ses ambitions, et chasse de son esprits toutes ces pensées néfastes au sujet de cet homme, et de ce qu’il avait fait.

En attendant, il était préférable qu’elle profite de ce moment pour souffler, et se détendre l’esprit. Sa suivante avait dit aimé la peinture, et l’art en général. Que cela la relaxait, de contempler ces œuvres. Takara devait admettre qu’il était impossible de ne pas ressentir quelque chose, à regarder en détail et avec du recul, tous ces paysages. Les montagnes d’Alderaan, par exemple, étaient si majestueuses qu’il était difficile de ne pas se laisser porter par leurs courbes acérées.

« Les rumeurs veulent que les rebelles se cachent dans les anciennes mines ou les grottes de la chaîne de Svala. »

Pardon ? Que venait-elle de dire ? Il lui fallut un bref instant pour qu’elle percute, et qu’elle se tourne d’un quart vers Isobel, le regard écarquillé, la surprise lisible sur son visage.

« Vraiment ? » Genre, pour de vrai ? « Depuis quand ? C’est seulement maintenant que je l’apprends ? »

L'agacement fut soudain, instantané, et clairement perceptible. Le vieux était là-bas depuis quoi, le début ? Quelque part dans ces montagnes qu’elle contemplait avec Leia chaque soir, au Palais ? C’était… Bien sûr… Elle comprenait mieux maintenant, pourquoi sa femme passait son temps, à leur retour ensemble, à contempler cette région en particulier. Elle le savait depuis le début, ou du moins, elle devait s’en douter fortement… Mais pourquoi ne lui avait-elle pas dit ? Avait-elle craint qu’elle aille se charger de son père adoptif, sans prendre en considération les conséquences ? Avait-elle fini par oublier de le faire ? La sith serra légèrement les poings, avant de reporter son attention sur la large et grande peinture, avec un regard nouveau. Déjà, les avantages et les inconvénients d’une opération dans la chaine de Slava apparaissaient sous ses yeux.

Elle soupira, de frustration cette fois-ci. Ce n’était pas nécessairement de la faute d’Isobel, si elle apprenait cela maintenant, et pas avant. Le fait qu’elle le lui dise, au contraire, était peut-être le signe qu’elle finissait par faire définitivement son choix, peut-être par dégoût de cet homme qu’elle avait aimé, et de ce que les rebelles avaient pu lui faire. Une bonne chose, si tel était le cas…

« Cela représente toujours une zone bien vaste à couvrir. Nous ne pourrons pas intervenir dans chaque puit de mine, chaque grotte au même moment. Ils pourraient s’échapper par les autres sorties… Mh, il faudra placer l’ensemble de la chaine sous surveillance et identifier les allées et venues pendant un temps, afin de déterminer les cibles les plus intéressantes. Seulement alors, nous pourrions agir… »

A condition qu’il se trouve bien là-bas, il ne fallait surtout pas qu’il puisse aller se réfugier ailleurs s’il se sentait soudainement menacé. Ensuite, le plus compliqué serait de tromper ou tempérer les impériaux, à qui il ne fallait surtout rien dire de concret. Faisant signe à Isobel de continuer la visite, elle jeta un dernier regard au tableau, avant de reporter son attention sur un nouveau, tout aussi vaste et majestueux, qui reprenait en gros plan la capitale, dont on pouvait distinguer les changements qui s’y était opéré au fil des millénaires.

« En éliminant cette menace, la vie sur Alderaan serait déjà plus tranquille. Votre conscience, elle, serait plus apaisée. » Un léger sourire se glissa distraitement au coin de ses lèvres à cette pensée, à l’idée qu’Isobel pourrait, peut-être, assouvir sa frustration et sa colère par cette douce vengeance… « Cela permettrait de développer plus sereinement la manière dont nous pourrons protéger la planète, et la princesse, des menaces plus pressantes. Les moyens existent. »

La reine ne lui en avait jamais parlé ? Cette rumeur circulait depuis un bien long moment, pourtant, même s’il n’y avait rien d’avéré. Visiblement, même si ce n’était qu’une rumeur, elle en était tout de même très agacée. Peut-être que sa majesté avait tout simplement oublié tout cela, étant donné que Bail Organa ne comptait apparemment causer de problèmes immédiats à leur monde. En attendant que son altesse fasse passer colère et frustration, Isobel poursuivit sa contemplation du tableau. Pour sa part, presque malgré elle, sa propre amertume se faisait supplanter par l’atmosphère ambiante, malgré la colère de la princesse, ainsi que par les tableaux. Elle ne serait pas très étonnée que cette rumeur se vérifie et que les rebelles se cachent dans ces montagnes. Les grottes étaient nombreuses et il était facile de s’y dissimuler. Les trouver sera le plus difficile. Tout comme éviter qu’ils ne s’échappent. Il existait tant de grottes et de tunnels naturels qu’un rebelle pouvait s’échapper sous le nez de ses poursuivants sans une grande difficulté.

"Cela représente toujours une zone bien vaste à couvrir. Nous ne pourrons pas intervenir dans chaque puits de mine, chaque grotte au même moment. Ils pourraient s’échapper par les autres sorties… Mh, il faudra placer l’ensemble de la chaîne sous surveillance et identifier les allées et venues pendant un temps, afin de déterminer les cibles les plus intéressantes. Seulement alors, nous pourrions agir…"

Sur ce sujet, elle n’était pas stratège militaire et n’avait donc aucun avis à donner. Poursuivant plutôt vers le tableau suivant, elle songea que certains Rebelles pourraient peut-être accepter de quitter la planète d’eux-mêmes, s’ils parvenaient à comprendre qu’ils mèneront des combats plus efficaces ailleurs. Restait-il un espoir qu’ils reviennent à la raison et s’en aillent ? Bien qu’elle en doute, c’était possible… Son regard glissa sur les hauteurs du tableau face à elle, représentant la zone nord de la capitale, à l’opposée du Palais. Cette partie-là de la ville était très résidentielle, peu d’ateliers, d’usines, d’entreprises… Il y avait simplement un bon regroupement d’entrepôts, dans un quartiers, si elle se souvenait bien. C’était aussi là-bas que se trouvait la faculté privée Polary, spécialiste dans la formation des ingénieurs, pour les secteurs de l’énergie. Son père y avait étudié, il lui avait surtout raconté que certaines soirées étudiantes avaient le don de mettre à sac les salles de l’université prévues pour ça, en sous-sol. Sur le tableau, elle finit enfin par repérer cette école, notant qu’à l’époque où le tableau avait été peint, la faculté possédait deux étages de moins.

"En éliminant cette menace, la vie sur Alderaan serait déjà plus tranquille. Votre conscience, elle, serait plus apaisée. Cela permettrait de développer plus sereinement la manière dont nous pourrons protéger la planète, et la princesse, des menaces plus pressantes. Les moyens existent."

Peut-être… Ils n’avaient guère le choix, quoi qu’il en soit. Tant que les choses étaient faites dans les règles de l’art, évidemment, il ne s’agissait pas d’enflammer l’opinion publique et encore moins la retourner contre la famille royale. Quant à sa conscience, Isobel ne voyait pas vraiment le rapport. Elle n’avait rien fait pour aider des rebelles, dans toute son existence, encore moins pour affaiblir l’autorité royale, elle n’avait donc aucune raison de se sentir coupable à propos de ça et donc de vouloir apaiser sa conscience. Bah, peu importe. Elle avança plutôt vers le tableau suivant, représentant un parc de loisirs, en ordure d’un lac. Cette zone était assez loin, à une heure de trajet en navette, mais elle était très populaire, surtout en temps chaud, bien sûr. Les familles représentées étaient en maillot, pour une majorité, les autres en tenues d’été. Isobel ne put retenir un très profond soupir, en regardant les enfants en pleins jeux, au bord de ce lac.

"J’aurai souhaité adopter également s’il n’avait pas eu ce coup de folie," soupira-t-elle sans détacher le regard du tableau. "Il y avait ce petit garçon, à l’orphelinat de Delaya. J’aurai voulu qu’il ait deux parents."

Mh, elle ne s’était pas accrochée à la perche qui lui avait été tendue, au sujet des rebelles et de leurs liens avec son ancien fiancé. Dommage, mais ce n’était pas bien grave. Il y aurait d’autres opportunités. Le fait qu’elle soit parvenu à finalement se détendre, en contemplant ces tableaux, restait la chose la plus importante pour le moment. Si cela lui permettait de commencer à tirer un trait sur ce qui s’était passé, si possible en orientant ses priorités sur l’importance qu’avait son travail, ce serait déjà une première chose de faite. Il faudrait bien sûr construire le reste, mais il fallait une base solide sur laquelle le couple royal pourrait travailler. Le bon devenir de sa suivante était devenu plus important encore après que ses dons se soient révélés sur Coruscant, et il était nécessaire que les choses soient bien faites, étapes par étapes. Celles-ci, cependant, commençaient à prendre trop de temps. Le doute ne pouvait pas s’installer de façon pérenne chez Isobel, ou bien ce dernier finirait par lui ronger la moelle lentement jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.

La consort n’avait pas d’intérêt dans un pion instable. Or, Isobel était actuellement la seule personne capable à son avis de tenir le rôle que le couple royal avait prévu pour elle. Il n’y avait pas de remplaçante. Tout ceci, finalement, commençait à lui donner légèrement mal au crâne. Elle cligna des yeux, pour tenter de chasser ces pensées et se reconcentrer sur les grandes peintures et ce qu’elles représentaient. Le réalisme, heureusement, était bien plus à son goût, et nettement moins perché que certains autres mouvements. Elle essaya de chercher de quoi se changer les idées dans les couleurs, les traits, les formes, mais la douleur restait là, légère mais persistante. Les idées, et les sensations et les envies, également. Envahissantes. Tel des murmures gagnant en intensité, et lui soufflant de se laisser aller, et de faire le nécessaire, là, maintenant, sans attendre… La nécessité de continuer à la former soi-même, à l’embrigader pour faire d’elle un pion utile et efficace. Cela fait, la vie serait déjà plus aisée, et le palais pourrait lentement et discrètement mis au pas, en coulisse, sans qu’elles n’interviennent directement et outrepassent le protocole, et leurs prérogatives.

Cela viendrait ensuite, sans empressement, mais il fallait d’abord finir de façonner Isobel, sans attendre. Le regard de la consort s’était fixé sur la peinture, comme hypnotisé par ses dégradés de couleurs et son sens du détail. Sa vision, elle, venait se draper d’un voile flou, sans qu’elle ne s’en rende véritablement compte, son attention captée par le besoin de ne plus perdre de temps, maintenant que le fiancé ne faisait plus partie de l’équation. Un pion utile, voilà tout ce dont elles avaient besoin. Cette pensée finit par accaparer sa réflexion, s’ancra dans son esprit. Un pion efficace et dévoué. Capable d’indépendance, mais irrémédiablement à leur service. Elle allait attendre la fin de la visite, lorsqu’elle pourrait discuter véritablement seule à seule avec elle, loin des regards trop indiscrêts. Au palais ; non, dans le speeder, cela parfaitement l’affaire. Là, elle…

« J’aurai souhaité adopter également s’il n’avait pas eu ce coup de folie… Il y avait ce petit garçon, à l’orphelinat de Delaya. J’aurai voulu qu’il ait deux parents. »

La consort cligna des yeux, et se reprit avec une moue très légère, avant de porter un regard inquisiteur vers Isobel. Quoi ? Elle… Encore lui, toujours lui ? N’avait-elle pas écouté ce qu’elle avait dit tout à l’heure ? Non, non. Elle devait l’oublier, pas tout ramener à lui, encore et encore. Ça n’allait pas du tout. Elle avait besoin d’un pion utile… Oui, c’est ça, et non pas quelqu’un d’instable et tourmenté par son passé. Takara voyait tout à coup bien moins de problèmes à passer à la vitesse supérieure, concernant Isobel, à l’image d’un énième verrou sautant finalement pour laisser place à une détermination jusqu’alors refoulée, la concernant.

« Où est le problème, là-dedans ? » lâcha-t-elle d’un ton interrogateur, mais à la fois plus détaché que la normale, comme si, finalement, ce problème n’en était pas vraiment un. « Vous êtes parfaitement à même de gérer cela seule. »

Tout en parlant, la consort avait commencé à remonter les filaments de la Force Vivante qui se déployaient entre elles pour venir toucher dans le même temps, en surface, l’esprit d’Isobel en profitant de son état quelque peu apaisé. Elle n’était de toute façon pas encore à un stade suffisamment avancé de sa formation pour se rendre compte de ce genre d’action portées contre elle. La sith tomba assez rapidement sur l’image de cet homme, une fois de plus. Sa suivante pouvait le nier, il était toujours au cœur de sa pensée. Tsss, cela n’allait pas du tout, Isobel devait apaiser ces tourments… Là… Maintenant… Elle chercha d’abord à appuyer sur son état d’esprit, pour la pousser doucement dans les bras de ce sentiment de plénitude et de calme que lui procurait l’art. Puis, calmement, elle commença à appuyer sur les sentiments qu’elle pouvait encore ressentir pour cet homme, les diluant pour renforcer ceux qu’elle pouvait avoir pour cet enfant. Cet orphelin.

« Il sera forcément mieux avec vous, qu’enfermé dans cet orphelinat, sans la moindre famille, sans la moindre attache. Il y aura toujours quelqu’un pour s’occuper de lui au Palais, même quand vous ne serez pas présente. Il sera en sécurité, beaucoup plus que sur Delaya. »

Elle y allait doucement, calmement, sans trop se presser non plus, en accentuant sur des faits qu’il était assez difficile de nier, tout en gommant peu à peu ses tourments. Elle se devait d’être utile, et alerte en toute occasion, or les attaches qu’elle avait encore pour cet homme l’empêchait d’être performante. Il n’avait, de toute façon, rien fait pour la rendre heureuse avant de disparaître. Il n’y avait aucune raison pour elle de rester attachée. La consort s’attela à distiller cela sans se montrer trop oppressante, ou trop franche. Il fallait qu’Isobel y vienne à la conclusion elle-même. Rapidement, bien sûr, mais sans avoir l’impression que quelqu’un lui avait forcé la main. Elle s’attelait à jouer sur ses cordes sensibles, sa frustration, son agacement, pour les tourner non pas vers cet homme, ou elle-même, mais vers les rebelles, les ennemis du Palais, leurs ennemis à elles.

« Ne pensez-vous pas qu’il mérite mieux que ça ? Ne laissez donc pas les blessures du passé gâcher votre avenir, Isobel. Vous trouverez peut-être quelqu’un de loyal et dévoué, plus tard. »

"Où est le problème, là-dedans ? Vous êtes parfaitement à même de gérer cela seule."

Elle disait cela d’un ton tel ton… Isobel en fut assez surprise, pour le coup, car elle se demandait comment la princesse pouvait être sui naturellement persuadée qu’elle ferait une bonne mère, alors même qu’elle ne l’avait jamais vu travailler avec des enfants ou être, plus simplement, en contact avec eux. On ne pouvait tout de même pas certifier une telle chose avec l’aide de la Force, n’est-ce pas ? Cette surprise la tint un moment, alors qu’elle contemplait le tableau, partant doucement tandis qu’elle se concentrait dessus. Plongée dans ses pensées, focalisée sur l’art, ses pensées viraient d’un bord à l’autre, entre son ancien fiancé et le sourire brillant du petit garçon, lorsqu’elle avait consacré des heures à jouer avec lui. Il était terrible de songer au contraste entre le regard exaspéré qu’il lui avait jeté avant qu’elle ne parte, ce jour-là, et le sourire lumineux du petit. Ainsi que sa petite moue déçue lorsqu’il avait dû partir avec ses camarades, pour le repas du soir. Pourtant… Seule… Avec son travail, les responsabilités à assumer au Palais, était-ce bien raisonnable ? Toute la question était là… Si elle devait de nouveau s’absenter pour deux semaines, comment être sûre que le petit garçon sera en sécurité ? Qu’il recevra, avec elle ou avec d’autres, assez de soin et d’attention ? Qu’il pourra grandir sereinement ? C’était une si lourde responsabilité, même si elle désirait offrir une meilleure vie à ce petit garçon, il existait un véritable gouffre entre les désirs, le désir de bien faire et la réalité, une fois engagé.

"Il sera forcément mieux avec vous, qu’enfermé dans cet orphelinat, sans la moindre famille, sans la moindre attache. Il y aura toujours quelqu’un pour s’occuper de lui au Palais, même quand vous ne serez pas présente. Il sera en sécurité, beaucoup plus que sur Delaya."

C’est vrai que c’était toujours mieux qu’un orphelinat mais elle ne… Ses protestations s‘évanouirent avant même de franchir la barrière de ses lèvres, tandis qu’elle croisait étroitement les bras contre elle. Soudain assez amère en songeant qu’elle n’aurait pas dû avoir à se poser ce type de questions si elle ne s’était pas retrouvée seule aussi brutalement. Puis au-delà de l’amertume, une certaine lassitude finit par s’emparer d’elle… Peut-être devrait-elle juste laisser tomber… ? Il était clair qu’elle ne l’avait pas assez bien connu. Qu’il aurait sans doute refusé l’adoption d’un enfant, qui plus est, lui qui considérait que la relation avec un enfant adopté n’avait pas la même valeur que celle avec un enfant né au sein du couple. Il le lui avait déjà signalé. Il faudrait laisser tomber… Même si ça faisait mal. Surtout, cela voulait dire que d’autres, comme lui, pouvaient potentiellement passer à l’acte.  N’étaient-ils donc à l’abri nulle part ? La garde avait été renforcée, bien sûr, mais les habitants, du Palais comme à l’extérieur, étaient toujours sous le choc. Ses consœurs suivantes s’entraînaient plus durement que jamais et le capitaine de la garde avait doublé les rondes de surveillance.

"Ne pensez-vous pas qu’il mérite mieux que ça ? Ne laissez donc pas les blessures du passé gâcher votre avenir, Isobel. Vous trouverez peut-être quelqu’un de loyal et dévoué, plus tard."

"Sans doute…"

Elle sortit son petit datapad et chercha, un bref instant, la photo qu’elle avait prise du petit garçon, pour la montrer à la reine consort. Sans trop savoir pourquoi, d’ailleurs, une soudaine impulsion. La photo avait été prise alors qu’elle encourageait le petit garçon a aussi s’approcher des autres enfants, ne pas hésiter à jouer avec ses camarades comme il jouait déjà avec elle. Une idée qui n’était pas si évite que cela, pour lui, cela se voyait à sa petite bouille.

"Des parents sensitifs passent-ils ce don à leurs enfants ?"

« Sans doute… »

Voilà. Oui, là, c’était déjà beaucoup mieux. C’était inutile de s’en faire, tout comme il n’était plus nécessaire de se questionner sur les motivations de cet homme. La consort se surprenait à ressentir les changements d’humeurs en temps réels chez sa suivante. Une partie d’elle, même, s’y plaisait, de pouvoir déjà constater une inflexion, alors qu’elle venait tout juste d’agir, légèrement, sans appuyer trop fort. Elle était, aussi, quelque peu troublée. Elle ne devrait pas, pourtant, être capable d’une telle prouesse sur une personne éveillée, certes pas entrainée, mais tout de même sensitive ; sans se confronter à la moindre difficulté. Pourtant, elle n’avait pas hésité la moindre seconde, ni même douté le moindre instant de sa capacité à y parvenir. Elle ne parvenait toujours pas, d’ailleurs, à se séparer de cette même confiance, comme si, finalement, elle en avait toujours été parfaitement capable. Il était vrai, après tout, qu’elle n’avait eu aucune difficulté a mener une opération plus complexe sur les différents acteurs de l’attaque contre le chambellan. Il lui suffit d’un battement de cils, finalement, pour ne déjà plus y penser.

La consort se reprit d’ailleurs au même moment, avec une petite moue avant de baisser son regard vers le datapad soudainement tendue par sa suivante, et l’image du jeune garçon dont elle venait tout juste de lui parler. Elle eut un léger sourire devant cette mignonne petite bouille, alors qu’une nouvelle forme d’excitation venait s’emparer d’elle, de voir ainsi que le plan que Leia et elle avait prévu pour Isobel se déployait désormais de manière sûre sous ses yeux. C’était parfait, il était juste dommage qu’elle ait dû arriver à une finalité pour s’assurer que leur pion ne dévierait pas du chemin prévu.

« Je comprends mieux votre attraction pour cet enfant, désormais. » dit-elle, dans une confidence qui ne devait pas, cependant, la détourner de la réalité.

Ce garçon, aussi mignon et attachant qu’il pouvait être, restait un outil de plus. Une manière de s’assurer qu’e sa suivante irait dans leur sens, pour la santé et le bonheur de l’enfant. Takara ne se souvenait plus quand cette idée lui était venu à l’esprit ; si elle avait germé en même temps que la suggestion d’envoyer sa suivante en mission pour s’occuper de son fiancé, ou si c’était venu après, une fois qu’elle leur eut fait son compte rendu.

« Des parents sensitifs passent-ils ce don à leurs enfants ? »

« Pas nécessairement, non. » répondit-elle aussitôt, avec sincérité et conviction. Son intonation s’était apaisée tout à coup, pour revenir à la normale, comme si rien ne s’était produit. Elle avait déjà vu des parents siths donner naissance à des enfants non-sensitifs. Il y avait des tendances, bien sûr, mais aucune certitude. « Il est possible que deux parents sensitifs puissent former une sorte de vergence, qui fait que l’enfant a plus de chance que les autres de l’être à son tour. Mais la Force n’est certainement pas héréditaire. »

La question, à vrai dire, l’avait quelque peu surprise et déconcentrée de sa tâche en cours dans l’esprit de sa suivante. La consort ne lâcha pas l’affaire cependant, profitant de cette nouvelle discussion pour finaliser ce qu’elle avait commencé, pour venir se poser délicatement sur les certitudes d’Isobel. Il n’était pas question de venir les bousculer, ou de venir les gommer pour en imposer de nouvelles. La  sith ne souhaitait pas que son caractère ou ses habitudes ne changent. Même si son obstination pour le respect du protocole et des coutumes pouvaient parfois fortement l’agacer, la consort avait toutefois l’ouverture d’esprit nécessaire pour savoir, au fond, qu’elle avait sans doute raison. C’est pourquoi elle se contenta simplement d’appuyer un peu plus sur la loyauté qu’elle avait envers le Palais et la Famille Royale, plus particulièrement Leia, la future princesse, et elle-même, en venant simplement renforcer son sentiment d’appartenance. Les souvenirs en eux-mêmes étaient suffisant, elle avait passé presque toute sa vie au palais, si ce n’est toute. Il n'était pas nécessaire d’altérer quoi que ce soit.

« Pourquoi cette question ? Craigniez-vous qu’il puisse l’être ? »

Auquel cas, se surprit-elle à penser, les choses s’annonceraient d’autant plus intéressantes. Ce n’était pas une nécessité, néanmoins. Un plus, tout au mieux. Sur ces paroles, la consort se retira définitivement de l’esprit de sa suivante, de la même manière qu’elle était venue, et sans avoir fait le nécessaire pour s’y installer. Elle n’avait pas besoin de cela, et elle ignorait comment s’y prendre, de toute façon. Me fait qu’elle soit capable de se glisser ainsi dans un esprit éveillé la surprenait encore, alors même qu’elle venait tout juste d’en terminer le processus.

Elle se reprit cependant et cligna des yeux devant la dernière peinture du hall. Ce n’était pas bien important. Elle fit plutôt signe à Isobel qu’elle était prête à poursuivre la visite, et s’avança vers la haute et large double-porte laissée grande ouverte. De l’autre-côté s’étendait une nouvelle galerie qui se coulait en un léger arc de cercle, où de larges peintures au style pointilliste, courant par-ailleurs totalement étranger à la consort. De grands lustres descendaient du plafond pour mettre un point final à un style qui détonnait grandement avec l’extérieur moderne et lisse du musée. Un conservateur finissait de polir un buste posé sur une commode. Il tourna la tête dans leur direction en entendant le bruit de leurs chaussures et se dépêcha de disparaître à l’autre bout avant qu’elles ne puissent faire autre chose que l’apercevoir.

"Pas nécessairement, non. Il est possible que deux parents sensitifs puissent former une sorte de vergence, qui fait que l’enfant a plus de chance que les autres de l’être à son tour. Mais la Force n’est certainement pas héréditaire."

Enfin une bonne nouvelle… Elle s’interrogeait un peu tard, sur le sujet, certes, mais il était nécessaire de le savoir avant le jour où elle aura un enfant, de son propre sein. Si, un jour, elle retrouvait un homme loyal, qu’elle aimera et qui l’aimera, avec qui elle pourra agrandir un peu plus cette nouvelle famille qu’elle envisageait plus sérieusement. Le tout dans un cadre où ils parviendront, peu à peu, à se débarrasser de toute présence rebelle, de toute affaire nauséabonde, sans traîtres, sans surprises aussi mauvaises. La future petite princesse, tout comme les autres enfants du palais, grandira en toute sécurité. Cette perspective était plaisante. C’était à cela qu’elle devait s’accrocher, de toute manière… Le passé était le passé. L’avenir était encore flou, à ses yeux, mais elle comprenait maintenant la nécessité de ne plus autant en douter. Bien que ça soit toujours compliqué.

"Pourquoi cette question ? Craigniez-vous qu’il puisse l’être ?"

"Waljan… Je l’ignore, je ne sais que peu de chose sur sa famille biologique. Simplement que ses parents ont péris durant la pandémie."

Elle eut un léger soupir à ces mots, tout en passant dans la salle suivante. Un style graphique qui lui plaisait moins, de façon tout à fait personnelle, mais qui était pourtant assez apprécié, sur leur monde. Seule, ce n’était guère un endroit où elle aimait s’attarder, lors de ses visites, elle avait une préférence pour les tableaux plus réalistes. Ou encore, ceux délivrant un message fort. Cela dit, visiter cette aile restait agréable, elle était belle, bien agencée, la lumière des lustres projetait de doux reflets sur les tableaux et les draperies. D’autant plus qu’elles étaient seules, ce qui rendait la visite plus sympathique que lorsque l’écho des conversations, tout autour de toi, formait une ambiance assez agaçante. Ayant peu d’affinité avec ce style, elle avait, du même coup, peu à dire sur les œuvres représentées. Une seule d’entre elles la touchait plus que les autres, bien qu’elle ne saurât dire pourquoi.

"Sachant que vous devez vous rendre bientôt sur Coruscant, quels sont les directives à suivre, en cas de problème sur place ?"

Elle n’était pas dupe et savait ce qui risquait d’arriver, là-bas… Elles partaient toutes les deux, ce qui signifiait un danger important, au cas où toutes les deux ne devaient pas revenir sur Alderaan. Le rôle des suivantes était aussi de s’assurer une pérennité et une continuité, dans le déroulé normal des choses, en attendant qu’un nouveau souverain soit nommé. L’Intendant prenait les affaires courantes en charge durant ce temps et les « petits mains » du palais comme elles se chargeaient des missions, disons, plus délicates. Mais avant cela, elles devaient savoir quels étaient les ordres et souhaits des deux souveraines. Isobel avait stoppé devant son tableau favori, mains jointes contre elles, surveillant aussi que personne ne les espionnait.

« Waljan… Je l’ignore, je ne sais que peu de chose sur sa famille biologique. Simplement que ses parents ont péris durant la pandémie. »

Ne jetant qu’un bref regard vers Isobel, la consort prit un peu de recul en arrivant devant l’une des premières peintures, de sorte à pouvoir apprécier au mieux l’œuvre générale, avant d’éventuellement se risquer à venir observer le style et la manière avec laquelle le ou les peintres avait crée chaque détail, point après point. Ce n’était clairement pas le style qu’elle préférait ; il n’y en avait de toute façon que très peux qui parvenait à l’inspirer. Elle préférait de loin le réalisme, qui à ses yeux parvenait mieux à se saisir du monde tel qu’il était vraiment, mais respectait néanmoins le talent, et l’abnégation qu’il fallait pour arriver à de telles prouesses.

« Comme beaucoup… » finit-elle par dire, en inclinant la tête vers sa suivante, d’un air compréhensif travaillé. Elle n’avait pas connu cette période troublée, mais peu de gens dans la galaxie connaissaient ce secret. « Il n’y a pas de hâte à le découvrir. Nous ferons les choses en temps voulu, si tel devait être le cas, pour le protéger et lui assurer un avenir serein. »

Après tout, elle n’avait pas encore fait son choix au sujet de cet enfant, bien que la manière dont elle en parlait trahissait toujours autant son intérêt pour le petit garçon. La consort retirait une certaine satisfaction à la voir réagir ainsi. Il serait facile de savoir si l’enfant était sensitif ou non, par la suite. S’il s’avérait l’être, alors il faudrait faire le choix de le former au plus tôt, et de le modeler comme il le fallait, pour profiter de la naïveté de leur jeune âge. C’était toujours plus simple que de venir changer les habitudes, la morale et les idées profondément ancrées chez les personnes plus adultes. Elle-même avait adopté une approche différente avec Isobel, et elle n’obtiendrait jamais les mêmes résultats que si elle avait découvert ses dons vingt ans plus tôt.

Takara se décala doucement, vers d’autres œuvres, en adoptant le même processus. Elle venait ainsi prendre l’ensemble d’une manière générale, avant de s’approcher de plusieurs pas pour venir survoler plus qu’observer les détails des appuis de pinceau plus ou moins prononcés, tout en ayant bien remarqué le silence plus prononcé de sa suivante, qui n’avait finalement que peu de choses à dire concernant cette aile. Ce n’était pas non plus sa tasse de thé, visiblement, et la sith en elle avait bien envie de passer directement à la salle suivante. Cependant, la consort, elle, ne pouvait pas se permettre de donner l’impression de survoler les trésors d’Alderaan… Aussi cligna-t-elle des yeux, avant de se pivoter sur elle-même pour venir observer l’autre partie de l’aile, qu’elle ne s’était pas encore permise de juger du regard.

« Sachant que vous devez vous rendre bientôt sur Coruscant, quels sont les directives à suivre, en cas de problème sur place ? »

Ah, ça y est, voilà que l’Isobel dont elle avait l’habitude reprenait finalement le dessus. Il était temps. Elle sourit légèrement, et eut une très légère moue amusée à cette pensée, clairement satisfaite de la voir de nouveau se concentrer sur les réels problèmes, bien que ceux-ci, en l’était lui semblait particulièrement négligeables. Elle balaya le tableau en diagonale, avant de se décaler d’un pas sur la gauche, pour venir l’observer en biais et s’offrir ainsi une nouvelle perspective, son attention déjà ailleure.

« Il est fort peu probable qu’il arrive quoi que ce soit de dramatique, rassurez-vous. »

Elle avait dit ça calmement, et avec assurance. Takara ne pensait pas que l’Empereur vienne tenter quoi que ce soit contre elles, ou contre quel qu’autre sith sans que ce dernier ne soit venu s’en prendre à lui directement. Il avait beaucoup trop à perdre à laisser l’un d’entre eux disparaître pour mieux revenir. Que dire, ensuite, de l’opinion des autres à son sujet, s’il montrait ouvertement qu’il souhaitait se débarrasser d’eux au plus vite. Pour le reste, elles n’avaient rien fait qui puisse venir le contrarier vraiment. Certes, Organa était toujours en liberté mais il n’avait mené aucune action d’éclat depuis l’accession au trône de sa fille adoptive, et à part une ou deux audaces malvenues, les rebelles et les jedis s’étaient également tenus à l’écart. La population elle-même commençait à s’adoucir. Les choses allaient dans le bon sens. Elle s’écarta du tableau, cette fois-ci pour se porter à côté de sa suivante, jetant un nouveau regard léger dans sa direction, avant de poser son attention sur l’œuvre qu’elle contemplait depuis un certain temps maintenant.

« Néanmoins, si une telle chose devait arriver, il est inutile de dire qu’Alderaan ne sera plus en sécurité. Les rebelles pourraient en profiter, tout comme l’Empereur, pour venir définitivement faire main mise sur le système. »

C’était le risque avec tout manquement soudain d’autorité, finalement. Que ce soient elles, ou quelqu’un d’autre, le résultat serait finalement le même. Takara ne croyait juste pas qu’une telle chose arriverait. C’était inconcevable, et y penser ne servirait à rien. Cependant, elle comprenait l’inquiétude d’Isobel. Elle avait besoin d’être rassurée, ou du moins confortée dans l’idée qu’il n’y avait pas de changement soudain de plans, chose qu’elle détestait par-dessus tout.

D’un signe de la main, la consort lui fit signe qu’elles pouvaient continuer, et passer à la suite si elle le souhaitait. Elle ne pouvait peut-être pas négliger les œuvres qui lui étaient présentées, mais elle n’avait pas le luxe de pouvoir bénéficier de toute la journée pour les détailler toutes.

« Du reste, en ce qui concerne le protocole à appliquer, il est difficile pour moi d’en imaginer un différent que celui déjà prévu lors de nos autres déplacements. C’est pourquoi j’ai fait savoir à la reine que je préférais vous savoir ici sur Alderaan, pendant notre absence. Vous êtes clairement là plus à même de prendre les bonnes décisions. Cependant, les derniers mots sur tous ces sujets reviennent à la Reine ; et à l’Intendance, bien sûr. »

C'était aussi un bon moyen de la garder à l'écart des autres siths, mais c'était une évidence qu'il n'était pas nécessaire de souligner...

Fort peu probable ne signifiait pas improbable, toute la nuance se trouvait ici. Isobel ne cherchait pas à être rassurée mais à connaître les directives afin d’anticiper au cas où un problème se présentait bel et bien. La peur n’était pas le sujet, il fallait avant tout se préparer pour ne pas être pris au dépourvu. Tout pouvait arriver et ces… Disons, failles, en étaient la preuve ultime. A chaque fois qu’un événement particulier comme celui-ci arrivait, tout le monde se préparait à un large panel d’imprévus. Dans un cas tel que celui-ci, les suivantes se préparaient en particulier à mettre « à l’abri » certains documents, des données sensibles et ce genre de chose, dont elles savaient quoi faire en cas d’absence d’instructions claires ou si la famille royale n’avait guère eu l’occasion d’en fournir. Visiblement, c’était un sujet dont la consort n’avait pas encore parlé avec son épouse, étant donné la manière dont elle réagissait. Ce n’était pas son rôle ni sa place que de s’en charger, ce serait terriblement malvenu, aussi se dit-elle qu’il faudra agir, en cas de besoin, comme si aucune instruction précise n’avait été laissé.

"Néanmoins, si une telle chose devait arriver, il est inutile de dire qu’Alderaan ne sera plus en sécurité. Les rebelles pourraient en profiter, tout comme l’Empereur, pour venir définitivement faire main mise sur le système."

Si la jeune femme ne pouvait être très étonnée d’une action impériale, ni personne d’ailleurs, elle se demandait si les Rebelles feraient une nouvelle action armée contre une planète autrefois dirigés par l’un de leurs propres chefs ou s’ils allaient se montrer suffisamment raisonnables. Les deux factions étaient autant capables de le faire, il n’y avait guère de différence entre Tarkin bombardant la capitale que des rebelles lançant une attaque terroriste au milieu d’une foule occupée à manifester pacifiquement, après tout, les deux se moquaient bien du sort des nombreux civils sur leur chemin. Tout en passant dans la salle suivante, celle-ci contenant des statues de différents styles et différentes époques, elle se demanda également si les rebelles penseraient, avant d’attaquer, à la proximité immédiate de Coruscant, cette fois-ci. Et donc à l’arrivée possible de renforts impériaux en très peu de temps, trop peu de temps pour qu’ils puissent s’enfuir tranquillement. Cette réflexion-là, pourtant simple, avait l’air de leur passer au-dessus de la tête.

"Du reste, en ce qui concerne le protocole à appliquer, il est difficile pour moi d’en imaginer un différent que celui déjà prévu lors de nos autres déplacements. C’est pourquoi j’ai fait savoir à la reine que je préférais vous savoir ici sur Alderaan, pendant notre absence. Vous êtes clairement la plus à même de prendre les bonnes décisions. Cependant, les derniers mots sur tous ces sujets reviennent à la Reine ; et à l’Intendance, bien sûr."

"Bien entendu."

Ce n’était pas non plus le sujet mais passons, ce n’était guère à elle d’entrer dans le vif du sujet, elle devait attendre… En attendant, elle reprit son rôle de guide pour parler des œuvres représentées ici. La plupart des statues représentaient des personnalités réelles, ayant vécu sur la planète. Il y avait des personnalités politiques du passé, bien sûr, mais aussi des artistes, appartenant à diverses branches de la culture, des inventeurs, des ingénieurs brillants ayant apporté de grandes choses à la planète… Leurs noms et un résumé de leurs vies, ainsi que de leurs accomplissements, étaient inscrits sur un petit présentoir de marbre, accompagnant chaque statue. Dont certaines étaient si anciennes ou simplement fragiles qu’elles étaient installées dans une armoire de verre. A l’abri de l’humidité ou des petites mains pouvant les atteindre. Alors qu’elle parlait de l’histoire d’un ingénieur représenté avec une petite statue marbré, un étrange sentiment la traversa, lui arrachant un court frisson. Trop court pour qu’elle parvienne à définir ce dont il s’agissait. Sa voix avait un peu ralenti et s’était voilée, avant qu’elle ne se reprenne et achève son explication.

"Cet homme est aussi l’inventeur du nouveau système d’assainissement… Enfin, nouveau. Celui qui a été mis en place il y a trois siècles."

Elle s’efforçait de se concentrer sur la sensation de tout à l’heure, pour tenter de comprendre. Le sentiment revint mais il restait très vague et flou, encore, elle ne saurait pas vraiment quoi en penser. Comme s’il y avait un… Comment dire… Quelque chose qui attendait, non loin d’ici, dans le musée ou à l’extérieur. Perplexe, elle décida d’en faire part à l’épouse de la reine, tout en s’approchant de la fenêtre pour jeter un œil. Il ne semblait y avoir rien d’anormal mais le pressentiment ne la quittait pas.

« Bien entendu. »

Takara jeta un vague regard sans rien dire vers sa suivante et demoiselle de compagnie, ayant bien noté le manque de conviction, qu’elle ait tenté de le masquer ou non. C’est que la consort commençait à bien la connaître désormais, au point de remarquer ce genre de détails. Qu’elle n’insiste pas plus était ce qui la surprenait un peu. Elle n’avait pas vraiment répondu à la question, se contentant après tout de botter en touche, n’ayant tout simplement pas encore assez d’expérience pour donner une explication précise de ce qu’elles attendaient, sans risquer de froisser gravement le protocole du palais, et la monarchie en elle-même. Enoncer quelques platitudes étaient la norme, dans ce genre de situation. Ce qu’elle pensait réellement n’importait que peu, finalement ; car si quelque chose devait leur arriver sur Coruscant et qu’aucune des deux ne revenait sur Alderaan, à quoi bon prendre des mesures ? Ce serait la fin. Le reste, le peuple, Alderaan en elle-même finalement, n’importait que peu à ses yeux. Leia et elle incarnaient la nouvelle Alderaan, et à moins que sa femme n’ait d’autres projets, leur disparition serait la fin de ce renouveau, point à la ligne.

C’est pourquoi la sith n’envisageait même pas cette hypothèse. Ça, et le fait que l’Empereur aurait tout à perdre à les éliminer les autres siths. L’incertitude qui entourait leur disparition était telle qu’une telle décision était au mieux irresponsable, au pire simplement porté par la folie. Si cela pouvait peut-être arranger ses affaires à court terme, ce n’était tout simplement pas viable. Les jedis se renforçaient, tout comme la majorité des oppositions dans la galaxie. Il avait besoin d’elles, il ne pouvait en être autrement. En fait, le fait qu’il ait convié tout le monde était ce qui la rassurait, finalement. Qui plus est, qu’il n’ait pas indiqué les raisons de cette convocation annuelle n’était pas une inquiétude non plus ; pas même une surprise. Ce genre d’échanges d’informations et d’instructions se devaient de rester parfaitement secret le plus longtemps possible.

Bref, son regard glissa de statue en statue, maintenant qu’elles avaient délaissé la salle précédente. Isobel se sentait déjà beaucoup plus à l’aise, et elle suivait ses explications en hochant de la tête, ou en acquiesçant brièvement par quelques mots. La consort reconnaissait là quelques personnalités de renom, effectivement, qu’elle avait connu en se plongeant dans l’histoire d’Alderaan, ou encore en parcourant les couloirs du palais, eux-mêmes proprement décorés de portraits, sculptures et autres œuvres d’art. Mais l’histoire de la planète était si vaste qu’il était tout simplement impossible de connaître chaque homme et chaque femme qui avait œuvré pour elle part le passé.

« Cet homme est aussi l’inventeur du nouveau système d’assainissement… Enfin, nouveau. Celui qui a été mis en place il y a trois siècles. »

La consort avait remarqué le léger changement de ton chez Isobel, mais elle ne le releva pas avant que sa suivante ne finisse par s’approcher, pour venir lui faire part de ce qui la tracassait tout à coup. Haussant tout simplement un sourcil, lui demandant d’abord si elle était bien sûre d’elle, la sith se détacha pleinement des œuvres d’art pour focaliser son attention sur leur environnement proche, exploitant son lien dans la Force pour remonter son immense toile pour sonder les environs. A la recherche de toute forme de vie, d’abord, repérant assez vite quelques personnes qui passaient sans se presser dans un couloir discret réservé au personnel et s’éloignaient d’eux, probablement pas dangereux, donc, elle ne ressentait aucune animosité chez ces gens. Puis vers l’extérieur après avoir vu sa suivante se diriger vers la fenêtre, portée par son ressenti. C’est là qu’elle commença à sentir elle aussi, ce pressentiment. Se laissant accaparer par ce dernier, elle se mit à en remonter la source, encore floue.

Le danger se fit soudainement sentir, partout. La sith ouvrit alors grand les yeux en se tournant vers la fenêtre où se tenait Isobel.

« Isobel, écart… ! »

La consort eut un mouvement de côté, habile et stable sur ses petits talons. La fenêtre devant elles se fissura d’un coup sous le choc d’un tir puissant qui frôla la demoiselle de compagnie pour venir s’écraser en un bruit strident contre le mur du fond, les vibrations faisant tomber quelques bustes et autres œuvres posées sur leurs promontoires, dans les vitrines les plus proches. Le regard de la sith se posa l’espace d’une demi-seconde sur la trace noirâtre plaquée au mur, avant de réagir promptement laissant derrière-elle ses chaussures d’un double geste ample pour venir se porter rapidement pieds pratiquement nus vers le mur extérieur, non loin de sa suivante. A l’abri des ouvertures des grandes fenêtres. La suite fut un enchainement mécanique, et hors de toute considération : elle tira le bas de sa robe vers le haut, pour venir attraper son sabre-laser attaché par une jarretière à sa hanche ; Puis l’arme fermement en mains, la lame rougeoyante jaillissant vivement devant elle, Takara balaya du regard les trois entrées de la grande pièce, tout en venant s’enquérir de l’état d’Isobel à travers la Force.

Sa suivante n’avait rien, mais elle en avait sans doute réchappé de peu. C’était une bonne chose. Apposant sa main gauche sur son épaule, elle referma un peu fermement ses doigts pour attirer son attention, et peut-être pour la tirer de sa torpeur, si nécessaire. Il n’y avait pas de temps à perdre en futilité. Takara ressentait toujours un danger.

« Prévenez la garde ! J’ai senti le tireur à environ deux pâtés de maisons, probablement au sommet d’un bâtiment. »

Elle ne se faisait cependant pas d’illusions. S’il avait le moindre instinct de survie, il serait déjà parti au moment où la garde arriverait sur les lieux. La sith voulait avoir sa peau, bien sûr, elle ne pouvait pas laisser passer ça, mais ce n’était plus vraiment la priorité tout à coup.

« Ce n’est sans doute pas fini. Il faut sortir d’ici. »

Tout alla très vite, trop vite pour avoir une seconde pour réfléchir. Un cri soudain, un brusque écart par pur réflexe et une chute au sol. Un très gros bruit, quelque chose qu’elle sentit passer de très près. Le froid mordant du carrelage, brutal, alors qu’elle mettait, par réflexe là encore, les bras au-dessus de sa tête pour se protéger. Son cœur avait fait un tel bond qu’elle en eut mal dans toute la poitrine et resta un moment sonné. Le bruit sourd d’un petit buste tombant de son piédestal à cause du choc la fit assez sursauter pour qu’elle parvienne à se secouer et se redresser un peu. Le bruit presque strident du sabre laser de la reine consort s’ajouta juste après, alors qu’elle s’était rapprochée pour se mettre à l’abri des murs. Son geste aussi la fit légèrement sursauter, tant elle était toujours piégée dans une brusque poussée d’adrénaline, de tension et de stress. La garde était déjà prévenue, elle les entendait, mais elle prit son comlink pour leur communiquer cette information-là en plus. Puis se releva, avant de prendre elle aussi une arme cachée sous sa jupe, un blaster.

La garde royale et la sécurité du musée arrivèrent quasiment en même temps, alors qu’elles avaient juste eu le temps de s’éloigner, en restant à l’abri d’éventuels autres tireurs, derrières les murs et diverses expositions, assez solides ou larges. Le capitaine lança que tous les quartiers autour avaient été bouclés ou étaient en train de l’être, le tireur et des complices potentiels étaient recherchés. Personne ne prit garde au sabre allumée de la consort, ce n’était de toute façon par le moment pour la moindre question. La garde royale les protégea derrière des boucliers, avant de les escorter hors de la salle, hors du parcours de visite, surtout, pour les faire entrer dans des couloirs de service, sans fenêtres. Ils devaient attendre le sous-sol pour prendre un transport sécurisé et être ramenés au palais. Le stress était à son paroxysme. Peu de temps après avoir franchit le dernier escalier de service, il y eut soudainement un choc sourd, au loin, qui fit violemment trembler les murs autour d’eux. Les gardes se saisirent brusquement d’elles pour les jeter littéralement à l’intérieur d’un des véhicules blindés. Puis il y eut un bruit si énorme qu’elle en fut assourdie, alors que la poussière et la fumée envahissaient tout.

En position fœtale, mains sur la table, au sol du véhicule, à côté de la reine, elle attendit que le bruit terrible, les tremblements, vrombissements et choc cessent… Cela lui sembla durer une véritable éternité, avant que les choses ne se calment enfin lentement… Un très grand silence, incroyablement pesant, prit toute la place, avant qu’elle n’entende un des gardes dise que les renforts arrivaient et que l’armée impériale présente sur la planète ne soit arrivée, qu’elle allait les atteindre. C’est là qu’elle rouvrit les yeux et découvrit le spectacle complètement effarant. Une partie des sous-sols était effondrée, comme certains des murs, laissant voir une brèche géante vers le ciel et une partie des étages effondrés. L’horreur lui serra la gorge lorsqu’elle aperçut, dans les décombres, certains des soldats à moitié ensevelis, ceux qui n’avaient pas eu le temps de se mettre aussi à l’abri. Une moitié d’entre eux avait été tué, selon ce qu’elle arrivait à voir. Elle se retourna vivement vers la reine et s’approcha pour la faire se redresser, puis se mettre à l’examiner.

« Vous n’êtes pas blessée ?? Faites-moi voir. Attention, pas de mouvement brusque. »

Dans les décombres, les droïdes impériaux étaient déjà à la tâche pour sécuriser les lieux et empêcher un autre effondrement, stabiliser le tout, alors qu’hommes et machines s’activaient pour sortir tout le monde de là et se charger en priorité des blessés. Deux soldats venaient de les rejoindre dans le véhicule, pour s’assurer de l’état de la reine. La priorité sera ensuite d’évacuer…

La sith pivota d’elle-même en direction de l’entrée, le sabre en opposition, peu avant que la garde et la sécurité du musée n’entre dans la vaste pièce où elle se trouvait avec Isobel. Sa suivante avait saisi une arme qu’elle cachait elle aussi sur elle peu de temps avant, signe qu’elle venait sans doute de se ressaisir. Ce qui n’était pas trop tôt, pensa la consort, dont le comportement avait changé du tout au tout, délaissant celui de la monarque consciencieuse et distante pour celui de la constable et combattante. Cela l’aurait d’ailleurs surprise si l’adrénaline et l’excitation du combat n’avait pas pris instantanément le dessus, mettant ses sens à l’affut, et tournant son attention vers le moindre danger potentiel qu’elle pouvait visualiser du regard, ou ressentir à travers la Force. La jeune rousse écouta ce que les nouveaux arrivants avaient à dire, acquiesçant à leurs explications, mais se retenant de leur dire de mettre plus d’effort à la tâche. L’idée de mener elle-même les recherches lui passa d’ailleurs à l’esprit, avant qu’elle ne la chasse aussi vite. Cela n’était plus son travail désormais, et personne ici ne l’aurait laissé faire de toute façon.

Elle se résigna donc à trouver refuge derrière les boucliers, rétractant la lame de son arme sans pour autant la lâcher des mains. Quelque chose lui murmurait que ce n’était toujours pas terminé, et qu’elle était toujours en danger ici. Alors qu’elles marchaient dans les couloirs réservés au personnel, elle pieds comme à nus, la chose continuait de résonner tout autour comme en elle, comme si finalement, ce dernier restait là, présent, et surtout plus dangereux qu’auparavant. Le malaise était saisissant, même alors qu’elles s’enfonçaient dans les souterrains. Le stress des gardes et d’Isobel n’arrangeait rien à la chose, mais l’expérience et l’habitude l’aidait à surmonter toutes ces sensations affligeantes. Si son regard glissait vers le moindre coin en permanence, la sith restait sereine malgré tout. Elle était au-dessus de toutes ces inquiétudes. Il fallait juste avancer, encore et encore jusqu’à quitter cet endroit qui criait au danger. Tout simplement…

Ses sensations et la crainte de toute la troupe se confirma tout à coup alors qu’elles arrivaient dans un large tunnel où se trouvait leur speeder, lorsque le sol se mit soudainement à vibrer sous leurs pieds, et les murs à résonner sous l’effet d’un choc provenant de la surface. Takara s’arrêta un instant comme tout le monde, son regard se portant vers le plafond alors que le bruit sourd gagnait en intensité, le danger qu’elle ressentait gagnant une intensité qu’elle n’avait plus ressenti depuis bien longtemps, hurlant à travers la Force de partir tout de suite et sans perdre de temps. Elle n’eut cependant pas le loisir de faire le moindre mouvement que deux gardes s’occupèrent de cela pour elle, la jetant sans ménagement et sans pincettes avec Isobel à même le sol du speeder. La porte claqua derrière elles juste avant qu’un vrombissement sourd ne vienne envahir le tunnel et secouer le speeder avec véhémence que la sith en perdit son sabre. Ses mains vinrent plutôt s’accrocher fermement à la table, alors que son corps venait s’entrechoquer avec celui de sa suivante.

Le bruit terrible et les vrombissements semblèrent durer une éternité, mais s’arrêtèrent subitement quelques instants plus tard. La consort se redressa doucement en toussotant, le véhicule, bien que fermé, n’ayant pas retenu toute la poussière à l’extérieur. Ses oreilles résonnaient encore, n’ayant pas encore traité tout le spectre du choc qui les avait frappés. Son attention se porta d’abord sur Isobel, étalé à côté d’elle, avant de se porter au-dehors, pour se rendre compte que les vitres étaient obstruées. Il y eut ensuite un long silence, avant qu’un garde ne vienne tambouriner à la porte du véhicule sans qu’elle ne parvienne à l’entendre. Ce n’est que lorsqu’il ouvrit la porte du véhicule, créant un appel d’air par la même occasion, que l’audition lui revint tout à coup. Elle cligna des yeux, et tenta de se relever, agitant la main dans la direction du militaire pour lui faire comprendre qu’elle allait bien.

Son regard se porta ensuite au-dehors, vers la scène de désolation qui s’offrait à elle, et le maigre puit de lumière qui provenait de la surface, par une brèche géante qui courrait vers le ciel. S’appuyant sur ses coudes, elle réalisé que l’ensemble de la structure avait dû s’effondrer sur leur tête, ensevelissant au passage tous les occupants ; qu’elle avait sans doute été épargnée du fait de la profondeur du tunnel, et de la résistance du véhicule dont le toit était d’ailleurs légèrement enfoncé. Elle allait se porter vers l’extérieur lorsqu’une main ferme se porta sur elle, et que la voix d’Isobel porta fortement en écho vers elle. Son corps s’opposa de lui-même à la force qui le retenait au sol, avant que sa main libre ne vienne elle-même saisir sa suivante qui s’était approché d’elle à une distance qui lui semblait sur le coup fort peu raisonnable.

« Vous n’êtes pas blessée ?? Faites-moi voir. Attention, pas de mouvement brusque. »

Hein, quoi ? Le regard de la sith se posa fermement sur le visage d’Isobel, alors qu’elle jouait des épaules pour chercher à se détacher d’elle. Son regard, lui, se porta sur son propre corps, qu’elle avait négligé face à l’étendue de la situation, avant de renifler et de secouer la tête. Elle avait encore mal à la tête, mais ce n’était pas bien grave…

« Non… Ca va, je n’ai rien… Lâchez-moi… » lâcha-t-elle sans même réfléchir, sans la moindre délicatesse, sa réflexion déjà en aval de cela, focalisée sur ce qui se passait à l’extérieur, et la réalisation que l’on avait tenté d’attenter à sa vie à deux reprises en l’espace d’une dizaine de minutes.

A l’instant, donc, hormis qu’elle n’avait rien physiquement, son état n’avait que peu d’importance. Le fait que le bas de sa robe se soit déchiré dans sa chute à bord du véhicule, trouant et lacérant par la même occasion les bas qui couvraient ses jambes, était le cadet de ses soucis. Quelqu’un avait voulu la tuer, voilà tout ce qui importait désormais. L’état d’Isobel ? Elle n’en avait rien à faire. Un désir profond de vengeance, là, tout de suite, était tout ce qui comptait. Takara se laissa donc glisser jusqu’au bord du véhicule, pour s’asseoir et contempler les environs, son attention focalisée sur chaque être, chaque personne qu’elle pouvait ressentir autour d’elle, indemnes ou non.

Ce n’est que lorsque les gardes revinrent pour lui signifier qu’il allait falloir évacuer vers le Palais que son esprit retourna à la réalité de leur situation. La consort cligna des yeux et fit une moue pour se reprendre. Partir ? Elle eut un moment de flottement, en laissant son attention glisser sur les secours qui commençaient à déblayer à la recherche de survivants, puis sur les survivants eux-mêmes, dont on pouvait entendre les cris sous les décombres les plus proches.

« Non… Non. Nous allons rester. » fît-elle, autoritaire, avant de venir fixer l’un des hommes de regard. Puis de tourner la tête vers Isobel, dont elle savait qu’elle allait s’opposer à cela de tout son être. « Quelle image donnerions-nous si nous partions maintenant ? Celle de fuyards, cherchant la sureté du palais royal, et délaissant la population à son sort ? C’est hors de question. Je ne laisserais pas des terroristes dicter ce que je dois faire. Et vous non plus. »

Ils voulaient la tuer ? Qu’ils viennent donc, elle n’attendait que ça désormais !

Mais s’ils avaient un minimum de jugeotte, ils prendraient plutôt la poudre d’escampette en réalisant qu’ils n’avaient pas réussi à la tuer, ou même la blesser, après tout ces efforts. Avec les renforts déjà sur place et ceux en désormais en route, attaquer à nouveau relèverait de la démence, rien de plus.

« Que cela vous plaise ou non, nous allons aider. »

Elle était une sith. Ils avaient commis une erreur, et tôt ou tard, ils finiront par le regretter. En attendant, l'occasion était trop belle. Pour les enfoncer d'abord aux yeux du peuple, puis pour sanctuariser sa propre image. Il était hors de question de laisser passer cette occasion.

Elle n’était pas blessée ? C’était au moins ça, mais si seulement tout le monde avait eu autant de chance… Isobel se faufila jusqu’à l’entrée du véhicule, les gardes, les débris, essayant de mieux visualiser la situation et les dégâts considérables. En levant le regard vers les hauteurs et les étages déchirés, son cœur se serra en pensant à tous les employés du musée. Les conservateurs, les gardiens, les agents de nettoyage, les guides, les restaurateurs… Toutes les personnes venues travailler comme d’habitude, ce matin, qui avaient trouvé la mort d’une façon aussi brutale… Une telle vision raviva très brusquement sa haine à l’égard des rebelles, ulcérée et dégoûtée. Ils se proclamaient sauveurs de la liberté et de la démocratie alors qu’ils usaient très exactement des mêmes méthodes que l’Empire ! Elle poussait contre la porte pour l’ouvrir entièrement, bloquée par les débris, lorsque les gardes revinrent, pour dire qu’il fallait évacuer. Oui, il fallait évacuer les blessés vers l’hôpital, en urgence. Il devait y avoir des survivants, il devait forcément il y en avoir… Elle arriva à pousser un peu plus les débris, glissant du même coup. Poussant des jurons mentalement contre sa paire de talons hauts.

"Non… Non. Nous allons rester. Quelle image donnerions-nous si nous partions maintenant ? Celle de fuyards, cherchant la sûreté du palais royal, et délaissant la population à son sort ? C’est hors de question. Je ne laisserais pas des terroristes dicter ce que je dois faire. Et vous non plus. Que cela vous plaise ou non, nous allons aider."

Bien plus que l’aide ou le départ, Isobel s’inquiétait beaucoup plus du fait que les terroristes soient toujours dans le coin et prêts à tirer sur les survivants. Elle se débarrassa de ses chaussures d’un coup de talons et prit plutôt dans la réserve du véhicule une autre paire, plate, plus solide, destinée normalement à servir lors d’imprévus comme des visites où il avait tant plu qu’il fallait enfiler autre chose pour ne pas s’enfoncer dans la boue. Elle en donna aussi une à la reine, machinalement. Tous ses gestes étaient purement mécaniques, son esprit concentré sur deux buts précis et occultant tout le reste. Le protocole royale, les bonnes manières et tout le reste, ça passait à la trappe, il n’y avait juste plus le temps pour les chichis. Elle sortait juste du véhicule lorsqu’elle entendit à l’une des radio de la garde que les criminels avaient été repérés et pris en chasse. Parfait ! Il avait intérêt à les rattraper vivants, par contre, elle tenait à voir leurs visages… Voire à les exécuter elle-même… La haine devenait si forte qu’elle en tremblait de la tête aux pieds.

Elle s’attendait à ce que les choses aillent vite mais il fallut pourtant vingt bonnes minutes avant qu’ils reçoivent enfin la nouvelle de l’arrestation des criminels. Durant ce temps-là, ils avaient dû s’écarter le temps que la structure soit consolidée un maximum, afin que tout ne termine pas de s’écrouler pour de bon sur les blessés. Alors qu’ils essaient de dégager les personnes ensevelies. L’Empire avait fait descendre de ses vaisseaux de patrouilles ou des entrepôts des machines plus importantes et spécialisées, pour les aider. C’était une véritable petite armée qui avait envahi les lieux, dans le musée lui-même et tout autour, les secours et les uregntistes étaient arrivées en masse, du matériel médical était dispoé. Même sans être beaucoup entraînée, elle pouvait facilement ressentir la peine et la haine des habitants de la ville, autant ulcérés par la mort d’innocents que par la destruction d’un musée aussi ancien et beau. Les familles des victimes ne devaient pas être très loin… Isobel hésita un instant, son devoir était de rester auprès de Takara et dans le même temps, il fallait au plus vite aller à la rencontre des proches des victimes…

Après s’être assurée que la garde veillait à la parfaite sécurité de la reine, Isobel se rendit donc vers les familles des victimes, du moins les premières connues et qui étaient peu à peu dégagées des décombres…

Enervée, pleine de haine, la consort royale l’était sans doute tout autant qu’Isobel, si ce n’est plus, mais pour des raisons quelque peu différentes. Tant qu’elle faisait partie des vivantes, elle n’avait finalement que faire du destin des employés du musée, et que peu de sentiment pour la perte du trésor inestimable qu’il contenait. Pourquoi en aurais-je ? Les premiers étaient remplaçables, le second un bon moyen de faire table rase et de reconstruire par-dessus. Et puis cela servait sa cause. Cela allait attiser la colère de son peuple envers les rebelles. Avec manœuvre politique habile, certains problèmes sociétaux allaient peut-être enfin se résoudre. Comme le fait de rester une nation désarmée ne comptant que trop peu sur elle-même pour assurer sa sécurité… En revanche, que ces êtres méprisables aient le culot d’attenter à sa vie était parfaitement inacceptable. Qu’ils osent agir aussi lâchement, sans lui faire face, était un véritable affront. La rage était là, à fleur de peau, bouillonnante. La vengeance, presque urticante, la démangeait. Faire justice elle -même semblait alors un besoin particulièrement primaire. Elle avait cependant la maitrise suffisante pour, à défaut de pouvoir éviter une grimace de profond agacement, ne pas laisser échapper toute cette frustration.

Ce qui n’était visiblement pas le cas de sa suivante et demoiselle de compagnie, qui venait croquer à pleines dents les sentiments et les pensées qu’elle avait soufflé à son esprit. De quoi apaiser fortement les sentiments forts précédents d’une grande douceur sucrée. Il y avait en effet une satisfaction certaine à la regarder s’énerver, avant de finalement admettre en silence que sa méthode n’était pas la bonne. Elle avait encore beaucoup de choses à apprendre, et la tempérance en faisait partie. Certes cela ne faisait pas partie des enseignements siths traditionnels, mais elle devrait apprendre à se contrôler. C’était un impératif. Leia et elle n’avait pas besoin d’une guerrière butée et incontrôlable, mais d’une habile gestionnaire, capable de réflexion et de manipulation. Chaque chose en son temps, néanmoins. Ce genre de détails pouvaient attendre encore un peu, et ne nécessitait pas une intervention aussi directe que la précédente. Tout ne pouvait pas se régler d’un simple ravalement de pensées. Et hélas, elle ne maitrisait pas assez habilement ce don pour aller vraiment plus loin sans prendre le risque de casser quelque chose chez elle. Takara secoua légèrement la tête, ne sachant pas trop pourquoi elle pensait à ça, là maintenant plus qu’un autre jour.

Elle devait agir. Il était nécessaire de montrer qu’elle allait bien, et parfaitement indemne. Pour tuer dans l’œuf les moindres rumeurs d’abord, et faire constater leur échec aux commanditaires de cet attentat. Puis aussi pour aider au mieux, et montrer un visage bien moins affligeant que celui des siths les plus connus de cette galaxie. La consort s’était de fait approchée de la sortie du véhicule après s’être redressée, assise sur l’un des fauteuil à l’arrière du véhicule. C’est là qu’elle vit Isobel se redresser devant elle, pour lui tendre une nouvelle paire de chaussures, adaptées celles-ci, et qu’elle enfila sans rien dire. Il n’y avait pas de commentaires à faire. Il était plus pressant d’agir.

La sith prit tout de même soin de parfaire au mieux son apparence malgré les conditions, avant de s’extirper hors du speeder accidenté. Devant elle, ainsi qu’Isobel qui suivait jute après, le ballet des équipes médicales, des ingénieurs et des exploitants allait bon train, et sous le vacarme des cris des équipes de fouilles qui tentaient de s’organiser et des machines qui commençaient à creuser à la recherche de survivants ou d’œuvres d’arts récupérables. Il lui fallut un temps d’acclimatation, pour bien saisir ce qui se jouait ici, et sans se faire parasiter par l’information fuyante qui était parvenue à ses oreilles dans le même temps. Les criminels auraient été pris en chasse, ce qui était une fort bonne nouvelle. Une petite part d’elle-même avait bien envie de sauter sur l’occasion pour partir à leur poursuite et se faire justice elle-même, mais la flamme qui l’animait n’était plus aussi vivace que ce qu’elle aurait pu être par le passé. Elle était reine-consort, ce genre de choses n’était plus vraiment de son ressort mais de celui de ses pions. Son regard glissa un instant vers Isobel, avant que l’on ne vienne leur demander de s’écarter, pour leur sécurité, le temps que la structure soit suffisamment consolidée.

Takara profita de cette occasion pour s’entretenir avec les responsables des opérations, pour comprendre de quelle manière ils comptaient procéder, et déterminer en silence par la même occasion le meilleur moyen de les aider dans leur tâche plutôt que de rester là à ne rien faire. L’occasion était trop belle d’aider, et de parfaire son image à elle, ainsi que celle de la famille désormais bien installé au Palais. C’est là, aussi, qu’elle apprit que les coupables avaient finalement été arrêtés. En plus de l’avoir raté à deux reprises, ils n’avaient pas été capables de quitter la planète. Tout simplement pathétique.

Ces gens-là ne devaient probablement pas être d’Alderaan. Pour ce qui concernait la destruction du musée et du patrimoine commun, tout du moins. Le peuple était bien trop attaché à la culture pour décider de détruire un pareil trésor. Ces gens, donc, venaient forcément d’ailleurs. La sith restait néanmoins plus nuancée pour ceux qui avaient tentés de l’abattre. Peut-être ceux-là faisaient-ils partis d’une autre mouvance. C’était peu probable, c’était trop gros pour être vrai, mais les coïncidences pouvaient parfois être trompeuses. Elle était justement en train d‘évoquer le sujet avec le capitaine de la Garde lorsque les responsables revinrent vers Isobel et elle pour leur signifier que la structure était suffisamment renforcée et que certains survivants et familles de victimes avaient été rassemblées plus loin. Elle jaugea la possibilité pendant un temps, ne trouvant que peu d’intérêt à aller voir les familles des victimes pour leur expliquer à quel point elle partageait leur peine, et leur douleur. C’est ce que tout le monde attendait qu’elle fasse, mais ce n’était pas ce qui ramèneraient les morts à la vie.

La sith se sépara donc d’elle-même du groupe pour se diriger au milieu des secours qui se démenaient à la recherche de survivants, non sans avoir remarqué au préalable qu’Isobel s’était, comme attendu, diriger vers le parterre de familles qui s’était agglutiné non loin. Là, elle commença à s’ouvrir plus pleinement à ce qui l’entourait à travers la Force, ne se limitant plus comme elle avait pu le faire depuis le début des attaques à scanner les environs à la recherche du danger. Puis à indiquer aux secours où concentrer leurs efforts, dans la direction où elle ressentait encore de la vie. Si la plupart se montrèrent plutôt réticent à la croire au début, ou même tout simplement surpris de l’entendre s’adresser à eux directement ; -il faut dire que pour beaucoup, s’était la première fois qu’ils voyaient un sensitif faire usage de son don. De la Force. Tous avaient entendus les faits tenus à l’égard de Plagueis, et des siths en général - leur avis changea brusquement lorsqu’ils réalisèrent qu’elle avait raison et qu’ils pouvaient sortir les rescapés des décombres plus rapidement grâce à son aide.

Les opérations s’accélérèrent en effet après ça. Ce n’était certainement pas que de son fait, les équipes sachant déjà travaillé avec efficacité pour sauver ce qui pouvait encore l’être , mais il était difficile d’ignorer la présence de la reine-consort au milieu, utilisant la Force pour les guider, mais aussi désormais pour soulever les gravats qui pouvaient les gêner, ou retenir ceux qui menaçaient de s’écrouler sur les équipes de sauvetage. Certains retiendront peut-être que malgré tout, elle restait une sith qui avait attaqué un vulgaire tailleur sur Corusant. D’autres s’attarderaient peut-être sur le fait que face à l’adversité elle était restée, en qualité de souveraine, auprès de son peuple pour aider.

Aucuns de ceux-là cependant, naïfs qu’ils étaient, ne relèverait sans doute le fait que, finalement, la sith avait déjà oublié jusqu’au nom de ce tailleur, et qu’elle n’avait que faire de ces gens à l’agonie sous les ruines. Comme si elle tenait vraiment à eux…

Si risibles…