Le seigneur Sith s’installa tranquillement pour prendre le contrôle comme un vêtement que l’on enfile. Un bras, puis l’autre, ensuite les jambes. Debout dans une petite salle de bain, face à un miroir, il commença par observer en détail les traits de son nouvel hôte, afin de se familiariser avec cette image. Sa vision était différente de celle d’un Humain ou d’un Muun, c’était plutôt dérangeant au début, bien qu’il sache se faire vite à type de détails. De toute manière, il n’avait guère le choix. Voilà ce que c’était, de devoir prendre le premier corps venu… Micavic était un crétin mais son corps humain avait été aisé à prendre et contrôler. Les Humains étaient, de nature, faibles et malléables. Ce corps-là n’était pas le plus résistant qui soit, physiquement parlant, mais les différences biologiques ne lui étaient pas encore familières. Il faudra encore un peu de temps avant que ça ne devienne naturel.
Peu à peu, il assimilait lentement l’esprit occupé pour en comprendre le fonctionnement, le langage et les méthodes. Se répandant dans le cerveau, les organes, le sang, le corps tout entier. Il leva ses mains pour les observer en détail, puis le corps, comme on observe une nouvelle tenue. Disons que cela ira… Ce corps-là était plus grand que son précédent, sans que cela n’égale sa taille initiale. Il en était donc à sa… troisième mort. Sympathique. Se penchant, il fouilla dans le placard où se trouvaient les vêtements de son hôte, histoire de jeter un œil à ses tenues habituelles. La plupart des tenues étaient noires ou marrons, bleu foncé ou encore grises. S’il avait bien compris, ce gars-là était infirmier. Il trouva, rangées dans un porte-carte, des cartes d’accès, une carte avec une puce et des clés, ainsi qu’une carte d’identité. C’est là qu’il dénicha le nom complet de l’hôte, Mitth'laap'startis.
Plagueis rangea ça dans une poche puis alla farfouiller dans le reste de ce petit appartement. Son hôte y était rentré peu de temps après la mort de l’instructeur de Korriban et c’est ainsi que Plagueis avait découvert cette petite ville. Il ne semblait pas il y avoir une autre personne vivant ici mais sur les photos, il trouva des êtres ressemblants, sans doute la famille de sa victime. En fouillant un peu le bureau de son hôte et ses documents personnels, il trouva quelques listes de contacts, des numéros, des adresses, quelques dossiers de travail… Des livres qu’il ne pouvait encore lire car il n’avait pas terminé d’assimiler et comprendre leur langue. Il passa un long moment à s’imprégner des photos qu’il trouva, des visages, des noms… Installé confortablement dans un siège, un thé à proximité. Thé assez immonde, par ailleurs, son hôte n’avait aucun goût.
Pas un soupçon de framboise dans la cuisine de l’appartement, quel dommage… Plagueis jeta le thé dans l’évier et passa la tasse sous l’eau machinalement, avant de regarder ce que son hôte avait pour manger. La plupart des aliments ressemblait à ce que les Humains mangeaient, dirait-on. Hum. Il finit par rendre à son hôte le contrôle, se remettant à l’aise dans l’esprit. Thlaaps poursuivit le cours de sa journée comme si de rien n’était, tandis que Plagueis continuait à s’emparer méthodiquement les connaissances de son esprit. Durant ce temps, son hôte rassembla quelques documents dans un sac puis se prépara à quitter son appartement. Au moment il arriva dans la rue, Plagueis dénicha enfin son âge puis commença à s’intéresser aux souvenirs de sa petite victime. Un frère et une sœur étaient à ses côtés, dans ses souvenirs d’enfance, il devra s’attendre à les croiser tôt ou tard.
Sa victime s’était engouffrée dans un métro souterrain, avec pas mal de personnes de son espèce. Puis il prit un bus et arriva finalement dans des bureaux, même si l’extérieur ressemblait plutôt à une très grande maison. Un endroit ressemblant étrangement aux bureaux d’un club ou d’une association. Plagueis, surtout occupé à intégrer la vision et les mouvements, ne saisit que quelques mots et phrases à la volée. Avaler une langue entière ne se faisait pas en quelques heures à peine, lorsqu’on infectait un esprit, si on souhaitait se saisir de toute sa subtilité. Il allait se passer une réunion, ensuite, dans une petite salle bien éclairée. Son hôte sortit ses dossiers et se mit à parler. Dans le même temps, Plagueis assista en direct, dans les souvenirs remontant, à sa troisième mort. Tiens donc, c’était lui qui les intéressait ? Ou plutôt son précédent corps. Quelle ironie qu’ils en discutent alors qu’il se trouvait très tranquillement avec eux, autour d’un café…
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"Je peux te découper ?"