Le maître et le rat bleu

Le silence était absolu… Le calme parfait… Assis en tailleur une large pierre plate, face à une infinie de plaines et quelques falaises rocheuses, le vieux maître méditait depuis le petit matin. Des moments de pure solitude très appréciés, pris entre deux nouvelles séances où il engrangeait le plus d’informations possibles sur les faits écoulés depuis sa mort. Des faits de toutes sortes, il ne faisait pas de distinction d’importance entre les petits mouvements purement économiques, entre Chandrila et Alderaan, et entre les hauts actes de guerres et de conquêtes. L’information, c’était le pouvoir, la clé de toute réussite. Seuls les idiots ignoraient cela. De plus, méditer lui permettait aussi de longuement réfléchir à ses plans et à la suite de ses projets. Toujours seul, il inspira doucement et lentement, les yeux fermés et mains posées contre ses genoux.

Bien qu’il ait d’autres plans, bien sûr, le principal sujet occupant ses pensées était Lorana. La colère passée, il réfléchissait maintenant aux différents moyens possédés pour la ramener dans le droit chemin et lui faire oublier cette stupidité de jeunesse. Suite à une nouvelle discussion avec le Jedi aveugle, Jorus avait finalement appris que non, effectivement, ce n’était pas le soldat bleu infect, le père… Mais son frère… Ce qui n’était pas mieux, très loin de là. Cette information avait terriblement lassé le vieil homme, encore plus dégoûté d’apprendre cette nouvelle. De quelle horreur avait dû accoucher son apprentie, quelle créature visqueuse et horrifiante avait dû se développer dans son ventre avant qu’elle ne finisse par l’expulser ? Il ne comprenait guère comment même elle avait accepté de garder ce truc en elle, fallait-il qu’elle soit tant perturbée !

Enfin, pour le moment, il devait taire ce profond dégoût. Et un rendez-vous un peu particulier l’attendait… A l’heure convenue, un bruit derrière lui l’alerta. A l’heure, ce vil petit rat, on ne pouvait pas lui enlever ça… Jorus rouvrit les yeux et tourna la tête, avant de l’inviter à s’approcher et s’asseoir sur la large pierre avec lui. Il était grand, ce type, un bon mètre quatre-vingt cinq, même si lui-même restait plus grand encore de cinq bons centimètres. Dans un premier temps, il se contenta de le détailler en biais. La ressemblance avec son crétin de petit frère était frappante, pour un regard averti. L’aîné avait cependant des cheveux noirs plus épais et légèrement en bataille, plus longs aussi que ceux de son frère, et un visage plus droit. Et plus ouvert. Le regard moins dur, presque semblable à celui de Lorana, ce qui était légèrement perturbant.

J’attendais ce moment depuis longtemps, dit-il après un court moment de silence. J’étais très curieux de savoir de qui mon apprentie, si peu confiante, avait bien pu tomber amoureuse.

Et de tous les hommes de cette galaxie, il avait fallu que ce soit de ce rat ! Cette pauvre idiote… Ce coup-là, il n’était toujours pas prêt de l’avaler.

Vous saviez être sensitif, avant de revenir ici ?

L’éclat fort du soleil l’éblouit un bref instant, avant qu’il ne recouvre une bonne vue, puis regarde où se trouvait le grand-père plus précisément. Même de dos, il était capable de le reconnaître, c’était bien le même vieillard qu’ils avaient vu sur le vaisseau et que Nat Skywalker avait affronté. Puis tué, d’ailleurs. Même si Thrass avait eu peu de temps pour observer l’affrontement, il s’en souvenait encore très bien, la fureur du vieillard contre le calme glaçant du maître, puis la manière rapide et brutale dont il l’avait achevé, sans l’ombre d’un remord, sans essayer non plus de juste le maîtriser. Maintenant qu’il en savait un peu plus sur les Jedis, Thrass était presque choqué de cette attitude, avec le recul, il comprenait moins comment ça avait pu se terminer ainsi. Enfin, il devait aussi reconnaître que Nat n’avait plus été non plus dans la doctrine de son ancien Ordre, et il le répétait souvent lui-même, il ne se considérait plus comme un maître Jedi, de toute façon. Il avait disparu très peu de temps après le début de la pandémie, alors que l’explosion des cas de contamination s’amorçait.

Dans le fond, Thrass aura largement préféré revoir Nat, même avec son caractère grognon et bourru qui n’était pas sans lui rappeler un certain Aristocra, plutôt que C’Baoth. Au moins, Skywalker était plus aimable, lorsqu’il s’en donnait la peine. Mais bref. Il avança vers le grand-père, avant de s’asseoir sur la pierre à côté de lui, tout en conservant une certaine distance. Le temps d’être sûr que ce type avait effectivement changé et qu’il ne comptait pas l’étrangler. Les autres étaient aussi tout près d’ici, dans le doute. C’Baoth l’observait, le détaillait même, sans se cacher, alors qu’il avait pourtant déjà vu des membres de leur peuple, ça ne devrait pas tant le titiller. Sa première remarque fit légèrement plisser les yeux du Chiss, qui ne s’était pas attendu à ce que le vieil homme aille directement sur ce terrain. A qui la faute, d’ailleurs, si son apprentie était « si peu confiante », hmm ? Lorsqu’on élevait et éduquait une personne, que ce soit son propre enfant, son frère ou son élève, lui donner confiance en lui-même était une part essentielle de l’éducation. Une part que le grand-père à côté de lui avait loupé d’une manière magistrale.

"Vous saviez être sensitif, avant de revenir ici ?"

"Non, pas du tout."

En quoi ça l’intéressait, de toute manière ? Il passait brusquement de sa relation avec Lorana à ça, et Thrass ne voulait aborder ni l’un ni l’autre avec lui. Du moins, pas tant qu’il ne sera pas sûr que le papy n’était pas revenu dans sa « version dangereuse », si on pouvait dire les choses ainsi. Et même ensuite, il faudra une excellente raison… Car Lorana avait beau avoir été l’élève de cet homme, ça ne lui donnait pas pour autant le droit d’être indiscret sur leur couple ou leur vie privée. Même s’il était arrivé il y a plus longtemps, Thrass n’aura pas voulu non plus qu’il assiste à la naissance d’Edelweiss. La présence d’Obi-Wan avait été rassurante, mais celle de ce type… il frémissait juste à y penser.

"J’imagine que vous avez déjà eu un peu de temps pour vous mettre au courant de ce qui s’est déroulé dans la galaxie, depuis votre décès, et les changements importants qui l’ont impacté. Bien des Jedis et Siths reviennent, de tous les temps et tous les bords. La question, à présent, est comment vous-même allez vous positionner. Si vous avez déjà des projets."

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Dés : pas dit à Lorana qui j’allais voir.

Non… Comment pouvait-on être stupide et ignorant au point d’ignorer un tel lien ! Ou plutôt, comment pouvait-on être aussi faible ! Méprisable. Un tel lien ne pouvait pourtant être ignoré, resté inconnu durant tant d’années, à moins que la personne ne soit un simple petit rat, bien sûr. Tss, tss… Oui, il ne pouvait appliquer les critères habituels sur ce Chiss, bien évidemment, il avait tendance à l’oublier. Navré, sa faute, on ne pouvait pas juger les rats comme on jugeait les autres, c’est vrai, impossible d’en attendre beaucoup de leur part.

J’imagine que vous avez déjà eu un peu de temps pour vous mettre au courant de ce qui s’est déroulé dans la galaxie, depuis votre décès, et les changements importants qui l’ont impacté. Bien des Jedis et Siths reviennent, de tous les temps et tous les bords. La question, à présent, est comment vous-même allez vous positionner. Si vous avez déjà des projets.

C’est un peu tôt, pour les projets, je viens à peine de revenir dans ce temps. Même si oui, en effet, j’ai commencé à regarder les différentes actualités et les événements qui se sont déroulés. La Guerre des Clones nous aura donné raison, pour mon projet, si tout ne s’était pas terminé de cette façon, nous aurions pu aider bien plus de Jedis à échapper au massacre. Néanmoins, Sidious est un grand maître, dans l’art de la manipulation et des ombres, il faut le reconnaître. C’est bien malheureux, mais c’est comme ça. Au moins une bonne chose, maintenant, les Jedis vont enfin comprendre qu’il n’est pas mauvais de former même des adultes.

Ce qu’il s’était trop souvent tué à répété et défendre. Les bras croisés, Jorus lâcha un long, très long soupir, en se remémorant tous ces moments où il avait défendu cette idée face au Conseil et que tous opposaient une fin de non-recevoir, sans même prendre la peine de réfléchir sérieusement à ce sujet. Pathétique. Bien sûr qu’ils avaient tous disparu ensuite et il ne comptait pas les pleurer. Non, s’il lui fallait pleurer quelque chose, ce sera son grand projet dévasté ainsi que la stupidité de son apprentie. Le reste le laissait plutôt indifférent. Quant à ses nouveaux projets, il ne comptait évidemment pas les partager à un simple rat, voyons, comment ce dernier serait-il capable de les comprendre. Le pauvre n’avait tout simplement pas des capacités intellectuelles suffisamment développées pour cela.

L’Ordre n’est pas encore assez solide, c’est évident, toutes les forces possibles doivent être employées dans ce combat, sinon, nous serons balayés une nouvelle fois par les Siths. Tous ceux ayant un semblant de volonté de lutte contre les Siths doivent se former, durement, sinon, l’échec sera assuré.

Les adultes, les enfants, tous ! Il n’était plus question de traîner ou de faire dans le sentimentalisme, c’était là une situation de guerre et il s’agissait de s’y mettre avec rage. Il parlait avec force, avec passion, très convaincu par cela et parce qu’il imaginait pour les entraînements « à la dure ». Dans cette époque si bouleversée, à ses yeux, la fin justifiait les moyens. Il n’y avait plus de raison de rester dans la demi-mesure ! La République était morte, leur ennemi puissant, il fallait donc frapper au cœur et ne pas retenir le moindre coup.

Vous-même, vous avez déjà dû commencer à vous entraîner depuis un moment, non ?

De ce qu’il savait de lui ou ce qu’on avait pu lui en raconter, Thrass trouvait assez étrange que ce vieillard n’ait pas déjà commencé à réfléchir à ses projets, même si ça restait une bonne nouvelle. Peut-être s’était-il vraiment un peu calmé… Pour ce qui était de ses actions passées, pour son vaisseau, il ne pouvait pas juger, ignorant ce que ça aurait pu donner si le Vol vers l’Infini avait pu atteindre son but sans encombre et sans ennuyer qui que ce soit sur son passage… Il se mordilla un peu les lèvres pour ne pas lâcher le moindre commentaire à ce sujet, gardant pour le moment le regard tourné vers les larges plaines de Lothal et le vent glissant doucement entre les hauts brins d’herbe, jaunis par le soleil. Il était simple de comprendre quelle beauté Ezra trouvait dans ces lieux et pourquoi il était tant attaché. Rien n’entachait l’horizon, aucune paroi de pierre n’arrêtait le regard, c’était agréable et reposant.

Un paysage reposant qui n’avait visiblement aucune prise sur le papy assis juste à côté de lui, au vu de sa dernière réplique et du soupir agacé qu’il lâcha la seconde suivante. Là encore, il resta silencieux, hors de question d’émettre le moindre avis ou jugement sur les actes et décisions des Jedis par le passé, il ne les avait pas connus et ne pouvait pas comprendre pourquoi ils avaient agi de cette manière. Aujourd’hui, cependant, oui, personne ne semblait contre former des personnes adultes. C’Baoth pourrait s’en montrer un peu plus heureux, au lieu de continuer à être en colère. Non ? Non, très bien… Thrass secoua un peu la tête, serrant la main contre un petit pan de sa tunique. Même quelques minutes seul à seul avec cet homme suffisaient à lui faire comprendre pourquoi sa femme avait si longtemps été très renfermée sur elle-même et peu confiante. Elle avait passé des années entières sous la tutelle de ce type, ce n’était pas rien.

– L’Ordre n’est pas encore assez solide, c’est évident, toutes les forces possibles doivent être employées dans ce combat, sinon, nous serons balayés une nouvelle fois par les Siths. Tous ceux ayant un semblant de volonté de lutte contre les Siths doivent se former, durement, sinon, l’échec sera assuré. Vous-même, vous avez déjà dû commencer à vous entraîner depuis un moment, non ?

– Non.

Thrass n’avait strictement aucune envie de lui expliquer qu’il avait, au moins, reçu une formation militaire de base, lorsqu’il était enfant, et ça n’intéresserait de toute façon pas ce vieil homme. Sans compter qu’il en avait assez bavé durant ladite formation pour réaliser très vite que la voie du soldat n’était absolument pas taillée pour lui. Ses résultats, durant son service militaire, avaient été lamentables et il avait eu beaucoup de mal à tenir le rythme, accueillant le retour dans une formation politique avec une joie et un soulagement infini. De ces deux années très douloureuses, il s’était juré de ne plus jamais remettre les pieds sur un vaisseau de guerre pour y travailler, à moins de n’avoir vraiment pas le choix. Quand son frère avait dû faire son service à son tour, Thrass avait eu beaucoup de craintes, mais celles-ci s’étaient vite atténuées, quand il avait réalisé que son cadet, au moins, était bien plus à l’aise que lui dans cet univers.

– Je souhaite m’entraîner à l’usage de la Force, reprit-il, toujours d’un ton calme. Cependant, je n’ai pas encore commencé de réelle formation, j’ai simplement suivi certaines leçons ou conseils ci et là. Ceci étant, vous avez raison sur le fait que bien former les personnes est essentiel. Sans pour autant entrer dans une sorte de fureur maladive guerrière…

« Non » ? Non ?! Non… Non, et il lâchait comme ça, le plus naturellement du monde ! Jorus n’était pas certain de savoir s’il devait juste être exaspéré ou parfaitement blasé, les deux émotions contrebalançaient et étaient aussi fortes l’une que l’autre. Non, très bien, très bien… Voilà qui lui ouvrait, cela dit, une ou deux perspectives de plus, out n’était pas perdu. Le vieil homme se frotta doucement la tempe, les yeux clos, l’espace d’un instant, puis se redressa un peu. Cette époque était… pour le moins… fatigante. Parfois stressante ou agaçante. Enfin, ceci étant, rien ne pouvait plus l’agacer encore que sa propre apprentie cherchant à s’émanciper de son contrôle. L’amour, ah, l’amour, quelle idée stupide… et dégradante pour l’esprit. Qui aurait pu croire, il y a des années, que même cette petite huître allait réussir à tomber amoureuse, et mieux encore, faire tomber amoureux d’elle un homme.

Je souhaite m’entraîner à l’usage de la Force. Cependant, je n’ai pas encore commencé de réelle formation, j’ai simplement suivi certaines leçons ou conseils ci et là. Ceci étant, vous avez raison sur le fait que bien former les personnes est essentiel. Sans pour autant entrer dans une sorte de fureur maladive guerrière…

Aucun Jedi ne peut tomber dans une sorte de fureur guerrière maladive, jeune homme, à moins de tout simplement plonger dans le côté obscur au même instant. Des personnes qui sombrent, cela arrive, mais certaines peuvent en revenir.

Il y avait eu des exemples de ça, dans le passé, même si ce n’était pas très fréquent, cela arrivait, impossible de le nier. Jorus se leva souplement, surtout pour son âge, et fit quelques pas dans les hautes herbes pour se dégourdir les jambes. L’agacement avait fini par le quitter, comme toujours, lorsqu’il se plongeait dans ses réflexions. Au moins, le rat bleu souhaitait s’entraîner, c’était déjà ça. Le maître finit par se retourner vers lui, en le dévisageant. Il était jeune, oui… D’ordinaire, le maître n’avait pas une très grande difficulté à cerner les âges de ses interlocuteurs, y compris ceux des non-humains, et se trompait très rarement. C’était très utile, surtout lors de certaines négociations, car il était parfois bien pratique de se servir de la jeunesse, et donc de l’inexpérience, d’un de ses interlocuteurs pour obtenir plus d’informations ou pour orienter le débat à son avantage.

De mon point de vue, ce qui n’était pas une opinion partagée à l’époque de la République, une formation Jedi peut être débutée à n’importe quel âge. J’estime qu’il n’y a pas plus de risques de plonger si on débute tard que si débute tôt. Des exemples, vous en trouverez. Puisque vous êtes l’époux de mon apprenti, je vous apporterai mon aide, si possible, pour votre chemin.

Époux… Jorus avait beau avoir prononcé ce mot d’une manière parfaitement neutre, ça ne lui en avait pas moins brûlé la langue au passage. Il ne put s’empêcher d’imaginer Lorana et ce type coucher ensemble, ressentant aussitôt un très fort dégoût et un peu de nausée. Hélas, c’était arrivé, la fille de son apprentie n’était pas née comme ça, par pur miracle. A vomir.

Vous dites que vous avez appris deux ou trois chose, ici et là, vous pouvez préciser ?

– Aucun Jedi ne peut tomber dans une sorte de fureur guerrière maladive, jeune homme, à moins de tout simplement plonger dans le côté obscur au même instant. Des personnes qui sombrent, cela arrive, mais certaines peuvent en revenir.

– J’imagine…

Ce vieil homme ne s’en souvenait sans doute pas mais c’était là une expérience qu’il avait faite. Vieil homme qui se leva d’un bon, tout à coup, pour aller marcher dans l’herbe. Thrass secoua un peu la tête en le regardant, out en faisant glisser entre ses doigts son alliance. Il la remit ensuite à sa place initiale, quand le vieux se retourna, pour ne pas lui donner l’impression qu’il était nerveux. L’envie de lui raconter ce qui s’était passé sur le Vol vers l’Infini, lors de la mission de sauvetage, se faisait de plus en plus pressante… Cependant, n’étant pas encore sûr de la façon dont il pourrait réagir, et étant donné qu’ils étaient pour le moment seuls ici, le provoquer n’était pas une très bonne idée. L’ancien Administrateur ne brûlait pas d’envie de se faire étrangler sur place, il voulait rejoindre vivant et entier sa femme et leur fille. A présent, laisser ce « plaisir » à Lorana ne lui semblait pas être une très bonne idée non plus.

– De mon point de vue, ce qui n’était pas une opinion partagée à l’époque de la République, une formation Jedi peut être débutée à n’importe quel âge. J’estime qu’il n’y a pas plus de risques de plonger si on débute tard que si débute tôt. Des exemples, vous en trouverez. Puisque vous êtes l’époux de mon apprentie, je vous apporterai mon aide, si possible, pour votre chemin. Vous dites que vous avez appris deux ou trois chose, ici et là, vous pouvez préciser ?

Si possible. Pour le moment, c’était impossible, mon brave monsieur. Peut-être plus tard… Lorsqu’ils seront plus assurés, qu’il en saura plus sur lui, et qu’il aura prouvé ses intentions, dans ce cas, il reverra peut-être son jugement. Il en parlera aussi à sa femme, sachant que, de toute façon, elle risquait surtout de bondir au plafond à cette seule idée. L’air parfaitement neutre, il se contenta donc d’une réponse laconique à cette première partie, qui ne l’engageait à rien, et resta tout aussi vague sur ce qu’il avait déjà appris de la Force depuis son arrivée dans ce temps. Sans préciser non plus que ça n’avait pas été une priorité absolue, dans son cas, depuis son retour. Avoir exercé des années un autre métier, avoir été conditionné, formaté et poussé dans une certaine voie ne permettait pas facilement de se lancer dans une autre avec beaucoup d’aisance. Par ailleurs, beaucoup des principes de l’Ordre lui restaient difficiles à accepter tels quels.

Il voudrait aussi que ce vieillard comprenne que Lorana n’était plus son apprentie, désormais. D’une part, elle avait été faite chevalier avant le départ dans cette mission de folie, d’autre part, elle n’avait plus à suivre les ordres et directives de son ancien maître, elle pouvait mener sa vie comme elle l’entendait et sans avoir à rendre de comptes à qui que ce soit. Enfin, lui faire comprendre ça risquait de prendre un peu de temps, compris… Il retint un soupir blasé puis se leva à son tour, avant d’ajouter, pour le vieillard, qu’ils feraient mieux de rentrer et rejoindre les autres. Officiellement car resté exposés et seuls sur une planète pareille n’était pas très prudent, officieusement car il ne tenait pas à rester des heures seul face à ce type. Au vu de la réaction de Kanan, plus tôt, il ne pensait que ça le rassure beaucoup, lui non plus.

– Juste une chose. L’Ordre Jedi et l’Alliance Rebelle ont quelques frictions entre eux, ces derniers temps. Lorsque vous les rejoindrez, il faudra rester sur vos gardes.

Il lui résuma l’affaire dans les grandes lignes, pour qu’il sache au moins cela. Bien sûr, certains Jedis n’étaient pas rejetés d’emblée dans l’Alliance, comme Obi-Wan et Lorana par exemple, mais un étranger sorti tout droit des failles n’aura pas aussitôt le droit à la même considération.