Des "amis" de Troithe

• Difficulté : Moyen
• Lieu : Troithe, système Cerberon, Noyau Profond
• Participant : Jorus C'Baoth
• Méthode désirée : Classique

Le Centre de Défense Planétaire de Troithe était maintenant la nouvelle capitale de la planète depuis plus de vingt ans. Solide, fortifiée riche et très surveillée, elle n’en reste pas moins pourvue d’un égo quelque peu surdimensionné, où personne ne craint une attaque de l’extérieur. Qui oserait, dans cette région galactique fréquentée, alors même que le cœur de la puissance impériale se situait à proximité ? De toute manière, votre visage est inconnu, ici, ou a été oublié depuis bien longtemps. Vous savez que vous pouvez agir sans vous faire remarquer, habitué des manières de ce genre de populations.

Une grande vente aux enchères est organisée, pour célébrer cette nouvelle année impériale et surtout pour fêter les dix ans de carrière du gouverneur de la planète. Bien des personnes, de plus ou moins haut rang, sont venues y assister. Parmi elles, bien qu’il y ait nombre de sympathisants de l’Empire, pour qui l’avènement a sonné une nouvelle ère commerciale prospère, vous trouvez également bien des personnes n’ayant que peu d’appétence politique.

Enfin une mission ne se résumant pas à de simples tirs de vaisseaux contre vaisseaux, dénoués de toute grâce, où la réflexion se limitait à une bête survie et à la force de boucliers déflecteurs. Les enfants s’y amusaient toujours mais de telles batailles n’étaient que petits cailloux dressés sur le chemin, qu’il fallait jeter ou éviter selon les besoin, ce n’étaient pas elles qui permettaient des avancées à plus long terme, pour leurs plans. Jorus prit un instant pour lisser sa barbe, dans le vestiaire où il venait de déposer son manteau, avant de se mêler aux flots des visiteurs, politiciens, passionnés et curieux, venus assister à cette grande vente aux enchères. Il était très agréable de pouvoir agir comme il l’avait fait dans l’ancien temps, sans que son nom ou son visage ne soient associés à un vulgaire criminel. Quelle pourrait être, d’ailleurs, une plus grosse injure encore, que voir ces pathétiques humains ordinaires se croire supérieurs aux personnes sensibles à la Force ?

Il repéra d’emblée le Gouverneur de la planète, occupé à recevoir poignées de main et félicitations, pour le dixième anniversaire de son placement à la tête de cette planète. Jorus s’était longuement renseigné sur lui, il s’agissait d’un arriviste pur et dur, qui avait vu en l’Empire l’opportunité de faire revenir cette planète à son niveau des anciens temps, d’un point de vue économique, social et culturel. Il n’avait que peu de culture politique, seul le profit l’intéressait, c’était un commercial avant tout, un homme d’affaires. Si la Rébellion avait remporté assez de batailles importantes et donc avait révélé une puissance plus forte que celle de l’Empire, c’est vers elle qu’il se serait tourné, ça ne faisait pas le moindre doute. D’une certaine manière, il était plus facile d’aborder les hommes d’affaires que les politiciens et bien plus important, beaucoup plus facile de prévoir le moment exact où ils retourneront leurs vestes.

Néanmoins, cette planète était condamnée et tous le savaient. Certes, ce ne sera pas avant des années encore mais cela viendra, ce n’était qu’une question de temps. Elle disparaître, comme d’autres dans ce secteur, avalée par un trou noir, pour ne plus rester qu’une vague chapitre dans les cours d’Histoire. Triste fin, pour celle ayant autrefois rivalisé pleinement avec Coruscant et dont l’éclat avait brillé jusqu’aux confins de la galaxie. Le Noyau Profond dans son ensemble était-il condamné ? C’était difficile à affirmer. Le système Cerberon, lui, l’était. Troithe s’agitait tant qu’elle le pouvait encore… Un mince sourire s’étira sur ses lèvres et il chassa ces considérations de son esprit. La future fin de cette planète lui importait peu, aujourd’hui, ayant d’autres cibles en tête. Une première, en particulier, l’intéressait beaucoup. Un riche industriel, nommé Damaf, possédant une forte assise dans une large région galactique Extérieure et qui, lui aussi, voyait avant tout ses intérêts financiers avant toute chose.

Jorus ne comptait évidemment pas rechercher en ces lieux des personnes « au bon cœur », ce serait aussi ridicule qu’insensé. Ils n’avaient pas besoin en priorité, comme le faisaient les Rebelles, d’individus rêvant de paix, de justice, de prospérité et d’il ne savait quoi encore. Ils avaient besoin d’individus ayant les moyens et qui ne poseront aucune question, tant qu’ils trouvaient leur intérêt dans l’échange. Nul n’avait besoin de savoir qu’il s’agissait de l’Ordre Jedi ou d’un groupe criminel comme il en existe des centaines, tant que les affaires marchaient bien. Pour approcher sa cible, dans la salle où un cocktail était dressé avant le début de la vente, le maître Jedi agit comme à son habitude. Engager tout d’abord la conversation avec d’autres personnes et autres petits groupes, à proximité immédiate de sa cible, sur les sujets l’intéressant directement.

Oger Danaf se montre bien vite intéressé, par les sujets de conversation arrivant à ses oreilles et peu à peu, s’approche de votre petit groupe de discussion. Avant de s’y mêler pour de bon. C’est un homme de haute stature, tout comme vous, au regard fier et visiblement non gêné d’évincer les plus petits commerciaux et industriels gravitant autour du groupe, pour s’approprier l’espace. Il vous prend pour un industriel de même rang que lui, son attitude envers vous ne laisse planer aucun doute sur le sujet. D’autres membres de la conversation finissent par la délaisser, à leur tour, se sentant exclus par la présence écrasante de Danaf.

Alors que la conversation est très bien engagée et que vous avez ferré le riche homme d’affaires dans votre filet, le gouverneur de la planète arrive subitement à votre hauteur, un verre à la main. Il a entendu une part de ce que vous disiez et semble s’étonner de ne nous avoir jamais aperçu en ces lieux auparavant, ou même sur Coruscant, alors que vous êtes visiblement quelqu’un d’haute importance. Il semble agacé et quelque peu suspicieux, comme si vous étiez un intrus gênant, venu voler une part de son prestige. Les hommes de son genre peuvent se révéler hautement susceptible, surtout dans de tels endroits, où de grosses affaires commerciales peuvent se nouer.

La proie était bientôt ferrée… Encore un peu… Et la voilà… Jorus tourna tranquillement la tête vers elle, lorsque sa cible vint se mêler à la conversation, tout en buvant tranquillement une gorgée de plus de son verre. Parfait, parfait… Il l’engagea sans peine à s’entremêler à tout cela, sans plus une pensée pour les autres, avec qui il parlait jusque-là, qui furent évincés sans aucune peine du petit groupe, au fur et à mesure. Ils n’étaient pas très intéressants, seule sa cible l’était, ce soir, c’était bien pour lui qu’il avait fait le déplacement. Le maître Jedi joua tranquillement son rôle, n’ayant, par nature, que bien peu de soucis à se montrer dans le même ton que ce genre d’hommes. Sa fierté était grande et il savait évidemment l’étaler à la perfection. Tout comme il savait flatter les égos et était capable de pousser les uns et les autres à croire qu’ils avaient, face à eux, une personne importante et fière de l’être, fière de converser avec eux.

C’est au bout de cinq ou six minutes seulement qu’un nouvel intervenant vint se glisser dans cette conversation, à la très grande contrariété de Jorus. Le gouverneur, en personne, rien que cela ! Agacé, il dû cependant faire mine de rien, il n’avait pas le choix. Même lorsque ce simple politicien se permit de remettre en cause sa crédibilité. Pour quel genre d’être se prenait-il ?! lui qui n’était rien, sans l’argent que les politiciens véreux de Coruscant daignaient lui accorder en aumône ? C’est avec aplomb que Jorus lui lista, d’un ton sous-entendant qu’il s’agissait pourtant d’une parfaite évidence, quelques dates et lieux où il s’était rendu récemment, dans de telles soirées, des données qu’il savait invérifiables. Si ce petit homme pathétique semblait agacé, il ne réalisait pourtant pas qu’il était bel et bien le plus gênant, pour le moment. Sa présence dans ce groupe de discussion n’avait aucun réel intérêt.

C’est au fil de cette conversation agaçante, alors qu’il diluait le discours pour faire partir cet inconscient, qu’un nouveau phénomène se produisit. Nettement plus inattendu et aussi plus perturbant. Oh, par la Force, ce n’était ni le lieu ni l’endroit ! Bon sang, bon sang… Il ne pouvait mettre fin aussi brutalement à cette conversation, pour autant, mais il dû modifier sa stratégie initiale et plus malheureux, renoncer à s’occuper de sa cible initiale dès ce soir. Fort heureusement, au terme d’un moment bien trop long à son goût, le début de la vente aux enchères fut annoncé. L’occasion de saluer ses interlocuteurs, les laisser passer au-devant pour assister à la vente, puis s’éclipser dès qu’il le peut. Il ne tenta pas de cacher son aura ou sa présence, cette fois, afin que la personne projetée ici en puisse le manquer. Suite à une telle perturbation et choc, la victime restait identifiable un bon moment.

Cette victime, il la trouva finalement au premier étage du bâtiment, dans l’une des salles de réception. Debout sur le balcon surplombant la ville, dans l’air du soir. Il passa à son tour les portes vitrées grande ouvertes menant à l’extérieur et à ce balcon, avec plus de calme. Il s’agissait d’une femme, sans doute dans la trentaine, dans une tenue élégante. Il s’arrêta à environ un mètre cinquante, silencieux dans un premier temps. Pour s’assurer qu’ils n’étaient pas écoutés ou suivis, principalement. Qu’on ne les observait pas. Il posa les mains contre les rebords du balcon, durant ce temps, assez méfiant, bien qu’il demeurât calme en apparence. Ce n’est qu’après s’être assuré qu’il se tourna plus franchement vers elle. Son apparence physique lui rappelait étrangement la gamine que Obi-Wan avait ramené de voyage, une simplette aux cheveux blancs, bien jeune encore, qui avait joué les étourdies durant leur fête au temple.

Bonsoir, dit-il en gardant un ton encore assez bas. Je me nomme maître C’Baoth. J’ai pu ressentir ce qui avez subi il y a peu de temps, au travers de la Force. Vous n’êtes hélas pas la première à traverser cela, je peux vous l’expliquer. Ici, si nous restons discrets, ou dans un coin plus apaisé. Puis-je connaître votre nom ?

Tout pouvait s’expliquer et tout devait s‘expliquer… les personnes présentes à cet étage ne se préoccupèrent pas d’elle un seul instant, ce qui lui convenait à la perfection. Elle put traverser la foule jusqu’à passer sur un balcon en arc de cercle, voyant que le soir se couchait doucement. Une ville s’étendait sous ses yeux, pour une bonne partie visiblement moderne, entretenue et correctement éclairée… L’autre était plus sombre, plus miteuse aussi, comme s’il existait une barrière physique et infranchissable, entre la « bonne société » et le reste. Rien de tout cela n’avait quoi que ce soit à voir avec les pâles banquises de l’hémisphère nord de leur planète. Ni avec la sobriété du temple. Il lui était encore impossible de savoir où elle se trouvait et de quelle manière elle avait pu y arriver. Mains posées contre la balustrade, elle se remémora tout ce qu’elle avait accompli ces dernières heures et ce qui aurait pu conduire à une telle situation. Sans déceler un élément particulier ou inhabituel, rien qui ne puisse expliquer cette arrivée si soudaine dans un autre monde.

Le seul événement perturbant, qui était arrivé il y a peu, restait la trahison de Brianna, finalement. Peut-être cet événement étrange était-il de se faute… Avec l’aide Meetra, sans aucun doute. Ce qui voulait peut-être dire aussi qu’elles comptaient attaquer le Temple. Oseraient-elles en arriver là ? A ses yeux, c’était parfaitement possible ! Son esprit s’assombrit à cette pensée et elle se dit qu’elle serait plus que prête à les abattre toutes les deux plutôt que laisser une telle chose se produire. Alors qu’elle s’apprêtait à quitter cet endroit et partir en quête d’une navette ou d’un vaisseau, elle ressentit une nouvelle présence se dessiner. L’aura d’un Jedi. Mais qui ? Restant sur place, un moment de plus, elle finit par voir arriver, à ses côtés, un vieil homme jamais rencontré auparavant. Un Humain, qui vint prendre calmement position à son tour contre la balustrade. Jamais rencontré, elle en était certaine. Pourtant, au travers la Force, il ne se dissimulait pas, il était clair qu’il était un Jedi.

« Bonsoir. Je me nomme maître C’Baoth. J’ai pu ressentir ce qui avez subi il y a peu de temps, au travers de la Force. Vous n’êtes hélas pas la première à traverser cela, je peux vous l’expliquer. Ici, si nous restons discrets, ou dans un coin plus apaisé. Puis-je connaître votre nom ? »

Cela signifiait-elle une attaque plus massive, dirigés contre eux, par ces deux traîtresses ? Une moue dure la prit l’espace d’un instant, avant qu’elle ne retrouve un calme apparent. Les traîtres et ceux cherchant avant tout la gloire dans le combat, même inutile, étaient capables de tout.

« Je suis maître Atris, » dit-elle finalement en s’efforçant de contenir sa colère grandissante.

Brianna devait être l’instigatrice principale de tout cela, la première des responsables. Elles les avaient toutes poignardées dans le dos, elle n’avait eu aucune considération pour ses sœurs, aucun respect pour ses vœux, pas une once de remord ou de honte à trahir tout ce qui avait, jusqu’alors, constitué sa vie. Et ce pour suivre une autre traîtresse ! Elle s’était dévoyée au même titre que ses parents, un comportement infâme et qui prouvait qu’elles avaient toujours eu raison de se défier d’elle. Elle tourna à son tour la tête vers ce vieil homme, pour le dévisager. D’où venait-il, exactement ? Un instant, elle songea à cet endroit mais étant donné qu’ils étaient isolés et que personne ne s’approchait ou ne leur prêtait attention, elle s’estimait tranquille. Du moins, pour le moment.

« Je suppose que tout cela est l’œuvre des traîtresses Brianna et Surik, » poursuivit-elle d’un ton bas et très pincé. « Mais je ne les laisserai pas détruire mon œuvre. Où sommes-nous et comment s’y sont-elles pris ? Vous-même, d’où venez-vous ? »

Quelle situation infernale… Ce moment sera délicat à passer, il le savait, mais hélas, il ne sera pas le plus dur. Ce qu’il jugeait le plus difficile restait bel et bien ce triste constat, l’état si pathétique dans lequel l’Ordre Jedi était réduit désormais. Voilà ce qui était plus ardu à accepter que les failles ! Quoi que tous ne s’en plaignaient guère. Il y avait, dans les Jedi actuels, des mollassons se complaisant très bien avec cet état des choses, jugeant normal que les leurs puissent avoir des relations et des enfants, trouvant logique de s’abaisser au même niveau que les rebelles comme s’ils étaient leurs égaux, considérant banal que le temple ressemble à n’importe quel bâtiment classique, d’accord avec le fait qu’on laisse même certains d’entre eux partir comme ça, chez un peuple étranger, pour en plus y enseigner les pouvoirs de la Force. Un laisser-aller flagrant qu’il n’acceptait pas.

La mention de la gamine empotée et de la petite maître trop nerveuse eut le mérite de situer l’époque dont cette nouvelle venue arrivait. Il se moquait assez, en revanche, de savoir pourquoi toutes les deux étaient qualifiées de traîtresses, estimant qu’il y avait déjà bien assez de soucis, actuellement, pour qualifier ainsi de nombreux membres de l’Ordre. Néanmoins, en ce qui concernait les failles en tant que telles, elles n’étaient pas concernées, à sa connaissance. Jorus vérifia une nouvelle fois qu’ils n’étaient pas épiés, avant de débuter son récit. Les faits étaient clairs et simples, l’expliquer l’était, certes, bien moins. D’autant plus que le déni et l’incrédulité étaient parmi les premières réactions ressenties face à une telle histoire. S’il dû bien préciser que ni Brianna ni Surik n’étaient coupables des failles, il ne chercha pas à les défendre pour autant, jugeant la première bien trop empotée et la deuxième bien trop naïve.

Ce fut tout de même une assez longue conversation, il le fallait bien, le temps tout d’abord d’expliquer ces failles, donner des preuves, répondre à ses questions, se montrer convaincant, le tout en devant régulièrement s’interrompre pour s’assurer sur les lieux. Au cours de cette conversation, il se présenta un peu mieux, bien entendu, tout comme elle le fit. Une conversation qui le rassura, par ailleurs, car il apparaissait qu’il n’était, par bonheur, pas tombé sur une incompétente voyant d’un bon œil cette « évolution » des mœurs. Une évolution, un joli mot dans la bouche des bien-pensants, lui voyait ça comme une terrible régression. D’ailleurs, c’est ce qui rendit ladite conversation bien plus agréable, au fil du temps passé en explications. Bien que la situation soit préoccupante, il aurait été assommant et outrageant de parler avec une personne ne voyant pas le mal à l’état actuel de l’Ordre Jedi.

La disparition de mœurs  importantes et de valeurs morales vaut, aujourd’hui, à l’ordre de n’être plus qu’un vague rassemblement sans force,, conclut-il avec une certaine note de désespoir. Bien pire, beaucoup n’y voient pas de problème. Je préfère vous prévenir sur le sujet avant que vous n’assistiez en direct à ce désolant spectacle.

Pour sa part, il aurait fortement apprécié d’avoir eu le temps d’une bonne préparation mentale, avant d’être confronté à tout cela. Il souhaitait donc épargner cette peine à cette nouvelle maître, afin qu’elle ne subisse pas la même douleur que lui, devant cette dégradation. Bien que cela restera, hélas, douloureux.

J’espère, d’où vous venez, que la décadence de l’Ordre était bien là de vos préoccupations. Je juge ce problème bien plus agaçant que les failles en elles-mêmes.

Voilà bien longtemps que la maître Jedi s’était faite à l’idée que la plus grande menace pesant sur la galaxie était le triumvirat Sith. Les guerres, les destructions, les problèmes causés par leurs propres membres, actuels ou anciens, avaient apporté leur lot d’ennuis et de fragilisation de toute la structure. Mais ce qu’elle entendit ici… Dépassait absolument tout ce qu’elle aurait osé imaginer… Bien sûr qu’elle refusa d’abord d’y croire, bien sûr qu’elle ne put admettre immédiatement que les traîtresses puissent ne pas être coupables… D’autant plus alors que l’une d’entre elle était déjà coutumière de graves troubles avec la Force. Ou plutôt de créer de forts troubles, tout court, pour être plus précise. Peut-être, par ailleurs, était-ce l’un des conséquences lointaines de ce qu’elle avait causé par le passé ? Ce serait une explication tout à fait plausible à ces failles, à ses yeux. La seule explication, valable, par ailleurs, car quoi ou qui d’autre aurait pu blesser la Force et ainsi provoquer ces troubles sur le long terme ?

Après une assez longue conversation, pour comprendre et surtout admettre cette terrible situation, Atris l’interrogea sur ce temps et ce qui se passait ici. Ce qu’il était advenu des pouvoirs centraux, des Sith et des Jedi. Une nouvelle conversation, plus longue encore, où vint s’emmêler une myriade de sentiments différents. Elle fut très vite outrée par certains « détails » et ne se riva pas de le faire savoir. Fort heureusement, son interlocuteur comprit immédiatement son indignation et fut d’accord avec elle sur bon nombre de points. La nuit tomba pour de bon, alors qu’ils discutaient. Tous les autres étaient rentrés dans la salle attenante, ils parlaient aussi d’une vente aux enchères ayant lieu en ce moment. Simples futilités. Bras croisés, regard plongé vers la ville, elle faisait part de son indignation à ce que les Jedi puissent oser faire librement des enfants. Pourquoi pas aussi adopter tous les gamins des rues qu’on dénichait au hasard et transformer le temple en orphelinat ? Ils avaient des missions hautement plus importantes.

Un léger mal de tête l’avait saisi, pas assez violent néanmoins pour qu’elle y prête attention. Cela faisait… Beaucoup, d’un seul coup. L’état dans lequel était l’ordre Jedi actuellement était particulièrement affolant et elle peinait à croire que ça convienne pourtant à plusieurs de ses membres. Indignation, écœurement, lassitude… Elle leva brièvement une main pour se frotter les yeux puis la rappuya contre la rambarde. Le doux vent du soir venait les rafraîchir, délestant une petite part de la chaleur ambiante. Un petit élément aidant aussi à se rafraîchir les idées. La situation était terrible… Si terrible… Si choquante… Et désastreuse. Comment allaient-ils pouvoir arranger cela, désormais ? La Force pourra-t-elle se réhabiliter un jour prochain ? Et quelles seront les répercussions ? Pourquoi les jeunes Jedi de cette époque étaient-ils autant de parfaits imbéciles et pourquoi certains anciens suivaient-il ce lamentable exemple ?!

« J’espère, d’où vous venez, que la décadence de l’Ordre était bien là de vos préoccupations. Je juge ce problème bien plus agaçant que les failles en elles-mêmes. »

« J’ai voulu redonner un nouveau souffle, après la destruction, en instaurant un lieu où la discipline et la rigueur étaient les maîtres mots. Bien sûr, ce n’était pas où goût de certains agités et de traîtres, qui ne jurent que par le chaos qu’ils sèment dans toute la galaxie. Peut-être puis-je encore me consoler en me disant qu’une seule dépravée avait osé faire un enfant. Alors qu’ici, vous me dites que deux Jedi, un homme et une femme, ont chacun eu un enfant, sans le dissimuler, sans avoir honte. Et que cet homme fasse encore partie de l’Ordre est encore plus offensant que tout le reste ! Vous dites que ce… Comment s’appelle-t-il encore… Que ce Kenobi a accepté ça sans le moindre problème, au moment où les Jedi se sont rassemblés pour reformer l’Ordre. Il n’a donc aucun sens moral ! Et pourtant, on lui a confié l’Ordre ? Cela me donne envie de vomir. Un membre de l’Ordre ayant un enfant doit être chassé, puni, couvert de honte et exilé. Comme une branche pourrie que l’on arrache. »

Le chef de l’Ordre se devait d’avoir le sens de l’honneur et une morale acérée ! Or, dans ce temps, ce n’était visiblement qu’une simple option. L’écœurement le plus absolu était à son comble. Cet homme osait-il, de surcroît, s’exhiber dans le Temple avec son enfant ? Comme si c’était bien naturel ? Dans un tel cas, la honte était encore plus forte. Ce n’était pas tolérable.

« Pourquoi tant ne remettent pas cette décadence en question, se plaisent-ils à vivre aussi lamentablement ? »

Un nouveau souffle, un nouveau lieu, un nouveau départ… C’était exactement ce qu’il avait désiré si ardemment et qui avait échoué, par les fautes grossières de certains aliens. Ces projets étaient-ils donc maudits ? Il comprenait parfaitement l’amertume et la colère qu’elle ressentait, encore maintenant, il était impossible de ne pas être touché personnellement lorsqu’un aussi grand projet était saboté par des personnes incapables de le comprendre. Il hocha gravement la tête, pour confirmer qu’il s’agissait bien de Kenobi. Un parfait imbécile trop émotif, pour qui il n’avait jamais eu le moindre respect, encore moins aujourd’hui. C’est bien, vrai, il n’avait ni honneur, ni moral ! Il avait en plus lamentablement échoué en tant que maître et formateur, sans oublier qu’il avait fortement contribué au chaos dans la galaxie. Une branche pourrie, un joli choix de mot, il était difficile de trouver une qualification plus appropriée.

Pourquoi tant ne remettent pas cette décadence en question, se plaisent-ils à vivre aussi lamentablement ?

Les jeunes de ce temps, ceux qui n’ont pas grandi dans l’Ordre, n’ont pas été élevés correctement, pour débuter. Aucun d’entre eux. Luke a grandi dans une pauvre famille de fermiers sans éducation, sur une planète désertique. Iyana a grandi avec ses parents et sa tante, sans qu’on ne lui inculque les vraies valeurs morales. Le gamin kawa vient d’un monde où seuls les pouvoirs neutres comptent et il ne sait rien du reste. Mara est une ancienne idiote, corrompue par les Sith. Ezra est un ancien gamin des rues, un voleur très immature, incapable de prendre ses responsabilités. Quant aux autres nés dans cette époque, les survivants de l’Ordre, ils se sont tous détournés de leur voie, sans même avoir, à un seul moment, l’idée de reprendre leurs vies en main et rebâtir l’Ordre.

Que faisait-on avec ça ?! Même Elaiza… Même elle n’avait su inculquer à Iyana de bonnes valeurs, car elle l’avait laissée s’attacher bien trop près à plusieurs personnes, hélas ! Quant aux autres, humph. Jax était devenu un simple mercenaire, tout comme Kanan, aucun des deux n’avait pris ses véritables responsabilités ! Au lieu de cela, ils s’étaient cachés, vautrés dans cette complaisance… C’était complètement lamentable.

Quant à ceux venus du passé, beaucoup estiment que l'Ordre « évolue » dans le bon sens, ça vous donne un bon aperçu du niveau général ! Personne n’a été contre le fait que ma padawan tombe enceinte, alors que c’était tout à fait intolérable. Pire encore, elle s’est mariée ! Puis elle a quitté l’Ordre avec son môme et son abruti d’époux. Je ne remets pas d’une telle horreur, ni qu’elle ait refusé toute discussion ou remise en question ! Je suis sûr qu’elle a été manipulée. Sa nouvelle famille est emplie de fourbes et de destructeurs.

Sa colère revenait prendre le pas, par-dessus tous ses sentiments. Forte, comme l’était son sentiment de trahison. Jamais il ne pourra tolérer que cet être infect se soit permis de voler son apprentie ! Encore moins qu’il l’ait mise en cloque ! Lui et son frère étaient deux êtres à vomir, deux êtres ayant, l’un après l’autre, détruit une part de son existence.

Et ce n’est même pas terminé, il y a aussi la nouvelle maître, Kreia, qui a avoué être la mère de cette petite idiote de Brianna. Comment l’ordre peut-il bien se porter avec, dans ses rangs, des hommes et des femmes n’hésitant pas à pervertir les autres et pondre si facilement des gamins ?

Elle ne connaissait évidemment aucune des personnes dont il parlait mais leur description n’était pas spécialement une bonne incitation à les rencontrer. Depuis quand des jeunes ayant déjà connu parfaitement leurs familles et ayant grandi avec elle pouvaient-ils devenir de bons Jedi ? Alors qu’ils seront toujours trop attachés aux leurs ? Et puis… Quel genre de monde n’apprenait que les « pouvoirs neutres » de la Force ?? Quoi que le pire, là-dedans, restait d’entendre que des survivants de l’attaque massive de cette époque s’étaient tout simplement planqués sans tenter de refonder l’Ordre ailleurs… Les pauvres chéris, s’étaient-ils donc dits que c’était juste impossible, directement, sans essayer encore et encore, avec toutes leurs forces ? Comme s’ils étaient les premiers Jedi de l’Histoire à subir un massacre et n’avaient ensuite pas eu la force de reprendre aussitôt leur destin en main ? Pathétique… Vraiment pitoyable… Elle se frotta les yeux avec un profond soupir, de plus en plus écœurée par tout ce qu’elle entendait.

« Quant à ceux venus du passé, beaucoup estiment que l’Ordre « évolue » dans le bon sens, ça vous donne un bon aperçu du niveau général ! Personne n’a été contre le fait que ma padawan tombe enceinte, alors que c’était tout à fait intolérable. Pire encore, elle s’est mariée ! Puis elle a quitté l’Ordre avec son môme et son abruti d’époux. Je ne remets pas d’une telle horreur, ni qu’elle ait refusé toute discussion ou remise en question ! Je suis sûr qu’elle a été manipulée. Sa nouvelle famille est emplie de fourbes et de destructeurs. »

Donc personne ne l’avait poussée dehors, si elle n’était pas partie seule, ils ne l’auraient pas forcé à le faire… ? Atris leva les yeux au ciel, même si à ce stade, ça ne l’étonnait plus qu’à moitié. La colère de son interlocuteur ne l’étonnait absolument pas non plus ! Comment réagir d’une autre manière ? L’Ordre Jedi était finalement revenu à décadence d’antan, même pire… Bien pire, alors qu’elle n’aurait jamais cru ça possible. La question, à présent, était de savoir s’il restait quoi que ce soit à sauver. Il y avait l’espoir – bien maigre mais tout de même – que d’autres chevaliers et maîtres plus exigeant sur la morale arrive de ces failles et poussent à plus de rigueur.

« Et ce n’est même pas terminé, il y a aussi la nouvelle maître, Kreia, qui a avoué être la mère de cette petite idiote de Brianna. Comment l’ordre peut-il bien se porter avec, dans ses rangs, des hommes et des femmes n’hésitant pas à pervertir les autres et pondre si facilement des gamins ? »

Atris vit trouble, en entendant ça. Son cœur rata un brusque battement puis son souffle se coinça dans sa gorge. Une petite seconde plus tard, à son tour, la colère vint la prendre comme un ouragan. Les poings serrés, elle émit d’abord un drôle de son, entre rire étranglé et envie furieuse de frapper quelque chose. Là, tout de suite. Silencieuse, la gorge trop serrée pour parler, elle prit deux ou trois minutes pour tenter de se calmer un peu et respirer profondément. Elle finit par lâcher un rire cynique, amer et très blasé, en se frottant le visage des deux mains, longuement. C’était… Ah bon sang… Au moins, ça avait le mérite d’expliquer certaines choses, concernant cette traîtresse de Brianna.

« Sa mère, » grinça-t-elle des dents avec un nouveau soupir. « Sa traînée de mère… Avec son traître de père… Kreia se nommait Arren Kae, autrefois, vous le saviez ? Elle a été expulsée de l’Ordre, pour avoir donné naissance à sa bâtarde. Comment ose-t-elle se vanter aujourd’hui d’avoir poignardé l’Ordre dans le dos avec ça. Mais ça explique pourquoi Brianna a trahi. Telle mère, telle fille. »

Un épuisement soudain l’envahissait, en sus de la colère. Ça faisait trop, finalement, beaucoup trop, elle en avait trop entendu, trop appris, trop dû accepter. Beaucoup trop d’horreurs d’un seul coup. Même les failles, son problème principal pourtant, était ravalé au rang de simple anecdote au milieu de tout ça ! Cette dernière révélation l’avait achevée, finalement, elle se sentait très mal et aurait souhaité pouvoir effacer tout d’un bloc sa mémoire. Mais il fallait bien avancer… Elle n’avait aucune envie de retourner vers l’Ordre, aucune envie de rencontrer tous ces gens, encore moins envie de revoir Brianna, Meetra ou Kreia, mais en même temps, il le fallait bien, où aller sinon ? Se détourner de leur combat éternel contre les Sith serait minable.

« Bien… Il faut tout de même regagner le Temple, dorénavant… Malgré les parasites pouvant se trouver dedans. Je vous suis. »

Digérer et accepter tout cela risquait de prendre un moment. Elle n’avait pas non plus la moindre idée de quelle sera sa réaction lorsqu’elle se retrouva face à certaines personnes. Mais soit, peu importe, elle verra bien sur le moment.

Vous laissez derrière vous la vente aux enchères, votre cible initiale et vos espoirs d’obtenir des alliés extérieurs durant cette vente. Mais vous repartez avec une alliée interne, cette fois-ci. Si le gouverneur vous a gardé comme le souvenir d’un homme un peu agaçant voulant lui voler des partenaires commerciaux sous son nez, il est néanmoins ravi de ne plus vous apercevoir dans le secteur. Votre passage n’aura pas causé de remous, ni contre vous, ni contre l’Ordre.


Résultats de fin de mission : Vous n’avez rien gagné et rien perdu, au cours de cette affaire, perturbée par un événement inattendu. Votre nom et votre visage restent toujours libres de l’emprise d’un avis de recherche.