Trouver un individu précis dans la Force n’était pas un travail facile. Il était d’autant plus compliqué lorsque le périmètre de recherche impliquait un espace aussi vaste que la galaxie elle-même. Beaucoup décrirait cette entreprise comme tout bonnement impossible. D’une certaine manière, ils étaient dans le vrai. Visas ne connaissait personne d’autre capable de se plonger dans la Force comme elle le faisait ; comme elle l’avait fait par le passé pour rechercher l’Exilée. C’était peut-être dû à la symbiose que possèdent les miralukas avec la Force, mais elle n’avait jamais constaté ce don chez l’un des siens. Cela lui demandait une intense et pleine concentration, mais il lui était possible de remonter la toile immense et brillante de la Force, tissée à travers la galaxie, unissant chaque être vivant, et où chaque nœud brillant plus intensément que les autres représentait un individu sensible à la Force. Une profonde méditation, longue et continue, qui ne lui permettait pas de mettre un nom sur chacun d’entre eux. Il y en avait tant que c’était impossible. Cela nécessiterait de propager son propre esprit vers ces individus le long de ces liens de vie, chose dont elle n’était pas capable, et qu’elle ne souhaitait pas particulièrement. Elle n’avait de toute façon pas le temps. Elle voulait en finir rapidement.

Naviguer dans la Force sans but, et sans artifice, ne servait donc à rien. C’était là le meilleur moyen de s’y perdre, et de succomber à la folie. Il fallait restreindre sa zone de recherche, une chose plutôt simple vu l’identité de sa cible ; et son pedigree. Banni par l’intégralité des forces vives de cette galaxie, disparu depuis une longue période, le chercher dans l’espace connu de la majorité n’était pas la priorité. Il y avait bien des planètes désertes ou désolées ou se cacher, mais qui aurait prit le risque de l’enfermer là où l’on pourrait facilement le trouver ? L’Espace Sauvage et les Régions Inconnues représentaient un terrain de jeu bien plus intéressant et discret. Vitiate lui-même en avait fait le choix.

La recherche restait ardue même avec cette restriction géographique, difficile à concevoir aisément à travers la Force. C’était l’habitude d’en naviguer le long, et la particularité de sa cible, qui allait lui permettre de retrouver celui qu’elle recherchait. Il y avait certes moins de sensitifs dans ces régions de l’espace, mais il y avait encore moins de candidats ayant aussi peu de scrupules que Plagueis. Une telle aura se détachait facilement des autres, d’autant plus lorsque l’on ne cherchait pas vraiment à la cacher. Le plus compliqué, finalement, était de faire avec les manifestations étranges de la Force dans ces régions ; abominations dont les implications dans la toile de vie étaient imprévisibles et terrifiantes.

Le tout cependant, était d’aller assez vite pour le retrouver. C’était important.

Aussi, après un certain temps, et de longues journées passées à méditer profondément dans la Force l’esprit ouvert, la miraluka avait finit par jeter son dévolu sur un candidat prometteur. Le seul, à vrai dire, qui correspondait à son mandat de recherche. Le plus long, finalement, fut de trouver le meilleur chemin pour naviguer en toute sécurité sans se faire pulvériser par les manifestations physiques des abominations psychiques qu’elle avait évité au cours de sa recherche. Pas vraiment une excellente pilote, chose qui l’aurait probablement mené à sa perte, c’était sa capacité à vivre au quotidien à travers la Force qui lui permit, avec prudence, de trouver son chemin à travers la nasse jusqu’à un petit système, quelque part dans les Régions Inconnues. Elle serait incapable de la positionner avec précision sur une carte galactique, mais ce n’était pas sa priorité. Ça n’avait même aucune importance.

Il était plus urgent d’en finir avec cette affaire, pour qu’elle puisse finalement travailler à trouver l’origine des failles, et le moyen, peut-être, de les résorber. Si ramener ce Plagueis à Vitiate était le prix à payer, elle n’en avait finalement pas grand-chose à faire. Il y avait bien une part d’elle-même qui trouvait toujours cela dangereux, mais la voix en question n’avait définitivement plus assez de force pour se hisser hors des méandres de son esprit.

Elle avait donc posé son vaisseau au fond d’un vallon, non loin de sa cible, mais suffisamment éloigné pour qu’il soit en sécurité. Une petite navette, juste de quoi lui permettre de voyager et de méditer. Elle n’avait pas besoin de plus. Puis, elle avait marché, en orientant son attention vers cet homme, sans chercher à se cacher. Ce ne serait pas donner une bonne première impression si elle venait drapée dans la Force, pour venir surprendre un être qu’elle était sensée ramener pacifiquement à son associé. En se posant néanmoins, sa conviction s’était renforcée. Cet homme, qui ne se cachait même pas, était bien celui qu’elle recherchait. Même si quelque chose la titillait. Comme si, finalement, l’esprit et le corps ne faisaient pas vraiment un.

En grimpant plus loin la petite colline, la silhouette d’un vaisseau commença à se dévoiler au milieu de la campagne. Puis une petite installation, posée en plein air, non loin. Et, finalement, la silhouette dont suintait cette aura déplaisante qu’elle traquait depuis des jours, ou même des semaines. Une petite brise balayait la colline, ramenant vers la miraluka une odeur nauséabonde qui lui piqua le nez, à défaut de seulement lui retourner l’estomac. Celle d’un cadavre ouvert, dont l’intégralité des fluides semblaient s’épandre dans l’air, et dont le corps en question était allongé sur une table derrière l’homme, qui semblait travailler sur lui. Visas s’était arrêté, pour chasser un haut le cœur, avant de s’approcher à nouveau, doucement, écartant les bras en voyant l’être se retourner vers elle. Incapable de vraiment voir son grand sourire aussi malsain que courtois.

« Darth Plagueis ? » lança-t-elle, avant de tourner le visage légèrement de côté, le temps de renifler, pour tenter de chasser cette odeur puante loin de ses narines. « Je me nomme Visas Marr. C’est un ami à vous qui m’envoie. »

Elle marqua une petite pause, portant malgré elle son attention sur le cadavre, puis sur ce que tenait le sith dans ses mains. Elle ne le voyait pas comme les autres, mais elle n’était pas aveugle pour autant.

« Darth Vitiate vous salue, bien qu’il n’ait pas pu faire le déplacement lui-même. » précisa-t-elle, poussée avec une certaine assurance, en rabaissant doucement les bras. « C’est que vous n’êtes pas un homme facile à trouver. »

Il ne connaissait pas encore le nom de cette espèce, n’ayant fait qu’influencer l’esprit de sa victime pour qu’il fasse des recherches dessus, le temps que Plagueis s’occupe de la dissection. Pour une fois, c’était d’ailleurs très agréable, il avait installé un mini-laboratoire en plein air. La vallée était douce et belle, bercée d’un vent très léger, alors qu’ils étaient entourés d’arbres, de rochers anguleux, d’une très haute montagne. Un endroit beau et agréable, bien loin des laboratoires dont il avait déjà l’habitude. Le cobaye de espèce qu’il découpait était sans doute un mâle, étant donné sa taille plus haute que celle de ses congénères et l’agressivité dont il avait fait preuve, avant sa capture. Assez trapu, il n’avait pas vraiment deux bras mais des sortes d’appendices épaisses, avec de grosses pinces au bout. Sa peau était très dure, assez dure pour qu’il ait eu besoin de matériel plus efficace pour la couper. Quatre grosses pattes, comme une araignée, lui servaient de jambes. Une espèce très agile, d’ailleurs.

Même si l’étudier n’avait pas un grand intérêt pour ses recherches actuelles, comment résister au plaisir de la découverte ? Tout en sifflotant gaiement, il prélevait les différents liquides et fluides du cadavre, pour ensuite les mettre en conserve, avec soin. C’est à ce travail qu’il était tout occupé lorsqu’il sentit une présence se rapprocher. Une sensitive, curieusement. Et encore plus curieux, qui n’exultait pas d’intentions très agressives, selon ce que soufflait faiblement la Force. Quoi qu’il ne pouvait être sûre, sachant que cette dernière était devenue bien peu coopérative avec lui, depuis les quelques menues expériences faites dessus, dès son retour dans ce temps. Il poursuivit son travail le temps que la présence se rapproche, car après tout, il ne voudrait tout de même pas gâcher ce qu’il était en train de faire ! Lorsqu’on disposait d’un corps, il fallait en prendre soin, en retirer tout le nécessaire, avant de le jeter aux ordures.

Une fois son visiteur enfin plus proche, il se retourna pour s’y intéresser. Une femme, donc, avec le visage couvert d’un voile. Qui n’avait même pas dégainé son arme, voilà qui était curieux. Il lui adressa un sourire se voulant poli, enfin, autant poli qu’il était capable de le faire. Certaines mauvaises langues insinuaient qu’il était incapable de sourire à une personne sans lui faire croire au passage qu’il rêvait de l’éviscérer. C’était, bien sûr, totalement faux, il lui arrivait de vouloir se montrer tout simplement courtois. Ce n’était guère de sa faute si, instantanément, les gens lui prêtaient des intentions malsaines. En tout cas, s’il s’attendait à recevoir de la visite, un jour ou l’autre, il ne s’était pas attendu à ce que ça soit une personne seule. Plutôt tout un groupe de personnes enragées, le traitant de monstre. Ou peut-être un Sith, aussi, si son cher ancien apprenti se décidait un jour. Cette femme-là avait beau avoir une aura intéressante, elle n’était pourtant pas dans une posture de combat.

Darth Plagueis ? Je me nomme Visas Marr. C’est un ami à vous qui m’envoie.

Tiens donc, c’était amusant, ça. Il sourit d’autant plus et referma dans le même temps, avec un grand soin, le bécher contenant les fluides intestinaux de sa proie. Jamais entendu parler de cette gamine, malgré ses nombreux voyages et ceux qu’il avait rencontré. Soit elle n’était pas dans cette époque depuis bien longtemps, soit elle était parvenue à demeurer discrète.

Darth Vitiate vous salue, bien qu’il n’ait pas pu faire le déplacement lui-même. C’est que vous n’êtes pas un homme facile à trouver.

Il y a pourtant bien des personnes occupées à me chercher, répondit-il avec un certain amusement.

Depuis le temps, ses anciens geôliers et leurs alliés déserteurs avaient dû entamer des recherches, comprendre qu’il n’était pas tout simplement mort, il y avait de grandes chances là-dessus. Il y avait aussi la possibilité que son ancien apprenti ait ressenti l’entourloupe, étant donné que Plagueis n’avait pas pris la peine de se dissimuler, lors de son transfert d’esprit. Pourquoi l’aurait-il fait ? Si son ancien élève était agacé par sa présence, qu’il vienne le chercher lui-même.

Nouvelle recrue de ce vieil ami, donc ? Je vois qu’il poursuit ses affaires. Que me veut-il, je suppose que vous êtes porteuse d’un message ? Nous pouvons en discuter assez tranquillement, le temps que je termine mon travail sur ce cobaye. Désirez-vous du thé ?

« Il y a pourtant bien des personnes occupées à me chercher. »

En considérant ce qu’il avait provoqué, et le nombre de victimes qui portaient sa signature, il fallait s’y attendre. Cela semblait visiblement amuser le scientifique fou, comme le soulignait la pointe d’amusement dans sa voix. Cela devait sonner comme un compliment, le fait que malgré son manque de discrétion, personne ne semblait parvenir à le retrouver. A part elle, bien sûr. Mais ses méthodes étaient bien différentes, cela ne comptait pas vraiment. Quoi qu’un sith de l’acabit de l’Empereur devait sans doute être capable de retrouver celui qui avait autrefois été son maitre. Peut-être s’en désintéressait-il tout simplement. Ce ne serait pas très malin, mais dans l’histoire les siths ne transcendaient que rarement pour leur intelligence… Dans le cas de son interlocuteur, elle ne saurait dire s’il restait une part de génie au milieu de sa folie. Elle ne pouvait pas voir son grand sourire, mais elle pouvait aisément ressentir et renifler la puanteur du plaisir qu’il avait prit à vider le cobaye allongé sur la table derrière lui.

Il n’y avait pas que cela qui suintait la putréfaction. C’était toute l’aura du sith qui empestait d’une odeur nauséabonde. Dans ces conditions, il était compliqué pour la miraluka de dire si elle y gagnait vraiment au change. Beaucoup pensaient que les membres de son espèce étaient aveugles. La vérité était tout autre. Car non seulement voyait-elle, d’une certaine façon, parfaitement ce qui se trouvait autour d’elle ; mais aussi distinguait-elle tout ce que les autres ne pouvaient observer. Les auras, les sensations, les impressions. Et Plagueis, en cet instant, ne se montrait clairement pas sous son meilleur jour. Il faut dire que le cadavre éviscéré non loin y était sans doute pour beaucoup…

« Nouvelle recrue de ce vieil ami, donc ? Je vois qu’il poursuit ses affaires. »

« Associée », corrigea-t-elle instantanément en le regardant se reculer pour se retourner vers son office.

Elle n’était pas une recrue de Vitiate, mais bien son associée dans une entreprise plus grande. Elle n’était pas un de ces vulgaires pantins asservis, à l’esprit réduit à néant et prêts à tout pour obéir à un maitre. Non, c’était bien tout le contraire. C’était même le cœur de l’accord passé avec l’ancien Empereur Eternel… Il était hors de question qu’elle se soumette encore à qui que ce soit. C’est donc à peine si elle releva le sous-entendu qui suivit la question, ce dernier lui glissant d’une oreille à l’autre sans éveiller le moindre intérêt dans son esprit.

« Que me veut-il, je suppose que vous êtes porteuse d’un message ? Nous pouvons en discuter assez tranquillement, le temps que je termine mon travail sur ce cobaye. Désirez-vous du thé ? »

« Une invitation en réalité, plutôt qu’un message », commença-t-elle, avant de se rapprocher de quelques pas, constatant que le scientifique fou avait déjà commencé à toucher à certains de ses outils de travail, posé sur un des recoins de la paillasse de fortune. « Il souhaite vous rencontrer à nouveau, il y tient beaucoup. C’est pourquoi il vous invite à le rejoindre. »

Elle s’interrompit lorsque le sith se mit soudainement à lui proposer du thé, se rappelant presque instantanément la mise en garde de Vitiate à ce sujet. Elle n’avait pas besoin de cela néanmoins pour refuser une pareille offre venant du fou qui avait réduit à néant une partie de la galaxie à l’aide d’un simple microbe… Qui oserait accepter quoique ce soit venant de cet homme, de toute façon ?

« Ca ira pour le thé, non merci… » répondit-elle donc, en accentuant la négation d’un mouvement de main, avant de s’approcher un peu plus de la table de travail, le tout en retenant au mieux sa respiration. Ce qu’il pouvait faire là n’était pas le plus important. Elle avait d’autres choses à faire, à commencer par ramener au plus vite le sith fou à Vitiate, histoire de pouvoir réellement commencer le véritable travail. « Je disais donc, qu’en échange de votre venue, il serait prêt à exaucer un ancien vœux que vous possédiez au cours de votre première vie. Ne me demandez pas lequel, je l’ignore, mais j’imagine que vous devez forcément savoir à quoi il fait référence. Dans tous les cas, il vous en donne sa parole. »

Vitiate lui avait certifié qu’il saurait de quoi il voulait parler. Plagueis n’était pas un imbécile, et devrait donc sans doute forcément savoir de quoi il en retournait. Ils en avaient probablement longuement discuté, à un moment ou à un autre… Impossible d’en être certaine, cependant. Il faudrait peut-être trouver autre chose… A cette pensée son attention retomba sur le cadavre éviscéré, en faisant le tour pour se retrouver de l’autre-côté, face au fou. Posant sa dextre gantée sur le rebord de la paillasse, tournant la tête un bref instant à l’opposée pour renifler et inspirer loin des odeurs, à l’opposée de l’air porté brise, elle finit par demander :

« Quel intérêt y-a-t-il a vider cette chose de la sorte ? »

Ce cadavre n’était peut-être qu’une distraction, elle restait peut-être utile…

Les gens étaient tous malpolis, ils refusaient sans cesse de partager un moment parfaitement cordial en sa compagnie. Même lorsqu’il ne mettait pourtant rien dans la tasse. En tout cas, pas pour empoisonner, il aimait malgré tout agrémenter ses boissons de petits renforts très personnels. Bref, donc Vitiate souhaitait l’inviter à venir le rencontrer une nouvelle fois. Que souhaitait donc ce charmant vieux serpent ? Voilà bien longtemps qu’ils ne s’étaient plus revus. A vrai dire, de longs mois. Leur dernière rencontre datait de peu de temps avant le lancement de son œuvre, alors qu’il était à peine parvenu sur Lysatra et que son estimé confrère, de son côté, s’apprêtait à partir pour d’autres affaires vers les Régions Inconnues. Ils s’étaient entretenus dans le plus plus grand secret, longuement, avant de se quitter cordialement. Tous deux avaient alors fort à faire. Un homme agréable, quoi que trop sérieux à son goût.

Je disais donc, qu’en échange de votre venue, il serait prêt à exaucer un ancien vœux que vous possédiez au cours de votre première vie. Ne me demandez pas lequel, je l’ignore, mais j’imagine que vous devez forcément savoir à quoi il fait référence. Dans tous les cas, il vous en donne sa parole.

Tiens donc… Un fin sourire étira ses lèvres, alors qu’il étiquetait la fiole maintenant scellée. Aaah, le vieil empereur savait comment parler à son cœur, il avait parfaitement compris ce que Plagueis désirait le plus. Un vœux certes bien long à réaliser mais le vieux serpent était certainement le plus à même de le faire, aujourd’hui. Sa curiosité s’éveillait peu à peu. Bien qu’il sache qu’il allait très probablement être évincé ou autre d’ici peu de temps, cela ne signifiait pas pour autant qu’il ne pouvait pas laisser un dernier cadeau à l’univers. Du moins, à son vieil ami, qui saura en tirer profit pour animer cette charmante galaxie. Puisqu’on ne pouvait définitivement pas compter sur Palpatine pour le faire… Son ancien élève aimait bien trop l’ordre, c’était décevant, il avait décidé de créer un Empire plutôt que profiter du chaos amené pour rétablir une véritable force brutale et puissante. Tsss…

Quel intérêt y-a-t-il a vider cette chose de la sorte ?

Quelle question… N’avez-vous jamais entendue parler de cette très vieille règle héritée de la République et suivie si longtemps par l’Empire ? Toute nouvelle espèce découverte doit être étudiée, afin d’ensuite la classifier dans les archives. Le plaisir de la recherche et de la découverte n’est hélas pas assez répandu. Même la plus infime des découvertes peut vous fournir des idées pour de nouveaux et vastes projets.

Hélas, peu de Siths osaient désormais se lancer dans des projets de grande ampleur… Voire pire, étaient eux aussi horrifiés si deux ou trois planètes étaient dévastées au passage. De la part d’adeptes du côté obscur, il trouvait ça aberrant, comment des personnes formées et préparées pouvaient-elles avoir des scrupules ?? Heureusement qu’il restait des personnes comme Vitiate, ne s’encombrant pas de telles hésitations sans fondement. Par ailleurs, même si elle ne conduisait finalement pas vers le vieux serpent mais vers d’autres, ça pourra rester assez amusant… Histoire de leur offrir à eux aussi un dernier cadeau…

Je serai ravi de venir avec vous dès lors que mon travail sur ce sujet sera achevé. Ce serait dommage de gâcher, n’est-ce pas ? Il y a un autre invité, d’ailleurs, j’ai asservi il y a quelques temps l’esprit d’une petite victime, qu’elle pilote et s’occupe de tout le temps que je travaille, durant mes trajets. En attendant, mettez-vous donc à l’aise. D’ailleurs, comment en êtes-vous arrivée à devenir l’associée de ce cher serpent ?

Une « association » dont il doutait, bien évidemment. Vitiate ne s’associait réellement qu’avec les personnes suffisamment folles pour le suivre de bon gré ou encore tant manipulées qu’elles ne voyaient plus était le mal. Les autres étaient au mieux des pions manipulables dont il usait comme un rien, au pire des pions asservis mentalement. Il sentait le dégoût de cette femme pour son travail et avait donc du mal à la classer dans la catégorie des gens raisonnablement atteints.

« Quelle question… N’avez-vous jamais entendu parler de cette très vieille règle héritée de la République et suivie si longtemps par l’Empire ? Toute nouvelle espèce découverte doit être étudiée, afin d’ensuite la classifier dans les archives. Le plaisir de la recherche et de la découverte n’est hélas pas assez répandu. Même la plus infime des découvertes peut vous fournir des idées pour de nouveaux et vastes projets. »

La miraluka fronça le nez brièvement, guère certaine que la République sous-entendait le découpage et le dépeçage systématiques des dîtes espèces, en poursuivant le développement de la connaissance scientifique. Pour l’Empire, il avait moins de scrupules, il était vrai. Elle n’était pour sa part que très peu versée dans ce domaine d’études. L’idée de plonger ses mains dans les fluides et les organes d’un cadavre ne l’enthousiasmait pas vraiment, elle devait bien l’admettre. Sans doute à cause de son aversion pour les contacts physiques, par ailleurs. En somme, sa question ne sous-entendait rien d’autre que de la curiosité, pour montrer qu’elle s’intéressait tout de même à ce qu’il faisait, et qu’elle n'était pas venu, finalement, que pour lui servir de guide. Ce qui était foncièrement faux. Elle était totalement venu pour le guider vers Vitiate et rien d’autres, histoire qu’ensemble ils puissent se mettre au travail pour comprendre un peu mieux ces failles et trouver un moyen d’interférer avec elles. Ce qu’il faisait ici ne l’intéressait que très peu, mais il n’était tout simplement pas courtois de l’annoncer haut et fort, qui plus est à un sith. Cela n’empêchait pas, maintenant qu’elle était là, d’essayer d’en savoir plus sur les activités de Plagueis. Ce genre d’informations, finalement, pouvait valoir un certain prix.

« Je peux comprendre cette vision des choses. Vous n’êtes pas le premier, et vous ne serez pas le dernier à faire cela. C’est dans la nature des choses, j’en suis convaincue. »

Il n’était pas le premier sith à jouer avec le vivant. Leur histoire était pleine de cas similaires. C’était, comme elle le disait, dans leur nature. De chercher une forme de chaos, sous toutes ses formes. Elle avait elle-même fait sa part, dans son temps, à sa manière. Loin des expériences biologiques, qu’elle trouvait bien trop hasardeuses. Elle préférait agir dans le périmètre de la Force, dans laquelle elle naviguait en permanence.

« Je serai ravi de venir avec vous dès lors que mon travail sur ce sujet sera achevé. Ce serait dommage de gâcher, n’est-ce pas ? » Elle eut un bref rictus, en jetant vaguement son attention vers le corps sans vie allongé devant elle. Ainsi le scientifique fou pouvait aussi se laisser aller à la plaisanterie, du moins le voyait elle ainsi. Ce n’était pas comme si le cadavre allait s’envoler. Et maintenant qu’elle avait eu son accord, elle n’était plus aussi pressée qu’avant. Elle pouvait bien offrir ce plaisir à Plagueis. « Il y a un autre invité, d’ailleurs, j’ai asservi il y a quelques temps l’esprit d’une petite victime, qu’elle pilote et s’occupe de tout le temps que je travaille, durant mes trajets. En attendant, mettez-vous donc à l’aise. »

« Si vous vous portez garant de son asservissement, je ne pense pas que cela pose un problème. »

Contrôler les esprits, voilà un sujet qu’elle maitrisait déjà mieux. Elle ne voyait pas de problèmes à avoir cet individu les accompagner du moment qu’il restait à bord du vaisseau une fois arrivé à destination. Au pire, il suffirait de prendre les mesures qui s’imposent à leur arrivée, bien qu’elle doutât franchement que cela soit nécessaire. Tout comme elle ne voyait pas de problèmes à laisser là le vaisseau qu’elle avait prit pour repartir à bord de celui du sith. Elle n’avait gardé aucune trace de son voyage à bord, et purger l’ordinateur. Dans ces régions, il n’était très utile de toute façon.

« D’ailleurs, comment en êtes-vous arrivée à devenir l’associée de ce cher serpent ? »

Ah, voilà, on y venait. Visas s’était demandé quand ça allait tomber, vu comme il l’avait si vite catégorisé comme une simple exécutante. Il était normal, aussi, qu’il cherche lui aussi à savoir ce qu’elle pouvait bien avoir à tirer d’une telle association.

« Un concours de circonstances, pour être honnête. » Croisant les bras sous sa poitrine, la miraluka se décala un peu pour laisser le champ libre au sith autour de la table. Non sans cesser d’observer, à travers la Force, ce qu’il pouvait bien faire de plus sur le sujet allongé dessus. « Certains de ses exécutants ont trouvé judicieux de détourner le vaisseau dans lequel je voyageais. Après avoir réglé ce point de détail, nous avons conclu un accord. En échange de mon aide sur certains sujets, Vitiate m’a fait une promesse. Comme à vous, en fin de compte. Tout simplement. »

Elle n’allait pas dire laquelle, après tout, elle ne lui avait pas demandé ce que Vitiate pouvait bien lui proposer pour être parfaitement convaincu qu’il accepterait, lui aussi. Cela dit, son attention se détourna du cadavre et du travail du sith pendant un instant, pour venir étudier leurs environs en sondant la Force. A la recherche de l’individu dont il avait parlé plus tôt, d’abord, puis pour s’assurer une fois de plus qu’il n’y avait aucun indésirable dans les environs. Par ailleurs, elle ne savait pas pour combien de temps Plagueis en avait encore avec sa dissection. Elle doutait cependant qu’il accepte de bâcler son travail. Il y était bien trop attaché, cela se voyait aisément.

Peut-être finalement pouvait-elle profiter de ce temps d’attente pour en apprendre plus sur lui. Ou plutôt, sur la manière dont il avait quitté son ancien corps pour venir posséder celui-là. Elle avait eu des doutes en approchant. C’était désormais évident.

« Puis-je en attendant vous demander depuis combien de temps vous occupez ce corps ? J’imagine que cela à quelque chose à voir avec votre disparition, suite à… » Elle marqua un temps d’arrêt, très bref. Devait-elle dire « son œuvre » ? Pour sûr que cela l’exciterait…«… Suite à votre Pandémie ?»

Un concours de circonstances, pour être honnête. Certains de ses exécutants ont trouvé judicieux de détourner le vaisseau dans lequel je voyageais. Après avoir réglé ce point de détail, nous avons conclu un accord. En échange de mon aide sur certains sujets, Vitiate m’a fait une promesse. Comme à vous, en fin de compte. Tout simplement.

Charmant, le serpent poursuivait donc ses recrutements, encore aujourd’hui. Plagueis aurait cru qu’il aurait stoppé il y a un moment, afin de se focaliser sur ses autres projets… Mais il savait aussi son cher ami on ne pet plus patient et pouvant poursuivre cette première étape le temps qu’il fallait. Plagueis étiqueta ses différentes fioles avec soin avant de les entreposer, délicatement, puis reprit son travail sur le corps. A présent qu’il possédait les fluides corporels et des échantillons de tissus, de muscles, d’os et autres, il avait besoin de prélever et conserver les organes vitaux. S’attaquant avant tout aux poumons du spécimen, souvent l’organe le plus fragile, chez de bien nombreuses espèces. Chez ce sujet, ils avaient une forme on ne peut plus curieuse. Il prépara de quoi les extraire puis les conserver, avant de débuter la découpe. Tout cela était plus rapide lorsqu’il était inutile de se soucier de la vie du sujet ou encore de conserver le corps en bon état.

Puis-je en attendant vous demander depuis combien de temps vous occupez ce corps ? J’imagine que cela à quelque chose à voir avec votre disparition, suite à… Suite à votre Pandémie ?

Les corps ne sont qu’une simple passade, jeune fille. De simples costumes changeables à l’infini. Celui-ci est passable, bien que les corps humanoïdes et affilés sont souvent de piètre qualité. Toutefois, ils puissent offrir de bonnes opportunités de recherche. J’ai surtout utilisé des humanoïdes, lors du travail sur la pandémie. Il est dommage que sa version finale n’ait guère eut le temps d’être achevée, cela aurait été bien plus amusant. Seul mon petit Vanto y a eu droit, hélas…

Tristesse et désolation… Si seulement il avait plus de temps pour répandre cette version évoluée de sa maladie… Hélas, il avait été arrêté avant de pouvoir la prodiguer, seule la version bêta du virus avait pu se répandre. Un léger soupir de tristesse lui échappa, tandis qu’il poursuivait activement son prélèvement d’organes. C’était vraiment dommage, car à cause de ça, la galaxie n’avait même pas pu profiter pleinement de son cadeau, les pauvres avaient dû se contenter d’un virus encore faible, dont on pouvait réchapper. Après un alitement plus ou moins long. Plus triste encore, le virus n’avait pu toucher pleinement Coruscant et les autres Mondes du Noyau ! Ses cibles principales y avaient donc réchappé. Il était désolant de ne pas avoir pu lancer la pandémie au beau milieu de la planète la plus peuplée de la galaxie, possédant en sus un tel trafic spatial…

Je pense avoir terminé d’ici deux heures, environ, puis nous pourrons partir. Prenez vos aises, il y a aussi des vivres non modifiées, pour mon pilote, je le garde en vie tant qu’il me sert. Inutile de lui adresser la parole, il ne parle plus.

Car il lui avait coupé la langue afin d’en étudier les propriétés olfactives. Et gentiment, en plus, avec une anesthésie générale au préalable et avec soins ensuite pour qu’il s’en remette ! Car il ne souhaitait pas encore le tuer, il avait généreusement pris grand soin de lui. De toute manière, même avec sa langue, il était trop abattu psychologiquement pour adresser la parole à qui que ce soit. La petite pouvait s’amuser un peu sur la planète le temps qu’il en finisse.