Première audience du matin, salle numéro 3
Le brouhaha de la salle ne cessa que lorsque le juge Vanto frappa du marteau contre son pupitre, pour réclamer le silence. Le geste réveilla en sursaut l’avocat général maître Palpatine, qui se redressa d’un bond et rajusta sa tenue. L’avocat de la défense, maître Rand, termina son café rapidement puis lança la tasse dans la poubelle recyclable, à quatre mètre de lui, par-dessus la tête des spectateurs présents à l’audience.
Juge Vanto – Monsieur Vitiate, vous êtes accusé de destructions de mondes, de possessions mentales non autorisées, de détournement de mineurs par ascendant, de destructions volontaires, de complots, de tortures, de manipulation mentale. Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
Lord Vitiate – Vous avez oublié de dire que j’ai aussi poussé un de mes enfants à la folie, jusqu’à ce qu’il craque et tue son frère par accident, je me sens quelque peu vexé.
Maître Rand – C’est-à-dire que vous n’allez pas trop aider, là.
Maître Palpatine – L‘accusé a reconnu sa culpabilité, je recommande donc la prison à vie.
Juge Vanto – Silence ! Maître Palpatine, ne soyez pas si hâtif, le procès ne débute qu’à peine.
Maître Palpatine – Rooooh…
Maître Rand – Mon client souhaite, pour commencer, exprimer ses plus profonds regrets en ce qui concerne tous ces malheureux événements.
Lord Vitiate – Ah bon ?
Maître Rand, en sueur – Et donc, nous demandons à ce tribunal de tenir également compte des circonstances malheureuses ayant conduit mon client à devenir un tel homme ! Ce pauvre homme a découvert si jeune que son père n’était pas son père, cela l’a traumatisé terriblement.
Maître Palpatine – Ouais, enfin, d’habitude, les enfants qui découvrent ça ne deviennent pas des meurtriers psychopathes qui vont torturer leur mère, ils se contentent de chialer.
Maître Rand – Vous ne pouvez pas reprocher à mon client d’avoir une façon très particulière d’exprimer sa douleur.
Lord Vitiate – J’avais de la douleur ?
Maître Rand – La feeeerme… Hum, pardon, je disais donc, mon client regrette, très, très fort, vraiment très fort, et votre devoir moral vous incombe de prendre en compte les terribles traumatismes de sa jeunesse.
Maître Palpatine – Bien que je reconnaisse un talent certain pour avoir mis à genoux une planète, à cet âge, les valeurs morales de ce tribunal indiquent tout de même que ce n’est pas super moral, de massacrer sa famille à cet âge.
Lord Vitiate – Peut-être aurais-je dû attendre d’être adolescent ou jeune adulte, comme lorsque vous avez-vous-même massacré la vôtre à cet âge ?
Maître Palpatine – Jeeee…. Heu… Eh eh ! Bref ! Toujours est-il que ça ne se fait pas, lorsqu’on a moins de dix ans !
Juge Vanto – Maître Palpatine, ça ne se fait pas tout court, quel que soit l’âge !
Maître Palpatine et Lord Vitiate, en chœur – Ah bon ?
Juge Vanto – Maître Rand, que faites-vous, au juste ?
L’avocat de la défense laisse retomber innocemment la lourde chaise dont il venait de se saisir et émit un petit rire nerveux, avant de se racler la gorge.
Maître Rand – Monsieur le Juge, mon client est tant bouleversé et pris de remords, par toute cette histoire, qu’il ne sait plus ce qu’il dit. Il souffre d’un très grand choc émotionnel.
Lord Vitiate, occupé à sa couper les ongles – C’est ça, un très grand choc émotionnel. Je commence à avoir faim, en plus.
Maître Rand – Faim… ? Non mais vous croyez que c’est le moment, là ??
Son client lui répondit par un large sourire innocent. Il y eut un grand moment de silence, dans la salle, puis tout à coup, une certaine agitation. Depuis l’extérieur, les passants entendirent tout à coup une vague de grands cris puis plus rien. Le silence retomba lourdement, complètement, avant que Lord Vitiate ne ressorte seul de la salle et ferme avec soin derrière lui. Il réajusta tranquillement sa cravate puis repartir en sifflotant, pour quitter le tribunal.
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Seconde audience du matin, salle numéro 1
Le Juge Fel sourcilla légèrement en entendant des cris, au loin, mais n’y prêta pas une très grande attention, bien trop occupé par son propre travail. Malak, l’avocat général, portait un regard las sur les dossiers devant lui en se demandant pourquoi il avait fait ça de sa vie. Deux mètres plus loin, Arès, l’avocat de la défense, commençait lui aussi à se demander ce qu’il pouvait bien faire ici, regrettant très fort de s’être lancé dans ce métier.
Juge Fel, en soupirant – Très bien. Donc… Monsieur Plagueis.
Darth Plagueis, somnolant – Mmh ?
Juge Fel – Vous avez déclenché une pandémie galactique.
Darth Plagueis – Oui et alors ?
Juge Fel – Maître Fird, qu’avez-vous à dire, pour la défense de votre client ?
Maître Fird – Moi ? Pourquoi moi ??
Juge Fel – Vous êtes son avocat.
Maître Fird – Commis d’office ! Je ne voulais pas, moi ! C’est le patron de mon cabinet qui m’a menacé de me virer si je ne le faisais pas !
Le Juge soupira très fort, alors que l’avocat général envoyait à son collègue un sourire de compassion.
Juge Fel – Soit, donc, monsieur Plagueis, avez-vous quelque chose à déclarer ?
Darth Plagueis – C’était une grande œuvre, pour moi, j’en suis très fier ! J’ai longuement travaillé dessus, vous savez ? Durant bien des mois, avec de nombreuses expériences et tant de voyages ! Je n’avais pas toujours des cobayes de première fraîcheur, mais que voulez-vous, ce sont les affres du métier. Lorsque j’ai lancé mon petit virus, j’espérais qu’il puisse voyager plus rapidement que cela, c’était dommage. Néanmoins, le résultat a su marquer les esprits. Je suis heureux d’avoir pu offrir une telle distraction à cette galaxie !
Un très grand silence consterné tomba sur l’ensemble de la salle. Le juge émit un soupir blasé. L’avocat de la défense, plus dépité encore que les autres, marmonnait qu’il ne pouvait pas faire de miracles non plus. L’avocat général se racla légèrement la gorge, avant de se redresser.
Maître Malak – Il est déjà arrivé que des seigneurs Sith, poussés par une terrible passion, comment un ou deux génocides, sur des petites planètes ici et là. Néanmoins, nous parlons là d’un drame plus grand encore, cela mérite de s’interroger.
Maître Fird – Oui, oui, les génocides, cela peut arriver à tout le monde. Un peu de pression, en sortant du travail et… Enfin, ce que je veux dire, c’est que mon client n’a simplement pas su doser la pression relâchée au moment de créer son virus. Il a tout simplement mal calculé la portée, au lieu de s’en prendre à une seule planète, il s’en est pris à toute la galaxie ! Allons-nous condamner un homme pour une simple erreur de calcul ?
Juge Fel – Oui. Evidemment, oui.
Maître Fird – Allons, monsieur le Juge ! La création de ce virus partait d’une très bonne intention ! La galaxie souffrait d’une guerre terrible et pour rassembler les peuples, mon client a créé une menace commune ! Grâce à lui, la guerre s’est arrêtée et tout le monde s’est uni contre ce virus ! Nous devons célébrer un tel rassemblement, une telle osmose !
Maître Malak – Quel enthousiasme, pour jouer l’avocat du diable.
Maître Fird, marmonnant entre ses dents – Je peux me faire virer, sinon, donc bon…
Maître Malak – Monsieur le Juge, admettons que l’intention soit bonne, nous ne pouvons tout de même pas laisser passer des erreurs de calculs comme celle-ci. Bien des personnes en ont souffert ! Je demande une peine à la hauteur de cet acte. Soit de la…
Il s’interrompit tout à coup car l’accusé s’écroula brutalement de sa chaise, sans prévenir, inconscient. Le médecin se précipita aussitôt sur lui pour le réanimer. Dans le même temps, l’avocat de la défense frémit et se tortilla, alors que ses yeux se couvraient un instant d’une teinte rouge sang. Il gémit faiblement puis se redressa comme si de rien n’était. Un air neutre sur le visage et patientant tranquillement, alors que le corps était évacué de la salle, dans la confusion la plus totale…
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Troisième audience du matin, salle numéro 7
Réservée à la justice à la chaîne, comme on l’appelait, cette petite salle d’audience s’occupait de rendre des sentences rapides et de passer vite d’une affaire à une autre. Le Juge Kenobi en avait déjà vu pas mal, au cours de sa carrière, et pourtant, certaines affaires continuaient à l’étonner.
Juge Kenobi – Bien, suivant, monsieur Bridger. Une plainte a été portée contre vous par monsieur Zenak. Vous avez jeté une bouteille de propane à la tête. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?
Ezra – Je devais l’assommer, pour pouvoir m’infiltrer dans une propriété privée et la saboter.
Juge Kenobi – Pardon ?!
Ezra – Bah oui, on devait récupérer une planète volée !
Juge Kenobi – Vous pouvez me dire comment on peut voler une planète ? Elle ne bouge pas, jusqu’à preuve du contraire.
Ezra – Techniquement, si, elle tourne sur elle-mê…
Un « Boooong » sonore interrompit la conversation, alors que la victime, assise dans la salle et excédée, venait de balancer un extincteur dans la tête d’Ezra. Le juge interrompit la séance, le temps que l’accusé soit évacué vers l’infirmerie et le nouvel agresseur arrêté à son tour. Le temps que le calme revienne, l’accusé suivant venait d’arriver dans la salle d’audience.
Juge Kenobi – Mademoiselle Enola, donc. Vous êtes accusée d’avoir agressé un homme dans un bar car il avait fait tomber une goutte de bière sur vous.
Enola – C’était une très grosse goutte.
Juge Kenobi – La victime n’a pas souhaité porter plainte mais l’établissement veut réparation pour les dommages causés. Soit…
Le juge relit son dossier, soupire très fort puis reprend.
Juge Kenobi – Un barreau de chaise cassé, donc… Le tribunal vous condamne donc à verser dix crédits au bar pour réparation de cette chaise. Très bien, emballé, c’est pesé, suivant ! Qui est le suivant ?
Greffier – L’armée est en train de faire évacuer le tribunal, monsieur ! Il y a eu un meurtre de masse dans la salle 3 !
Juge Kenobi – Quoi, encore ? Heu, je veux dire, c’est terrible !
Avec un énième soupir, il fait évacuer la salle à son tour, marmonnant entre ses dents qu’avec le peu de moyens qu’ils avaient, pas étonnant que ce genre de chose arrive. Ils n’avaient même pas de police pour surveiller les accusés. Il espérait simplement que tout ce bazar cesse avant le déjeuner.