• Lieu : Kaor
• Difficulté : Difficile
• Participants : Visas Marr
• Méthode : Classique

Kaor, cette petite planète du Chaos, ne fait habituellement jamais parler d’elle. C’est un monde peu peuplé, avec quelques communautés d’espèces différentes vivant sans se soucier les unes des autres. Une petite station minable se trouve en orbite, pour ravitailler les voyageurs en carburant. Rien d’autre n’est à signaler. Pourtant, c’est bien ici que vos pas vous ont conduit, après avoir suivi une série d’indices. Selon ce que vous avez découvert et les rumeurs suivies, il se pourrait qu’une de vos anciennes connaissances, de votre peuple, puisse se trouver caché ici.

Vous êtes parvenue dans un petit astroport tout ce qu’il y a de plus classique. Sur ce monde, plus personne n’a connu la guerre depuis bien longtemps et même si toutes les communautés ne s’entendent pas forcément entre elles, toutes peuvent vivre assez éloignées les unes des autres pour que ça ne cause pas de problèmes. Néanmoins, pour vous, cette planète est trouble. La Force y est étrange, presque effacée, comme si elle avait été étouffée par quelque chose ou quelqu’un. En attendant de découvrir ce qui s’y trame, il vous faudra être extrêmement prudente.

Trouver un endroit où se poser sur ce caillou n’avait pas été très difficile. Peu peuplé, il n’attirait pas vraiment les foules. Au milieu du Chaos, sa localisation dans la galaxie n’était pas non plus. Visas n’était d’ordinaire pas une excellente pilote, mais dans une région pareille ses dons dans al Force la plaçait probablement parmi une élite qui devait s’arracher à prix d’or. Hélas, n’étant pas venu se perdre dans ce lieu pour jouer les taxis, elle avait dû faire d’emblée une croix sur cet océan de palpable. Elle n’avait pas mis en pause ses recherches sur l’origine des failles pour si peu. Elle n’avait pas besoin d’argent, surtout lorsqu’il était plus simple de se servir de ce dont elle avait besoin. C’était le cas de sa navette, qu’elle trainait depuis maintenant quelque temps. Non, elle avait simplement besoin de déterminer la véracité d’une rumeur qu’elle entendait depuis un petit moment, au rythme de ses petits sauts de puce de monde en monde, au cœur du Chaos. La miraluka n’y avait pas vraiment prêté d’attention, au début. Des personnes venant soi-disant venu du passé ou du futur n’avait d’ordinaire que peu d’importance pour elle.

Elle espérait, bien sûr, pouvoir assister à un tel évènement en direct, et utiliser son don dans la Force pour tenter de discerner l’indiscernable. Cela restait infiniment probable, mais elle ne perdait pas espoir. C’était plutôt le nom de l’individu possiblement renvoyé dans cette époque qui avait finalement capté son attention, tant elle ne l’avait pas entendu depuis fort longtemps. Depuis la destruction de Katarr, pour être parfaitement exact. S’avninia Naas avait été l’une de ses professeures lorsqu’elle était encore adolescente, et un guide dans son développement personnel. Il y avait une certaine nostalgie à l’idée de pouvoir la rencontrer de nouveau. Et puis, peut-être parviendrait-elle à la convaincre de l’aider dans sa tâche, sans nécessairement lui dire avec qui elle travaillait, et pourquoi. Autrement, elle ne comprendrait sans doute pas. La planète en elle-même était une bonne cachette. Eloignée de tout, elle constituait un refuge potentiel pour elle, et bien d’autres.

Du moins était-ce qu’elle avait pensé avant d’en approcher le sol terreux et boueux, et que la Force s’était soudainement raréfiée autour d’elle, diluant cette toile de vie qu’elle avait l’habitude d’arpenter, flouant les contours et distordant les perspectives. La sensation s’était intensifiée lorsqu’elle avait mis pieds à terre. Elle avait l’impression que sa proche aura venait éblouir ses sens, et sa capacité à ressentir le vivant sur de longues distances s’était atténuée. Elle n’avait pas vu cela depuis longtemps, fort longtemps, bien que la sensation restât bien différente, et étrangement soutenable pour le moment. Après avoir camouflé son arme à l’intérieur des pans de sa longue robe et effectué quelques pas dans cet environnement étrange, ses doutes sur la véracité de cette rumeur s’était proportionnellement intensifié avec sa méfiance. Aucun miraluka ne serait assez fou pour venir chercher refuge ici. Pas dans ces conditions, ou sans moyen d’en faire abstraction.

Il était trop tard, cependant, pour faire machine arrière. Elle pouvait toujours repartir, mais ce serait laisser ce mystère derrière elle. Un mystère qui lui rappelait ce qu’elle avait ressenti sur Katarr, avant que la vie n’y disparaisse d’un seul coup. Cette perspective ne l’inquiétait pas vraiment. Elle y avait survécu une fois, elle y survivrait sans doute une seconde. Par contre, rayer la possibilité que ce soit lui qui soit derrière cela valait sans doute une telle prise de risque.

Marchant dans la rue principale de la cité-astroport, elle passa à côté d’une location de speeders dont elle percevait difficilement la devanture, et fit son chemin vers le lieu de vie de ce genre d’endroit : la cantina. Elle ne s’inquiétait pas de s’y faire remarquer, son arrivée devait sans doute déjà avoir fait son bout de chemin. L’ambiance silencieuse qui y régnait tranchait grandement avec le cliché que l’on se faisait de ce genre d’endroits. Il n’y avait d’ailleurs pas grand monde, et Visas prit son temps à les sonder l’un après l’autre dans la Force, en profitant de sa proximité, où l’ensemble était moins flou, moins dilué. Elle se déplaça jusqu’au comptoir, probablement sous les regards de cette clientèle. Là, le gérant se porta vers elle, sans doute pour lui dire qu’il ne l’avait jamais vu ici, et lui demander ce qui pouvait bien l’emmener sur sa planète. Faire la conversation n’avait jamais été son fort, elle se contentait généralement d’obtenir ce qu’elle voulait, avant de s’éclipser. Les conditions, cependant, ne s’y prêtait pas vraiment. La Force était trop… incertaine pour espérer s’en saisir concrètement. Pas sans qu’elle y soit contrainte, ou ennuyée.

Elle commanda donc une boisson simple, sans alcool, tout en déposant quelques pièces sur le comptoir, avant d’envisager de répondre à la curiosité du gérant, calmement, en portant physiquement à nouveau son attention sur le reste des clients :

« Une vieille connaissance m’a signalé faire une escale ici pour quelque temps. Je viens simplement lui rendre visite. Hélas, j’ai endommagé mon communicateur en venant jusqu’ici. » Petite pause. Elle reporta pleinement son attention sur le gérant. « Une tempête. J’ai l’impression que c’est assez courant dans ce secteur… Elle s’appelle Naas. Je me suis dit que vous sauriez sans doute où je pourrais la trouver. »

Son nom plutôt qu’autre chose serait plus discret, avait-elle pensé. Le prénom en lui-même, en plus du descriptif de son espèce, était ce qu’elle avait entendu le plus dans les rumeurs récemment. Eviter d’annoncer pleinement la couleur était sans doute préférable. Pour le moment.

"Les étrangers vont s’installer vers Kael Tol, en général," vous lance le tavernier tout en continuant à préparer une sorte de cocktail. "Pas loin du village du même nom. C’est discret et personne ne vient les emmerder."

Il sous-entendait clairement que les étrangers en question devaient vouloir échapper à quelque chose, ou quelqu’un, pour aller là-bas. Il vous indiqua la route. Une fois la petite ville quittée, il fallait s’enfoncer dans une forêt épaisse, sur plusieurs kilomètres. Au bout de six kilomètres, elle trouvera des panneaux indiquant la route vers le village officiel et celle du village officieux, pour les étrangers, planqué au cœur des ravins, cerné par les bois géants.

"Mais faites gaffe à pas vous perdre. La Grande Présence est capricieuse, depuis des mois, sur notre monde. Vous pourriez tomber sur des trucs bizarres, dans la forêt. Les gens y hallucinent."

Il hausse un peu les épaules, vous lance qu’il vend aussi quelques provisions, au cas où, puis se tait. Son envie de bavarder déjà épuisée.

Kael Tol. C’était la première fois qu’elle entendait ce nom, c’était aussi la première fois qu’elle mettait les pieds sur cette planète. Probablement la dernière, également, tant la chappe de plomb qui semblait s’abattre depuis son arrivée à travers la Force refoulait son envie de s’attarder ici. Elle avait l’impression que son environnement proche était ce qui lui restait de plus sain, et que plus elle s’en écartait le long des filaments de vie, et plus les choses se drapaient dans un épais brouillard. C’était une bien mauvaise sensation, qui s’amplifiait à mesure que son esprit vagabondait de client en client, pour recueillir leurs impressions. Ils ne semblaient pas l’observer d’un très bon œil, ce qui allait de pair avec les informations, et l’avertissement, que le tavernier voulait bien lui donner. Ce n’était pas la première planète où les étrangers n’étaient pas appréciés à leur juste valeur, cependant. C’était souvent dans la nature des choses, mais la méfiance avait tendance à s’intensifier dans ces régions éloignées de la civilisation. La manière dont il l’avait dit, cependant, soulignait presque une forme de persécution. Visas essaya bien de creuser ce sujet, mais il était clair que le tavernier n’était pas seulement peu bavard, mais sans doute ignorant de la raison même de cet éloignement forcé et choisi.

Le tavernier lui indiqua néanmoins la route à prendre si elle désirait s’y rendre, après lui avoir servi la boisson qu’elle avait demandé. Visas n’y toucha pas vraiment, l’avertissement du gérant l’ayant rendu bien trop méfiante. Elle nota mentalement les directions ainsi que les indications, avant que son attention ne se porte finalement sur l’information la plus juteuse, lâchée sous la forme d’un nouvel avertissement, au sujet de la Grande Présence. Il devait faire allusion à la Force, vu la manière dont il en parlait. Cela ressemblait beaucoup trop aux troubles qu’elle ressentait pour qu’il ne s’agisse que d’une pure coïncidence. Elle n’était guère plus rassurée qu’auparavant à l’idée de s’aventurer dans cette nasse. Les hallucinations, cela pouvait se comprendre. Elle serait peut-être plus à même de s’en protéger que les simples mortels. Cependant, le danger était bien présent, elle pouvait le ressentir, sans vraiment le discerner. Trop trouble, trop… flou. S’il s’était agi de quelqu’un d‘autre que Naas, la miraluka aurait probablement fait demi-tour sans demander son reste. Mais si sa vieille enseignante parvenait à se débrouiller là-dehors, alors elle le pourrait également.

Peut-être que c’était elle, d’ailleurs, qui provoquait ces hallucinations dont le gérant parlait. C’était un moyen comme un autre d’écarter les gêneurs. Cela évitait de tuer, ça lui ressemblerait bien.

« Merci beaucoup pour ces informations. »

Si elle n’avait pas touché à la boisson, Visas avait néanmoins acquiescé à sa proposition et avait demandé des provisions supplémentaires. Six kilomètres, ce n’était pas une bien longue distance. Cependant, avec la Force qui semblait si diffuse, elle préférait ne pas prendre de risques. Finalement, elle avait laissé plus de monnaie que nécessaire sur le comptoir, avant de quitter la taverne. Dehors, l’idée lui avait prise pendant un temps de retourner à son vaisseau, pour survoler la forêt et se poser directement sur son lieu de destination. Néanmoins, vu la difficulté qu’elle avait à percevoir son environnement relativement lointain, la miraluka ne voulait pas tenter le diable avec un engin se déplaçant à trop grande vitesse. Visas avait donc prit la direction du village de Kael Tol à pieds, avec une large besace à l’épaule, tout en prenant soin de rester sur le sentier qui serpentait jusqu’à la lisière des bois.

La Force, elle, était toujours aussi absente, comme si quelqu’un était venu s’en saisir, l’aspirer, mais pas comme l’aurait fait son ancien maitre. Le seigneur de la Faim ne se satisfaisait pas d’un tel résultat. Sur Katarr, il n’avait strictement rien laissé. Plus de vie, plus rien. Seulement elle, seule, isolée. La situation actuelle n’avait strictement rien à voir.

Visas s’enfonça finalement dans la forêt épaisse, non sans avoir tenté d’étendre son influence suffisamment loin pour s’offrir un petit matelas de sécurité. En comparaison de ce dont elle était habituée, les quelques centaines de mètres qu’elle était parvenu à sonder étaient un bien pauvre résultat d’autant plus frustrant que son aura qui rayonnait si brillamment en comparaison suffisait à l’éblouir assez rapidement. Le fait qu’elle sente et entende le bruit de la terre dure et des graviers restait un bon indicateur qu’elle était toujours sur le bon chemin, alors que les contours du bois parvenaient difficilement à se dessiner autour d’elle.

S'enfoncer dans la forêt, suivre le chemin guidée par la Force : 6. Malus -2. >> 8.

A peine avez-vous fait quelques pas dans la forêt que votre impression sur les lieux change très brusquement. Comme si la Force, malgré ses troubles, vous entouraient dans un brouillard pressant mais aussi très doux. Des odeurs familières vous arrivent au nez, des odeurs de chez vous, de votre enfance, attirantes et merveilleuses. Vous finissez par entendre également des bruits aux aussi si familiers et réconfortants, supplantant les sons habituels d’une forêt assez sombre. Bien que le tout soit trop beau pour être naturel. La Force vous entoure, vous presse, accompagnée par un puissant sentiment de réconfort, vous susurrant que tout va très bien se dérouler. Elle vous attire, vous tient la main, vous entraîne dans une direction précise…

Sous vos pieds, les graviers et pierres semblent disparaître, comme si vous vous éloignez du chemin.

Une étrange impression l'avait rapidement gagné depuis qu'elle avait commencé à s'enfoncer dans l'épaisse forêt. Une sensation de chaleur et d'apaisement, alors que la puissance de la Force elle-même semblait ressurgir de son cœur. Un peu comme si elle avait été atténuée pour partout pour se renforcer ici sans pour autant que cela ne vienne renforcer sa propre vision. Elle restait assez restreinte et malgré tout tandis que le reste de ses sens, restés en alerte, se retrouvaient soudainement assaillit par des odeurs étranges, qui n’avaient pas leur place dans le lieu où elle se trouvait. Des arômes des champs, de fleurs et de feuillage étrangement familiers mais parfaitement en dehors de leur contexte, au sein de cette épaisse forêt. La miraluka se rappelait les avertissements du tavernier, sur les troubles et les hallucinations que certains habitants avaient en arpentant ces sentiers. Peut-être l’avait-elle trop prit au sérieux, et qu’elle commençait à s’imaginer des choses pour commencer sa vision de Force brouillée. Visas tenta de chasser ces sensations, se sentant suffisamment alerte pour les ignorer et se focaliser sur le sentier. L’effet fut tout inverse, alors que les senteurs se faisaient plus claires, plus fortes. Plus personnelles… Des odeurs qu’elle n’avait plus ressentie depuis fort longtemps… Des odeurs de Katarr…

Elle s’arrêta, tout à coup, atteinte d’une forme de mélancolie. Ce n’était absolument pas normal, mais la sensation était trop belle et les senteurs trop agréables à son nez. Elle se sentait… à l’aise alors qu’elle pouvait désormais entendre les chants légers des petits oiseaux qui faisaient d’ordinaire leur nid dans les falaises qu’elle avait l’habitude d’arpenter lorsqu’elle n’était encore qu’une jeune adolescente. Ce n’était pas normal, mais c’était bien trop entrainant, encourageant. La Force aussi, autour d’elle, semblait vouloir la rassurer. La détendre. D’une façon, que Naas ait choisie de s’installer ici ne la surprenait plus vraiment. C’était juste… si agréable. Peut-être que tout cela était de son fait, elle avait toujours eu un don pour les illusions. Reniflant plus profondément, Visas se laissa guider par les effluves, alors que la Force semblait vouloir lui susurrer quelque chose, l’inciter à la suivre, à lui faire confiance. Une part d’elle hésitait encore, incertaine… Mais si c’était Naas, c’était peut-être le moyen pour elle de la guider vers elle. Ce n’était peut-être qu’une vision, aussi, mais ce genre de choses avaient toujours un sens, et elle ne les avaient jamais ignoré par le passé.

Elle n’allait pas aller contre ses sens aujourd'hui, et avait finit par se laisser guider par ce qu’elle ressentait, rassurée et entrainée par cette Force qui semblait vouloir la protéger. Sans se rendre compte que le bruits des graviers et du sable avait disparu, son ouïe captivée par les chants des oiseaux et le bruit léger d’une brise légère…

Elle ne s'était pas sentie aussi apaisée depuis longtemps, fort longtemps...

Vous vous sentez légère, presque sautillante, guidée à travers des bous qui ne semblent plus du tout angoissant, bien au contraire. Vous sentez la chaleur votre votre visage, des douces feuilles sous vos mains, de si bonnes odeurs, envahie par le chant des oiseaux et sentant parfois le battements de papillons contre vos joues. La Force vous fait vous sentir extrêmement bien ! Plus vous filez, plus cette sensation de bonheur extrême augmente, encore et encore. Vous finissez par entendre une voix très familière, celle de votre amie Naas. Elle vous appelle d’une voie rieuse et chantante.

"Viens ! Je suis juste là, en bas ! Viens, saute !"

Vote pied dérape brusquement et tout à coup, la sensation heureuse s’arrête très brusquement, alors que vous chutez dans le vide et que la Force cesse de vous troubler la vue et les sens. Vous retrouvez juste à temps votre vision habituelle pour pouvoir vous accrocher à une racine, sur la paroi du gouffre. En contrebas, un gouffre béant, noir. Au-dessus, plusieurs mètres avant de regagner la forêt, cette fois si menaçante. Le rire de votre amie résonne, depuis le fond.

"Saute !"

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Dés : 20 et 10

C’était si agréable. Si vivifiant. Elle n’avait plus senti cela depuis longtemps. En vie, pleine d’énergie et d’entrain. Il était si bon de pouvoir renifler ces odeurs qu’elle pensait disparues à jamais avec la destruction de Katarr ; Qu’elle pouvait ressentir la chaleur de son soleil sur son visage. Cela n’avait pas beaucoup de sens, Katarr recouvrait encore ses forces et ressemblait toujours à une terre aride. Une part non négligeable de son subconscient cherchait, poussait avec force ce fait vers son esprit enivré, et embrumé, pour la faire se réveiller, et réaliser ce qu’il se passait. Mais rien ne semblait y faire, et Visas continuait de s’avancer, entrainée, emportée par ces sensations réconfortantes. Et puis il y avait cette voix. Celle de Naas, elle commençait à entendre, la confortant dans sa certitude, sa conviction que c’était bien elle qui était à l’origine de ce qu’elle avait ressenti en entrant dans la forêt. Que c’était elle, qui s’adressait à elle de cette manière, pour la guider jusqu’à l’endroit où elle vivait désormais.

Il y a cependant quelque chose de bizarre dans cette voix. Son intonation rieuse semble presque aussi enjouée que moqueuse… Et ces sensations… Les avaient-elles seulement déjà ressenties un jour, elle qui vivait alors en connivence avec Katarr, à un niveau qui dépassait de loin ce que pouvaient lui offrir le reste de ses sens ? Les coups de butoirs de son subconscient semblaient finalement porter ses fruits, quelques instants avant que le sol sous ses pieds ne se dérobe, les graviers et la poussière glissant sous les semelles plates de ses bottes. L’adrénaline prit soudainement le relais, réveillant ses muscles alors que ses jambes finissaient dans le vide, et que son esprit retournait à la réalité et son danger imminent. Ses mains s’agrippèrent aussitôt à ce qu’elles pouvaient, les longs gants venant protéger sa peau en ripant contre la caillasse et la roche, jusqu’à agripper une racine sur son passage, l’arrêtant net dans une chute qui s’annonçait sans fin.

Son sac manqua de quitter ses épaules, alors que ses pieds, eux, cherchaient une structure suffisant solide, même fine, sur laquelle s’appuyer, alors que résonnait dans son esprit le rire carnassier de Naas, ou plutôt de la chose qui se faisait passer pour elle, et qui était parvenu à pénétrer son esprit si facilement… Elle ne voyait pas le vide de la même manière, mais elle en ressentait aisément la profondeur. Tout comme elle pouvait ressentir la noirceur malsaine de la forêt au-dessus d’elle. Seul un esprit, une entité ou une machine alimentée par le Côté Obscur lui semblait capable de provoquer une telle chose ; de s’infiltrer de cette manière dans son esprit, pour en supprimer toute réflexion, et venir l’agrémenter de sensations directement inspirées de ses souvenirs, et de ses pensées du moment.

Le visage de Visas glissa une nouvelle fois vers le vide, d’où s’emblait toujours s’échapper le rire de Naas, sans fin. Une hallucination, ou une illusion. Il ne pouvait s’agir que de cela, et son esprit désormais alerte et conscient du danger se faisait beaucoup plus attentif à ne pas se faire leurrer de nouveau. Puis la miraluka releva son attention vers la paroi, à la recherche de prises lui permettant de remonter, faisant appel à la Force visiblement de retour autour d’elle, prête à se plier à son intention de se hâter vers la terre moins instable qui se trouvait plus haut. D’un appel, elle se propulsa finalement d’un bond ou deux vers le haut, élevée par la Force, et ce jusqu’à la terre ferme. Frustrée, et quelque peu humiliée d’être tombé aussi facilement dans un tel piège. Elle doutait, cependant, qu’une telle chose est assez d’influence pour se propager au-delà de ce monde… Ou bien était-ce bien elle, qui avait suggéré la présence de Naas, et ce sur des années-lumière… Non, ça lui semblait aberrant, mais elle ne pourrait pas en être certaine avant d’en avoir trouvé la source. La vraie, pas celle qui semblait venir des profondeurs de ce gouffre sans fond où devait reposer bien d’autres âmes…

La miraluka secoua la tête, avant de s’enfoncer légèrement dans la forêt, l’esprit faussement ouvert, comme pour inciter l’entité à revenir la posséder, pour mieux la trouver. S’ouvrant à la Force, pour remonter les veines qui parcouraient le sol et remontaient en capillaires dans les troncs des arbres, pour identifier le cœur palpitant qui alimentaient tout cet écosystème malfaisant. Le Côté Obscur ne lui faisait plus peur depuis longtemps, elle savait en tirer sa force. Visas s’avança donc, suivant plus son instinct qu’autre chose, guidée par la Force, plongeant encore un peu plus loin dans l’épaisseur de la forêt peu accueillante, la main prête à se saisir de son arme, déterminée, au cas où celle-ci, taquine, se déciderait à jeter quelques prédateurs à sa suite. Sa première tentative n’avait pas fonctionné, et Visas ne serait pas surprise de la voir tenter une autre tactique…

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Lancer de Dé : Trouver la source, 10.

La forêt vous entoure et vous oppresse de nouveau, tant et si bien que vous ne pouvez plus ressentir la chaleur du soleil. Le chemin que vous suiviez a bel et bien disparu et désormais, vous vous enfoncez sur une pente douce, vers le cœur des bois. La forêt est de plus e plus dense, les arbres rapprochés, vous devez vous tailler un chemin dans des ronces épaisses, des racines et des haies d’épines, alors que les arbres vous surplombent de toute leur hauteur. Tout cela s’accroche à vos vêtements et les déchirent quelques peu, malgré leur épaisseur. Plus vous progresser, plus tout devient sombre, jusqu’à ce que vous avanciez dans un noir absolument complet. Votre vision particulière vous permet de vous mouvoir entre les arbres et les épines, au sein d’une atmosphère épaisse. La seule chose que vous n’avez pas le temps de voir venir, c’est la masse gigantesque vous tombant brutalement sur le dos.

Plusieurs pattes vous plaque au sol et vous vous retrouvez soudainement face à une araignée géante et déformée par le côté obscur, qui avale votre sabre laser avant que vous n’ayez eu le temps de la frapper avec. La colle de sa toile vous enlise et la bête vous enroule dans un cocon serré, avant de vous emmener avec elle dans les arbres, à plusieurs mètres du sol.

Ça recommençait. Maintenant qu’elle savait à quoi s’attendre, Visas ressentie la pression s’appliquer sur son esprit une fois de plus, et se hâta aussitôt à s’y opposer. C’était différent. Beaucoup moins subtil. Plus direct, à mesure que la forêt se renforce, et que son feuillage s’étoffe. La chaleur du soleil couchant venait disparaître en conséquence, assez vite supplantée par une sensation de froideur ajoutant une couche à ce sinistre paysage qu’elle percevait si différemment. Elle voyait bien l’obscurité qui se renforçait. La corruption, qui venait doucement s’enraciner dans la sève des arbres, et se répandait à même le sol, par les racines. Le grattage lent et angoissant des griffes de cette chose qui l’avait piégé, contre les défenses de son âme. Visas était beaucoup plus attentive, cependant, et venait sectionner ces filaments morbides avant qu’ils ne s’enroulent de trop autour de sa psyché. Le danger restait néanmoins bien présent, et considérable. Qu’une entité s’acharne de cette façon sur elle était la preuve d’une forme de conscience particulièrement corruptrice. Elle semblait se limiter à cette forêt, sur cette planète isolée, mais la miraluka n’expliquait pas si c’était bien cette chose qui l’avait appelé sur de si grande distance, ou si la rumeur sur la présence de son ami venait d’une toute autre source. La première hypothèse semblait la plus probable, et elle la perturbait d’autant plus.

Sans être capable de la voir, elle était capable de ressentir la pénombre dans laquelle elle s’enfonçait. Le jour et la nuit n’avait aucune importance pour elle, mais le côté obscur semblait enthousiaste à le lui faire sentir. La forêt, elle aussi, se montrait hostile à son passage. Feuillue, dense, elle forçait la miraluka à se battre contre des ronces épaisses. Cela lui donnait l’impression d’être sur la bonne piste. La chose voulait la tuer. Elle n’avait aucun intérêt à la laisser s’approcher d’elle. C’est à ce moment qu’elle ressenti un danger, bien trop tard pour avoir le temps de réagir. Le poids soudain la plaqua contre la terre molle, au milieu des ronces. Visas tenta de se retourner, de faire face à la menace dont l’âme meurtrie suintait le côté obscur. La chose cherchait à la restreindre, à bloquer ses mouvements. Visas chercha à la couper en deux, mais son sabre lui échappa des mains, pour finir dans la gueule de la bête dont elle pouvait discerner les formes, et les contours dans la Force. La peur commença à la prendre, et la tétanisa pendant un bref instant. Juste assez pour que l’araignée géante ne vienne projeter sa toile autour d’elle, élastique mais épaisse.

Elle sentit son corps se soulever, tandis qu’elle tentait de se débattre, la bestiole mutante l’emportant vers la cime des arbres. Peut-être pour la laisser mourir, et se nourrir plus tard…

Hors de question.

Visas se ressaisit tout à coup. Son sabre n’était pas à sa portée, mais il lui restait la puissance du côté obscur qui irradiait littéralement autour d’elle. Elle s’en saisit, pour venir se projeter avec force contre le petit esprit de la créature, avec la volonté de l’écrabouiller. Pour la forcer à la redescendre, à la libérer, et à recracher son arme. Elle voulait qu’elle se soumette, pour mieux pouvoir la tuer d’un revers de sabre une fois au sol ! La créature sembla se raidir, puis se contorsionner sous sa frappe mentale, avant. Finalement, elle chuta avec sa proie et la miraluka rebondit souplement au sol grâce à l’épaisseur du cocon. Incertaine, elle regarda la bête se retourner, et venir sectionner sa propre toile avec ses pattes velues, pour la libérer, avant de recracher son sabre. Visas s’en saisit en essayant de ne pas s’attarder sur l’odeur fétide qui attaquait ses narines. Sa lame rouge sang transperça aussitôt l’araignée, sans la moindre forme de pitié. La masse chuta, puis s’affaissa au sol, sans vie. Visas, elle, sembla l’observer un instant, comme si elle voulait l’étudier. Non pas avec ses yeux, elle n’en avait pas, mais avec la puissance de la Force. Elle ne se rendit compte qu’après de l’état de son arme, et de la quantité de bave visqueuse qui le recouvrait et venait souiller ses gants, heureusement suffisamment épais et rigides.

Son attention fut aussitôt tirée de sa réflexion par le cri strident du Côté Obscur, qui se répéta en écho dans la Force, tout autour d’elle. D’autres insectes mutants arrivaient, signe que cette rencontre n’était pas due au hasard, mais bien la faute d’une action de cette entité déterminée à avoir sa peau. Cette forêt n’était pas hantée, mais possédée par une aberration du Côté Obscur qui méritait d’autant plus d’être étudiée. Visas analysa sa situation. Les bestioles étaient nombreuses, peut-être une dizaine, et elles fondaient dans sa direction dans un mouvement double annonciateur d’une tenaille. La forêt, autour d’elle, était toujours aussi dense. La miraluka espéra un temps se camoufler dans la Force, faire appel à sa faculté de dissimulation en jouant sur la puissance du Côté Obscur pour mieux disparaître. Elle se rendit compte aussitôt que la Force venait lui jouer un mauvais tour, en provoquant un effet inverse. Elle ne pouvait donc pas rester là, et attendre patiemment que les bestioles prennent un autre chemin. Pour cette fois, donc, elle allait fuir. S’éloigner suffisamment jusqu’à ce qu’elles ne ressentent plus les abominations. Elle se projeta dans les airs, en direction d’une branche suffisamment épaisse, puis se propulsa vers une autre, plus éloignée, dans de grands sauts qui lui permettaient d’éviter l’épais feuillage qui remuait à la surface du fait des ondulations du Côté Obscur. Elle continua comme ça un temps, focalisant déjà son attention, cherchant une fois de plus à brusquer la chose pour la forcer à dévoiler sa position. Son point d’origine. L’endroit où elle pourrait l’analyser, et déterminer ce qu’elle devrait en faire…


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Plier l’esprit de l’araignée pour se libérer : 9.
Voile de Force : 16.
S’échapper : 4.
Reprise des recherches : 12.

Vous tournez longuement en rond, tout en cherchant la source, après vous être éloignée du cœur noir de la forêt et de ses habitants agressifs. Durant encore de longues heures, bercée par les troubles de la Force profondément liés à cet endroit et son atmosphère lourde et entêtante. Jusqu’à, en fin de journée, parvenir à l’orée des bois, là où vous y êtes entrée. Le village où vous êtes arrivée se trouve non loin, le soir tombe doucement et un vent chaud et léger vient chatouiller votre visage. Derrière vous, la forêt s’étend de toute sa grandeur, vous laissant entendre au loin et étouffé des chuchotements, comme si l’entité se moquait de vous.

Fin de mission : Vous n’êtes pas parvenue à reprendre le chemin menant vers la source ou à découvrir ce qui se tramait dans les parages. La forêt conserve ses secrets…