Son chaton était très vite venu renifler le nouvel arrivant, avant de se sauver d’un bond sous le canapé. Quant à Waljan, il découvrait son nouvel environnement avec prudence et aussi une certaine inquiétude. La première nuit avait été un peu compliquée, pour lui, c’était normal. Ce matin, encore un peu endormi, il s’accrocha doucement à elle lorsqu’elle le souleva dans ses bras, hors des couvertures, pour l’emmener dans la salle de bain. La veille, elle s’était arrangé pour déléguer bien plus que d’ordinaire, avec un peu de… Hum… Disons, pressions « subtiles » contre certains, histoire de faire bien passer le message. Son garçon rechigna un peu avant d’ôter son pyjama pour aller à la douche. Peu envie d’avoir froid, même un court moment, avant que l’eau chaude ne le réconforte. Elle l’y poussa gentiment, déjà ravie de pouvoir s’occuper de lui ainsi. Une fois sorti de là et séché, Isobel grimaça légèrement, voyant le peu de vêtements personnels entassés dans la seule valise de Waljan. C’était ridicule… Il n’avait que trois ou quatre tenues pour les jours chauds et deux pour ceux plus froids. Avec ça, certains des vêtements n’étaient même pas à la bonne taille. De la récupération ou des dons, sans doute.
« On va commencer par aller t’acheter de nouveaux vêtements, » déclara-t-elle, accroupie près de lui, à lui faire enfiler un pull.
Elle lui noua ses lacets elle-même, un apprentissage qu’il n’avait pas encore suivi. La directrice de l’orphelinat lui avait lancé qu’ils apprenaient ça aux enfants vers cinq ou six ans, en règle générale. De toute manière, étant donné qu’il était encore tout perdu et stressé, elle ne comptait pas trop lui en demander, aussi vite. Il devait se fondre avant tout dans sa nouvelle vie, qu’ils s’habituent l’un à l’autre et qu’il se familiarise avec toutes ces nouveautés. Avant de sortir, ils devaient prendre quelques précautions. L’air vicié, le froid… Tous comme une majorité des habitants dont les maisons n’étaient pas encore sécurisées, une bonne partie des commerces avaient aussi été rassemblées « sous cloche », comme elle disait, dans de grandes galeries sous les abris. Une petite partie des habitants avait tancé ce choix, oubliant un peu vite que malgré la situation, il fallait bien que les Alderaaniens puissent continuer à vivre, travailler, manger. Bien sûr que s’occuper de rassembler et préserver les commerces n’était pas une perte de temps ! Elle n’en revenait toujours pas que la Reine ait pourtant dû l’expliquer.
A l’extérieur, l’activité ne cessait plus. La priorité avait d’abord porté, bien entendu, sur les élevages et les terres agricoles, afin de les protéger ou les déplacer. L’eau, l’alimentation, des cibles évidentes, d’autant plus depuis la pandémie. Les infrastructures avaient également été placée en haut de la liste. Suivies des transports, et enfin, des maisons individuelles et des immeubles. La population vivait et travaillait dans des complexes communs, en attendant que cette dernière partie soit faite. La configuration des différents bâtiments avait posé un certain nombre de problèmes, lors de la pose d’appareils filtrant l’air extérieur. L’esthétique, privilégiée à chaque construction, n’était pas toujours compatible avec la technologie des filtres, du moins, pas sans dénaturer des parties visibles des bâtiments. Une autre source de colère… Malgré la gravité de la crise, les Alderaaniens n’acceptaient pas facilement qu’on puisse s’en prendre à la beauté de leurs villes. Pour les calmer, la plupart des appareils avaient été peints, pour mieux correspondre aux endroits où ils étaient posés.
Dans la galerie, elle marcha assez tranquillement, tenant la main de Waljan. Voir beaucoup de personnes d’un coup ne le gênait pas du tout, il en avait déjà l’habitude. En revanche, il fut plus surpris quand, dans le premier magasin, elle lui demanda quelles couleurs il aimait. Beaucoup de choses à découvrir, effectivement… Elle se mit en quête avec lui, dans les rayons, d’affaires et chaussures à sa taille, pouvant lui plaire.